Energies renouvelables et environnement

Parc éolien de Fécamp : un géant aux pieds de béton prévu en 2023

En pleine mer, les 71 Ă©oliennes du parc offshore de FĂ©camp s’insĂ©reront dans de gigantesques cĂŽnes de bĂ©ton, chacun pesant le poids de la tour Eiffel. C’est la premiĂšre fois au monde que cette technologie, dite de fondations gravitaires, est employĂ©e Ă  cette Ă©chelle.

Le chantier en met plein les yeux. Pour un peu, il volerait la vedette aux mĂ©ga porte-conteneurs qui accostent Ă  quelques encablures de lĂ  et auxquels il n’a rien Ă  envier en termes de gigantisme. Bienvenue sur le quai de Bougainville au Havre, oĂč un consortium europĂ©en emmenĂ© par Bouygues construit des cĂŽnes de bĂ©ton quasi pharaoniques : les fondations gravitaires des 71 futures Ă©oliennes du parc offshore de FĂ©camp.
Ces cĂŽnes culmineront Ă  une cinquantaine de mĂštres de haut pour un poids unitaire de 5.000 tonnes - autant que la tour Eiffel - et un diamĂštre Ă  la base de 31 mĂštres. Chacun sera surmontĂ© d’une sorte de bague en mĂ©tal, top ring dans le jargon, qui enserrera le mĂąt de l’éolienne et abritera les Ă©quipements Ă©lectriques nĂ©cessaires Ă  l’exportation de sa production.

MalgrĂ© la pandĂ©mie, le calendrier n’a pas dĂ©rapĂ©. LancĂ© il y a un peu plus d’un an, le chantier havrais oĂč s’affairent quotidiennement 600 techniciens et ingĂ©nieurs (jusqu’à 1.000 en pĂ©riode de pointe) doit s’achever l’étĂ© prochain. Les 71 embases coniques seront ensuite acheminĂ©es trois par trois sur des barges puis ballastĂ©es et immergĂ©es par le groupe italien Saipem, spĂ©cialiste des recherches pĂ©troliĂšres. Elles reposeront sur un lit de gravier amĂ©nagĂ© au prĂ©alable par le hollandais Boskalis, troisiĂšme membre du consortium.
Leurs impacts sur les activitĂ©s de pĂȘche devraient ĂȘtre « plutĂŽt bĂ©nĂ©fiques » Ă  Ă©couter les reprĂ©sentants d’EDF. « Outre le bruit moindre lors de leur installation, nous avons constatĂ© un effet rĂ©cif au pied du mĂąt de mesure installĂ© depuis 2015 qui est Ă©quipĂ© du mĂȘme type de fondations », assure Bertrand Allanic. Un homard et plusieurs espĂšces de poissons auraient Ă©tĂ© observĂ©s dans ses anfractuositĂ©s.

Rendez-vous en 2023

Quant aux Ă©oliennes proprement dites, elles seront fabriquĂ©es dans la future usine Siemens Gamesa du Havre dont la mise en service est programmĂ©e dans les prochaines semaines. AprĂšs avoir Ă©tĂ© prĂ©-assemblĂ©es dans le port de Cherbourg, elles rejoindront leurs fondations dans le courant de l’étĂ© 2023, leur raccordement au rĂ©seau devant intervenir au deuxiĂšme semestre de la mĂȘme annĂ©e. Date Ă  partir de laquelle le parc fournira l’équivalent de la consommation domestique de 770.000 foyers.
En attendant, les pro-Ă©oliens fĂ©campois rĂȘvent dĂ©jĂ  Ă  l’implantation d’un second parc au voisinage du premier. Cela n’a rien d’hypothĂ©tique. Rappelons que cette zone trĂšs venteuse faisait partie de celles envisagĂ©es par l’État pour l’installation du neuviĂšme parc français. Finalement Ă©cartĂ©e au profit de celle du Centre Manche (au large de Barfleur), elle pourrait revenir dans le jeu si la promesse d’Emmanuel Macron de construire cinquante parcs Ă©oliens marins d’ici 2050 est tenue.
Sur la base de maintenance flambant neuve, qui vient d’ĂȘtre inaugurĂ©e sur le port de FĂ©camp, on ne demanderait pas mieux.

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:recycle: Transition énergétique : ce qui différencie Carmignac

Publié le vendredi 17 juin 2022
La transition Ă©nergĂ©tique fait la une de l’actualitĂ©. Michel Wiskirski, expert en transition Ă©nergĂ©tique chez Carmignac, rĂ©pond Ă  quelques interrogations Ă  ce sujet.

Quel rÎle joue le secteur des minerais et des métaux dans la transition énergétique ?

Michel Wiskirski :
Le secteur des minerais et mĂ©taux est au cƓur de la lutte contre le changement climatique. Il est trĂšs important de comprendre que, par nature, la transition Ă©nergĂ©tique consomme beaucoup de minerais et de mĂ©taux. Pour faire simple, il n’y aura pas de transition Ă©nergĂ©tique sans matiĂšres premiĂšres. Et, au-delĂ , une croissance soutenue des Ă©nergies renouvelables va nĂ©cessiter un dĂ©veloppement quasi-exponentiel de la consommation de mĂ©taux et de l’activitĂ© miniĂšre.

Quels besoins entraßnerait un développement accru des véhicules électriques ?

Michel Wiskirski :
Dans le cas des voitures traditionnelles fonctionnant avec un moteur thermique, l’un des premiers objectifs de la lutte contre le changement climatique fut de rĂ©duire les Ă©missions de dioxyde de carbone et de particules fines. Pour ce faire, il a fallu amĂ©liorer les pots catalytiques. En termes de mĂ©taux et d’extraction miniĂšre, cela supposait d’utiliser des quantitĂ©s bien supĂ©rieures de palladium et de platine.

Une voiture Ă©lectrique utilise cinq fois plus de minerais qu’un vĂ©hicule traditionnel. Les moteurs Ă©lectriques consomment Ă©normĂ©ment de cuivre. Les chiffres parlent d’eux-mĂȘmes : une automobile thermique standard contient environ 25 kg de cuivre, alors qu’une voiture Ă©lectrique en requiert en moyenne trois Ă  quatre fois plus, soit environ 85 kg. Sans oublier les stations de recharge dont les cĂąbles d’alimentation vont reprĂ©senter une autre source de demande de cuivre.

Pour vous donner une idĂ©e, on prĂ©voit une explosion de la demande de cuivre liĂ©e aux vĂ©hicules Ă©lectriques, de 600 000 tonnes en 2021 Ă  environ 2,9 millions de tonnes d’ici Ă  2030. Et d’oĂč vient ce cuivre ? De l’industrie miniĂšre.

Investir dans les Ă©nergies renouvelables, est-ce suffisant pour atteindre l’objectif de neutralitĂ© carbone que l’Union europĂ©enne s’est fixĂ©e pour 2050 ?

Michel Wiskirski :
Les Ă©nergies renouvelables reprĂ©sentent une solution de long terme pour rĂ©duire les Ă©missions de CO2, mais elles ne peuvent rĂ©soudre qu’une partie du problĂšme. Vous ne pouvez pas vous contenter de fermer les yeux et d’investir dans les Ă©nergies renouvelables, en espĂ©rant que les Ă©missions vont diminuer au fil du temps. C’est l’inverse qui va se passer. De plus, si les Ă©nergies renouvelables reprĂ©sentent une solution de long terme pour rĂ©duire les Ă©missions, elles alimentent aussi le problĂšme.

En effet, le dĂ©veloppement des sources d’énergie renouvelable crĂ©e des Ă©missions supplĂ©mentaires. Ces derniĂšres annĂ©es, la production de gigawatts par les centrales photovoltaĂŻques et par les parcs Ă©oliens a accru – et non rĂ©duit – les Ă©missions de CO2. Nous nous sommes mis Ă  fonctionner avec deux systĂšmes Ă  coĂ»ts fixes, c’est-Ă -dire deux systĂšmes qui Ă©mettent plus que par le passĂ©. Nous avons produit davantage d’énergie en augmentant nos capacitĂ©s.

Que devons-nous faire alors, en tant qu’investisseurs, pour contribuer Ă  la transition Ă©nergĂ©tique ?

Michel Wiskirski :
Si nous voulons réduire trÚs nettement les émissions de CO2 en étant le plus efficaces possible, nous devons agir sur les deux tableaux : en finançant non seulement les entreprises qui produisent des énergies renouvelables mais aussi les compagnies miniÚres et pétroliÚres diversifiées.

GrĂące Ă  nos investissements, nous encouragerons ces derniĂšres Ă  s’affirmer comme des acteurs majeurs de l’énergie, mais avec une meilleure empreinte carbone. Les poids lourds du secteur doivent rĂ©duire leurs Ă©missions et s’acheminer vers la neutralitĂ© carbone en investissant dans les Ă©nergies solaire et Ă©olienne, en dĂ©veloppant les biocarburants, les dispositifs de capture du CO2, l’hydrogĂšne vert, etc.

Les grandes compagnies miniĂšres et pĂ©troliĂšres auront un impact considĂ©rable si elles prennent des mesures pour rĂ©duire leur intensitĂ© carbone. Les exclure serait une lourde erreur, car nous laisserions ainsi Ă©chapper l’occasion d’influencer leur comportement.

Vous pensez donc qu’il est justifiĂ© d’investir dans les entreprises en transition, malgrĂ© toutes les controverses dont elles font l’objet ? N’est-ce pas contraire Ă  vos principes d’investissement responsable ?

Michel Wiskirski :
C’est lĂ  que nous nous diffĂ©rencions, chez Carmignac. PlutĂŽt que de nous limiter aux « meilleurs Ă©lĂšves », ceux qui n’émettent pas de CO2 ou trĂšs peu, nous nous intĂ©ressons aussi aux entreprises ayant le potentiel le plus Ă©levĂ© en matiĂšre de rĂ©duction d’émissions de CO2, y compris donc celles issues des secteurs les plus polluants. Autrement dit, nous investissons non seulement dans les entreprises qui produisent des Ă©nergies renouvelables, mais aussi dans les acteurs clĂ©s du secteur, dont l’action entraĂźnera une rĂ©duction considĂ©rable du niveau total des Ă©missions.

Nous investissons dans des sociĂ©tĂ©s qui affichent une ambition concrĂšte de rĂ©duction de leurs Ă©missions de CO2 et de dĂ©carbonation, en vue d’atteindre la neutralitĂ© carbone Ă  l’horizon 2050.

C’est un concept intĂ©ressant mais on ne parle pas dans l’article du surcout de fabrication des centrales.
Avec la production nocturne, sont-ils plus rapidement amortis que les centrales classiques ou au contraire, coutent-ils trop chĂšres?

Je suis trĂšs loin d’ĂȘtre un expert en la matiĂšre mais les chiffres donnĂ©s me font questionner

L’Espagne est de loin le pays qui dispose de la plus grande puissance solaire thermodynamique et c’est un des pays le plus ensoleillĂ©s surtout le sud du pays oĂč sont installĂ©s l’essentiel de la puissance solaire thermodynamique puisque ces centrales nĂ©cessitent en plus un ciel dĂ©gagĂ©.
L’exemple donnĂ© de la production du 11 juin, est impressionnant : 50% de la puissance d’un central nuclĂ©aire de type EPR Ă  2h du matin! Ceci Ă©tant dit, le 11 juin est un des jours les plus longs de l’annĂ©e.

MalgrĂ© tout, cette technologie dĂ©veloppĂ©e depuis 20 ans ne reprĂ©sente que 1.8% de la production nationale alors que la part de l’électricitĂ© solaire est de 14% et ne cesse d’augmenter.
Pourquoi ils n’en construisent plus depuis 10 ans?? Problùme d’amortissement?

En France , les différents gouvernements ont respecté les contrats signés , comme en particulier en 2008 , un rachat du photovoltaïque à 0, 62 Eu. le KWh.

Malheureusement , ce n’est pas le cas en Espagne , oĂč le Chef du gouvernement a ruinĂ© des milliers de particulier .

Ce dernier , a par ailleurs décidé de suspendre toute installation de solaire à concentration .

Pour le « remercier » il a Ă©tĂ© embauchĂ© avec un salaire qui fait rĂȘver par le fournisseur national d’électricitĂ© ;

Si la France , a Ă©tĂ© le pionnier du solaire thermodynamique , le soleil n’est pas suffisant , sauf Ă  Odeillo , pour dĂ©velopper cette technologie.

Il Ă©tait admis il y a une dizaine d’annĂ©es que cette technologie allait se dĂ©velopper trĂšs fortement en Afrique .

Aujourd’hui , ce n’est pas le cas , et en plus la centrale de Ouarzazate a rencontrĂ© des problĂšmes de corruption financiĂšre

Le « biogaz » peut-il vraiment sauver la transition énergétique ?
Bien obligĂ©e de se dĂ©faire des hydrocarbures russes, l’Europe multiplie les partenariats afin de recevoir massivement du gaz naturel liquĂ©fiĂ© acheminĂ© par bateaux depuis les quatre coins du monde, malgrĂ© l’impact dĂ©lĂ©tĂšre de ce combustible fossile sur l’environnement. Dans ces conditions, et alors que les Vingt-Sept cherchent Ă  renouer avec une forme de « souverainetĂ© Ă©nergĂ©tique », plusieurs acteurs appellent Ă  accĂ©lĂ©rer pour dĂ©velopper une alternative locale et bas carbone : le biomĂ©thane, ou « biogaz ».

A l’heure oĂč le scĂ©nario d’une coupure des flux de gaz depuis la Russie vers l’Europe affole le Vieux continent, au point que certains Etats craignent une pĂ©nurie cet hiver, le constat est implacable : jusqu’ici, la transition Ă©nergĂ©tique demeure un vƓu pieu, tant l’immense majoritĂ© des pays restent engluĂ©s dans les hydrocarbures.
En tĂ©moigne la ruĂ©e des Vingt-Sept vers le gaz naturel liquĂ©fiĂ© (GNL) d’origine fossile, acheminĂ© depuis les Etats-Unis ou le Qatar Ă  prix d’or, et dont les importations explosent depuis le dĂ©but de la guerre en Ukraine afin d’éviter toute rupture d’approvisionnement. DĂ©cidĂ©e dans l’urgence, cette stratĂ©gie devrait d’ailleurs durer puisque, de TotalEnergies Ă  Equinor en passant par Shell ou Engie, tous les grands Ă©nergĂ©ticiens europĂ©ens signent de nombreux contrats dans ce sens. Surtout, la plupart de ces deals juteux courent sur des dĂ©cennies ; de quoi rentabiliser la dizaine d’infrastructures portuaires de regazĂ©ification du GNL actuellement en projet ou en construction Ă  travers le continent.
Et pourtant, malgrĂ© cette course aux Ă©nergies polluantes, les objectifs climatiques restentinchangĂ©s, rĂ©pĂšte-t-on Ă  Bruxelles et au sein des gouvernements nationaux. Car au-delĂ  de ces rĂ©ponses de court terme, des alternatives encore balbutiantes devraient permettre, dans un second temps, d’engager la transition vers un monde « zĂ©ro carbone ». Parmi lesquelles le biomĂ©thane, ou biogaz, destinĂ© Ă  remplacer une grande partie du gaz fossile d’ici Ă  la moitiĂ© du siĂšcle. Il reprĂ©sente mĂȘme « la troisiĂšme rĂ©volution gaziĂšre » selon le directeur gĂ©nĂ©ral de GRT gaz, Thierry TrouvĂ©.

