L assurance vie

Assurance vie : le rendement 2023 de votre contrat va-t-il battre le nouveau taux du Livret A ?
Par Gwenaël CADORET

Les fonds euros cherchent à améliorer leur rendement, avec comme point de mire les 3% du Livret A. Car les gestionnaires le savent : pour rester compétitifs, il faudra approcher voire dépasser les livrets règlementés.
Les assureurs soufflent un peu. Alors qu’il aurait pu être relevé à 4,1%, le taux du Livret A a été maintenu pour un an et demi, jusqu’en janvier 2025, à 3%. Une décision loin d’être anodine : elle offre l’opportunité aux fonds euros de redevenir attractifs. Avec la remontée des taux d’intérêt, tout investissement permettra d’améliorer leurs performances.

Une aubaine dans un contexte difficile. « L’un des facteurs de décision pour le maintien du taux du livret A, c’est la décollecte des fonds euros, analyse Cyrille Chartier-Kastler, fondateur du site Good Value for Money. Elle n’est pas massive, mais augmente mois après mois. »

Philippe Crevel, économiste et directeur du Cercle de l’Épargne, think tank spécialiste des sujets financiers, chiffre cette fuite des capitaux à 12 milliards d’euros de janvier à mai. Cela suggère que d’autres produits séduisent les épargnants.

« Même si les assureurs et mutuelles refusent de le reconnaître », Philippe Crevel suggère que la concurrence de l’épargne règlementée entre en ligne de compte. « Les Livrets A et Livret de Développement Durable et Solidaire ont augmenté de 32 milliards d’euros depuis le début de l’année. On peut supposer que cela inclut une petite partie de la décollecte des fonds euros. Il faut bien que l’argent aille quelque part ! »

Et encore, la rémunération des livrets règlementés aurait pu être plus importante. « Avec un Livret A à 3,5 ou 4%, cette décollecte se serait accélérée », signale Cyrille Chartier-Kastler.

Risque de décrochage
Dans une période où les obligations redeviennent généreuses, ce n’est pas une bonne nouvelle. « Dans le contexte d’augmentation des taux d’intérêt, la valeur des anciennes obligations est dépréciée », précise Philippe Crevel. « Aujourd’hui, les retraits obligent les assureurs à vendre des obligations à perte, complète le fondateur de Good Value for Money. Au bout d’un certain temps, cela commencerait à devenir douloureux. » Traduire : ne pas permettre d’acheter des titres à fort rendement.

En 2022, les fonds euros ont livré 1,91% en moyenne, selon le dernier chiffrage de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, soit un delta supérieur à un point avec le livret A. 2023 sera donc une année charnière. Soit les assureurs s’en rapprochent, soit le décrochage favorisera les sorties.

« La décollecte consommera les réserves de capitalisation, note Cyrille Chartier-Kastler. Dans un second temps, il faudra ponctionner dans les provisions pour participation aux bénéfices. Ensuite, il ne restera que les fonds propres des assureurs. La seule solution serait alors de bloquer les sorties… »

Pour éviter l’hémorragie, les assureurs multiplient les annonces depuis le début de l’année : bonus agressifs, frais réduits, taux garantis… La Carac est un symbole de cette approche. Après avoir annoncé 3% pour les investissements du premier semestre, elle offre 4% pour ceux du second ! Même si cette promotion ne concerne que les nouveaux versements, le coup marketing est réussi.

L’objectif de ces annonces est clair : les gestionnaires ont besoin d’argent frais pour investir sur de nouvelles obligations. Et ainsi, améliorer le rendement de leurs fonds. « Il faut se montrer attractif face au Livret A et aux dépôts à terme », soutient Philippe Crevel.

Tout donner pour 2023
Le marché va frémir d’ici l’annonce des taux 2023 de l’assurance vie. Alors que l’OAT à 10 ans de la France, support obligataire traditionnel des fonds euros, évolue autour des 3%. Que les obligations des entreprises peuvent offrir 4, 5, voire 7%… Les rendements montreront qui est en mesure de tenir la barre. Cyril Chartier-Kastler prévoit une moyenne du marché autour de 2,4% cette année. Tout le monde en a-t-il les moyens ? « Tout dépend des réserves, des actifs. Pour les grands fonds des bancassureurs, l’inertie est forte. »

Une performance convenable ne pourra donc être obtenue qu’en puisant dans les réserves. « Le Livret A va pousser les assureurs à faire un très gros effort financier », explique Cyril Chartier-Kastler. Il n’y a pas le choix, pour éviter une collecte négative. « C’est comme une barrière horaire dans un trail. Les fonds euros doivent courir à une certaine vitesse pour livrer un taux intéressant. Psychologiquement, pour un épargnant, 2,5% est suffisamment proche du Livret A pour justifier une collecte brute en 2024. »

Mais attention au surrégime : les réserves ne sont pas illimitées. « Le secteur doit passer 2023 en soutenant le taux, et se dire qu’en 2024, on verra ! », poursuit l’expert de Good Value for Money.

Les performances risquent d’être hétérogènes entre les fonds « paquebots » et les dynamiques. « En 2022, il y a eu des écarts importants, souligne Philippe Crevel. Cela devrait être encore plus marqué cette année. » Car si certains n’ont pas atteint 2%, d’autres ont déjà tutoyé les 3%.

« On voit clairement l’avenir du marché : il y a ceux qui vont pouvoir suivre, et ceux qui ne le pourront pas », synthétise Cyril Chartier-Kastler. Il refuse de les nommer, mais donne un indice sur les plus menacés. « Cette année, tous les opérateurs ont fait le maximum pour rehausser les taux servis. Ceux qui sont restés bas, à 1,5% ou en dessous, ne pouvaient pas plus. Ils ont déjà décroché. Ces fonds vivent probablement une décollecte assez importante aujourd’hui. »

Des leaders à plus de 4% ?
À l’inverse, certains vont profiter du contexte. Cyril Chartier-Kastler mentionne Ampli mutuelle et Corum EuroLife, qui ont eu la chance de se lancer au bon moment : « Ces deux acteurs devraient livrer les meilleurs taux du marché. 100% de leurs investissements bénéficient de la nouvelle donne obligataire. »

Tout dépendra de leur politique de réserve, mais il imagine un rendement record. « Ils vont pouvoir s’amuser à livrer un taux très élevé : 4 voire 5% ! » Une énorme mise en lumière, qui constituerait un paradoxe : il faudrait alors limiter la collecte, pour des questions de solvabilité !

Via les divers bonus (proportion d’UC, encours, promotions…), plusieurs assureurs vont afficher des résultats dépassant les 3% du Livret A. Même si leur actif général reste sous la ligne de flottaison. « Il ne faut pas oublier que 3% sur un fonds euros, ce n’est pas équivalent aux 3% du livret A, rappelle Cyril Chartier-Kastler. Pour arriver à 3% nets, il faudrait livrer du 3,6%. »

Philippe Crevel imagine un rendement moyen 2023 à 2,7%, avec des leaders à plus de 3,5% ou plus ! « Tous les fonds euros ne battront pas le Livret A », soutient-il. Mais certains vont sortir du lot. « Notamment des assureurs de niche, dont les encours sont plus petits. Ils ont moins d’inertie que les fonds pesant plusieurs dizaines de milliards. La dilution à la hausse sera plus rapide », explique Philippe Crevel.

Pour autant, Cyrille Chartier-Kastler est formel : la moyenne n’atteindra pas 3%. « C’est impossible. Même avant ponction des frais de gestion, de la rémunération de l’assureur, les rendements financiers sont très bas. Pour Predica, il a été de 2,09% pour 2022. » Sans utiliser les réserves, cela ne laisserait pas grand-chose à offrir aux clients…

Pour surfer sur la bonne vague, certains acteurs réfléchissent à lancer de nouveaux contrats. Il y a un risque : la transférabilité est possible chez un même assureur. « Celui qui ferait cela se tirerait une balle dans le pied, alerte Cyril Chartier-Kastler. Immédiatement, cela provoquerait une décollecte et un transfert. C’est trop dangereux. » Par contre, il imagine que ce tempo serait « idéal » pour un nouvel acteur de la prévoyance, ou même étranger, d’attaquer le marché français.

L’avis de tempête est annoncé, mais fort heureusement, les clients, plutôt âgés, n’ont pas peur de la houle. Cependant, si les écarts se creusaient vraiment, les arbitrages pourraient se multiplier. Le moment de vérité approche, entre ceux qui restent dans le peloton et ceux qui vont souffrir dans la côte !

EN MAI, L’ASSURANCE VIE FLÉCHIT POUR LA PREMIÈRE FOIS CETTE ANNÉE

En mai, la collecte de l’assurance vie a été négative à hauteur de 1,6 milliard d’euros, selon France Assureurs.
Les épargnants ont davantage retiré d’argent qu’ils n’en ont déposé sur leurs contrats d’assurance vie en mai, la différence étant de l’ordre de 1,6 milliard d’euros, une première cette année, selon les données partagées vendredi par France Assureurs.

« L’assurance vie fléchit en mai mais le bilan reste positif sur l’année », a souligné le directeur général de la fédération professionnelle des assureurs Franck Le Vallois, à l’occasion d’une conférence de presse.
Il a mis en avant un « effet majeur » du calendrier et l’impact des jours fériés le mois dernier. La collecte du mois de mai 2022 était ressortie en positif, de 1,9 milliard d’euros. L’ensemble des cotisations, c’est-à-dire les sommes versées sur les contrats, a totalisé en mai 10,1 milliards d’euros, tandis que les prestations (qui comprennent les rachats et les versements en cas de décès) se sont élevées à 11,7 milliards d’euros.

L’assurance vie « victime de l’engouement des ménages pour l’épargne de précaution »
Le détail des supports est contrasté: l’hémorragie continue sur les fonds en euros (-3,3 milliards d’euros) quand les placements en unités de compte (UC), potentiellement plus rémunérateurs mais également plus risqués, ont enregistré à l’inverse une collecte nette positive de 1,7 milliard d’euros.

L’assurance vie est « victime de l’engouement des ménages pour l’épargne de précaution », a réagi Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne, dans un communiqué.
Selon lui, « la fin d’année avec une décrue de l’inflation pourrait conduire les épargnants à revenir sur des produits de long terme ». « L’assurance vie devrait en pâtir » ajoute l’analyste qui présage « des prochains mois en demi-teinte » pour ce produit d’épargne. L’encours total de l’assurance vie est en petite hausse sur un an, à 1.883 milliards d’euros, soit un bon tiers de l’épargne des Français. Le dernier mois de collecte nette négative en assurance vie remonte à octobre dernier, dans des proportions moindres qu’en mai 2023.

Assurance-vie : est-il possible d’échapper aux prélèvements sociaux ?
30/06/2023 - 09:07 - Sicavonline

Assurance-vie : est-il possible d’échapper aux prélèvements sociaux ?

Sauf exception, l’ensemble des revenus issus de placements entre dans le champ d’application des prélèvements sociaux. L’assurance-vie n’échappe pas à cette règle. Quelles sont les modalités de calcul de ces taxes ?

Auréolée d’un régime fiscal incitatif, l’assurance-vie, au même titre que le PEA, offre la possibilité, sous certaines conditions, de faire fructifier son épargne en franchise d’impôt.

Les gains de l’assurance-vie sont en effet capitalisés en franchise d’impôt sur le revenu et après 8 années de détention, ils peuvent être utilisés sans passer par la case fiscale grâce à un mécanisme d’abattement. Ce régime d’imposition incitatif n’intègre pas les prélèvements sociaux, l’autre branche de taxation des revenus d’épargne, qui sont quasi-systématiquement dus.

Prélèvements sociaux : âge du contrat d’assurance-vie et abattement

L’âge du contrat ou encore le régime fiscal choisi par l’épargnant en cas de retrait, flat tax ou barème de l’impôt sur le revenu, n’ont pas d’incidence sur le montant à régler au titre des prélèvements sociaux.

Prélèvements sociaux : trois taxes, trois taux

Le taux global de ces prélèvements actuellement applicable est de 17,2 % et se décompose de la manière suivante :

  • cotisation sociale généralisée (CSG) : 9,2 % ;

  • contribution pour le remboursement de la dette sociale (CRDS) : 0,5 % ;

  • prélèvement de solidarité de 7,5 %.

S’il est établi que les produits générés sur un contrat d’assurance-vie supportent les prélèvements sociaux, la date de taxation des prélèvements sociaux varie en fonction du support concerné : fonds en euros ou unités de compte.

Prélèvements sociaux : deux modes de taxation à distinguer

Les produits des fonds en euros sont soumis aux prélèvements sociaux au fil de l’eau (en général en fin d’année ou au début de l’année suivant leur inscription), même en l’absence de retraits sur le contrat. Concrètement, les gains perçus chaque année sur un contrat d’assurance vie sont automatiquement diminués du montant des prélèvements sociaux, sans intervention de l’épargnant.

Si le détenteur d’un contrat effectue un retrait en cours d’année, l’assureur calcule la portion qui n’a pas encore été assujettie à imposition et effectue la retenue.

Les gains générés sur les autres supports, les unités de compte, subissent les prélèvements sociaux uniquement au moment d’un retrait partiel ou total ou suite au décès de l’assuré.

Est-il nécessaire de déclarer les prélèvements sociaux ?

Non. L’assureur se charge de calculer et de prélever à la source les prélèvements sociaux pour le compte de l’administration fiscale. Lors du dénouement du contrat, suite à un rachat total ou au décès de l’assuré, une régularisation est effectuée par l’assureur. En cas de trop perçu, si les sommes versées durant le contrat sont supérieures au montant réellement dû, l’excédent sera restitué.

Prélèvement sociaux : de rares cas d’exonération

Dans certaines situations exceptionnelles, les gains ne sont pas soumis aux prélèvements sociaux.

Cette exonération concerne notamment les retraits effectués suite à l’invalidité du détenteur du contrat ou de son conjoint ou encore les détenteurs d’un contrat d’assurance-vie qui ne résident pas en France au sens fiscal. Les personnes affiliées à un régime obligatoire de sécurité sociale au sein d’un pays de l’EEE (Union européenne, Islande, Norvège, Liechtenstein) ou de la Suisse passent également entre les mailles du filet. Les revenus demeurent cependant soumis au prélèvement de solidarité (7,5%). Les résidents britanniques continuent de bénéficier de cette exonération de CSG et CRDS.

Déduction partielle de la CSG

Lorsque l’épargnant opte pour une imposition à l’impôt sur le revenu selon le barème progressif, une fraction de la CSG (6,8%), sur les produits soumis au barème progressif (à l’exception des produits provenant des fonds en euros), est déductible du revenu global.

© Synapse. Les contenus (vidéos, articles) produits par Synapse font appel à des journalistes professionnels. Ils ne constituent pas des conseils en investissement ou des recommandations personnalisées. Le diffuseur n’a participé ni à l’élaboration de ce contenu ni à la sélection des valeurs/fonds mentionnés. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. L’investissement sur les marchés comporte un risque de perte en capital et aucune garantie de gain ne peut être octroyée.

Pourquoi l’assurance vie met en péril la nouvelle hausse du taux du livret A au 1er aout
Plus que quelques jours à attendre avant de connaître le nouveau taux du Livret A. Si la formule de calcul le place à 4,10% au 1er août, il n’atteindra probablement que 3,5%. Un scénario probable justifié par la défense des intérêts de l’assurance vie. Explications.
Le 13 juillet, la Banque de France devrait annoncer sa recommandation quant à la hausse du taux du livret A le 1er août prochain. Une bonne nouvelle pour les épargnants qui attendent avec impatience de savoir si leur livret réglementé verra sa rémunération passer de 3% aujourd’hui, à 4,10%.

