****Les trackers plus forts que les gérants ? ****
Le regain d’instabilité des marchés financiers depuis janvier relance le débat entre gestion traditionnelle et fonds indiciels.
Par Le Revenu Publié le 03/03/2016
Sur longue période, les fonds indiciels cotés dépassent souvent les performances des fonds gérés en direct. À moins de faire confiance aux meilleurs professionnels.
L’essor des trackers peut-il s’essouffler ? Ces fonds indiciels cotés, aussi appelés ETF (Ex¬changed Traded Funds), reproduisent la performance des grands indices boursiers. Ils poursuivent leur développement ininterrompu depuis une quinzaine d’années.
Succès grandissant des ETF
En progression régulière, la pondération de cette gestion dite «passive» dans l’ensemble de la gestion collective reste toutefois encore limitée. Les trackers ne représentaient en effet que 3,7% du volume total des encours de sicav et FCP gérés en Europe en 2015, après 3,1% en 2013 et 3,3% en 2014.
Quand les marchés sont orientés à la hausse, les adeptes des ETF jugent qu’il est difficile d’afficher de meilleures performances que celles des indices. L’audace des stratégies d’investissement originales ne serait, selon eux, pas assez récompensée.
Bien entendu, c’est une opinion que contestent les gérants de conviction, partisans, eux, d’une gestion dite «active» et adep¬tes de la sélection individuelle de valeurs, le fameux stock-picking des Anglo-Saxons, en d’autres termes une stratégie qui ne s’encombrerait d’aucun indicateur de marché.
Or, depuis la fin de l’été 2011, c’est-à-dire du terme de la crise de la zone euro, jusqu’à la fin 2015, les marchés d’actions ont été plutôt orientés à la hausse. Les gérants dits «actifs» ont donc eu plus de difficultés à «faire mieux que le marché», particulièrement aux États-Unis, comme le montre l’enquête annuelle de S&P Dow Jones.
Les frais font la différence
Dans un tel environnement, les trackers offrent des atouts indéniables. Ils se négocient comme des actions et réduisent les frais de gestion, souvent autour de 0,3% en moyenne, voire 0,2%, pour un particulier, à comparer à plus de 1,8% pour une sicav ou un FCP, dans le meilleur des cas. Les trackers ne comportent ni frais d’entrée ni frais de sortie, alors que c’est souvent une caractéristique – devenue parfois négociable – des fonds classi¬ques, qui peuvent, en outre, prévoir des commissions de surperformance.
Certes, la fourchette entre l’achat et la vente des parts de trackers vient parfois amoindrir cette réduction de coût, en renchérissant les frais d’exécution, mais les tarifs de négociation des trackers n’en restent pas moins avantageux.
En est-il de même lorsque la Bourse suit une piste baissière ? Les gérants de conviction revendiquent, dans ces cas-là, de meilleures performances parce qu’ils mettent en avant leur réactivité, ou leur capacité à identifier les bonnes valeurs pour le long terme. Les partisans des trackers mettent, eux, en avant la diversité des fonds – trackers inverses gagnants dans la baisse ou trackers «intelligents» qui optimisent la réplication d’indices.
Quoi qu’il en soit, sur longue période, les performances de la gestion dite active s’avèrent extrêmement décevantes dans l’ensemble, aussi bien aux États-Unis qu’en Europe, selon l’étude conduite chaque année par S&P Dow Jones. Et plus la période d’observation est longue et moins le nombre de fonds gérés activement et affichant des performances meilleures que leur indice de référence est élevé. Par conséquent, oui, les bons gérants peuvent battre leur indice de référence, mais à long terme, ils ne sont pas nombreux.
Les ETF, un outil tactique
Les professionnels que sont les investisseurs institutionnels (assureurs, caisses de retraite, instituts de prévoyance) ont d’ailleurs bien compris les avantages qu’ils pouvaient tirer du recours tactique aux trackers. Ils mettent en avant la modicité des frais de gestion des ETF, mais aussi leur plus grande souplesse d’utilisation comparée aux fonds traditionnels.