Fermentation de déchets organiques

Et pour cause, celui-ci paraĂźt idĂ©al sur le papier : produit localement, renouvelable, inscrit dans une Ă©conomie circulaire et peu Ă©metteur de gaz Ă  effet de serre sur l’ensemble de son cycle de vie, cette source d’énergie pourrait, a priori, rĂ©pondre aux nouvelles exigences de « souverainetĂ© Ă©nergĂ©tique » martelĂ©es par l’exĂ©cutif europĂ©en, tout en limitant les rejets de CO2.
Surtout, il peut rĂ©pondre aux mĂȘmes usages que ceux du gaz fossile, puisqu’il n’en diffĂšre que par son origine. En effet, alors que le premier provient de la mĂ©thanisation d’élĂ©ments vivants enfouis depuis plusieurs millions d’annĂ©es, et dont l’extraction par l’homme libĂšre par lĂ -mĂȘme des gaz Ă  effet de serre, le second rĂ©sulte du mĂȘme procĂ©dĂ©, mais est issu de matiĂšres situĂ©s en surface plutĂŽt qu’en sous-sol. Ainsi, le biogaz s’obtient Ă  partir de la fermentation dans une cuve, le mĂ©thaniseur, de dĂ©chets organiques issus notamment du milieu agricole (fumier, rĂ©sidus de culture), mais aussi forestier, urbain (boues, restes alimentaires) ou industriel. RĂ©sultat : son contenu carbone total est moindre, Ă  environ 20 Ă  25 grammes de CO2eq/kilowattheure (kWh), contre 400 Ă  500 g CO2eq/KWh pour son Ă©quivalent fossile.
Dans ces conditions, « libérer son potentiel » est « une opportunité pour décarboner et relocaliser une part de la production », tant il représente une « solution vertueuse et pragmatique pour le traitement et la valorisation des déchets », pressait fin juin la société de distribution de gaz GRDF dans une tribune au JDD.

Des objectifs revus Ă  la baisse

Pour l’heure, son intĂ©gration reste marginale. A la fin 2021, 365 installations de biomĂ©thane ont Ă©tĂ© raccordĂ©es au rĂ©seau gazier, produisant environ 6 TWh. Soit prĂšs d’1% seulement de l’ensemble de la demande de gaz en France, qui s’élevait Ă  474 TWh la mĂȘme annĂ©e. Et en la matiĂšre, les objectifs fixĂ©s par les pouvoirs publics ont Ă©tĂ© revus Ă  la baisse. En effet, la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) de 2020, toujours en vigueur en thĂ©orie, entend porter la part du gaz renouvelable dans la consommation totale de gaz dans l’Hexagone Ă  7% d’ici Ă  2030, alors que la loi de transition Ă©nergĂ©tique pour la croissance verte prĂ©voyait en 2015 un objectif cible de 10% Ă  ce mĂȘme horizon.
Un « signal trĂšs mauvais », regrettait le directeur gĂ©nĂ©ral du gestionnaire du rĂ©seau de transport de gaz TerĂ©ga (avec GRT gaz) lors de la confĂ©rence annuelle de l’entreprise, en mai dernier.
« De notre cĂŽtĂ©, nous estimons qu’il est possible de porter Ă  20% la part du biomĂ©thane dans le rĂ©seau de transport de gaz français Ă  l’horizon 2030. Cela signifie que la France est capable, d’ici Ă  2030, de remplacer sa consommation de gaz russe par du biomĂ©thane », avait-il fait valoir Ă  l’occasion.
Un objectif partagĂ© par la plupart des acteurs de la filiĂšre, dont GRDF. De fait, celle-ci connaĂźt une vraie dynamique ; la production, encore quasiment nulle il y a dix ans, croĂźt Ă  un rythme plus soutenu chaque annĂ©e. Ainsi, si l’on en croit les projets inscrits au registre des capacitĂ©s des sites de mĂ©thanisation, la capacitĂ© actuelle devrait ĂȘtre doublĂ©e d’ici Ă  2 ans seulement.

La crise de l’énergie pourrait rendre le biogaz plus attractif

Cependant, plusieurs freins demeurent. Y compris rĂ©glementaires, puisque « de nombreuses dispositions manquent encore dans le soutien au biogaz », pointait il y a quelques semaines le SĂ©nat dans son rapport d’information sur le bilan annuel de l’application des lois. Alors que le prix du biogaz reste Ă©levĂ©, un soutien financier reste en effet nĂ©cessaire pour atteindre les objectifs. « Les perspectives de baisse des coĂ»ts envisagĂ©es ne permettent pas d’imaginer un dĂ©veloppement de la filiĂšre », peut-on lire dans la PPE.
NĂ©anmoins, la crise de l’énergie actuelle pourrait bien rebattre les cartes. Et pour cause, depuis prĂšs d’un an, le cours des Ă©nergies fossiles explose sur les marchĂ©s, faisant du biomĂ©thane injectĂ© l’une des « Ă©nergies renouvelables les plus compĂ©titives », selon GRDF. Son prix moyen d’achat s’élĂšve en effet Ă  une centaine d’euros par MWh, contre plus de 300 euros en France pour le gaz fossile aujourd’hui. Le biogaz pourrait ainsi bĂ©nĂ©ficier de cette hausse des cours, mĂȘme si personne ne sait aujourd’hui prĂ©voir avec exactitude leur Ă©volution au cours des prochains mois.

Reste Ă  savoir si la France disposera de suffisamment d’intrants pour alimenter ses mĂ©thaniseurs, et remplacer 100% du gaz fossile d’ici Ă  2050 - la trajectoire retenue par la filiĂšre. En effet, si l’on s’en tient aux scĂ©narios prospectifs du gestionnaire de rĂ©seau d’électricitĂ© RTE, qui font rĂ©fĂ©rence en la matiĂšre, l’Hexagone consommera toujours 200 TWh minimum de gaz en 2050 - et bien plus dans le cas d’un abandon du nuclĂ©aire. Ce qui exigera un gisement consĂ©quent de matiĂšres organiques valorisables. Seulement, en France, la loi dispose qu’un mĂ©thaniseur ne peut pas utiliser plus de 15 % des cultures alimentaires ou Ă©nergĂ©tiques, cultivĂ©es Ă  titre de culture principale. Ainsi, alors que la StratĂ©gie nationale bas carbone (SNBC) estime le potentiel de production de biomasse agricole proche de 250 TWh Ă  la moitiĂ© du siĂšcle, afin d’alimenter les digesteurs mais aussi comme combustible, France StratĂ©gie table de son cĂŽtĂ© sur un maximum de 120 Ă  160 TWh.
Par ailleurs, le dĂ©veloppement massif de la mĂ©thanisation interroge sur le futur de l’agriculture en France, et sur la cohĂ©rence des objectifs Ă©nergĂ©tiques avec la dĂ©carbonation de ce secteur trĂšs Ă©metteur. En effet, alors que de nombreux exploitants agricoles se lancent dans la production de biogaz afin de dĂ©gager des revenus complĂ©mentaires - parfois mĂȘme supĂ©rieurs Ă  ceux de leur activitĂ© principale -, la rĂ©colte des excrĂ©ments pour alimenter la cuve de fermentation nĂ©cessite de parquer plus souvent les animaux d’élevage. S’ajoutent Ă  ces inconvĂ©nients de nombreuses nuisances rapportĂ©es par les riverains, en premier lieu l’odeur nausĂ©abonde dĂ©gagĂ©e par la fermentation.

Des technologies complémentaires

Dans ces conditions, des technologies complĂ©mentaires se dĂ©veloppent. Et notamment la pyro-gazĂ©ification, qui consiste Ă  chauffer des dĂ©chets, principalement des rĂ©sidus de bois, Ă  plus de 1.000 degrĂ©s en prĂ©sence d’une faible quantitĂ© d’oxygĂšne.
Et ce n’est pas tout : il y a quelques jours, GRDF et le Commissariat Ă  l’énergie atomique (CEA) ont annoncĂ© leur coopĂ©ration pour soutenir l’émergence de la « gazĂ©ification hydrothermale », qui permet de produire du biomĂ©thane Ă  partir de biomasses liquides. ConcrĂštement, en valorisant les boues de stations d’épuration non-Ă©pandables ni compostables, la gazĂ©ification hydrothermale pourrait, selon les deux acteurs, produire jusqu’à 50 TWh de la production totale de gaz renouvelables en France Ă  l’horizon 2050. Reste Ă  savoir si cette technologie saura se massifier aux cĂŽtĂ©s de la mĂ©thanisation, afin de se substituer enfin aux combustibles fossiles.

La tribune Ed abonné

L’accĂ©lĂ©ration du mix charbon-Ă©oliennes de l’Allemagne ou l’incroyable Ă©chec de l’Energiewende

Une tribune signé par Fabien Bouglé, expert en politiques énergétique.

Robert Habeck, Ministre « vert » allemand de l’Economie vient d’annoncer publiquement, qu’à dĂ©faut du gaz d’origine russe, l’Allemagne allait ĂȘtre contrainte de relancer en urgence ses centrales au charbon. Cette annonce suivait celle qui excluait de reporter l’arrĂȘt des 3 rĂ©acteurs nuclĂ©aires allemands encore en activitĂ© , qui, en principe, doivent s’arrĂȘter fin 2022, malgrĂ© la demande du patronat d’en reporter la fermeture.
La relance du charbon par nos voisins n’est pas exclusivement dĂ» Ă  la limitation par la Russie de ses approvisionnements en gaz, qui, avant la guerre en Ukraine, reprĂ©sentaient plus de 50% des besoins en Allemagne. Non, la faible activitĂ©, en 2021, des Ă©oliennes intermittentes allemandes, dont la production avait chutĂ© de prĂšs de 14% par rapport Ă  2020, les avait contraints d’augmenter de 25% la production d’électricitĂ© au charbon et Ă  la lignite, qui Ă©tait ainsi redevenu leur premiĂšre source d’électricitĂ©.

Le modĂšle Ă©oliennes-Ă©nergie fossile de l’Allemagne

La guerre n’a fait qu’accĂ©lĂ©rer un phĂ©nomĂšne de dĂ©pendance de l’Allemagne aux Ă©oliennes ou aux panneaux solaires, qui nĂ©cessitent le complĂ©ment des centrales fossiles, et ne sert qu’à camoufler l’échec retentissant de l’Energiewende, dĂ©noncĂ© depuis plusieurs annĂ©es par la Cour fĂ©dĂ©rale des finances. En effet, Ă  plusieurs reprises elle s’était alertĂ©e dans ses rapports sur ce modĂšle qui allait conduire Ă  une explosion des factures d’électricitĂ© des Allemands, et Ă  une multiplication des coupures d’électricitĂ©. Et nous y sommes !
Bien avant la guerre, le magazine Newsweek avait titrĂ© un article retentissant le 27 octobre 2021, « Les pannes d’éoliennes Ă  l’origine de la crise Ă©nergĂ©tique en Europe sont un avertissement pour l’AmĂ©rique », soulignant que le choc gazier Ă©tait dĂ» Ă  la multiplication en Europe des Ă©oliennes couplĂ©es au gaz ou au charbon, dans un contexte de reprise Ă©conomique post-covid. Les observateurs d’outre-Atlantique avaient parfaitement identifiĂ© que la multiplication des Ă©oliennes crĂ©ait une forte dĂ©pendance aux Ă©nergies fossiles, conduisant Ă  une inflation Ă©nergĂ©tique.

La guerre n‘a fait qu’accĂ©lĂ©rer et augmenter le besoin en Ă©nergies fossiles de substitution au gaz russe, comme le charbon ou la lignite, conduisant Ă  une explosion de la facture Ă©nergĂ©tique, dĂ©clenchant mĂ©caniquement une terrible spirale inflationniste.
Le plus incroyable est que l’Allemagne continue de dĂ©nigrer le nuclĂ©aire français dĂ©carbonĂ©, allant jusqu’à militer dans les institutions europĂ©ennes pour qu’il ne soit pas reconnu dans la taxonomie des activitĂ©s vertueuses pour le climat, alors que son bilan carbone n’est que de 3,7 g de CO2 /kWh selon une rĂ©cente Ă©tudes des experts d’EDF. Cela place le nuclĂ©aire comme la source d’électricitĂ© la plus vertueuse dans le monde pour le climat, alors que le charbon produit 1 000 g de Co2/kwh et des particules fines contenant mercure et uranium, polluant les autres pays europĂ©en par les fumĂ©es des hautes cheminĂ©es des centrales allemandes.

Nucléaire français vs Energiewende allemande

La France, qui Ă©met environ 50 g de co2/ kwh d’électricitĂ©, est un des pays les plus vertueux en Europe pour les faibles Ă©missions de son mix Ă©lectrique : elle se trouve paradoxalement mise en accusation par l’Allemagne, qui avec 500 g de CO2/kwh, a un mix Ă©lectrique 10 fois plus polluant. C’est donc le pays qui a le bonnet d’ñne en Europe qui reproche au meilleur Ă©lĂšve europĂ©en de ne pas suivre son modĂšle dĂ©sastreux pour la planĂšte et le climat.
Du reste la France, dont les dirigeants sont toujours sous contrĂŽle de puissants rĂ©seaux d’influence allemands, vient malheureusement d’annoncer la relance d’une centrale au charbon sur son sol, et souhaite accĂ©lĂ©rer l’installation des Ă©oliennes, s’inspirant sans discernement du modĂšle d’Energiewende de nos voisins.
Par une incroyable perte de luciditĂ© ou par naĂŻvetĂ© – sous prĂ©texte de fĂ©dĂ©ralisme europĂ©en – les dirigeants français s’engouffrent dans une politique dictĂ©e par l’Allemagne. Dans son discours de Belfort, tout en annonçant Ă  minima la relance salutaire du nuclĂ©aire, le PrĂ©sident Macron envisageait en mĂȘme temps une incroyable multiplication des Ă©oliennes maritimes ou terrestres et des panneaux solaires dont aucun ne sont fabriquĂ©s en France.
Notre pays continue d’acheter des Ă©oliennes en Allemagne, qui n’hĂ©site pas Ă  commander des avions de chasse amĂ©ricains ou des vols de fusĂ©e SpaceX. Et lorsque les rĂ©seaux d’influence allemands font voter rĂ©cemment deux commissions du Parlement europĂ©en contre l’intĂ©gration du nuclĂ©aire dans la taxonomie verte europĂ©enne, le PrĂ©sident Macron laisse passer cette agression, sans aucune rĂ©action politique de fermetĂ©.
Mais cette attitude climato-hypocrite de l’Allemagne n’est pas une dĂ©couverte pour la France. DĂ©jĂ  en 2019 la sĂ©natrice Anne-Catherine Loisier avait dĂ©voilĂ© un rapport de l’Agoraenergiewende intitulĂ© « L’Energiewende et la transition Ă©nergĂ©tique Ă  l’horizon 2030 », qui se rĂ©jouissait que « [
] si des capacitĂ©s nuclĂ©aires sont retirĂ©es du mix français, la compĂ©titivitĂ© des centrales Ă  charbon maintenues dans le systĂšme en Allemagne est amĂ©liorĂ©e. »
Depuis la fermeture de la centrale nuclĂ©aire de Fessenheim, la France, qui exportait 12 tĂ©rawattheures d’électricitĂ© dĂ©carbonĂ©e par an Ă  l’Allemagne, se trouve contrainte de devoir importer la mĂȘme quantitĂ© de ce pays, alors qu’il s’agit d’une Ă©lectricitĂ© sale et trĂšs polluante.

