Perspectives marchés

AnalyseCorrection du marché obligataire : quels sont les risques ?La remontée des taux longs aux Etats-Unis fait craindre un krach boursier. Qu’en est-il ?
Jocelyn Jovène

Sur les marchés actions, une variation de quelques points de pourcentage passe assez souvent pour un événement plutôt anodin.

Sur les marchés de taux, il suffit d’une variation de quelques dizièmes de points de pourcentage des rendements des obligations souveraines pour faire trembler les investisseurs.

Imaginez donc la nervosité des investisseurs lorsque le rendement à 10 ans des bons du Trésor américain a franchi le cap des 5% en mars, puis de nouveau en août et de manière plus insistante depuis la mi-septembre.

Replacée dans une perspective historique longue, cette remontée des rendements obligataires longs aux Etats-Unis inquiète et fait dire à de nombreux observateurs que l’on assiste à un krach obligataire qui pourrait entraîner une correction brutale des Bourses.

Albert Edwards, stratégiste chez Société Générale, ou Christopher Wood chez Jefferies, n’hésitent pas à faire un parallèle avec 1987.

En l’espace de quelques jours, la Bourse américaine trébuchait de près de 30% en quatre jour, dont une chute de 20,5% le 19 octobre 1987, alors que le rendement à 10 ans des bons du Trésor était passé de 8,2% le 17 juin à 10,23% le 15 octobre…

Sans atteindre de tels niveaux, le rendement des bons du Trésor ont progressé de 140 points de base depuis le mois d’avril dernier et se maintiennent au-dessus de 5%.

Selon les stratégistes actions Europe de Bank of America, cette remontée des taux ne s’explique pas par les fondamentaux : les indicateurs avancés d’activité économique ainsi que l’inflation ont eu plutôt tendance à reculer ces derniers mois.

Elle serait davantage due à une « revalorisation [« repricing »] des attentes du marché quant aux décisions de la Fed ainsi qu’à l’évolution du déficit public américain, avec à la clef une hausse de la « prime de terme » (prime requise pour détenir une obligation d’une certaine maturité).

L’inquiétude tient aussi au fait que les rendements obligataires américains semblent s’être durablement inscrit dans une tendance haussière, rompant avec la baisse des 40 dernières années.

Cette « tension » sur l’obligataire intervient dans un contexte particulier, marqué par une remontée des taux directeurs de la Fed à une vitesse et des niveaux pas vu depuis 22 ans, mais également par une courbe des taux qui est inversée depuis juillet 2022, signe que les marchés obligataires s’attendent à une contraction de l’économie américaine – scénario qui n’est actuellement pas du tout envisagé par les marchés actions (le P/E du marché américain, bien qu’en recul, est toujours au-dessus de sa moyenne historique, signe d’un certain optimisme quant à l’évolution future des profits des entreprises cotées).

Dernièrement, l’écart entre les rendements à 2 et 10 ans s’est réduit rapidement.

La hausse des taux longs est jugée inquiétante car elle répond à une vente d’obligations souveraines (afflux d’émissions).

En effet, compte tenu d’un endettement public élevé aux Etats-Unis (5,3% du PIB en 2022), une hausse des taux se traduit par des besoins de financement accrus du gouvernement fédéral.

Pour acheter ce papier, les investisseurs demandent un surcroît de rendement.

Quel impact pour les marchés ?

La hausse des rendements obligataires a déjà un impact les marchés financiers.

Après avoir atteint un plus haut au début de l’été, les marchés actions mondiaux, américains et européens en particulier, ont commencé à reculer.

Comme les taux courts sont à des niveaux encore plus élevés que les taux longs, les investisseurs peuvent trouver des rendements relativement attractifs avec un faible risque de duration, relativement aux autres classes d’actifs, et notamment aux actions.

Sur les marchés actions, la hausse des taux a profité aux financières européennes, mais a pénalisé les secteurs sensibles au coût de l’argent, en particulier les services collectifs et plus généralement, les secteurs défensifs qualifiés de « bond proxies ».

Aux Etats-Unis, le multiple de valorisation du secteur technologique a également reflué, passant d’un ratio cours sur bénéfice de 30x début juillet à 27xactuellement (contre respectivement 21x et 19x pour l’indice S&P 500).

Dans une note du 5 octobre, Christopher Wood chez Jefferies observe : « La similarité avec l’épisode de 1987 est qu’un krach historique avait été précédé par un mouvement de vente massif de bons du Trésor au cours de l’été. »

Le test pour savoir si un épisode d’une telle magnitude peut se reproduire consistera, selon Wood, à observer comment le marché obligataire américain réagira si les prochaines données économiques américaines se détériorent soudainement, en particulier sur le front de l’emploi.

© Morningstar, 2023 - L’information contenue dans ce document est à vocation pédagogique et fournie à titre d’information UNIQUEMENT. Il n’a pas vocation et ne devrait pas être considéré comme une invitation ou un encouragement à acheter ou vendre les titres cités. Tout commentaire relève de l’opinion de son auteur et ne devrait pas être considéré comme une recommandation personnalisée. L’information de ce document ne devrait pas être l’unique source conduisant à prendre une décision d’investissement. Veillez à contacter un conseiller financier ou un professionnel de la finance avant de prendre toute décision d’investissement.

Des risques d’hyperinflation ?

On est mal

Oui…

Analyse Europe : où investir en 2024Malgré un récent rallye, il existe des secteurs et des styles aux valorisations attractives à l’approche de la nouvelle année.
Michael Field

L’année 2023 a été tumultueuse. Au moment de la rédaction de cet article, les marchés mondiaux sont en hausse de près de 15 % depuis le début de l’année. Il s’agit d’une performance très solide compte tenu des conditions de marché auxquelles nous sommes confrontés.

Mais ces résultats n’ont pas été générés de manière linéaire, avec deux baisses significatives des marchés en avril et octobre. Il fallait vraiment être « dedans pour gagner ».

L’inflation a largement diminué par rapport aux niveaux à deux chiffres de fin 2022, pour revenir à 2,4 % dans la zone euro et probablement en dessous de 3 % aux États-Unis lors du prochain numéro.

La croissance entre les deux régions est toutefois contrastée, la zone euro faisant du surplace et l’économie américaine continuant de croître.

Une inflation plus faible ne signifie pas que nous allons vers un avenir radieux. Il est important de reconnaître les défis que 2024 nous réserve.

Nous n’avons peut-être pas vu la fin de l’inflation. Les prix de l’énergie sont notoirement volatils, et une hausse au cours de l’hiver pourrait avoir un impact majeur. De même, même si l’économie américaine fait preuve de résilience, le marché du travail reste tendu et le risque de surchauffe persiste.

Les banques centrales ont pris des mesures rapides pour lutter contre l’inflation, ramenant les taux d’intérêt à leurs niveaux les plus élevés depuis plus de vingt ans. L’impact de ces taux élevés se fait désormais sentir et affectera négativement la croissance en 2024. Nous prévoyons une baisse du PIB l’année prochaine par rapport aux niveaux de 2023.

Comment les investisseurs doivent-ils se positionner ?
Sur le plan des styles de gestion, nous observons des tendances similaires sur les marchés américain et européen. Dans l’ensemble, les marchés eux-mêmes restent sous-évalués, même si cette sous-évaluation est très modérée aux États-Unis (graphique de droite).

La croissance en tant que style est légèrement surévaluée dans les deux régions, une situation qui ne devrait pas changer de sitôt, avec des taux d’intérêt susceptibles de baisser l’année prochaine et des investisseurs parfaitement conscients des avantages que des taux plus bas pourraient avoir pour les actions de croissance.

Opportunités dans les titres « Value »
Les titres « value » se négocient avec une décote intéressante par rapport à leurs estimations de juste valeur intrinsèque, et cela de manière plus marquée en Europe qu’outre-Atlantique.

La raison en est que les investisseurs sont toujours préoccupés par la santé de l’économie, et les titres décotés, souvent dans des secteurs plus sensibles au cycle économique, seront durement touchées si l’économie se détériore l’an prochain. Cela dit, au sein de ces valeurs, nous pensons que les investisseurs trouveront des poches d’opportunités, en particulier au sein des entreprises qui disposent d’un avantage concurrentiel durable (« Moat »).

Les actions « value » de petite capitalisation restent le parent pauvre des marchés actions.

C’est aujourd’hui le pire des deux mondes pour de nombreux investisseurs : ces valeurs combinent une exposition cyclique élevée et un accès limité à une dette bon marché. Bien sûr, tout a un prix, et un potentiel de hausse de 50 %, dans le cas des actions américaines de valeur à petite capitalisation, est tentant. Il faut toutefois être attention aux risques spécifiques à cette catégorie.

Dans quels secteurs investir ?
À l’échelle mondiale, les secteurs de la consommation cyclique, des communications et de l’immobilier offrent actuellement les décotes de valorisation les plus attractives.

Bien qu’il soit utile d’examiner ces domaines plus en détail, il n’existe aucun catalyseur évident pour que ces décotes par rapport à la juste valeur se clôturent, autre qu’une amélioration significative de l’environnement macroéconomique sous-jacent.

Deux autres secteurs sont à surveiller en 2024, car ils n’ont pas toujours été bon marché et leur décote n’est apparue que récemment. Compte tenu de la situation macroéconomique incertaine, ces deux secteurs ont des difficultés à se développer. les qualités défensives pourraient s’avérer utiles si l’environnement économique et politique devait se détériorer.

Santé
Il est rare que l’on puisse souligner l’attrait de ce secteur, car ses qualités défensives et son profil de croissance sont généralement bien appréciés par les investisseurs. Mais cette fois-ci, les investisseurs s’inquiètent des pertes de brevets et se demandent si l’innovation permettra de compenser ce phénomène au cours des prochaines années. Nous voyons de nombreux domaines intéressants, en particulier l’oncologie et l’immunologie, qui ont traditionnellement un fort pouvoir de fixation des prix.

Services collectifs
La raison pour laquelle les investisseurs ont perdu leur enthousiasme pour le secteur des services publics au cours des six derniers mois n’est pas un mystère. Au cours de la décennie précédente, le secteur avait offert un rendement en dividende attractif supérieur à 4,5 % en Europe. Comparé aux rendements dérisoires des obligations d’État à l’époque, le choix était « facile » pour les investisseurs en quête de revenus. Aujourd’hui, le rendement des obligations d’État à 10 ans dépasse celui des entreprises du secteur. La tendance s’inversera à mesure que les taux d’intérêt baisseront, créant ainsi un potentiel de hausse pour un secteur qui se négocie à des niveaux de valorisation modestes.

© Morningstar, 2023 - L’information contenue dans ce document est à vocation pédagogique et fournie à titre d’information UNIQUEMENT. Il n’a pas vocation et ne devrait pas être considéré comme une invitation ou un encouragement à acheter ou vendre les titres cités. Tout commentaire relève de l’opinion de son auteur et ne devrait pas être considéré comme une recommandation personnalisée. L’information de ce document ne devrait pas être l’unique source conduisant à prendre une décision d’investissement. Veillez à contacter un conseiller financier ou un professionnel de la finance avant de prendre toute décision d’investissement.

