Que faire en 2020?

10 risques et opportunités en 2020…

Publié le 28 Novembre 2019

A l’approche de Thanksgiving la fête américaine la plus importante de l’année qui a lieu aujourd’hui jeudi 28 novembre, les équipes de BNY Mellon Investment Management recevaient une vaste audience pour leur faire partager les vues du groupe.

Anne-Laure Frischlander-Jacobson, Directrice Générale France, Belgique & Luxembourg, a tour à tour donné la parole à Matthew Oomen, Global Head of Distribution, Alicia Levine, Chief Strategist, puis en table ronde à Aron Pataki, Co-responsable de l’équipe Real Return chez l’affilié Newton Investment Management et April LaRusse, Stratégiste obligataire chez Insight Investment.

Le bureau parisien était largement représenté avec Violaine de Serrant, Directrice de la Distribution, Elise Alcabas, Directrice Marketing, Margaux del Valle, Marketing Manager ou encore Laurent Leca, Commercial Distribution.

BNY Mellon IM en France

En 10 ans, les encours distribués en France sont passés de 900 Millions € à 6 Milliards €, avec des collectes positives chaque année a rappelé Anne-Laure Frischlander-Jacobson. Les équipes ont triplé.
40 fonds sont enregistrés en France.
2/3 des fonds sont classés dans le premier quartile sur 3 ans.

En Europe, BNY IM est le troisième plus grand gérant d’actifs avec 670 Milliards €.

Mondialement, les encours gérés se montent à 1 900 milliards $ dont la moitié aux Etats-Unis.

Tendances de long terme dans la gestion d’actifs

Le collectif cède progressivement la place à l’individuel dans le financement des retraites. Le mouvement s’observe partout dans le monde développé.
Pression baissière sur les frais, envol des gestions passives
Croissance accélérée de la gestion thématique, vecteur le plus efficace pour encourager l’épargne. Intelligence Artificielle et Changement climatique sont les thèmes les plus puissants et aux « durations » les plus longues.
Classifications sectorielles en perte de vitesse : l’IPO de Peloton (spécialisé dans les vélos de fitness) révèle dans le prospectus que la société est active dans la technologie, les media (vélos connectés), le social, la distribution entre autres. Où classer ces nouveaux acteurs ?
Vieillissement de la population : un aggiornamento des produits financiers s’impose alors qu’ils sont tous conçus pour la capitalisation. Ils correspondent de moins au moins au double objectif de protection du capital de de génération de revenus, priorités de la population vieillissante.
L’ESG en proie aux spécialistes de la peinture en vert : des grands gérants d’actifs ont dû rectifier le tir en Grande-Bretagne alors que plusieurs fonds affichés « ESG « investissaient dans le tabac, les armes et le jeu.
A la lumière de ces enjeux, Matthew Oomen vante les mérites du modèle multi boutiques de BNY Mellon IM. Le groupe apporte des solutions spécialisées dans l’ensemble des classes d’actifs avec notamment Alcentra (dette HY), Insight (obligataire, performance absolue), Walter Scott (actions internationales), Newton (Gestions actives en actions en obligations, multi asset, real return) et Mellon (solutions cross assets de gestions active ou passive).

4 scenarii et leurs probabilités pour 2020

Alicia Levine, qui intervient régulièrement sur CNBC, dresse le tableau des 4 scenarii.

35% de probabilité : La poursuite de l’année 2019 avec néanmoins une croissance américaine autour de 1,8%. L’inflation resterait très faible dans cette hypothèse et on ne verrait aucune tension haussière sur les taux d’intérêts.
5% : Rebond de l’inflation déclenché par l’économie américaine. Le credo souvent répété par la Chef Stratégiste est le référentiel d’inflation devenu désuet. Elle estime que l’inflation est mal calculée car ses paramètres sont dépassés et ne correspondent pas à nos économies modernes.
30% : Un choc financier provoqué par les marchés.
30% : La peur de la dé-globalisation. Alicia Levine insiste sur « la peur » car elle estime que les forces d’anticipation peuvent être très importantes.

10 risques et opportunités en 2020

1 - Ralentissement du commerce mondial : l’Europe serait plus affectée que les Etats-Unis.
2 - Fragilisation accrue de la Chine. La guerre commerciale n’est pas une cause suffisante pour justifier le ralentissement économique chinois. La faiblesse de la demande interne trouve sa source dans le niveau de chômage. Il est en réalité plus proche de 14% (100 Millions de travailleurs) que des 4% officiels, depuis 20 ans …
3 - Révision baissière des profits des entreprises. BNY Mellon IM prévoit des BPA à +5% en 2020 contre +9% en 2019.
4 - Ralentissement économique provoqué par des secousses de marché. Le poids des actions dans la richesse des ménages américains atteint 30%, équivalent à celui de 2007, et seulement inférieur de 3% à celui de l’an 2000. Il faut remonter aux années 60 pour mesurer un tel levier sur les marchés financiers. Pour les férus d’histoire financière, les années 70 qui suivirent furent piteuses pour les bourses mondiales…
5 - L’économie américaine seule à faire des étincelles, avec de l’inflation, mais le reste du monde ne suit pas. Le dollar se réappréciera, et la Réserve Fédérale reprendra un biais haussier.
6 - Un choc géopolitique au Moyen-Orient.
7 - Même un Hard Brexit ne serait pas si grave ! Une vue non consensuelle ! Les experts de BNY IM estiment que le No Deal lèverait en tous cas les incertitudes.
8 - Déploiement d’une politique européenne de relance fiscale. Toute dépense relancerait les taux vers le haut.
9 - Les marchés pris à contre-pied par les élections américaines. Joe Biden, ancien Vice-Président de Barack Obama, semble tenir la corde dans son camp. La Chef Stratégiste de BNY IM estime qu’il est en réalité gêné par la campagne musclée d’Elisabeth Warren dans la procédure de destitution de Donald Trump. Elle pense comme les marchés que le président actuel sera reconduit. Si l’inverse se produisait, il est probable que les marchés seraient affectés.
10 - Une pause dans la guerre commerciale serait une très bonne nouvelle.

Surpondérer les actions européennes au détriment des actions américaines

Depuis 10 ans, l’indice S&P500 a produit 13,5%/an contre 9% pour le Stoxx Europe 600. Il ne parait pas possible pour la Chef Stratégiste que l’écart de performance se répète en 2020, d’autant que les actions européennes sont sous pondérées dans les gestions internationales. Elle note que le dollar américain est rentré dans une tendance baissière contre Euro.

Table Ronde avec April LaRusse et Aron Pataki

La financiarisation de tout est un problème fondamental.

Aron Pataki estime que les économies sont devenues bien plus fragiles sous le poids de la finance dans l’économie mondiale. Il rappelle que les économies subventionnées n’ont jamais été des modèles de réussite. Or les taux bas des banques centrales ne sont rien d’autres que des subventions.

April LaRusse juge que la cible d’inflation à 2% a perdu sa substance. Comme Christine Lagarde, Présidente de la BCE, elle est convaincue de la nécessité de relancer par une nouvelle politique fiscale.

Populismes : Aron Pataki observe qu’ils coïncident avec le pic de la globalisation.
Opportunités sur les marchés de taux : April LaRusse estime qu’il reste de nombreuses possibilités parmi lesquelles la dette émergente den devises locales, le haut rendement américain à duration courte qui tourne actuellement autour de 4,9% selon elle, et des émissions adossées à des actifs réels (Asset Backed Securities).

OĂą investir chez BNY Mellon IM ?

Anne-Laure Frischlander-Jacobson met en avant :

Gestion Obligataire : Insight Sustainable Euro Corporate Bond Fund, BNY Mellon Global Short-dated High Yield Bond Fund, et la gamme “Efficient Beta” de Mellon.
Actions : BNY Mellon Global Equity Income, BNY Mellon Long-Term Global Equity Fund et la gamme thématique de Mellon.
Diversifiés et alternatifs : BNY Mellon Global real Return, BNY Mellon Sustainable Global Real Return, les gammes Strategic Credit et Direct Lending d’Alcentra.

BNY Mellon Global Real Return Fund : +9,40% YTD
BNY Mellon Global Equity Income Fund : +24,58% YTD

9 fonds tech français qui vont bĂ©nĂ©ficier d’un « coup de pouce Â» du gouvernement de plusieurs milliards €…
Publié le 25 Août 2020

Booster le financement des entreprises technologiques

Pour rappel, le rapport intitulé « Financer la IVème révolution industrielle - Lever le verrou du financement des entreprises technologiques » et rédigé par Philippe Tibi, Président de Pergamon campus et professeur d’économie à l’Ecole polytechnique, dresse le constat d’une insuffisante capacité de financement des entreprises technologiques en France au moment de leur accélération industrielle et commerciale.