Un incroyable échec

Il est temps pour nos gouvernants de tirer un trait sur le modĂšle allemand de l’Energiewende, qui mĂšne l’Europe dans une situation de chaos Ă©nergĂ©tique, par forte dĂ©pendance aux fossiles et une spirale inflationniste incontrĂŽlĂ©e.
Il est temps de prendre acte que le modÚle de nos voisins allemands est un incroyable échec.
Il est temps enfin de prendre conscience que nous avons un formidable atout avec notre patrimoine Ă©lectrique nuclĂ©aire qui permet d’assurer notre souverainetĂ© Ă©lectrique en contrĂŽlant la facture Ă©nergĂ©tique des mĂ©nages et des entreprises tout en ayant un impact particuliĂšrement faible sur nos Ă©missions de gaz Ă  effet de serre.
Nos centrales nuclĂ©aires – si on veut bien se donner la peine de les entretenir correctement – ont cette capacitĂ© de produire une Ă©lectricitĂ© stable et puissante assurant Ă  nos concitoyens la fiabilitĂ© de nos fournitures d’électricitĂ©.
A l’heure oĂč les principaux patrons des entreprises Ă©nergĂ©tique appellent les français Ă  la baisse de leur consommation en raison des risques de pĂ©nuries Ă©lectriques, que la politique d’apprenti-sorcier inspirĂ©e de l’Energiewende allemand a contribuĂ©, Ă  organiser, il est vraiment temps d’envisager une disruption Ă©nergĂ©tique basĂ©e sur un nouveau plan massif du nuclĂ©aire français, suite naturelle du plan Messmer de 1974.

J’ai tentĂ© de comparer , les 109 GW supplĂ©mentaires d’énergies renouvelables en 2021, dans les pays non membres de l’OCDE , avec le reste du monde

En fait je ne dispose que des chiffres de 2020

‱ MalgrĂ© la crise, la puissance installĂ©e dans le monde en Ă©lectricitĂ© solaire et Ă©olienne a augmentĂ© de 45% en 2020
‱ . La Chine, en augmentant la capacitĂ© Ă©quivalente de 85 rĂ©acteurs nuclĂ©aires EPR, a conduit le mouvement.
‱

Environ 280 gigawatts (GW) de capacitĂ©s supplĂ©mentaires de production d’énergie renouvelable ont Ă©tĂ© installĂ©s en 2020.

Cette performance doit beaucoup Ă  l’éolien. Dans ce secteur, 114 GW ont Ă©tĂ© installĂ©s, soit prĂšs de deux fois plus qu’en 2019.

L’autre moteur est la Chine. PĂ©kin a gĂ©nĂ©rĂ© l’an dernier la moitiĂ© des nouvelles installations d’énergie renouvelable.

Le rythme de croissance enregistrĂ© en 2020 « est appelĂ© Ă  devenir la “nouvelle norme”, avec environ 270 GW de capacitĂ© renouvelable en voie d’ĂȘtre ajoutĂ©e en 2022

‱ L’avenir ?

La croissance de l’éolien ralentira un peu en 2022 tandis que le solaire « va continuer de battre des records », avec des capacitĂ©s supplĂ©mentaires atteignant plus de 160 GW d’ici 2022. Cette Ă©nergie devrait conforter sa position de « nouveau roi » des marchĂ©s mondiaux de l’électricitĂ© grĂące Ă  la baisse de ses coĂ»ts. Celle-ci rend le solaire moins cher que les nouvelles centrales au charbon et au gaz.

« Nos toits, gisements d’énergie propre »

Publié le 02.08.2022 par Jean Rosado

Une tribune sur le potentiel photovoltaĂŻque des toits en France, signĂ©e Jean Rosado, directeur gĂ©nĂ©ral d’Otovo France.

L’ADEME et RTE sont formels : il faudra multiplier par sept1 au moins, nos capacitĂ©s de production d’électricitĂ© issue des panneaux solaires photovoltaĂŻques au cours des 30 prochaines annĂ©es. Ce dĂ©fi s’impose Ă  tous pour atteindre l’objectif de neutralitĂ© carbone et limiter les effets du dĂ©rĂšglement climatique. Si plusieurs chemins peuvent y mener, il y a avant tout urgence Ă  agir.

Fort heureusement, la France a « le plus fort potentiel Ă©conomiquement intĂ©ressant de production photovoltaĂŻque en toiture en Europe », rappelaient rĂ©cemment des chercheurs du CNRS2. Cette transition massive vers l’électricitĂ© verte et la production dĂ©centralisĂ©e d’énergie renouvelable est une lame de fond, qui pose tout Ă  la fois la question de la mĂ©thode de dĂ©ploiement des capacitĂ©s de production et celle de nos usages futurs de ces Ă©nergies.

PrĂ©parer l’envolĂ©e

Chacun peut observer une augmentation des prix de l’énergie. Au-delĂ  des facteurs conjoncturels, cette tendance de fond est liĂ©e Ă  l’épuisement des ressources en Ă©nergie fossile. Tandis que ces derniĂšres ont encore une place trop importante dans notre mix Ă©nergĂ©tique – environ 60%3 de l’énergie utilisĂ©e en France provient de sources fossiles –, les derniĂšres alertes du GIEC nous enjoignent Ă  rĂ©duire drastiquement leur consommation.
Faire disparaĂźtre les Ă©nergies fossiles du mix Ă©nergĂ©tique4, va mĂ©caniquement mener Ă  une compensation et donc Ă  une explosion de la consommation Ă©lectrique. Nous somme donc contraint d’accĂ©lĂ©rer fortement les installations photovoltaĂŻques, afin de prĂ©parer l’envolĂ©e. C’est d’autant plus important que ces installations portent la promesse d’une production locale d’énergie et, in fine, d’une meilleure indĂ©pendance Ă©nergĂ©tique.

Émergence d’une filiùre

La question des capacitĂ©s d’installation et de l’offre disponible se pose dĂ©jĂ  face Ă  la forte augmentation des besoins. Bien que le GIEC ait rĂ©cemment soulignĂ© que “le potentiel technique mondial de l’énergie solaire directe dĂ©passe de loin celui de toute autre ressource d’énergie renouvelable”5, nous n’avons pas encore pris la mesure de son potentiel en matiĂšre d’attĂ©nuation du changement climatique et d’adaptation Ă  ses consĂ©quences. L’anticipation sera la clĂ© : pour que l’offre puisse suivre la demande Ă  venir, une puissante filiĂšre du solaire doit réémerger en Europe.
La demande doit ĂȘtre Ă©galement soutenue Ă  tous les Ă©chelons pour rĂ©ussir le dĂ©fi du « 1,5°C minimum ». Ainsi, la dĂ©cision française d’interdire le cumul d’aides collectivitĂ©s-Etat semble anachronique. Elle fut d’ailleurs savamment dĂ©noncĂ©e par un collectif transpartisan rassemblĂ© derriĂšre l’association Energie PartagĂ©e6. A l’inverse, les rĂ©ductions de la fiscalitĂ© directement ou indirectement liĂ©es Ă  l’énergie solaire (ce fut notamment le cas pour la TURPE7), vont dans le bon sens.

Révolutions concomitantes

Toute cette rĂ©flexion sur les enjeux macroĂ©conomiques n’efface pas la question des apports concrets de l’énergie solaire, seul moyen d’engager largement les citoyens dans le dĂ©fi de la sobriĂ©tĂ©. S’intĂ©resser aux prĂ©conisations scientifiques doit nous mener Ă  envisager les usages futurs. Deux rĂ©volutions concomitantes permettent de les esquisser : la fin de l’intermittence et l’électrification de nos mobilitĂ©s.
Souvent Ă©voquĂ©e comme une des limites de l’énergie solaire, son intermittence ne sera bientĂŽt plus un problĂšme. Cette fin de l’intermittence sera en effet une consĂ©quence directe du renforcement de l’usage des batteries. Ces derniĂšres vont devenir bien plus abordables dans les prochaines annĂ©es et le couplage « panneaux + batteries » va devenir une norme effaçant, de facto, le principal dĂ©faut du solaire. Pouvoir disposer de l’énergie créée quand on le souhaite et pour les usages que l’on souhaite, promet de changer notre rapport Ă  l’énergie solaire.
Cette premiĂšre rĂ©volution en dĂ©bloque une seconde : l’électrification de nos mobilitĂ©s. Cette Ă©lectrification est dĂ©jĂ  Ă  l’Ɠuvre mais sera profondĂ©ment accĂ©lĂ©rĂ©e dĂšs lors que le carburant de nos vĂ©hicules sera produit sur nos toits. Canaliser l’énergie solaire pour en faire un levier de dĂ©carbonation des mobilitĂ©s est un axe immanquable de la transition Ă©nergĂ©tique et Ă©cologique.

Gisement insoupçonné

Cette transition majeure doit ĂȘtre faite Ă  tous les niveaux : dĂ©ploiement des capacitĂ©s de production, mise en pratique des nouveaux usages. Nos toitures rĂ©sidentielles sont une ressource Ă©nergĂ©tique insoupçonnĂ©e qui reprĂ©senteraient, si elles Ă©taient toutes Ă©quipĂ©es, 265 TWh/an d’énergie produite souligne l’ADEME8, soit plus du quart de l’énergie dont nous aurons besoin en 20509.
Notre capacitĂ© Ă  mobiliser ce gisement dĂ©pendra tant des orientations politiques françaises qu’europĂ©ennes. Ainsi, la directive 2022/54210 qui ouvre la voie Ă  une TVA de 0% pour les panneaux solaires (contre 10 Ă  20% en France selon la taille de l’installation11) et les obligations d’installation prĂ©vues par la Commission pour les futurs bĂątiments rĂ©sidentiels12 sont fondamentales et la France doit se saisir de ces opportunitĂ©s. Combler le retard pris par notre pays en matiĂšre d’énergies renouvelables nĂ©cessitera aussi la mobilisation des exĂ©cutifs locaux : de nombreux Plan Locaux d’Urbanisme (PLU) limitent toujours les installations solaires alors que la Commission recommande d’accĂ©lĂ©rer l’octroi de permis13.

1 https://assets.rte-france.com/prod/public/2021-12/Futurs-Energetiques-2050-principaux-resultats.pdf
2 Quel est le potentiel pour le PV solaire en France ? Les toitures. - Le solaire photovoltaĂŻque en France
3 https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/SNBC-2%20synthèse%20VF.pdf
4 https://report.ipcc.ch/ar6wg3/pdf/IPCC_AR6_WGIII_FinalDraft_Chapter06.pdf
5 https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/10/10/energie-solaire-la-france-interdit-aux-collectivites-d-apporter-leur-soutien-a-des-projets-aux-retombees-economiques-reelles_6097809_3232.html
6 RĂ©duction de tarif d’utilisation du rĂ©seau public de transport d'Ă©lectricitĂ© | MinistĂšre de la Transition Écologique et de la CohĂ©sion des Territoires
7https://librairie.ademe.fr/recherche-et-innovation/2881-mix-electrique-100-renouvelable-analyses-et-optimisations.html cité par Quel est le potentiel pour le PV solaire en France ? Les toitures. - Le solaire photovoltaïque en France
8 https://assets.rte-france.com/prod/public/2021-12/Futurs-Energetiques-2050-principaux-resultats.pdf
9 https://assets.rte-france.com/prod/public/2021-12/Futurs-Energetiques-2050-principaux-resultats.pdf
10 Press corner | European Commission
11 https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32022L0542&from=EN
12 https://www.economie.gouv.fr/particuliers/aides-installation-photovoltaiques#:~:text=Les%20installations%20photovoltaïques%20raccordées%20au,taux%20de%20TVA%20à%2010%20%25.
13 EUR-Lex - C(2022)3219 - EN - EUR-Lex

Énergies renouvelables : le plan de la France pour enfin rattraper son retard

L’exĂ©cutif prĂ©voit une loi d’exception, valable pendant toute la durĂ©e du quinquennat, pour dĂ©velopper Ă  vitesse grand V les projets photovoltaĂŻques et les Ă©oliennes en mer, domaines dans lesquels la France accuse un retard patent. Une consultation vient d’ĂȘtre lancĂ©e. Le texte doit ĂȘtre prĂ©sentĂ© en Conseil des ministres Ă  la rentrĂ©e, avant d’ĂȘtre soumis au Parlement en octobre.

14 Août 2022, 13:59

L’évaluation est sans appel. Dans la matiĂšre « Ă©nergies renouvelables Â», la France est mauvais Ă©lĂšve. En plus d’accuser un net retard sur la trajectoire qu’elle s’est fixĂ©e, elle est le seul parmi les 27 Etats membres de l’Union europĂ©enne Ă  avoir manquĂ© son objectif fixĂ© par une directive europĂ©enne. En 2020, la part des Ă©nergies renouvelables dans la consommation finale brute d’énergie du pays n’atteignait ainsi que 19%, bien loin des 23% attendus.
Face au contexte trĂšs tendu de la guerre en Ukraine, qui pourrait mettre en pĂ©ril l’approvisionnement Ă©nergĂ©tique du pays, l’Hexagone entend enfin rattraper son retard. Vendredi dernier, le gouvernement a donnĂ© le coup d’envoi d’une « large consultation Â» autour du projet de loi d’accĂ©lĂ©ration des Ă©nergies renouvelables promis par le prĂ©sident Emmanuel Macron, pour une prĂ©sentation du texte en Conseil des ministres en septembre prochain, avant d’ĂȘtre soumis au Parlement le mois suivant.

Lancement d’une « large consultation Â»

Pour le gouvernement, ce texte est aussi le moyen de montrer qu’il s’attaque Ă  la lutte contre le changement climatique, alors que l’étĂ© des Français a Ă©tĂ© marquĂ© par des vagues de canicule Ă  rĂ©pĂ©tition et des semaines de sĂšcheresse. En juin dernier, le Haut conseil pour le climat, qui fait rĂ©fĂ©rence pour Ă©valuer l’action du gouvernement en la matiĂšre, jugeait d’ailleurs que la France faisait toujours face au risque majeur de manquer ses objectifs et appelait l’exĂ©cutif Ă  un sursaut.
TrÚs concrÚtement, le texte, dans sa rédaction actuelle, comprend 20 articles visant à simplifier par tous les moyens les démarches administratives pour déployer à vitesse grand V les panneaux solaires et les éoliennes en mer, moins celles sur terre pour lesquelles le président Emmanuel Macron a partagé, à plusieurs reprises, ses réticences.
Dans le dĂ©tail, il comprend « une sĂ©rie de mesures Ă  la fois exceptionnelles et transitoires pour accĂ©lĂ©rer les procĂ©dures de dĂ©veloppement des Ă©nergies renouvelables Â», en rĂ©duisant notamment les dĂ©lais de recours paralysants, afin de rĂ©pondre « aux urgences actuelles sur l’approvisionnement et notre capacitĂ© Ă  atteindre nos objectifs renouvelables Â», a indiquĂ© Matignon, lors d’une confĂ©rence de presse tĂ©lĂ©phonique.

