Bonjour TBM72,
Il y a plusieurs plans dans le constat fait par Raiffeisen et ce que tu dis. Je ne suis pas sûr d’avoir bien saisi l’articulation générale, mais j’aimerais faire mon résumé.
• La situation occidentale est caractérisée par le financement à crédit, non pour créer des infrastructures, qui par le surplus de production paieront les traites à venir, mais comme solution de facilité pour reporter sur les générations suivantes les charges qui devraient peser sur celles qui dépensent.
* Aux USA on peut dater le début de cette période du financement de la guerre du Viet-Nam
* En Europe de la crise pétrolière de 1973.
Dans un cas comme dans l’autre les gouvernements (et d’ailleurs les populations avec eux) n’ont pas voulu se serrer la ceinture face aux contraintes.
• Récemment la crise financière qui menaçait (menace?) de devenir aussi grave que dans les années 30 a conduit les gouvernements à lâcher les vannes du crédit.
L’Europe, qui a une position seconde dans la marche économique et financière du monde, a dû admettre que la position n’était pas tenable à long terme. Si on exclut la faillite qui peut tourner à la catastrophe, le paiement de la dette ne peut venir que du rétablissement budgétaire des comptes publics et/ou de l’inflation. La 1ère option est privilégiée surtout pour des raisons historiques (allemandes). Je n’ai pas d’opinion défendable sur le choix de la moins mauvaise solution.
Les USA, jouissant du privilège du $, ont encore une position de crédit favorable. N’ayant jamais connu de politiques restrictives (rigueur à l’européenne) le gouvernement use de tous les artifices pour y échapper. Il fait le pari que la planche à billet va relancer la consommation et la production et que les rentrées fiscales induites vont permettre de payer la dette. Mais le risque est énorme, car il accroît considérablement le problème à coup sûr dans un espoir aléatoire que cela le résoudra, exactement comme le joueur de casino qui a eu de grosses pertes et joue encore plus gros dans l’espoir que la chance le rembourse enfin.
Cette situation exorbitante des USA est en train de prendre fin. La Chine achète beaucoup moins de bons US. D’où les rachats par la FED, mais c’est un tour de passe-passe: le papier passe de la poche gauche à la poche droite, mais ce sont toujours les mêmes institutions américaines qui assurent le risque. Le marché commence à intégrer le problème, d’où l’augmentation des taux longs malgré le maintien au plancher des taux courts. (même chose en Europe).
• En résumé, en Europe une solution raisonnable est peut-être en train de se dessiner. Aux USA, ni dans les faits ni dans les mentalités on ne s’y prépare. Il faut ajouter à cela que la dette des particuliers (et l’habitude de vivre à crédit) est sans commune mesure avec l’Europe.
Le fait majeur est que la production émergente représente chaque année une part plus importante dans le monde. Chez nous les classes moyennes s’appauvrissent. Ailleurs elles explosent.
Aux USA nous vivons ces mois-ci une amélioration de surface sur un fond très inquiétant. Chez les nouveaux pays, je vois des inquiétudes de surface, mais un développement profond et solide.
Quant aux monnaies, c’est aussi un signe que le monde change. Maintenant c’est la Chine qui peut dire: le Yuan est notre monnaie, mais c’est votre problème! Et pour la 1ère fois le gouvernement US a empêché le congrès d’introduire des dispositions anti-dumping contre la Chine. Le rapport de force évolue.
C’est au moment de la bascule que se produit la secousse. C’est ce que nous commençons à vivre.
Tenons la rampe!
Cimazur