Que faire en 2015?

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Vous avez aimé la crise financiÚre de 2008, vous allez adorer la prochaine

Surabondance de liquiditĂ©s, Ă©crasement des taux d’intĂ©rĂȘt, sophistication des outils financiers, garde-fous illusoires. Autant d’élĂ©ments qui poussent, Ă  nouveau, “au crime”.

C’est un signe rĂ©vĂ©lateur. Jusqu’au bout, les marchĂ©s n’ont pas voulu intĂ©grer le risque d’un dĂ©faut de paiement de la GrĂšce. GrisĂ©s par les liquiditĂ©s, ils font preuve d’un optimisme inĂ©branlable. Rien ne vient entamer ce dernier, pas mĂȘme les mauvaises nouvelles qui ne manquent pourtant pas. DĂ©stabilisation de la pĂ©ninsule arabique, signes de ralentissement de l’économie mondiale, etc., peu importe, l’indice VIX qui mesure la volatilitĂ© des marchĂ©s, autrement dit leur degrĂ© de stress et de peur, reste Ă  son Ă©tiage. TrĂšs loin de ses sommets atteints pendant la crise de 2007 et 2008. “L’idĂ©e mĂȘme du risque semble avoir disparu de la tĂȘte des investisseurs. Comme s’ils avaient souscrit une assurance tous risques auprĂšs des banques centrales”, observe Christopher Dembik, analyse chez Saxo Bank. Pourtant, quelque chose ne va pas.
“L’idĂ©e mĂȘme du risque semble avoir disparu de la tĂȘte des investisseurs. Comme s’ils avaient souscrit une assurance tous risques auprĂšs des banques centrales”
“Les marchĂ©s d’actions surperforment et voient la vie en rose, alors que l’économie rĂ©elle continue de donner des signes de souffrance. Ce n’est pas cohĂ©rent, une partie se trompe” analyse VĂ©ronique Riches-Flores, Ă©conomiste indĂ©pendante. Les marchĂ©s n’ont pas de mĂ©moire. Ils ont oubliĂ© les crises passĂ©es – la crise boursiĂšre de 1987, la crise monĂ©taire de 1993, la faillite et le sauvetage in extremis du fonds LTCM, ainsi que la crise de la balance des paiements des pays asiatiques en 1998, l’éclatement de la bulle Internet en 2001, et surtout la plus terrible d’entre elles, celle des subprimes et de la titrisation en 2007-2008, au cours de laquelle la planĂšte financiĂšre avait failli exploser. Or les germes d’une prochaine crise – impossible, bien sĂ»r, Ă  dater, mais potentiellement plus dĂ©vastatrice – sont probablement dĂ©jĂ  semĂ©s. Et il n’y a pas pire sans doute que ce sentiment actuel de fausse sĂ©curitĂ© qui conduit Ă  fermer les yeux sur ces risques.

Un déversement de liquidités sans précédent
Pour Ă©viter un effondrement financier, feu Milton Friedman prĂ©conisait un largage de liquiditĂ©s “par hĂ©licoptĂšre”. Les banques centrales ont suivi la recommandation du maĂźtre. Sans doute, Ă  leur dĂ©charge, n’avaient-elles d’autre choix. La rĂ©serve fĂ©dĂ©rale amĂ©ricaine a ainsi injectĂ© prĂšs de 3 500 milliards de dollars, et la Banque centrale europĂ©enne veut racheter 1 100 milliards d’euros d’actifs d’ici septembre 2016. Quant aux autres banques centrales (Angleterre, Japon), elles ne sont pas non plus en reste. Au total, le bilan des banques centrales a doublĂ©, passant d’un peu moins de 3,5 % Ă  quasiment 6,5 % du PIB mondial. ProblĂšme : cet argent censĂ© soutenir l’économie n’est pas arrivĂ©, jusqu’à prĂ©sent, Ă  ses destinataires, les mĂ©nages et les entreprises, via une relance du crĂ©dit. “Le canal bancaire sur lequel comptent les banques centrales ne fonctionne pas bien. Tant il est vrai que le financement de l’économie n’est plus au cƓur de l’activitĂ© bancaire” analyse JĂ©zabel Couppey-Soubeyran, spĂ©cialiste d’économie bancaire et financiĂšre.
“ProblĂšme : cet argent censĂ© soutenir l’économie n’est pas arrivĂ©, jusqu’à prĂ©sent, Ă  ses destinataires, les mĂ©nages et les entreprises, via une relance du crĂ©dit”
OĂč est passĂ© alors cet argent ? Dans les marchĂ©s financiers. Le cours des actions a doublĂ© en cinq ans Ă  Wall Street, en deux ans Ă  Tokyo, et les bourses europĂ©ennes leur emboĂźtent le pas depuis que la Banque centrale europĂ©enne a annoncĂ©, Ă  son tour, la mise en Ɠuvre de mesures non conventionnelles. Or ces mouvements haussiers sont largement dĂ©connectĂ©s de la rĂ©alitĂ© Ă©conomique et d’une croissance qui n’a rien de flamboyant. “On a confondu crĂ©ation monĂ©taire et crĂ©ation de richesses” tranche l’économiste Charles Gave.

Une zone de taux d’intĂ©rĂȘt inĂ©dite
Cet afflux de liquiditĂ©s a eu pour effet d’écraser les taux d’intĂ©rĂȘt Ă  des niveaux historiquement bas, dĂ©sormais proches de zĂ©ro sur quasiment toute la courbe. Une Ă©volution souhaitĂ©e par les banques centrales elles-mĂȘmes. “Cela fait plus de six ans que la RĂ©serve fĂ©dĂ©rale fournit de l’argent gratuitement. Et la BCE l’a suivie. Or quand l’argent ne coĂ»te rien, on ne peut faire que des bĂȘtises”, dĂ©plore l’ex-banquier Jean-Michel Naulot. Pire, sur certaines Ă©chĂ©ances, les taux sont mĂȘme devenus nĂ©gatifs. Une situation qui peut ĂȘtre vue comme aberrante puisqu’elle revient Ă  faire payer au prĂȘteur le prix de sa sĂ©curitĂ©. “Comment un systĂšme Ă©conomique peut-il fonctionner sans une prime Ă  l’incertitude liĂ©e au passage du temps ? Cela n’est tout simplement pas possible. On n’est plus dans un monde logique” estime Charles Gave.

“Quand l’argent ne coĂ»te rien, on ne peut faire que des bĂȘtises”
Quoi qu’il en soit, cette zone de taux d’intĂ©rĂȘt inĂ©dite et ses anomalies ont pour effet de biaiser bon nombre de calculs Ă©conomiques et financiers. Et donc de perturber la rationalitĂ© des acteurs. “Les investisseurs qui recherchent du rendement n’en trouvent plus par les voies traditionnelles. Priçant mal le risque, ils se tournent vers des actifs de moins en moins sĂ»rs : junk bonds , actions spĂ©culatives”, observe Christophe Nijdam, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’ONG Finance Watch.

La finance, toujours un champ de mines
En 2009, les dirigeants du G20 avaient, on s’en souvient, affichĂ© leur volontĂ© de remettre la finance “à sa place”, c’est-Ă -dire au service de l’économie. Six ans, plus tard, force est de constater que la sphĂšre financiĂšre, toujours hypertrophiĂ©e, tourne plus que jamais – et de plus en plus vite – sur elle-mĂȘme, sans autre considĂ©ration que son propre intĂ©rĂȘt. “La finance mondiale reste un champ de mines”, diagnostique l’expert Paul Jorion. Et un champ en expansion continu. Le marchĂ© des dĂ©rivĂ©s s’élĂšve dĂ©sormais Ă  prĂšs de 700 000 milliards de dollars, soit l’équivalent de dix fois le PIB mondial.
“Le marchĂ© des dĂ©rivĂ©s s’élĂšve dĂ©sormais Ă  prĂšs de 700 000 milliards de dollars, soit l’équivalent de dix fois le PIB mondial”
Quant au “shadow banking”, cette finance de l’ombre qui Ă©chappe Ă  la rĂ©gulation, elle a continuĂ© Ă  se dĂ©velopper, souvent au sein mĂȘme de la finance officielle. Des instruments nouveaux, Ă  fort potentiel dĂ©stabilisateur, sont apparus, tel le trading Ă  haute frĂ©quence (THF) qui n’existait quasiment pas avant la crise de 2008, et qui reprĂ©sente dĂ©sormais la moitiĂ© des transactions. Par ailleurs, des segments de marchĂ©s connaissent de forts engouements comme celui des “repos” et des “prĂȘts de titres” dans lequel des titres, par exemple de dettes, peuvent servir de garantie Ă  de nouveaux emprunts. Des mĂ©canismes oĂč la fertilitĂ© de l’innovation financiĂšre le dispute Ă  sa complexitĂ©. Un cocktail qui n’est pas sans rappeler les montages de titrisation qui avaient prĂ©cĂ©dĂ© la crise des subprimes et dans lesquels bon nombre de professionnels s’étaient eux-mĂȘmes perdus.

