Le rebond de la « value » est-il terminé ?
Publié le 23 Mars 2017
Au cours des derniers mois, les valeurs cycliques (ou titres « value » dans le jargon financier), ont eu le vent en poupe. Une nouvelle rotation sectorielle sâannonce-t-elle dĂ©sormais en faveur des valeurs de croissance ? Lâanalyse de Schroders.
« Fin 2016, lâintĂ©rĂȘt du marchĂ© sâest portĂ© vers les titres dits « value », mais les opportunitĂ©s semblent aujourdâhui bien Ă©quilibrĂ©es » affirme Martin Skanberg, gĂ©rant actions europĂ©ennes chez Schroders, dans une note de marchĂ© diffusĂ©e cette semaine.
La fin dâannĂ©e 2016 et le dĂ©but dâannĂ©e 2017 ont en effet Ă©tĂ© caractĂ©risĂ©s par une nette surperformance des valeurs industrielles et bancaires par rapport aux valeurs des secteurs dĂ©fensifs et technologiques, mais ce mouvement sâessouffle depuis plusieurs semaines.
Lâan dernier, la reprise des valeurs cycliques sâĂ©tait « accentuĂ©e avec lâĂ©lection de Donald Trump Ă la prĂ©sidence amĂ©ricaine, puis la hausse consĂ©cutive des rendements obligataires » rappelle Martin Skanberg.
« Les actions bancaires [avaient] le plus bĂ©nĂ©ficiĂ© de cette rotation. Les cours des actions de nombreuses banques Ă©taient auparavant en peine en raison des taux dâintĂ©rĂȘt bas ou nĂ©gatifs, mettant sous pression les marges dâintĂ©rĂȘt nettes des banques. La perspective dâune hausse de lâinflation et des taux dâintĂ©rĂȘt a par consĂ©quent incitĂ© les investisseurs Ă sâintĂ©resser aux valeurs bancaires » rappelle Ă©galement le gĂ©rant.
Nouvelle rotation en faveur des valeurs de croissance ?
Les arbitrages des investisseurs en faveur des valeurs cycliques semblent nĂ©anmoins se faire plus rares depuis quelques semaines. Est-ce dĂ©jĂ la fin de la lune de miel pour ces valeurs, au profit dâun retour en force des valeurs dĂ©fensives et de croissance ?
« Dans lâensemble, nous pensons que le rebond [des titres « value »] peut se poursuivre » reconnaĂźt Martin Skanberg. « Lâenvironnement macroĂ©conomique semble porteur pour la « value » et les actions les plus risquĂ©es grĂące Ă la montĂ©e des anticipations dâinflation partout dans le monde ».
« NĂ©anmoins, la prudence reste de mise » poursuit-il. « Il se peut que lâoptimisme Ă©conomique fasse consensus et entraĂźne un risque de dĂ©ception si les statistiques ne parviennent pas Ă se redresser durablement ».
En particulier, « On peut se demander si, depuis leur rebond, les banques peuvent encore gĂ©nĂ©rer de la valeur. Le secteur fait dĂ©sormais consensus parmi les investisseurs. Nombre des banques les moins onĂ©reuses dâEurope croulent toujours sous le poids de crĂ©ances douteuses. Seules certaines dâentre elles prĂ©sentent des valorisations raisonnables, gĂ©nĂšrent du capital et ne sont pas confrontĂ©es Ă dâĂ©ventuels litiges de taille. (âŠ) Les opportunitĂ©s sont rares dans le secteur ».
A contrario, « Certains des secteurs les plus dĂ©fensifs semblent aujourdâhui relativement plus intĂ©ressants. Ă titre dâexemple, le secteur de la santĂ©, dĂ©fensif et de haute qualitĂ©, est trĂšs peu sollicitĂ© (âŠ). Lâabsence de prĂ©cisions quant au devenir de lâAffordable Care Act pĂšse sur le sentiment. Les marchĂ©s apprĂ©cient peu les incertitudes, mais les opportunitĂ©s pourraient se faire nombreuses sur ce segment dĂšs que le paysage se sera Ă©clairci ».