C’est en tout cas ce qui ressort de la formule de calcul réglementaire qui prend notamment en compte l’évolution de l’inflation. Mais en réalité, il est peu probable que le taux du Livret A soit relevé dans une telle proportion.

La hiérarchie des taux bouleversée
Plusieurs éléments peuvent l’expliquer et notamment l’écart que cela générerait avec l’assurance vie, une épargne de moyen et long terme. « La hiérarchie des taux est un des facteurs. Un taux à 4% représenterait deux fois le rendement 2022 des fonds en euros. L’écart entre un placement de moyen et long terme et un placement de court terme serait très important. La communication officielle de France assureurs c’est que le livret A ne concurrence pas l’assurance vie », explique l’économiste Philippe Crevel.

Pourtant la décollecte des fonds en euros, ces supports de l’assurance vie dont le capital est garanti se poursuit. Elle a atteint 1,6 milliard d’euros au mois de mai. Les particuliers qui retirent leur argent de leur contrat préfèrent ainsi le placer au moins en partir sur le Livret A. L’assurance vie est « victime de l’engouement des ménages pour l’épargne de précaution », explique Philippe Crevel.

« Un lobbying pour éviter que le taux du livret A atteigne 4% »
« On peut dire qu’il existe un lobbying des assureurs pour éviter que le taux du livret A atteigne 4%. La remontée des taux des fonds en euros va se poursuivre en 2023 pour atteindre un rendement moyen entre 2,5% et 2,8%. En limitant la hausse du taux du livret A à 3,5%, l’écart ne serait pas comblé mais il sera en partie résorbé », poursuit Philippe Crevel.

Taux minimum annuel garanti de 3% SUR LE FONDS EUROS
Résultat, il est de plus en plus probable que la Banque de France recommande au ministre de l’Economie de ne pas appliquer la formule de calcul du taux du Livret A et de couper la poire en deux avec un taux autour de 3,5%.

Parmi les autres arguments qui pourraient inciter les autorités à prendre cette décision, il y a le ralentissement de l’inflation. Selon les estimations provisoires de l’Insee, l’inflation a atteint 4,5% en juin, contre 5,1% le mois précédent. Et si cette tendance perdure, cela pourrait conduire au 1er février 2024 à diminution du taux du livret A. « C’est plus difficile de baisser un taux que de l’augmenter pour l’opinion publique », précise l’économiste. Autrement dit, mieux vaut éviter de trop augmenter le taux du Livret au 1er août pour ensuite le baisser six mois plus tard. Verdict la semaine prochaine.

Assurance vie : comment indiquer la répartition du capital entre les bénéficiaires ?
La clause bénéficiaire est un élément essentiel d’un contrat d’assurance vie, puisqu’elle permet de désigner les personnes qui recevront le capital à votre décès. Celui-ci peut être partagé en parts égales ou en favorisant une ou plusieurs personnes. Pour cela, plusieurs éléments sont à prendre en considération.

Assurance vie : comment indiquer la répartition du capital entre les bénéficiaires ?
En plus d’être un produit d’épargne intéressant, l’assurance vie est aussi un instrument idéal pour préparer la transmission d’un patrimoine. La clause bénéficiaire permet de désigner librement la ou les personnes qui recevront le capital épargné à votre décès. Le nombre de bénéficiaires est libre, et il peut s’agir de membres de votre famille, proche ou éloignée, de votre cercle d’amis… il est même possible de désigner certaines associations. Les sommes ainsi transmises par l’assurance vie ne rentrent pas dans l’actif successoral : elles ne sont pas soumises aux droits de succession, dans la limite d’un plafond pouvant aller jusqu’à 152.000 euros par bénéficiaire.

Ajouter des modalités de répartition
En plus de désigner les personnes qui recevront le capital, la clause bénéficiaire permet de préciser les modalités de répartition du capital. Pour répondre précisément à vos volontés, il peut être nécessaire d’adapter la clause dite standard, qui est insérée par défaut dans le contrat. Elle désigne en priorité votre conjoint, ou à défaut vos enfants nés ou à naitre, avec une répartition du capital par parts égales. Cela signifie que le capital sera réparti de manière équitable entre chacun.

Si vous souhaitez avantager un bénéficiaire, il n’est pas conseillé d’indiquer une répartition en utilisant des montants (par exemple : 25.000 euros à chacun de mes enfants et 50.000 euros pour mon conjoint). En effet, la valorisation du contrat va évoluer au fil des ans et ne correspondra pas forcément au montant que vous avez attribué, ce qui rendra impossible la répartition souhaitée. Par exemple, si le capital est plus important, l’assureur transmettre le reliquat à vos héritiers (conjoint, enfants…) qui ne sont pas forcément les bénéficiaires que vous aurez choisis.

Privilégiez une répartition par pourcentages
Pour ne prendre aucun risque, la solution consiste à utiliser une répartition par pourcentages. Par exemple, vous pouvez spécifier que votre conjoint recevra 50 % du capital, tandis que chacun de vos deux enfants recevra 25 %. Cette approche permet de tenir compte des fluctuations de la valeur de votre contrat.

Vous l’aurez compris, il est primordial de rédiger soigneusement la clause bénéficiaire de votre contrat d’assurance vie pour éviter toute interprétation erronée de votre volonté. Elle doit être révisée régulièrement, en fonction de l’évolution de votre situation familiale (mariage, divorce, naissance, décès…). Si vous désignez nommément un bénéficiaire, vous devez apporter le plus de précisions possibles (nom de naissance, nom marital, prénoms, lieu et date de naissance, adresse…).

De plus, si vous bénéficiez d’une certaine liberté dans la transmission d’un capital, elle ne doit pas porter atteinte aux règles successorales. En cas de versement d’une prime d’un montant « manifestement exagérée » à un bénéficiaire, vos héritiers réservataires pourraient la contester. Un conseiller en gestion de patrimoine saura vous accompagner dans la rédaction d’une clause bénéficiaire qui corresponde à votre situation et à vos objectifs de transmission.

Assurance vie : un bon placement pour organiser sa succession
L’assurance vie est une bon placement pour organiser sa succession. Fiscalement, elle peut se montrer intéressante. Il est possible de gratifier qui l’on veut mais attention à ne pas nuire aux intérêts des héritiers.
Par Fabien Bordu
Publié le 10/07/2023 à 15h01
Quand son âge avance, le titulaire pense bien sûr à préparer sa retraite, mais aussi à transmettre son capital, un acte important dans le cadre d’une bonne entente familiale. Avec son conjoint, ce sont ses enfants qu’il va vraisemblablement privilégier, peut-être certains plus que d’autres si leur situation l’exige (ce que permet l’assurance vie), avec, en plus, autre bel atout : une fiscalité successorale très avantageuse. L’assuré peut aussi dispenser ses faveurs à des amis ou parents éloignés, mais sans pour autant pouvoir nuire aux intérêts des héritiers légitimes.

Avantager sa famille
Chaque enfant bénéficiera au total d’un abattement de 252.500 euros. Les règles de succession sont précises, impossible d’y déroger. Dans le cas d’une famille de trois enfants, le conjoint survivant va ainsi recevoir automatiquement le quart de la succession du défunt, les enfants s’en partageant les trois quarts à parts égales. La solution la plus pratique pour l’assuré qui veut rompre cet équilibre en avantageant l’un de ses héritiers, par exemple un enfant, est de le désigner comme bénéficiaire de tout ou partie du contrat. Les autres n’auront rien à dire puisque la transmission du capital se fait hors succession.

Cela dit, égalitaire ou non, la transmission d’un capital à ses enfants via l’assurance vie présente un autre intérêt, sur le plan fiscal. En effet, tout enfant a droit à un abattement de 100.000 euros sur l’héritage reçu. C’est beaucoup. Mais comme l’assurance vie procure à son tour un autre abattement, de 152.500 euros, la franchise fiscale va totaliser 252.500 euros. Un assuré peut également décider de favoriser son conjoint en le désignant comme bénéficiaire. Mais il n’y aura pas de bonus fiscal à la clé, et pour une bonne raison : le conjoint survivant ne paie aucuns droits de succession.

Gratifier des proches
Grâce à l’assurance vie, ils échapperont à des taxes allant de 35 à 60%. Relativement élevés pour les enfants, les abattements successoraux sont nettement moins intéressants pour les autres proches : à peine 16.000 euros entre frères et sœurs, moins de 8.000 euros pour les neveux et nièces, moins de 1.600 euros pour un concubin ou un ami… Sans parler des droits à payer qui, au-delà de ces abattements, varient selon les cas entre 35 et 60% des capitaux recueillis. Autant dire que les abattements supplémentaires liés à l’assurance vie (152.500 euros) sont alors les bienvenus. Encore faut-il, là aussi, rester dans les limites du raisonnable afin de ne pas léser ses héritiers directs.

Autre précaution à prendre par l’assuré lorsqu’il désigne un bénéficiaire ne faisant pas partie de son entourage connu : l’identifier clairement (nom, prénom, date de naissance…), de quoi éviter toute confusion au moment du versement du capital. Il faut aussi savoir que certaines clauses imposent des charges particulières au bénéficiaire de l’assurance vie, par exemple assurer l’entretien d’un bien auquel le défunt était attaché, comme une maison de famille, ou s’occuper de ses animaux. Dans ce cas, un notaire, en général celui du défunt, est chargé de contrôler l’application de ces clauses.

Primes exagérées
Les héritiers risquent d’exiger que le contrat soit réintégré dans la succession. La loi indique que le capital figurant sur une assurance vie ne fait pas partie de la succession du souscripteur. Afin que celui-ci ne puisse utiliser cette particularité pour déshériter ses proches, les primes versées sur le contrat ne doivent pas être «manifestement exagérées» par rapport à ses capacités financières et la valeur de son patrimoine. Sinon, ses héritiers peuvent demander au juge l’annulation de la clause bénéficiaire, donc la réintégration totale du contrat dans la succession.

Les tribunaux jugent au cas par cas, et le montant placé n’est pas le seul critère pris en compte (lire le paragraphe suivant), mais ils ont déjà accédé aux requêtes d’enfants quand plus de 35% du patrimoine du parent avaient été investis à leur détriment dans une assurance vie. Ou lorsqu’un assuré y avait logé plus de 50% de ses revenus annuels. Reste un moyen simple pour éviter les ennuis : respecter strictement la part d’héritage à laquelle ont forcément droit ses héritiers (50% de ses biens avec un enfant, 66% avec deux enfants, 75% avec trois enfants ou plus).

Usage personnel
Même en cas de versements exagérés, le contrat peut être jugé valable. Concernant le caractère « exagéré » des primes versées sur le contrat, le montant du capital investi à la date du décès n’est pas le seul élément retenu par les juges. Ces derniers vont aussi chercher à apprécier l’utilité d’un tel placement pour l’assuré. Si, par exemple, il lui était nécessaire pour se garantir un bon niveau de retraite ou se prémunir de possibles difficultésfinancières à venir, le placement peut être jugé valable, même avec une épargne très conséquente entamant les droits des héritiers.

Mais plus les versements ont été effectués à un âge avancé (au-delà de 65 ans), plus il y a suspicion d’« absence d’utilité », c’est-à-dire que l’importance des fonds investis masque peut-être un objectif inavouable.

C’est cette notion d’utilité qui permet aux juges de vérifier si l’assuré était réellement animé par le désir de réaliser un placement personnel, ou s’il avait pour objectif de bâtir une stratégie portant atteinte aux droits de ses héritiers.

A noter : c’est à ces derniers qu’il appartient d’établir devant le tribunal que le souscripteur n’avait aucun intérêt financier à souscrire un contrat. Pas toujours facile, car, dans la plupart des cas, les soupçons, même fondés, ne constituent pas une preuve.

Barème officiel des abattements applicables et des droits de succession à payer par les héritiers
Hormis le conjoint et le partenaire de Pacs, qui ne paient aucuns droits de succession, seuls les enfants et les parents bénéficient d’un abattement fiscal conséquent (100.000 euros chacun) sur l’héritage reçu. Recourir à l’assurance vie pour gratifier d’autres membres de la famille, comme les frères et les sœurs, les petits-enfants ou les neveux et nièces, s’avère donc le plus souvent indispensable : ils auront chacun droit à 152.500 euros d’abattement fiscal supplémentaire. Et éviteront ainsi des taxes prohibitives (jusqu’à 60%).

Capital
(1) A condition de lui transmettre des biens, sinon le pacsé, qui n’est pas un héritier légal, ne recevra rien. (2) Entre 15.932 et 552.324 euros de biens transmis (cas le plus usuel), le taux de taxation est de 20%. (3) 35% jusqu’à 24.430 euros de biens transmis, 45% au-delà. (4) Oncles, tantes, cousins germains, petits-neveux… (5) Arrière petits- neveux, arrière-cousins…

Fonds euro-croissance «nouvelle génération»: futur eldorado de l’assurance-vie?
Dernière mise à jour le : 02/11/2022
Les fonds euro-croissance, de nouveau sur le devant de la scène Andreas Prott

Les fonds euro-croissance, formule hybride de l’assurance-vie, n’ont pas suscité l’enthousiasme des épargnants. La conjoncture financière actuelle et de récentes mesures législatives visant à simplifier son fonctionnement pourraient bien lui donner un second souffle.
Sommaire:

Contrat d’assurance-vie euro-croissance: peu de succès depuis son lancement
Contrat d’assurance-vie euro-croissance: une nouvelle version en 2020
Arbitrez selon vos objectifs
Contrat d’assurance-vie euro-croissance: peu de succès depuis son lancement
Les fonds euro-croissance de l’assurance-vie font la synthèse entre la sécurité offerte par les fonds en euros et les perspectives de performance offertes par les fonds en unités de compte . Ils sont destinés aux titulaires d’assurance vie qui disposent d’un horizon de placement d’au moins 8 ans. Les fonds euro-croissance n’ont jamais rencontré le succès escompté depuis leur lancement en 2014, même s’ils suscitent un regain d’intérêt ces derniers temps. Entre fin 2020 et fin 2021, leur encours a crû de 37%, passant de 3,3 milliards d’euros à 4,6 milliards d’euros. Au premier semestre 2022, la collecte nette de ces contrats a atteint 736 millions d’euros, soit trois fois plus qu’au 1er semestre 2021 (254 millions d’euros). L’encours s’établit à 5,4 milliards d’euros fin juin 2022, en hausse de 44% sur un an. Ce montant reste malgré tout dérisoire au regard des 1.821 milliards d’euros placés en assurance-vie par les Français (source: France Assureurs, ex-Fédération française de l’assurance). Cet échec tient à la complexité du fonctionnement des fonds euros croissance et leur manque de lisibilité en termes de rendement.

Contrat d’assurance-vie euro-croissance: une nouvelle version en 2020
La Loi Pacte du 24 mai 2019 (entrée en vigueur le 1er janvier 2020) a apporté plusieurs modifications au fonds euro-croissance, entrées en vigueur en janvier 2020. Objectif: faire de l’euro-croissance «nouvelle génération» un produit financier plus simple à comprendre et plus transparent dans le calcul de son rendement. Les pouvoirs publics espèrent ainsi que l’euro-croissance attirera davantage d’épargnants à l’avenir: ils souhaitent que l’encours de ces fonds atteigne au moins 20 milliards d’euros d’ici 2022.