Les failles d’une rĂ©gulation inachevĂ©e
Autre promesse non tenue, celle de rĂ©guler le secteur de la finance. “On a fait deux pas en avant et un pas en arriĂšre. En tout Ă©tat de cause, le chemin parcouru n’a pas Ă©tĂ© suffisant” analyse Christophe Nijdam. “Les activitĂ©s spĂ©culatives des banques n’ont toujours pas Ă©tĂ© interdites” s’alarme pour sa part Jean-Michel Naulot. Le lobby des banques et des Ă©tablissements financiers a opposĂ© il est vrai une rĂ©sistance farouche Ă  toutes les tentatives d’encadrement. Si bien que les cĂ©lĂšbres ratios prudentiels de BĂąle III, censĂ©s mettre le secteur Ă  l’abri d’une rechute, apparaissent Ă  l’examen bien Ă©dulcorĂ©s. “Les banques ont gardĂ© la main sur l’évaluation de leurs propres risques, ce qui les conduit naturellement Ă  minimiser ces derniers. RĂ©sultat, les coussins de fonds de propres exigĂ©s apparaissent insuffisants.

“Les activitĂ©s spĂ©culatives des banques n’ont toujours pas Ă©tĂ© interdites”
Quoi qu’il en soit, le dispositif complet de prĂ©vention des risques ne sera pas opĂ©rationnel avant 2019 et 2020”, analyse JĂ©zabel Couppey-Soubeyran. Un cadre qui laisse de toutes les façons sceptique Paul Jorion “Les niveaux de rĂ©serves ont Ă©tĂ© choisis sur la base d’une probabilitĂ© gaussienne d’accidents, c’est-Ă -dire ayant une rĂ©partition en cloche. Or les chocs financiers ne relĂšvent pas de cette catĂ©gorie du fait de leur caractĂšre systĂ©mique. On l’a bien vu avec la faillite de l’assureur amĂ©ricain AIG en 2008. Celui-ci avait constituĂ© des rĂ©serves Ă  hauteur de 4 milliards de dollars. Or il a essuyĂ© d’emblĂ©e des pertes de 85 milliards.” Garde-fous bien fragiles, les ratios prudentiels, en rassurant donc Ă  bon compte, accroissent surtout dangereusement le sentiment d’une fausse sĂ©curitĂ©.

Les signes d’exubĂ©rances irrationnelles
Surabondance de liquiditĂ©s, Ă©crasement des taux d’intĂ©rĂȘt, sophistication des outils financiers, garde-fous illusoires. Autant d’élĂ©ments qui poussent, Ă  nouveau, “au crime”. Certains acteurs ont renouĂ© avec les pratiques Ă  trĂšs haut risque. Selon le rĂ©gulateur britannique, plus d’un hedge fund sur dix utilise actuellement un effet de levier supĂ©rieur Ă  50, ce qui veut dire qu’ils gĂšrent des positions de marchĂ© correspondant Ă  50 fois le montant des fonds qu’ils ont en gestion ! De l’acrobatie sans filet. “Je retrouve actuellement Ă  New York les mĂȘmes signaux que ceux que j’avais observĂ©s pendant la pĂ©riode qui avait prĂ©cĂ©dĂ© la crise de 2007-2008 : un relĂąchement assez gĂ©nĂ©ral de la vigilance, des prises de risques inconsidĂ©rĂ©es, des pratiques d’allocations de crĂ©dit qui ne font pas sens”, tĂ©moigne Édouard TĂ©treau, associĂ© gĂ©rant de Mediafin.
“Surabondance de liquiditĂ©s, Ă©crasement des taux d’intĂ©rĂȘt, sophistication des outils financiers, garde-fous illusoires. Autant d’élĂ©ments qui poussent, Ă  nouveau, “au crime””
Et comme en 2007, le foyer de ces excĂšs semble logĂ© aux États-Unis. Selon le prix Nobel Robert Shiller, grand expert de la formation des bulles spĂ©culatives, le PER (price earning ratio) ajustĂ© du cycle Ă©conomique s’élĂšve, Ă  Wall Street, Ă  27, un niveau jamais atteint sauf en
 1929, 2000 et 2007. D’autres signes “d’exubĂ©rance irrationnelle” se manifestent, comme la multiplication d’“entreprises zombies” capables, par exemple dans les biotechs ou les rĂ©seaux sociaux, de drainer des capitaux sans aucun rĂ©sultat, observe Christopher Dembik. Mais c’est surtout le retour spectaculaire des subprimes et des activitĂ©s de repackaging et de titrisation des dettes qui fait remonter le souvenir de la crise. “40 % des crĂ©dits Ă  la consommation distribuĂ©s sur le marchĂ© amĂ©ricain le sont Ă  destination de mĂ©nages
 insolvables”, s’alarme Édouard TĂ©treau.

La menace bien rĂ©elle d’une crise systĂ©mique
Ne sommes-nous pas alors partis pour revivre une crise, du type de celle des Sicav monĂ©taires qui, en aoĂ»t 2007, avait brutalement interrompu le marchĂ© interbancaire international ? Une crise de nature systĂ©mique donc, dans laquelle la chute d’un acteur de la chaĂźne entraĂźne tous les autres comme dans un jeu de dominos. L’interconnexion entre les acteurs – et donc leur dĂ©pendance les uns aux autres – n’a pas cessĂ© de croĂźtre ces derniĂšres annĂ©es, et recommence Ă  donner des sueurs froides Ă  certains observateurs.
“Un mĂȘme titre peut ĂȘtre revendiquĂ© actuellement en moyenne par deux acteurs et demi, ce qui pose le problĂšme de leur attribution en cas de course soudaine Ă  la liquiditĂ©â€
De vĂ©ritables nƓuds se sont formĂ©s. Sur le marchĂ© des “prĂȘts de titres” et de “repos”, estimĂ© Ă  20 000 milliards, un mĂȘme titre peut ĂȘtre revendiquĂ© actuellement en moyenne par deux acteurs et demi, ce qui pose le problĂšme de leur attribution en cas de course soudaine Ă  la liquiditĂ©. Les failles des chambres de compensation des marchĂ©s dĂ©rivĂ©s constituent une autre source d’inquiĂ©tude. Une demi-douzaine de banques de donnĂ©es ont certes Ă©tĂ© constituĂ©es, mais elles ne disposent pas de registres standardisĂ©s, si bien qu’en cas d’urgence Ă  dĂ©nouer les positions, aucun opĂ©rateur n’y retrouvera ses petits. Panique assurĂ©e.

Quel sera le détonateur ?
Quel sera cette fois le dĂ©tonateur de la crise ? Viendra-t-il des compagnies d’assurance-vie allemandes qui ont pris tous les risques pour tenir leurs promesses de rendement Ă  3 % dans un contexte de taux zĂ©ro ? Des craquements du vaste marchĂ© des “students loans” amĂ©ricains dont le manque de traçabilitĂ© commence Ă  effrayer les professionnels les plus aguerris ? Ou bien de la bombe Ă  retardement de la prochaine hausse des taux d’intĂ©rĂȘt ? “Lorsque les taux sont Ă  zĂ©ro comme aujourd’hui, le risque de sensibilitĂ© des titres Ă  la remontĂ©e des taux est Ă  son maximum, rappelle Christophe Nijdam. Une hausse des taux de 0 % Ă  1 % entraĂźne mĂ©caniquement, pour une obligation Ă  trente ans de 100, une perte en capital de 26 %, quasiment le double de l’impact d’une hausse de 4 Ă  5 %.”
“Une hausse des taux de 0 % Ă  1 % entraĂźne mĂ©caniquement, pour une obligation Ă  trente ans de 100, une perte en capital de 26 %, quasiment le double de l’impact d’une hausse de 4 Ă  5 %.”
Un carnage qui pourrait dĂ©stabiliser bien des portefeuilles obligataires, y compris institutionnels. La hausse des taux impactera aussi le marchĂ© des dĂ©rivĂ©s composĂ©s Ă  85 % de dĂ©rivĂ©s de taux
 Stupeur et tremblements. Mais la crise viendra sans doute de lĂ  oĂč personne ne l’attend, tel le battement de l’aile du papillon qui provoque l’ouragan Ă  des milliers de kilomĂštres. Lorsqu’en octobre 2006 dans un comtĂ© perdu de l’État de Californie, le prix des maisons avait affichĂ© ses premiĂšres baisses aprĂšs plusieurs annĂ©es de boom immobilier, personne n’avait prĂȘtĂ© beaucoup d’attention Ă  l’information. Ce fut pourtant le point de dĂ©part de ce qui allait devenir quelques mois plus tard la plus grave crise depuis 1929.
Publié le 08/04/2015

** Krach mondial, le retour ?**

C’est la grosse bulle qui enfle, qui enfle, qui enfle. Les autoritĂ©s boursiĂšres chinoises ne savent plus comment endiguer la ruĂ©e des investisseurs. A Shanghai, les volumes sont dĂ©sormais Ă  plus de 150 % au-dessus de leur moyenne mensuelle. A Hong Kong, l’indice composite a gagnĂ© 100 % depuis l’étĂ©. Une folie alimentĂ©e en partie par les petits Ă©pargnants et les promesses de la banque centrale chinoise d’y aller de son programme de rachat d’actifs. DĂ©sormais, la crainte d’une nouvelle dĂ©flagration planĂ©taire n’est plus une fiction. D’autant que Jamie Dimon, le tout-puisant prĂ©sident de JPMorgan, y est allĂ© de son couplet apocalyptique. Dans sa lettre aux actionnaires rendue publique aujourd’hui, il Ă©crit que la pire crise financiĂšre jamais vue dans l’histoire est devant nous, tant les liquiditĂ©s incontrĂŽlĂ©es se dĂ©versent sur les marchĂ©s. Krach, boum, hue !