QU’ATTENDRE EN BOURSE EN 2024 POUR LE SECTEUR DU LUXE?
Hermès est la valeur préférée d’UBS
(BFM Bourse) - Après une année 2023 cahoteuse, UBS et HSBC estiment que la croissance des groupes de luxe devrait ralentir davantage l’année prochaine, tandis que les marges reculeraient. Dans ce contexte, quelles valeurs privilégier?

L’année 2023 a été quelque peu « rock’n roll » pour le luxe, avec un parcours boursier en dents de scie. L’indice paneuropéen sectoriel Stoxx Europe Luxury 10 a d’abord progressé de 25% entre le début de l’année et la mi-juillet avant de chuter de 20% entre mi-juillet et fin octobre. A la faveur de craintes atténuées du marché sur l’inflation et de la récente remontée des places boursières, le secteur a depuis repris environ 7% pour afficher désormais une hausse de 8% sur l’ensemble de 2023.

Les groupes de luxe ont dû faire face à une normalisation de la demande, qui a fait suite à la forte croissance post-pandémie enregistrée ces dernières années. Les Etats-Unis ont été le premier grand marché où ce ralentissement a été visible, suivis de l’Europe.

Ce tassement de l’activité s’est retrouvé dans les publications d’entreprises. A titre d’exemple LVMH a, fait très rare, déçu sur sa croissance au troisième trimestre, affichant une progression de son chiffre d’affaires de 9% en données comparables, soit près de moitié moins qu’au deuxième trimestre (+17%). Ce coup de frein avait été sanctionné par le marché avec une baisse de l’action de 6,5% le jour de la publication. La première capitalisation de la Bourse de Paris ne constitue pas un cas isolé: Burberry a plongé de 11,15% mi-novembre après avoir prévenu que son objectif de revenus pour son exercice 2023-2024 était menacé par l’affaiblissement de la demande, et que son résultat opérationnel pourrait s’inscrire dans le bas des attentes du consensus

Des investisseurs prudents
Après cette année 2023 guère de tout repos, que peut-on envisager pour la suite? La semaine dernière, Stifel soulignait en tout cas que les investisseurs se montraient encore prudents. A la suite de ses échanges avec des opérateurs de marché, la banque notait que ces derniers jugeaient qu’il était encore « trop tôt pour acheter les actions du luxe ».

« De nombreux investisseurs ont déclaré que notre prévision actuelle de croissance organique moyenne de 7% pour l’exercice 2024 (avec +4% au premier semestre 2024) semble trop optimiste compte tenu de l’aggravation des tendances en Europe, de l’absence de signes d’amélioration aux Etats-Unis et de la faiblesse de la macroéconomie en Chine, qui pèse sur le cluster (les dépenses à domicile et à l’étranger, NDLR) chinois », relate également Stifel.

« Les actions de haute qualité telles que LVMH se négociant à des niveaux plus raisonnables qu’auparavant, les investisseurs ne sont pas enclins à prendre des risques d’exécution supplémentaires, avec des marques en voie de redressement ou d’élévation telles que Kering ou Burberry, alors que le secteur du luxe ne croît plus autant qu’avant. Les valeurs défensives comme Hermès sont très consensuelles, mais le fait d’être consensuel a indéniablement été la bonne décision depuis le début de l’année », poursuit la banque.

Un coup de frein sur la croissance
De son côté UBS a publié une récente note sur ses anticipations pour l’année 2024, qui s’avèrent plutôt frileuses. « Perspectives 2024: un appel à la prudence », constitue d’ailleurs le titre de cette note.

La banque suisse table sur une croissance du secteur de 6% en données comparables - et de 5% en excluant Hermès -, portée avant tout par des hausses de prix de 3%. Ce chiffre de 6% s’avère nettement inférieur à la moyenne annuelle de 10% qu’a enregistrée l’industrie depuis 2016, d’après UBS. La banque suisse estime, par ailleurs, que les consommateurs chinois devraient alimenter 60% de la croissance de l’année 2024.

« Après des années de croissance soutenue des ventes grâce à une macroéconomie favorable, un niveau d’innovation produit accru, des consommateurs plus jeunes, et dernièrement un retour à des prix plus élevés (en moyenne +6% depuis 2020 contre +1% précédemment), nous nous attendons à ce que le secteur entre dans une période de croissance plus modérée », développe l’établissement suisse.

Sur le plan de la rentabilité, UBS ne pense pas que les groupes de luxe maintiendront leurs marges opérationnelles, anticipant un repli de cette marge de 40 points de base (0,4%), en moyenne, à environ 25,6%.

HSBC confiante pour les Etats-Unis
HSBC se situe sur un créneau relativement similaire quoiqu’un tantinet plus engageant. Dans une note publiée mardi et intitulée « goodbye stellar growth » (« au revoir la croissance vertigineuse »), la banque sino-britannique explique s’attendre à une croissance de 8% pour l’ensemble des groupes luxe de sa couverture l’an prochain, après 35% en 2021, 15% en 2022 et 11% en 2023.

« Les investisseurs devraient se concentrer sur un premier semestre 2024 terne et la dynamique des actions du luxe pourrait rester modérée pendant encore 5 à 6 mois », juge la banque.

Point notable néanmoins, HSBC se montre relativement enthousiaste pour les Etats-Unis où la banque table sur une croissance de 7% l’an prochain, contre 5% pour la Chine et 2% pour l’Europe. « Nous restons plus optimistes (pour les Etats-Unis, NDLR) que les investisseurs auxquels nous nous adressons, et ce pour plusieurs raisons », souligne HSBC.

La banque estime que l’impact négatif sur la croissance due à l’évaporation de la clientèle aspirationnelle (une catégorie de consommateurs moins aisés financièrement que le client moyen du luxe et qui se porte sur des produits un peu moins élevés dans la gamme et davantage dans l’air du temps) est passé. Elle considère également que la parité euro-dollar est plus favorable aux dépenses des clients américains sur leur territoire plutôt qu’à l’étranger (ce qui explique aussi en partie la faible prévision de croissance en Europe de HSBC). Dernier point: l’établissement note que les groupes ont récemment renforcé leurs nombres de magasins aux Etats-Unis.

Hermès pour UBS, LVMH pour HSBC
Dans ce contexte, quelles actions peuvent se distinguer? UBS explique préférer les valeurs plus défensives, car elles sont les plus à même de résister dans le cas d’une potentielle récession. A ce titre, UBS loue la résilience d’Hermès qui « défie la gravité », et anticipe une croissance pour le sellier de 11% l’an prochain, en données comparables. Il s’agit tout simplement de la valeur préférée de l’établissement.

UBS apprécie également Richemont, le propriétaire suisse de Cartier, dont elle juge l’action trop bon marché au vu de ses perspectives d’activité et de marges, ainsi qu’Hugo Boss, car elle estime que son potentiel de croissance est ignoré par le marché.

Concernant LVMH, UBS est passée d’« acheter » à « neutre » sur la valeur. Si elle apprécie le titre, la banque estime néanmoins que la valorisation s’avère à son juste niveau. « Dans le contexte actuel d’un secteur avec moins de certitudes et après plusieurs années de surperformance par rapport à ses concurrents, nous pensons que les gains de parts de marché du groupe pourraient devoir faire une pause pour une phase de consolidation », explique également l’établissement.

Pour Kering, UBS note les efforts du groupe pour insuffler une nouvelle à dynamique à sa griffe phare, Gucci. « Cependant, nous pensons que dans le contexte actuel de ralentissement du secteur, cela (le redressement, NDLR) pourrait prendre du temps et continuer à mettre les marges sous pression, ce qui, associé à des risques d’exécution importants, signifie que, malgré sa faible valorisation, l’action pourrait rester dans une fourchette », expose la banque.

Les valeurs du luxe les moins appréciées par UBS sont toutefois le maroquinier britannique Burberry, la banque émettant des doutes sur son redressement, ainsi que l’italien Salvatore Ferragamo, dont la dynamique de marque s’avère « faible », selon l’établissement.

HSBC de son côté explique préférer LVMH pour jouer le rebond du secteur au second semestre 2024, en raison notamment de son exposition plus forte que la moyenne aux Etats-Unis. Elle table sur une progression des revenus de 9% en données comparables pour le numéro un du luxe l’an prochain. Le titre offre « de la croissance et de la visibilité à un prix raisonnable », juge-t-elle, et pourrait « bénéficier du fait d’être le premier vers lequel les investisseurs pourraient se tourner lorsqu’ils verront moins de risques dans le secteur ».

Pour Hermès, HSBC anticipe une croissance de 12% en 2024, la meilleure performance de sa couverture. Si la banque loue elle aussi les qualités défensives du titre, le sellier s’avère toutefois trop cher à son goût, avec une multiple de bénéfices attendus pour 2024 de 45 contre 19,8 en moyenne pour le secteur du luxe. Comme UBS, HSBC se montre par ailleurs prudente sur le redressement de Gucci et donc sur l’évolution de l’action Kering.

En dehors des valeurs françaises, HSBC est à l’achat sur Richemont, les italiens Moncler et Prada ainsi que sur le distributeur britannique de montres de luxe Watches of Switzerland. La banque se montre plus frileuse, avec un conseil à « conserver », sur Burberry et Swatch.

Julien Marion - ©2023 BFM Bourse

Analyse8 risques à considérer pour 2024Chasser les cygnes noirs est un jeu de dupes. Il est préférable d’accepter la réalité et de s’y préparer.
Sara Silano11.

Les investisseurs marchent toujours sur la corde raide du risque. Mais chasser les cygnes noirs est un jeu de dupes, car les événements aberrants rares et catastrophiques sont imprévisibles. Il vaut mieux accepter la réalité des risques de marché et s’y préparer.

Nous avons identifié huit risques de marché à l’aube de 2024. Examinons-les en profondeur, avec l’aide des experts de Morningstar Investment Management (MIM).

  1. Expansion du conflit au Moyen-Orient
    Après l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, de nombreux observateurs s’inquiètent d’une escalade du conflit impliquant d’autres nations du Moyen-Orient.

Cela pourrait avoir un impact sur les marchés de l’énergie, provoquant des chocs sur les prix du pétrole, qui, à leur tour, pourraient accroître le risque de récession pour les économies vulnérables.

Même si la plupart des commentateurs se montrent relativement agnostiques quant au risque que les marchés israéliens se retrouvent à l’épicentre d’une crise financière, la situation dépend du rôle joué par Tel-Aviv dans tout conflit militaire.

  1. Conflit prolongé entre l’Ukraine et la Russie
    Le conflit prolongé entre l’Ukraine et la Russie pourrait encore avoir un impact sur les marchés de l’énergie et de l’alimentation, ce qui pourrait accroître le risque de récession pour les pays européens. L’activité économique de la zone euro a globalement stagné en 2023.