Plus de rendement avec l’euro-croissance
Les fonds euro-croissance visent à encourager les épargnants à investir davantage dans le financement de l’économie réelle. La garantie en capital étant acquise à l’épargnant seulement au bout de 8 ans (et non en permanence comme avec les fonds en euros classiques), l’assureur dispose d’une plus grande latitude pour faire fructifier les sommes collectées en les plaçant sur des actifs diversifiés. Il peut ainsi espérer réaliser une meilleure performance et verser aux épargnants un rendement supérieur à ceux des fonds en euros ayant sensiblement baissé ces dernières années. Les fonds euro-croissance sont composés de deux compartiments. L’un, sécuritaire, doit assurer à échéance la part du capital garanti et est investi dans des produits ne présentant pas de risque. Le second compartiment assure la diversification de l’investissement et doit maximiser son rendement. Il est investi dans des placements plus risqués mais aussi plus dynamiques comme l’immobilier ou la Bourse . Plus l’échéance du contrat approche et plus le compartiment sécuritaire prend de l’importance par rapport à celui assurant la performance.

Arbitrez selon vos objectifs
Si la durée minimale des fonds euro-croissance est de 8 ans, elle peut grimper jusqu’à 40 ans. Vous pouvez ainsi choisir librement la durée pendant laquelle vous acceptez de bloquer votre capital, étant entendu que plus elle est longue, plus vous avez de chances de faire fructifier votre mise. Ainsi, vous pouvez investir pour préparer votre retraite et opter pour une échéance très éloignée, ou investir pour un projet à moyen terme (l’achat de votre résidence principale, par exemple) et opter pour une échéance plus proche. Seuls les fonds offrant une garantie à 100 % du capital investi à l’échéance convenue peuvent revendiquer l’appellation d’euro-croissance. Ceux offrant un niveau de garantie plus faible à l’échéance (80 % de l’épargne investie, par exemple), ne sont pas des fonds euro-croissance. Ces derniers ne doivent être envisagés que si vous êtes prêt à accepter un minimum de risques.

© Le Particulier.

Publié par Barbara Vacher | le 29.03.2023 | mise à jour aujourd’hui à 16:36
Crise bancaire : « pas de risque pour l’assurance vie »

La Fédération française de l’Assurance a tenu des propos rassurants sur la tenue des contrats d’assurance vie dans le contexte actuel mouvementé du secteur bancaire.

« Pas de risque en assurance vie pour les épargnants », a assuré le directeur général de France Assureurs Franck Le Vallois, selon des propos rapportés par l’AFP mardi 28 février. En réaction aux déboires actuels que rencontre le secteur bancaire et qui fait tanguer les marchés financiers, le dirigeant de la fédération a ajouté qu’il n’avait « pas connaissance d’assureurs en situation de difficulté ».

A l’instar des établissements bancaires, l’assurance fait face depuis plusieurs mois à la remontée des taux directeurs, qui permet au secteur de bénéficier de nouvelles obligations rémunératrices mais pèse en parallèle sur la valeur des titres les plus anciens.

Des rachats stables
D’après Franck Le Vallois, le niveau des rachats des contrats demeure stable, et l’assurance vie (dont les épargnants bénéficient par ailleurs de la protection du fonds de garantie des assurances de personnes*) reste « en croissance ».

A fin février, les contrats d’assurance vie comptaient un encours total de 1.874 milliards d’euros, en hausse de 1% sur un an. Selon les données de France Assureurs, publiées ce mercredi, les cotisations ont enregistré une légère hausse le mois dernier, à 13 milliards d’euros, dont 40% pour les unités de compte (UC).

Depuis le début de l’année, les versements des épargnants se sont concentrés sur les fonds en euros (+5%, 16,5 M€) alors qu’inversement, ceux réalisés sur les UC, pour l’essentiel exposées aux marchés boursiers, ont marqué le pas (-5%, +10,7% Md€).

Une collecte nette limitée depuis le début de l’année
Nette de prestations toutefois, la collecte de l’assurance vie est ressortie limitée à +1,1 milliard d’euros, en février (après +1,2 Md€ en janvier), sous la moyenne de ces dix dernières années où elle était de +2,1 milliards d’euros en février, selon Le Cercle de l’Epargne.

Et cette collecte nette reste toujours portée par les unités de compte (+2,8 milliards d’euros) quand elle est négative pour les fonds en euros (-1,7 milliard d’euros), un « effet purement mécanique d’une plus grande diversification de l’épargne, explique Franck Le Vallois. Avec une proportion d’unités de compte nettement plus élevée dans les cotisations que dans l’encours de l’assurance vie, le volume de cotisations alimentant le fonds en euros ne compense pas totalement le niveau naturel des prestations qui en sortent », prestations portées depuis plusieurs années par le vieillissement de la population, donc l’augmentation des décès des assurés (et donc des versements aux bénéficiaires ou héritiers).

Arbitrages
Ce que montre surtout la différence entre collecte nette et brute de ces dernières semaines, c’est que les Français ont aussi retiré beaucoup d’argent de leurs contrats d’assurance vie depuis le début de l’année : 11,9 milliards d’euros de prestations ont été versées au mois de février, en progression de 1,1 Md€ par rapport à janvier, dont le niveau était déjà supérieur de 4 milliards d’euros par rapport à décembre !

« Les ménages ont tout à la fois effectué des versements importants et réalisé des retraits élevés, avait commenté au début du mois Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Epargne, suite à la publication des chiffres de janvier. De tels montants signifient la réalisation d’arbitrages ».

Les contrats d’assurance vie ont d’un côté profité de l’intention des épargnants d’alimenter ces placements, et de l’autre, pâti de besoins de trésorerie accrus par l’inflation, notamment pour des projets immobiliers. Une tendance qui semble s’être confirmée en février.

FRAIS DES ASSURANCES-VIE: L’AUTORITÉ DE CONTRÔLE TAPE DU POING SUR LA TABLE
OC avec AFP
Le 05/12/2022 à 17:20

Le gendarme des banquiers et assureurs, adossé à la Banque de France, avait début mai rappelé à l’ordre les professionnels de l’assurance-vie tant sur leur devoir de conseil que sur les frais pratiqués.
L’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) a tapé du point sur la table lundi au sujet des frais parfois onéreux des contrats d’assurance-vie, produit qui concentre près d’un tiers de l’épargne financière des Français.

« Tous les signaux semblent (…) indiquer qu’un mouvement des professionnels serait opportun voire nécessaire », a indiqué le vice-président de l’ACPR Jean-Paul Faugère à l’occasion de la conférence annuelle de l’institution, à Paris.

« Ce mouvement devrait se caractériser par une double exigence, de transparence et d’autoévaluation », a-t-il continué, évoquant un dialogue en cours entre l’ACPR et la fédération professionnelle France Assureurs.

Le gendarme des banquiers et assureurs, adossée à la Banque de France, avait début mai rappelé à l’ordre les professionnels de l’assurance-vie tant sur leur devoir de conseil que sur les frais pratiqués.

Frais pénalisants
Il pointait alors des « frais d’entrée et de gestion particulièrement pénalisants s’ils (les clients) sont contraints de racheter rapidement leur contrat d’assurance-vie par manque de liquidités »; et critiquait la place des unités de compte (UC), une « allocation à caractère risqué » pas forcément « adaptée aux besoins de clients dont la situation financière est fragile au moment de la souscription ».

« L’accumulation de frais élevés peut dans certains cas amputer toute espérance de rendement », a relevé lundi M. Faugère, le retour potentiel sur investissement ne bénéficiant finalement pour l’essentiel « qu’aux intermédiaires financiers ».

« Nous devons malheureusement constater que le compte d’un bon accord n’y est pas encore aujourd’hui » au sujet de la « meilleure transparence et justification des frais de l’assurance-vie », avait indiqué plus tôt dans la journée le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau, avançant la possibilité d’une nouvelle recommandation de l’ACPR sur le sujet « d’ici la mi-2023 ».

L’assurance-vie reste le placement qui capte le plus d’épargne en France: son encours s’élevait à 1.827 milliard d’euros à fin octobre, selon les derniers chiffres disponibles de France Assureurs.

M. Faugère a également évoqué le marché de l’assurance emprunteur, autre sujet de tensions cette fois-ci avec les acteurs bancaires, ces derniers défendant leur part de marché historique liée à l’activité de crédit à l’habitat.

L’ACPR « reçoit régulièrement des signalements sur des pratiques bien peu conformes », a-t-il déclaré, évoquant aussi une nouvelle recommandation à venir.

Frais en assurance vie et rémunération du distributeur : le gendarme tape du poing sur la table…
Publié le mardi 6 décembre 2022 H24 Finance
Il y a 1 an, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution – ACPR – soulignait la nécessité de progrès supplémentaires dans la transparence et l’utilité d’un rapprochement entre le 2 rendement et le niveau des frais. Elle engageait une analyse plus approfondie du sujet, tout en invitant la profession à s’en saisir sans attendre. Hier au Palais Brongniart, ses dirigeants ont dressé quelques constats et prévenu les différents acteurs.

François Villeroy de Galhau
Gouverneur de la Banque de France
Président de l’ACPR

Face à cette volatilité des marchés, la protection de la clientèle s’impose plus que jamais.

Un mot à ce propos sur la meilleure transparence et justification des frais de l’assurance-vie : j’avais souhaité avec Jean Paul Faugère des progrès cette année, en privilégiant le dialogue avec les assureurs.

Nous devons malheureusement constater que le compte d’un bon accord n’y est pas encore aujourd’hui : sous réserve d’avancées rapides de la profession, que nous continuons à souhaiter, nous prendrons donc si nécessaire une recommandation de l’ACPR d’ici la mi-2023.

Frais en assurance vie

Tous les signaux semblent indiquer qu’un mouvement des professionnels serait opportun voire nécessaire. Ce mouvement devrait se caractériser par une double exigence : de transparence et d’autoévaluation.

Je sais que le sujet dérange. Et j’ai entendu les interrogations des professionnels, en particulier des sociétés de gestion et des intermédiaires. Je continue de croire - et j’y insiste - qu’une approche collaborative est possible. Mais au regard des constats, il me semble qu’il n’est plus possible d’hésiter.

L’accumulation de frais élevés peut dans certains cas amputer toute espérance de rendement, alors que le retour sur investissement ne bénéficie finalement pour l’essentiel qu’aux intermédiaires financiers. De tels cas doivent donner lieu à des arbitrages ou à une révision de la liste des UC offertes à la clientèle.

Du point de vue du superviseur, aucun résultat tangible ne peut être sérieusement attendu sans les trois éléments suivants :

une publication par chaque assureur de ses tarifs, au niveau du contrat lui-même et de chacune des UC qui y sont souscrites ; la publication devrait également porter sur les performances des UC, au regard des chargements récurrents de manière à permettre la transparence sur le rendement de l’investissement

en second lieu, une publication des données moyennes pour l’ensemble du marché selon des catégories à définir, que ce soit selon le niveau des risques ou la nature de l’UC

et finalement en troisième lieu, l’exercice par chaque assureur du discernement qui lui revient, conformément au libre arbitre qui sied au droit de la concurrence.

Bonne application de la directive sur la distribution d’assurance – DDA

Vous savez que ce texte est en vigueur depuis octobre 2018. (…) Mais encore et toujours, des points fondamentaux de la DDA demeurent imparfaitement respectés.

La philosophie de la DDA est pourtant bien connue : ce qui prime, c’est la prise en compte des intérêts du client, à chaque étape, de la conception du produit à la gestion du contrat, dans la durée, et cela incombe à tous les acteurs de la chaine de commercialisation.

Un des points d’application de ces principes est la rémunération. Dans le cas où la rémunération du distributeur, que ce soit individuellement ou collectivement, induit un biais dans la commercialisation, il y a infraction à la DDA.

L’orientation du conseil ne saurait résulter d’un intéressement du distributeur. Je sais que l’affirmation semble désormais aller de soi. Devoir le rappeler manifeste cependant la persistance du sujet.

Et si l’on veut se donner une chance de maintenir la faculté de prévoir un mécanisme de commissionnement dans le modèle d’affaires de la distribution d’assurance, alors que des voix s’élèvent à Bruxelles pour l’exclure comme dans certains pays de l’Union, il est du plus grand intérêt de veiller à la bonne application des règles actuelles.

Assurance vie : quels rendements pour les fonds en euros en 2022 ?
ASSURANCE-VIE
La campagne de communication des contrats d’assurance vie au titre de l’année écoulée débute sur les chapeaux de roues

Comme les spécialistes l’anticipaient, les premiers chiffres connus font état de résultats en hausse par rapport à 2021.

Au terme d’une période marquée par l’inflation, la hausse des taux d’intérêt obligataires, et une correction brutale des marchés financiers, les contrats d’assurance vie des épargnants auront à la fois subi d’importantes baisses des unités de comptes en actions cotées et un redressement de leurs fonds en euros, ces poches garanties en capital qui sont essentiellement constituées de titres obligataires.

A la lumière des premiers résultats, on pourra formuler deux observations, qui mériteront d’être confirmées au fil des communications des distributeurs, dont les plus tardives sont attendues en février :

Les hausses de rendement sur un an sont générales, et ceux connus à date sont en majorité supérieurs à 2% ;
Les progressions annuelles sont particulièrement importantes pour les contrats dont les performances étaient faibles ou très faibles en 2021 ; plusieurs fonds en euros enregistrent ainsi des hausses de plus de 100 points de base.
Voici, le classement des rendements communiqués à date (les taux communiqués sont tous nets de frais de gestion, mais bruts de fiscalité, impôt et prélèvements sociaux. Le classement prend en compte les performances des fonds a minima, c’est-à-dire hors bonifications prévues selon ancienneté, part d’UC détenue, niveau d’encours etc.) :

  1. Garance : 2,8%
    En 2021, la mutuelle avait servi le meilleur rendement du marché à 2,75%. Cette année, la hausse est modeste (+0,05) mais le taux proposé devrait sans doute demeurer sur le podium des fonds en euros. A souligner que Garance a également aligné le fonds en euros de son PER avec cette performance : ces contrats avaient distribué un rendement de 2,5% l’année dernière, et profitent ainsi d’une hausse de 0,50%.

  2. MACSF : 2,5%
    Le rendement du fonds en euros des contrats d’assurance vie et des PER de la MACSF atteint marquent une progression de 40 points de base par rapport à l’année dernière, à son plus haut niveau depuis 2015. Cette augmentation s’est faite sans puiser dans la réserve pour participation.

Elle a été rendue possible grâce à la duration courte de son portefeuille obligataire « qui a permis de saisir rapidement des opportunités de réinvestissement » ainsi que par la bonne tenue de son portefeuille de titres non cotés, « qui a permis de réaliser d’importantes plus-values », a précisé la mutuelle en conférence de presse.