L’argent coule Ă  flot sur la planĂ©te.

Avec les QE (planche à billets), ça dégouline de partout.

Les banques centrales entretiennent le moral des marchĂ©s en leur disant ce qu’ils veulent entendre.

Le microcosme des Ă©conomistes se rallie chaque jours davantage Ă  l’idĂ©e que nous allons dĂ©coller


Que faire
bien sûr? éternelle question !

Vous connaissez mon point de vue.
on ne va pas contre le marchĂ© mĂȘme si on ne le comprend pas.

Et surtout on n’anticipe pas ni dans un sens ni dans l’autre.

Depuis plusieurs mois nos positions (exposition aux actions et aux obligations "flexibles ) prospĂšrent. On ne les change pas.

il n’y a qu’une occupation
**surveiller ** et surtout rĂ©viser sa copie stratĂ©gique pour passer Ă  l’action quand le temps de la purge viendra !

nota : ma femme me dit depuis plusieurs jours 
as tu sécurisé les plus values ?
regarde t-elle trop « c’est dans l’air Â» ?
est-ce l’intuition fĂ©minine ?

A contrario je ne l’entends jamais me dire que c’est le moment d’acheter


tiens donc ? aversion au risque? sûrement !

Ce dont je suis sĂ»r c’est qu’elle finira par avoir raison et je me prĂ©pare Ă  m’entendre « je te l’avais bien dit Â»

Mais pour l’instant je tiens la position.

Je reviens sur ces dix idĂ©es d’investissement pour 2015. Commençons par la premiĂšre idĂ©e : prĂ©fĂ©rer les obligations souveraines en dollars Ă  celles en euros.
Bien.
Comment fait on sur les contrats linxea? Quels fonds ? (je n’ai pas trouvé )

L’avis d’Olivier Delamarche peut-il ĂȘtre pris au sĂ©rieux lorsque l’on voit les pertes de ses fonds ou ex-fonds?

SocGen plus prudente sur les actions, repondÚre les taux et le crédit

L’équipe de stratĂ©gie de la banque revient vers un portefeuille plus Ă©quilibrĂ© dans l’anticipation de la remontĂ©e des taux directeurs de la Fed.
Jocelyn JovĂšne | 02/12/2014

Les stratĂ©gistes de SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale ont rĂ©duit la part des actions dans leur allocation modĂšle (de 60% Ă  50%) et ont accru le poids des obligations gouvernementales (de 18% Ă  23%) et du crĂ©dit d’entreprise (de 12% Ă  15%). La part des liquiditĂ©s passe plus marginalement de 5% Ă  7% de leur portefeuille modĂšle.

Dans une note diffusĂ©e le 2 dĂ©cembre aux investisseurs, l’équipe d’Alain Bokobza s’attend Ă  un regain de volatilitĂ© sur les marchĂ©s financiers, une poursuite de la hausse du dollar et un « a-coup » sur les marchĂ©s actions qui pourrait survenir au cours du deuxiĂšme trimestre.

Elle anticipe une meilleure croissance Ă©conomique globale, la baisse du pĂ©trole redonnant du pouvoir d’achat aux mĂ©nages et aux entreprises industrielles dans le monde entier.

« Notre stratĂ©gie s’appuie sur une profonde dĂ©synchronisation des cycles Ă©conomiques et monĂ©taires. Nous continuons de prĂ©fĂ©rer d’investir dans les marchĂ©s oĂč, fin 2015, les conditions monĂ©taires seront plus assouplies qu’actuellement : l’Asie et la zone euro », Ă©crivent les stratĂ©gistes de SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale.

Au niveau de la poche actions, la banque s’attend Ă  une surperformance des actions europĂ©ennes et chinoises, et Ă  une sous-performance des actions japonaises l’an prochain.

En Europe, « 2015 devrait voir l’impact positif d’un prix du pĂ©trole plus bas et des taux nĂ©gatifs de la BCE. Nous pensons que les dirigeants politiques vont concentrer leur attention sur les moteurs de croissance, la pression s’accentuant sur l’Allemagne qui risque d’ĂȘtre le seul pays de la zone euro dont le PIB risque de chuter en 2015 », note SG.

La banque recommande une attitude « contrarienne » Ă  l’égard des actifs europĂ©ens, en s’exposant aux obligations de la pĂ©riphĂ©rie de la zone euro, aux actions de la zone euro (avec une approche longue sur le CAC et « short » sur le DAX). Elle conseille Ă©galement de privilĂ©gier les actions et la dette du secteur bancaire europĂ©enne, malgrĂ© une sous-performance de la premiĂšre catĂ©gorie.

MalgrĂ© la chute du pĂ©trole, les stratĂ©gistes de la SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale se montrent en revanche prudent Ă  l’égard du secteur et des actifs qui y sont liĂ©s.

BlackRock anticipe un regain de volatilité en 2015

Sur fond de divergences des politiques monétaires, les investisseurs peuvent privilégier les actions européennes et japonaises.
Jocelyn JovĂšne 10.12.2014

Des marchés financiers plus volatils et des valorisations tendues, voilà le monde dans lequel les investisseurs vont devoir évoluer en 2015, a estimé mercredi un représentant de BlackRock.

Cela ne signifie pas nĂ©cessairement qu’il n’y aura pas d’opportunitĂ©s, au contraire. Pour Jean Boivin, stratĂ©giste au sein du BlackRock Investment Institute, et auparavant sous-ministre dĂ©lĂ©guĂ© des Finances et reprĂ©sentant du Canada au sein du G7, du G20 et du Conseil de stabilitĂ© financiĂšre, les politiques monĂ©taires accommodantes en Europe et au Japon vont soutenir les actions de ces deux rĂ©gions.

En zone euro, les anticipations de croissance Ă©conomique et de hausse des profits sont modestes. Une surprise positive pourrait conduire Ă  un retour des flux d’investissement sur la zone, ce qui favoriserait en premier lieu les actions.

Au Japon, l’activisme de la banque centrale et la modification de l’allocation de grands investisseurs institutionnels profiteront Ă©galement aux actions japonaises, d’autant que « les valorisations y sont les plus faibles du monde dĂ©veloppĂ© », selon le BII.

En revanche, la divergence des politiques monétaires avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni sera source de volatilité sur les marchés financiers.

« Il y a un risque latent qui n’est pas capturĂ© par les niveaux actuels de volatilitĂ© », observe le stratĂ©giste. De ce fait, la hausse des taux d’intĂ©rĂȘt aux Etats-Unis, attendue au cours du premier trimestre 2015, et l’avancement du cycle Ă©conomique pourraient conduire Ă  un regain de volatilitĂ© sur les marchĂ©s.

« Pour l’investisseur qui a un horizon d’investissement long, cette volatilitĂ© sera l’occasion de saisir des opportunitĂ©s d’investissement Ă  bon compte lors des phases de correction, mais il lui faudra aussi ĂȘtre flexible », ajoute Jean Boivin.

Investir en 2015 : les conseils des stratÚges de la plus ancienne banque privée genevoise

Par Stanislas Feuillebois

Publié le 24/12/2014 à 08:53 - Mis à jour le 24/12/2014 à 08:53
Lombard Odier estime que l’Asie et l’Europe pourraient ĂȘtre les grands gagnants l’an prochain. Mais il faudra rester prudent sur les matiĂšres premiĂšres et l’or.