Afin de combler cette faille de marché, les investisseurs institutionnels français, réunis par Bruno Le Maire (ministre de l’Economie et des Finances) et Cédric O (secrétaire d’État chargé du Numérique), se sont engagés sous l’égide du président de la République à consacrer plus de 6 milliards d’euros en faveur du financement des entreprises technologiques d’ici le 31 décembre 2022.

Tech : de nouveaux fonds qualifiés par les investisseurs institutionnels

En début d’année, deux fonds cotés avaient été déclarés éligibles :

CPR AM – Global Disruptive Opportunities [Ndlr H24 : et non « CPR AM – Global Disruptive Technologies Â», mentionnĂ© par le ministère mais qui n’existe pas :wink: ]
Natixis IM Thematics – AI and Robotics

Le comité des investisseurs institutionnels français a examiné cet été les dossiers des fonds présentés en mai et juin. Il a été demandé aux sociétés de gestion de démontrer la pertinence de leur offre au regard du cahier des charges de l’initiative.

Les sept fonds suivants ont répondu aux critères d’éligibilité :

BNP Paribas AM Next Tech
Echiquier Artificial Intelligence
Edmond de Rothschild Big Data
Financière Arbevel - Pluvalca Disruptive Opportunities
Groupama AM World (R)evolutions
Oddo BHF Artificial Intelligence
Ostrum Global New World

A noter également que de nombreux fonds sont éligibles sur le volet de l’investissement non-coté comme Ardian Growth II, Five Arrows Growth Capital, Gaïa Growth I, Tikehau T2 Energy Transition Fund…

Le comité des investisseurs partenaires, présidé par Philippe Tibi, continuera de se réunir à intervalle régulier dès septembre pour examiner l’éligibilité des projets d’investissement.

« La crise sanitaire et économique que nous traversons révèle plus que jamais l’urgence d’une telle initiative. Elle démontre l’importance des nouvelles technologies dans la lutte contre l’épidémie. Elle accélère considérablement la transition numérique d’un grand nombre d’entreprises, contraintes d’adapter leur mode d’organisation et leur façon de travailler. Elle rappelle que la maitrise du savoir scientifique est une condition absolue de la souveraineté nationale », indique Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance.

« Face au risque de ralentissement des levées de fonds dans les mois qui viennent, notamment auprès de fonds étrangers, il était crucial de poursuivre l’initiative engagée il y a déjà plusieurs mois par le Gouvernement et les investisseurs institutionnels, pour permettre l’émergence en France de fonds d’investissement d’envergure, capables d’accélérer la croissance d’entreprises innovantes et d’en faire des leaders régionaux ou mondiaux », ajoute Cédric O, secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques.

Ce secteur a encore mieux performé que la santé en 2020…

Publié le 23 Juin 2020

La technologie, un secteur prometteur d’après le plus grand gérant d’actifs au monde

Selon les experts de BlackRock, la thématique de la technologie a largement profité de la période de confinement, les consommateurs s’étant rués vers les jeux en ligne et les plateformes de streaming.

Les valeurs technologiques permettent de jouer trois grands thèmes majeurs selon Omar Moufti (stratégiste actions) : « la résilience, la croissance et l’innovation ».

Aujourd’hui, la technologie est l’un des rares secteurs en hausse depuis le début de l’année, et dépasse même ainsi le secteur de la santé.

Les multiples de valorisation ont même augmenté, témoignant de la résilience extraordinaire du secteur. À l’inverse de l’économie mondiale, ce secteur a continué de fonctionner.

Le secteur présente trois caractéristiques qui justifient la prime de valorisation du secteur :

La qualité : les valeurs de la technologie sont historiquement peu endettées (les bilans sont solides). Par ailleurs, il n’y a pas de réseaux de distribution à monter ou démanteler, peu ou pas d’usine à construire ou détruire. De plus, le secteur est en innovation constante, les entreprises génèrent de forts retours sur capitaux propres.
La croissance : la technologie est un secteur en croissance permanente depuis plusieurs années, les prises de décisions pour les entreprises comme pour les investisseurs sont facilitées.
La disruption : la technologie intervient dans un grand nombre d’autres secteurs et permet les transitions majeures.

Deux zones de risque existent cependant selon la gestion :

Les actions les plus cycliques peuvent prendre le dessus avec un retour accéléré de l’activité économique vers la norme.
Les élections américaines peuvent semer le trouble. En effet, les démocrates pourraient arriver au pouvoir et réguler davantage ce secteur d’activité (antitrust).

Quid du positionnement du BGF World Technology (+28,77% YTD sur la part USD) ?

Comme son nom l’indique, ce fonds investit sur les actions de sociétés technologiques à travers le monde. Il est à noter que la gestion ne s’intéresse pas seulement aux très grandes capitalisations, elle se penche également sur les petites et moyennes capitalisations innovantes.

Cette approche « all caps » différencie le fonds de ses concurrents. Par ailleurs, les États-Unis ne représentent que 60% du portefeuille. Le fonds a une forte exposition aux émergents (20% contre 10% pour l’indice de référence) avec la Chine notamment via les géants d’internet Tencent et Alibaba (deuxième et troisième surpondération en portefeuille).

La gestion est confiante sur le thème de l’intelligence artificielle. À titre d’exemple, le paiement en ligne devient la norme et nécessite de l’I.A pour empêcher les fraudes. À contrario, la gestion est sous-pondérée sur le hardware (7,7% contre 29%) car ce sous segment est moins capable d’innover et est exposé aux valeurs cycliques (type semi-conducteur).

Amazon reste la plus grosse position du fonds. Le géant américain est apprécié pour sa capacité à s’intéresser à de nouveaux domaines (Amazon Key, Amazon Music…). Actuellement, 40% des ventes en ligne aux États-Unis passent par cette entreprise.

Concernant Apple, il s’agit de l’une des principales positions en portefeuille, mais le titre reste sous pondéré par rapport à l’indice. La gestion sait que la société est l’un des gagnants incontournables de la technologie et voit le prochain iPhone (capacité 5G) comme un blockbuster. De plus, des services d’abonnement émergent (Apple Pay, Apple Music). Le titre est sous pondéré car il représente 15% de l’indice. Tony Kim, le gérant, souhaite rester diversifié.

Ça fait longtemps que je n’ai pas été aussi positif sur l’économie et sur les marchés ! », affirme cet économiste…

Publié le 7 Juillet 2020

L’après COVID : un tournant historique

« Christophe Morel, Chef Economiste chez Groupama AM, a préparé une intervention sur le positionnement post-Covid, avec une vision constructive voire optimiste » prévenait le Directeur Commercial Arnaud Ganet, en guise d’introduction à la conférence qu’il avait organisée.

Etat d’esprit de Groupama AM

La société a démarré avec une vision plus pessimiste que le consensus sur les conséquences de la crise sanitaire, avec des chiffres de récession qu’ils avaient anticipés « finalement en ligne peu ou prou avec les chiffres réels ». La reprise en U était aussi le scenario central à ce moment-là.

« Ça fait longtemps que je n’ai pas été aussi positif sur l’économie et sur les marchés également », déclare cependant Christophe Morel.

L’économie mondiale rencontre selon Groupama AM une double situation exceptionnelle :

Le moment Schumpetérien, qui résonne avec « la destruction créatrice » qu’a conçu Joseph Schumpeter. Nos économies s’en sortiront donc par le haut, en traversant une phase un peu chaotique.
Le moment Hamiltonien : Alexandre Hamilton (né en 1757 à Charleston) était un homme politique et financier américain qui officia notamment comme premier Secrétaire d’Etat au Trésor outre-Atlantique. Il était un ardent défenseur du fédéralisme, qui militait pour le soutien aux industries naissantes, les restrictions à l’importation, et la mise en commun de la fiscalité. L’histoire ne se répète pas mais elle rime…

Chocs violents auto infligés

La richesse nationale a reculé de 7 à 25% selon les pays,
Les déficits budgétaires atteindront entre 10 et 20% et les ratios d’endettement public grimperont de 20 à 40%,
La France verra son endettement passer de 100% Ă  125%.

La reprise en U se fera avec :

Hystérèse : les incertitudes resteront durablement élevées, les comportements prudents, et de nombreuses défaillances émailleront la vie économique.
Des croissances 2021 dans les pays développés assez faibles en dépit de la profonde récession enregistrée cette année.

Les indicateurs conjoncturels reflètent un début d’amélioration :

Les indicateurs réels américains, très fréquemment mis à jour, sont en hausse. Les indicateurs avancés sont nettement en reprise.
L’Europe suit un chemin comparable.

Une opportunité historique face aux défis de long terme

Avant la crise, il y avait de multiples défis sans début de solution : zombification de l’économie, nécessité d’investissements massifs vers l’environnement, le numérique, et l’impasse dans la construction européenne.
La crise du Covid est un cygne noir qui affecte tous les pays en même temps : c’est fondamental ! La synchronicité des réactions publiques et monétaires est le point cardinal du rebond des économies.