  1. Matmut : 2,25% à 2,5%*
    La mutuelle tape fort cette année en relevant de 1,1 point la rémunération du fonds en euros de deux de ses contrats, Matmut Vie Epargne, qui affiche un taux de rendement de 2,5% au titre de l’année 2022, après +1,4% en 2021, et Matmut Vie Générations, qui passe à 2,25% après 1,15% en 2021.
    Les performances des supports de la Matmut, qui apparaissaient plutôt dans la fourchette basse des contrats du marché l’année dernière, signent cette année une belle remontada en se plaçant, pour l’heure, sur le podium des rendements de l’année écoulée.
    Reste à savoir si l’effort concernera aussi son autre contrat-phare, Complice Vie, dont les performances n’ont pour l’heure pas été communiquées.
  2. Mif : 2,20% (ex aequo)
    Remontée de 50 points de base pour la performance des contrats de la Mif, dont le rendement des fonds passe à 2,20%, après deux années à 1,70% ;
    Le rendement servi de son nouveau produit d’épargne retraite (MIF PER Retraite) progresse pour sa part de 80 points de base à 2,50% ;
    « Conformément aux valeurs mutualistes de la MIF, le taux 2022 bénéficie à l’ensemble des contrats d’assurance vie, indépendamment de leur ancienneté, de leur niveau d’encours et de la part d’unités de compte détenue », précise la mutuelle.
    Pour assurer cette performance, la provision pour participation aux excédents (PPE) a été cette année mise à contribution. Elle passe de 3,47% des encours épargne en 2021 à 3,16% cette année.
  3. ex aequo Gaipare* : 2,20% (ex aequo)
    Les fonds en euros (Allianz) de l’association vont distribuer un taux de2,20% cette année, en progression de 40 points de base(Gaipare I/II/Selection/Select F/Selectissimo/Fidelissimo), pour un rendement cumulé sur cinq ans de 11% ;
    Afin d’assurer cette hausse de la rémunération, Gaipare redistribue cette année 5 millions d’euros de sa provision pour participation aux bénéfices, « à savoir quasiment le tiers de ce qui avait été doté l’an dernier » (dotation de 14M€ en 2022), PPB, dont le niveau global, après reprise, représentera 2,4% des encours du fonds ;
    L’encours total des contrats Gaipare reste quasi-stable à 3,73Md€ (contre 3,87Md€ l’année dernière), le fonds euros représentant pour sa part 3,2Md€. Sur l’ensemble de l’année 2022, la collecte brute atteint 125 M€ ; l’encours de l’option gestion profilée représente 403M€ et 66% des souscriptions.
    *Groupement associatif interprofessionnel pour l’amélioration de la retraite et de l’épargne.

Milleis Banque Privée : 2,15%
Bonne surprise pour les titulaires de ces contrats, qui ont profité d’un rendement plus que doublé en un an. Dès le 19 décembre, l’établissement a fait savoir que son assurance vie Epargne vie Milleis, son contrat de capitalisation Capi Milleis, et le fonds en euros Barclays Prestige, distribueront 2,15% de rendement en 2022 contre 0,95% seulement l’année dernière.

La France Mutualiste : 2,11% à 2,61%*
Contrairement aux distributeurs précités, la mutuelle fait varier ses rendements en fonction de ses différents contrats. L’effort porté cette année est important alors que la mutuelle a fait passer la barre des 2% de rendement pour l’ensemble de ses supports :

Pour ses contrats phare d’assurance vie multisupport Actépargne2, Actépargne2 Jeunes, Actépargne2 Seniors, Actépargne2 Protégés, Livret Jeun’Avenir, et Livret RM, le taux passe de 1,31% à 2,11% (+80 points de base) pour les épargnants disposant d’une part d’unités de compte inférieure ou égale à 25% dans ces contrats. Comme l’an passé, le taux est majoré de 20 points de base – à 2,31% - pour les placements disposant d’une part d’UC supérieure à 25% ;
Contrat historique de la mutuelle, la Retraite Mutualiste du Combattant, qui célèbre cette année le centenaire de sa création par le gouvernement, voit son rendement passer de 2% à 2,61% ;
Le PER individuel LFM PER’Form (créé en décembre 2020) prend 71 points de base et passe à 2,31% ;
Le contrat d’assurance vie multisupport Passerelle passe de 1,51% à 2,11% - produit particulier qui comporte un investissement à hauteur de 35% sur un fonds dynamique en UC sans risque de perte de capital au terme (2 janvier 2031) ou en cas de décès (LFM Actions Monde Volatilité Contrôlée).
*(hors contrats obsèques)

Maif : 2,1%
Le fonds en euros des contrats multisupports Assurance vie Responsable et Solidaire (labellisés Finansol) et du PER Responsable et solidaire de la Maif passe également au-dessus des 2%, en distribuant un taux de rendement de 2,10% net – en hausse de 80 points de base par rapport à 2021.
GMF, Maaf : 2,05%
Même rendement pour deux des sociétés du groupe Covéa : celui de GMF, à 2,05% en 2022, en hausse de 0,55% par rapport à l’année précédente, est attribué à la totalité des encours gérés, sans critère de différenciation, et concerne notamment le support euros de son contrat multisupport Multéo.
Effort similaire pour le support en euros de la Maaf, à 2,05% et à +0,55%. Le rendement s’applique à tous ses contrats d’assurance vie Winalto et à son PER Winalto.
Afer : 2,01%
La principale association d’épargnants en France a annoncé jeudi 12 janvier un taux de 2,01% pour le fonds en euros des contrats qu’elle distribue, en hausse d’un peu plus de 30 points de base, après deux années de rendement à 1,7%.
Pour servir ce taux, la provision pour participation aux bénéfices, assez récente puisque constituée il y a six ans, a été intégralement reprise.
BNP Paribas Cardif : 2% à 2,95%
Taux moyen au-delà de la barre des 2% pour les contrats de BNP Paribas Cardif, à 2,04% exactement, avec 94% des contrats servant un rendement net de 2%, en hausse de 90 points de base. Les réserve de la société restent en outre quasi-stables à 6,78% des encours, représentant 5.665 millions d’euros.
En fonction de la part d’unités de compte, les titulaires des contrats peuvent bénéficier d’une bonification de taux allant jusqu’à 2,95%, précise BNP Paribas Cardif dans un communiqué diffusé le 16 janvier.
BNP Paribas Multiplacements/Multiplacements Privilège, Cardif Elite, AEP Nova Stratégies : taux minimum de 2%
BNP Paribas Multiplacement PER, Multiplacement Privilège PER : 2%
Crédit Mutuel : 2% à 2,75%
Les Assurances de Crédit Mutuel ont choyé l’augmentation du rendement de leurs fonds en euros, en délivrant une performance en hausse d’un point pour l’ensemble de leurs contrats d’assurance vie et de retraite individuelle.
« Cette politique d’augmentation des taux servis est rendue possible grâce à la politique d’investissement et à la solidité financière des Assurances du Crédit Mutuel : Les actifs financiers composant nos fonds généraux restent en plus-value globale ; et nos réserves de rémunération, constituées au fil des ans, sont parmi les plus importantes du marché, à 7,8 % des actifs gérés », précise le groupe dans un communiqué diffusé vendredi 13 janvier.
En tenant compte des potentiels bonus de rémunération distribués à partir d’une certaine part d’unités de compte, les rendements servis en 2022 sur les fonds en euros sont compris entre 2% et 2,75% selon les situations et les contrats des assurés, pour un rendement moyen tous contrats confondus de 2,3%, précise le Crédit Mutuel.
La rémunération 2022 du fonds en euros s’élève à 2,10% pour le contrat phare, Plan Assurance Vie, dans sa version « Essentiel », et jusqu’à 2,25% dans sa version « Privilège », hors éventuel bonus de rémunération.
La rémunération du PER individuel des Assurances du Crédit Mutuel, le PER Assurance Retraite, est quant à elle portée à 2,25%, hors éventuel bonus de rémunération.
Predica : 1,90% à 3,25%
Belle progression de la rémunération des fonds en euros pour Predica, filiale du Crédit Agricole Assurances, avec un taux moyen de 2,32%, à +106 points de base appliqués de façon homogène pour l’ensemble des contrats, et une performance allant jusqu’à 3,25% pour les supports dotés de 50% d’unités de compte ou plus.
Les supports retraite sont également bien revalorisés, avec un rendement en hausse de 119 points de base.
Contrats du réseau Crédit Agricole
Anaé : 2,45%, 2,85% à partir de 30% d’UC, et 3,25% à partir de 50% d’UC
Floriane 2 : 2,3%, 2,7% à partir de 30% d’UC et 3,10% à partir de 50% d’UC
Predissime 9 série 2 : 1,90%, 2,30% à partir de 30% d’UC et 2,70% à partir de 50% d’UC
PER Perspective : 2,89%
Contrats du réseau LCL
LCL Acuity Evolution : 2,45%, 2,85% à partir de 30% d’UC et 3,25% à partir de 50% d’UC
LCL Vie : 2,3%, 2,7% à partir de 30% d’UC et 3,10% à partir de 50 d’UC
LCL Retraite PER : 2,89%
Sicavonline/Ageas : 1,79% à 2,31%
Le récent contrat d’assurance vie Kompoz du courtier en ligne Sicavonline offre un rendement de 1,79% pour les titulaires des contrats en gestion pilotée ETF. Un rendement bonifié en fonction des options choisies, pour ces placements « entièrement modulables » :
Le taux de 2,31% correspond au choix des options suivantes : option d’investissement sur le fonds en euros jusqu’à 30%, 70% sur des unités de compte (accès à des supports de type OPCVM et OPCI) et mise en place de versements programmés, soit des frais de gestion annuels de 0,5%, précise Sicavonline.
A noter que le rendement, pour ces nouveaux supports, est acquis au prorata temporis.
Easy Bourse : 1,6% à 3,2%
Le contrat Easy Vie d’Easy Bourse, le courtier en ligne de La Banque Postale, propose cette année un rendement de 1,6% à 3,2%. Le rendement de base est bonifié de 50% à partir de 30% d’unités de compte (2,4%), et de 100% à partir de 50% d’unités de compte (3,2%).
Mutavie (Macif) : 1,6% à 2,2%
Les fonds en euros du groupe mutualiste affichent des taux 2022 compris entre 1,6% et 2,2%, après une fourchette comprise entre 1% et 1,75% en 2021 ;
Des rendements en hausse de 45 à 60 points de base que la mutuelle a servi en puisant dans ses réserves. « Aujourd’hui, il est logique pour la Macif de restituer une partie de cette réserve qui appartient à ses adhérents », indique la mutuelle. « Dans un contexte économique et financier inédit, nous maintenons une politique prudente afin de transporter l’épargne des adhérents dans le temps. Notre volonté est de lisser la remontée des taux obligataires pour les accompagner durablement, tout en amorçant un virage notable au bénéfice de leur épargne », a précisé dans un communiqué de presse Odile Ezerzer, directrice Macif Finance Épargne et directrice générale de Mutavie ;
Contrats ouverts à la commercialisation : Multi Vie et PER Multi Horizon Retraite passent à 1,6% (après 1,15% en 2021) ; Jeewan Patrimoine sert entre 1,8% et 2,2% selon la proportion d’unités de comptes dans le contrat (1,8% pour moins de 20% d’UC, 2% pour 20% à moins de 40% d’UC, et 2,2% pour 40% d’UC et plus) ;
Contrats fermés : Livret Vie : 1,6% (+60 pdb) ; Actiplus : 2,2% (+60 pdb) ; Actiplus Option : 2,2% (+0,45 pdb);
Contrats multisupport : de -2,18% à -11,82% pour la gamme Sélections Plurielles de Multi Vie ; de -10,29% à -16,48% pour le PER Multi Horizon Retraite ; de -6,28% à -19,38% pour la gestion sous mandat de Jeewan Patrimoine.
Louvre Banque Privée : 1,55% à 3,60%
La banque privée de la Banque Postale, Louvre Banque Privée (ex-Banque Privée BPE), propose pour son contrat d’assurance vie BPE Emeraude un taux de rendement du fonds en euros compris entre 1,55% et 3,49%.
Le rendement de base de BPE Emeraude, à 1,55%, est bonifié à 2,33% à partir de la détention de 35% d’UC (+50%), à 2,71% à partir de 40% d’UC (+75%), à 3,10% à partir de 50% d’UC (+100%) et à 3,49% pour les contrats composés d’au moins 60% d’UC.
Le fonds en euros du support de retraite Perspective Epargne Retraite propose, avec les mêmes règles de bonification, des rendements de 1,6% (sans bonification), 2,4% (avec 30% d’UC), 2,8% (avec 40% d’UC), 3,2% (50% d’UC) et de 3,60% (dès 60% d’UC).
Sogécap : 1,5%* à 3%
On ne peut que regretter le manque de transparence de la société dont le service presse a refusé de nous communiquer le détail des rendements de ses contrats en se contentant de transmettre leur « moyenne » pour chacun d’eux.

Comme certaines compagnies d’assurance, Sogécap, la société d’assurance vie du groupe Société Générale, sert en effet des taux de rendement différents en fonction de la composition des contrats : plus ces derniers disposent d’une part importante d’unités de compte (UC), plus le rendement servi par le fonds en euros est élevé.

Pour les contrats de Sogécap, la majoration de rendement, servie en fonction de la part en UC souscrite dans les contrats, est la suivante :

+15% si cette part est comprise entre 15% et 35% ;
+35% si elle est comprise entre 35% et 50% ;
+50% si elle est supérieure à 50%.
C’est un dispositif devenu assez courant sur le marché, qui tend à inciter les épargnants à se tourner vers les UC et à avantager ceux qui acceptent donc davantage de risque.

En matière de rendement « moyen » donc, qui ne signifie pas grand-chose pour les titulaires de ces supports, Sogécap rapporte un taux de 2,17% pour son support en euros pour 2022, en progression de 81 points de base par rapport à 2021. Par contrat, les rendements moyens affichés cette année sont les suivants :

Contrats d’assurance vie Séquoia : 1,95% (+89 points de base)
Contrats d’assurance vie Ebène : 2,19% (+83 points de base)
PER Acacia : 2,32% (+92 points de base) à 3% pour les clients investis à 50% en unités de compte
Contrat Erable Essentiel : non communiqué (0,75% à 1,76% en 2021).
Variables selon les contrats et la part d’unités de compte (UC), les rendements sont en hausse de 75 points de base minimum et peuvent atteindre jusqu’à 128 points de base pour les clients investis à 50% en UC, précise la société.

Sur ces précisions, et à la lumière des résultats de l’année dernière, on peut donc considérer que le rendement minimum au titre de l’année 2022 est de 1,5% pour le fonds en euros de Séquoia, de 1,9% pour celui d’Ebène, et de 1,95% pour celui d’Acacia.

*Non confirmé par la société.