Raccourcir les procédures

« Il faut en moyenne 5 ans de procĂ©dures pour construire un parc solaire nĂ©cessitant quelques mois de travaux, 7 ans pour un parc Ă©olien et 10 ans pour un parc Ă©olien en mer, explique l’exĂ©cutif dans l’exposĂ© des motifs du projet de loi accĂ©lĂ©ration. Nos partenaires europĂ©ens vont souvent deux fois plus vite que nous pour dĂ©ployer les moyens de production d’énergie renouvelable. Nous devons donc aller beaucoup plus vite Â», rapporte Le Figaro, qui a pu consulter ce projet de loi.
Des mesures spĂ©cifiques se concentreront sur les filiĂšres du photovoltaĂŻque et de l’éolien en mer, deux axes prioritaires de la politique Ă©nergĂ©tique d’Emmanuel Macron. Le chef de l’Etat vise de maniĂšre trĂšs ambitieuse 40 gigawatts (GW) Ă  l’horizon 2050 de capacitĂ© installĂ©e grĂące aux moulins des mers gĂ©ants (soit environ 50 parcs Ă©oliens), et une multiplication par dix de la puissance installĂ©e des panneaux solaires (c’est-Ă -dire environ 100 GW) dans le mĂȘme horizon.

Elargir les surfaces disponibles et simplifier les débats publics

Pour le photovoltaĂŻque, « l’idĂ©e c’est d’aller chercher Ă  obtenir toutes les surfaces fonciĂšres disponibles en France Â», afin d’« Ă©largir les surfaces Â» d’installation possibles, prĂ©cise Matignon. Selon Le Figaro, l’objectif est de libĂ©rer 10 GW de solaire grĂące Ă  l’élargissement de l’obligation de construire des ombriĂšres de parking avec panneaux solaires. L’Etat espĂšre obtenir 4,5 GW supplĂ©mentaires grĂące Ă  la libĂ©ration de terrains auparavant interdits aux panneaux solaires, comme le long des routes et des autoroutes et sur des terrains en friche dans des zones portuaires.
Quant aux Ă©oliennes offshore, oĂč la France est trĂšs en retard par rapport Ă  ses voisins europĂ©ens avec la production de ses premiers Ă©lectrons depuis cet Ă©tĂ© seulement, l’exĂ©cutif prĂ©voit un seul et unique grand dĂ©bat public pour toute une façade maritime. Fini donc les dĂ©bats publics pour chaque projet de parc.

RĂ©duction sur la facture d’électricitĂ©

Le dernier volet de ce texte concerne le partage de la valeur gĂ©nĂ©rĂ©e par ces installations avec leurs riverains et la grande question de l’acceptabilitĂ© de ces infrastructures, qui constitue un frein majeur Ă  leur dĂ©veloppement. « L’idĂ©e, c’est que ces Ă©nergies renouvelables gĂ©nĂšrent un certain nombre de revenus et que ces revenus pourraient ĂȘtre redistribuĂ©s aux personnes qui sont directement concernĂ©es par une prĂ©sence visuelle de ces moyens de production Â», a dĂ©taillĂ© Matignon.

Toujours selon les informations du Figaro, l’avant-dernier article du projet de loi prĂ©voit ainsi d’octroyer un tarif rĂ©duit de l’électricitĂ© aux voisins de centrales solaires ou de parcs Ă©oliens. « Cet article vient ainsi crĂ©er une modalitĂ© de partage territorial de la valeur des renouvelables avec les mĂ©nages rĂ©sidents via leur facture d’électricitĂ© Â», explique l’exĂ©cutif dans l’exposĂ© des motifs du projet de loi.
Jusqu’à prĂ©sent, le partage de la valeur demeurait indirect. En effet, les dĂ©veloppeurs des projets Ă©oliens et solaires reversent des taxes locales aux communes oĂč ils sont implantĂ©s, permettant ainsi aux collectivitĂ©s de financer de nouvelles infrastructures pour leurs concitoyens. Ces derniers ont aussi aujourd’hui la possibilitĂ© d’investir dans ces projets par le biais de plateformes de financement participatif.

D’autres mesures d’urgence pour l’hiver prochain

« Ce projet de loi ne jouera certes pas un rĂŽle majeur pour l’hiver prochain, mais plutĂŽt pour les suivants Â», reconnaĂźt-on au sein du gouvernement. La guerre en Ukraine provoque de vives tensions sur le plan Ă©nergĂ©tique entre Moscou et les pays occidentaux. Les Vingt-Sept se prĂ©parent ainsi Ă  l’éventualitĂ© de passer l’hiver prochain sans gaz russe. Dans cette course contre la montre pour trouver des alternatives au gaz russe, les Ă©nergies renouvelables prĂ©sentent un avantage majeur. Elles sont trĂšs rapides Ă  dĂ©velopper, notamment le photovoltaĂŻque, contrairement Ă  d’autres solutions dĂ©carbonnĂ©es comme les centrales nuclĂ©aires, qui nĂ©cessitent au moins une dizaine d’annĂ©es avant de voir le jour.
Dans ce contexte, le gouvernement avait prĂ©sentĂ© fin juillet une palette de mesures d’urgence pour venir en aide aux projets d’énergies renouvelables, dont la viabilitĂ© Ă©tait menacĂ©e par l’inflation. Au total, ces mesures non lĂ©gislatives et complĂ©mentaires au projet de loi d’exception doivent dĂ©bloquer entre 10 et 11 GW de capacitĂ©s.

Les exigences environnementales allégées

Selon les informations du Figaro, le projet de texte prĂ©voit d’allĂ©ger les exigences environnementales imposĂ©es aux petits projets solaires et Ă©oliens. L’article 6 du texte permettrait, par ailleurs, dans le contexte de la crise Ă©nergĂ©tique, de dĂ©roger Ă  la protection des espĂšces protĂ©gĂ©es et ainsi de rĂ©duire le nombre de contentieux.
(Avec AFP)

La plus puissante centrale solaire d’Europe entre en service

‱ Bernard Deboyser
‱
Révolution Energétique
Ed. Abonné

BaptisĂ©e « Francisco Pizarro », la centrale photovoltaĂŻque construite par l’énergĂ©ticien espagnol Iberdrola en EstrĂ©madure est la plus grande et la plus puissante d’Europe. Elle a commencĂ© Ă  injecter de l’électricitĂ© dans le rĂ©seau ce 10 aoĂ»t 2022.

D’une puissance de 590 MWc, la ferme solaire gĂ©ante couvre une superficie de 1 300 hectares entre les municipalitĂ©s de Torrecillas de la Tiesa et Aldeacentenera. Le projet a nĂ©cessitĂ© un investissement de plus de 300 millions d’euros et fourni de l’emploi Ă  plus de 1 500 personnes pendant les pĂ©riodes de forte activitĂ© sur le chantier. 60 % d’entre elles Ă©taient des travailleurs locaux. Ils ont installĂ© 1 494 240 panneaux photovoltaĂŻques, 13 724 trackers (suiveurs) et 313 onduleurs.
Durant la construction, trois sites archĂ©ologiques antiques et mĂ©diĂ©vaux ont Ă©tĂ© dĂ©couverts et sauvegardĂ©s. Cette centrale dĂ©trĂŽne NĂșñez de Balboa et ses 500 MW, construite Ă©galement par Iberdrola et qui fĂ»t tout un temps la plus puissante d’Espagne et d’Europe. Notons que le projet photovoltaĂŻque de 1 000 hectares Ă  Saucats en Gironde, qui ambitionnait d’ĂȘtre le plus grand d’Europe, ne le sera donc pas s’il parvient un jour Ă  se rĂ©aliser. Il devrait toutefois ĂȘtre le plus puissant du vieux continent puisqu’il prĂ©voit une puissance de 1 000 MW.

Biodiversité

Francisco Pizarro[1] produira suffisamment d’électricitĂ© pour couvrir les consommations d’environ 334 000 mĂ©nages, a dĂ©clarĂ© Iberdrola dans un communiquĂ©. ConnectĂ©e au rĂ©seau ce 10 aoĂ»t 2022, la ferme solaire augmentera progressivement sa production jusqu’à ce qu’elle soit pleinement opĂ©rationnelle le mois prochain.
Bien que les panneaux recouvrent une zone immense, Iberdrola souhaite promouvoir la biodiversitĂ© sur le terrain. Selon l’entreprise, l’installation a Ă©tĂ© conçue de maniĂšre Ă  permettre l’élevage de moutons. Elle dĂ©clare aussi avoir pris des mesures pour protĂ©ger l’avifaune en installant notamment des nichoirs et en amĂ©nageant des zones dĂ©diĂ©es Ă  l’alimentation des oiseaux.

Power purchase agreements

Pour garantir la viabilitĂ© du projet, Iberdrola a signĂ© des contrats de vente d’électricitĂ© Ă  long terme (Power Purchase Agreements ou PPA) avec des multinationales comme Danone, Bayer et Pepsi, lesquelles alimenteront ainsi en Ă©nergie verte leurs filiales espagnoles.
L’annĂ©e derniĂšre, l’Espagne a produit 47 % de ses besoins en Ă©lectricitĂ© Ă  partir de sources d’énergie renouvelable. D’ici 2030, elle a comme objectif d’atteindre les 75 % et compte principalement sur les Ă©nergies solaires et Ă©oliennes pour y arriver.


[1] Francisco Pizarro Ă©tait un conquistador espagnol, envoyĂ© par Charles Quint en AmĂ©rique du Sud pour conquĂ©rir des territoires et les coloniser au nom de la couronne d’Espagne. Il est connu pour avoir emprisonnĂ© et condamnĂ© Ă  mort en 1533 l’empereur inca Atahualpa. A notre avis, donner Ă  une centrale photovoltaĂŻque le nom d’un guerrier colonisateur qui a commis des massacres n’est pas une bonne idĂ©e.

A PROPOS DE L’AUTEUR

Bernard Deboyser
Bernard est ingĂ©nieur polytechnicien et consultant en Ă©nergie et mobilitĂ© durable. PassionnĂ© par les Ă©nergies renouvelables et la transition Ă©nergĂ©tique depuis plus de 30 ans il dĂ©veloppe (bĂ©nĂ©volement) des projets Ă©oliens et photovoltaĂŻques dans le cadre d’une coopĂ©rative citoyenne dont il est un des fondateurs et l’administrateur-dĂ©lĂ©guĂ© :

Les 3 centrales solaires photovoltaĂŻques les plus puissantes du monde

Cet Ă©tĂ©, RĂ©volution EnergĂ©tique se plonge dans les sites de production d’électricitĂ© bas-carbone les plus puissants du monde. Ces barrages, parcs Ă©oliens, fermes solaires, centrales nuclĂ©aires, centrales Ă  biomasse et autres systĂšmes de stockage peuvent afficher des dimensions considĂ©rables. Cette semaine, nous dĂ©couvrons les 3 centrales solaires photovoltaĂŻques les plus puissantes du monde.
Le photovoltaĂŻque est aujourd’hui « l’option la moins coĂ»teuse pour produire de l’électricitĂ© dans une large partie du monde » selon l’Agence internationale de l’énergie (IEA). Pas Ă©tonnant que cette filiĂšre connaisse un dĂ©ploiement intensif depuis quelques annĂ©es. Si la production solaire photovoltaĂŻque mondiale s’élevait Ă  32,2 TWh en 2010, elle s’est Ă©tablie Ă  821 TWh en 2020.
Une augmentation de
 2 550 % en 10 ans, qui rĂ©vĂšle la rapiditĂ© d’installation de cette technologie. La plupart des giga-centrales solaires ont d’ailleurs permis de dĂ©ployer localement plusieurs milliers de mĂ©gawatts en seulement 1 Ă  3 ans.

Si les chiffres de la filiĂšre sont impressionnants, ils restent insuffisants pour atteindre la dĂ©carbonation complĂšte de la production Ă©lectrique mondiale. Pour cela, le photovoltaĂŻque devra gĂ©nĂ©rer 6 970 TWh annuels dĂšs 2030, indique l’IEA.
Les plus puissantes centrales solaires photovoltaĂŻques sont souvent installĂ©es dans des zones dĂ©sertiques ou semi-dĂ©sertiques. Elles offrent un excellent ensoleillement, mais imposent toutefois la construction de longues lignes de transmission afin d’exporter la production vers les zones de consommation trĂšs Ă©loignĂ©es. Le dĂ©sert implique Ă©galement l’utilisation de techniques avancĂ©es de nettoyage des panneaux, davantage soumis aux dĂ©pĂŽts de poussiĂšres.

1 – Parc solaire photovoltaïque de Bhadla, Inde

Puissance (GW) Prod. annuelle (TWh/an) Durée des travaux
2,245 Inconnue 2015 – En cours

Imaginez la mĂ©tropole de Strasbourg entiĂšrement recouverte de panneaux photovoltaĂŻques, vous aurez une idĂ©e des dimensions du parc solaire de Bhadla, dans l’État indien du Rajasthan.
En plein dĂ©sert du Thar, qui accueille Ă©galement l’un des plus puissants parcs Ă©oliens du monde, le site s’étale sur 14 km de large et 4 km de long et occupe une surface de 57 kmÂČ. L’endroit n’a pas Ă©tĂ© choisi au hasard puisque l’irradiation solaire y atteint 2 088 kWh/mÂČ/an, quand l’extrĂȘme sud-est de la France plafonne Ă  1 800 kWh/mÂČ/an.
À LIRE AUSSIPharaonique : cette centrale solaire dans le dĂ©sert sera aussi grande qu’une ville comme Strasbourg

Le désert, avantage et inconvénient

Si le dĂ©sert est un avantage pour l’ensoleillement, il est aussi un dĂ©faut, car les panneaux subissent rĂ©guliĂšrement des tempĂȘtes de sable. La ferme solaire de Bhadla est donc un site privilĂ©giĂ© pour la recherche sur les systĂšmes de nettoyage automatisĂ©s. Plusieurs sociĂ©tĂ©s y testent leurs solutions.
La construction de la gigantesque centrale solaire a débuté en 2015, dans la foulée du plan « Ultra Mega Solar Power Projects » lancé par le gouvernement indien. Bhadla est en réalité un assemblage de 37 centrales mitoyennes ou trÚs rapprochées gérées par 16 opérateurs, totalisant une puissance de 2,245 GWc. La présence de nombreux acteurs et le manque de données officielles ne nous permet pas de connaßtre la production annuelle de la totalité du site.
À LIRE AUSSICe robot peut nettoyer les panneaux d’une centrale solaire flottante

Un objectif de 3,5 GWc Ă  terme

La mise en service s’est effectuĂ©e en plusieurs phases dĂšs 2017 et n’a pas vraiment de date de fin. En effet, l’objectif est d’atteindre une puissance de 3,5 GWc Ă  terme. L’immensitĂ© du dĂ©sert offre un espace quasi illimitĂ© pour son extension.
Le parc est reliĂ© Ă  plusieurs lignes haute-tension de 220 Ă  765 kV afin d’acheminer la production jusqu’aux zones de consommation. La ville la plus proche, Jodhpur (1,1 million d’habitants), est situĂ©e Ă  180 km et Jaipur (4 millions d’habitants) est Ă  380 km.