En septembre, la Banque centrale européenne (BCE) a révisé à la baisse ses prévisions de croissance du produit intérieur brut (PIB), en particulier pour cette année et l’année suivante, « en raison d’un effet de contraction plus important de la part de la zone euro lié au resserrement des conditions de financement et à l’affaiblissement du commercial international ». Elle prévoit désormais que l’économie du bloc économique connaîtra une croissance de 0,7% en 2023, de 1,0% en 2024 et de 1,5% en 2025.

  1. Résurgence de l’inflation
    L’inflation a nettement diminué par rapport à ses sommets de 2022, tant en Europe qu’aux États-Unis, mais des risques à la hausse demeurent. « Il est clair que la chute des prix de l’énergie a été le principal moteur de la chute du taux d’inflation à 2,4% en novembre, dans la zone euro", déclare Michael Field, stratégiste pour les actions européennes chez Morningstar.

« Cependant, les prix de l’énergie peuvent être volatils, [donc] ils peuvent facilement augmenter à nouveau dans les mois à venir. »

Si l’inflation augmente à nouveau, les banques centrales seront contraintes de maintenir leur taux directeur à un niveau élevé plus longtemps que prévu, voire de l’augmenter, malgré les attentes du marché d’une baisse l’an prochaine. Cela pourrait également avoir un impact sur les bénéfices des entreprises et accroître le risque de récession.

  1. Déficits publics dans les marchés développés
    Face à l’augmentation des niveaux d’endettement, les investisseurs exigent une augmentation des primes de terme ou une compensation pour le risque lié à la détention d’obligations sur les marchés développés.

Autrement dit, ils recherchent des rendements à plus long terme. De plus, les banques centrales ne réinvestissent plus le produit des obligations arrivant à échéance dans le cadre d’un resserrement quantitatif, et les investisseurs ont du mal à digérer un flot de nouvelles obligations.

Dans ce scénario, les rendements à long terme devraient augmenter, avec à la clef une baisse des prix des obligations.

  1. La bombe des urnes
    Il y aura deux élections importantes en 2024 : au Royaume-Uni et aux États-Unis. À mesure qu’elles se profilent à l’horizon, les experts du MIM suggèrent que les deux principales questions que doivent se poser les investisseurs tournent autour de la responsabilité budgétaire et de l’impact des changements politiques potentiels. La direction dans laquelle souffle le vent sur ces questions pourrait déterminer le cours des marchés. Un scrutin britannique doit avoir lieu au plus tard en janvier 2025 et est prévu pour octobre, bien que cela puisse changer avec les événements eux-mêmes. Les élections présidentielles américaines sont fixées au 5 novembre 2024. Le Parlement européen organisera également des élections entre le 6 et le 9 juin.

L’expérience passée de ce type de « risque événementiel » montre que des changements importants peuvent provoquer des ventes massives d’actifs dits à risque : actions et obligations d’entreprises. Parallèlement, les obligations d’État ont tendance à servir de réserve de valeur, car la stabilité financière à long terme des États eux-mêmes n’est pas nécessairement en jeu. Il existe cependant des exceptions notables à cette règle dont les investisseurs doivent toujours se méfier.

  1. Un krach immobilier commercial
    Comme la plupart des autres investisseurs, les experts de MIM voient le potentiel de dépréciations significatives de certains actifs de bureaux, en grande partie en raison de l’évolution des préférences de travail à la suite de Covid-19.

« Nous avons tenté d’identifier les différents points de contact entre l’économie dans son ensemble et l’immobilier commercial, et même si nous voyons des problèmes potentiels pour les fonds de pension, par exemple, nous pensons que la plupart des problèmes pour les marchés publics seront localisés dans les banques régionales », estiment-ils.

  1. Le krach de la croissance séculaire en Chine
    De nombreux observateurs prévoyaient que la réouverture de la Chine après la crise du Covid-19 stimulerait la croissance en 2023, mais cela ne s’est pas avéré. L’une des principales raisons est la crise immobilière, car l’immobilier représente entre 15 et 30 % du PIB du pays, selon la manière dont on définit le secteur.

La faiblesse économique de la Chine pourrait encore constituer un défi en 2024. Si l’économie chinoise stagne ou s’effondre, le risque de récession augmente également pour ses partenaires commerciaux.

  1. Conflit sino-américain
    Le 15 novembre, le président américain Joe Biden et le président chinois Xi Jinping ont tenu leur premier face-à-face depuis un an à San Francisco, dans le but de stabiliser des relations de plus en plus tendues.

Mais le risque de conflit demeure, ce qui provoque déjà une incertitude économique mondiale et une « relocalisation » rapide d’entreprises qui cherchent à se prémunir des conséquences d’un conflit entre les deux super puissances.

Comment compenser les risques et trouver des opportunités en 2024
Selon les experts de MIM, la liste des risques à l’horizon 2024 présente deux thèmes cohérents.

« Premièrement, nous pensons que la plupart de ces risques entraînent de la volatilité, mais ne modifient pas nécessairement les attentes de rendement futur, ce qui signifie que dans de nombreux cas, la dislocation des prix résultant de ces événements pourrait constituer une opportunité d’achat généralisée », estiment-ils.

« Deuxièmement, nous avons tendance à nous tourner vers les obligations d’État de haute qualité pour couvrir le risque géopolitique. Pourquoi? C’est une proposition de sécurité relative. Les événements géopolitiques ne provoquent pas systématiquement des ventes massives sur les marchés d’actions, mais lorsqu’ils surviennent, nous constatons le plus souvent que les obligations d’État – particulièrement de durée longue, mais parfois également de courte durée – fournissent une protection. »

© Morningstar, 2023 - L’information contenue dans ce document est à vocation pédagogique et fournie à titre d’information UNIQUEMENT. Il n’a pas vocation et ne devrait pas être considéré comme une invitation ou un encouragement à acheter ou vendre les titres cités. Tout commentaire relève de l’opinion de son auteur et ne devrait pas être considéré comme une recommandation personnalisée. L’information de ce document ne devrait pas être l’unique source conduisant à prendre une décision d’investissement. Veillez à contacter un conseiller financier ou un professionnel de la finance avant de prendre toute décision d’investissement.

CAC 40 : LA BOURSE EST-ELLE MONTÉE TROP VITE CES DERNIÈRES SEMAINES?
Aujourd’hui à 12:29
La Bourse connaît-elle un excès d’optimisme
(BFM Bourse) - Le CAC 40 a connu une remontée spectaculaire ces dernières semaines, alors que les investisseurs phosphorent sur les futures baisses de taux des grandes banques centrales. Mais ont-ils mis la charrue avant les bœufs?

La séquence a donné lieu à de nombreux « memes » sur les réseaux sociaux. Début décembre, le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Jerome Powell, a tenu un discours dans lequel il a affirmé qu’il était prématuré de spéculer sur des baisses de taux directeurs, ajoutant que ces mêmes taux étaient « élevés pour durer ». Autant d’avertissements que les marchés ont balayé d’un revers de la main. Les internautes se sont alors moqués de l’absence d’impact des mots du banquier central, tournant en dérision la non-réaction des investisseurs, notamment sur le réseau social X.

Cet épisode illustre bien les interrogations entourant le récent rallye qu’ont connu les marchés, avec en creux la crainte d’un potentiel excès d’optimisme sur les anticipations de politique monétaire.

Le DAX a déjà repoussé ses plus hauts historiques, et le CAC 40 est en passe de battre ses records ce lundi, comme l’a d’ailleurs déjà accompli le CAC 40 GR, l’indice qui suppose que les dividendes sont réinvestis. Depuis la fin octobre, le CAC 40 a repris plus de 500 points, soit près de 11%.

Ce mouvement de hausse trouve, donc, ses origines dans la nette décélération de l’inflation qui a alimenté les spéculations de marché sur des baisses de taux directeurs de la part des grandes banques centrales l’an prochain.

« Ces dernières semaines, de grands changements de ton ont été observés chez des membres ‹ faucon › (qui prônent une politique monétaire restrictive) avec des déclarations accommodantes. À la BCE, Isabel Schnabel a dit avoir été surprise par l’ampleur de la baisse de l’inflation et a même cité Keynes « when facts change, I change my mind » (« quand les données changent, je change d’avis »). Du côté de la Fed, Christopher Waller, un poids lourd qui a milité pour d’importantes hausses de taux en 2022 et 2023, a, lui, évoqué des baisses de taux, non pas pour sauver l’économie mais parce que les règles de politique monétaires, comme la règle de Taylor, qui est utilisée comme outil par les banques centrales, l’imposeraient », explique Bastien Drut de CPR AM.

Des anticipations ambitieuses?
Pour autant le marché n’a-t-il pas été trop rapide en besogne? Actuellement, selon l’outil FedWatch du CME Group, les investisseurs tablent sur des baisses de taux directeurs de la part de la Réserve fédérale américaine allant de 100 à 125 points de base l’année prochaine, soit 1% à 1,25%. Et pour la BCE, les anticipations paraissent encore plus importantes. À titre d’exemple, Deutsche Bank a modifié sa prévision, tablant sur 150 points de base de baisses en 2024, contre 100 points de base précédemment.

« Les anticipations de marché sont ambitieuses », juge Alexandre Baradez, chef de l’analyste de marché d’IG France, « car l’inflation cœur (hors prix de l’énergie et alimentaire, NDLR) reste encore à 4% aux Etats-Unis et l’inflation en zone euro se situe à 3,6% ». « J’ai l’impression que le marché se focalise beaucoup sur la baisse des taux mais en éludant la phase « higher for longer », c’est-à-dire un plateau en termes de niveaux de taux directeurs, une période stationnaire qui permet de réduire l’inflation », poursuit-il.

Deux éléments l’amènent à douter de l’optimisme du marché: la stabilité de la composante prix du dernier indice ISM des services aux Etats-Unis et la relative bonne tenue du dernier rapport américain sur l’emploi.

« Si les marchés venaient à anticiper davantage des baisses de taux directeurs de la part des grandes banques centrales d’une ampleur plus significative qu’à l’heure actuelle, cela deviendrait excessif », juge de son côté Bastien Drut.

« Il semble toutefois anormal que le marché intègre davantage de baisses de taux au niveau de la BCE que chez la Fed. La BCE a un processus moins fluide que la Fed, avec davantage de banquiers centraux qui votent lors des réunions de politiques monétaires et un consensus plus difficile à établir. De plus, elle était en retard par rapport à la Fed dans son cycle de hausses de taux et l’inflation a été plus élevée en zone euro, ce qui nécessite donc des taux plus hauts plus longtemps », développe l’économiste de marché.

Un potentiel de baisse de 10% en Europe?
La semaine dernière, le Financial Times a de son côté publié une enquête dans laquelle le quotidien a interrogé 40 économistes « académiques » (donc travaillant dans des universités). Résultat: les deux-tiers d’entre eux anticipent que la Fed ne baissera pas ses taux avant le troisième trimestre, et les trois-quarts estiment que cette baisse sera inférieure ou égale à 50 points de base. Ce qui tranche donc largement avec les anticipations de marché, avec une première baisse attendue en mai et des réductions cumulées de 100 à 125 points de base, du côté des investisseurs.