CNP Assurances (Amétis) : 1,4% à 3,38%
Les contrats distribués en direct par CNP Assurances (comme ceux qu’il fournit aux grands réseaux La Banque Postale et Caisses d’Epargne) profitent globalement d’une solide hausse de rendement, l’assureur ayant utilisé une partie de sa réserve pour rester compétitif. « Nous avons décidé d’augmenter les taux de revalorisation de nos supports en euros en faisant bénéficier nos assurés de l’efficacité de notre gestion financière de long terme et en reprenant une partie de notre provision pour participation aux bénéfices », déclare Stéphane Dédeyan, son directeur général, dans un communiqué daté du 12 Janvier.
A l’instar de beaucoup d’assureurs, CNP Assurances applique une bonification annuelle du rendement de son fonds en euros en fonction de la part d’épargne investie dans des supports en UC. Pour les contrats les plus exposés au risque, les taux servis frôlent, voire dépassent ainsi les 3% de rendement.
CNP Trésor Projets : taux de base à 1,40%. Bonifié à 2,10% dès 30% d’UC, à 2,8% dès 40% d’UC et à 3,15% dès 50% d’UC.
CNP Trésor Performance : taux de base à 1,5%. Bonifié ensuite à 2,25%, 3%, et 3,38%.
La Banque Postale : 1,3% à 3,2%
Les contrats d’assurance vie multisupport Cachemire 2 Série 2 proposent des rendements compris entre 1,4% et 2,8% en fonction de la part détenue d’unités de compte, contre 0,85% à 1,7% l’année dernière, soit une progression de 55 à 110 points de base.
Le rendement « plancher » pour ces contrats est majoré de 25% à partir de 25% d’UC, augmenté de moitié dès 30% d’UC, et enfin doublé à partir de 40% d’unités de compte ;
Cachemire Patrimoine Série 2, contrat haut de gamme (100.000€ de versement initial minimum), propose, selon les mêmes règles de majoration, des rendements compris entre 1,5% et 3% (vs. 0,95%-1,9% en 2021).
Cachemire PER distribue entre 1,6% et 3,2% selon la part d’UC investies, après une fourchette comprise entre 1% et 2% en 2021.
Enfin, le contrat d’assurance vie « historique » de la Banque Postale, Vivaccio, récemment fermé à la commercialisation, servira au titre de l’année 2022 un taux de 1,3%, modeste par rapport à la moyenne attendue du marché, mais doublé par rapport à 2021 (0,65%). Pour mémoire, le contrat Vivaccio a été fermé à la commercialisation au début du mois de novembre 2022. Les clients titulaires qui le souhaitaient ont pu (et peuvent toujours) transférer sans frais leur contrat vers Cachemire 2, et ce, tout en conservant l’antériorité fiscale, nous précise le service de presse du groupe La Poste.
MMA : 1,4% à 2,15%
Les fonds en euros des contrats de MMA Vie affichent cette année des taux de rendement compris entre 1,4% et 2,15%, les supports bénéficiant d’un bonus de rendement en fonction de la part détenue en unités de compte. Pour ceux détenant au moins 20% d’UC, le taux est fixé à 1,80% (0,4% de bonus), et pour ceux dont la part en UC représente au moins 40% de l’encours, le taux est majoré à 2,15% (0,75%).
La performance du support en euro de son PER Avenir MMA prend pour sa part 0,45% à 1,8%.
Caisses d’Epargne : 1,35% à 3,38%
La fourchette de rendement des fonds en euros des contrats d’assurance vie et PER des Caisses d’Epargne est relativement large, puisqu’elle s’étend de 1,35% à 3,38%.
Pour tous les contrats, une bonification de rendement est prévue à partir de la détention de 30% d’unités de compte (+50%), de 40% d’UC (+100%), et de 50% (+125% de bonification). Quatre niveaux de rendement du fonds en euros sont ainsi possibles par support d’épargne, selon les profils.
Nuances 3D : 1,35%, 2,03%, 2,7% ou 3,04%
Nuances Plus : 1,4%, 2,1%, 2,8% ou 3,15%
Nuances Privilège : 1,5%, 2,25%, 3% ou 3,38%
PER : rendement unique pour tous les profils de 1,6%
Primonial : 0% à 3,04%*
Les fonds en euros « dynamiques » de Primonial ont été logiquement sanctionnés par la correction des indices boursiers. Après un rendement de 2,35%, Sécurité Target Euro est à zéro en 2022, comme en 2020. Même tarif pour le PER Sécurité Retraite euro.
Le support en euros d’attente Euro Tremplin - dans lequel l’épargne des clients est investie en année N avant d’être transférée sur Sécurité Target Euro l’année suivante - a délivré pour sa part une performance de 1,9%, à +70 points de base sur un an ;
Le rendement d’Euro Tremplin est majoré pour les contrats comportant un investissement minimum de 50% ou de 60% d’UC. Pour 50% d’UC, ce rendement passe à 2,85%, et pour 60% d’UC, à 3,04% ;
Sécurité Infra Euro offre un rendement de 2,5%, en progression de 40 points de base par rapport à 2021 ;
Le fonds Euro Classique de PrimoPER, progresse pour sa part de 80 points de base, à 2%, après 1,2% en 2021.
Côté multisupport, Echiquier Avenir Dynamique, après +10,63% en 2021, décroche de 13,55%, pour une performance annualisée de 3,6% depuis son lancement en 2020.
*fonds « dynamiques ». Partenariat avec Oradéa Vie, compagnie de Société Générale Assurances.

Sur tous les contrats les assureurs restreigne l accès au fond euros et sur les fonds immobiliers pas plus d un certain pourcentage

tendances et défis avec la remontée des taux
Publié le 24/10/2022 - Jean-François Bay
Article Actualité Actu Marchés
Le dernier rapport publié par l’ACPR sur le marché de l’assurance-vie en France illustre une reprise du marché de l’assurance-vie et confirme plusieurs tendances comme l’essor des produits en UC face à un effet de ciseaux de baisse continue des rendements des fonds euros et une envolée de l’inflation. La mise en place de contrats à long terme type PER change également la donne. Mais l’ACPR pointe des défis et chantiers pour cette industrie : La transparence des frais, le risque de liquidité sur les contrats dans un contexte de remontée des taux, le référencement de produits illiquides (SCPI, Private equity, produits structurés…) ou l’investissement durable.

  1. Un taux d’épargne toujours élevé en France :

La sortie de la crise sanitaire aurait pu s’accompagner d’un dégonflement de l’épargne accumulée pendant les confinements par les français. Cependant, malgré une légère décélération, le flux d’épargne financière des ménages français reste dynamique, à un rythme supérieur à celui d’avant crise :

• +157 mds en 2021
• +200 mds en 2020
• +112 mds en 2019

Ce nouveau flux d’épargne s’est principalement déversé sur les dépôts à vue (ou dépôts bancaires) pour 102 milliards d’euros depuis fin décembre 2020 (soit 65% des flux financiers de l’année 2021) et environ 218 milliards d’euros depuis fin mars 2020 !
En 2021, l’assurance-vie en fonds euros représente 28 % du total des placements des ménages (pour un montant de 1 684 milliards d’euros) alors que les dépôts bancaires représentent 32 % du total pour un montant d’environ 1 927 milliard d’euros.
Ces flux élevés vers l’épargne liquide peuvent s’expliquer par des incertitudes sur les perspectives économiques alors même que le rendement net de l’inflation de ces placements liquides est très défavorable.

  1. Une collecte sur les UC sans doute soutenue par la montée de l’inflation :

Même si les montants sont moins élevés, 2021 marque une progression du solde net des flux en faveur de l’assurance-vie par rapport à 2020 (+18 milliards d’euros), proche des performances observées en 2018 et 2019 (plus de 20 milliards).
Cette reprise du marché de l’assurance-vie passe par la collecte sur les supports en unités de compte et une décollecte sur les supports en euros.

Décomposition de la collecte nette en assurance-vie entre Fonds euros et UC
(source : ACPR)

En prenant les flux bruts, les fonds euros ne représentent qu’un peu plus de la moitié des nouveaux versements effectués aujourd’hui sur les contrats d’assurance-vie (56 %), contre 85 % en 2011. En revanche, la collecte brute sur les UC s’élève en 2021 à 56 milliards d’euros. Le taux annualisé de croissance des primes en unités de compte sur la période 2011-2021 atteint 13 %/an. Le montant des primes sur les supports en unités de compte a été multiplié par plus de trois depuis 2011.
En effet, confrontés à une situation où le rendement des portefeuilles obligataires devenait moins élevé, les assureurs ont développé des stratégies incitant les assurés à investir dans les fonds en unités de compte.

  1. Existe-t-il un risque de liquidité sur les contrats d’assurance-vie dans un contexte de remontée des taux

Dans son rapport, l’ACPR considère que ce risque est faible :

• La part des UC des contrats n’est pas concernée par ce risque

• Les fonds en euros représentent encore la majorité de l’encours des placements d’assurance-vie (un peu moins de 80 % de l’encours) et la confiance des épargnants est forte. Les épargnants comptent sur les assureurs pour investir dans de nouvelles obligations plus rémunératrices

• Pour certains contrats, la garantie du capital en cas de rachat n’est effective qu’à partir d’une certaine date, ce qui a potentiellement un effet sur le taux de rachats des contrats

• Les pénalités de rachats, liées à la fiscalité des contrats d’assurance-vie de moins de huit ans, dissuadent les épargnants à racheter leurs contrats d’assurance-vie pour rentrer dans de nouveaux contrats.

• En 2021, rapportés en proportion des encours, les rachats sur les supports en euros est importante mais pilotés par la stratégie commerciale des assureurs. On peut imaginer une collecte sur les fonds euros toujours pilotée par les réseaux.

• Les rachats actuels (68 milliards d’euros en 2021) demeurent bas et sont proches de la moyenne de long terme 2011-2019

Attention, l’ACPR note cependant que, du fait de l’accélération de l’inflation en 2022 (5.6% en France en Septembre 2022) déjà constaté en 2021, et une hausse des taux longs (3% pour les Emprunts d’Etat à 10 ans) le taux réel de revalorisation des contrats devrait être très largement négatif (déjà en 2021 et proche de -2%) constituant un frein voire un risque sur la collecte du fonds euros.

Evolution de la collecte brute sur les supports en euros et comparaison entre le taux de revalorisation de l’assurance-vie et le taux de l’OAT 10 ans
(source : ACPR - QUANTALYS)

  1. Existe-t-il un risque de liquidité sur la partie UC ?
    Le développement des UC pose également la question de l’évolution des mouvements de rachats face aux retournements boursiers. Le devoir de conseil des assureurs est donc primordial afin de bien définir les objectifs de l’investisseur final, ses contraintes, sa tolérance aux risques, notamment ses contraintes de liquidité (besoin de retirer des capitaux). Il convient que l’arbitrage « rendement - risque » soit clairement expliqué. Quantalys et le groupe Harvest d’une manière générale à travers ses solutions digitales a justement pour vocation d’aider les gérants privés à appréhender ces éléments et à prendre les bonnes décisions d’investissement.

En effet, les assureurs vie n’investissent pas uniquement dans le fonds euros (liquide) ou dans des fonds ou ETF investis dans des grandes valeurs cotées en Bourse (liquides) mais également en fonds collectifs dont le sous-jacent est peu liquides (obligations à haut rendement, micro-caps, marchés émergents…), en immobilier (SCPI), ou encore en fonds d’actions ou d’obligations non cotées (ou aussi « private equity » ou « private debt ») ou dans des produits structurés peu ou pas liquides.

L’ACPR indique que le degré de complexité des contrats d’assurance en unités de compte est donc variable, et doit être adapté au profil de risque de l’assuré. L’évaluation du risque d’un contrat en unités de compte par l’assuré est d’autant plus complexe qu’il implique une multitude d’intermédiaires financiers. De plus, les stratégies de diversification des assureurs vers des actifs sophistiqués ou non cotés accroissent encore la complexité. Bien que ces stratégies favorisent la diversification des risques des portefeuilles, elles doivent être clairement exposées au client afin de lui permettre de prendre ses décisions de placement avec une parfaite connaissance des risques auxquels il s’expose. L’ACPR veille attentivement à la cohérence entre l’offre des produits assurantiels et les besoins des clients et à la transparence des recommandations des assureurs matérialisant leur devoir de conseil.

  1. La transparence sur les frais s’améliore ?

Le développement des UC met en lumière la problématique de la transparence nécessaire des frais liés aux contrats d’assurance-vie. Un accord de place, conclu en février 2022, précise les modalités de communication : l’ensemble des distributeurs et des producteurs de contrats d’assurance-vie doivent, à compter du 1er juin 2022, publier sur leur site internet un tableau synthétique présentant les frais de gestion de chaque produit d’assurance-vie. Quantalys aide les conseillers financiers à accéder à ce niveau d’information.

Car les différentes couches de frais peuvent peser sur la performance nette pour l’investisseur final : Aux frais de gestion courante du contrat (soit les frais prélevés par l’assureur sur les performances d’un fonds en unités de compte), il convient d’ajouter des frais occasionnels (comme les frais prélevés par l’assureur à chaque mouvement d’arbitrage). De plus, les assureurs placent les versements sur les supports en unités de comptes dans des fonds gérés par des sociétés de gestion externes. Ainsi, les frais de la société de gestion sont déjà pris en compte dans le rendement affiché d’un support en unités de compte. Il est donc nécessaire d’additionner les frais de gestion du contrat, les frais occasionnels, comme les frais de gestion du support pour obtenir le coût de l’investissement dans un contrat d’assurance-vie en unités de compte. Enfin, de manière à obtenir le rendement réel du contrat, l’assuré doit également tenir compte de tous les frottements comme l’inflation ou la fiscalité appliquée à la date de rachat.

  1. L’assurance-vie comme réceptacle des investissements durables ?

Depuis le 1er janvier 2020, les assureurs doivent proposer à leurs clients disposant d’un contrat multisupports au moins une unité de compte dans l’une des catégories ci-dessous. Fin 2020, 91 milliards d’euros d’encours étaient placés sur l’un des fonds labellisés via l’assurance-vie :

• Fonds ISR
• Fonds labellisés Greefin
• Fonds labellisés Finansol

Depuis le 1er janvier 2022, les assureurs doivent proposer une unité de compte verte, une unité de compte solidaire ainsi qu’une unité de compte labellisée ISR. En outre, les assureurs sont à présent tenus d’informer leurs assurés sur la quantité d’UC labellisés en amont de chaque souscription. Les montants alloués aux fonds intégrant une approche ESG devraient ainsi croître au fil des années, du fait de l’orientation commerciale des assureurs vers ces supports en unités de compte verts.
En effet, selon le dernier Baromètre de l’épargne et de l’investissement AMF, 53 % des Français déclarent prendre en compte les enjeux de développement durable dans leurs choix en matière d’épargne et de placement de « temps en temps » à « systématiquement ». Pour les français de 25 à 34 ans, la possibilité de faire des placements socialement responsables pourrait les encourager à placer en actions.

L’investissement dit « responsable » doit également faire l’objet d’une explication claire à l’assuré, de manière à ce qu’il comprenne le rapport rendement-risque de ces investissements, comme l’empreinte environnementale de son portefeuille. Les orientations de l’Union Européenne devraient permettre aux assureurs d’accroître la transparence vis-à-vis de leurs investissements dits « verts » auprès des assurés. En effet, le règlement UE 2020/852 dit « Taxonomie » permet aux assureurs de classifier leurs actifs sous gestion en fonction du type d’activité financée (celle-ci devant apporter une contribution substantielle à l’un des six objectifs environnementaux de l’Union Européenne, tout en respectant certaines garanties).

Le règlement « Taxonomie » prévoit notamment la publication, à partir de 2024, du ratio d’investissements affectés à des activités durables, sur le total des investissements. De plus, les assureurs devraient également obtenir davantage d’informations sur le type d’activités financées grâce à la Directive « CSRD » sur la publication d’informations en matière de durabilité par les entreprises (Corporate Sustainability Reporting Directive), demandant davantage de transparence sur la gestion des risques ESG pour toutes les entreprises de l’Union Européenne de taille substantielle (de plus de 250 employés).

Publié par La Rédaction | le 25.10.2022 | mise à jour ce matin à 11:24
« Remontée des taux : la performance des fonds en euros va-t-elle suivre ? »
ASSURANCE-VIE
Tribune de Quentin Petit-Prestoud, conseil patrimonial chez Artémis Courtage Gestion Privée.