Les premières solutions qui pointent confirment le moment Schumpetérien :

Coopération internationale de facto : tous les pays appliquent en même temps les mêmes mesures de politique économique. Voulue ou pas, cette coopération amène dans les faits tous les Etats de la planète à trouver des solutions, et ce faisant, à créer les fondements de la création de valeur à long terme.
Des Putts renforcés sur les actifs financiers.

Hausse de la productivité des facteurs

Pour les économistes, la productivité totale des facteurs est la part de la croissance économique qui n’est pas expliquée par l’augmentation du volume du capital et du volume du travail ; elle mesure l’efficacité du dispositif productif.

C’est dans les années 30 que la productivité totale des facteurs fut la plus forte. Christophe Morel estime que les conditions sont aujourd’hui réunies, grâce aux soutiens publics, pour assurer un grand bond dans la productivité.

Deux soutiens très puissants à la manœuvre :

L’offre de monnaie créée par les politiques monétaires, et
Les politiques fiscales qui soutiennent la demande.

L’effet multiplicateur se trouve amplifié par la coordination de facto des politiques publiques dans le monde.

Ainsi, la crise catalyse la réorientation de l’outil productif vers l’économie du futur : décarbonisation, énergies nouvelles, transition écologique.

Moment Hamiltonien : le fédéralisme en marche

Un peu d’histoire : Alexandre Hamilton décida en 1790, alors qu’il était Secrétaire d’Etat au Trésor américain, que le gouvernement fédéral reprît les dettes des Etats de la fédération dont les finances publiques étaient encore grevées par la guerre d’indépendance.

Plus de 200 ans plus tard, les mesures de soutien décidées en Europe se montent à 1 850 milliards € et assurent une solidarité budgétaire bien concrète :

Italie, Estonie, Hongrie, Espagne, Pologne sont des bénéficiaires nets de ces soutiens financiers,
France, Allemagne, Belgique, Finlande, Pays-Bas sont contributeurs nets.

Le compte n’y est pas encore partout : les retards d’investissement structurels suggèrent ainsi d’aller plus loin dans le numérique, la défense et l’aérospatial.

Ces projections, pour rassurantes qu’elles sont pour l’avenir européen, ne peuvent pas occulter les risques importants et les alea :

La fracture sociale et les inégalités se creusent encore plus
La tentative populiste reste omniprésente en Europe, bien qu’à des degrés divers.

Conclusion

Le scenario en U se généralise,
La crise sanitaire constitue une opportunité historique de solutionner les défis d’avant,
Plusieurs feux conjoncturels et structurels sont au vert,
En matière d’investissement, toute baisse sur les actifs risqués constitue une opportunité d’achat dans une tendance qui est haussière.

Et si la relance économique était également écologique ?

Publié le 10 Juillet 2020

Alors que l’ensemble du monde tente de se reconstruire économiquement, les voix en faveur d’une reprise respectueuse de l’environnement se multiplient. Avec l’annonce de plans de relance « verts », même les pouvoirs publics semblent avoir pris conscience de l’enjeu écologique et de l’opportunité unique que représente la crise pour bâtir une nouvelle économie.

Et les États ne sont pas les seuls à se mobiliser. Consciente qu’elle a également un rôle à jouer pour accompagner la transition, en fléchant l’épargne dans cette direction, la sphère financière plébiscite de plus en plus l’investissement responsable. Mais économie et écologie sont-elles vraiment compatibles ? Concilier sens et performance est-il vraiment possible ? Les réponses de gérants d’actifs convaincus qu’une nouvelle dynamique est en marche.

Un système qui veut se repentir

« Il serait naïf de penser que le Covid-19 est la seule grande menace qui nous guette. Le réchauffement climatique et ses conséquences font d’ores et déjà de nombreuses victimes chaque année, et sans mesures radicales, le rythme ne faiblira pas », prévient Sonia Fasolo, gérante à La Financière de l’Échiquier. Le confinement a mis en lumière l’impact négatif de l’activité humaine sur l’environnement : les niveaux de gaz à effet de serre ont chuté de manière significative, et tandis que la société tournait au ralenti, la nature a rapidement montré qu’elle était capable de reprendre ses droits. Mais, « ce moment de répit ne sera que de courte durée si le jour d’après ressemble au jour d’avant », rappelle avec gravité la gérante. Heureusement, il y a quelques raisons d’espérer.

Le 15 avril dernier, en pleine crise sanitaire, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, martelait déjà que « le Green Deal est aussi nécessaire qu’avant la crise » et que les plans de relance pour sortir de la récession devront prendre en compte la dimension climatique. Ses conseils ont trouvé de l’écho auprès d’Emmanuel Macron, qui a annoncé cette semaine, devant la Convention Climat, l’injection de 15 milliards d’euros supplémentaires « dans la conversion écologique de notre économie ». Pour remettre sur pied celle du Vieux Continent, l’Union Européenne a quant à elle fait des propositions ambitieuses avec un programme de 750 milliards d’euros « axé sur la rénovation, la mobilité écologique, l’hydrogène et les énergies renouvelables », relève Scott Freedman, gérant de portefeuille chez Newton IM, affilié de BNY Mellon IM. Sans oublier que le projet prévoit de créer un million de nouveaux emplois « verts » relatifs à ces thèmes.

Les entreprises ont aussi réagi face à la pression croissante de l’opinion publique. Depuis mi-avril, plusieurs centaines de dirigeants d’entreprises se sont joints à l’alliance européenne pour une relance verte, initiée par l’eurodéputé Pascal Canfin. Parmi ces sociétés, on retrouve Renault, Veolia et LVMH, mais aussi des acteurs importants du monde financier comme BNP Paribas AM, Axa, Groupama AM, Carmignac, OFI AM ou encore Mirova. Les signataires s’engagent ainsi à « maintenir ou intensifier leurs efforts en matière de changement climatique afin que la relance post coronavirus ne se fasse pas au détriment de la planète », souligne Sonia Fasolo de La Financière de l’Échiquier.

Et même lorsque la pandémie battait son plein, « un grand nombre d’entreprises se sont mobilisées, démontrant concrètement ce que signifie être responsable », poursuit la gérante. Cela s’est traduit par la production de masques ou de gel hydroalcoolique, la réduction ou l’annulation des dividendes, voire l’abandon d’une partie des rémunérations de la part de dirigeants.

L’investissement responsable a de l’avenir

L’investissement socialement responsable (ISR) est longtemps resté marginal, perçu comme moins rentable ou simple concept marketing par les investisseurs. Depuis, les mentalités ont changé et on observe un réel engouement pour ce type de supports.

Dans une récente étude, l’AFG (Association française de la gestion financière) confirme « la progression constante de l’investissement responsable dans la gestion d’actifs française et l’évolution positive du poids des fonds ISR au sein de l’investissement responsable ». Les chiffres du rapport en témoignent : « dans un marché globalement en décollecte, les flux nets positifs des gestions ISR s’élèvent à 33 milliards d’euros en 2019 » et « au global, l’encours des gestions ISR représenterait près de 15 % des encours gérés en France », constate Marie-Pierre Peillon, présidente de la Commission Finance durable de l’AFG

Si les conséquences de la crise restent difficiles à mesurer, les gérants d’actifs anticipent tout de même que le mouvement va s’intensifier et que les investisseurs vont, à l’avenir, vouloir donner davantage de sens à leurs investissements. « La pandémie a augmenté l’urgence des problèmes sociaux et économiques, et va probablement relancer l’opportunité d’investir dans la refonte des économies à l’échelle mondiale. Nous pensons que les investisseurs vont accorder de plus en plus d’importance aux facteurs ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) », estime Scott Freedman de Newton IM.

D’autant qu’avec « la généralisation de la publication d’indicateurs d’impact par les entreprises », chaque investisseur peut désormais « se positionner encore plus finement sur les thématiques ESG en fonction de ses priorités et de ses sensibilités », indique Catherine Crozat, responsable des projets ESG chez CPR AM. Elle ajoute que cela permet dans le même temps « de dresser un bilan précis de l’impact de son investissement en faveur d’un monde plus durable ».

Cependant, l’analyse des indicateurs extra-financiers a ses limites et paraît parfois biaisée voire impertinente : « L’investissement responsable ne peut se résumer à une liste de cases à cocher. Un respect superficiel ne bénéficie à personne à long terme », insistent les équipes d’Aberdeen Standard Investments. Malgré cette mise en garde, la maison de gestion britannique note « qu’indépendamment du pays, les investisseurs et les gestionnaires d’actifs participent au changement de manière fondamentale » et que « les gérants de fonds à travers le monde se sont montrés désireux de prouver leur engagement envers les principes ESG ».