Autre question légitime: si le marché se concentre avant tout sur la politique monétaire, les risques de récession ne sont-ils pas sous-estimés actuellement par les investisseurs?

« Le thème du ralentissement économique est pour le moment porteur pour le marché mais il y aurait une légitimité à ce qu’il se focalise davantage sur les risques économiques et des résultats d’entreprises qui pourraient alors être challengés. Surtout, les investisseurs pourraient sous-estimer le fait que la Fed serait prête à accepter un ralentissement économique plus important qu’ils ne l’anticipent, avant de réduire ses taux », considère Alexandre Baradez.

« Dans un premier temps, les marchés actions accueillent positivement la baisse des taux longs et sont dans une optique où ‹ bad news is good news ›, les mauvaises nouvelles économiques menant à des hausses des actions. Mais il y a un risque que l’on revienne au « bad news is bad news », avec des mauvaises nouvelles qui mènent à des baisses des actions, même s’il est difficile de savoir quand la bascule aura lieu. Nous n’y sommes pas encore », développe pour sa part Bastien Drut.

Les stratégistes de Bank of America s’avèrent en tout cas prudents pour la suite, sur les marchés européens. Dans une note publiée fin novembre, ces experts redoutent que l’économie mondiale s’affaiblisse l’an prochain et mette ainsi sous pression les bénéfices par action des sociétés. Selon eux, l’indice paneuropéen Stoxx Europe 600 pourrait tomber à 390 à la mi-2024 avant de remonter à 420 à la fin de l’an prochain. Ce qui représenterait une baisse de plus de 11% sur un an…

Julien Marion - ©2023 BFM Bourse

Marchés : espoir d’un atterrissage en douceur (Edmond de Rothschild
Après les chiffres d’inflation rassurants, les banques centrales et le marché veulent croire à un scénario de soft landing pour l’économie mondiale.

• Après les chiffres d’inflation rassurants, les banques centrales et le marché veulent croire à un scénario de soft landing pour l’économie mondiale.

• La prime de risque géopolitique sur la situation au Moyen-Orient s’est fortement dégonflée, avec un retour du shekel israélien et du pétrole en-dessous des niveaux pré attaque terroriste du Hamas du 7 octobre.

• Dans un contexte de reflux de l’inflation et de pause monétaire de la Fed, nous avions rehaussé notre pondération sur les actifs risqués car le ralentissement de l’activité économique est très progressif.

Après les chiffres d’inflation rassurants, les banques centrales et le marché veulent croire à un scénario de soft landing pour l’économie mondiale.

Ainsi, les minutes de la Fed confirment que la Banque centrale opte pour une pause durable sur les taux avec une forte dépendance aux chiffres économiques pour justifier un nouvel ajustement. Bien que la désinflation se poursuive, la Fed souhaite être prudente avant d’ajuster ses taux directeurs à la baisse. En filigrane, la problématique semble plus être une question de timing et d’amplitude de baisse des taux qu’une incertitude sur leur direction.

Misant également sur une poursuite de la désinflation, le ministre des Finances anglais, Jeremy Hunt, se permet même le luxe de surprendre le marché en présentant un budget fiscal pro croissance, incluant une baisse des cotisations d’assurance maladie, et de taxes pour les entreprises. Selon les estimations, cela se traduirait par un surplus de croissance de 0,3% dès 2024, éloignant ainsi le spectre de la récession.

En revanche, la Commission européenne s’inquiète des dérapages budgétaires européens et prône un retrait rapide des mesures de réduction de la facture énergétique. Elle menace d’ouvrir une procédure de déficit excessif à l’encontre de quatre pays dont la France. Mais l’appel à l’orthodoxie budgétaire de la Commission européenne risque d’être inaudible puisque l’Allemagne vient d’annoncer qu’elle suspendrait pour la 4ème année consécutive, le plafond sur sa capacité d’emprunt. Ainsi, l’Allemagne va probablement réviser à la hausse son budget de dépenses pour soutenir la croissance.

Par ailleurs, la prime de risque géopolitique sur la situation au Moyen-Orient s’est fortement dégonflée, avec un retour du shekel israélien et du pétrole en-dessous des niveaux pré attaque terroriste du Hamas du 7 octobre. Le report inattendu du meeting de l’OPEP+ du 26 au 30 novembre, sur fond de désaccord temporaire sur les coupes de production, a même exagéré ce mouvement de normalisation.
La semaine a été très calme sur les marchés, avec une note d’optimisme sur la possibilité d’un soft landing.

Dans ce contexte de reflux de l’inflation et de pause monétaire de la Fed, nous avions rehaussé notre pondération sur les actifs risqués car le ralentissement de l’activité économique est très progressif. Sur les taux, nous restons positifs sur la duration qui nous paraît attractive et protectrice en phase de baisse du mix inflation/croissance et d’instabilité géopolitique au Moyen-Orient.

ACTIONS EUROPÉENNES
La semaine se termine dans le vert, avec des indicateurs macro-économiques montrant, enfin, un ralentissement de l’inflation, contribuant à alimenter l’optimisme des investisseurs.

Le report de la réunion de l’OPEP+ aura été un évènement marquant provoquant une baisse supplémentaire du prix du pétrole. En effet, l’Arabie Saoudite semble voir d’un mauvais œil la baisse du brent et souhaite une coupe organisée dans la production de pétrole, jugeant trop élevée la production de certains de ses confrères.

Toutefois, la publication des indices PMI européens en légère contraction ainsi qu’une remontée des taux souverains provoquée notamment par la suspension de la règle du « frein à l’endettement » en Allemagne viennent ternir le tableau.

En conséquence, les marchés ressortent en hausse, même si celle-ci se fait plus disparate que la semaine précédente. Les secteurs cycliques semblent tirer leur épingle du jeu, notamment les médias, avec des acteurs comme Relx, Wolters et Kluwer en tête de peloton. En revanche, le secteur automobile éprouve des difficultés à cause de la faiblesse de la demande et de l’arrivée de la concurrence chinoise.

Côté publications, Bayer se retrouve fortement sanctionné suite à l’annonce de l’arrêt de l’étude de Phase III, baptisée Oceanic-AF, évaluant son nouvel anticoagulant Asundexian chez les patients à risque d’AVC avec fibrillation auriculaire. Le groupe échoue à démontrer sa supériorité par rapport à l’anticoagulant concurrent commercialisé par BMS, faute d’efficacité de son médicament. Les ambitions de chiffre d’affaires étaient élevées concernant ce produit, ce qui ne manque pas de décevoir les investisseurs qui sanctionnent le titre à la Bourse de Francfort.

Autre son de cloche chez Novo Nordisk : le groupe annonce prévoir d’investir 2,1 millards d’euros sur son site de production à Chartres dans l’optique de répondre à l’augmentation de la demande autour de son médicament à succès Wegovy contre l’obésité. Au total, le groupe investit près de 10 millards d’euros dans le monde pour renforcer sa production de Wegovy, signe de son succès.

En France, Laurent Perrier publie de solides résultats au premier semestre 2023/2024, avec un chiffre d’affaires à 158,4 millions d’euros, un EBITA à 57,4 millions d’euros (+8,1%) ainsi qu’une marge d’EBITA à 37,4%, soit +4,3 points. Si les volumes sont en fort retrait de -12,8%, le groupe parvient à compenser par un effet prix de +9,6 points, améliorant sa rentabilité même si le résultat net se retrouve impacté par la hausse des frais financiers.

La société freelance.com, proposant comme son nom l’indique la mise en relation de clients avec des consultants, fait état d’un 3ème trimestre compliqué avec une croissance ralentie, accusant une baisse en France de la demande de ses clients dans tous les secteurs d’activité. Ainsi, le chiffre d’affaires au 3ème trimestre 2023 ressort ainsi à 198,6 millions d’euros (stable). Toutefois, le management se montre confiant pour retrouver en 2024 un niveau de croissance plus conforme aux attentes du groupe.
Kingfisher, détenteur pour rappel des enseignes Castorama et Brico Dépôt, se retrouve impacté par la faiblesse des dépenses des consommateurs, annonçant une nouvelle fois un abaissement de ses prévisions de bénéfices, citant une dégradation du marché de l’habitat en France. Le titre est lourdement sanctionné en Bourse.

ACTIONS AMÉRICAINES
La semaine est écourtée par les fêtes de Thanksgiving aux États-Unis. Elle a néanmoins été marquée par de nombreux rebondissements du côté de l’intelligence artificielle.
Sam Altman va donc finalement reprendre ses fonctions de Directeur Général chez OpenAI et un nouveau conseil d’administration composé de Bret Taylor (CEO de Salesforce) et Larry Summers (ex-Secrétaire d’Etat au Trésor) va être nommé. Ces décisions font suite à la menace d’une démission générale de la plupart des employés de la société. En parallèle, le Directeur Général de Microsoft, Satya Nadella, presse le nouveau conseil d’administration d’OpenAI de procéder rapidement à des changements importants de gouvernance.

Du côté macro, le compte-rendu de la dernière réunion de la Fed a montré sans surprise une approche prudente à adopter sur le resserrement de la politique monétaire.

À noter que les ventes de logements anciens au mois d’octobre sont revenues sur les plus bas depuis août 2010, en repli de 40% depuis le pic atteint en janvier 2022.

Les cours du pétrole continuent de reculer (WTI -1% à 76.40$) alors que la réunion virtuelle de l’OPEC+ est décalée en raison de désaccords entre les pays membres sur les actions à mener sur les quotas de production.

Du côté des entreprises, Nvidia reculait de 1% malgré la publication de résultats au-dessus des attentes et une prévision au 4ème trimestre en ligne avec le consensus. Les commentaires sur les ventes en Chine ont suscité des inquiétudes. Nvidia a ensuite précisé que les restrictions sur les exportations vers la Chine n’auraient pas d’impact pour la société, celle-ci trouvant des débouchés ailleurs pour ses produits.

Selon Reuters, des plans de restructuration se préparent dans le secteur des financières. Citigroup travaillerait à un plan de restructuration comprenant la suppression de plusieurs milliers de postes et un remaniement de sa direction. Barclays prévoirait aussi de son côté près de 2000 suppressions de postes.

ACTIONS JAPONAISES
Les indices NIKKEI 225 et TOPIX ont grappillé quelques gains au cours de la semaine (+0,08% et +0,40%, respectivement). Les marchés actions japonais ont évolué dans une fourchette étroite à l’approche des vacances au Japon et aux États-Unis, et le Nikkei 225 a renoué avec son plus haut annuel. La volatilité de la parité USD/JPY a suscité l’inquiétude des investisseurs.