Les stratĂ©gistes de la banque privĂ©e suisse Lombard Odier ont Ă©tabli une liste d’idĂ©es d’investissement pour 2015. Alors que l’embellie de l’économie amĂ©ricaine se confirme et que l’économie japonaise demeure sous perfusion, ils ne prĂ©voient pas de spirale baissiĂšre de l’économie europĂ©enne malgrĂ© un risque dĂ©flationniste rĂ©el dans la plupart des pays de la zone euro. En outre, les stratĂšges estiment que l’économie europĂ©enne pourra s’appuyer sur la dĂ©prĂ©ciation de l’euro et sur la baisse des prix du pĂ©trole. En Chine, la prudence s’impose. Mais selon eux, la soliditĂ© du marchĂ© du travail, une croissance des salaires supĂ©rieure Ă  celle du Produit intĂ©rieur brut et le manque de logements modernes devraient permettre d’éviter un atterrissage trop brutal de l’économie chinoise.
Dans ce cadre, voici les principales idées de Lombard Odier pour investir en 2015 :

1 - Dans le contexte actuel de taux d’intĂ©rĂȘt bas, privilĂ©giez les actions (surtout europĂ©ennes).

La banque privĂ©e insiste sur un environnement qui devrait rester favorable aux marchĂ©s actions en 2015. Mais pour l’établissement helvĂ©tique, la croissance des bĂ©nĂ©fices des entreprises amĂ©ricaines sera infĂ©rieure au consensus des analystes en raison principalement de l’apprĂ©ciation du dollar et de la hausse des salaires aux Etats-Unis. La banque privĂ©e choisit donc de privilĂ©gier des actions europĂ©ennes et anticipe une progression de 7 % du bĂ©nĂ©fice par action des entreprises europĂ©ennes. Elle conseille de privilĂ©gier les valeurs financiĂšres et les valeurs «cycliques» de qualitĂ©.

2 - Restez prudent Ă  l’égard des matiĂšres premiĂšres.

C’est une des questions majeures que les investisseurs se posent actuellement : comment va Ă©voluer le prix du pĂ©trole ? Les stratĂ©gistes de Lombard Odier ne prĂ©voient pas un nouvel effondrement des prix de l’or noir; mais il n’y aura pas selon eux de renversement de tendance. Ce qui devrait stimuler la demande mondiale en donnant aux consommateurs un pouvoir d’achat accru. De ce fait, ils conseillent surtout d’éviter certains secteurs comme les mines et l’énergie.

3 - SurpondĂ©rer l’Asie par rapport Ă  l’AmĂ©rique Latine et la Russie.

Selon Lombard Odier, l’Inde et certains pays d’Asie du Sud-est (IndonĂ©sie, ThaĂŻlande) profiteront de la faiblesse des prix du pĂ©trole. A l’inverse, des pays comme le Venezuela, le BrĂ©sil et la Russie devraient souffrir du recul du prix de l’or noir. ConfrontĂ©s Ă  des contraintes de capacitĂ©s et Ă  un emballement de l’inflation, le BrĂ©sil et la Russie pourraient durcir Ă  nouveau leur politique monĂ©taire. La banque suisse explique que ces deux pays risquent d’ĂȘtre pris dans un cercle vicieux de sorties de capitaux obligeant les banquiers centraux Ă  relever les taux d’intĂ©rĂȘt, ce qui pĂšsera sur l’activitĂ©.

4 - S’exposer Ă  la consommation amĂ©ricaine tout en faisant preuve de sĂ©lectivitĂ©.

Selon la banque privée, la faiblesse des prix du pétrole va permettre un transfert de richesse des producteurs de pétrole américains aux consommateurs américains. Du coup, tous les secteurs axés sur la consommation devraient en bénéficier et en particulier les secteurs de la technologie et du commerce de détail.

5 - Restez Ă  l’écart de l’or

Les gestionnaires privĂ©es jugent qu’en raison d’une forte corrĂ©lation avec les taux rĂ©els amĂ©ricains, aucune chance de rebond de l’once d’or n’est Ă  prĂ©voir dans les prochains mois.

En guise de conclusion, Lombard Odier estime que les inquiĂ©tudes des investisseurs ne se focaliseront plus sur l’endettement des banques amĂ©ricaines ni mĂȘme sur l’exposition Ă  la dette des banques de la zone euro. C’est plutĂŽt la forte dĂ©pendance du crĂ©dit asiatique Ă  l’égard des actifs financiers en dollars qui prĂ©occupera le marchĂ©. Un dollar plus fort est synonyme d’un financement plus rare et donc de risque d’annulation de lignes de financement.

Crise de nerf sur les ETF obligataires: un choc majeur pour la Bourse ?

Par Romain Dion

Publié le 18/10/2015 à 10:03 - Mis à jour le 18/10/2015 à 10:00
Des fonds cotĂ©s investis en obligations d’entreprises sont confrontĂ©s Ă  des sorties massives de capitaux. Une nouvelle dĂ©tĂ©rioration sur le marchĂ© de la dette Ă  haut rendement (high yield) provoquerait une nouvelle secousse sur les actions.

Selon une information publiĂ©e le 14 octobre par l’agence Reuters, plusieurs grands Ă©metteurs amĂ©ricains d’ETF (trackers), dont First Trust, Guggenheim Investments et Vanguard Group, ont augmentĂ© leurs lignes de crĂ©dit auprĂšs des banques pour faire face Ă  d’éventuelles sorties massives de fonds cotĂ©s investis sur des obligations privĂ©es rĂ©putĂ©es peu liquides.

Le compartiment de la dette amĂ©ricaine Ă  « haut rendement » (high yield) suscite le plus d’inquiĂ©tudes aujourd’hui, avec un Ă©cart de rĂ©munĂ©ration (spread) sur le bon du TrĂ©sor qui dĂ©passe 650 points et atteint mĂȘme 1.100 points dans le secteur de l’énergie.

Tangi Le Liboux chez Aurel BGC souligne la dimension devenue systémique des ETF, alors que des dysfonctionnements voient le jour.

Ainsi, le 24 aoĂ»t dernier, en pleine panique boursiĂšre, l’ETF Guggenheim SP 500 Equal Weight, calculĂ© par Ă©quipondĂ©ration des valeurs du SP 500, s’est brutalement effondrĂ©, perdant prĂšs d’un tiers de sa valeur en moins d’un quart d’heure, alors que la baisse de l’indice sous-jacent Ă©tait limitĂ©e Ă  quelques pourcents. A la clĂŽture, face Ă  l’afflux des ordres de vente, le fonds d’un encours proche de 10 milliards de dollars dĂ©crochait Ă  nouveau mais dans une moindre ampleur, pour retrouver Ă  la clĂŽture un cours proche de son actif net.

Ce fonds a Ă©tĂ© victime ce jour-lĂ  d’un gonflement exceptionnel des volumes Ă©changĂ©s (six millions de titres contre une moyenne d’un million) et du retrait momentanĂ© des arbitragistes face Ă  l’extrĂȘme volatilitĂ© du marchĂ©.

Le stratĂšge rappelle que l’encours des ETF dĂ©passe dĂ©sormais 3.000 milliards de dollars dans le monde, soit plus que l’industrie des hedge funds.

Certains ETF sont devenus trop gros : Nomura Asset Management a suspendu les souscriptions de ses trois ETF Ă  levier sur le Nikkei, qui reprĂ©sentent prĂšs d’un quart des positions ouvertes sur l’indice boursier nippon.

Selon Tangi Le Liboux, la menace est bien plus grande sur le marchĂ© de la dette privĂ©e oĂč la liquiditĂ© est beaucoup plus faible. Sur le marchĂ© amĂ©ricain du high yield, les deux plus gros ETF, le iShares iBoxx High Yield Corporate Bond et leSPDR Barclays High Yield Bond, pĂšsent Ă  eux deux prĂšs de 25 milliards de dollars.

Dans un scĂ©nario extrĂȘme oĂč le prix du pĂ©trole redescendrait sous 40 dollars le baril et oĂč des faillites se multiplieraient dans le secteur Ă©nergĂ©tique amĂ©ricain, les ETF devraient alors vendre des titres en portefeuille pour faire face aux sorties de capitaux mais seraient confrontĂ©s Ă  une liquiditĂ© insuffisante, menaçant de contagion d’autres marchĂ©s plus liquides.

Une opinion partagée par Ramin Nakisa chez UBS, pour qui une vente massive de junk bonds aux Etats-Unis affecterait aussi les actions des sociétés notées « triple A ».

L’industrie amĂ©ricaine des mutual funds atteint prĂšs de 18.000 milliards de dollars dont 1.400 milliards sont investis dans des fonds dits « hybrides », placĂ©s en actions et en obligations, souligne le stratĂšge. L’encours de ces fonds hybrides est composĂ© d’actions Ă  59% (843 milliards de dollars), de dette privĂ©e Ă  17% (243 milliards) et de dette fĂ©dĂ©rale pour 11%.

Pour certains cas extrĂȘmes, l’exposition du fonds hybride Ă  la dette privĂ©e dĂ©passe 100% de l’actif grĂące Ă  l’effet de levier. Mais la moyenne de cette exposition atteint 14%.