Enfin, plusieurs tendances structurelles devraient conforter le développement de l’investissement responsable et d’une reprise économique « verte ». Adrien Dumas et Marcelo Preto, gérants chez Mandarine Gestion, remarquent qu’il y a eu une prise de conscience radicale de la question écologique depuis une dizaine d’années. « Entre 2009 et aujourd’hui, le vote vert a plus que doublé, passant de 7 à 15 %, et la transition écologique est devenue la première préoccupation des Européens alors qu’elle était absente du top 20 en 2009 ». Aussi, la crise du coronavirus a mis en exergue la fragilité et la dangereuse dépendance des chaînes de production à grande échelle, ce qui laisse penser que « l’importance des approvisionnements locaux sera remise à l’ordre du jour », d’après les deux gérants.

Les dynamiques sont encourageantes et les gérants d’actifs voient les contours de l’économie post-coronavirus se dessiner en vert ; un système où la mondialisation ne sera peut-être plus reine, mais où l’environnement sera roi et l’investissement responsable, le valet.

Les 10 points chauds qu’il faut surveiller cet été…

Publié le 17 Juillet 2020

Entre CoVid, économie, banques centrales, et géopolitique américaine et chinoise, l’été 2020 ne manquera pas d’actualités. Petit panorama des 10 points clés à suivre dans les semaines à venir. Par Wilfrid Galand, Directeur Stratégiste de Montpensier Finance.

  1. La CoVid fera-t-elle de la résistance ?

Après la Chine cet hiver et l’Europe au printemps, c’est l’Amérique qui inquiète pour cet été. La progression accélérée fin juin du nombre de cas dans les Etats du Sud des Etats-Unis, du Texas et de l’Arizona à la Floride pourrait remettre en cause le scénario d’une reprise rapide, actuellement privilégiée par les marchés. Même en Europe et en Chine, où l’épidémie parait contrôlée, la réapparition de foyers sporadiques incite à la vigilance. Aux Etats-Unis comme en Chine ou en Europe, les banques centrales et les gouvernements restent au soutien et la croissance peut encore accélérer dans les semaines qui viennent avec le retour de la confiance qui soutient la consommation et l’investissement. Mais le contrôle de l’épidémie reste clé.

  1. La saison des résultats sera-t-elle à la hauteur ?

20%, 30%, 40% de baisse des résultats en 2020 par rapport à 2019 ? Les grandes institutions financières comme les analystes ont multiplié les prévisions alarmistes quant à l’impact de l’épidémie. Les résultats du deuxième trimestre et surtout les projections pour le deuxième semestre et pour 2021 vont apporter une première réponse. Le marché a déjà globalement anticipé que les acteurs de la santé et les bénéficiaires du « Work From Home » devraient tirer leur épingle du jeu (technologie, e-commerce, connectivité, médias). Par ailleurs, il conviendra d’être vigilants sur les secteurs les plus cycliques de la cote : banques, chimie, auto, aéronautique notamment. Il semble désormais acquis que le point bas de l’activité a été touché lors du 2ème trimestre. En revanche, l’incertitude autour de la forme de la reprise reste totale : V, U, L ? A ce titre, le son de cloche du terrain, en provenance des managements sera scruté.

  1. Les banques centrales peuvent-elles aller encore plus loin ?

L’action des banques centrales face à la crise sanitaire a été sans précédent. Non seulement la Fed a ramené très vite ses taux directeurs à zéro, mais, entre la Fed et la BCE, plus de 8000 milliards de dollars de programmes « pandémie » ont été promis – et largement mis en œuvre - depuis mi-mars, soit pour des injections directes de liquidités dans le système financier, soit pour des soutiens massifs aux marchés obligataires. Au total, cela représente près de 10% du PIB mondial ! Les marchés sont propulsés par cette ultra-liquidité qui se propage des obligations aux actions et à l’ensemble des activités directement liées au système financier. Nos indicateurs de conditions monétaires MMS se situent à des niveaux très accommodants : Euro (67), Etats-Unis (65) et Chine (69).

Peut-on alors aller encore plus loin cet été ? Pour la Fed et la BCE, cela nous semble difficile, a minima jusqu’à la réunion qui réunira virtuellement les 27 et 28 août les grands banquiers centraux, en remplacement du traditionnel sommet de Jackson Hall. La bonne nouvelle pourrait venir de Chine. Jusqu’à présent, la PBOC est restée largement sur la réserve, se contentant de faciliter le crédit en baissant les taux de référence à moyen et long terme. Une action plus résolue plairait aux investisseurs.

  1. L’Europe : Hamilton, le moment ou jamais ?

Le 8 mai, Emmanuel Macron et Angela Merkel ont proposé de compléter le dispositif de soutien économique de l’Union Européenne par le plan « Recovery » de 750 milliards d’euros, dont 500 milliards d’obligations émises directement par l’Union, actant ainsi la possibilité de mutualiser les dettes de l’UE. L’enjeu est majeur : il s’agit de transformer l’Union en puissance financière autonome, un peu à la manière de l’accord entre Jefferson et Hamilton après la guerre d’indépendance américaine. L’objectif de L’UE, désormais sous présidence allemande, est d’aboutir en juillet à un compromis politique validé par les 27. Au-delà d’un possible report de quelques semaines, un échec est-il possible ? Nous ne le pensons pas. Le plan franco-allemand s’insère en effet dans un dispositif plus large, intégrant le plan de soutien au chômage partiel (dispositif « Sure »), les investissements de la BEI et surtout le budget pluriannel de l’Union. Cela offre de nombreux leviers pour aboutir à une position commune. Les débats semblent d’ailleurs s’organiser désormais autour des paramètres du plan et non du principe même de celui-ci.

  1. Pétrole et Moyen Orient, fragile équilibre ?

-37,63$ ! Le 20 avril dernier, le baril de brut léger américain, plombé par la contraction de l’activité mondiale et le manque de capacités de stockage, terminait en territoire nettement négatif. Depuis, les cours se sont redressés mais restent encore loin des seuils nécessaires à la profitabilité du pétrole de schiste américain – grand pourvoyeur du marché des obligations à haut rendement aux Etats-Unis – et surtout aux équilibres fiscaux des pays exportateurs du Proche et du Moyen-Orient que sont l’Algérie, la Libye, l’Irak, l’Arabie Saoudite ou l’Iran. Or la région reste sous fortes tensions. L’agitation sociale ne s’éteint pas en Algérie, en Iran ou en Irak et menace même l’Arabie Saoudite, qui doit renoncer à sa généreuse politique de subventions fiscales et sociale en raison de la baisse des cours du brut. Le plus inquiétant reste le conflit libyen, où les ambitions de la Turquie de retrouver de l’influence dans l’ancien empire ottoman se heurtent aux plans de la Russie et des puissances du Golfe. La situation reste à ce jour sous contrôle mais pourrait basculer en cas d’imprudence d’un côté ou de l’autre.

  1. Vers la montée du risque politique américain ?

Depuis plusieurs semaines, Trump glisse dans les sondages. Non seulement les enquêtes nationales lui donnent un retard de plus de 10 points sur Joe Biden, mais surtout, son rival démocrate le devance dans tous les états clés pour l’élection de novembre prochain. Même la Géorgie et le très républicain Texas pourraient basculer dans le camp des « bleus ». Au-delà de la Présidence, l’inquiétude des marchés est celui d’une « vague bleue privée par l’aile la plus à gauche des démocrates » qui ferait basculer le Sénat. La perspective d’un brutal retour en arrière sur la fiscalité et la réglementation serait susceptible de faire baisser les bénéfices des entreprises. Tout en gardant un œil sur les sondages, il faudra également être attentif à l’évolution des tensions dans le pays, la polarisation de la société n’étant pas le gage de la stabilité indispensable à la prospérité de la première puissance mondiale.

  1. Chine-US : le retour de Thucydide ?

Quelques mois après la signature, le 15 janvier 2020, de la phase 1 de l’accord commercial sino-américain, l’épidémie de Covid-19 et la situation à Hong Kong ont changé la donne des deux côtés du Pacifique. L’épidémie fragilise Trump en cassant la dynamique de l’économie américaine et en remettant en cause son leadership. Elle a permis à Xi Jinping de montrer sa force mais la situation sanitaire demeure fragile et des foyers épidémiques ressurgissent. Et Hong Kong reste un sujet épineux, entre volonté d’affirmer l’unité du pays et nécessité de préserver le poumon financier du continent.

Dans cette situation, Trump pourrait être tenté de faire diversion en se lançant dans une série de mesures anti-chinoises, qu’elles soient commerciales, technologiques, ou même militaires dans le détroit de Taïwan. L’absence d’escalade à ce jour dans le dossier de Hong Kong laisse néanmoins supposer que l’intention des deux parties n’est pas de porter l’affrontement à des sommets dangereux.

