[b]Perspectives 2016: no growth, no gain ?
Union Bancaire Privé (UBP)[/b]
Faudra-t-il Ă©viter les valeurs de croissance en 2016 ? LâUnion Bancaire PrivĂ©e (UBP) dĂ©voile sa sĂ©lection de secteurs et de classes dâactifs devraient ĂȘtre Ă mĂȘme de gĂ©nĂ©rer des performances attrayantes.
2016 sâannonce comme une annĂ©e de croissance modeste, marquĂ©e par la premiĂšre hausse des taux des Fed funds depuis 2007. Alors que les Etats-Unis sont les plus avancĂ©s dans le cycle de reprise, lâEurope et le Japon amorcent tout juste une phase dâexpansion. De son cĂŽtĂ©, la Chine â qui poursuit sur la voie des rĂ©formes Ă©conomiques et structurelles â devrait croĂźtre Ă un rythme moins soutenu que ces derniĂšres annĂ©es. Au final, la croissance mondiale restera donc probablement modĂ©rĂ©e, et les bonnes surprises devraient se faire rares â quâil sâagisse de chiffres Ă©conomiques supĂ©rieurs aux attentes ou de hausses de salaires plus fortes que prĂ©vu.
Par ailleurs, mĂȘme si lâannĂ©e sâannonce positive en termes de perspectives bĂ©nĂ©ficiaires du cĂŽtĂ© des entreprises, nous pourrions assister Ă des crises de confiance ponctuelles. En effet, le relĂšvement des taux aux Etats-Unis pourrait affecter les secteurs et rĂ©gions dĂ©jĂ vulnĂ©rables, comme les marchĂ©s Ă©mergents, et la volatilitĂ© risque donc de rester relativement Ă©levĂ©e.
Taux dâintĂ©rĂȘt: hausse programmĂ©e
Avec la remontĂ©e des Fed funds qui se profile aux Etats-Unis, lâannĂ©e 2016 devrait marquer la fin de la tendance baissiĂšre observĂ©e sur les taux dâintĂ©rĂȘt Ă long terme au cours des 35 derniĂšres annĂ©es. MalgrĂ© les incertitudes qui subsistent, la probabilitĂ© dâun premier relĂšvement en dĂ©cembre sâest accrue, et les anticipations du marchĂ© ont significativement Ă©voluĂ©. « Cela dit, la Fed devrait se montrer encore prudente â soucieuse de gĂ©rer Ă la fois les risques extĂ©rieurs (Chine, instabilitĂ© des marchĂ©s financiers) et les risques domestiques (faible taux de chĂŽmage et pressions haussiĂšres potentielles sur les salaires) », prĂ©cise Patrice Gautry, Chef Ă©conomiste.
Dans ce contexte, la gestion de lâexposition aux taux dâintĂ©rĂȘt demeure primordiale. Une attention particuliĂšre devrait ainsi ĂȘtre portĂ©e aux classes dâactifs moins sensibles Ă lâĂ©volution des taux, comme les obligations « high yield » et les convertibles. Sur les marchĂ©s du crĂ©dit, lâaccent devrait ĂȘtre mis sur les spreads (la composante taux dâintĂ©rĂȘt Ă©tant rĂ©duite Ă zĂ©ro), ainsi que sur les durations courtes. Enfin, les marchĂ©s actions seraient Ă©galement Ă privilĂ©gier: ils ne devraient guĂšre ĂȘtre affectĂ©s tant que la Fed veillera Ă piloter au mieux ses taux dâintĂ©rĂȘt â dans le passĂ©, les cycles de hausse de taux ont en lâoccurrence eu une incidence positive sur les marchĂ©s boursiers â, et nous tablons sur une stabilisation des multiples cours/bĂ©nĂ©fices.
Une Europe en bonne voie
Selon nous, les perspectives paraissent plus favorables pour les pays dĂ©veloppĂ©s que pour les pays Ă©mergents. Cela vaut particuliĂšrement pour la zone euro, qui bĂ©nĂ©ficie de plusieurs facteurs positifs, comme des valorisations raisonnables, la politique accommodante de la BCE, et une accĂ©lĂ©ration de lâĂ©conomie rĂ©elle. En termes de cycle Ă©conomique, lâEurope semble se situer lĂ oĂč les Etats-Unis se trouvaient il y a trois ans, au moment de lancer leur programme dâassouplissement quantitatif (QE). Les bĂ©nĂ©fices des sociĂ©tĂ©s europĂ©ennes devraient ainsi rĂ©server quelques surprises positives en 2016, ce qui est de bon augure pour la consommation discrĂ©tionnaire et les secteurs liĂ©s Ă la reprise domestique.