Les secteurs du Transport maritime et de la Pâte à papier ont progressé de 5,71% et de 3,38%. Les investisseurs sont revenus sur les grandes entreprises de ces secteurs car ils les considèrent comme sous-évaluées (titres value) et résistantes à l’appréciation du yen. Le secteur de l’Assurance a gagné 2,69% sous l’impulsion de Tokio Marine Holdings Inc., le plus grand assureur non-vie du Japon, qui a revu à la hausse ses prévisions de bénéfice net pour 2023, déjà à un niveau record, et a annoncé un programme de rachat d’actions. En revanche, les secteurs des Équipements de transport et des Produits en caoutchouc ont chuté respectivement de 4,23% et de 1,55 % en raison de prises de bénéfices, le yen s’étant apprécié par rapport aux principales devises. Le secteur du Commerce de gros a cédé 1,70% en raison de prises de bénéfices sur les grandes entreprises de négoce qui avaient été prisées par les investisseurs la semaine précédente.

Panasonic Corp., fabricant de produits électroniques, a progressé de 12,79%. Sa décision de vendre une partie de sa division automobile a en effet été appréciée par les investisseurs qui la jugent comme une restructuration positive de son portefeuille d’activités. Nitori Holdings Co, Ltd., spécialiste des meubles et des produits d’intérieur, s’est adjugé 10,62% en raison de l’intérêt manifesté par les investisseurs pour les entreprises bénéficiant de l’appréciation du yen. Tokio Marine Holdings Inc. a gagné 6,25% pour la raison expliquée ci-dessus. Asahi Group Holdings Ltd., producteur d’alcools, de boissons et de produits alimentaires, a perdu 6,58%. Neuf institutions financières ont annoncé leur intention de vendre de vastes quantités d’actions à des investisseurs étrangers afin de réduire leurs participations croisées. Suzuki Motor Corp. et Toyota Motor Corp., deux constructeurs automobiles, ont reculé de 6,46% et 5,23% en raison de prises de bénéfices, le yen s’étant raffermi par rapport aux principales devises.


Sur le marché des changes, le taux USD/JPY a commencé par chuter brusquement pour se rapprocher du seuil de 147 yens, en raison de l’anticipation d’un pic temporaire des taux d’intérêt américains et du débouclage des positions courtes sur le yen à l’approche des vacances japonaises et américaines. Le dollar s’est ensuite apprécié pour atteindre 149,5 yens après la hausse des taux d’intérêt américains et la fin potentielle de l’ajustement des positions sur le yen.

MARCHÉS EMERGENTS
L’indice MSCI EM a gagné 1,2% au cours de la semaine (à la clôture des marchés jeudi). La Chine a surperformé les autres régions à la faveur d’un rebond de 2,8% qui fait suite à la correction subie la semaine précédente. L’Inde a grappillé 0,2% et Taïwan et la Corée ont progressé respectivement de 1,3% et 0,9%. Le Brésil a également gagné 1,5% (performance totale) grâce aux distributions de dividendes de Vale et de Petrobras.


En Chine, le secteur immobilier bénéficie toujours de mesures de soutien : les autorités dressent actuellement une liste de 50 sociétés immobilières éligibles au financement, où figurerait Country Garden. Shenzhen a annoncé une réduction des exigences concernant l’apport à verser pour l’achat d’un deuxième logement, qui va passer de 70-80% à 40%. Mastercard a été autorisé à lancer une activité de traitement des paiements en Chine via une joint-venture. Les autorités chinoises ont également approuvé l’acquisition de VMware par Broadcom. Pékin a pris de nouvelles mesures pour ouvrir le pays et faciliter les échanges en supprimant les règles de visa pour les voyageurs en provenance de France, d’Allemagne, d’Espagne, des Pays-Bas et de Malaisie pour des séjours de 15 jours maximum.

Sur le front des entreprises, Baidu a annoncé des résultats supérieurs aux prévisions pour le troisième trimestre 2023, avec de premiers signes de monétisation de l’IA générative, tout comme Trip.com, qui a bénéficié d’une reprise plus forte que prévu des voyages intérieurs. Le trust familial de Jack Ma a renoncé à la vente des actions d’Alibaba, dont le cours est jugé très inférieur à sa valeur réelle. CATL a annoncé son intention de s’introduire en Bourse à Hong Kong pour financer son expansion à l’international.

À Taïwan, la coalition entre le KMT et le TPP pour se présenter contre le DPP, le parti sortant et leader des sondages, a volé en éclats, les deux partis ayant décidé de se lancer chacun de leur côté dans la course à la présidence. Terry Gou, le fondateur milliardaire de Foxconn, a retiré sa candidature, car sa proposition d’intervenir en tant qu’interlocuteur entre Washington et Pékin n’a pas enthousiasmé les électeurs.

En Inde, Tesla a annoncé la construction d’une usine d’ici deux ans. Tata Consultancy Services a signé un pacte avec la société australienne ASX pour la mise en place d’une plateforme de compensation et de règlement. 27 entreprises ont été approuvées dans le cadre du nouveau programme de relance de la production dans le secteur du matériel informatique, lequel devrait investir 30 milliards de roupies et créer 200 000 emplois. Adobe a racheté la start-up indienne d’IA générative rephrase.ai. Les autorités fiscales ont adressé des notifications à Zomato et Swiggy relatives à la taxe sur les produits et services concernant leurs frais de livraison. Lors de sa Journée analystes, Axis Bank a réaffirmé que ses initiatives visant à accroître les dépôts portaient leurs fruits. La qualité des actifs est stable et le rendement des capitaux propres (18%) semble viable. Les statistiques d’octobre relatives aux cartes de crédit confirment le dynamisme de l’activité lors des dernières vacances, avec des dépenses en hausse de 38% en glissement annuel et de 25% d’un mois sur l’autre.

Au Brésil, Anima a confirmé son offre non contraignante sur Universidade Sao Judas. Bradesco a changé de Directeur général. En annonçant une augmentation de 31% de son plan d’investissement quinquennal, Petrobras a décidé de délaisser sa stratégie de contrôle des coûts.


Au Mexique, les données de novembre ont fait état d’une nouvelle baisse de l’inflation sous-jacente. Fibra Uno a annoncé la scission et l’introduction en Bourse de son fonds d’investissement immobilier Fibra Next et a renforcé ses initiatives de relocalisation.


En Argentine, la victoire de Javier Milei lors de l’élection présidentielle a fait grimper les cours de Bourse. Le nouveau président a affirmé que le pays avait besoin d’une thérapie de choc sur le plan budgétaire. Toute l’attention se porte désormais sur la composition du gouvernement.

DETTES D’ENTREPRISES

CRÉDIT

Semaine relativement stable sur le crédit de bonne qualité avec des primes Investment Grade toujours autour de 145 points de base. A contrario, le segment du haut rendement continue de bien performer avec des primes qui gagnent encore 10 points de base au cours de la semaine pour s’établir à 430 points de base. L’indice Crossover, après avoir cassé les 400 points de base en milieu de mois, continue sur sa lancée et atteint 375 points de base au cours de la semaine, point le plus bas de l’année. Sur les taux, le rally entamé fin octobre semble marquer une légère pause avec des taux 5 et 10 ans allemands qui reprennent 5 points de base au cours de la semaine à 2,62% et 2,66% respectivement.


Malgré l’approche de Thanksgiving, l’activité sur le marché du crédit aura été soutenue sur le front des émissions non financières. Les émetteurs profitent des baisses récentes de taux et primes pour se financer en euros dans un contexte porteur : Ford 5,12% 2029 BBB- pour 750 millions, IHG (Intercontinental Hotels) 4,375% 2029 BBB- pour 600 millions, Ericsson 5.375% 2028 BBB- pour 500 millions.

Côté financières, la semaine a commencé sous les meilleurs auspices, avec la stabilisation surprise de la perspective sur la notation souveraine italienne par Moody’s ainsi que le double rehaussement pour le souverain portugais. S’en sont suivis de multiples rehaussements des notations bancaires qui ont porté les valorisations. La semaine s’est ensuite poursuivie par l’annonce de call par Santander de son AT1 € qui n’avait pas été callé en septembre. Cela fait suite au refinancement avec succès opéré la semaine précédente avec une double tranche 5 ans / 10 ans émises à 9,625%. Ce marché porteur a donc tiré les spreads CoCo à la baisse d’environ 30 points de base, avec un marché primaire qui est resté plus calme à l’approche de Thanksgiving par rapport aux semaines précédentes. À noter néanmoins la sortie de Eurobank 2029 en senior preferred à 5,87% de coupon.

Les signatures de qualité perdent -0,16% au cours de la semaine en raison de la respiration observée sur les taux (+4,05% depuis le début de l’année). A contrario, le haut rendement a davantage été porté par la bonne tenue des primes de crédit, s’inscrivant à +0,31% (+7,9% depuis le début de l’année). À ce jour, le rendement des marchés obligataires Investment grade s’établit à 4,3% et 7,3% pour le marché obligataire du haut rendement, ce qui continue d’être de bons points d’entrée en termes de portage.

CONVERTIBLES

Après deux semaines de fort rebond, le marché des convertibles a été relativement calme, affichant une performance légèrement positive au cours de la semaine.

Le fait marquant de la semaine a été l’activité primaire qui fut très forte avec plus de trois milliards d’émission en début de semaine.

Aux Etats-Unis, la société Uber Technologies a refinancé son obligation convertible 2024 en émettant un montant de 1,5 milliard de dollars de maturité 2028 avec un coupon à 0,875% et une prime de 32,5%. L’opération a été bien accueillie par les investisseurs.


En zone EMEA, nous avons eu trois opérations. Le premier deal provenait de Schneider Electric pour un montant de 650 millions d’euros de maturité 2030 avec un coupon de 1,97% et une prime de 42,5%. La société a dû revoir ses ambitions à la baisse à la fois en termes de taille - 650 millions d’euros au lieu de 750 millions d’euros initialement prévus - et améliorer les conditions de prix pour satisfaire aux exigences des investisseurs.

Nous avons assisté aussi à une nouvelle émission échangeable Rag-stiftung en Evonik pour 500 millions d’euros avec une maturité 2030 « puttable » en 2028 au pair avec un coupon de 2,25% et une prime de 20%. Dans le même temps, la société a racheté pour 450 millions de sa convertible 2024 à 97% et 50 millions de la souche 2026 à 94%.


Enfin, la société sud-africaine Sybanie Stillwater, spécialisée dans l’extraction de l’or et des métaux précieux, essentiellement le palladium et le platine, a émis pour 500 millions de dollars de maturité 2028 avec un coupon de 4,25% et une prime de 32,5%. Le cours de l’action a fortement corrigé à l’annonce du deal avant de rebondir le lendemain.

AnalyseQu’est-ce qui est « normal » en matière de taux d’intérêt ?Les rendements obligataires sont peut-être proches de leur sommet, mais pourraient rester élevés pendant un certain temps.
Sarah Hansen

Fini la nouvelle normalité, place à l’ancienne.

Les taux d’intérêt et les rendements obligataires ont grimpé en flèche.

Alors que de nombreuses personnes sur le marché pensent que l’essentiel de la hausse des taux se situe dans le rétroviseur, les gérants de fonds et les analystes estiment que les investisseurs devraient s’habituer à un nouveau niveau de « normalité » pour les rendements obligataires.

