extrait de Articles de Michel Gay sur Contrepoints
1 novembre 2020
Electricité : la France rallume le charbon !
Le choix dâarrĂȘter des rĂ©acteurs nuclĂ©aires oblige la France Ă se tourner vers une production dâĂ©lectricitĂ© polluante et Ă©mettrice de CO2, au charbon !
Par Michel Gay.
CâĂ©tait prĂ©visible, la France a rallumĂ© en septembre et en octobre ses quatre centrales Ă charbon fortement Ă©mettrices de CO2, et dâune puissance presque identique aux deux rĂ©acteurs nuclĂ©aires de Fessenheim fermĂ©s en dĂ©but dâannĂ©e 2020 qui nâĂ©mettaient pas de gaz Ă effet de serreâŠ
Demain, elle construira des centrales au gaz importĂ© de Russie et des Ătats-Unis pour compenser les 14 fermetures de rĂ©acteurs nuclĂ©aires prĂ©vues par la dĂ©lirante Programmation pluriannuelle de lâĂ©nergie (PPE)
Le retour des centrales Ă charbon !
Le choix paradoxal dâarrĂȘter des rĂ©acteurs nuclĂ©aires oblige la France et lâEurope Ă se tourner vers une production dâĂ©lectricitĂ© polluante et Ă©mettrice de CO2,au charbon ou au gaz, lorsque le vent faiblit et que le soleil brille peu ou⊠pas du tout la nuit. PilotĂ©s par les dieux Eole et HĂ©lios, ces productions nâont aucune raison de correspondre aux moments oĂč les hommes en ont besoin.
Et les insurmontables difficultĂ©s techniques ainsi que le coĂ»t astronomique du stockage dâĂ©nergie, y compris par inertie dans des volants en bĂ©ton, pour compenser les productions intermittentes des Ă©oliennes et des panneaux photovoltaĂŻques (PV) sont passĂ©s sous silence pour mieux prĂ©senter ce leurre.
Pourtant, le nuclĂ©aire a Ă©tĂ© dĂ©clarĂ© « bon pour le climat » par lâĂtat français dans le plan de relance de lâĂ©conomie publiĂ© le 3 septembre 2020.
Une centrale Ă charbon dâune puissance de 1000 MW utilisĂ©e la moitiĂ© de lâannĂ©e (environ 5000 heures) rejette chaque annĂ©e 5 millions de tonnes (Mt) de gaz carbonique dans lâatmosphĂšre (chaque kilowattheure produit Ă©met presque 1 kilogramme de CO2), et produit des cendres contenant des mĂ©taux lourds (cadmium, nickel, mercure, plombâŠ) et autres produits toxiques (antimoine, arsenic, bĂ©ryllium, fluorâŠ), ainsi que plusieurs tonnes dâuranium et de thorium avec ses descendants radioactifs : radium, radon, poloniumâŠ. qui ne sont pas gĂ©rĂ©s contrairement Ă ceux produits dans le cycle nuclĂ©aire.
Pendant ce temps, une campagne de dĂ©nigrement est menĂ©e contre le transport aĂ©rien dont les vols intĂ©rieurs (y compris Outre-mer) Ă©mettent moins de 5 Mt de CO2. Et lâensemble des vols ne comptent que pour 3 % des Ă©missions de gaz Ă effet de serre en France (qui elle-mĂȘme nâĂ©met que 1 % des Ă©missions mondialesâŠ).
Les autres 17,9 Mt sont imputĂ©s au transport aĂ©rien international⊠qui ne peut pas ĂȘtre remplacĂ© par le train.
Charbon et politique antinucléaire coûteuse
Le 14 septembre 2020 EDF a achetĂ© cher (jusquâĂ 4 fois le prix habituel du marchĂ© soit 120 euros par mĂ©gawattheure) de lâĂ©lectricitĂ© presque totalement produite ce jour-lĂ par du charbon et du gaz en Allemagne pour faire face Ă la demande, alors que la production EDF est presque entiĂšrement dĂ©carbonĂ©e.
Ces tensions ont une nouvelle fois montrĂ© Ă lâEurope et au monde entier que la consommation des Ă©nergies fossiles (charbon et surtout gaz), nâest pas prĂȘte de diminuer en Europe et dans le monde.
La consommation de charbon stagne en Allemagne et en Pologne. Elle est mĂȘme en augmentation dans le monde (Inde, ChineâŠ).
Les recommandations du Groupement International dâExperts sur le Climat (GIEC) de dĂ©velopper le nuclĂ©aire ne semblent toujours pas prises en compte⊠Ce rapport a clairement montrĂ© que lâEurope doit saisir lâopportunitĂ© du nuclĂ©aire pour rĂ©duire sensiblement lâutilisation des combustibles fossiles.
Se mettre la tĂȘte dans le sable ne servira Ă rien, sinon Ă cacher lâĂ©vidence : le charbon, le gaz « naturel » ou de schiste et le nuclĂ©aire ont un grand avenir en Europe et dans le monde !