UBS estime Ă  2.800 milliards de dollars la dette privĂ©e dĂ©tenue par des mutual funds et des ETF, soit trois fois plus qu’en 2008, alors que dans le mĂȘme temps les banques ont fortement rĂ©duit leur rĂŽle de contrepartie sur ce marchĂ©, en raison des nouvelles contraintes rĂ©glementaires.

ConsĂ©quence : l’illiquiditĂ© du marchĂ© secondaire de la dette privĂ©e s’est accrue au moment oĂč le stock progressait Ă  vive allure, ce qui augmente le risque d’une panne d’émission (« credit crunch ») si une vente massive d’obligations survenait.

Contraints par la faible liquiditĂ© de la dette privĂ©e, les fonds hybrides devraient cĂ©der des actions pour faire face aux retraits. UBS a calculĂ© l’exposition des quarante plus gros fonds de la catĂ©gorie, dont l’encours atteint prĂšs de 1.000 milliards de dollars.

Les fonds hybrides dĂ©tiennent pour 7,4 milliards de dollars d’actions Microsoft, correspondant Ă  cinq sĂ©ances de Bourse. Ces fonds possĂšdent Ă©galement 6,3 milliards de dollars d’actions JP Morgan Chase (six jours d’échanges), 5,8 milliards de Verizon (huit sĂ©ances), 3,8 milliards de Wells Fargo (quatre jours), 3,9 milliards de Comcast (quatre sĂ©ances), 3,6 milliards de General Electric (quatre jours), etc. Les secteurs les plus reprĂ©sentĂ©s dans les actions dĂ©tenues par les fonds hybrides sont les utilities, les matĂ©riaux, l’énergie et l’industrie.

Dans le cas d’un durcissement des conditions de crĂ©dit bancaire, les Ă©carts de rendement exigĂ©s sur les emprunteurs les plus fragiles pourraient encore s’élargir, si le cours des matiĂšres premiĂšres poursuivait son repli ou si le dollar s’apprĂ©ciait davantage, ou encore si la conjoncture se dĂ©tĂ©riorait de nouveau dans des pays Ă©mergents, menaçant alors l’ensemble de l’édifice.

La volatilité au menu des marchés en 2015 - Robeco

Les actions europĂ©ennes restent une classe d’actifs Ă  considĂ©rer, estime le gestionnaire d’actifs.
Jocelyn JovĂšne 26.11.2014

Les investisseurs devront faire face Ă  des marchĂ©s financiers plus volatils en 2015, mais les actions, en particulier europĂ©ennes, restent la meilleure option en matiĂšre d’allocation d’actifs, a estimĂ© mercredi Peter Van der Welle, stratĂ©giste chez Robeco.

Pour ce spĂ©cialiste, le passage d’un monde guidĂ© par la liquiditĂ© Ă  un monde pilotĂ© davantage par les « fondamentaux » (croissance Ă©conomique, profits des entreprises
) sur fond de divergences de cycles Ă©conomiques et monĂ©taires entre les Etats-Unis et l’Europe rendra la construction de portefeuilles plus dĂ©licate.

Robeco s’attend Ă  ce que la croissance Ă©conomique s’accĂ©lĂšre l’an prochain aux Etats-Unis, ce qui conduira la Fed Ă  relever ses taux. Mais ce relĂšvement se traduira par un regain de volatilitĂ© car il n’est pas suffisamment anticipĂ© par les investisseurs. « Le marchĂ© devra s’ajuster aux dĂ©cisions de la Fed, pas l’inverse », a averti Peter Van der Welle.

La divergence de politiques monĂ©taires sera un autre Ă©lĂ©ment explicatif du regain de volatilitĂ© sur les marchĂ©s. Le stratĂ©giste a toutefois estimĂ© que la BCE ne devrait pas avoir Ă  se lancer dans un assouplissement quantitatif Ă©largi car la croissance de la zone euro devrait elle aussi s’amĂ©liorer, grĂące Ă  la baisse de l’euro et du cours du pĂ©trole.

De son cĂŽtĂ©, la Fed va tenir un discours plus restrictif, mais elle restera attentive Ă  l’impact de sa communication sur les anticipations des investisseurs. « La volatilitĂ© ne sera sans doute pas limite, car les banques centrales, notamment la Fed, suivent de prĂšs l’évolution des marchĂ©s », a expliquĂ© Peter Van der Welle.

Cette divergence des politiques monĂ©taires ne devrait toutefois pas empĂȘcher la fin du rallye obligataire. D’un cĂŽtĂ© les marchĂ©s sont trop pessimistes quant au risque de dĂ©flation en zone euro. De l’autre, les rendements amĂ©ricains devraient accentuer leur hausse.

Dans un tel contexte, Robeco se dit prudemment optimiste sur le haut rendement, estimant que le niveau des spreads est suffisamment large Ă  ce stade pour supporter la hausse des taux. Mais Peter Van der Welle recommande toutefois de faire attention au risque de liquiditĂ© de la classe d’actifs.

La situation sur le crĂ©dit de qualitĂ© (« investment grade ») est en revanche beaucoup plus difficile Ă  tenir, car le rendement des obligations privĂ©es est aujourd’hui infĂ©rieur Ă  certaines obligations gouvernementales, ce qui constitue une aberration selon le stratĂ©giste.

Dans l’univers des actions, Peter Van der Welle privilĂ©gie l’Europe dans l’anticipation d’un rattrapage des rĂ©sultats, en grande partie grĂące Ă  la baisse de l’euro et du cours des matiĂšres premiĂšres.

SSgA n’attend pas de remontĂ©e rapide des taux longs en 2015

L’appĂ©tit des investisseurs pour les actifs amĂ©ricains constitue une force mal apprĂ©ciĂ©e par le marchĂ©, selon le gestionnaire d’actifs.
Jocelyn JovĂšne 26.11.2014

Avec une croissance Ă©conomique amĂ©ricaine qui devrait s’accĂ©lĂ©rer l’an prochain autour de 3%, le dĂ©bat sur la possibilitĂ© d’une remontĂ©e des taux de la Fed va s’intensifier. Mais attendre une remontĂ©e rapide des taux longs amĂ©ricains vers 3,5% voire 4% semble extrĂȘmement optimiste, ont estimĂ© mercredi des reprĂ©sentants de State Street Global Advisors (SSgA).

« Les investisseurs vont vouloir allouer plus de capitaux sur les Etats-Unis. Aussi, attendre une remontĂ©e significative des taux longs ne nous semble pas raisonnable », a affirmĂ© mercredi Niall O’Leary, managing director chez SSgA. « La demande pour des actifs gĂ©nĂ©rant un rendement plus Ă©levĂ© va ‘caper’ la hausse des taux », a-t-il expliquĂ©.

Le spĂ©cialiste ne s’attend pas Ă  ce que les plus gros dĂ©tenteurs de bons du TrĂ©sor amĂ©ricain (Fed, Chine, Japon, fonds souverains
) rĂ©duisent leur stock de titres. Il s’attend par ailleurs Ă  ce que la Fed ne commence Ă  normaliser sa politique monĂ©taire que vers la fin du premier trimestre, ou au cours du deuxiĂšme trimestre.

SSgA anticipe un raffermissement de la croissance l’an prochain dans plusieurs pays dĂ©veloppĂ©s, tandis que les pays Ă©mergents connaĂźtront toujours un rythme de croissance Ă©levĂ©.

En matiĂšre d’allocation, le gestionnaire considĂšre que le crĂ©dit et le haut rendement « restent attrayants en relatif ». Il met en avant l’importance de protĂ©ger les portefeuilles contre le risque de regain de volatilitĂ© sur les marchĂ©s.

A court terme, SSgA sous-pondĂšre les actions, mais adopte une vue plus constructive sur le moyen terme. Le crĂ©dit de qualitĂ© (« investment grade ») et les actions des pays Ă©mergents qui engagent des rĂ©formes sont Ă  considĂ©rer, a indiquĂ© Niall O’Leary.

Fidelity : les banques centrales, soutien des marchés obligataires en 2015

Les obligations indexĂ©es sur l’inflation et le haut rendement font partie des opportunitĂ©s d’investissement Ă  considĂ©rer l’an prochain.
Jocelyn JovĂšne 25.11.2014

L’expansion du bilan des banques centrales constituera un soutien des marchĂ©s obligataires, ont estimĂ© mardi plusieurs gĂ©rants de Fidelity spĂ©cialistes de la classe d’actifs, et ce malgrĂ© la divergence des politiques entre les Etats-Unis, l’Europe et le Japon.

Pour Andy Wells, CIO taux et diversifiĂ© chez Fidelity, en dĂ©pit d’une remontĂ©e des taux directeurs de la Fed qui pourrait intervenir au cours du second semestre, les rendements obligataires devraient rester ancrĂ©s Ă  des niveaux bas.