2 – Parc solaire photovoltaïque de Gonghe, Chine
Puissance (GW) Prod. annuelle (TWh/an) Durée des travaux
2,2 Inconnue 2019 – 2020

À 2 900 m d’altitude, le parc solaire photovoltaĂŻque de Gonghe en Chine bĂ©nĂ©ficie d’une excellente nĂ©bulositĂ©. Il est situĂ© sur un plateau semi-dĂ©sertique oĂč le soleil apporte plus de 1 900 kWh/an/mÂČ. Le site s’étend sur une zone de 15 km de large pour 18 km de long, Ă  proximitĂ© immĂ©diate du barrage de Longyangxia (1,4 GW).
L’emplacement est particuliĂšrement intĂ©ressant, car il bĂ©nĂ©ficie des installations Ă©lectriques du barrage. Ce dernier fonctionne de concert avec les 2,2 GWc dĂ©livrĂ©s par le vaste parc photovoltaĂŻque de Gonghe.
Une centrale « hydro-photovoltaïque »
Une symbiose appelĂ©e « hydro-photovoltaĂŻque », qui permet de lisser la variabilitĂ© du solaire photovoltaĂŻque grĂące Ă  l’hydroĂ©lectricitĂ©. En clair, lorsqu’il fait nuit ou qu’un nuage rĂ©duit la puissance de la centrale solaire, le barrage prend le relais.
Le parc solaire de Gonghe est d’ailleurs opĂ©rĂ© par la sociĂ©tĂ© qui gĂšre Ă©galement le barrage, la Hunaghe Hydropower Development. La construction a Ă©tĂ© particuliĂšrement rapide, elle s’est Ă©talĂ©e sur un peu plus d’un an entre 2019 et 2020.

Une ligne Ă  courant continue haute tension pour exporter la production
Outre la centrale de Gonghe, le xi’an (comtĂ©) Ă©ponyme accueille de nombreux autres sites solaires photovoltaĂŻques et Ă  concentration, pour un total d’environ 5 GWc installĂ©s. ProblĂšme, ces sites sont trĂšs Ă©loignĂ©s des zones de consommation.
Leur production est donc exportĂ©e vers l’est de la Chine par une ligne Ă  courant continu haute tension (HVDC) de 800 kV longue de
 1587 km. Pour l’instant trĂšs peu dĂ©ployĂ© dans le monde, ce mode de transmission permet de rĂ©duire les pertes en ligne sur les trĂšs longues distances.

3 – Parc solaire photovoltaïque de Pavagada, Inde

Puissance (GW) Prod. annuelle (TWh/an) Durée des travaux
2,05 Inconnue 2016 – 2018

Accepteriez-vous de voir des villages encerclĂ©s par d’immenses centrales solaires photovoltaĂŻques ? Dans l’État du Karnataka en Inde, cinq petites localitĂ©s se sont retrouvĂ©es au beau milieu du gigantesque parc solaire de Pavagada.
Toutefois, l’arrivĂ©e des millions de panneaux photovoltaĂŻques n’a pas suscitĂ© de levĂ©e de boucliers. Bien au contraire, cette rĂ©gion agricole Ă©tant touchĂ©e par une dĂ©sertification galopante, les fermiers ont trouvĂ© un nouveau moyen de subsistance.

Le plus grand parc éolien offshore du monde entre en service

Le parc Ă©olien en mer Hornsea 2, situĂ© en mer du Nord, Ă  89 km des cĂŽtes du Yorkshire au Royaume-Uni entre en service. AprĂšs avoir commencĂ© Ă  produire de l’électricitĂ© fin 2021, il n’a dĂ©ployĂ© la totalitĂ© de sa capacitĂ© qu’à l’étĂ© 2022, pour en faire la plus grande ferme Ă©olienne offshore au monde Ă  ce jour.
Nous l’évoquions il y a quelques mois : le parc Ă©olien en mer Hornsea 2 devait fonctionner Ă  plein rĂ©gime cette annĂ©e. VoilĂ  qui est fait cet Ă©tĂ©. AprĂšs le parc Hornsea 1 d’une puissance de 1 218 MW situĂ© Ă  proximitĂ©, le nouveau site Hornsea 2 dĂ©ploie 1 386 MW supplĂ©mentaires, soit un total de 2 604 MW sur l’ensemble des 2 parcs.
Cette nouvelle mĂ©ga-ferme Ă©olienne offshore est en mesure de couvrir la consommation d’électricitĂ© nĂ©cessaire de 1,3 million de foyers britanniques. Le producteur d’électricitĂ© danois Orsted est Ă  l’origine de ce projet, qui s’étend sur une surface de 462 kmÂČ. Il est composĂ© de 165 turbines Simens Gamesa de 8,4 MW.

De nouvelles extensions pour dépasser les 5 GW

Les parcs Hornsea 1 et 2 seront complĂ©tĂ©s dans les prochaines annĂ©es par deux nouvelles installations : Hornsea 3, qui ajoutera 2 400 MW de puissance via 231 Ă©oliennes. SituĂ© Ă  160 km au large des cĂŽtes, il devrait ĂȘtre mis en service en 2027. Un quatriĂšme parc est mĂȘme en cours d’étude, ses caractĂ©ristiques finales seront actĂ©es en 2023.
Avec 5 Ă  6 GW installĂ©s Ă  terme, les 4 parcs d’Hornsea contribueront massivement Ă  l’objectif fixĂ© par le Royaume-Uni d’atteindre 40 GW de puissance Ă©olienne offshore installĂ©e d’ici 2030

Lorraine Veron

Pourquoi vos panneaux solaires ne vous sauveront pas d’un blackout ?

À moins d’y associer une batterie, une centrale solaire domestique ne permet pas de prendre le relais en cas de coupure de courant du rĂ©seau. Lors d’un blackout, vous serez donc privĂ©s d’électricitĂ©, que vous ayez ou non des panneaux photovoltaĂŻques sur votre toit. Si la situation paraĂźt absurde, elle s’explique par des rĂšgles techniques et de sĂ©curitĂ© finalement logiques.
Ainsi, lors d’une coupure gĂ©nĂ©rale, la production des panneaux solaires qui y sont installĂ©s est interrompue centrales. C’est une obligation lĂ©gale.

L’arrĂȘt s’effectue automatiquement grĂące au relais de dĂ©couplage intĂ©grĂ© Ă  l’onduleur.

Une question de sécurité

Il s’agit avant tout d’une mesure de sĂ©curitĂ©. Cela permet d’éviter la prĂ©sence de courant sur les lignes, oĂč des agents sont susceptibles d’intervenir.

Lors d’une coupure, des panneaux photovoltaĂŻques qui continueraient Ă  injecter leur production dĂ©livreraient une tension et intensitĂ© irrĂ©guliĂšres, car non synchronisĂ©es Ă  la demande. Il y a donc un risque de dĂ©tĂ©rioration des appareils, d’échauffement des conducteurs et donc d’incendie.

Ce que contient la nouvelle loi sur les renouvelables
La rédaction
11 janvier 2023
6 min (durée de lecture)

La loi adoptĂ©e mardi 10 janvier Ă  l’AssemblĂ©e en premiĂšre lecture visant Ă  accĂ©lĂ©rer le dĂ©ploiement des Ă©nergies renouvelables Ă©olienne et solaire en France peut se rĂ©sumer Ă  deux types de mesures. Une sĂ©rie visant Ă  limiter les possibilitĂ©s de recours locaux contre l’installation de parcs Ă©oliens terrestres et marins et une autre permettant de rĂ©cupĂ©rer plus facilement des terrains et des surfaces pour installer des panneaux photovoltaĂŻques. Reste que la production d’électricitĂ© en France est dĂ©jĂ  dĂ©carbonĂ©e Ă  plus de 90% et que la transition Ă©nergĂ©tique pour ĂȘtre rĂ©ellement efficace devrait avoir d’autres prioritĂ©s.
En dĂ©pit de leurs limites, l’intermittence, que l’on mesure particuliĂšrement en hiver et lors des pĂ©riodes de grand froid et de canicule (peu de vent), la production d’électricitĂ© Ă  partir d’énergies renouvelables (Ă©olien et solaire) est une prioritĂ© en France comme en Europe. Mais elle se heurte Ă  des obstacles physiques, les Ă©oliennes et les panneaux solaires demandent une importante emprise au sol, et sociĂ©taux, les oppositions locales farouches notamment aux Ă©oliennes terrestres et marines.

Selon des calculs effectuĂ©s par les experts du World Economic Forum, l’emprise au sol des panneaux photovoltaĂŻques est de 22 mĂštres carrĂ©s par MWh (MĂ©gawatt heure) produit. Elle est comprise entre 8,4 et 247 mĂštres carrĂ©s par MWh pour les Ă©oliennes terrestres. Et par comparaison, elle est de 0,7 mĂštre carrĂ© par MWh pour le nuclĂ©aire. Ajoutons qu’il est d’autant plus nĂ©cessaire d’installer de trĂšs grandes quantitĂ©s d’équipements en mobilisant toujours plus de surfaces que la production rĂ©elle des Ă©oliennes terrestres correspond en moyenne dans l’annĂ©e Ă  seulement 23% de leur capacitĂ© nominale et celle des panneaux photovoltaĂŻques a Ă  peine 14% de cette mĂȘme capacitĂ© nominale.

Circonvenir les oppositions locales

Pour accĂ©lĂ©rer le dĂ©ploiement des renouvelables en France, le gouvernement a donc dĂ©cidĂ© de contourner les oppositions locales via une nouvelle loi. Elle a Ă©tĂ© adoptĂ©e mardi 10 janvier Ă  l’AssemblĂ©e en premiĂšre lecture. Une commission mixte rĂ©unira des dĂ©putĂ©s et sĂ©nateurs, a priori le 24 janvier, pour tenter d’établir un texte de compromis, en vue d’une adoption dĂ©finitive en fĂ©vrier. La loi consiste en rĂ©sumĂ© Ă  allĂ©ger les procĂ©dures administratives, installer des panneaux solaires en bord d’autoroute et sur les parkings oĂč les surfaces sont disponibles et Ă  dĂ©velopper massivement l’éolien en mer.
Le projet de loi d’accĂ©lĂ©ration des Ă©nergies renouvelables doit ainsi permettre Ă  la France de rattraper ce que certains, notamment les lobbys Ă©olien et solaire, prĂ©sentent comme un retard
 Ce qui est absurde. L’objectif poursuivi par la transition consiste Ă  dĂ©carboner la production d’électricitĂ©. Ce qui est dĂ©jĂ  le cas en France Ă  90% avec le nuclĂ©aire, l’hydroĂ©lectrique et ce qui existe d’éolien et de solaire.

PrivĂ©e de gaz russe, la production d’électricitĂ© en Europe se dope au solaire en 2022

Par Challenges.fr le 31.01.2023 Ă  19h24 Lecture 5 min.

L’annĂ©e 2022 pourrait-elle ĂȘtre un tournant pour le mix Ă©nergĂ©tique europĂ©en? Pour la premiĂšre fois, la part des Ă©nergies solaire et Ă©olienne dans la production d’électricitĂ© en Europe a dĂ©passĂ© celle du gaz. Un changement de paradigme rendu possible par le tarissement de l’approvisionnement en gaz russe, une baisse de la consommation et l’augmentation des capacitĂ©s de production du solaire. Une bonne nouvelle alors que la production d’origine nuclĂ©aire Ă©tait au plus bas cette annĂ©e.

C’est actĂ©, les Français vont payer plus cher leur Ă©lectricitĂ©. Les tarifs rĂ©glementĂ©s augmenteront de 15% maximum dĂ©but 2023, a annoncĂ© Elisabeth Borne cette semaine. En cause: la flambĂ©e des prix sur les marchĂ©s, qui se rĂ©percutent sur les consommateurs. Alors que les factures explosent de tous les cĂŽtĂ©s, certains Français ont pourtant rĂ©ussi Ă  faire baisser drastiquement la leur, grĂące Ă  l’installation de panneaux solaires photovoltaĂŻques sur leur toit, ou dans leur jardin. Et la recette sĂ©duit de plus en plus.

Pendant longtemps, les panneaux photovoltaĂŻques pour les particuliers n’étaient qu’un investissement financier. Celui-ci payait -cher-, une mini centrale, et rĂ©injectait 100% de sa production dans le rĂ©seau Ă©lectrique. Mais en 2017, un dĂ©cret est venu changer la donne. Depuis 5 ans, les particuliers peuvent installer des panneaux solaires en autoconsommation. Si ceux-ci produisent de l’électricitĂ© pendant qu’ils en ont besoin, ils consomment directement leur production. Sinon, le surplus est revendu Ă  EDF qui a une obligation d’achat Ă  10 centimes le kilowattheure, un tarif non indexĂ© sur les marchĂ©s de gros, via des contrats de 20 ans. « Les Français ont accĂšs Ă  des tarifs d’achat de l’électricitĂ© rĂ©glementĂ©, il est quelque part logique qu’ils aient accĂšs Ă  des tarifs de vente aussi rĂ©glementĂ©s, qui
permettent que l’électricitĂ© que vous produisez mais ne consommez pas ne soit pas perdue Â», explique Jean Rosado, directeur gĂ©nĂ©ral d’Otovo place de marchĂ© de panneaux. Et si la production n’est pas suffisante, l’électricitĂ© utilisĂ©e provient classiquement de son fournisseur, quel qu’il soit.

SuccÚs exponentiel du photovoltaïque chez les Français

RĂ©sultat de ce changement de philosophie, « 100% de mes chantiers pour les particuliers sont aujourd’hui pour de l’autoconsommation Â», tĂ©moigne StĂ©phan Vinsonneau, patron d’Energesia, installateur de panneaux photovoltaĂŻque Ă  Toulouse depuis 12 ans. Et la recette plaĂźt de plus en plus depuis le dĂ©but de la hausse des tarifs de l’électricitĂ©, et encore plus depuis l’invasion de l’Ukraine. En trois ans, l’activitĂ© de StĂ©phan Vinsonneau a Ă©tĂ© multipliĂ©e par 10. Il fait travailler aujourd’hui une trentaine de personnes, contre 5 en 2019, « et il y aurait du travail pour 40 Â». RĂ©sultat, entre boom de la demande et pĂ©nurie de matĂ©riaux, les dĂ©lais s’allongent. Comptez en moyenne 6 mois pour un particulier, et jusqu’à deux ans pour une entreprise.
MĂȘme constat du cĂŽtĂ© des nouveaux venus du secteur. Le groupe norvĂ©gien Otovo est arrivĂ© en France en 2019 avec l’acquisition de la start-up In Sun we trust et a vu ses ventes exploser de 80% entre le premier trimestre 2021 et le premier trimestre 2022. Son concurrent, Oscaro Power, qui commercialise des kits solaires Ă  installer soi-mĂȘme a, lui, vu son activitĂ© multipliĂ©e par 6 depuis mars. Des chiffres confirmĂ©s par Enedis. Ă  la fin du premier trimestre 2022 (avant l’explosion des prix de l’électricitĂ©), 184.150 installations photovoltaĂŻque en autoconsommation Ă©taient raccordĂ©es Ă  son rĂ©seau, 3,5 fois plus
qu’il y a 3 ans, pour 1 GW de puissance installĂ©e Ă  la mi 2022, soit l’équivalent d’un rĂ©acteur nuclĂ©aire.