Au cours des dernières semaines, tous les regards ont été tournés vers une déroute historique des obligations alors que le marché s’ajuste à la stratégie de la Réserve fédérale de maintenir son taux directeur au niveau actuel plus longtemps que prévu.

Le rendement des bons du Trésor américain à 10 ans – une référence pour les taux hypothécaires et autres coûts d’emprunt à la consommation – est proche de 5 %. C’est le plus haut niveau depuis l’été 2007.

C’est une histoire encore plus dramatique pour les taux à court terme. Le rendement du bon du Trésor américain à 6 mois s’approche de 5,6 %, son plus haut niveau depuis septembre 2000.

Pour de nombreux investisseurs, le contexte actuel peut sembler une aberration.

Au lieu de cela, les observateurs des obligations affirment que le paysage des taux que nous connaissions depuis la crise financière de 2008 était la véritable anomalie.

Cela signifie que les investisseurs devront peut-être s’habituer à ces conditions.

«Nous sommes dans une période de taux d’intérêt plus normale», explique Kristy Akullian, stratège en investissement chez iShares (BlackRock).

« Les 15 dernières années ont été l’exception plutôt que la norme. »

Elle note qu’au cours des 60 dernières années, les rendements du Trésor à 10 ans ont été en moyenne d’environ 5,9 %.

Ce paysage a des implications importantes pour les investisseurs, allant de la façon dont les actions sont évaluées jusqu’au montant d’argent que les retraités peuvent retirer en toute sécurité de leur portefeuille.

De manière plus générale, les rendements corrigés de l’inflation atteignant leurs récents sommets offrent de nouvelles opportunités aux investisseurs.

Les taux d’intérêt ont été anormalement bas
Pour les rendements obligataires et les taux d’intérêt en général, le facteur clé est la politique de la Fed.

Lors de la crise financière de 2008, la Fed a commencé à mettre en œuvre des mesures d’assouplissement quantitatif – renforçant son bilan grâce à l’achat d’actifs financiers – pour stimuler la croissance économique et rendre moins coûteux pour les banques de prêter de l’argent aux entreprises, aux consommateurs et entre elles.

L’assouplissement quantitatif exercerait une pression à la baisse sur les taux d’intérêt dans les années à venir.

Au cours de la décennie précédant la crise financière, le rendement des bons du Trésor américain à 10 ans était en moyenne de 4,9 % ; dans la décennie suivante, il était en moyenne de 2,3 %.

Cette politique a été renforcée encore plus en réponse à la récession provoquée par la pandémie de 2020.

Entre autres impacts, la Fed a poussé les taux en dessous du taux d’inflation attendu, ce qui a entraîné des taux réels négatifs.

Dans des conditions normales, les investisseurs exigent des rendements obligataires qui les compenseront pour l’inflation, qui constitue le principal risque lié à la détention d’obligations.

Cela se traduit par des rendements dotés d’un coussin qui correspond à peu près au taux d’inflation attendu, lequel évolue au fil du temps autour de 2,5 points de pourcentage. C’est ce qu’on appelle un rendement réel positif.

Les taux d’intérêt ont été « artificiellement supprimés », déclare Lawrence Gillum, stratégiste obligations chez LPL Financial.

À quoi pourraient ressembler les taux normaux
La situation est différente aujourd’hui, alors que l’inflation atteint son plus haut niveau depuis quatre décennies.

Au cours des trois années et demie écoulées depuis le début de la pandémie de COVID-19, le rendement des obligations à 10 ans a grimpé de plus de 4 points de pourcentage par rapport à ses plus bas niveaux de 2020.

Cette hausse intervient alors que la Fed a relevé le taux des fonds fédéraux de zéro en mars 2022 à une fourchette cible de 5,25 % à 5,50 % pour lutter contre une inflation persistante et un marché du travail bien orienté.

Les taux bas ne sont pas le seul aspect inhabituel de ces dernières années.

Akullian affirme que les taux d’intérêt ont été anormalement volatils et que « les règles du jeu ont changé beaucoup plus rapidement que ce à quoi les investisseurs sont habitués ».

Pour savoir où les taux d’intérêt vont se stabiliser, les observateurs ont prêté une attention particulière au taux neutre de la politique de la Fed – une estimation abstraite du taux d’intérêt auquel la politique monétaire n’est ni restrictive ni accommodante.

De nombreux analystes du marché obligataire affirment que le taux des fonds fédéraux est actuellement supérieur à la neutralité et pourrait y rester pendant un certain temps.

Certains ont suggéré que le taux neutre pourrait désormais être plus élevé qu’il ne l’était dans les années précédant la pandémie.

Les analystes affirment qu’en additionnant les différentes composantes – un taux neutre plus élevé et un coussin de rendement réel d’environ 2,5 points de pourcentage – signifie que les rendements obligataires pourraient facilement se maintenir dans la fourchette de 4 à 5 %.

Les rendements élevés offrent des opportunités dans les titres à revenu fixe, même avant le pic des taux

Selon Akullian, la grande question est de savoir combien de temps les taux resteront élevés.

« Le marché commence seulement à prendre conscience de ce que pourrait être « plus longtemps » », dit-elle.

Gillum ne s’attend pas à ce que les taux d’intérêt augmentent encore beaucoup, voire pas du tout.

« Alors que l’inflation évolue dans la bonne direction », a-t-il écrit dans une récente note de recherche, et que la banque centrale termine sa campagne de hausse, « nous pensons que le grand mouvement des taux à long terme a déjà eu lieu et que les taux d’intérêt sont enfin revenus à la normale.»

Même si la récente hausse des taux peut perturber certains investisseurs, Akullian affirme que le retour à une relative normalité a néanmoins un côté positif.

Après des années de rendements négatifs, les rendements réels (qui sont ajustés pour tenir compte de l’inflation) ont désormais augmenté « de manière significative ».

Gillum cite les titres du Trésor protégés contre l’inflation, ou TIPS, comme indicateur des taux d’intérêt réels.

À l’heure actuelle, le TIPS à 10 ans rapporte environ 2,5 %.

C’est « l’un des rendements les plus élevés que nous ayons vus depuis un certain temps », selon Gillum, même si ce n’est pas rare.

Avant la crise financière de 2008, le rendement moyen des TIPS à 10 ans était d’environ 2,5 %, dit-il.

C’est « certainement supérieur à ce que nous avons connu au cours de la dernière décennie ».

Akullian affirme que les niveaux de rendement actuels signifient que les investisseurs peuvent bénéficier de l’adaptation de leurs portefeuilles au nouveau régime.

« Jusqu’à présent, les liquidités ont été excellentes », dit-elle, mais « la meilleure combinaison de risque et de rendement est de garantir des taux d’intérêt plus élevés pendant plus longtemps ».

Cela reste vrai même si les rendements continuent de grimper dans les mois à venir.

« Beaucoup de gens attendent de se lancer dans les obligations avant que les rendements atteignent un sommet », explique Gillum.

Mais il est notoirement difficile de prévoir le marché.

Il affirme que les titres à revenu fixe sont déjà plus attractifs qu’ils ne l’étaient au cours de la dernière décennie, « même si les rendements dépassent d’un demi pour cent, voire d’un pour cent, les niveaux actuels ».

© Morningstar, 2023 - L’information contenue dans ce document est à vocation pédagogique et fournie à titre d’information UNIQUEMENT. Il n’a pas vocation et ne devrait pas être considéré comme une invitation ou un encouragement à acheter ou vendre les titres cités. Tout commentaire relève de l’opinion de son auteur et ne devrait pas être considéré comme une recommandation personnalisée. L’information de ce document ne devrait pas être l’unique source conduisant à prendre une décision d’investissement. Veillez à contacter un conseiller financier ou un professionnel de la finance avant de prendre toute décision d’investissement.

La Fed et l’emploi américain tiendront les marchés en haleineLes marchés abordent une semaine chargée sur le plan macroéconomique et des publications de résultats.

PARIS (Agefi-Dow Jones)–Les marchés abordent une semaine chargée sur le plan macroéconomique, avec les réunions de la Réserve fédérale (Fed) américaine, de la Banque du Japon et de la Banque d’Angleterre notamment, ainsi que le rapport mensuel sur l’emploi américain.

Les investisseurs attendent également la suite de la saison des résultats trimestriels et surveilleront l’offensive au sol d’Israël dans la bande de Gaza, qui marque une nouvelle étape de la guerre déclenchée début octobre.

En dépit du lourd bilan humain, ce développement n’entraîne pas de réaction sur les marchés, notent les analystes de LBPAM. « Le pétrole reste sous les 90 dollars par baril, l’or et le dollar consolident un peu et les ‹ futures › actions sont stables […] Il n’en reste pas moins que la réponse d’Israël devrait prendre du temps et que le risque d’extension du conflit reste présent », soulignent-ils.

La hausse des rendements sur le marché obligataire, les risques géopolitiques et des résultats d’entreprises en demi-teinte ont entraîné une augmentation de la volatilité des marchés d’actions au cours des dernières semaines, alors que des tensions inflationnistes persistent, notamment sur les prix de l’énergie.

Dans ce contexte, la Fed et la Banque d’Angleterre devraient prolonger le statu quo sur leurs taux à l’issue de leurs réunions respectives, mercredi et jeudi.

« La Fed peut considérer que le marché obligataire fait le travail à sa place et n’a donc pas besoin de monter ses taux directeurs », indique Bruno Cavalier, économiste chez Oddo BHF. « Certes, la vigueur de la consommation et de l’emploi entretiennent le risque d’inflation mais à l’opposé, il y a des appréhensions concernant la stabilité financière », ajoute-t-il.

La réunion de la Banque du Japon, mardi, sera également suivie alors que l’inflation se renforce dans l’Archipel, alimentée par la faiblesse du yen qui évolue à un plus bas de 32 ans face au dollar.

Apple et Stellantis sur le gril
En Europe, la journée de mardi verra la publication de deux indicateurs clés : la première estimation du produit intérieur brut (PIB) du troisième trimestre en zone euro ainsi que l’inflation du mois d’octobre. Un nouveau ralentissement de la hausse des prix est nécessaire afin de valider la position d’attente de la Banque centrale européenne, qui a maintenu jeudi ses taux directeurs inchangés et laissé entendre que cette pause devrait se prolonger.

La fin de semaine sera dominée par des statistiques dans le secteur manufacturier en zone euro et aux Etats-Unis, ainsi que par le rapport mensuel sur l’emploi américain. En septembre, le marché du travail s’était montré encore très dynamique avec la création de 336.000 emplois.

Les économistes interrogés par le Wall Street Journal tablent sur une quasi-division par deux de ce chiffre en octobre, à 175.000.

« Un chiffre inférieur à 200.000 signalerait une modération de l’économie réelle et permettrait à la Fed de maintenir son approche prudente. En revanche, un chiffre supérieur à 250.000 ranimerait le débat autour d’une hausse des taux en décembre », souligne UBS.