  1. Chine – Europe : la vengeance de Trump ?

Trump, en difficulté dans les sondages, doit reprendre l’initiative. Quoi de plus efficace que la stratégie séculaire du bouc émissaire ? Bien sûr, il y a la Chine, mais pourquoi ne pas se tourner aussi vers l’Europe ? Après tout « elle nous traite encore plus mal que la Chine » avait déclaré le Président américain le 17 mai 2019 au moment d’initier les discussions commerciales avec l’Union Européenne. Le 22 janvier dernier, à Davos, Donald Trump avait rappelé son objectif de conclure un accord commercial avec l’UE avant la fin de l’année. Faute de quoi, il pourrait imposer 25% de droits de douane supplémentaires sur les importations de voitures européennes aux Etats-Unis. Depuis, les menaces se sont étendues aux vins et spiritueux, et même aux produits de maroquinerie. L’été pourrait, de ce point de vue, être décisif dans ce dossier.

  1. Chine : ambitions externes et inquiétudes internes

Pour le centenaire de la création de la République Populaire de Chine, le pays a l’ambition de retrouver sa place de première puissance mondiale. C’est ce que proclame le slogan « China 2049 ». A plus court terme, le plan « China 2025 » vise à consolider sa position de leader commercial et technologique et à ne rien céder sur son rôle stratégique de puissance centrale en Asie. L’Empire du Milieu affiche ainsi un soutien sans faille au géant technologique Huawei, poursuit sans faiblir son programme « One Belt One Road » des Nouvelles Routes de la Soie, et tient tête à tous ceux qui contestent son modèle de société. Pourtant, les inquiétudes montent en interne : certes l’activité, tirée par l’industrie, est repartie dès avril après le coup d’arrêt dû au virus, mais la pandémie a fait grimper le chômage et fragilise les équilibres sociaux. L’inflation des denrées alimentaires rogne le pouvoir d’achat de la classe moyenne et la confiance n’est pas encore revenue à un niveau tel qu’elle permettrait rapidement de retrouver le niveau cible de 6% de croissance. Pour que la Chine sorte gagnante de la crise, comme le pense le FMI dans ses prévisions de juin, et soutienne l’optimisme des investisseurs, les prochains chiffres de ventes au détail et d’activité dans les services devront être à la hauteur.

  1. Quel impact économique pour la vague verte ?

La transition écologique était déjà une priorité avant le Covid19. L’irruption de la pandémie a accéléré le mouvement et en a fait un des socles du « monde d’après », qui veut être plus robuste face aux chocs et aux crises. Il est ainsi probable que le plan « Recovery » de l’Union Européenne soit très largement orienté vers des investissements visant à réduire l’empreinte carbone du Vieux Continent. Malgré le scepticisme de Trump, les Etats-Unis participent également à ce mouvement. Et la Chine n’est pas en reste, elle qui est déjà leader dans la conception et la vente de voitures électriques. Face à cette nouvelle donne, les investisseurs seront évidemment attentifs aux frais supplémentaires engendrés par les nouvelles normes et réglementations en préparation : une inflation par les coûts ne serait pas une bonne nouvelle alors que les banques centrales ont fait la promesse de poursuivre les injections de liquidités tant qu’elles ne décèleront pas de pressions inflationnistes avérées. Mais ils seront également soucieux de mettre à profit cette tendance de fond pour intégrer dans leur portefeuille les sociétés permettant de trouver des solutions pour une économie moins gourmande en carbone. C’est pour cela que nous avons créé voici 8 mois chez Montpensier le fonds M Climate Solutions : parce que nous sommes convaincus que les projets vont se multiplier et que, dans ce « nouveau monde », la vague verte peut, et doit être une opportunité de création de valeur.

Une forte dissymétrie entre le potentiel de hausse et le potentiel de baisse selon les experts de CPR AM…

Publié le 11 Juin 2020

Malik Haddouk, Laetitia Baldeschi et Bastien Drut

Les experts de CPR Asset Management sont revenus sur les faits marquants de l’actualité économique.

Deux éléments ont particulièrement retenu leur attention ces deux dernières semaines :

D’abord, les mesures de déconfinement se décuplent et suscitent l’optimisme.
Ensuite, les banques centrales, toujours à la manœuvre, rassurent (quatre plans de soutien pour la BCE et des achats massifs et continus pour la FED).

Ainsi, la gestion maintient sa préférence sur le crédit, toujours soutenu par les banquiers centraux, et ne change pas l’exposition aux actions.

Laetitia Baldeschi, responsable de la stratégie de CPR Asset Management souligne qu’après un point bas historique en avril, les indicateurs se redressent très progressivement. Le Produit Intérieur Brut (PIB) pourrait baisser de -20% au deuxième trimestre en France d’après l’Insee. Par ailleurs, le marché du travail se tend un peu partout. Aux États-Unis notamment, plus de 39 millions de personnes se sont inscrites à l’assurance chômage depuis début mars soit 24% de la population active.

Le stratégiste Bastien Drut note que la banque centrale américaine a déjà fait énormément de choses. Son bilan a doublé entre le début du mois de mars et aujourd’hui (de 3500 à 7000 milliards de dollars). Coté européen, il est à noter que lors du dernier conseil des gouverneurs (fin avril), Christine Lagarde a indiqué que les économistes de la BCE retenaient trois scénarios possibles :

une récession légère avec une baisse de PIB de -5%,
une récession moyenne,
une récession sévère où le PIB baisserait de -12% sur l’année.

La présidente a annoncé que l’on se trouverait sans doute entre la récession moyenne et la récession sévère.

Ainsi, la BCE devrait augmenter son programme de rachat d’actifs très prochainement. Par ailleurs, il est très probable que la BCE intègre les titres « fallen angels » (ces obligations dégradées d’Investment Grade à la catégorie High Yield) dans les supports achetables.

Aujourd’hui, deux scénarios principaux de marché sont envisagés pour les trois prochains mois par les experts de CPR :

Scénario 1 : Les mesures des banquiers centraux contiennent le choc extrême. Cela se caractérise par une hausse entre +2,5 et 7% des marchés actions (selon les zones). La probabilité d’occurrence de ce cas est de 70% (contre 65% fin avril).
Scénario 2 : La récession se prolonge dans le temps, accompagnée par un regain de tension entre les États-Unis et la Chine. La baisse des marchés est estimée entre -12,5 et -15% selon les zones.

On note ainsi une forte dissymétrie entre le potentiel de hausse et celui de baisse.

Malik Haddouk, directeur de la gestion diversifiée, rappelle le rebond très marqué des marchés :

le MSCI World (indice composé de plus de 1500 entreprises ayant les plus grandes capitalisations boursières des pays développés) connaît une performance depuis le début de l’année de -3,5% actuellement, contre -30% en mars.
Même remarque sur le crédit qui a vu ses spreads se resserrer.
La dette émergente fait également un bon retour.

Ainsi, les investisseurs jouent le fait que le creux de marché de mars ne soit pas retouché.

Dès lors, malgré la rhétorique agressive de Trump sur la Chine et les niveaux de valorisation sur les marchés actions (plus de 20 de P/E aux États-Unis), le marché semble vouloir jouer le rebond. La gestion s’est laissé porter par cet optimiste. Malgré cette apparente stabilité, les valeurs américaines ont été réduites au profit des actions de la zone euro. Côté obligataire, la dette d’État américaine (notamment celle avec une longue maturité) a été allégée avec, dans le même temps, un renforcement sur les « fallen angels ».

« La chute de l’activité ne doit pas être sous-estimée », prévient cette société de gestion…
Publié le 18 Juin 2020

Lors de la conférence bi-annuelle d’Aberdeen Standard Investments, Paul Diggle (économiste) et Ben Ritchie (responsable des actions européennes) sont revenus sur le contexte actuel et ses conséquences sur les fonds.

La compression de l’économie en raison des mesures de confinement est sans précédent. Les PMI ont atteint des niveaux historiquement bas (encore plus bas que ce que le marché a connu en 2008). Ainsi, bien que la vitesse du rebond soit également très forte, cette chute de l’activité ne doit pas être sous-estimée. Selon les gérants, la perte de croissance causée par le confinement ne sera pas rattrapée. De plus, la déglobalisation amorcée pré-crise devrait s’accélérer : les États-Unis et la Chine s’éloignant (commercialement) encore un peu plus.

Par ailleurs, l’économiste pense que cette crise augmente les risques (de hausse comme de baisse) de l’inflation. En effet, cet épisode pourrait être inflationniste en raison de l’importante stimulation monétaire et de la réduction de la chaine de production. Mais la crise pourrait également être déflationniste, si l’économie peine à se relever des mesures de confinement. C’est cette dernière hypothèse qui est davantage retenue par les gérants.

De plus, « les États en ressortiront grandis, mais plus endettés » d’après Paul Diggle. En effet ces derniers auront plus d’implications dans l’économie (au niveau de la régulation, de la taxation, etc). Au niveau sectoriel, la santé, la technologie et Internet devraient bénéficier très largement de cette crise au détriment des secteurs du tourisme/voyage. Aussi, cet épisode sera un tournant pour les actifs ESG selon l’économiste, qui envisage une « reprise verte » de l’économie.