Artémis Courtage Gestion Privée
Pendant les trois dernières décennies, les épargnants se sont habitués aux caractéristiques presque « magiques » du fonds en euros : capital garanti, disponible et rentable (entre 4 et 5% par an). Pas étonnant dans ce contexte de constater que sur les 1.800 milliards d’euros placés en assurance vie, 1.000 sont investis sur du fonds en euros !

Sur les dix dernières années, le constat est un peu plus triste : les performances de ces fonds ont chuté pour venir concurrencer celles des livrets A et LDDS, et pour cause, les taux d’intérêt sur lesquels ils sont principalement indexés baissaient depuis 10 ans…

En soit, rien d’incohérent, rappelons que l’inflation était beaucoup plus forte à l’époque tout comme le coût du crédit. Le fonds en euros n’a fait que suivre la baisse des taux avec une certaine inertie.

Qu’ont fait les investisseurs ? Ils sont allés chercher du rendement sur d’autres supports, qui eux n’étaient pas garantis : les unités de compte. On ne plus avoir le beurre et l’argent du beurre !

Rassurez-vous, le rendement, le capital garanti et la liquidité existent toujours, ensemble, c’est plus compliqué et il faut souvent faire l’impasse sur l’un des trois, du moins sur un laps de temps, ce qui finalement, n’est qu’une question de bon sens :

Ainsi, si vous cherchez du rendement et une garantie en capital, il faudra accepter un blocage des fonds sur une longue période. À l’inverse, si vous avez besoin de pouvoir disposer de vos fonds rapidement et sans perte, vous devrez miser sur des actifs très peu rémunérateurs (à l’instar du fonds en euros ou du Livret A).

On ne le rabâchera donc jamais assez : le principe fondamental de la construction de son portefeuille doit donc être l’horizon de placement.

Faites l’exercice d’observer une unité de compte sur une période de trois ans glissants, puis cinq ans, puis 8 ans, vous constaterez que le risque de perte diminue de plus en plus avec le temps.

Et maintenant ?
Maintenant que la courbe des taux s’inverse, est-ce que la performance des fonds en euros va suivre ?

La logique voudrait que ce soit le cas, mais n’oublions pas qu’il existe une certaine inertie : Les fonds en euros sont principalement composés d’obligations*, dont les maturités et les rendements sont différents, certaines obligations ont été émises il y a dix ans avec des taux intéressants, d’autres il y a trois ans avec des taux plus faibles.

Si l’on doit schématiser grossièrement le rendement du fonds en euros sur une année précise, on pourrait dire qu’il correspond à la moyenne du rendement de toutes les obligations qui le composent : des vieilles obligations avec un rendement élevé mais également des obligations plus récentes avec un rendement plus faible.

Fin 2021, la performance moyenne du fonds en euros était de 1,30% alors que l’OAT 10 ans (l’obligation de l’Etat Français) était à 0,12%. Il y a donc toujours un décalage entre les taux de l’année en cours et les performances des fonds en euros.

Quid du rendement 2022 ?
Théoriquement, cette inertie devrait clouer au sol les performances pour encore un ou deux ans, mais dans la pratique, ce sont les politiques commerciales des assureurs qui donneront le LA.

Aujourd’hui, la hausse du rendement des livrets d’épargne réglementés (Livrets A et LDDS) pourrait constituer une menace pour l’assurance vie si les performances des fonds en euros ne sont pas à la hauteur. Il est donc très probable que les assureurs s’alignent sur ces rendements afin de rester compétitifs. Une hausse des rendements des fonds en euros est donc probable pour 2022.

*Une obligation est un produit financier que l’on pourrait assimiler à un prêt : Vous prêtez de l’argent à une entreprise qui en contrepartie vous verse des intérêts tous les ans (ce que l’on appelle les coupons). On peut également prêter de l’argent à l’Etat, c’est ce que l’on appelle couramment les « bons au trésor » ou « OAT » !

Assurance-vie : des fonds en euros plus rémunérateurs en 2022 ?
27/10/2022 - 15:00 - Sicavonline

Assurance-vie : des fonds en euros plus rémunérateurs en 2022 ?

Avec un taux moyen de rendement affiché à 1,30 % en 2020 et 2021, la rémunération des fonds en euros semblait condamnée à se contracter. Le rehaussement des taux offerts sur les marchés obligataires - actifs majoritaires au sein des fonds en euros des contrats d’assurance-vie - rebat-il les cartes et augure-t-il une revalorisation au bénéfice des épargnants ?

Socle du patrimoine financier des épargnants, l’assurance-vie doit principalement son succès à la présence des fonds en euros, ces supports financiers aux caractéristiques singulières, où l’épargnant n’assume pas le risque, pour une fois, supporté par le gestionnaire du fonds.

Fonds en euros : une confiance méritée
Sorte de mouton à cinq pattes de l’épargne, le fonds en euros, support historique des contrats d’assurance vie, combine à la fois sécurité et disponibilité des sommes placées, mais aussi l’assurance de percevoir une rémunération minimale chaque année.

Les fonds en euros ont cependant vu leur rémunération copieusement altérée ces dernières années, conséquence directe de la contraction des rendements obligataires, dont sont truffés les fonds euros, pour justement garantir le maintien des sommes investies.

Malgré l’affaissement caractérisé des rendements, le fonds en euros reste l’une des solutions privilégiées par les épargnants en quête de sérénité. En fin d’année 2021, France Assureurs rapportait d’ailleurs que plus de 70 % de la valorisation globale des contrats d’assurance vie, soit quelque 1 300 milliards d’euros sur les 1800 milliards d’euros d’encours, étaient logés dans des fonds en euros.

Fonds en euros : un succès justifié
Nul doute que les qualités intrinsèques des fonds en euros participent à la fidélité des épargnants à leur égard. Inutile de chercher ! Aucun autre placement ne rassemble les qualités et les atouts d’un fonds en euros. Aucun autre placement, en dehors de ceux soumis à des plafonds de versements tels que le livret A, n’assure à un épargnant une protection permanente du capital investi : le fonds en euros lui garantit de récupérer à minima les sommes investies* quoi qu’il se passe (ou presque), il lui procure la possibilité en cas de besoin d’effectuer des retraits des dites sommes à tout moment, tout comme il lui fournit la certitude que les gains engrangés chaque année sont automatiquement et définitivement acquis. De surcroît, grâce à l’effet dit « de cliquet », les intérêts capitalisés annuellement génèrent eux-mêmes des intérêts l’année suivante.
*Le capital garanti s’entend cependant hors frais d’entrée et sur certains contrats d’assurance-vie, les frais de gestion viennent en déduction de la somme garantie.

Lente et persistante décrue des fonds en euros depuis 20 ans
Afin d’assurer ce minimum de rémunération dans un cadre sécurisé, les assureurs vie investissent principalement dans des placements obligataires. Aussi le rendement des fonds en euros subit de plein fouet l’érosion des taux d’intérêt à l’œuvre depuis environ deux décennies.

1 Rendement nominal fonds en euros net de frais de gestion hors prélèvements sociaux et fiscaux
2Taux de rendement des emprunts d’Etat à taux fixe supérieurs à 7 ans

En tenant compte de l’évolution des prix, en hausse depuis l’an dernier, la lente érosion de la rémunération des fonds en fonds en euros, fait désormais apparaitre un rendement réel inférieur à zéro, tout comme celui du livret A.

*Rendements réels des fonds en euros = rendements nominaux - inflation

Sur le plan de la rémunération, ce support d’investissement a indiscutablement perdu de sa splendeur d’antan. En l’espace d’une vingtaine d’années, le rendement moyen des fonds en euros a reflué de 5,30 % à 1,30 % l’an dernier, 1,08 % pour les seuls contrats individuels. On peut s’en désoler ou considérer qu’il s’agit d’un mouvement logique : la rentabilité élevée des fonds en euros voilà 20 ans n’était-elle pas une sorte d’anomalie puisque qu’un placement au rendement élevé s’accompagne par principe d’un risque accru ? Quoi qu’il en soit, le taux de rémunération des fonds en euros ne satisfait plus les épargnants en quête de rendement et les assureurs peinent à remplir leur partie du contrat, tiraillés entre la volonté d’offrir aux investisseurs une performance satisfaisante au regard de la conjoncture et l’impérieuse nécessité de sécuriser le capital géré.

Afin de garantir cette sécurisation des fonds placés, les obligations d’Etats et d’entreprises de bonne facture garnissent majoritairement les supports en euros, des placements dont la rentabilité s’est, on l’a dit précédemment, inexorablement érodée en raison de la contraction des taux d’intérêts.

Fonds en euros : une lueur d’espoir ?
Or, avec la réapparition de l’inflation, la tendance s’est inversée. Sous la houlette des banquiers centraux, les taux d’intérêt remontent en flèche et poussent vers le haut les taux des rendements obligataires. Au 18 octobre 2022, l’OAT ou obligation assimilable du Trésor (taux auquel l’Etat français emprunte) à 10 ans sert 2,955 %, l’OAT 5 ans 2,5229 %, alors qu’il y a un an tout juste, l’OAT 10 ans était encore proche de 0 (précisément 0,228 %) et l’OAT 5 ans donnait du -0,343 %. Par conséquent, les OAT rapportent nettement plus que l’an dernier.

Une aubaine pour les fonds euros composés d’obligations à hauteur de 70 % à 80 % ? Il serait tentant de le croire et donc d’anticiper une hausse de la rémunération des rendements de ces supports dès 2022. Néanmoins, les choses sont plus compliquées.

Les gestionnaires de fonds en euros détiennent un portefeuille d’obligations à maturités relativement longues, 5 ans en moyenne, qu’ils conservent jusqu’à ce que celles-ci arrivent à échéance. De ce fait, le taux rotation du portefeuille est relativement faible et les intérêts engrangés ne reflètent pas les taux actuels du marché. Au regard de cette relative inertie des portefeuilles, plus ou moins importante selon les supports, les répercussions des mouvements sur les marchés obligataires restent marginales sur la rémunération des fonds en euros, au moins dans un premier temps.

Fonds en euros : des assureurs plus généreux en 2022 ?
Cependant, la rémunération servie sur les fonds en euros en 2022 pourrait dépasser celle offerte en 2021. Et ce pour une simple et bonne raison : les assureurs vie, redoutant une fuite vers les livrets jugés plus rémunérateurs, pourraient tendre vers un alignement des taux des fonds en euros sur ceux de l’épargne réglementée partiellement indexés sur l’inflation. En début d’année, les taux du livret A et du Livret d’épargne populaire (LEP) ont été portés respectivement à 2 % et 4,60 % – ce taux de rémunération ne devrait faire l’objet d’aucune réévaluation avant le 1er février 2023.

Face à la crainte d’une sortie en masse des fonds en euros, les gestionnaires de supports en euros disposent d’un bas de laine, dont ils usent pour piloter dans certaines proportions le rendement financier des supports en euros. Chaque année, les assureurs vie sont autorisés à mettre de côté une fraction des bénéfices obtenus grâce à leurs investissements. Dans le cadre de la gestion des fonds en euros, l’assureur n’est pas tenu de distribuer l’intégralité des rendements et des plus-values réalisées au titre d’une année. Il peut les stocker et les redistribuer au fil de l’eau, cette redistribution doit néanmoins intervenir dans les 8 années suivant cette mise en réserve. Cette mise en réserve sert à lisser les rendements dans le temps, à amortir la baisse du portefeuille de placements de l’assureur, de même qu’à servir à l’assuré au minimum les garanties au capital, et, si, possible un rendement positif même si le portefeuille de placements s’est déprécié. Les provisions pour participation aux excédents représentent environ 5,4 % des encours gérés au global, mais elles peuvent grandement varier d’un assureur à l’autre et même d’un fonds en euros à un autre.

Partant de l’hypothèse que les assureurs iront piocher dans ces réserves afin d’éviter des retraits massifs en début d’année 2023 et un arbitrage en faveur des livrets, les cabinets de conseils tels que Facts & Figures anticipent une légère augmentation du taux de rémunération des fonds en euros, une rémunération qu’ils estiment autour de 1,60 % à 2 % en 2022.

Un garde-fou en cas de panique sur les marchés obligataires !
Cependant qu’il est possible de se réjouir de la hausse des taux d’intérêt dans ce cas de figure, cette réappréciation pourrait également entrainer des effets pervers. Trop rapide et trop forte, la hausse des taux d’intérêt pourrait provoquer de fâcheuses répercussions sur des marchés obligataires déjà méchamment secoués. Car lorsque les taux obligataires montent et viennent mieux rémunérer les nouvelles émissions de dettes sur le marché, la valeur des obligations en cours, elle, reflue. De ce fait, la valorisation des titres détenus par les assureurs vie se contracte et peut les mettre en porte à faux au regard des normes prudentielles qui leur sont imposées, mais aussi et surtout déclencher un effet de mouvement de panique chez les épargnants.

En réalité, mieux vaut ne pas céder à la panique. Dans le cas extrême où les détenteurs de fonds en euros viendraient à demander en masse le retrait des sommes actuellement placées sur des fonds en euros, le Haut Conseil à la Stabilité Financière (HCSF) possède une redoutable parade, en ce sens qu’il peut interdire tout retrait des fonds en euros pendant six mois.

Hormis cette possible entorse à la disponibilité des sommes placées, les fonds en euros ne présentent pas de risque particulier, si ce n’est celui de la faillite du gestionnaire et là encore des garde-fous protègent les épargnants et les éventuels dégâts subis à cette occasion.

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Avec ses 1861 milliards d’euros sous gestion à fin novembre dernier selon la Fédération des assureurs, l’assurance vie est de loin la pièce maitresse dans l’épargne financière des ménages. Du moins pour les 40% d’entre eux possédant un ou plusieurs contrats, selon l’Insee. A raison, car cette enveloppe répond par sa souplesse de fonctionnement – versements et retraits libres, pas de plafond, plusieurs contrats possibles – et son cadre fiscal clément, à tous les projets. Seul problème : son fonds en euros à capital garanti est nettement tombé sous le niveau de l’inflation.

Que faire, alors ? Remanier son assurance vie, tout simplement, quitte si besoin à changer de contrat. La méthode ? Un, faites résolument la chasse aux meilleurs fonds en euros, ceux qui permettent encore sur la durée de préserver le pouvoir d’achat de votre épargne. Deux, intéressez-vous à l’euro-croissance, une solution financière à risque modéré mais au réel potentiel de performance à moyen-long terme. Trois, diversifiez davantage votre épargne avec des fonds bien choisis et/ou de la pierre papier. Explications.

Les fonds en euros classiques qui résistent
Le fonds en euros est mort, évitez-le ! C’est le message envoyé par la majorité des assureurs depuis deux ans. En cause, son rendement au tapis, autour de 1,10% estimé, guère plus, pour 2021. Nul ne contestera le déclassement des fonds en euros, amplifié par le retour de l’inflation. Pour autant, faut-il tuer la poule aux œufs d’or ? Non, à double titre. Tout d’abord, soyez lucide : c’est encore le meilleur outil pour sécuriser un capital financier sans se heurter à un plafond de versement, comme sur les livrets réglementés.

Ensuite, l’écroulement des fonds en euros est loin d’être homogène sur le marché. Le taux moyen du marché précité est en réalité un remarquable trompe l’œil, masquant des rendements courant de 0,25 à 2,50% sur les 200 à 300 contrats en cours de commercialisation. Cet écart est tout sauf insignifiant, n’est-ce pas ? Répété sur la durée, il vaudra même son petit pesant d’euros par le jeu de la capitalisation et des intérêts composés.