L’économie amĂ©ricaine devrait connaĂźtre un « bon » rythme de croissance l’an prochain, mĂȘme si la question de la reprise des investissements reste posĂ©e. Surtout, l’amĂ©lioration du marchĂ© du travail (baisse du taux de chĂŽmage) et l’évolution de la dĂ©mographie du pays pourraient contribuer Ă  une remontĂ©e des salaires.

Un moyen de profiter d’une telle Ă©volution est de parier sur les obligations indexĂ©es sur l’inflation, a expliquĂ© le gĂ©rant, qui parie sur une remontĂ©e de 100 points de base des rendements Ă  10 ans. Les anticipations d’inflation sont en effet en recul depuis le dĂ©but de l’annĂ©e (2,28% actuellement contre 2,81% en dĂ©but d’annĂ©e), preuve d’un certain scepticisme dans le marchĂ© sur l’évolution des taux longs (en recul de 63 points de base depuis le 1er janvier).

En Europe, Andrei Gorodilov, responsable des fonds FF European High Yield et FF Emerging Market Corporate Debt, a estimĂ© que l’Europe Ă©tait coincĂ©e dans un rĂ©gime de croissance faible, en grande partie Ă  cause du manque de rĂ©formes structurelles et Ă  un niveau d’endettement qui n’a pas encore commencĂ© Ă  baisser.

« La BCE est la seule en mesure de fournir un soutien » Ă  l’économie. Il est de surcroĂźt dangereux de douter de l’efficacitĂ© de l’action de la banque centrale europĂ©enne, a ajoutĂ© le gĂ©rant.

Cet environnement de croissance molle et de politiques monĂ©taires accommodantes pĂšsera sur le niveau des rendements obligataires. Les investisseurs doivent toutefois s’attendre Ă  des regains de volatilitĂ© sur les marchĂ©s, du fait notamment des tensions gĂ©opolitiques qui n’ont pas disparu.

La correction rĂ©cente des marchĂ©s a offert de nouveaux points d’entrĂ©e sur le marchĂ© du haut rendement, et compte tenu d’un risque de dĂ©faut mesurĂ©, le coupon sera la principale source de performance de la classe d’actifs pour les investisseurs.

Parmi les principaux facteurs de risque pour l’annĂ©e qui vient, les gĂ©rants de Fidelity ont soulignĂ© le risque d’une dĂ©ception sur la croissance Ă©conomique des Etats-Unis, une guerre des changes et de nouvelles tensions gĂ©opolitiques.

Ils ont Ă©galement soulignĂ© les craintes sur la liquiditĂ© des marchĂ©s. Le durcissement de la contrainte rĂ©glementaire sur les banques a conduit Ă  un transfert de la gestion du risque de liquiditĂ©s vers les gĂ©rants d’actifs.

Morgan Stanley voit le MSCI Europe gagner 11% en 2015

La banque anticipe une progression de 10% des rĂ©sultats des entreprises en Europe et une nouvelle phase d’expansion des multiples de valorisation
Jocelyn JovĂšne 01.12.2014

Alors que ce sont les valeurs dĂ©fensives et les titres Ă  « faible bĂ©ta » (qui sont peu voire moins volatiles que le reste du marchĂ©), les stratĂ©gistes de Morgan Stanley prĂ©voient une performance Ă  deux chiffres des actions europĂ©ennes en 2015, avec un indice MSCI Europe en hausse de 11% (pas trĂšs Ă©loignĂ© des prĂ©visions publiĂ©es le mĂȘme jour par JPMorgan ou celles, la semaine derniĂšre, de Goldman Sachs).

« Les valeurs défensives se traitent avec une prime de 30% par rapport au reste du marché et ont été plus chÚres 4% du temps au cours des 40 derniÚres années », écrivent Graham Secker, Matthew Garman, Sebastian Raedler, Krupa Patel et Hanyi Lim dans une note datée du 30 novembre.

Le multiple de valorisation de l’ensemble du marchĂ© devrait s’apprĂ©cier jusqu’à 15-15,5x les rĂ©sultats prĂ©vus si la BCE s’engage dans un assouplissement quantitatif (« QE ») Ă©largi, note Morgan Stanley. En prenant en compte une croissance des profits de 10% l’an prochain, l’indice MSCI Europe pourrait ainsi atteindre 1.560 points fin 2015.

Dans cet environnement, Morgan Stanley recommande de privilĂ©gier les valeurs cycliques et les financiĂšres. Les premiĂšres devraient profiter de la baisse de l’euro et d’une amĂ©lioration des nouvelles sur le front Ă©conomique.

Les secondes devraient tirer parti d’une amĂ©lioration de la conjoncture au plan domestique et des initiatives de la BCE.

La banque s’attend Ă©galement Ă  ce que les petites et moyennes valeurs surperforment l’an prochain, Ă©galement en raison d’une conjoncture plus favorable au plan domestique.

Morgan Stanley estime que les investisseurs peuvent s’intĂ©resser Ă  trois thĂšmes d’investissement l’an prochain : une remontĂ©e des rendements obligataires (qui est intervenue Ă  la fin de que chaque Ă©pisode de « QE »), une surperformance des actions italiennes – elles bĂ©nĂ©ficieraient naturellement d’une intervention de la BCE – et une surperformance des valeurs liĂ©es au secteur de l’énergie (secteur qui dĂ©livre un rendement historiquement Ă©levĂ©).

JPMorgan « constructif » sur les actions européennes
AprĂšs une annĂ©e dĂ©cente, la banque pense que la classe d’actifs devrait continuer de bien se comporter en 2015.
Jocelyn JovĂšne 01.12.2014

« Les actions ont réussi à battre les obligations une fois encore en 2014 », notent dans une étude datée du 1er décembre les stratégistes de la banque JPMorgan, Mislav Matejka, Emmanuel Cau et Prabhav Bhadani.

Ils voient l’indice MSCI Europe à 1.550 points (+10%), le MSCI Eurozone à 215 points fin 2015 (+13%) et le FTSE 100 à 7.200 points (+7%).

Cette situation devrait perdurer en 2015, les actions europĂ©ennes bĂ©nĂ©ficiant de plusieurs facteurs de soutien : l’expansion du bilan des banques centrales, et la reprise du crĂ©dit bancaire outre-Atlantique ; une croissance mondiale qui accĂ©lĂšrera vers 3% (contre 2,5% attendu en 2014) ; une valorisation relative attrayante.

Les stratĂ©gistes de la banque ne pensent pas qu’une remontĂ©e des taux directeurs de la Fed, attendue l’an prochain, ne provoquera de « dĂ©raillement » du marchĂ© actions. L’Europe devrait mĂȘme surperformer les Etats-Unis, grĂące Ă  un rattrapage en matiĂšre de croissance bĂ©nĂ©ficiaire.

Il faut rappeler ici que JPMorgan avait dĂ©jĂ  Ă©mis un pronostic guĂšre diffĂ©rent fin 2013, qui ne s’était pas matĂ©rialisĂ© faute de publications de rĂ©sultats satisfaisantes et Ă  cause d’interrogations sur la vigueur de la croissance en zone euro au cours de l’étĂ©.

JPMorgan a d’ailleurs toujours une vue prudente sur le Royaume-Uni (en raison du poids des valeurs exposĂ©es au cycle des matiĂšres premiĂšres), et surpondĂšre les actions japonaises pour parier sur la remontĂ©e du taux d’inflation.

La banque s’attend en revanche Ă  une « performance plus Ă©quilibrĂ©e » des actions Ă©mergentes en 2015.

Parmi les thĂ©matiques Ă  jouer l’an prochain, JPMorgan parie sur les valeurs en retournement de la zone euro, les valeurs qui bĂ©nĂ©ficieront d’un cours du baril de pĂ©trole durablement bas, des titres au Royaume-Uni exposĂ©s au risque politique, des valeurs exportatrices en zone euro et les actions qui ont un comportement obligataire (« bond proxys »).

Paroles d’experts: l’allocation d’actifs[/color]

Comment dĂ©terminer son allocation d’actifs dans un contexte marquĂ© par le retour de la volatilitĂ© ?
Thomas Lancereau, CFA | 11/09/2015

La table ronde dĂ©diĂ©e Ă  l’allocation d’actifs qui s’est dĂ©roulĂ©e dans le cadre de la ConfĂ©rence Morningstar du 8 septembre 2015 a rassemblĂ© trois gĂ©rants talentueux qui se sont exprimĂ©s sur le regain de volatilitĂ© que l’on connaĂźt depuis la fin de l’étĂ© : David Ganozzi, gĂ©rant de portefeuille chez Fidelity Investment Worldwide, FrĂ©dĂ©ric Leroux, gĂ©rant global chez Carmignac et Charles de Quinsonas, gĂ©rant chez M&G, spĂ©cialisĂ© sur la dette privĂ©e Ă©mergente.