Autant prendre en compte la rĂ©alitĂ© du futur et la gĂ©rer au mieuxâŠ
Retour du nucléaire
Les Ătats de lâUnion europĂ©enne actuellement les plus dĂ©pendants du charbon comme la Pologne, lâAllemagne et la RĂ©publique TchĂšque (qui ne possĂšde ni le vent de lâAllemagne du nord, ni le soleil de lâEspagne) ne pourront pas passer Ă des sources dâĂ©nergie moins Ă©mettrices de CO2, et Ă©conomiquement soutenables, sans le nuclĂ©aire.
Les compĂ©tences tchĂšques dans le domaine de lâĂ©nergie nuclĂ©aire sont solides depuis longtemps. Le pays a dĂ©jĂ dĂ©veloppĂ© son industrie et sa propre chaĂźne dâapprovisionnement. LâĂ©limination du charbon et son remplacement par le nuclĂ©aire font partie de la politique Ă©nergĂ©tique tchĂšque depuis 2015. Les centrales nuclĂ©aires Ă Dukovany et Temelin fournissent actuellement plus du tiers de lâĂ©lectricitĂ© du pays et cette part devrait atteindre 50 % en 2040.
Les pays du groupe de Visegråd (Hongrie, Pologne, République TchÚque et Slovaquie) soutiennent le nucléaire, ce qui agace⊠les Allemands.
La Pologne, qui dĂ©pend actuellement Ă 80 % du charbon pour ses besoins en Ă©lectricitĂ©, souhaite disposer de sa premiĂšre centrale nuclĂ©aire dâici 2033.
Les prévisions pour 2040 indiquent que 32 % de son énergie sera produite à partir du charbon et 18 % à partir du nucléaire.
Quel systĂšme de stockage choisir
Lâhydraulique a presque atteint ses limites techniques, environnementales et sociales en France et lâhydrogĂšne nâest pas une solution viable car sa production consomme trois fois plus dâĂ©lectricitĂ© que celle restituĂ©e au rĂ©seau.
Physiquement, économiquement et écologiquement, un systÚme photovoltaïque et éolien autonome est impossible à mettre en place à grande échelle, quel que soit le moyen de stockage envisagé en parallÚle.
Depuis deux ans RTE assure que « la sĂ©curitĂ© dâapprovisionnement sera assurĂ©e« . RTE a simplement oubliĂ© de prĂ©ciser que ce serait avec les centrales Ă charbon restantes⊠Que fera RTE pour faire face Ă une demande dâĂ©lectricitĂ© soutenue lors dâun hiver rigoureux avec peu de vent dans toute lâEurope durant deux semaines et peu dâensoleillement (donc aucun la nuit) ?
Une mouvance verte voudrait faire croire que les Ă©nergies renouvelables du vent et du soleil pourraient ĂȘtre « autonomes ». Câest tout simplement une escroquerie intellectuelle de plus.
Des promoteurs Ă©oliens ne se gĂȘnent plus pour cracher sur la dĂ©mocratie Ă chaque partie perdue devant des consultations populaires. Et ils se trouvent toujours des Verts pour voler au secours de ces promoteurs Ă©oliens et solaires irresponsables.
Divers lobbies verts et industriels ont dĂ©montrĂ© leur capacitĂ© Ă nuire Ă la cohĂ©sion sociale pour servir leurs intĂ©rĂȘts de promoteurs peu soucieux du respect de la dĂ©mocratie et des droits humains.
Câest Ă vomir.
La plus grosse erreur Ă faire pour ceux qui veulent « sauver le climat » serait de voter pour les Verts antinuclĂ©aires car leur programme est Ă lâopposĂ© de ce quâil serait urgent de faire.
Pour les autres partis, un immense travail dâinformation semble nĂ©cessaire afin de leur Ă©viter de construire eux aussi des scĂ©narios bidons fondĂ©s sur les Ă©nergies renouvelables (hors hydraulique) pour verdir bĂȘtement leur programme⊠contre les lois de la physique et de lâĂ©conomie.
Et tous les partis politiques feraient bien de prendre conscience que, Ă ce jeu dĂ©testable de surenchĂšre du plus gros mensonge vert ruineux, la dĂ©mocratie est davantage en danger que la planĂšte, car ce comportement contribue Ă nuire Ă leur image dans lâopinion publique.
Par Michel Gay
Michel Gay
vive-le-nucleaire-heâŠ
Citoyen ordinaire, abonnĂ© EDF et contribuable, Michel Gay a Ă©tĂ© pilote de chasse dans une vie antĂ©rieure. Il est lâauteur du livre « Vive le nuclĂ©aire heureux » et anime le site internet http://www.vive-le-nucleaire-heureux.com. Il a reçu en dĂ©cembre 2016 le prix Yves Chelet dĂ©cernĂ© par la SociĂ©tĂ© Française dâĂnergie NuclĂ©aire (SFEN / PACA).