Pour contrer l’inflation, il vous faut de toute évidence viser les fonds en euros les plus rentables sur la durée (voir notre sélection). Quels sont-ils, c’est toute la question ? En priorité, ciblez les contrats affichant chaque année un taux dans le haut du panier, sans imposer des conditions d’investissement sur les unités de compte (UC), c’est-à-dire sur des supports financiers sans garantie en capital. A ce jeu, les mutuelles d’assurances (AGPM, Garance, MACSF, MIF, Monceau Assurances, etc.) et les associations d’épargnants (Afer, Asac-Fapès) sont les mieux placées. Atout supplémentaire : ces contrats sont généralement pas ou peu chargés en frais sur les versements. Sachez aussi qu’au fond de la classe, les contrats bancaires sont tous (ou presque) passés sous les 1% de rendement, avec 2 à 4% de frais d’entrée pour saler la note.

Des solutions existent
D’autres solutions existent pour muscler son fonds en euros. Vous pouvez notamment sélectionner des assureurs pratiquant des bonus sur le rendement selon la part d’UC détenue. Axa, Suravenir (filiale du Crédit Mutuel Arkéa) ou encore Swiss Life sont alors de bonnes adresses, avec des bonus permettant de dépasser parfois les 2% de rendement. Restez toutefois conscient que sur la part investie en UC, outre des frais de gestion annuels élevés, vous pouvez voir votre capital baisser selon l’évolution des marchés boursier. Ce n’est pas tout, il existe aussi des fonds en euros qualifiés d’alternatifs, qui remplacent en grande partie les emprunts d’Etat, moteur principal des fonds en euros classiques, par davantage d’actions et/ou d’immobilier.

Certains jouent aussi les investissements thématiques, par exemple sur les infrastructures. Problème : les offres sont rares, comme chez Primonial, et il faudra aussi investir en parallèle sur des UC pour y accéder, donc prendre du risque. Est-ce conforme à votre situation et vos projets ? Des assureurs moins connus tels Spirica ou Apicil tendent enfin à développer des fonds en euros à garantie partielle, par exemple à 98% du capital investi. Objectif : tenir au moins 1% de rendement les prochaines années. Rien d’alléchant toutefois, face à une inflation au-dessus des 2%.

L’euro-croissance, une alternative à exploiter
Entre le fonds en euros classique sécurisé et les unités de compte (UC) non garanties, tirez donc la carte des fonds euro-croissance. De quoi s’agit-il ? D’un support financier dont la garantie en capital est valable uniquement au terme choisi au départ par l’épargnant. En échange de cette sécurité différée, l’assureur promet (sans garantir) plus de performance que sur les fonds en euros classiques dont la garantie en capital est, rappelons-le, permanente. L’offre est ensuite plus ou moins souple selon les établissements. Point commun, l’épargne reste disponible à tout moment par un retrait, mais avant le terme, vous récupérez votre capital à sa valeur de marché (en plus ou moins-value). Sinon, vous pourrez ou non choisir le niveau de garantie au terme (80 ou 100%) et la date d’échéance (8 à 40 ans).

Cette alternative au fonds en euros classique est-elle performante, à même de faire mieux que l’inflation ? Théoriquement, oui. « Le fait de ne pas avoir de garantie au jour le jour nous donne la capacité d’aller chercher de la performance de long terme via les actions – 20% d’investissement en moyenne et on peut aller jusqu’à 30% versus 5 ou 6% d’actions sur le fonds en euros classique – ce qui est très utile notamment dans le contexte de taux bas voir négatif que nous connaissons aujourd’hui », résume un assureur.

Dont acte ! Dans les faits, il faudra s’attendre à des performances volatiles selon les années, comme l’illustre le rendement moyen communiqué par la FFA : 0,1% en 2020, 6,5% en 2019, -3,5% en 2018, 3,4% en 2017. La performance pour 2021 aura sûrement été bonne (non connue à cette heure). Attention, ce taux moyen cache de grosses variations selon les offres. Surtout, contrairement aux fonds en euros classiques, les intérêts annuels ne viennent pas grossir le capital garanti !

À lire
Assurance vie / Fonds en euros : découvrez le classement des rendements 2021 !
Nous vous invitons à ne pas vous tromper d’idée sur l’euro-croissance. Toute sa construction tient dans le totem de la garantie en capital, si chère aux épargnants. Ce qui en fait un nouvel avatar du fonds en euros classique. Ne vous y fiez pas ! Que vaut en effet une garantie en capital à 20 ans par exemple, une fois l’inflation passée par là ? Miser sur l’euro-croissance, c’est davantage rechercher de la performance pour son épargne dans un cadre relativement sécurisé. Ce qui nécessite de disposer de temps devant soi, au moins 8 années.

Mais cet horizon n’est pas intangible. Si le fonds euro-croissance sur lequel vous avez investi affiche de bonnes performances, pourquoi ne pas y effectuer un retrait ou un arbitrage pour dégager une plus-value plutôt que d’attendre son terme. Bref, soyez fin stratège. Reste à dénicher une offre compétitive. Seule une poignée d’assureurs sont actifs sur ce marché, c’est regrettable. Certains ont même renoncé à prolonger une offre qu’il avait jadis promue, tels BNP Paribas (pourtant leader de ce marché), la Caisse d’Epargne, le Crédit Agricole ou l’Afer. Faites donc votre marché chez les assureurs engagés (voir notre sélection).

La diversification, seule solution durable
Le juge de paix d’un placement repose dans sa performance. A quel rythme votre capital va-t-il grossir avec une assurance vie ? Très lentement, si votre épargne est placée sur le fonds en euros. Avec 1% de rendement par an, il faut environ 72 ans pour doubler la valeur d’un capital ! Bonne nouvelle : dans une assurance vie (sauf cas de contrats uniquement en euros), vous pouvez mixer votre investissement avec des unités de compte (UC). Seules ces dernières pourront sur la durée vous donner des performances supérieures à l’inflation. Reste à ne pas vous perdre en chemin, tant l’assurance vie est devenue un supermarché financier, mettant à disposition des fonds actions et obligataires, des fonds indiciels (trackers), des options de gestion pilotée, des actions en direct, de la pierre papier, etc.

Quelle méthode suivre ? C’est simple, il s’agit de trouver le bon équilibre entre fonds en euros et UC, en fonction de votre profil d’épargnant et de vos projets (quel horizon ?). Ensuite, agissez de façon à rester en cohérence avec vos connaissances financières. Inutile de vouloir conduire un contrat tout terrain pour rouler uniquement en ville ensuite. Commencez par répartir votre épargne sur au moins trois supports (UC) différents en procédant à des versements réguliers pour lisser le risque. Trop compliqué ? Pourquoi ne pas vous rabattre sur des fonds indiciels pour suivre les marchés financiers, par exemple un fonds indexé sur l’évolution du CAC 40, qui sont moins chargés en frais et plus lisibles. Ou sur la gestion pilotée, qui consiste à donner les clés de votre capital à l’assureur ou à une société de gestion experte.

Diversification
En assurance vie, la diversification se vit tous azimuts. Les SCPI (sociétés civiles de placement immobilier) sont même devenues le fer de lance commercial de certains courtiers en ligne avec 20 à 30 solutions par contrat, profitez-en ! Avec environ 4% de rendement annuel net, difficile de trouver mieux pour un placement au risque maîtrisé ! Autre niche : les SCI (Sociétés civiles immobilières), qui ont rapporté entre 2 et 6% l’an dernier. Le tout avec un niveau de risque maitrisé (niveau 2 ou 3 sur 7 sur l’échelle des risques). Très bien, encore faut-il disposer d’un contrat suffisamment achalandé pour diversifier son épargne.

Est-ce votre cas ? A défaut, soyons clair, vous avez tout intérêt, sauf forte contre-indication fiscale (notamment passé 70 ans), à récupérer votre mise pour l’investir sur une assurance vie de bonne qualité (voir notre sélection). Deux piste valent d’être explorées en priorité. Si vous êtes un épargnant néophyte, tournez-vous vers des contrats simples, aux solutions limitées mais cohérentes et peu couteuses. A ce jeu, certaines mutuelles et associations d’épargnants tirent leur épingle du jeu. Si vous êtes plus avisé, tournez-vous vers des offres plus dodues, que l’on trouve chez les courtiers du Net à frais réduits, ou via les Conseillers en gestion de patrimoine indépendants, plus coûteuses mais avec (théoriquement) plus de suivi à la clé.

Assurance vie : ces milliards d’euros mis en réserve

Un trésor endormi… La provision pour participation aux bénéfices (PPB) des assureurs, réserve de richesses permettant de lisser les performances dans le temps, est en constante augmentation depuis dix ans. Elle atteint en moyenne, selon le dernier rapport de l’ACPR, pas moins de 5,4% des milliards d’euros déposés sur les contrats d’assurance vie.
D’un côté, une érosion sans fin. Depuis plusieurs années, les taux de rendement des fonds en euros de l’assurance vie sont en baisse. Les taux servis sur les supports euros se situent ainsi à 1,28% en moyenne sur le marché en 2021, le même rendement qu’en 2020. Une mauvaise nouvelle pour les épargnants, poussés à investir leur argent sur des unités de comptes (UC), des placements plus risqués mais qui ont l’avantage d’offrir (potentiellement) des rendements bien plus importants.

Des réserves en hausse constante depuis 10 ans
De l’autre côté, une courbe en hausse constante. Parallèlement à cette baisse des rémunérations des fonds en euros, les assureurs mettent chaque année de l’argent en réserve dans une poche de « stock de richesse » : la PPB (provision pour participation aux bénéfices). De l’argent envolé ? Non. Cette PPB, les assureurs sont contraints de la reverser aux épargnants au bout de 8 ans… tout en l’alimentant année après année. Face aux incertitudes économiques, les assureurs renforcent chaque année ces réserves : la PPB moyenne a augmenté en 2021 pour la 10ème année consécutive selon l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR).

Elle atteint même, fin 2021, 5,4% (contre 5,1% en 2020 et 4,7% en 2019), selon le dernier rapport de l’ACPR publié au mois de juillet. Cette réserve de richesse dépasse donc les 63 milliards d’euros : ce rapport se concentrant sur un seul pan du marché de l’assurance vie (1), ce chiffrage sous-estime même le poids global de la PPB.

PPB
Source : ACPR. Évolution des provisions pour participations aux bénéfices (PPB) en pourcentage des provisions d’assurance vie
Cet argent, mis en réserve par les compagnies d’assurance, est censé permettre de suivre les baisses et remontées des taux d’intérêt. Et ainsi de lisser les rendements des fonds en euros présents dans les contrats d’assurance vie d’année en année.

(1) Contrats « à dominante épargne et retraite individuelle » : 1 170 milliards d’euros. La fédération France Assureurs estime à 1 821 milliards d’euros l’ensemble du marché de l’assurance vie.

Chloé FERRERE
Après une licence à l’ESJ Paris puis un master 2 en journalisme à l’IICP, Chloé Ferrere s’est rapidement tournée vers le secteur financier. Après… Lire la suite

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© MoneyVox

Faut-il boycotter l’assurance vie et préférer le Livret A ?
Par Chloé FERREREP le vendredi 5 août 2022 à 07h00
Le taux du Livret A est passé à 2% au 1er août. C’est évidemment peu face à une inflation dépassant désormais 6%… Mais cela reste une bonne nouvelle pour les épargnants, qui pourraient hésiter à placer leur argent sur un fonds en euros dont le rendement moyen atteint 1,30% en 2021. Alors faut-il, oui ou non, boycotter l’assurance vie au profit du célèbre livret réglementé ?
Depuis lundi le 1er août, le taux de votre Livret A double et passe à 2%, net de tout impôt qui plus est ! Un rendement, certes en dessous du taux d’inflation mais qui vous fera sûrement hésiter à continuer à placer votre argent sur le fonds en euros de votre assurance vie. Alors fonds en euros ou livret réglementé ?

1 - Combien cela vous rapporte-t-il ?
Comme tous les Français qui placent leur argent sur un produit d’épargne, le premier moteur de ce choix, c’est le rendement. Avec, d’un côté, 2% sur votre Livret A ou autre LDDS et, en moyenne, 1,30% (en 2021) sur votre fonds garanti en capital de votre contrat d’assurance vie, le calcul est vite fait ! Mais, pour l’année 2022, la différence n’est pas si flagrante.

Le Livret A vous rapportera dès le 1er août 2% d’intérêts, calculés à la quinzaine. Cependant, il est utile de rappeler qu’entre le 1er janvier et le 1er février, le taux s’élevait à 0,5% puis 1% jusqu’au 1er août. Ce qui fait en réalité un taux annuel… à 1,375%.

Votre fonds en euros vous rapporte en moyenne 1,3% d’intérêts sur l’année. Un taux net de frais de gestion auquel vous devrez toutefois retirer 17,2% de prélèvements sociaux.

En plaçant 10 000 euros sur votre Livret A à un taux annuel moyen d’1,375%, vous percevrez 137,50 euros d’intérêts. En plaçant cette somme sur le fonds en euros de votre assurance vie, vous percevrez 130 euros d’intérêts auxquels vous retirez 17,2% (soit 22,36 euros). Vous n’aurez plus que 107,64 euros dans votre poche.

Si le Livret A reste plus intéressant, la différence n’est pas aussi importante que ce que l’on pourrait croire au départ. « Le taux directeur des marchés de l’épargne c’est le taux du Livret A. L’augmentation du taux des livrets réglementés, qui va se poursuivre en 2023, va doper les rendements de l’assurance vie. Cela se fera petit à petit pour atteindre 1,7% voire 1,9%. Ce ne sera jamais autant que le Livret A mais l’écart se réduira », analyse Cyril Blesson, associé au sein du cabinet spécialisé PAIR Conseil.

Victoire (de justesse) pour le Livret A.

2 - Combien pouvez-vous déposer d’argent ?
Comme vous le savez, le Livret A est plafonné à 22 950 euros et vous ne pouvez en ouvrir qu’un seul. Vous ne pouvez donc placer que 22 950 euros au maximum, seuls les intérêts générés s’ajouteront à partir du moment où le plafond est atteint.

Sur votre contrat d’assurance vie, vous pouvez placer autant d’argent que vous le souhaitez et sur autant de contrats que vous désirez.

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« L’augmentation du taux du Livret A va doper la collecte des livrets réglementés mais elle risque d’être freinée par les plafonds », souligne Cyril Blesson.

Victoire de l’assurance vie.

3 - Où pouvez-vous diversifier les risques et les investissements ?
Le fonds en euros représente bien souvent une partie seulement de vos investissements en assurance vie. Les derniers chiffres de France Assureurs le confirment. Si la collecte nette pour les fonds en euros est en baisse (-8,8 millards d’euros sur les six premiers mois de l’année), celle des unités de compte atteint 20,9 milliards. A titre de comparaison, le Livret A enregistre une collecte nette de 16,5 milliards d’euros au cours du premier semestre 2022.

Les Français, poussés souvent par les compagnies d’assurance, prennent de plus en plus de risques pour obtenir des rendements plus importants. Placer sur une assurance vie permet de jongler plus facilement sur les différents supports d’unités de compte et de sécuriser les plus-values sur le fonds en euros. Difficile, dans ces conditions, de comparer un livret et l’assurance vie, plus complexe et permettant de prendre des risques pour un projet d’épargne à moyen ou long terme.