Investissement rentable


Il faut dire que la solution photovoltaĂŻque a tout pour plaire. A l’heure de l’inflation galopante, l’impact sur la facture des mĂ©nages est incomparable. RĂ©mi Leclair a fait installer 16 panneaux sur sa maison Ă  Domloup prĂšs de Rennes via Otovo fin septembre 2019. En modifiant ses habitudes de consommation pour les faire correspondre aux moments de production (en milieu de journĂ©e surtout), cet ingĂ©nieur informatique freelance qui travaille Ă  domicile consomme 25 Ă  30% de sa production Ă©lectrique. Le reste est vendu Ă  EDF.
Entre septembre 2021 et septembre 2022, RĂ©mi Leclair qui vit avec sa femme et trois enfants a ainsi pu Ă©conomiser 300 euros d’électricitĂ©, et revendu pour 380 euros. Le tout pour un investissement d’origine de 11.300 euros (12.700 moins 1.400 de prime de l’Etat) « Selon mes calculs, si le prix de l’électricitĂ© ne bouge plus, l’investissement sera rentabilisĂ© en 19 ans. Otovo avait calculĂ© une rentabilitĂ© en 15 ans avec une hausse de 3% de l’électricitĂ© par an, mais avec les augmentations actuelles et celles annoncĂ©es, les dĂ©lais vont ĂȘtre beaucoup plus courts Â», se fĂ©licite ce pĂšre de famille.
Solenne Cadet, enseignante en GĂ©nie Civil a elle aussi optĂ© pour des panneaux solaires pour des raisons Ă©cologiques. « Quand nous avons achetĂ© notre maison en Savoie, nous cherchions une bĂątisse sur laquelle on pourrait agir au maximum pour l’environnement Â», tĂ©moigne-t-elle. Depuis fĂ©vrier 2022, cette propriĂ©taire dispose donc de 20 panneaux solaires sur son toit plat, et de quatre de plus en façade, en guise de brise-soleil. Et le rĂ©sultat est bluffant, avec une rĂ©duction de prĂšs de 78% de sa consommation entre juillet 2022 par rapport Ă  juillet 2021, avec un effet non nĂ©gligeable sur sa facture. De 183,24 euros du 16 juin au 15 aoĂ»t 2021, elle est passĂ©e Ă  59,68 euros pour la mĂȘme pĂ©riode en 2022, soit une ristourne de plus de 67%, sur les meilleurs mois de production.

Analyse La guerre devrait accĂ©lĂ©rer la transition climatique Si les bĂ©nĂ©fices des majors pĂ©troliĂšres se sont envolĂ©s, les craintes qu’elle ne fasse Ă©chouer la transition vers les Ă©nergies renouvelables se sont rĂ©vĂ©lĂ©es infondĂ©es.
Valerio Baselli

2022 a Ă©tĂ© une annĂ©e de bouleversements historiques - au milieu de la guerre et de la pĂ©nurie d’énergie, pour la premiĂšre fois de l’histoire, l’énergie solaire et Ă©olienne a gĂ©nĂ©rĂ© plus d’électricitĂ© que le gaz au sein de l’Union europĂ©enne.

Selon les donnĂ©es du groupe de rĂ©flexion sur les Ă©nergies renouvelables Ember basĂ© Ă  Londres, l’annĂ©e derniĂšre, 22 % de l’électricitĂ© de l’UE a Ă©tĂ© gĂ©nĂ©rĂ©e par des panneaux solaires et des Ă©oliennes, contre 20 % par l’utilisation du gaz naturel.

« L’Europe a Ă©vitĂ© le pire de la crise Ă©nergĂ©tique », dĂ©clare Dave Jones, responsable des donnĂ©es chez Ember.

« Les chocs de 2022 n’ont provoquĂ© qu’une faible augmentation (1,5 %) de l’électricitĂ© au charbon et en mĂȘme temps une Ă©norme augmentation du soutien aux Ă©nergies renouvelables. »

Toutes les craintes d’une reprise du charbon sont dĂ©sormais caduques.

Le changement historique a Ă©tĂ© un choix imposĂ© par l’invasion de l’Ukraine, les sanctions europĂ©ennes qui ont suivi contre Moscou, l’arrĂȘt presque complet des importations de gaz russe et la flambĂ©e des prix et de la volatilitĂ© qui en a rĂ©sultĂ© .

AprĂšs avoir atteint un niveau record en aoĂ»t dernier Ă  340 € par mĂ©gawattheure, les contrats de gaz naturel nĂ©gociĂ©s sur la plateforme nĂ©erlandaise TTF oscillent actuellement autour de 51 € par MWh, au plus bas depuis septembre 2021.

À seulement un mois de l’hiver, les stockages europĂ©ens sont remplis Ă  65 %, bien au-dessus de la moyenne dĂ©cennale de 53 % pour cette pĂ©riode de l’annĂ©e.

Au milieu des bonnes nouvelles, la volatilitĂ© et l’incertitude sur les marchĂ©s de l’énergie sont loin d’ĂȘtre terminĂ©es, en particulier face au rebond de la demande chinoise aprĂšs de longues pĂ©riodes de confinement.

« Les prix de gros du gaz et de l’électricitĂ© ont grimpĂ© en flĂšche depuis le dĂ©but de la crise Ă©nergĂ©tique en 2021, et ils resteront bien au-dessus de leur moyenne historique », dĂ©clare Tancrede Fulop, analyste actions chez Morningstar.

« Nous pensons qu’ils se normaliseront vers le milieu de cette dĂ©cennie dans le sillage d’une rĂ©duction structurelle de la consommation de gaz en Europe et d’un rééquilibrage du marchĂ© mondial du gaz avec la mise en service de nouvelles usines de liquĂ©faction de gaz. »

Électrifier l’offre et la demande
La guerre en Ukraine a mis l’accent de la politique europĂ©enne sur la diversification des approvisionnements Ă©nergĂ©tiques et sur la gestion de la demande grĂące Ă  une plus grande efficacitĂ© - l’électrification et les Ă©nergies renouvelables sont essentielles pour les deux.

En mai dernier, Bruxelles a lancĂ© le plan REPowerEU, un programme de 300 milliards d’euros destinĂ© Ă  mettre fin Ă  la dĂ©pendance aux combustibles fossiles russes et Ă  stimuler les investissements dans les Ă©nergies renouvelables, avec l’objectif de construire jusqu’à 45 % du mix Ă©nergĂ©tique d’ici 2030.

« L’énergie solaire devrait augmenter Ă  600 GW d’ici 2030 et Ă  plus de 320 GW d’ici 2025, soit plus du double des niveaux actuels », selon Fulop.

« Les plus opĂ©rateurs de services collectifs europĂ©ens diversifiĂ©s n’ont pas attendu la crise dezl’énergie pour orienter leurs investissements vers les Ă©nergies renouvelables.

Ils ont commencĂ© Ă  le faire au cours de la derniĂšre dĂ©cennie alors que les prix de l’électricitĂ© Ă©taient dĂ©primĂ©s et que les investissements dans les Ă©nergies renouvelables bĂ©nĂ©ficiaient de subventions Ă©levĂ©es.

Nous estimons que les services publics européens que nous couvrons consacreront plus de 40 % de leurs investissements aux énergies renouvelables dans les années à venir.

Une bonne partie du reste des investissements ira aux rĂ©seaux qui doivent ĂȘtre modernisĂ©s et Ă©tendus pour accueillir la croissance des Ă©nergies renouvelables. »

L’augmentation de la production d’énergies renouvelables est un aspect de la transition, mais l’électrification des utilisations Ă©nergĂ©tiques sera la clĂ© de sa rĂ©ussite, prĂ©vient Roman Boner, gestionnaire de portefeuille de la stratĂ©gie RobecoSAM Smart Energy Equities.

« Ce changement sera impulsĂ© non seulement par les marchĂ©s des transports, mais aussi par les bĂątiments, grĂące Ă  l’efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique, et par les marchĂ©s industriels, grĂące Ă  l’électrification des processus de production. »

La semaine derniĂšre, le Parlement europĂ©en a approuvĂ© une interdiction controversĂ©e des nouvelles ventes de voitures Ă  essence et diesel Ă©mettant du carbone d’ici 2035.

Le plan de l’UE soutient Ă©galement l’électrification des bĂątiments et des entreprises et Ă©tend les investissements dans les infrastructures reliant les Ă©conomies du bloc.

« À court terme, de nombreuses entreprises devront faire face Ă  des coĂ»ts considĂ©rables, en particulier dans les secteurs difficiles Ă  Ă©lectrifier », selon Boner.

« Cependant, les coĂ»ts de production des Ă©nergies renouvelables diminuent par rapport Ă  ceux des formes d’énergie conventionnelles, et Ă  mesure que les coĂ»ts de l’énergie conventionnelle montent en flĂšche, les consommateurs et les secteurs Ă  forte intensitĂ© Ă©nergĂ©tique finiront par accĂ©lĂ©rer leur transition Ă©nergĂ©tique. »

Cycle d’investissement massif
Au-delĂ  de l’Europe, les plus grandes Ă©conomies mondiales se sont dĂ©jĂ  fixĂ© des objectifs ambitieux pour augmenter la part des Ă©nergies renouvelables dans leur mix Ă©nergĂ©tique national.

Aux États-Unis, le rĂ©cent Inflation Reduction Act (IRA) consacre prĂšs de 400 milliards de dollars au dĂ©veloppement de la production et du stockage des Ă©nergies renouvelables domestiques et Ă  l’utilisation d’énergies propres par les consommateurs.

« MalgrĂ© les dĂ©fis actuels, l’électrification semble ĂȘtre au dĂ©but d’un Ă©norme cycle d’investissement qui s’étendra Ă  tous les secteurs », commente encore Roman Boner.

« Nous pensons que nous sommes proches d’un point de basculement oĂč les gouvernements cesseront d’encourager les combustibles fossiles et encourageront l’adoption de technologies qui facilitent l’électrification complĂšte des Ă©conomies. »

À mesure que le mix Ă©nergĂ©tique se diversifie et que les clients bĂ©nĂ©ficient de plus de flexibilitĂ©, la concurrence entre les sources d’énergie ne fera qu’augmenter.

© Morningstar, 2023 - L’information contenue dans ce document est Ă  vocation pĂ©dagogique et fournie Ă  titre d’information UNIQUEMENT. Il n’a pas vocation et ne devrait pas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une invitation ou un encouragement Ă  acheter ou vendre les titres citĂ©s. Tout commentaire relĂšve de l’opinion de son auteur et ne devrait pas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une recommandation personnalisĂ©e. L’information de ce document ne devrait pas ĂȘtre l’unique source conduisant Ă  prendre une dĂ©cision d’investissement. Veillez Ă  contacter un conseiller financier ou un professionnel de la finance avant de prendre toute dĂ©cision d’investissement.

ÉlectricitĂ© solaire Autoconsommer, est-ce rentable ?

La hausse des prix de l’électricitĂ© booste le photovoltaĂŻque sur toiture, avec des mĂ©nages qui souhaitent avant tout autoconsommer l’énergie qu’ils produisent. Est-ce un pari gagnant ? Que Choisir refait les comptes.
Au printemps 2021, notre enquĂȘte sur le photo­voltaĂŻque s’intitulait « Une opportunitĂ© Ă  saisir ». AprĂšs avoir Ă©tĂ© longtemps prohibitifs, les coĂ»ts des panneaux avaient chutĂ© et leur pose en sur­imposition s’avĂ©rait aussi bien rĂ©munĂ©rĂ©e que leur intĂ©gration au toit (en lieu et place des ardoises et des tuiles), source de problĂšmes frĂ©quents d’étanchĂ©itĂ© et d’infiltrations d’eau. Nous ajoutions cependant aussitĂŽt : « À condition de ne pas succomber Ă  la mode de l’autoconsommation et de payer le prix juste. » Nos calculs dĂ©montraient en effet que, du nord au sud, l’option la plus lucrative restait toujours la vente en totalitĂ© de l’électricitĂ© produite.

Depuis, la reprise Ă©conomique mondiale post-covid et la guerre en Ukraine ont bouleversĂ© la situation Ă©nergĂ©tique. Les tarifs de l’électricitĂ© ont augmentĂ© et vous ĂȘtes nombreux Ă  nous demander si nos prĂ©conisations demeurent identiques. « Merci pour la qualitĂ© de votre article, les conclusions que vous tiriez sont-elles toujours valables avec le renchĂ©rissement ­actuel du coĂ»t de l’électricitĂ© ? », nous interroge Pierre. « Il semblerait que le photovoltaĂŻque en autoconsommation devienne rentable avec la crise Ă©nergĂ©tique », ajoute Monique, l’un comme l’autre se faisant l’écho de bien d’autres abonnĂ©s et lecteurs.

Que Choisir a donc ressorti sa machine Ă  calculer en se basant sur la nouvelle donne ­financiĂšre, soit un investissement plus onĂ©reux en raison de l’inflation qui a touchĂ© les matĂ©riaux, un prix du kilowattheure (kWh) Ă©lectrique passĂ© Ă  20,62 centimes, un tarif d’achat de 20,22 centimes par kWh en vente totale, de 10 centimes en vente du surplus, avec dans ce cas une prime de 430 € par kilowatt-crĂȘte (kWc) installĂ© jusqu’à 3 kWc, 320 € au-dessus jusqu’à 9 kWc. Autre Ă©lĂ©ment pris en compte, un renchĂ©rissement du kWh que nous Ă©valuons Ă  2 % par an sur 20 ans, une durĂ©e qui correspond Ă  celle des contrats avec tarif d’achat. Si les commerciaux qui dĂ©marchent prĂ©fĂšrent annoncer +5 % par an pour flatter l’envie des Ă©ventuels clients d’autoconsommer leur production, il s’agit d’une hausse trĂšs supĂ©rieure aux Ă©volutions constatĂ©es jusqu’à prĂ©sent.

