[b]La faible inflation incite la BCE Ă envisager un soutien massif Ă lâamĂ©ricaine
[/b][b]jeudi, 04 déc. 2014, 18:09
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Manifestement trĂšs inquiĂšte face Ă la dĂ©gradation des perspectives Ă©conomiques en zone euro, la Banque centrale europĂ©enne (BCE) a reconnu jeudi avancer dĂ©sormais Ă pleine vapeur vers des rachat massifs dâactifs sur le modĂšle de la Fed amĂ©ricaine.
Face Ă des pressions trĂšs fortes sur les prix, Ă cause notamment de la baisse du prix du pĂ©trole, lâinstitution a « intensifiĂ© les prĂ©paratifs » pour de nouvelles mesures de soutien Ă lâĂ©conomie, a assurĂ© lors dâune confĂ©rence de presse son prĂ©sident Mario Draghi, qui a prĂ©cisĂ© que « plusieurs options de QE » Ă©taient Ă lâĂ©tude.
« Joyeux NoĂ«l et bon QE! », jubilait dans une note Jörg KrĂ€mer, chef Ă©conomiste chez Commerzbank. « Rendez-vous le trimestre prochain », renchĂ©rissait son confrĂšre dâUnicredit Marco Valli.
Lâacronyme « QE » (assouplissement quantitatif en français) dĂ©signe des rachats massifs dâactifs, y compris de dette publique, par les banques centrales, tels que pratiquĂ©s ces derniĂšres annĂ©es par la Fed amĂ©ricaine.
De tels rachats sont vus par beaucoup dâobservateurs comme la derniĂšre cartouche de la BCE dans une zone euro en souffrance. La banque centrale a rĂ©visĂ© nettement Ă la baisse jeudi prĂ©visions de croissance et dâinflation pour la rĂ©gion.
Si nécessaire, ces rachats pourraient survenir trÚs rapidement, a souligné M. Draghi.
- « vigilance » sur le pétrole -
Les gardiens de lâeuro font preuve dâune « vigilance particuliĂšre » Ă lâĂ©gard du prix du pĂ©trole, dont la baisse « significative » grignote les effets positifs de la baisse de lâeuro par rapport au dollar et risque de faire flancher encore lâinflation dĂ©jĂ trĂšs basse dans la rĂ©gion (0,3% en novembre).
Bonne nouvelle pour les consommateurs, cette évolution trÚs contenue des prix alimente les craintes de déflation, spirale auto-entretenue de baisse des prix et des salaires, synonyme de marasme économique.
La BCE, dont le conseil se rĂ©unira la prochaine fois le 22 janvier, conduira « dĂ©but 2015 » Ă un examen prĂ©cis de la situation et de lâeffet des mesures dĂ©jĂ Ă lâĆuvre. Outre des taux dâintĂ©rĂȘt au plus bas - le taux directeur a Ă©tĂ© maintenu Ă 0,05% jeudi - celles-ci comprennent des prĂȘts trĂšs bons marchĂ©s pour les banques et des achats de divers actifs financiers. Le deuxiĂšme prĂȘt gĂ©ant aux banques, dâune sĂ©rie de huit, aura lieu la semaine prochaine. Pour le moment ces dĂ©marches semblent avoir peu dâeffets.
Musclant son discours, la banque centrale a dĂ©sormais « lâintention » de gonfler dâenviron 1.000 milliards dâeuros son bilan via ses diffĂ©rents outils - jusquâalors elle ne faisait que lâanticiper -, avec lâespoir que les liquiditĂ©s dĂ©versĂ©es dans le systĂšme financier relancent par ricochet la dynamique des prix.
« Nous avons un mandat », faire en sorte que lâinflation sâĂ©tablisse un peu en-dessous de 2%, « et nous ne tolĂšrons pas une dĂ©viation trop prolongĂ©e de notre mandat », a martelĂ© M. Draghi.
- QE avec ou sans unanimité -
[b]LâItalien « nâaurait pas pu envoyer de message plus clair aujourdâhui que la banque centrale va lancer un programme dâassouplissement quantitatif trĂšs prochainement, probablement en janvier », soulignait dans une note Jonathan Loynes, de Capital Economics, un avis partagĂ© par beaucoup de commentateurs.
Pourtant les Bourses mondiales, échaudées par les prévisions pessimistes, se sont toutes repliées jeudi.
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Et reste encore Ă savoir de quoi sera composĂ© un Ă©ventuel « QE » Ă lâeuropĂ©enne. Pour Christian Schulz, de la banque Berenberg, des rachats dâobligations dâentreprises restent Ă ce stade lâhypothĂšse la plus probable, les achats de dettes souveraines se heurtant Ă des obstacles juridiques ainsi quâĂ des rĂ©ticences farouches, notamment en Allemagne.
M. Draghi a toutefois indiquĂ© que la BCE nâavait « pas besoin dâunanimitĂ© » au sein du conseil des gouverneurs pour enclencher un « QE ».
« Câest une importante dĂ©cision de politique monĂ©taire, elle peut ĂȘtre Ă©laborĂ©e de façon Ă faire consensus », a-t-il dit.
M. Draghi sâest Ă©galement dit « convaincu » que des rachats dâobligations souveraines seraient totalement lĂ©gaux. Le mandat de la BCE lui interdit en principe de financer directement les Etats membres de lâeuro.