La saison des résultats se poursuit des deux côtés de l’Atlantique. Alors qu’environ un quart des entreprises du S&P 500 ont publié leurs chiffres trimestriels, 80% d’entre elles ont dépassé les prévisions des analystes, selon les données de LSEG. Les résultats des grands groupes technologiques américains ont toutefois été contrastés, tandis qu’en Europe les poids lourds du luxe ont été sanctionnés.

Cette semaine, les investisseurs suivront avec attention les publications du géant technologique Apple, du laboratoire pharmaceutique Pfizer ou encore des fabricants de puces Qualcomm et AMD. En Europe, les banques HSBC, Société Générale et Intesa Sanpaolo passeront au révélateur, de même que Bouygues, BMW et Stellantis. Le constructeur automobile issu de la fusion entre PSA et Fiat Chrysler devrait en profiter pour faire le point sur les conséquences de la grève dans ses usines nord-américaines suite à l’accord conclu ce week-end avec le principal syndicat du secteur pour mettre fin au mouvement.

-François Schott, Agefi-Dow Jones; 01 41 27 47 92; fschott@agefi.fr ed: VLV

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Pour Goldman Sachs, 2024 sera une bonne année pour les actions européennesLes stratégistes de la banque américaine anticipent une hausse de 7% du marché européen.
Jocelyn Jovène14.11.2023FacebookTwitterLinkedInFont-Size
europe

Après un bon démarrage, l’année 2023 s’annonce pour le moins mitigée pour les actions européennes (+4,3% depuis le début de l’année contre +15% outre-Atlantique).

La banque américaine Goldman Sachs estime toutefois que 2024 pourrait être une année favorable pour l’Europe.

Compte tenu d’une faible valorisation, d’une croissance solide des bénéfices des entreprises sur fond de ralentissement de l’inflation et de retour des flux des investisseurs, elle anticipe une hausse de 7% des indices boursiers sur le continent.

« Nous pensons que le principal acheteur de l’Europe sera l’Europe elle-même à travers les rachats d’actions, qui pourraient se situer entre 100 et 150 milliards d’euros », écrivent Sharon Bell, Peter Oppenheimer, Lila Peytavin, Guillaume Jaisson et Marcus von Scheele, stratégistes de la banque américaine dans une note datée du 14 novembre.

« L’inflation a ralenti plus fortement que prévu et nos économistes voient l’inflation en zone euro reculer à 2,7% en glissement annuel d’ici mi-2024. Cela signifie deux choses, la croissance réelle des salaires devrait être positive – ce qui soutiendra le consommateur. Et, deuxio, cela réduit le risque d’une récession profonde », estiment-ils.

« Nous observons que les meilleurs environnements pour les actions européennes ont été lorsque l’inflation est supérieure à 3% et recule ou lorsqu’elle se situe entre 1% et 3% et diminue », ajoutent les auteurs de l’étude.

Pour de nombreux allocataires, la construction des allocations actions reviendra à comparer la performance potentielle des actions européennes, américaines et d’autres régions (Japon, émergents notamment).

Du point de vue de leur valorisation, les actions européennes sont peu chères. A 11,8x le bénéfice attendu, elle se traitent avec une décote importante par rapport à leur moyenne historique et par rapport aux actions américaines.

« Il semble que les investisseurs attribuent un faible multiple en raison de résultat et de marges qui sont relativement élevés », observe la banque.

Toutefois, Goldman Sachs ne prévoit pas de réduction de cette décote par rapport au marché américain. « Cet écart reflète une croissance économique européenne plus faible et une prime de risque plus élevée », écrivent ses stratégistes.

Cette situation est inhabituelle d’un point de vue historique, et traduit les craintes d’une récession économique plus marquée qu’attendu par la banque.

A l’inverse des multiples de valorisation déprimés, les fondamentaux en Europe devraient bien se comporter.

La banque anticipe une croissance de 7% des résultats européens, en ligne avec le consensus. Elle prévoit pour sa part que la croissance des ventes sera solide, mais que les marges pourraient légèrement se contracter, en particulier si les coûts salariaux continuent de progresser.

Goldman s’attend néanmoins à ce que la croissance des résultats ralentisse de façon plus marquée en 2025, avec une progression de 4% des profits des entreprises en Europe.

Elle note toutefois que depuis 2020, la croissance des résultats en Europe a été plus rapide que celle aux Etats-Unis, grâce au rebond des profits dans les services financiers, à l’effet positif de la hausse des matières premières, à la reprise de plusieurs secteurs cycliques (automobile/voyages/distribution) et aux résultats solides de quelques secteurs ayant un profil qualité/croissance (santé/technologie/luxe).

D’un point de vue sectoriel, la banque maintient une recommandation de surpondération sur les banques, l’énergie, la technologie et la santé.

Elle relève son avis à « Neutre » sur les produits de consommation et les services, mais n’est plus à « Surpondérer » sur le secteur de la Défense après deux années de forte surperformance.

En l’absence de récession, les banques offrent le plus de « valeur » (décote) alors que le secteur devrait continuer de croître et voir sa rentabilité des fonds propres progresser.

L’énergie est un autre pari de Goldman Sachs, en raison d’une forte décote de valorisation par rapport aux Etats-Unis, alors que le secteur devrait continuer de retourner du cash aux actionnaires et reste une « couverture » par rapport au risque géopolitique, selon ses stratégistes.

Les vues d’allocation sectorielle de la banque pour 2024

La hausse des taux de la BCE est finie… mais pas de baisse avant au moins juillet
Publié le 20/10/2023 à 15h26

par Jonathan Cable

LONDRES, 20 octobre (Reuters) - Le cycle de hausse des taux de la Banque centrale européenne (BCE) est terminé, montre une enquête Reuters auprès de 85 économistes, mais il faudra attendre au moins juillet 2024 pour que l’institution de Francfort commence à assouplir son resserrement monétaire, la lutte contre l’inflation se poursuivant.

La BCE a relevé en septembre ses taux d’intérêt directeurs de 25 points de base, portant le taux de dépôt à 4,00% et le taux de refinancement à 4,50%, mais elle a laissé entendre que cette dixième hausse d’affilée en 14 mois serait probablement l’ultime d’un cycle entamé en juillet 2022.

Parmi les économistes sondés du 12 au 19 octobre, aucun n’a revu à la hausse ses perspectives sur l’évolution des taux, mais le calendrier de la première baisse du coût du crédit est devenu plus incertain.

Selon la prévision médiane des économistes et 58% des économistes interrogés, soit 48 sur 83, la première baisse des taux interviendra au troisième trimestre 2024, ou plus tard dans l’année, et le taux de dépôt devrait être ramené à 3,50% à la fin du mois de septembre 2024.

Dans un enquête réalisée après la réunion de septembre de la BCE, 29 des 70 économistes interrogées avaient déclaré que la première réduction de taux de l’institution aurait lieu au deuxième trimestre 2024, voire avant.

Un peu plus de 40% des personnes sondées dans la dernière enquête, soit 35 sur 83, continuent cependant de penser que la première mesure d’assouplissement monétaire interviendrait avant la réunion du conseil des gouverneurs de la BCE en juillet.

« Notre modèle suggère qu’une baisse des taux pourrait intervenir plus tôt, mais il faudrait que les données soient plus modérées que ce qui est prévu actuellement. Je pense donc qu’une baisse en septembre 2024 est un point de vue assez équilibré », a déclaré Kristian Toedtmann de DekaBank.

Dans une enquête Reuters distincte, une majorité réduite d’économistes prévoit une baisse des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed) avant la mi-2024.

RISQUE D’UNE BAISSE DES TAUX PLUS TARD QUE PRÉVU

Priés de dire quel était le risque le plus important dans leurs prévisions, 25 économistes ont répondu que la baisse des taux ait lieu plus tard que prévu, tandis que 19 ont répondu qu’elle intervienne plus tôt qu’anticipé.

« Les données récentes sur l’activité et l’inflation ont été plus faibles que prévu, mais cela n’empêchera pas Christine Lagarde (présidente de la BCE) de s’en tenir fermement à l’idée de taux élevés pour longtemps », note Jack Allen-Reynolds de Capital Economics.

Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a réaffirmé la semaine dernière que, selon lui, la BCE devrait maintenir son taux directeur à son niveau actuel aussi longtemps que nécessaire.

L’inflation en zone euro est sur une trajectoire descendante mais elle représente encore plus du double de l’objectif de 2,0% de la BCE, au regard du chiffre de 4,3% publié pour septembre.

La tendance au ralentissement de la hausse des prix devrait se poursuivre, mais l’enquête a conclu qu’il faudrait attendre au moins le troisième trimestre 2025 pour que l’inflation revienne au niveau de l’objectif fixé. Elle devrait s’établir en moyenne à 5,6% cette année, puis à 2,7% en 2024 et à 2,1% en 2025.

La flambée récente des cours pétroliers, sur fond notamment de craintes d’une escalade dans le conflit entre Israël et le Hamas, représente cependant une menace pour l’inflation.

Concernant le produit intérieur brut (PIB), la zone euro devrait éviter de justesse une récession, mais on s’attend à ce que l’économie stagne au troisième et au quatrième trimestres sur fond de taux d’intérêt élevés et de hausse des prix qui poussent les consommateurs à restreindre leurs dépenses.

« En ce moment, les choses se dégradent et il est donc très probable que nous révisions tous nos prévisions à la baisse. La zone euro n’a pas grand-chose à offrir en ce moment », a déclaré Melanie Debono de Pantheon Macroeconomics.

Le PIB de l’Allemagne, première économie d’Europe, s’est probablement contracté au troisième trimestre et devrait encore reculer sur le trimestre en cours et le suivant, s’enfonçant très nettement dans une récession technique. La croissance en France, deuxième économie du bloc monétaire, devrait en revanche rester relativement robuste. (Reportage Jonathan Cable; enquêtes par Purujit Arun, Pranoy Krishna et Anitta Sunil; version française Claude Chendjou, édité par Blandine Hénault)

Reuters

Les résultats annuels des entreprises justifient le récent rallye boursierLa saison des résultats n’est plus l’épouvantail qu’elle a pu être il y a quelques trimestres.
Agefi/Dow Jones12.02.2024

PARIS (Agefi-Dow Jones)–La saison des résultats n’est plus l’épouvantail qu’elle a pu être il y a quelques trimestres, quand les investisseurs s’inquiétaient des anticipations trop élevées des analystes, que la récession guettait et que la hausse des taux d’intérêt risquait de peser sur les marges.

Depuis, l’horizon s’est éclairci avec la perspective d’un ralentissement en douceur de l’économie et d’une baisse des taux, mais aussi grâce à des investisseurs moins effrayés par les publications de résultats.

Comme pour le troisième trimestre 2023, il n’y a pas eu de catastrophe au quatrième trimestre.

« Pour l’heure, cette saison de résultats est satisfaisante, ni bonne, ni mauvaise, tandis que les indicateurs économiques plaident pour une poursuite de cette tendance macro positive », souligne Florian Ielpo, responsable macro chez Lombard Odier AM.