UN TARIF DE VENTE DU SURPLUS PEU ATTRACTIF

Mettons les choses au point d’emblĂ©e, l’autoconsommation totale est un parti pris perdant, et mĂȘme ruineux, lorsqu’on s’équipe au-delĂ  du kit solaire. D’abord, parce que les panneaux fournissent de l’énergie en journĂ©e alors que les mĂ©nages l’utilisent surtout le matin et le soir. Ensuite, parce que 70 % de la production photovoltaĂŻque se fait entre avril et septembre, Ă  l’inverse de la consommation Ă©lectrique, beaucoup plus Ă©levĂ©e en hiver. Aussi parce que tout autoconsommer ne donne droit Ă  aucune aide et impose de s’engager Ă  ne rien injecter dans le rĂ©seau. Enfin, parce que l’on doit stocker le surplus afin d’avoir une chance de consommer toute sa production et ne pas perdre l’excĂ©dent.
Or, les batteries coĂ»tent trĂšs cher et polluent. « Le rĂ©seau Ă©lectrique remplit les mĂȘmes fonctions [
], mais de façon autrement plus efficace, plus Ă©conomique et plus Ă©cologique. Il valorise l’énergie non consommĂ©e et vous alimente en Ă©lectricitĂ© quand les panneaux ne produisent pas », indique Hespul, l’association qui fait rĂ©fĂ©rence sur le photo­voltaĂŻque. Et d’ajouter que « la batterie ne pourra jamais stocker la production de l’étĂ© pour alimenter le logement en hiver ». S’il fallait encore un argument afin de dissuader les partisans de l’autoconsommation totale, ajoutons que contrairement Ă  une croyance trĂšs rĂ©pandue, elle n’évite pas les coupures de courant. Car dans ce cas, ­l’onduleur se met automatiquement en veille : cela permet de protĂ©ger les techniciens qui interviennent sur le rĂ©seau des risques d’électrocution. Le systĂšme photovoltaĂŻque ne redĂ©marre qu’une fois le courant rĂ©tabli.
L’autoconsommation avec vente du surplus est d’ailleurs la formule que les particuliers plĂ©biscitent depuis la crise Ă©nergĂ©tique. L’augmentation du prix des panneaux photovoltaĂŻques et la faible rĂ©munĂ©ration des kWh vendus ne les arrĂȘtent pas. Les raccordements d’installations rĂ©sidentielles en autoconsommation ont, de fait, bondi entre juillet et septembre dernier, « battant un record absolu », selon l’observatoire de France territoire solaire. « On constate que les particuliers qui choisissent la vente du surplus cherchent Ă  autoconsommer le plus possible, ce qui s’explique en partie par un tarif de vente du surplus faible, souligne Anne-Claire Faure, coanimatrice du centre de ressources photovoltaĂŻques d’Hespul. Pourtant, au-delĂ  du ballon d’eau chaude Ă©lectrique qu’on programme en journĂ©e, voire de la recharge du vĂ©hicule Ă©lectrique si on en possĂšde un, c’est difficile, le gros Ă©lectromĂ©nager ne se commandant pas si facilement. De plus, comme le compteur n’enregistre que l’énergie injectĂ©e dans le rĂ©seau, les usagers ne disposent pas du suivi de leur production et ils ignorent combien ils en consomment, c’est propice Ă  la surconsommation. On en voit mĂȘme certains ajouter un spa ou une piscine pour consommer leur production. » Une hĂ©rĂ©sie selon l’association, qui se plaĂźt Ă  rappeler que la meilleure Ă©nergie est celle qu’on n’utilise pas et qui prĂŽne avant tout la sobriĂ©tĂ© Ă©nergĂ©tique. En rĂ©alitĂ©, seuls les bureaux, les centres commerciaux et, plus gĂ©nĂ©ralement, tous les sites qui fonctionnent en journĂ©e peuvent consommer leur production en totalitĂ©.

DIFFICILE D’UTILISER PLUS D’UN TIERS DE SA PRODUCTION

Avec une puissance de 3 kWc, la plus courante en raison des aides publiques auxquelles elle donne droit, les occupants d’une maison peuvent espĂ©rer consommer 30 % de leur production en reportant un maximum d’usages en journĂ©e. Ce chiffre, trĂšs dĂ©cevant si on le compare aux promesses des vendeurs, repose sur le suivi effectif d’installations rĂ©elles en service. Il est donc plus rĂ©aliste que leurs discours. Gardons ­cependant Ă  l’esprit qu’en cas de production photovoltaĂŻque faible ou nulle, les appareils programmĂ©s sur la journĂ©e fonctionneront sur heures pleines, au prix fort. Avoir la possibilitĂ© de modifier le moment de leur mise en route au coup par coup est indispensable lorsque l’on veut Ă©viter de mauvaises surprises sur la facture d’électricitĂ©. Pour un surcoĂ»t non nĂ©gligeable, se doter d’une box domotique les pilotant permet de dĂ©cider de l’heure de lancement du cumulus, du lave-­vaisselle, du lave-linge et du sĂšche-linge.
Gare toutefois aux dĂ©sillusions, il arrive que les Ă©quipements ne soient pas tous compatibles, qu’il s’agisse des chauffe-eau Ă©lectriques ou du gros Ă©lectromĂ©nager. Par ailleurs, les professionnels n’hĂ©sitent pas Ă  promettre un taux d’autoconsommation de 50 %, voire de 70 % pour obte­nir la signature du client. S’ils en rajoutent tant et plus afin d’emporter la mise, ils se gardent bien de garantir ce pourcentage sur le devis qui engage leur responsabilitĂ©, le sachant inatteignable
 sauf si on chauffe l’eau de la piscine en plein aprĂšs-midi l’étĂ© tout en allumant la climatisation !
Sans renoncer aux Ă©conomies d’énergie, dĂ©passer 30 % ­d’autoconsommation paraĂźt difficile. On cĂšde donc 70 % de sa production, mais Ă  seulement 10 centimes le kWh. Cette diffĂ©rence importante de rĂ©munĂ©ration face Ă  la vente ­totale – qui, elle, s’établit Ă  20,22 centimes le kWh – dĂ©savantage la vente du surplus, sauf quand la production solaire s’avĂšre rela­tivement faible, comme dans la partie nord du pays. Ailleurs, malgrĂ© le fort renchĂ©rissement du kWh, il est plus rentable de cĂ©der toute sa production, mĂȘme si l’écart se ­rĂ©duit. L’autre intĂ©rĂȘt de ce choix ? En continuant Ă  payer toute sa consommation d’électricitĂ©, le particulier sait prĂ©cisĂ©ment combien il dĂ©pense, ce qui l’incite Ă  maintenir ses efforts de sobriĂ©tĂ© Ă©nergĂ©tique et Ă  Ă©conomiser l’énergie. C’est tout bĂ©nĂ©fice pour ses finances.
En mettant en Ɠuvre 3 kWc, on a une TVA de 10 %. Elle grimpe Ă  20 % pour 6 kWc, une puissance qu’il est nĂ©anmoins possible d’installer sur de nombreux pans de toitures rĂ©sidentielles. Si cette diffĂ©rence peut faire hĂ©siter, l’investissement moins Ă©levĂ© par kWc posĂ© la contre­balance. Dans la mesure oĂč il s’agit d’un placement garanti sur 20 ans grĂące au contrat d’achat, cela mĂ©rite rĂ©flexion au sud de la Loire dĂšs lors que l’on dispose des fonds et d’une toiture exposĂ©e sud. S’équiper en finançant l’opĂ©ration par un crĂ©dit associĂ© demeure par contre trop risquĂ©. En l’incluant, le prix de l’équipement est tellement Ă©levĂ© qu’il ampute la rentabilitĂ©. La vigilance s’impose, car en gĂ©nĂ©ral, le commercial surĂ©value nettement la production pour convaincre de l’intĂ©rĂȘt financier du projet malgrĂ© la charge de l’emprunt.

Nos 3 conseils

  1. Refusez le démarchage. Les professionnels compétents ne prospectent pas, ils sont trop occupés.
  2. Réfléchissez bien avant de signer un devis. Les commerciaux surestiment la production et la rentabilité, tout en forçant sur le prix des panneaux.
  3. Vendez des kWh, c’est indispensable. Autoconsommer la totalitĂ© de sa production est impossible.

Je suis en total désaccord , au sujet de cette phrase. Pour le reste tout est OK

« Mais si nous voulons limiter le rĂ©chauffement climatique Ă  1,5°C par rapport Ă  l’ùre prĂ©-industrielle, »

Sur le plan scientifique , je ne prends en considĂ©ration que les publications dans Nature ou Science , comme la plus part des personnes qui votent pour la dĂ©signation d’un Nobel scientifique

Voici donc ce qu’il faudrait pour limiter la tempĂ©rature Ă  1, 5 °C en 2050

Revue Nature 9 septembre 2021
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‱Les chercheurs de l’University College de Londres estiment que prĂšs de 60 % des rĂ©serves actuelles de pĂ©trole et de gaz et 90 % de celles de charbon devraient rester sous terre d’ici Ă  2050.
‱
‱Les auteurs de l’étude considĂšrent ainsi qu’au niveau mondial, les consommations de pĂ©trole et de gaz doivent chacune diminuer de 3 % par an jusqu’en 2050
‱ Les États-Unis, la Russie et la Chine possĂšdent notamment de gigantesques rĂ©serves de charbon, l’énergie fossile la plus Ă©mettrice de dioxyde de carbone.

Pour limiter le réchauffement à 1, 5 °C en 2100

Il faudrait ne pas Ă©mettre plus de 500 Gt de CO2 , soit l’équivalent de 10 ans de consommation actuelle.

En conclusion :
Il est impossible de limiter le réchauffement climatique à 1, 5 °C

Investissement durableJour de la Terre 2023 : les technologies de capture du carbone fonctionnent-elles ?Nous examinons cette nouvelle frontiĂšre pour les investisseurs, et comment investir dans l’énergie propre.
Sara Silano20.04.2023Font-Size
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La crise énergétique de 2022 a mis en lumiÚre les charmes des technologies de captage du carbone.

Ce sont des solutions qui aident Ă  attĂ©nuer les Ă©missions de dioxyde de carbone provenant de sources telles que les centrales Ă©lectriques et les usines et Ă  Ă©liminer le CO₂ existant de l’atmosphĂšre.

La promesse de la capture du carbone a attirĂ© l’attention en 2022 alors que l’utilisation mondiale du charbon augmentait pendant la crise Ă©nergĂ©tique et que la Russie rĂ©duisait sa production de gaz naturel.

Le charbon contient plus de carbone que le pĂ©trole ou le gaz et est de loin la plus grande source d’émissions de dioxyde de carbone du systĂšme Ă©nergĂ©tique mondial.

Selon les estimations de l’Agence internationale de l’énergie, elle a augmentĂ© de 1,2 % en 2022, dĂ©passant les 8 milliards de tonnes en une seule annĂ©e pour la premiĂšre fois de l’histoire.

L’AIE s’attend Ă  ce que l’utilisation du charbon reste robuste en Asie Ă©mergente.

C’est pourquoi certains gouvernements ont dĂ©cidĂ© d’accĂ©lĂ©rer le dĂ©veloppement des technologies de captage du carbone. Les entreprises et les investisseurs espionnent Ă©galement de nouvelles opportunitĂ©s.

Initiatives gouvernementales
L’utilisation du charbon met en pĂ©ril l’objectif de zĂ©ro Ă©mission nette de l’Union europĂ©enne pour 2050.

Les gouvernements prĂ©voient de nouvelles initiatives pour atteindre l’objectif, notamment l’efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique, les Ă©nergies renouvelables et la capture du carbone.

L’Allemagne, en particulier, est revenue au charbon pour remplacer le gaz naturel russe, mais souhaite faire progresser la technologie de capture du carbone.

Début 2023, les gouvernements allemand et norvégien ont convenu de coopérer pour accélérer le déploiement des technologies de capture et de stockage du carbone.

Dans l’UE, la Commission europĂ©enne a proposĂ© d’établir un cadre europĂ©en pour la certification de l’élimination du carbone, renforçant ainsi la confiance dans les certificats d’élimination du carbone.

Pendant ce temps, les États-Unis ont adoptĂ© la loi sur la rĂ©duction de l’inflation, qui prĂ©voit d’importants investissements dans la rĂ©duction des Ă©missions de carbone et la lutte contre le changement climatique.

Au quatriĂšme trimestre de 2022, les États-Unis ont lancĂ© quatre programmes visant Ă  « aider Ă  accĂ©lĂ©rer les investissements du secteur privĂ©, Ă  stimuler les progrĂšs dans les pratiques de surveillance et de notification des technologies de gestion du carbone et Ă  accorder des subventions aux États et aux gouvernements locaux pour se procurer et utiliser des produits. dĂ©veloppĂ© Ă  partir des Ă©missions de carbone capturĂ©es ».

Technologies de captage du carbone et capital-risque
Le capital-risque a déjà vu des opportunités dans les technologies de capture du carbone.

Selon PitchBook, en 2022 - une année difficile pour les marchés privés - les technologies du carbone et des émissions ont défié cette tendance.

Cette annĂ©e-lĂ , les investissements en capital-risque dans des domaines tels que la capture, l’utilisation et le stockage du carbone, la comptabilitĂ© carbone et les fintech, la dĂ©carbonation industrielle, la dĂ©carbonation de l’utilisation des terres et la dĂ©carbonation de l’environnement bĂąti, Ă©taient presque identiques Ă  ceux de 2021.

Le nombre de transactions a montré une légÚre augmentation en 2022, passant à 734 contre 704 en 2021 ; la valeur de la transaction a légÚrement diminué, passant de 14,1 milliards de dollars à 13,8 milliards de dollars.

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Que sont les technologies de captage du carbone ?
La capture, l’utilisation et le stockage du carbone (« CCUS ») fait rĂ©fĂ©rence Ă  une suite de technologies qui permettent d’attĂ©nuer les Ă©missions de CO₂ provenant de grandes sources ponctuelles telles que les centrales Ă©lectriques, les raffineries et d’autres installations industrielles, ou d’éliminer le CO₂ existant de l’atmosphĂšre.

Le processus CCUS se compose de trois Ă©tapes : la capture, le transport et le stockage, ou l’utilisation du CO₂.

Une fois capturĂ©, il est compressĂ© Ă  l’état liquide, transportĂ© et injectĂ© dans des formations gĂ©ologiques profondes, pour ĂȘtre stockĂ© en permanence dans des rĂ©servoirs de pĂ©trole et de gaz Ă©puisĂ©s, des gisements de charbon ou des milieux aquifĂšres salins profonds.

Souvent, le CO₂ capturĂ© peut ĂȘtre utilisĂ© comme intrant pour des produits et services commerciaux comme le ciment et le plastique. Il peut Ă©galement faire l’objet d’un stockage partiel et d’une rĂ©utilisation partielle.

Objectif Net Zéro
Dans le rapport « Net Zero by 2050. A Roadmap for the Global Energy Sector », l’AIE prĂ©voit que les volumes de capture de carbone « augmenteront lĂ©gĂšrement au cours des cinq prochaines annĂ©es par rapport au niveau actuel » d’environ 40 tonnes mĂ©triques d’équivalent CO₂ par an.

Vient ensuite « une expansion rapide au cours des 25 annĂ©es suivantes Ă  mesure que l’action politique porte ses fruits. D’ici 2030, 1,6 GT CO₂ par an sont capturĂ©s dans le monde, passant Ă  7,6 [GT] CO₂ en 2050 ».

L’AIE estime que 95 % du CO₂ total capturĂ© en 2050 sera stockĂ© dans des formations gĂ©ologiques permanentes et 5 % utilisĂ© pour fournir des carburants synthĂ©tiques.

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RÎle clé du capital-risque
Des chercheurs travaillent Ă  dĂ©velopper de nouvelles technologies pour capter le CO₂.

L’initiative « Advanced Atmospheric Carbon-Capture Technology », financĂ©e par l’UE, en est un exemple. Elle a conçu un nouveau dispositif permettant de capter directement le CO₂ de l’air.

InstallĂ©e directement dans un site industriel ou un datacenter informatique, la solution filtre le CO₂ de l’air et utilise le vide et la chaleur pour rĂ©gĂ©nĂ©rer les matĂ©riaux, produisant du CO₂ pur.

Pour passer de l’étape du prototype Ă  la mise en Ɠuvre, ces projets ont besoin de financement, et les marchĂ©s privĂ©s sont une source importante, et les investisseurs en capital-risque ont montrĂ© un intĂ©rĂȘt pour les technologies de capture du carbone au cours de la derniĂšre annĂ©e.

Au quatriĂšme trimestre de 2022, par exemple, Svante, une entreprise canadienne de matĂ©riel de capture de carbone, a levĂ© 318,0 millions de dollars dans le cadre d’un accord menĂ© par Chevron Technology Ventures, l’unitĂ© commerciale CVX de Chevron pour l’innovation.

Technologie de capture du carbone en Bourse
Certaines entreprises du secteur sont dĂ©jĂ  passĂ©es des marchĂ©s privĂ©s aux marchĂ©s publics. C’est le cas de LanzaTech Global, qui a fait ses dĂ©buts au Nasdaq Ă  la mi-fĂ©vrier 2023.