Concernant les marchés actions, Ben Ritchie souligne la révision substantielle (à la baisse) des bénéfices des entreprises avec dans l’œil du cyclone, les valeurs cycliques et le value (-35% de révision pour les titres value contre -20% pour les valeurs de croissance). Géographiquement, les marchés actions européens (hors UK) restent mal aimés. Cependant, l’Europe est leader sur l’investissement ESG.

Trois tendances structurelles continuent de guider la gestion :

La digitalisation de l’industrie, avec des entreprises comme Nemetschek ou SAP (fournisseurs de logiciel), RELX Group (groupe international d’édition), Edenred (service de paiement)…
Le changement démographique avec Amplifon (appareillage auditif), Tecan (solutions de laboratoire), Roche (entreprise pharmaceutique)…
Les biens de consommation avec Kerry (leader mondial dans l’industrie agroalimentaire), Pernod Ricard (fabrication et distribution de vins et spiritueux), Ubisoft (édition et de distribution de jeux vidéo)…

La gestion a deux convictions fortes, presque antagonistes, mais à des horizons de temps différents. En effet, le gérant est très confiant sur les actions à court terme, notamment sur les entreprises les plus touchées par la crise. Cependant, si la croissance, l’inflation et les taux d’intérêts peinent à décoller, la gestion anticipe une surperformance structurelle et durable des valeurs de croissance sur les titres value. Ainsi, il faudra prioriser les valeurs de qualité peu volatiles.

Le monde d’après » sera celui de l’investissement thématique et sectoriel…
Publié le 18 Juin 2020

Chaque mois, « Et + Encore Â», l’émission patrimoniale de Georges de La Taille et Jean-François Filliatre, est diffusĂ©e en direct sur H24 Finance. La dernière Ă©mission a rĂ©uni FrĂ©dĂ©ric Ponchon (Sycomore AM), Arnaud Faller (CPR AM) et StĂ©phane Vonthron (J.P. Morgan AM) pour dĂ©battre du monde post-Covid-19 et de ses gagnants.

Une chute vertigineuse. Dans son dernier point de conjoncture, publié fin mai, l’Insee anticipe une diminution du PIB français de près de 20 % au deuxième trimestre. Il s’agirait de la plus forte récession jamais enregistrée depuis la création des comptes nationaux en 1948. Heureusement, le rapport fait aussi état d’un net rebond de l’activité économique depuis que le pays est sorti du confinement, et estime que la reprise devrait se poursuivre… Mais il faudra du temps pour retrouver un niveau d’activité normal et il y a fort à parier que la crise transformera en profondeur le système actuel, tant sur le plan social qu’économique. Alors à quoi ressemblera le monde post Covid-19 et qui en ressortira vainqueur ? Réponses avec 3 sociétés de gestion.

Un modèle économique et sociétal en pleine mutation

Partie de Chine, l’épidémie de coronavirus n’a pas tardé à s’étendre à toute la planète. La majorité des pays touchés a répondu à l’urgence sanitaire par des mesures de confinement, particulièrement désastreuses pour les entreprises avec une chute brutale de la consommation, la mise à l’arrêt des chaînes de production et de multiples fermetures administratives… Pour bon nombre d’entre elles, ce fut aussi l’occasion d’expérimenter ou de généraliser le télétravail.

Selon Frédéric Ponchon, gérant chez Sycomore AM, cette pratique devrait perdurer au-delà de la crise : « beaucoup de sociétés considèrent que ce nouveau mode de fonctionnement peut être assez efficace, moins coûteux en termes de temps pour les salariés et en termes d’immobilier pour les entreprises ». Pour les sociétés qui évoluent à l’échelle internationale, les avantages du travail à distance sont encore plus marqués. « En plus d’apporter une plus grande souplesse, le télétravail permet de nouer des partenariats plus facilement avec l’étranger et une mobilisation des troupes à travers le monde encore plus rapide qu’avant », ajoute Arnaud Faller, directeur général délégué en charge des investissements de CPR AM.

Si le télétravail est promis à un bel avenir, certains inconvénients doivent aussi être considérés. « Il est important de veiller à ce que le lien entre le collaborateur et l’entreprise ne se rompe pas », prévient Stéphane Vonthron, directeur commercial distribution chez J.P. Morgan AM. Car, selon lui, une relation détériorée aurait pour effet de créer un turnover important au sein des entreprises et donc une réduction de la valeur. Et quand bien même le télétravail a démontré son efficacité pour certaines activités de l’entreprise, « son application est beaucoup plus limitée dès lors qu’il s’agit de travail créatif ou de modes opératoires techniques ». Stéphane Vonthron estime donc que « c’est un modèle mixte, entre présentiel et télétravail, qui va continuer à primer ».

D’un point de vue macroéconomique, les banques centrales et gouvernements auront un rôle majeur à jouer dans le monde d’après. Leur action a été massive « et les mesures de soutien bien plus fortes qu’elles ne l’ont été en 2008-2009 », explique Arnaud Faller de CPR AM. Les prêts aux entreprises sont sur « des maturités longues et permettront de les protéger bien au-delà des premiers mois durant lesquels elles vont être durement affectées ». Les institutions ont bel et bien fait tourner la planche à billets – la BCE a récemment annoncé l’ajout de 600 milliards d’euros au programme de rachats d’actifs, portant le total à plus de 1 600 milliards – et travaillent désormais sur un plan de relance de l’économie. « Même si le chômage aux États-Unis ne va pas revenir de sitôt à 3 % comme c’était le cas pré-crise, l’accompagnement est tellement fort que l’on aura à nouveau des créations d’emplois dans les années à venir, que ce soit en Europe ou outre-Atlantique », rassure Arnaud Faller.

Dans un futur proche, on devrait également assister à l’amplification des nouveaux modes de consommation. « Le mouvement du consommer mieux s’est considérablement accéléré durant la crise », observe par exemple Stéphane Vonthron de J.P. Morgan AM. Il anticipe ainsi une dichotomie grandissante au sein de la population mondiale « entre ceux qui d’une part auront les moyens de consommer des biens de qualité et durables et ceux qui, par déterminisme économique, devront se tourner vers des produits à moindre prix ». Sur les modes de production aussi, des changements radicaux sont à attendre. « Cette crise a montré que des décennies de mondialisation pas toujours maîtrisée ont conduit à des chaînes de production dangereusement dépendantes d’autres pays, notamment de la Chine », relève Frédéric Ponchon de Sycomore AM. Le gérant estime que les entreprises vont en tirer les conséquences et « relocaliser au moins une partie de leur production, afin de garantir la durabilité et la résilience des chaînes de production ».

Enfin, « le monde d’après » ne verra à court terme ni remontée des taux, ni reprise de l’inflation, d’après les gestionnaires d’actifs. « Ce serait une bonne nouvelle mais c’est encore trop tôt », admet Stéphane Vonthron. Frédéric Ponchon ajoute de son côté que l’on peut envisager un redémarrage de l’inflation « à moyen terme, peut-être entre 3 et 5 ans ».

Investir dans les gagnants

Malgré toutes les analyses qu’il est possible de formuler, elles ne restent que des suppositions. « La poussière n’est pas encore retombée et ce serait très présomptueux de dire que nous sommes sortis de la crise », rappelle Stéphane Vonthron. Sans oublier qu’une seconde vague épidémique est toujours possible et que les conséquences de la crise prendront des mois, des trimestres, voire des années à se dessiner clairement. Mais les gérants d’actifs ne se laissent pas arrêter par le brouillard, et tentent de distinguer quels sont les investissements à privilégier dans « le monde d’après ».

Premier constat : les portefeuilles sont à ce jour largement sous-investis en actions. Car si Frédéric Pochon « se laisse un peu porter par le rebond actuel », il tient à rester prudent « en cas de retournement potentiel du marché ». La méfiance se fait également ressentir du côté de J.P. Morgan AM. Les fonds flexibles de la maison sont aujourd’hui à un « niveau extrêmement faible d’exposition aux actions », indique son directeur commercial distribution. Pourquoi ? Car les équipes de gestion « ont le sentiment que les multiples sont globalement trop élevés pour une période de récession ». D’après Stéphane Vonthron, « le marché a vivement réagi aux annonces des banques centrales, mais pas encore à l’amplitude de l’impact économique qui fragilisera nécessairement les ménages et les entreprises, malgré les mesures de soutien ».

Mais attention, sous-pondérer ne veut pas dire fuir. « On pense qu’il y aura d’autres moments pour revenir plus fortement sur les marchés actions », déclare Arnaud Faller. Le directeur général délégué en charge des investissements de CPR AM ajoute « qu’après avoir beaucoup apprécié les actions américaines », son attention se porte actuellement « sur des actions de la Zone Euro, et notamment sur le créneau du value ».

