Transmis par DAC
12.05.09 L’avenir est au business vert
Un secteur prospère, c’est rare en ce moment. Voiture électrique, énergie propre… Les «clean techs» s’annoncent comme un formidable relais de croissance.
A part le jour de mon mariage, je n’ai jamais été aussi heureux et nerveux à la fois !» Blake Jones, P-DG de Namaste Solar Electric, une PME du Colorado spécialiste des panneaux solaires, n’oubliera pas le 16 février 2009. Ce jour-là , Barack Obama est venu à Denver pour présenter son plan de relance, et ce patron de 34 ans a été choisi pour introduire le speech du président. Un symbole des intentions de la Maison-Blanche, qui veut redonner du peps à l’économie grâce aux «clean techs» (les technologies propres). Un symbole, mais aussi une pluie de billets. A Denver, Obama a dévoilé un exceptionnel train de mesures : 8 milliards de dollars de garantie de prêts pour les énergies renouvelables, 11 milliards pour améliorer le réseau électrique, 15 milliards pour l’isolation thermique des bâtiments publics, 10 milliards pour la recherche (batteries, véhicules propres et capture du carbone)…
L’Amérique n’est pas la seule à parier sur une relance «verte» pour sauver son économie. Les grands pays asiatiques et européens, dont la France avec le Grenelle de l’environnement, rivalisent de plans du même genre. Quelque 340 milliards de dollars vont ainsi être mis sur la table par les Etats dans les dix ans à venir, selon une étude de la banque HSBC. Ce pactole va encore stimuler un «green business» qui connaît déjà une croissance à deux chiffres et fournit une foule de nouveaux emplois qualifiés.
Son chiffre d’affaires est estimé à 1 370 milliards de dollars par le Programme des Nations unies pour l’environnement. Le secteur a même vu naître ses premières multinationales, qui se taillent les plus grosses parts du marché des énergies renouvelables, comme l’allemand Q-Cells dans le solaire ou le danois Vestas dans l’éolien et du traitement des déchets comme l’américain Waste Management et le français Veolia.
Le business vert fait aussi rêver les investisseurs. Début mars, le «Sunday Times» a dressé sa première «Green Rich List» de milliardaires sensibles aux enjeux écologiques, dont Bill Gates (il mise ses propres deniers dans les biocarburants), Ingvar Kamprad, le fondateur d’Ikea (il parie sur la géothermie), et… Serge Dassault (il promeut les véhicules électriques). Les capital-risqueurs californiens, européens et israéliens y voient aussi un nouvel eldorado : ils ont investi environ 15 milliards de dollars depuis cinq ans, de quoi lancer des milliers de start-up. Certaines d’entre elles pourraient bien bousculer des industries établies : Better Place, créée par Shaï Agassi, ex-numéro 2 de SAP, ou encore Tesla Motors, fondée par Elon Musk, l’un des inventeurs du système de paiement en ligne PayPal, sont en train d’imaginer des solutions innovantes pour imposer enfin la voiture électrique.
Le démarrage du green business doit beaucoup au soutien des Etats, qui ont intensifié leur lutte contre le réchauffement climatique. Mais l’intérêt pour ce nouveau secteur est surtout avivé par des calculs purement économiques. Ces dernières années, la hausse brutale des cours du pétrole – il a presque quadruplé entre décembre 2003 et juillet 2008 – a soudain rendu les énergies renouvelables crédibles. Les investissements dans l’éolien, le solaire et les biocarburants ont triplé entre 2003 et 2007 (66 milliards de dollars), tandis que les fusions et acquisitions dans ces nouvelles industries se sont multipliées (70 milliards de dollars l’an passé). Au point que l’on a craint une «bulle verte» ! Aujourd’hui, la chute des prix de l’or noir et la crise du crédit ont donné un coup d’arrêt aux projets les plus démesurés. «Mais c’est une accalmie avant la reprise, prédit Philippe Jurgensen, auteur de “L’Economie verte” (Odile Jacob). Sans les clean techs, nous ne préserverons ni nos ressources naturelles ni l’environnement.»
En dépit de ces espoirs, on sait que les énergies renouvelables couvriront tout au plus 15% des besoins mondiaux en 2020. «En attendant, mieux vaut se montrer frugal», observe le consultant Jean-Marc Jancovici, auteur de «C’est maintenant ! Trois ans pour sauver le monde» (Seuil). Les moyens d’économiser de l’énergie sont nombreux – isolation des bâtiments, gestion intelligente des ressources, réduction des transports… – et convainquent de plus en plus d’entreprises. Celle qui fait le plus fort ? Google bien sûr, qui a déposé un brevet pour installer ses centres de données… sur des barges ancrées au large des côtes. L’idée : utiliser l’eau de mer afin de refroidir les serveurs et le mouvement des vagues pour produire de l’électricité ! Les 2 millions de serveurs de l’entreprise consommant l’équivalent de la production de plusieurs centrales nucléaires, cela vaut la peine de réduire la note. Et si c’est bon pour la planète…