Faire l’éloge sans nuances des trackers serait toutefois malvenu, car ils ne sont pas exempts de défauts. Derrière leur apparente simplicité se cachent aussi d’incontestables facteurs de fragilité potentielle.** La taille des encours des trackers n’est pas le moindre. Le Revenu a d’ailleurs toujours marqué sa préférence pour les ETF dont les volumes d’échanges sont suffisants pour préserver une liquidité permanente.**
Nous préférons aussi les ETF dits «physiques», aux trackers «synthétiques». Les premiers répliquent un indice de marché d’actions, d’obligations ou de matières premières à l’aide d’un panier de titres bien réels. Les seconds utilisent des instruments financiers, en particulier des contrats d’échange, pour reproduire l’évolution d’un indice de référence. Lors du krach boursier de 2008, la mécanique complexe des ETF synthé¬tiques a déjà donné des sueurs froides aux investisseurs.
**Les trackers «intelligents» **
Les détracteurs de la gestion indicielle dénoncent, à juste titre, les limites de cette forme d’investissement, qui a d’ailleurs dû inventer de nouveaux types de fonds cotés pour offrir autre chose que la pure réplication d’indices. Les stratégies dites «intelligentes» (smart beta) con¬naissent un succès grandissant. Ces ETF cherchent à éviter de se fonder sur la seule capitalisation boursière des sociétés cotées, qui est le défaut majeur des indices.
Dans cet univers foisonnant de la gestion indicielle «intelligente», **Lyxor distingue ainsi trois sous-groupes, le premier d’entre eux rassemblant les stratégies fondées sur la volatilité. **L’objectif est alors d’identifier les actions dont les cours sont les moins fluctuants de la cote, cel¬les dont la performance boursière serait, par conséquent, plus régulière.
Le deuxième sous-ensemble englobe les stratégies fondamentales, axées, elles, sur le rôle économique de l’entreprise, apprécié notamment par le respect de certains ratios comptables (rentabilité, endettement, etc.). Enfin, il existe des trackers privilégiant un facteur d’investissement, par exemple, les sociétés distribuant de généreux dividendes, gage d’une meilleure performance des actions sur longue période, comme l’ont montré de nombreux travaux de recherche.
Une combinaison optimale
Et si, pour l’épargnant, la meilleure voie à suivre consistait, non pas à opposer de façon irréductible ces deux types de gestion d’actions, mais à les rendre complémentaires ? Pourquoi d’ailleurs se priver de placements qui permettent d’avoir accès à des marchés boursiers pour lesquels l’achat d’actions en direct s’avère complexe, faute d’un flux d’informations régulier et d’une ¬enveloppe fiscale favorable ? Il existe, en effet, des fonds indexés sur les évolutions des Bourses des pays émergents (Chine, Brésil, etc.).
Ces placements sont même, pour certains, éligibles au Plan d’épargne en actions (PEA) et à ses grands avantages fiscaux. Pour l’instant, ces marchés-là sont, il est vrai, tombés en disgrâce. Mais des investisseurs audacieux et surtout patients pourraient trouver opportun de s’y intéresser, grâce à de tels trackers.
Autre voie possible, sachant qu’un fonds actif de qualité est piloté par un stratège permanent – son gérant – alors qu’un portefeuille de trackers exige des arbitrages tactiques que l’épargnant doit assurer lui-même ou déléguer à un conseiller. Certains, comme Régis Yan¬covici d’ETFinances ou Jean Gouyet, de Cydias, se sont, en effet, spécialisés dans cette approche de portefeuilles entièrement composés de fonds indiciels cotés.
En cette période boursière délicate, Le Revenu propose donc une sélection diversifiée de trackers, éligibles au PEA, couvrant les grandes zones géographiques et les thèmes porteurs à moyen terme. Elle permettra d’encadrer de façon tactique notre sélection de dix fonds de gérants de conviction, déjà primés, pour plusieurs d’entre eux, par Le Revenu.
http://www.lerevenu.com/placements/les-trackers-plus-forts-que-les-gerants