La technologie comme moteur de croissance
« Dans cet environnement de croissance modĂ©rĂ©e, la technologie reste notre thĂšme de prĂ©dilection. La digitalisation du monde continuera en effet Ă transformer nos vies et, bien entendu, nos Ă©conomies, dâoĂč notre prĂ©fĂ©rence Ă©vidente pour ce secteur », souligne Patrice Gautry. Au-delĂ des atouts liĂ©s Ă son rapport coĂ»t-efficacitĂ© et Ă sa capacitĂ© de redimensionnement rapide, il est aussi de moins en moins sujet Ă la volatilitĂ© Ă mesure que lâinnovation technologique sâimprĂšgne dans notre vie quotidienne. Par ailleurs, les valorisations demeurent attrayantes, notamment en comparaison du potentiel de croissance. Et cela vaut Ă©galement pour la santĂ©, qui pourrait ainsi regagner de sa dynamique, Ă©tant donnĂ© que les fondamentaux du secteur semblent intacts.
Dâune maniĂšre plus gĂ©nĂ©rale, nous apprĂ©cions les titres de croissance, que se trouvent aussi dans la consommation discrĂ©tionnaire. Globalement, une progression des bĂ©nĂ©fices pĂ©renne et supĂ©rieure Ă la moyenne sera encore rĂ©compensĂ©e par une prime substantielle sur les marchĂ©s.
Une sélection géographique rigoureuse sur les marchés émergents
MĂȘme si nous continuons clairement de privilĂ©gier les marchĂ©s dĂ©veloppĂ©s, une sĂ©lection rigoureuse â sur le plan gĂ©ographique et sectoriel â au sein des marchĂ©s Ă©mergents pourrait offrir de rĂ©elles opportunitĂ©s de performance.
« Les marchĂ©s Ă©mergents ont Ă©tĂ© mis Ă rude Ă©preuve en 2015, lâactualitĂ© ayant Ă©tĂ© dominĂ©e par les inquiĂ©tudes sur la Chine. Ces craintes devraient toutefois sâattĂ©nuer progressivement, grĂące notamment aux nombreuses mesures de relance mises en place dans diffĂ©rents secteurs, et alors que la consommation domestique et lâinvestissement semblent avoir dĂ©jĂ atteint leur point le plus bas », explique Patrice Gautry. La hausse des taux dâintĂ©rĂȘt et le raffermissement du dollar continueront selon toute vraisemblance Ă peser sur la performance des marchĂ©s Ă©mergents, et un Ă©vĂ©nement de crĂ©dit ou un risque de faillites bancaires nâauraient donc rien de surprenant. En revanche, il paraĂźt peu probable dâassister Ă un effondrement gĂ©nĂ©ralisĂ© des Ă©conomies Ă©mergentes ou Ă une crise systĂ©mique.
LâexpĂ©rience montre par ailleurs que les pĂ©riodes de crise peuvent ĂȘtre propices au lancement de rĂ©formes Ă©conomiques. Ainsi, les rĂ©formes structurelles amorcĂ©es au lendemain de la crise asiatique de 1997 avaient profitĂ© Ă bon nombre dâĂ©conomies dâAsie de lâEst, notamment en termes dâefficience. Dans un pays comme lâInde, le changement de gouvernement a permis dâatteindre dâexcellentes performances, comparables Ă celles de pays plus dĂ©veloppĂ©s. LâInde reste, selon nous, une Ă©conomie qui devrait bien se comporter, Ă lâinstar du Mexique. Nous sommes toutefois moins optimistes Ă lâĂ©gard du BrĂ©sil.
Adapter son portefeuille à un contexte de croissance modérée
Alors que la croissance mondiale affiche un rythme modéré, les investisseurs vont devoir adapter leur stratégie de portefeuille et rechercher des sources de gain de maniÚre sélective.
« En 2016, la performance des portefeuilles devrait, selon nous, dĂ©pendre (une fois de plus!) de lâallocation en actions, les marchĂ©s boursiers dĂ©veloppĂ©s surperformant encore les Ă©mergents. A nouveau, une grande rigueur sera de mise dans la sĂ©lection des titres: nous restons haussiers sur les actions, mais le rally approche de sa fin », conclut Patrice Gautry.
Dâun autre cĂŽtĂ©, les marchĂ©s des matiĂšres premiĂšres constituent toujours un facteur de risque dĂ©flationniste, ce qui pourrait empĂȘcher les banques centrales dâatteindre leurs objectifs dâinflation et pĂ©naliser les Ă©conomies et les entreprises liĂ©es Ă ces secteurs.
En rĂ©sumĂ©, 2016 sâannonce certes comme une annĂ©e de dĂ©fis, mais les investisseurs qui sauront tenir le cap sur une sĂ©lection de secteurs et de classes dâactifs devraient ĂȘtre Ă mĂȘme de gĂ©nĂ©rer des performances attrayantes.