Victoire de l’assurance vie.

4 - Où votre argent est-il le plus accessible ?
Que ce soit sur votre Livret A ou sur le fonds euros de votre contrat d’assurance vie, vous avez la possibilité de retirer votre argent dès que vous en avez besoin. Mais une différence subsiste. Quand pour le Livret A, vous ne devez faire qu’un simple virement qui arrivera dans l’heure sur votre compte courant, pour l’assurance vie c’est une autre paire de manches. Vous devrez faire la demande à votre assureur qui versera ensuite les sommes dans un délai allant de 2 à 10 jours.

Victoire du Livret A.

5 - Les frais : quel produit coûte plus cher ?
Ouvrir, alimenter, retirer ou clôturer votre Livret A : toutes ces opérations sont gratuites. Concernant l’assurance vie, ce n’est pas le cas : frais d’adhésion, d’entrée ou sur versement, frais de gestion, d’arbitrage, majoration pour gestion pilotée, frais de rente… Si ces opérations sont plus ou moins onéreuses selon votre assureur, il est désormais facile d’y avoir accès pour pouvoir les négocier. Pour cela, référez vous au tableau récapitulatif des frais, accessible sur les sites des distributeurs depuis le 1er juin.

Victoire du Livret A.

Résultat… Pourquoi choisir ?
L’augmentation du taux du Livret A et des autres livrets réglementés bien que bienvenue n’est pas une raison suffisante pour boycotter l’assurance vie et notamment le fonds en euros. D’autant que le fonds en euros n’est qu’un support parmi d’autres au sein d’un contrat d’assurance vie. Contrat qui vise divers objectifs : préparer la retraite, la succession, l’épargne à moyen terme… Alors que le Livret A reste un support d’épargne de précaution.

Si l’un comme l’autre ont des avantages certains, le mieux est de les combiner. Et si vous avez la possibilité de placer jusqu’à 22 950 euros sur un Livret A, c’est que vous n’avez pas besoin de rapatrier cet argent sur votre compte courant toutes les semaines… Il serait donc judicieux de garder une partie de cette épargne accessible sur votre Livret A, mais de continuer à alimenter votre assurance vie (fonds en euros ou un autre support) en parallèle.

Chloé FERRERE
Après une licence à l’ESJ Paris puis un master 2 en journalisme à l’IICP,

Assurance vie : “Le rendement moyen des fonds euros pourrait doubler en 2022”

La rémunération du support garanti de l’assurance vie devrait grimper cette année sous l’effet de la hausse des taux des obligations d’État et de l’utilisation des réserves des assureurs, selon Cyrille Chartier-Kastler, fondateur du prescripteur indépendant d’assurances Good Value for Money.

Par Thibaut LAMY
Journaliste placements, patrimoine
Publié le 09/08/2022 à 17h48 & mis à jour le 10/08/2022 à 11h14
Capital : Quelle est la conséquence de la remontée actuelle des taux des obligations souveraines sur le fonds euros ?

Cyrille Chartier-Kastler, fondateur de Good Value for Money : Les différentes banques centrales sont en effet en train de remonter leur taux. Le rendement de l’Obligation assimilable du trésor (OAT) à 10 ans de la France était par exemple à 2,35% le 16 juin dernier (contre 0,01% en moyenne en 2021, selon Good Value for Money). Toute la question est ici de savoir si nous n’allons pas assister à ce que j’appelle le syndrôme de la grenouille, avec une remontée trop brutale des taux.

Pendant de longs mois, l’OAT à 10 ans (dont les fonds euros sont très friands, ndlr) a été en territoire négatif. Bien évidemment, quand elle commence à remonter à 0,50% ou à 1%, cela devient beaucoup plus confortable pour les compagnies d’assurance. D’autant qu’en moyenne, elles achètent à un taux 0,75 point supérieur à celui de l’OAT à 10 ans. Ainsi, lorsque l’OAT est à 1,35%, les compagnies achètent à un taux de 2,10%, ce qui est supérieur au rendement courant de leur actif général, de l’ordre de 1,75% en moyenne. Dans ce contexte, les assureurs augmentent donc progressivement le rendement de leurs actifs généraux.

Capital : Une augmentation trop rapide des taux pourrait-elle être une menace pour le fonds euros ?

Cyrille Chartier-Kastler : Avec une OAT à un taux de 2,50%, voire 2,75%, il y aurait le risque de désinvestissement sur le fonds en euros au profit d’autres placements. On constaterait notamment un écart très fort entre le rendement des fonds en euros et celui du Livret A (basé sur l’inflation et, donc, sur l’évolution des taux, ndlr). Enfin, rien n’empêcherait les Assets managers (gérants d’actifs) de lancer des paniers d’émissions obligataires corporate (d’entreprise, ndlr) avec des rendements de 3% à 4%.

Or il est évident que les compagnies qui ont acheté l’an passé des OAT à des taux de -0,25%, 0% ou 0,25% seront en situation de moins-value. Certes, les assureurs conservent généralement leurs obligations jusqu’à leur terme. Mais ces moins-values se concrétiseraient uniquement si les compagnies étaient forcées de vendre des obligations face aux demandes de rachats des épargnants.

Mais il n’y a pour le moment pas péril en la demeure. Beaucoup d’assureurs ont été prudents en choisissant de ne pas acheter des obligations à taux négatif en 2021.

Capital : Les compagnies sont-elles pour autant à l’abri de retraits massifs des épargnants ?

Cyrille Chartier-Kastler : Toute l’incertitude concerne les mouvements psychologiques qui pourraient avoir lieu prochainement. Si les épargnants se disent que le fonds en euros ne rapporte plus rien, que l’inflation est durablement haute et que les taux d’intérêt remontent, les compagnies pourraient avoir besoin de réguler les sorties. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Sur les six premiers mois de l’année, la décollecte atteint 8,8 milliards d’euros sur le fonds euros. Une décollecte plus importante pourrait avoir lieu à l’automne si le taux de l’OAT venait encore à augmenter. Même risque si, après la publication des taux 2022, l’épargnant, déçu du rendement de son assurance vie, décide d’en sortir.

Capital : Mais les rendements servis ne vont-ils pas fortement augmenter ?

Cyrille Chartier-Kastler : Il faut savoir que, globalement, les OAT sont achetées sur une durée de 8 ans. Le temps que la hausse des taux se répercute sur le rendement des actifs généraux est très long. Le fonds en euros est très bien adapté pour un contexte de taux d’intérêt qui baissent, sous réserve qu’ils ne passent pas en territoire négatif. Ces conditions ont été remplies pendant 30 à 50 ans. Le fonds en euros servait alors un rendement généré par les obligations achetées les 8 dernières années avec des taux d’intérêt plus élevés. Une situation bénie pour les assureurs.

Dans le contexte actuel où les taux augmentent, les compagnies ne peuvent pas rattraper le mouvement de hausse, mais seulement courir après en croisant les doigts pour que les épargnants ne se disent pas qu’ils ont intérêt à sortir du fonds en euros.

Capital : Les assureurs devraient donc envoyer un message sur leurs taux 2022…

Cyrille Chartier-Kastler : Les assureurs vont agir en ordre totalement dispersé. Il y a autant de situations différentes que de compagnies et de fonds en euros. Les compagnies qui ont aujourd’hui des fonds propres en excédent, une provision pour participation aux bénéfices (PPB, réserves à reverser dans les huit années suivantes, ndlr) de 6 à 7% et beaucoup de placements immobiliers dans leur fonds en euros peuvent gérer la montée des taux d’intérêt tranquillement. Il y a, rappelons-le, des actifs généraux qui rapportent aujourd’hui 3%.

C’est exactement l’inverse pour des portefeuilles avec très peu de PPB, qui sont justes en termes de fonds propres et éprouvent donc des difficultés à se diversifier en actions, en immobilier, ou dans des obligations corporate bien notées. Les assureurs ne sont donc pas du tout égaux par rapport à la remontée des taux.

Capital : Quelles sont, alors, vos prévisions pour le fonds euros pour 2022 ?

Cyrille Chartier-Kastler : Notre anticipation de rendement moyen pour les fonds en euros classiques de contrats d’assurance vie individuels se situe dans une fourchette allant de 1,80 à 2%, voire 2,20%. Un doublement du taux moyen est donc possible, puisqu’à fin 2021, ce taux était de 1,08%. Outre la remontée des taux obligataires favorable aux rendements, certains assureurs pourraient décider d’utiliser leurs provisions pour participation aux bénéfices afin de soutenir la performance et annoncer des taux de l’ordre de 2,10% ou 2,20%. Symboliquement, beaucoup d’assureurs vont faire le choix de servir au moins le taux du Livret A (actuellement fixé à 2%). Ce qui, au passage, est trompeur car il y a les prélèvements sociaux et potentiellement les frais à l’entrée à supporter sur le support garanti
Les bancassureurs, qui ont offert une rémunération moyenne de 0,98% l’an passé, avec des taux parfois à 0,50% ou 0,35% sur leurs vieux contrats, n’augmenteront, eux, pas leurs taux à 2%. Cela va donc vraiment être le grand écart.

Capital : Au vu de l’inflation notamment, les épargnants ont-ils vraiment intérêt à rester sur le fonds euros ?

Cyrille Chartier-Kastler : Le fonds en euros va avoir un rendement net de frais, de prélèvements sociaux et d’inflation fortement négatif en 2022. Dans ce contexte, il peut être intéressant d’en sortir et d’investir dans des produits qui résistent bien à l’inflation, à savoir les actions et l’immobilier. C’est possible avec l’assurance vie, au travers des unités de compte, mais avec des frais élevés. Il vaut mieux, pour ce faire, privilégier un compte-titres ou un plan d’épargne en actions (PEA).

Assurance vie : pourquoi les épargnants vont récupérer une partie de leur rendement en 2022
En 2022, les assureurs vont devoir piocher dans les réserves constituées ces 10 dernières années pour doper le rendement de leurs fonds euros. Une nécessité, au vu de la hausse des taux, qui rend le support à capital garanti encore moins attractif.

Par Thibaut LAMY
Journaliste placements, patrimoine
Publié le 06/09/2022 à 17h04 & mis à jour le 07/09/2022 à 9h15
L’équation n’est pas simple à résoudre pour les assureurs. Confrontés de longue date à l’érosion du rendement du fonds euros de l’assurance vie liée à la faiblesse des taux obligataires, ils doivent depuis quelques mois faire face à un phénomène encore plus pénalisant. À savoir la remontée - brutale - de ces mêmes taux. Une bonne nouvelle, à première vue, pour la performance du support à capital garanti d’une assurance vie classique (hors plan d’épargne retraite, fonds immobiliers et dynamiques), limitée à 1,08%* brut en moyenne en 2021. Mais seulement de prime abord. Car lestés par les obligations anciennement souscrites, notamment l’an passé où leurs taux ont atteint un plancher (0,01% en moyenne pour l’OAT, l’obligation à 10 ans de l’Etat français), les fonds euros ne verront leur rémunération augmenter que très légèrement. En effet, seulement un huitième des obligations en portefeuille est en moyenne renouvelé chaque année.

Des retraits élevés sur le fonds euros
Dans ces conditions, les compagnies d’assurance ne peuvent donc que “courir après” la remontée des taux, sans jamais pouvoir l’atteindre. Et alors, direz-vous ? Les souscripteurs ont désormais bien intégré la faiblesse des rendements sur le fonds euros et se tournent de plus en plus vers les unités de compte (UC), les supports risqués de l’assurance vie, bien plus rémunérateurs. Ainsi, à fin juillet 2022, les cotisations nettes (versements - retraits et décès) sur les UC ont atteint 23,4 milliards d’euros, un record, quand celles sur le fonds euros se sont très profondément inscrites dans le rouge, à -10,5 milliards d’euros.

Mais ces retraits pourraient encore prendre de l’ampleur au cours des prochains mois avec la concurrence accrue du Livret A, et son rendement net affiché à 2% depuis le 1er août, à peine plus de 1% pour les contrats d’assurance vie “classiques”, avant prélèvements sociaux de 17,2%. “Et l’épargnant peut très bien choisir de capter tout de suite les nouveaux rendements obligataires en souscrivant des fonds avec obligations à échéance qui se développent de plus en plus”, ajoute Cyrille Chartier-Kastler, fondateur du prescripteur indépendant d’assurances Good Value for Money. Le taux de l’OAT à 10 ans, supérieur à 2,15% début septembre, peut ainsi faire miroiter aux épargnants des rendements bien plus attractifs que le fonds euros de leur assureur, d’autant que les obligations corporate (d’entreprises) qui constituent ses fonds offrent des coupons plus élevés encore. D’où le risque de voir les rachats sur les contrats d’assurance vie se multiplier, forçant les assureurs à céder leurs obligations les moins rentables et à acter des moins-values pour rembourser les assurés.

“Les assureurs n’ont pas le choix”
Avec cette concurrence accrue, “les assureurs n’ont pas le choix. Ils doivent fournir un taux acceptable et compréhensible par les Français pour éviter une forte décollecte sur le fonds euros”, tranche Cyrille Chartier-Kastler.

Mais comment ? Pour l’expert, outre la qualité de la gestion de l’assureur et la concrétisation d’éventuelles plus-values latentes, qu’elles soient en actions ou immobilières, une solution principale existe. “Les assureurs vont piocher dans la provision pour participation aux bénéfices (PPB, ndlr) constituée”, avance-t-il. Pour rappel, cette PPB n’est autre qu’une partie du rendement du fonds euros mis de côté chaque année par les assureurs pour pouvoir faire face aux périodes de vaches maigres. Une réserve, en quelque sorte, qui doit être restituée aux épargnants au plus tard huit années après le provisionnement… même si un assureur a tout loisir de rembourser cette “vieille” PPB tout en l’augmentant dans le même temps en prélevant plus sur le rendement du fonds euros qu’il ne restitue aux épargnants.

Un vrai trésor de guerre
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ces réserves ont considérablement gonflé au fil des dernières années. Ainsi, au 31 décembre 2021, elles atteignaient un total de 70,6 milliards d’euros, pour représenter 5,05% de l’encours total des fonds euros. Soit près de cinq années de rendement.

Une manne providentielle que les assureurs devraient mobiliser fortement en 2022, selon Cyrille Chartier-Kastler. Le fondateur de Good Value for Money anticipe un scénario dans lequel, contrairement à 2021 où les assureurs avaient augmenté leur PPB de 0,5 point de rendement en moyenne, ces derniers n’y verseraient rien. Bien au contraire, même, puisqu’ils y piocheraient à hauteur de 0,4 point de performance. Au total, l’expert évalue le coup de pouce au rendement du fonds euros à 0,70%. De quoi faire grimper la rémunération du fonds euros en direction des 2%.

Mais qui, précisément, va profiter du reversement de la provision pour participation aux bénéfices ? “Les assureurs vont envoyer un signe assez significatif pour les contrats sur lesquels ils collectent le plus”, prédit Cyrille Chartier-Kastler, leur objectif étant de collecter un maximum pour profiter de la remontée des taux en souscrivant des obligations rémunératrices dans les prochains mois. Les détenteurs de ces “contrats phares” bénéficieront donc à plein de ce changement de paradigme, avec des taux qui pourraient dépasser les 2%. Soit bien plus qu’actuellement.