Regain de volatilité

Nos intervenants n’ont pas rĂ©agi au regain de volatilitĂ© observĂ© depuis la fin de l’étĂ© de la mĂȘme maniĂšre. Chez Carmignac, les dĂ©valuations chinoises successives du mois d’aoĂ»t ont retenti comme un signal d’alarme et ont conduit les Ă©quipes de gestion Ă  rĂ©duire sĂ©rieusement la voilure sur les actions portant l’exposition des fonds Carmignac Investissement et Carmignac Patrimoine Ă  respectivement 60% (son minimum lĂ©gal) et 10%. Cette rĂ©duction s’est faite via des produits dĂ©rivĂ©s plutĂŽt que par une augmentation de l’allocation sur les obligations. FrĂ©dĂ©ric Leroux constate en effet que ces derniĂšres n’ont pas jouĂ© leur rĂŽle traditionnel de valeurs refuges certainement du fait des ventes d’obligations amĂ©ricaines par la Banque Centrale chinoise pour dĂ©fendre sa monnaie aprĂšs les dĂ©valuations. Leroux justifie par ailleurs l’ampleur des ajustements en portefeuille par la situation Ă©conomique et financiĂšre, inĂ©dite de son point de vue. Alors que pour prĂ©server sa crĂ©dibilitĂ©, la RĂ©serve FĂ©dĂ©rale amĂ©ricaine ne devrait plus tarder Ă  relever ses taux et ce alors mĂȘme que l’économie chinoise montre de sĂ©rieux signes de faiblesse et que la croissance mondiale dans son ensemble n’est pas Ă  la hauteur des attentes. Ces inquiĂ©tudes sur la Chine sont partagĂ©es par Charles de Quinsonas pour qui la dĂ©valuation du yuan est une forme de reconnaissance d’une croissance plus faible. Pour lui, le vrai problĂšme rĂ©side dans la dette des entreprises chinoises qui a crĂ» bien plus vite que le PIB. L’affaiblissement de la monnaie devrait par ailleurs alourdir leur service de la dette et les pousser Ă  s’endetter encore plus en monnaie locale
 Cela implique notamment moins de transparence pour les investisseurs internationaux qui se verraient en outre reculer dans le degrĂ© de sĂ©nioritĂ© des emprunteurs, la loi sur les faillites en Chine privilĂ©giant la dette en yuan sur les emprunts en devises.

Ce pessimisme n’est pas de mise chez Fidelity. Sans nier le ralentissement de la croissance en Chine, David Ganozzi pense que la correction des marchĂ©s boursiers a Ă©tĂ© exagĂ©rĂ©e et considĂšre que les actions offrent dĂšs lors du potentiel. Il concĂšde cependant qu’une certaine volatilitĂ© n’est pas Ă  exclure, ce qui est normal de ce point de vue, cette derniĂšre ayant atteint des niveaux excessivement bas depuis le dĂ©but des politiques hyper expansionnistes en 2009. Il ne craint pas la normalisation de la politique monĂ©taire amĂ©ricaine mais l’attend au contraire comme un signal puissant que l’économie est de nouveau sur les rails. Pour lui, le quantitative easing a bien fonctionnĂ© comme en atteste la bonne tenue des chiffres de l’emploi amĂ©ricain.

Les marchés émergents restent boudés

Dans ce scĂ©nario, Ganozzi privilĂ©gie le marchĂ© actions europĂ©ens et japonais au dĂ©triment de celui des Etats-Unis qu’il estime plus avancĂ©s dans le cycle Ă©conomique. En zone euro, mĂȘme s’il considĂšre que la croissance n’est pas encore auto-entretenue, il pense que le niveau de la monnaie unique et la faiblesse du prix des matiĂšres premiĂšres devraient continuer Ă  soutenir la consommation. Sans surprise compte tenu de ses perspectives prudentes sur les actions, Leroux a quant Ă  lui plutĂŽt tendance Ă  favoriser les Etats-Unis dans son allocation rĂ©gionale. Dans un contexte oĂč la croissance est rare, les Ă©quipes de Carmignac y privilĂ©gient des valeurs moins sensibles Ă  la conjoncture dans la santĂ©, la biotechnologie ou l’internet. L’exposition au dollar est en revanche partiellement couverte, Leroux tablant sur une apprĂ©ciation de l’euro et du yen dans un scĂ©nario « risk-off ». Historiquement trĂšs prĂ©sente sur les marchĂ©s Ă©mergents, la sociĂ©tĂ© a considĂ©rablement rĂ©duit son exposition dans ces pays. Pour le spĂ©cialiste de la dette privĂ©e Ă©mergente, Charles de Quinsonas, cette prudence est amplement justifiĂ©e. La plupart des grands pays Ă©mergents ont selon lui des problĂšmes Ă©conomiques et/ou politiques sĂ©rieux : la Chine bien sĂ»r mais aussi le BrĂ©sil, la Russie ou la Turquie. Il pense nĂ©anmoins que la plupart de ces risques sont idiosyncratiques et qu’il n’y a pas de raison de condamner la classe d’actifs dans son ensemble. Il a mĂȘme fait Ă©tat de perspectives intĂ©ressantes pour des pays comme l’Inde, un avis partagĂ© par Leroux.

L’impact de la baisse du prix des matiùres premiùres

L’Inde bĂ©nĂ©ficie notamment de la baisse du prix des matiĂšres premiĂšres contrairement Ă  la plupart des pays d’AmĂ©rique Latine et la Russie. De Quinsonas note nĂ©anmoins que mĂȘme si les fondamentaux de l’économie russe ont eu tendance Ă  se dĂ©grader Ă  cause des sanctions internationales et de la chute du prix du pĂ©trole, les entreprises privĂ©es ont fait preuve d’une bonne rĂ©silience et ont bĂ©nĂ©ficiĂ© de la dĂ©prĂ©ciation du rouble.

InterrogĂ©s sur l’existence d’éventuelles opportunitĂ©s dans les entreprises liĂ©es aux matiĂšres premiĂšres, nos experts ont fait preuve de prudence. Pour Leroux, il est encore un peu tĂŽt pour se rĂ©exposer Ă  ce thĂšme compte tenu des incertitudes qui pĂšsent sur la croissance chinoise. Ganozzi y conserve quant Ă  lui une allocation « neutre » de l’ordre de 10% considĂ©rant que la correction a Ă©tĂ© un peu loin sur ces secteurs, qu’il utilise par ailleurs Ă  des fin de diversification.

Allocation d’actifs : la prudence domine

Des airs de capitulation ressortent des allocations d’actifs des investisseurs internationaux, selon la derniĂšre enquĂȘte de Bank of America Merrill Lynch.
Jocelyn JovĂšne | 15/09/2015

Au cours du mois de septembre, les anticipations de croissance de l’économie mondiale ont plongĂ©, pesant sur le poids des actions dans l’allocation des investisseurs.

Selon la derniĂšre enquĂȘte de Bank of America Merrill Lynch, « l’anomalie de septembre d’un niveau record de cash dans les allocations a Ă©tĂ© corrigĂ©e par une chute brute des anticipations de croissance mondiale (plus bas depuis juillet 2012) et de l’allocation des actions (plus bas depuis septembre 2012) », observent les stratĂ©gistes de la banque dans une note publiĂ©e mardi 15 septembre.

Le cash continue d’ĂȘtre la classe d’actifs privilĂ©giĂ©e dans les changements d’allocations, avec un mouvement de fuite vers la qualitĂ© (consommation courante, obligations, Etats-Unis). Un mouvement logique au regard de la volatilitĂ© rĂ©cente des marchĂ©s financiers, liĂ©e Ă  la Chine et aux Ă©mergents. C’est d’ailleurs dans cette rĂ©gion du monde que les investisseurs identifient la plus grande source de risque actuellement, puisque 75% des sondĂ©s estiment qu’une rĂ©cession en Chine et une crise de la dette Ă©mergente (dĂ©faut d’un pays) sont devenus des risques extrĂȘmes (« tail risk »).

35% des investisseurs sondĂ©s ont une surpondĂ©ration nette aux liquiditĂ©s, niveau d’exposition le plus Ă©levĂ© depuis juin 2012. Il faut monter Ă  la crise financiĂšre de 2008 pour retrouver les prĂ©cĂ©dents records d’exposition Ă  la classe d’actifs.

A l’inverse, 50% des sondĂ©s sont sous-exposĂ©s aux obligations et 32% aux matiĂšres premiĂšres. La vue nĂ©gative sur cette derniĂšre classe d’actifs est considĂ©rĂ©e comme Ă©tant l’un des paris les plus jouĂ©s en ce moment sur les marchĂ©s, en particulier dans l’univers actions.

Au sein des actions, les investisseurs ont réduit leur sous-pondération aux actions américaines, mais maintiennent une nette préférence pour les actions de la zone euro (45% de surpondération).