FondĂ©e en 2005, elle transforme les dĂ©chets de carbone en matĂ©riaux tels que des carburants durables, des tissus, des emballages et d’autres produits.

L’objectif de l’entreprise est de remettre en question et de changer la façon dont le monde utilise le carbone, permettant une nouvelle Ă©conomie circulaire du carbone oĂč le carbone est rĂ©utilisĂ© plutĂŽt que gaspillĂ©, le ciel et les ocĂ©ans sont maintenus propres et la pollution devient une chose du passĂ©.

Un autre exemple est Origin Materials, également cotée en février 2023.

Il s’agit d’une entreprise de « matĂ©riaux Ă  carbone nĂ©gatif ».

La sociĂ©tĂ© transforme le carbone prĂ©sent dans la biomasse en matĂ©riaux utiles tout en Ă©liminant le besoin de ressources fossiles et en capturant le carbone dans le processus. Un matĂ©riau Ă  carbone nĂ©gatif signifie qu’il retire plus de carbone qu’il n’en Ă©met dans l’atmosphĂšre pendant tout son cycle de vie.

Les grandes entreprises énergétiques impliquées
Dans certains cas, le financement des startups pionniÚres dans les technologies de capture du carbone provient de grandes sociétés énergétiques.

En dĂ©cembre 2022, Equinor Ventures, l’unitĂ© commerciale d’innovation d’Equinor de NorvĂšge, a menĂ© un accord de 12 millions de dollars pour Captura, qui utilise une technologie d’électrodialyse brevetĂ©e, alimentĂ©e par des sources renouvelables, pour extraire le dioxyde de carbone de l’eau de mer avant de renvoyer un flux d’eau dĂ©carbonĂ©e l’eau dans l’ocĂ©an.

FondĂ©e en 2021, Captura mĂšne actuellement des essais en mer de sa technologie dans le cadre d’un projet pilote.

La valorisation de l’entreprise est d’environ 29 millions de dollars (donnĂ©es PitchBook au 28 dĂ©cembre 2022).

Investir dans les technologies énergétiques propres
Les investisseurs intĂ©ressĂ©s par les futures technologies de rĂ©duction des Ă©missions de gaz Ă  effet de serre et de transition vers un environnement Ă  faible Ă©mission de carbone peuvent se tourner vers des fonds communs de placement et des ETF dans le domaine de l’énergie propre et des technologies propres, lesquels investissent dans des entreprises qui contribuent ou facilitent la transition vers une Ă©nergie propre.

Cela inclut les Ă©nergies renouvelables telles que l’énergie Ă©olienne, solaire, hydroĂ©lectrique, houlomotrice et gĂ©othermique, ainsi que l’amĂ©lioration de l’infrastructure du rĂ©seau, la transmission et la distribution, le stockage de l’énergie et des technologies innovantes telles que la capture et le stockage du carbone.

Le plus grand fonds d’énergie/technologie propre en Europe est Vontobel Clean Technology , qui a une note Morningstar « Silver » pour ses parts les moins chĂšres et « Bronze » Ă  « Neutral » pour les autres parts plus chĂšres (au 15 mars 2023).

À propos de ce fonds, Ronald van Genderen, analyste fonds de Morningstar, dĂ©clare : « L’univers investissable est dĂ©fini par un cadre thĂ©matique qui a Ă©tĂ© mis en place depuis le lancement de la stratĂ©gie en 2008. Chaque investissement potentiel devrait avoir au moins 20 % de ses revenus ou bĂ©nĂ©fices, bien que cela l’exposition est gĂ©nĂ©ralement beaucoup plus Ă©levĂ©e, liĂ©e Ă  l’un des six piliers d’impact : gestion du cycle de vie, industrie Ă©conome en ressources, technologie du bĂątiment, infrastructure d’énergie propre, transport Ă  faibles Ă©missions et eau propre. »

« La stratĂ©gie affiche un solide bilan depuis sa crĂ©ation en dĂ©cembre 2008, mais elle a tendance Ă  ĂȘtre Ă  la traĂźne dans les marchĂ©s baissiers. »

Le deuxiĂšme plus gros fonds est l’ETF L&G Clean Energy qui rĂ©plique un indice mondial dans les Ă©nergies propres et dont les sociĂ©tĂ©s opĂšrent Ă  diffĂ©rentes Ă©tapes de la chaĂźne de valeur.

L’ETF a une note des analystes quantitative Morningstar « Gold » (au 27 mars 2023). Son profil de frais trĂšs compĂ©titif contribue Ă  cette note.

Les investisseurs dans ce domaine doivent ĂȘtre conscients du fait que les fonds d’énergie/technologie propres sont caractĂ©risĂ©s comme spĂ©cifiques Ă  un secteur, ont gĂ©nĂ©ralement des portefeuilles concentrĂ©s et ont souvent un biais vers les actions Ă  moyenne et petite capitalisation.

© Morningstar, 2023 - L’information contenue dans ce document est Ă  vocation pĂ©dagogique et fournie Ă  titre d’information UNIQUEMENT. Il n’a pas vocation et ne devrait pas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une invitation ou un encouragement Ă  acheter ou vendre les titres citĂ©s. Tout commentaire relĂšve de l’opinion de son auteur et ne devrait pas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une recommandation personnalisĂ©e. L’information de ce document ne devrait pas ĂȘtre l’unique source conduisant Ă  prendre une dĂ©cision d’investissement. Veillez Ă  contacter un conseiller financier ou un professionnel de la finance avant de prendre toute dĂ©cision d’investissement.

Investissement durable La biodiversité, un investissement aux mille visages Les stratégies liées à la conservation de la nature et de ses écosystÚmes se sont multipliées ces derniÚres années. Le véritable défi consiste à trouver des données significatives.
Valerio Baselli21.04.2023Font-Size
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La biodiversitĂ© est dĂ©finie comme la variĂ©tĂ© de toutes les formes de vie prĂ©sentes sur Terre, qu’elles soient animales ou vĂ©gĂ©tales. Elle comprend le nombre d’espĂšces, leurs variations gĂ©nĂ©tiques et l’interaction de ces formes vivantes au sein d’écosystĂšmes complexes.

Des Ă©cosystĂšmes sains nous fournissent des Ă©lĂ©ments essentiels que nous tenons pour acquis : par exemple, les plantes convertissent l’énergie du soleil et la rendent disponible pour d’autres formes de vie, ou les bactĂ©ries et autres organismes vivants dĂ©composent la matiĂšre organique en nutriments qui fournissent aux plantes un sol sain pour se dĂ©velopper. Et ainsi de suite.

Selon le Forum Ă©conomique mondial, la moitiĂ© du PIB mondial (soit environ 44 billions de dollars) dĂ©pend de la nature et de la prĂ©sence d’écosystĂšmes sains.

Pour cela, un changement radical s’impose.

A ce jour, 75% des Ă©cosystĂšmes naturels ont Ă©tĂ© endommagĂ©s par les activitĂ©s humaines et l’augmentation de la population mondiale ne fera qu’aggraver cette situation.

PrĂ©server la biodiversitĂ© marine et terrestre est donc essentiel pour la vie de la planĂšte et de tous les ĂȘtres vivants.

Pourtant, depuis des années, les alarmes liées à la perte de biodiversité sont vaines.

Dans un rapport de l’ONU publiĂ© en 2019, les scientifiques craignaient la possible extinction d’un million d’espĂšces (sur une estimation de huit millions), dont beaucoup risquent de disparaĂźtre d’ici quelques dĂ©cennies.

Certains chercheurs pensent mĂȘme que nous vivons la sixiĂšme extinction massive de l’histoire de la Terre.

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Un nouveau thùme d’investissement
Dans un tel contexte, et avec la sensibilitĂ© croissante des investisseurs aux enjeux ESG, une vĂ©ritable nouvelle thĂ©matique d’investissement a surgi.

« Il n’y a pas d’échappatoire Ă  la rĂ©alitĂ©. Les investisseurs qui ont investi massivement dans des entreprises fortement exposĂ©es aux risques liĂ©s Ă  la biodiversitĂ© verront Ă  un moment donnĂ© leur exposition au risque se matĂ©rialiser en dĂ©tresse financiĂšre », a dĂ©clarĂ© Thijs Huurdeman, responsable de la recherche ESG chez Morningstar Sustainalytics.

« Pensez par exemple au secteur alimentaire, ici le risque est double : les rĂ©gulateurs et la demande des consommateurs limiteront les entreprises en ce qui concerne les activitĂ©s qui nuisent Ă  la biodiversitĂ©, comme l’utilisation excessive d’engrais et de pesticides ou la dĂ©forestation pour le changement d’affectation des terres », poursuit Huurdeman, mais un la perte de biodiversitĂ© entraĂźnera en soi une perte de productivitĂ©, car notre systĂšme alimentaire mondial dĂ©pend de sols sains.

Des rendez-vous comme la COP15 - le sommet de l’ONU sur la biodiversitĂ© qui s’est tenu Ă  MontrĂ©al en dĂ©cembre dernier - sont fondamentaux, mais pas dĂ©cisifs.

Le rĂŽle de la finance
« Le secteur financier doit Ă©galement jouer un rĂŽle plus actif », Ă©crit Laurent Ramsey, Managing Partner du groupe Pictet dans un communiquĂ©. « Disposant de grandes quantitĂ©s de capitaux Ă  l’échelle mondiale, le secteur financier occupe une position unique pour aider Ă  bĂątir une Ă©conomie qui travaille avec (plutĂŽt que contre) la nature. La finance peut faciliter une transition positive pour la nature en transformant la façon dont elle alloue le capital aux entreprises et en dĂ©veloppant de nouveaux modĂšles pour Ă©valuer plus prĂ©cisĂ©ment les risques et les opportunitĂ©s liĂ©s Ă  la biodiversitĂ©. »

Par exemple, le programme Finance to Revive Biodiversity (FinBio), dont Pictet est partenaire sous la tutelle du Stockholm Resilience Centre de l’UniversitĂ© de Stockholm, vise Ă  dĂ©velopper une recherche de valeur pour soutenir le secteur financier, visant Ă  transformer les pratiques actuelles (qui rĂ©compensent croissance, souvent au dĂ©triment de la biodiversitĂ©) dans de nouveaux modĂšles, capables d’analyser et d’attribuer une valeur Ă©conomique aux caractĂ©ristiques d’une entreprise, en relation avec la nature.

Les opportunitĂ©s d’investissement dans la biodiversitĂ© reposent essentiellement sur trois facteurs : la demande, la rĂ©glementation et l’innovation.

Ces activitĂ©s peuvent ĂȘtre les plus diverses, mais elles sont gĂ©nĂ©ralement unies par l’innovation et la technologie. Ces solutionneurs comprennent des entreprises pratiquant une agriculture respectueuse de la planĂšte, celles qui construisent des espaces urbains respectueux de l’environnement et celles qui crĂ©ent une Ă©conomie plus circulaire.

« Pour trouver les meilleures opportunitĂ©s, il faut d’abord s’interroger sur les causes rĂ©elles du dĂ©clin de la biodiversitĂ© », lit-on dans un livre blanc publiĂ© par l’UBP (Union Bancaire PrivĂ©e).

« Le changement climatique et la pollution, qui dĂ©stabilisent les Ă©cosystĂšmes, sont des facteurs contributifs, tout comme la dĂ©forestation et d’autres changements d’affectation des terres (notamment pour l’agriculture) qui contribuent Ă  la perte d’habitat, Ă  la surexploitation des ressources naturelles, dont la forme la plus Ă©vidente est la pĂȘche intensive ».

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Le nƓud de donnĂ©es
Le dĂ©fi le plus complexe dans ce type de domaine est de trouver des donnĂ©es fiables et des normes partagĂ©es. « Pour toutes les stratĂ©gies d’investissement Ă  impact, obtenir des donnĂ©es non financiĂšres standardisĂ©es et auditĂ©es est un dĂ©fi », poursuit l’analyse de l’UBP.

« Cette absence de donnĂ©es est aggravĂ©e par le fait qu’il n’y a pas de mĂ©thode convenue pour mesurer le gain net de biodiversitĂ© pour dĂ©terminer les progrĂšs. »

Pour ĂȘtre efficace, il est nĂ©cessaire d’utiliser une approche prĂ©cise, systĂ©matique et reproductible dans diffĂ©rents secteurs et zones gĂ©ographiques, tant par les entreprises que par les investisseurs.

Dans le cas du changement climatique, le volume des Ă©missions de carbone a Ă©tĂ© identifiĂ© comme le principal facteur Ă  considĂ©rer pour mesurer l’impact.

Dans le cas de la perte de biodiversitĂ©, cependant, la situation est beaucoup plus complexe, car elle dĂ©pend d’une multitude de facteurs individuels.

Bien qu’il soit assez facile pour un gĂ©rant ou un analyste de savoir combien d’arbres ont Ă©tĂ© abattus dans une certaine zone sur une pĂ©riode donnĂ©e, lier les impacts de la perte de biodiversitĂ© aux entreprises qui les ont abattus afin que les meilleurs investissements puissent ĂȘtre identifiĂ© est beaucoup plus complexe.

Dans une Ă©conomie mondiale, il est Ă©galement trĂšs difficile de savoir exactement ce qui se passe tout au long de la chaĂźne d’approvisionnement afin d’isoler oĂč se produisent les violations de la biodiversitĂ©.

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« Evaluer les fournisseurs de données pour obtenir la meilleure analyse possible a été notre objectif avec des partenariats universitaires au cours des deux derniÚres années », explique Lucian Peppelenbos, stratÚge climat et biodiversité chez Robeco, dans une étude publiée en novembre 2022.

« Nous avons commencĂ© Ă  construire un cadre d’investissement que nous pouvons appliquer Ă  l’ensemble de nos portefeuilles et relier rĂ©ellement les Ă©metteurs Ă  l’impact sur la biodiversitĂ©, en identifiant les entreprises qui s’en sortent mieux que les autres. Mais ce n’est pas une science parfaite."

Bref, les investissements pro-biodiversitĂ© dans l’univers des titres cotĂ©s en sont encore Ă  leurs balbutiements, il y a aussi des freins et des opportunitĂ©s.

En ce sens, une premiĂšre Ă©tape importante a Ă©tĂ© franchie prĂ©cisĂ©ment lors de la COP15 en dĂ©cembre 2022, avec l’adoption du Cadre mondial pour la biodiversitĂ© de Kunming-MontrĂ©al (GBF), qui prĂ©voit une sĂ©rie de mesures, de contrĂŽles et de financements pour arrĂȘter et inverser la perte de la biodiversitĂ©.

© Morningstar, 2023 - L’information contenue dans ce document est Ă  vocation pĂ©dagogique et fournie Ă  titre d’information UNIQUEMENT. Il n’a pas vocation et ne devrait pas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une invitation ou un encouragement Ă  acheter ou vendre les titres citĂ©s. Tout commentaire relĂšve de l’opinion de son auteur et ne devrait pas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une recommandation personnalisĂ©e. L’information de ce document ne devrait pas ĂȘtre l’unique source conduisant Ă  prendre une dĂ©cision d’investissement. Veillez Ă  contacter un conseiller financier ou un professionnel de la finance avant de prendre toute dĂ©cision d’investissement.