Ces dernières semaines, il a effectivement observé « une rotation sectorielle vers les cycliques très forte ». Un constat que partage Frédéric Ponchon de Sycomore AM : « certaines valeurs value sont très intéressantes car elles ont été massacrées de manière exagérée durant la crise ». Dans le même temps, « les valeurs de croissance sont très voire trop chères », poursuit le gérant. En effet, face au chahut boursier, certaines d’entre elles ont fait office de valeurs refuge et affichent des performances qui avoisinent 40 % depuis le début de l’année.

Aujourd’hui, les équipes de CPR AM placent aussi des pions sur les obligations du secteur privé, des actifs relativement sûrs « puisqu’ils bénéficient du soutien de la Banque centrale européenne ». C’est pourquoi, l’affilié d’Amundi considère que « le crédit est actuellement un bon moyen d’avoir des positions d’attente avant de renforcer les actions ».

Enfin, les gestionnaires d’actifs font de plus en plus les yeux doux aux thématiques, avec la santé et la technologie en première ligne. « Ces valeurs qui sont parfois très chères sont paradoxalement celles qui ont réagi le plus en ligne avec l’amplitude du choc économique », commente Stéphane Vonthron. Et des deux secteurs, le directeur commercial distribution de J.P. Morgan a une préférence pour la santé « qui a rebondi moins fortement que la technologie alors qu’elle est sur une activité extrêmement lisible, avec des multiples plus raisonnables ». Ce thème d’investissement profite par ailleurs de tendances structurelles fortes comme le vieillissement de la population et le développement des maladies chroniques lié à l’occidentalisation des modes de vie. Sans compter que la crise du coronavirus a probablement déclenché « un cycle long d’investissement et une sanctuarisation des budgets gouvernementaux sur la santé », prévoit Frédéric Ponchon.

En somme, « le monde d’après » pourrait être celui de l’investissement thématique et sectoriel, sonnant ainsi la fin de l’investissement par zone géographique, pierre angulaire des gestions depuis de nombreuses années.

CoVid-19 : Trump à quitte ou double…
Publié le 19 Mars 2020

Par Wilfrid Galand, Directeur Stratégiste de Montpensier Finance

Souvent Trump varie et fol est qui s’y fie. Les volte-faces successives du Président américain sur le dossier du Covid-19 sont à son image. Après la Chine et l’Europe, tout se jouera dans les semaines à venir aux Etats-Unis.

Mercredi 26 février, au retour de son voyage officiel en Inde, Donald Trump minimisait ouvertement la gravité du Coronavirus en le comparant à la grippe saisonnière. Deux jours plus tard, le 28 février, au cours d’un grand rassemblement électoral en Floride, il n’en démordait pas et renouvelait ses appels au calme et à continuer à vivre comme si de rien n’était, en accusant les médias d’amplifier le sujet pour nuire à son bilan… et donc à sa réélection.

Le 10 mars, changement de pied : Trump annonce la fermeture des frontières et la mobilisation nationale, avant, quatre jours plus tard, de décréter l’état d’urgence. La pression était trop forte et sa cote de popularité était en danger en raison de la progression rapide des cas en Europe, et surtout de l’identification des premiers foyers de contamination aux Etats-Unis, dans l’état de Washington et à New York. L’opinion publique américaine, très sensible aux questions de santé, a sonné le tocsin.

Depuis, les mesures s’enchaînent et Trump vise un plan d’allègement fiscal pour 850 milliards de dollars, supérieur aux quasi 800 milliards de dollars débloqués par Obama en 2008. La balle est désormais dans le camp du Congrès, mais on le voit mal, dans ce contexte, mettre son véto à ce qui s’apparente à un plan de soutien de large ampleur aux ménages américains.

La Fed – sur ordre de Trump ? – a elle aussi amplifié considérablement ses mesures de soutien au système financier : après avoir, en deux temps et moins de 15 jours, ramené ses taux à zéro, elle a annoncé le 17 mars remettre en place un programme d’achat direct des émissions obligataires et procéder désormais deux fois par jour à des injections sur le marché monétaire.

Toutes ces mesures devraient permettre de stabiliser le marché obligataire américain, véritable clé de voûte du système financier mondial, et, plus globalement, redonner confiance dans la capacité de la première économie de la planète à traverser la tempête virale. Reste le plus important, parvenir à juguler concrètement une pandémie longtemps sous-estimée. Toutes les autorités du pays, nationales, comme locales, doivent désormais s’y consacrer, et de manière coordonnée.

Les autorités chinoises ont pris la mesure du problème. La Banque Centrale Européenne devra corriger ses erreurs de la semaine dernière et agir plus amplement et plus rapidement qu’elle ne le fait aujourd’hui (NDLR H24 : la BCE a annoncé, dans la nuit de mercredi à jeudi, un plan d’urgence qui prévoit des achats d’obligations à hauteur de 750 milliards d’euros). Et Trump ne doit pas jouer à quitte ou double.

Quels sont les secteurs ou les entreprises qui pourraient tirer avantage de la pandémie de coronavirus ?

Publié le 26 Mars 2020

Par Nina Lagron, CFA, Head of Large Cap Equities, La Française AM

Quels sont les secteurs ou les entreprises qui pourraient tirer avantage de la pandémie de coronavirus ?

Nous pensons que l’effet le plus important se fera sentir dans le secteur de la technologie, car la digitalisation va jouer un rôle majeur dans le monde de l’après-Covid-19.

Nous pensons que les hyperscalers, les opérateurs de centres de données, les concepteurs de logiciels d’infrastructure de communication, les entreprises spécialisées dans la cybersécurité, les fournisseurs de jeux en ligne et autres fournisseurs de divertissements en streaming, l’apprentissage en ligne ainsi que les entreprises proposant de reproduire des activités de plein air en intérieur seront les principaux bénéficiaires de la période de confinement actuelle.

En quoi en profiteront-ils ?

La crise sanitaire actuelle aura des conséquences durables sur l’organisation du travail. Dans la période de confinement actuelle, les entreprises sont obligées de mener leurs activités en recourant presque exclusivement au télétravail. Jusqu’à récemment, dans de nombreux pays, le télétravail restait une pratique marginale.

Dans un contexte marqué par le prolongement de la période de confinement, il conviendra de développer des infrastructures logicielles plus intégrées et plus personnalisées pour faciliter la communication et la collaboration au sein des entreprises.

Nous pensons que la sortie du confinement se fera de manière très lente et progressive et que les entreprises continueront à recourir au télétravail pendant plusieurs mois après la fin de la période de confinement. Si ce mode de fonctionnement parvient à prouver sa résilience en période de crise, les entreprises autoriseront peut-être les salariés ayant demandé à travailler de chez eux à continuer à télétravailler.

Les concepteurs de logiciels permettant le travail collaboratif enregistreront une croissance forte, qui devrait ĂŞtre durable.
Le télétravail devenant la nouvelle norme, la demande pour de l’espace de stockage « cloud » va augmenter, ce qui devrait profiter aux hyperscalers et aux opérateurs de centres de données.
La cybersécurité deviendra de plus en plus importante dans cette configuration de travail à domicile, dans la mesure où la totalité des échanges d’informations à lieu par le biais d’applications en ligne.
Les amateurs de jeux vidéo découvrent actuellement les jeux en streaming et il y a fort à parier que la transition vers le streaming et les jeux en ligne va s’accélérer, et que ce secteur enregistrera une forte croissance à moyen terme.
L’adoption des applications numériques s’accélère également dans le secteur du divertissement : les livres, podcasts, livres audio téléchargeables et évidemment le streaming vidéo profitent d’une conjoncture particulièrement porteuse. Nous pensons que la plupart des personnes ayant souscrit un abonnement à un site de streaming pendant la crise le conserveront par la suite, par souci de confort et après une expérience utilisateur concluante.
La période de confinement actuelle représente un laboratoire grandeur nature pour l’apprentissage en ligne, et ce pour tous les âges. Jusqu’à présent, l’école à distance était un outil plutôt réservé à l’enseignement de niveau universitaire. Désormais, même l’enseignement primaire en bénéficie. Si l’enseignement en face à face ne pourra jamais être entièrement remplacé, davantage d’applications numériques seront déployées à l’avenir.
Dernier point, mais non des moindres, de nombreux consommateurs essaient de reproduire en intérieur les activités qu’ils aiment faire en plein air. Dans le secteur du sport, le passage d’activités de plein air à des activités d’intérieur via les objets connectés créera de nouvelles pratiques sportives et de nouvelles façons de communiquer à ce sujet.