Les actions Ă©mergentes restent l’un des actifs les plus dĂ©testĂ©s en ce moment (34% de sous-pondĂ©ration nette, niveau jamais observĂ© depuis que l’enquĂȘte existe).

A deux jours de la fin de la réunion du comité de politique monétaire de la Fed, les anticipations de hausse des taux directeurs ont été repoussées en décembre.

« Ce pessimisme trĂšs clair signifie que les actifs risquĂ©s sont mĂ»rs pour un rebond (
). S’il n’y a pas de rallye, alors les marchĂ©s considĂ©reront que l’on s’oriente de maniĂšre dangereuse et imminente vers un risque de rĂ©cession et/ou de dĂ©faut », avertissent les stratĂ©gistes de BofAML dans leur note.

Bonjour

Point Ă  mi parcours par Candriam

Bonsoir,

Je n’interviens plus que rarement ici, mais je lis encore de temps à autres, en particulier ce fil.

Pour ma part, je lis la situation actuelle comme un assainissement nĂ©cessaire aprĂšs une hausse historique. Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel.

Jusqu’oĂč ça va descendre ? Bien malin qui peut le prĂ©dire. Mais je pense que nous avons ce soir une premiĂšre opportunitĂ© d’achat. Pas forcĂ©ment la derniĂšre (« idĂ©alement Â», graphiquement, ce serait un CAC Ă  4800 pour moi). Mais Ă©tant donnĂ© qu’on ne vise jamais totalement « pile poil Â» en assurance vie, il faut bien se dĂ©cider Ă  un moment ou un autre. Cette baisse a Ă©tĂ© l’occasion pour moi aujourd’hui. Si ça baisse de nouveau de 200 points je charge davantage. En-dessous je n’y crois pas : qui a vraiment envie de se mesurer Ă  Draghi ?

Pour la GrĂšce, indĂ©pendamment de la situation plus que difficile du peuple grec, et qui me prĂ©occupe bien davantage que ce que je lis sur Boursorama, ce n’est qu’un prĂ©texte, une « comedia Â» savamment orchestrĂ©e qui donne le prĂ©texte nĂ©cessaire aux prises de profits.

Bill Gross : la fĂȘte est finie
05/05/2015 - Philippe Maupas

Le « Bond King Â» a du vague Ă  l’ñme et pronostique la fin des beaux jours pour les investisseurs

Bill Gross est un gĂ©rant obligataire amĂ©ricain lĂ©gendaire. SurnommĂ© le « Bond King Â», son dĂ©part de Pimco aprĂšs des annĂ©es et bons, loyaux et profitables services avait dĂ©frayĂ© la chronique en septembre 2014 et incitĂ© les investisseurs Ă  retirer des milliards de dollars du plus gros fonds obligataire mondial de l’époque, le Pimco Total Return Fund (dont les encours sont passĂ©s de 240 milliards au dĂ©part de Gross Ă  120 milliards aujourd’hui, et qui a Ă©tĂ© incidemment dĂ©passĂ© par un fonds indiciel Vanguard, devenu le plus gros fonds obligataire au monde).

DorĂ©navant chez Janus oĂč il gĂšre un fonds minuscule Ă  l’aune de la taille de celui qu’il gĂ©rait chez Pimco (le Janus Global Unconstrained Bond Fund, dont l’encours au 30/4 s’élevait Ă  1,46 milliard de dollars), Gross livre sur un ton dĂ©senchantĂ© ce qui s’apparente Ă  une espĂšce de testament dans sa derniĂšre note de conjoncture (en anglais), « A sense of an ending Â» (la fin d’une Ă©poque ?).

C’est dur de vieillir

Dans son style inimitable, Gross explique d’abord combien il est difficile d’avoir 70 ans : pĂšre et mĂšre ont disparu, les amis, les vedettes de la mĂȘme gĂ©nĂ©ration commencent Ă  mourir.

Propos de comptoir qu’on n’a pas l’habitude le lire sous la plume d’un gĂ©rant de ce cĂŽtĂ© de l’Atlantique, mais qui sont monnaie courante aux Etats-Unis oĂč Bill Gross et Warren Buffett ont la mĂȘme aura intellectuelle que Jean-Paul Sartre en France entre les annĂ©es cinquante et soixante-dix.

La fin des trente (cinq) glorieuses ?

Plus en phase avec ce qui intĂ©resse les utilisateurs de Quantalys, Gross, aprĂšs s’ĂȘtre apesanti sur l’état de ses artĂšres, nous livre sa vision des marchĂ©s financiers et nous promet des lendemains qui dĂ©chantent.

Selon lui, la pĂ©riode dorĂ©e qui a dĂ©butĂ© en 1981, sous Ronald Reagan, et a vu les marchĂ©s financiers, tant d’actions que d’obligations, enregistrer des performances stratosphĂ©riques, est sur le point de se terminer.

Gross prĂ©dit depuis quelques annĂ©es la fin de l’ñge d’or. Il reconnaĂźt l’avoir fait trop tĂŽt (comme ici dans son panorama d’investissement intitulĂ© « A man in the mirror Â» publiĂ© en avril 2013), mais ne change pas son pronostic : selon lui, le remĂšde actuel Ă  la crise de la dette, Ă  savoir plus de dette, ne peut se terminer que dans les pleurs. Les politiques d’assouplissement quantitatif et leur corollaire actuel, des taux d’intĂ©rĂȘt nĂ©gatifs sur certaines maturitĂ©s de certains emprunts d’Etat, conduisent Ă  des bulles sur la plupart des actifs.

Le propre des bulles Ă©tant qu’elles finissent toujours pas exploser, Gross nous confie son inquiĂ©tude. Et nous invite Ă  la partager : « I have unrest, increasingly a great unrest. You should as well. Â»

Selon lui, les gĂ©rants et les investisseurs, Ă©garĂ©s par 35 annĂ©es de performances anormalement Ă©levĂ©es, doivent diminuer considĂ©rablement leurs attentes en matiĂšre de rendement dans le futur. L’avenir sera au revenu, plus qu’aux plus-values en capital, et il conviendra d’utiliser un lĂ©ger levier pour magnifier ce revenu, en ayant une gestion dĂ©fensive.

Pour Gross, un ajustement inĂ©vitable se prĂ©pare, tant sur les obligations que sur les actions. Pour les obligations, mĂȘme si les taux peuvent devenir encore plus nĂ©gatifs sur certaines Ă©chĂ©ances et sur certains titres, ils repartiront en territoire positif. D’oĂč son rĂ©cent pari de shorter les obligations d’Etat allemandes (Bund) : quand les taux sont nuls, le coĂ»t du short l’est aussi, et la perspective de gain en cas de remontĂ©e du Bund Ă  1 ou 2% est de 15%, Ă  un horizon certes indĂ©terminĂ© mais avec une probabilitĂ© trĂšs Ă©levĂ©e.

Et quand les taux commenceront à remonter, la valorisation des actions va mécaniquement devoir baisser : quand on escompte les dividendes ou cash-flows futurs à un taux négatif, des valorisations trÚs élevées sont justifiées. DÚs lors que le taux auquel on escompte ces flux futurs redevient positif, les bénéfices doivent augmenter considérablement pour que les valorisations se maintiennent, ce qui semble improbable dans un environnement de faible croissance qui semble durable.

Gross regrette Ă©galement que les gĂ©rants actifs n’aient pas baissĂ© les frais de gestion depuis 1981 alors que les actifs gĂ©rĂ©s ont Ă©tĂ© multipliĂ©s par 20. Selon lui, l’industrie et ses acteurs estiment justifiĂ© d’ĂȘtre 20 fois plus riches en raison de leurs compĂ©tences, voire de l’introduction de techniques quantitatives et de produits dĂ©rivĂ©s complexes et parfois destructeurs qui ont conduit Ă  la faillite de Lehman Brothers et Ă  la Grande DĂ©pression.

Manifestement, Bill Gross, dont la fortune personnelle est estimĂ©e par Forbes Ă  2,3 milliards de dollars, s’est parfaitement accommodĂ© de cette situation pendant les 35 glorieuses.

So what ?

Que faire si l’on croit Ă  ces prĂ©visions ? A savoir que mĂȘme le Bund (obligations de l’Etat allemand), rĂ©putĂ© ĂȘtre l’actif le plus sĂ»r au monde, risque de perdre 15% ?

Le market timing Ă©tant un art que personne ne maĂźtrise durablement, il convient seulement Ă  notre sens de s’assurer que votre allocation d’actifs est toujours en phase avec votre durĂ©e d’investissement et votre tolĂ©rance au risque. Si c’est le cas, ne touchez Ă  rien.

Et assurez-vous aussi que votre portefeuille est convenablement diversifié.

Rien de nouveau sous le soleil.

Philippe Maupas, CFA, CAIA, est co-fondateur de Quantalys et éditorialiste.