Plus de la moitié des entreprises du S&P 500 ont déjà publié leurs comptes trimestriels à Wall Street et près de 45% de celles de l’indice Stoxx Europe 600 de ce côté de l’Atlantique.

Davantage de bonnes surprises
« A l’approche de la saison des résultats du quatrième trimestre, le consensus était extrêmement pessimiste sur les Etats-Unis, prévoyant une forte baisse séquentielle des bénéfices », rappelle Binky Chadha, stratégiste actions chez Deutsche Bank.

« En fait, à peu près à mi-parcours, nous notons que les dépassements ont été bien supérieurs à la moyenne historique sur différents paramètres : en termes d’ampleur, dans l’ensemble, en médiane, dans tous les secteurs, sur les ventes et sur les marges », indique-t-il.

Sur ce marché, 83% des entreprises ayant publié ont battu le consensus alors qu’on comptabilise historiquement 74% de bonnes surprises ; l’avance moyenne sur le consensus dépasse 7%, contre 5% d’habitude, la plus élevée en deux ans. « Un niveau aussi élevé de dépassement, pour le quatrième mois consécutif, ne se voit historiquement que lors des débuts de reprise après un ralentissement cyclique majeur », poursuit Binky Chadha.

Après plusieurs mois de baisse des résultats jusqu’à juin 2023, les entreprises américaines confirment leur reprise. La croissance de leurs bénéfices pourrait atteindre 9,5% sur un an au quatrième trimestre après 6,1% au troisième.

« Alors que nous entrons dans la seconde moitié de la saison des résultats, ces chiffres ressortent globalement supérieurs aux attentes », indique Emmanuel Cau, stratégiste actions chez Barclays. « La croissance des bénéfices par action (BPA), hors énergie, devrait être de 6% en Europe et de 9% aux Etats-Unis. Et, pour l’ensemble du marché, de -7% (+2 points au-dessus du consensus) en Europe et +5% (+8 points par rapport au consensus) aux Etats-Unis », poursuit-il.

La bonne nouvelle vient de la résistance des marges malgré une activité en ralentissement. En Europe, les chiffres d’affaires ont reculé de 1,6% (hors secteur énergie) sur un an au quatrième trimestre. « Le ratio BPA sur ventes semble plus élevé que d’habitude, ce qui suggère que les marges sont largement meilleures que prévu, même si les surprises semblent plus fortes aux Etats-Unis qu’en Europe », indique Emmanuel Cau.

La dynamique sectorielle est quasi identique des deux côtés de l’Atlantique. En Europe, la technologie et les valeurs industrielles génèrent l’essentiel de la performance, mais les matériaux et la consommation discrétionnaire sont à la traîne.

Parmi les valeurs défensives, les soins de santé, les services publics et les services de communication ont généré la plupart des bonnes surprises, tandis que les produits de base ont constitué un frein. Les valeurs financières sont plus fortes tandis que les valeurs énergétiques sont largement en ligne.

De bonnes nouvelles mieux accueillies
« La réaction positive des actions suggère que les investisseurs pourraient voir le verre à moitié plein en termes de bénéfices et se concentrer davantage sur la probabilité d’un redressement plus tard cette année, compte tenu des prévisions rassurantes et de l’amélioration des indicateurs d’activité », relève le stratégiste de Barclays.

Bien sûr, il y a eu des publications décevantes ou des révisions à la baisse de prévisions, y compris sur le moyen terme. Elles ont entraîné des chutes en Bourse comme pour BNP Paribas ou L’Oréal, mais après des hausses spectaculaires pendant le rallye de fin d’année.

Mais dans beaucoup de cas, les titres se sont envolés après la publication de bons trimestriels (Hermès), de perspectives rassurantes (Ubisoft), d’un retour du dividende (Unibail) ou d’une hausse des rachats d’actions. La tech américaine illustre ces publications inégales.

« En moyenne, les résultats supérieurs aux attentes ont été largement récompensés, tandis que les échecs n’ont pas été sévèrement punis », relève Emmanuel Cau.

Wall Street a aussi favorablement réagi à cette saison des résultats. « Le S&P 500 est en hausse de 3,7% depuis le début de la saison des résultats, mieux que la hausse typique de 2% au cours des quatre premières semaines de publications », note Binky Chadha, qui relève une stabilité relative du consensus à un moment de l’année où celui-ci est généralement revu en nette baisse. Il anticipe un retour à la croissance des résultats trimestre après trimestre, après la baisse séquentielle des trois derniers mois de 2023.

Cette saison satisfaisante explique en partie la bonne tenue des marchés actions cette année, malgré le regain de volatilité sur les taux longs et l’ajustement des anticipations de baisse des taux directeurs.

Wall Street a un cran d’avance sur l’Europe, avec des gains respectifs de 5,1% et de 4,2% depuis le 1er janvier, en lien avec le différentiel de croissance des résultats et le contexte macroéconomique. « Il est possible que la croissance économique accélère vers la fin de cette année, lorsque les banques centrales auront commencé à réduire leurs taux grâce à la poursuite de la désinflation », estime pour sa part Paul Jackson, stratégiste chez Invesco. « C’est ce qui explique la poursuite de la hausse des actions en ce début d’année. Mais beaucoup de bonnes nouvelles semblent déjà intégrées dans les cours », prévient-il.

© Morningstar, 2024 - L’information contenue dans ce document est à vocation pédagogique et fournie à titre d’information UNIQUEMENT. Il n’a pas vocation et ne devrait pas être considéré comme une invitation ou un encouragement à acheter ou vendre les titres cités. Tout commentaire relève de l’opinion de son auteur et ne devrait pas être considéré comme une recommandation personnalisée. L’information de ce document ne devrait pas être l’unique source conduisant à prendre une décision d’investissement. Veillez à contacter un conseiller financier ou un professionnel de la finance avant de prendre toute décision d’investissement.

Analyse Les Bourses mondiales ont-elles encore du potentiel ?La hausse récente des marchés s’explique principalement par l’augmentation des multiples de valorisation, alimentée par les espoirs de baisse des taux.
Jocelyn Jovène

Les actions mondiales enregistrent un bon début d’année, avec un gain de 9% en euros, grâce à la très bonne performance des actions japonaises et américaines, qui progressent respectivement de 13,2% et 11,9%, selon les données de Morningstar.

Mais quels sont les facteurs qui expliquent une telle hausse ?
Typiquement, on peut décomposer la variation d’un cours de Bourse ou d’un indice de marché entre la contribution des facteurs fondamentaux (l’évolution des estimations de bénéfice par action par exemple) et celle des facteurs « psychologiques » (la valorisation à travers un ratio boursier tel que le P/E par exemple).

Selon les stratégistes de JPMorgan, la progression des marchés d’actions dans le monde depuis 18 mois s’explique principalement par la hausse des multiples de valorisation.

« Globalement les estimations de résultats ont été revues en hausse de 7%, alors que les multiples de valorisation ont bondi de 30% » au cours de cette période, écrivent-ils dans un note publiée le 25 mars.

Depuis octobre 2022, la hausse des multilpes de valorisation des actions a été particulièrement forte au Japon, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni (voir tableau).

Comment expliquer une telle progression des multiples de valorisation ?
Deux éléments peuvent être mis en avant : l’absence de récession aux Etats-Unis, dont l’économie a défié toutes les anticipations de récession depuis la fin de l’année 2022.

Malgré des indicateurs avancés qui semblent indiquer un ralentissement et un marché obligataire, où la courbe des taux est toujours inversée, l’économie américaine n’est toujours pas entrée en récession, en raison d’une relative « résilience » des consommateurs américains, aidés par les mesures de soutien à l’économie durant la pandémie de COVID-19 et une politique monétaire qui n’a été restrictive que depuis mars 2022 et dont les effets mettent un certain temps à peser sur le cycle d’activité.

Le deuxième élément, sans doute le plus important, est l’anticipation par les investisseurs d’un cycle de baisse des taux par les banques centrales, à commencer par la Réserve fédérale américaine.

Une baisse des taux rend mécaniquement les obligations moins attrayantes que les obligations. Elle soutient la croissance des résultats des entreprises et réduit le coût du capital, ce qui augmente mécaniquement la valeur future des flux de trésorerie générés.

La forte contribution des multiples de valorisation traduit un certain optimisme des investisseurs. Elle s’explique aussi dans certains marchés par des effets sectoriels, comme aux Etats-Unis où l’appréciation de la Bourse américaine a beaucoup bénéficié de la contribution des « 7 Magnifiques ».

Où se situent les actions européennes ?
L’Europe, partie d’un niveau de valorisation plus bas, a suivi un mouvement similaire et retrouve aujourd’hui des multiples de valorisation en ligne avec sa moyenne historique de 14x les résultats.

Ce « retard » de valorisation s’explique par la surpondération de certains secteurs dans les indices européens, en particulier les secteurs des services publics (« utilities »), la consommation défensive (alimentation, boissons) ainsi que les banques.

A l’inverse d’autres secteurs ont bénéficié d’un mouvement de revalorisation plus soutenu, en particulier les semi-conducteurs et l’industrie.

Au sein des marchés européens, un cercle plus restreint de valeurs « qualité/croissance » ont mieux tiré leur épingle du jeu.

Quelles perspectives en Europe ?
En Europe, les perspectives de baisses de taux de la BCE constituent également un facteur de soutien de la Bourse, indique Michael Field, stratégiste actions chez Morningstar.

Pour JPMorgan, les actions européennes ne sont pas chères. Au niveau global, la capacité des marchés d’actions mondiales de maintenir leurs bonnes performances dépendra du cycle de baisse de taux et de la manière dont les estimations de résultat évolueront.

« Dans l’ensemble, si les banques centrales se montrent plus pessimistes que prévu, mais sans que cela s’accompagne d’une croissance décevante, les multiples d’actions actuels pourraient être défendus », souligne JPMorgan. « Toutefois, si la dynamique de l’activité, et en particulier les et que les banques centrales finissent par être plus réactives que proactives, nous pensons que les multiples d’actions devraient baisser. »

Dans une note publiée lundi 25 mars, Goldman Sachs fait une analyse similaire de l’évolution récnte de la Bourse européenne.

La banque estime que les actions ont encore un potentiel de hausse de 6%, grâce à une croissance attendue des résultats des entreprises européennes de 4% et d’une expansion de 2,5% des multiples de valorisation.

« Les actions européennes se traitent avec une décote historique par rapport aux actions américaines », souligne Lilia Peytavin, stratégiste Europe chez Goldman Sachs.

Une situation où les Bourses continuent de monter grâce à l’expansion des multiples tandis que les prévisions de croissance des bénéfices ralentissent est caractéristique d’une phase d’optimisme des marchés actions.

Mais pour que l’optimisme demeure, encore faut-il que les investisseurs ne soient déçus ni par des prévisions de croissance bénéficiaire qui se détérioreraient plus vite que prévu, ni par des banques centrales qui mettraient plus de temps que prévu par le marché à baisser leur taux directeurs.

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