La communication favorise la diffusion de la peur », explique cet asset manager…

Publié le 16 Mars 2020

… OFI Asset Management

La crise boursière et financière actuelle déclenchée par le Coronavirus est désormais d’une ampleur et d’une rapidité qui rappellent les plus grands krachs de l’histoire. La baisse des principaux indices actions atteint désormais plus de 30% en moins de trois semaines, les spreads de crédit se sont écartés de près de 100 bp sur l’Investment Grade européen, de 400 bp sur le « crossover » HY, les devises émergentes ont perdu dans l’ensemble plus de 10% contre le dollar…

Ces mouvements interpellent et deviennent d’une nature anxiogène qui va au-delà de la simple correction boursière d’environ 10 à 15% que nous attendions en début d’année.

Cette crise contient des ingrédients communs à ceux des trois grandes crises précédentes, on y reviendra, mais elle est aussi d’une nature différente. Le cas d’une épidémie d’une telle ampleur n’est pas courant. Les conséquences sanitaires sont évidemment impossibles à prévoir, et cette incertitude s’ajoute à la psychologie négative ambiante.

Cette épidémie met aussi en évidence plusieurs éléments, déjà connus, qui se cristallisent soudainement :

L’endettement est trop élevé, et partout ! La croissance économique mondiale « se fait à crédit » et le cas des Etats-Unis en est une bonne illustration : après la plus longue période de croissance depuis l’après-guerre, le déficit budgétaire atteint près de 5% du PIB et l’endettement 100% du PIB, ce qui signifie que la période de prospérité n’a pas été mise à profit pour rétablir les comptes publics. Ce constat est valable pour de nombreux pays européens, particulièrement pour la France. Parallèlement, l’endettement des entreprises a également fortement progressé (multiplié par 3 aux Etats-Unis depuis 2009), les chefs d’entreprises ayant profité de l’aubaine de la baisse des taux…
La coopération internationale est actuellement très faible. Le monde est actuellement multipolaire et très divisé. L’Amérique de Donald Trump l’avait bien illustré ces derniers mois avec « la guerre commerciale », les mesures prises pour tenter de répondre au Coronavirus montrent plus que jamais que c’est « Chacun pour soi » ! Le récent désaccord majeur entre la Russie et l’Arabie Saoudite l’illustre bien.
L’Europe est désunie. Il n’y a pas de stratégie commune en matière de politique de santé. On attend une réponse budgétaire significative, Christine Lagarde a mis la balle dans le camp des politiques, mais les désaccords sur ce sujet semblent très importants. C’est la raison pour laquelle les « spreads » souverains s’écartent en zone Euro, particulièrement sur l’Italie, mais aussi sur le risque France : +30 bp d’écartement avec l’Allemagne cette semaine !
La communication via les réseaux sociaux et le principe de précaution généralisé (à l’extrême ?) rendent les mouvements uniformes et favorisent « la diffusion de la peur ».
La liquidité des marchés pose question. Il n’y a plus d’acheteurs finaux. Les banques ne prennent plus de positions depuis la crise de 2008, les régulateurs ont mis en place des normes de solvabilité accrues et les assureurs sont confrontés à la problématique des taux à 0…

Le tableau apparaît ainsi bien sombre et il y a dans cette panique boursière des ingrédients qui rappellent 2000 (surévaluation initiale de certains secteurs), 2008 (crise de liquidité sur les marchés du crédit, début de suspicions entre contreparties…) et 2011 (crise de l’euro avec écartement des spreads entre pays) …

Dans ces conditions, que faire ?

L’observation historique des grands krachs récents donne quelques repères. En 2000, 2008 et 2011, les baisses des principaux indices actions ont été comprises entre 30% et 50%. Avec 30%, la correction actuelle est donc déjà significative. Il en est de même sur l’écartement des spreads de crédit.

Il est clair que le monde entre en récession. Le risque majeur est que ce ralentissement économique se transforme en crise financière avec une vague de faillites d’entreprises et des banques qui ne se prêtent plus entre elles. La question se pose de savoir en combien de temps la situation sanitaire s’améliorera. Si on regarde la Chine (en avance par rapport à l’Occident), il semble que la situation s’améliore progressivement…

Par ailleurs, les conditions d’une reprise rapide sont là, avec des taux quasi nuls et un pétrole très bon marché. Les Banques Centrales peuvent encore agir. La Réserve Fédérale américaine va elle aussi amener les taux à 0. Les politiques d’achat de titres vont probablement reprendre et s’étendre à des titres moins bien notés. Cette fois-ci, ce sont surtout les gouvernements qui sont attendus. Des mesures de soutien budgétaire ciblées (vers les secteurs les plus touchés) sont nécessaires ; elles devront être mises en œuvre rapidement et être d’une ampleur significative vu les enjeux.

Les bénéfices des entreprises attendus ont été largement révisés à la baisse par les premières estimations « Top Down ». On attend désormais une baisse de 10 à 15% cette année, suivie d’une remontée de 5% à 10% l’année suivante. Cela signifie donc que le PER des actions US est désormais de près de 15, et de 12,5 pour les actions européennes. Ces niveaux sont raisonnables historiquement, surtout en comparaison des taux d’intérêt.

Le contexte reste anxiogène et il y aura encore de la volatilité. Mais les niveaux atteints commencent à être intéressants.

Nous pensons donc qu’il convient de réinvestir progressivement :

En obligations HY, Crédit CT et émergentes
En actions américaines et européennes

et allocation d’actifs : https://www.ofi-am.fr/support/la-mondialisation-du-coronavirus-enraye-la-mecanique-positive-des-marches/5e57d49788970

Quels sont les 6 fonds tricolores qui vont bĂ©nĂ©ficier d’un « coup de pouce Â» du gouvernement pour 6 milliards € ?

Publié le 26 Février 2020

Le rapport intitulé « Financer la IVème révolution industrielle - Lever le verrou du financement des entreprises technologiques » et rédigé par Philippe Tibi, Président de Pergamon campus et professeur d’économie à l’Ecole polytechnique, dresse le constat d’une insuffisante capacité de financement des entreprises technologiques en France au moment de leur accélération industrielle et commerciale.

Afin de combler cette faille de marché, les investisseurs institutionnels français, réunis par Bruno Le Maire (ministre de l’Economie et des Finances) et Cédric O (secrétaire d’État chargé du Numérique), se sont engagés sous l’égide du président de la République à consacrer plus de 6 milliards d’euros en faveur du financement des entreprises technologiques d’ici le 31 décembre 2022.

Le comité technique réunissant les investisseurs partenaires s’est tenu afin de valider les premières candidatures de fonds appelés à investir les montants annoncés.

Les investisseurs partenaires ont validé, à l’unanimité, l’éligibilité des fonds suivants à l’initiative :

Sur le volet de l’investissement non-coté

Eurazeo Growth Fund III
InfraVia Growth Fund
Jeito
Partech Growth II

Sur le volet de l’investissement coté

CPR AM – Global Disruptive Opportunities (et non « CPR AM – Global Disruptive Technologies Â», mentionnĂ© par le ministère mais qui n’existe pas :wink: NDLR H24
Natixis IM Thematics – AI and Robotics

Ce n’est pas si certain

Car pour connaître le taux de létalité, il faut connaître le nombre de décès et le nombre d’infectés pour faire la division.
Pour la grippe on connait les deux (ou on les estime bien, depuis le temps qu’elle existe), donc la division est pertinente.
Pour le covid19, on connait a priori le nombre de morts car en cas de doute il y a toujours un test (pour décider des mesures de confinement).
Mais on ne connait pas vraiment le diviseur, car on ne connait que les cas détectés, sans aucune capacité d’estimation des non détectés.

Donc la seule chose qu’on peut affirmer avec les statistiques actuelles (à supposer qu’elles soient représentatives) est que le taux de létalité du covid19 est au maximum de 3%.
Mais s’il y a beaucoup de formes mineures/cas non détectés, il pourrait être beaucoup plus faible.

**…Sauf que WS termine dans le rouge finalement **

[quote=philippe91]

Bon, si je peux me permettre, on n’est pas en train de discuter de cours de bourse, là !
Comparer un pays Ă  l’autre n’est pas Ă  mon avis très judicieux, la question Ă©tant globale, les diffĂ©rents pays pas au mĂŞme stade de l’évolution de la maladie, les statistiques entachĂ©es par les tailles « d’échantillon Â», la communication pas forcĂ©ment transparente d’un pays Ă  l’autre …etc.

Rester chez soi !

Je ne crois pas qu’il faille chercher dans le discours d’Avvel une démonstration précise basée sur l’AT ou autre un point de ré-entrée précis: seule l’idée est importante, à savoir que si vous attendez que tout aille mieux pour y aller, vous évitez le risque bien sur, mais également l’opportunité… On est effectivement joueur ou pas, mais celui qui ne risque rien n’a rien (à condition d’avoir les moyens de prendre le risque bien sur)

Mes 2 centimes.

Çà, c’est ce qu’a essayé de vendre Trump la semaine dernière

Ces temps-ci, il vaut mieux éviter les embrassades tout de même !