Perspectives 2022

Vontobel - Vigilance requise : Investir avec prudence en 2022
LES NEWS 17 DÉCEMBRE 2021
Alors que 2021 touche Ă  sa fin, les marchĂ©s se situent Ă  un tournant. De plus en plus de voix s’élĂšvent pour remettre en question la nature rĂ©ellement transitoire de l’inflation. Des incertitudes entourent Ă©galement la trajectoire de la croissance Ă©conomique et la capacitĂ© des marchĂ©s actions Ă  continuer Ă  enchaĂźner de nouveaux sommets. Quatre spĂ©cialistes Vontobel de l’investissement exposent les dĂ©fis Ă  venir et Ă©voquent les options qui s’offrent Ă  prĂ©sent aux investisseurs en actions et en obligations. Pour saisir les opportunitĂ©s que 2022 leur rĂ©serve, les investisseurs devront trouver le bon dosage entre prudence et appĂ©tit pour le risque.

Christel Rendu de Lint, Deputy Head of Investments, Vontobel : Aux Etats-Unis, l’inflation se situe autour de 6,2%, un niveau qui n’avait plus Ă©tĂ© observĂ© depuis les annĂ©es 1980. Comment vont Ă©voluer, Ă  votre avis, l’inflation et le cycle Ă©conomique ?

Mark Holman, CEO de la boutique TwentyFour Asset Management de Vontobel, Portfolio Manager : L’inflation a dĂ©jouĂ© toutes les prĂ©visions Ă©laborĂ©es l’an dernier, mĂȘme les plus agressives : les niveaux sont nettement plus Ă©levĂ©s qu’attendu et la hausse des prix s’avĂšre finalement plus tenace. Plus important encore, l’inflation se situe au-delĂ  des niveaux qui conviennent aux banques centrales d’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale. La Fed fait clairement de l’emploi sa prioritĂ© et elle est prĂȘte, dans cette optique, Ă  fermer les yeux sur

Mondher Bettaieb Loriot, Head of Corporate Bonds, Vontobel : En ce qui concerne les obligations d’entreprises, nous demeurons relativement confiants dans la mesure oĂč les indicateurs suggĂšrent une inflation transitoire. Soyons clairs, le terme « transitoire » - au sens oĂč l’entend le prĂ©sident de la Fed Jerome Powell - signifie que les niveaux d’inflation actuels n’auront au final pas d’incidence durable et ne modifieront pas la trajectoire de la faible inflation, voire de la dĂ©sinflation, que nous avons connue ces 25 derniĂšres annĂ©es.

Christel Rendu de Lint : Matt, quelles sont les implications pour les actions ?

Matthew Benkendorf, Chief Investment Officer, boutique Quality Growth, Senior Portfolio Manager, Vontobel : La patience est de mise, mĂȘme si les investisseurs en actions font gĂ©nĂ©ralement preuve de nos jours d’une certaine impatience. Je penche pour la thĂšse de l’inflation transitoire, car c’est bien dans ce sens que s’orientent la majoritĂ© des Ă©lĂ©ments. Il appartient Ă  ceux qui dĂ©fendent le scĂ©nario d’une inflation non transitoire de nous prouver le contraire.

Christel Rendu de Lint: Dan, Ă  quel point ĂȘtes-vous patient s’agissant de l’inflation ? Et comment positionnerez-vous votre portefeuille dans le contexte d’une solution multi-actifs ?

Dan Scott, Chief Investment Officer, Head of Impact & Thematics, Vontobel : Je suis assez patient. Que l’inflation soit transitoire ou non, nous sommes tous d’accord pour dire qu’elle s’avĂšre plus tenace que nous ne le pensions il y a 12 mois de cela. Ce qui importe, c’est que les banques centrales ont fait savoir qu’elles ne rĂ©agiraient pas dans l’urgence. Elles veulent en fait que la reprise du marchĂ© de l’emploi soit plus ferme, dans la mesure oĂč les salaires rĂ©els et les chiffres absolus de l’emploi ne sont pas encore revenus aux niveaux observĂ©s avant le Covid.

Dans cet environnement caractĂ©risĂ© par des taux relativement bas, nous nous tournons vers les actions pour obtenir des rendements et vers d’autres classes d’actifs pour contribuer Ă  amortir la volatilitĂ©. Nous ne nous attendons pas Ă  ce que le crĂ©dit investment grade ou les obligations d’Etat dĂ©gagent des rendements importants, mĂȘme si nous percevons quelques opportunitĂ©s sur le marchĂ© de la dette des marchĂ©s Ă©mergents (libellĂ©e en devise forte).

Matthew Benkendorf : La forte performance des marchĂ©s actions a Ă©tĂ© tirĂ©e par la confiance, les investisseurs ayant choisi de se concentrer sur le cĂŽtĂ© positif de signaux pourtant contradictoires. Les banques, par exemple, ont connu une annĂ©e faste du fait des anticipations de pentification de la courbe des taux, mais cela ne concorde pas avec les valorisations Ă©levĂ©es de nombreuses entreprises Ă  forte croissance et non rentables. Nous tablons sur un regain de volatilitĂ© et d’incertitude, quand bien mĂȘme nous parviendrions Ă  sortir de la crise sanitaire. Les investisseurs doivent cesser de se concentrer sur le court terme, par exemple sur la prochaine introduction en bourse mĂ©diatisĂ©e, et se rappeler que l’investissement exige de la patience et du temps. L’éventail des scĂ©narios possibles est beaucoup plus large que ce Ă  quoi les investisseurs se prĂ©parent actuellement. La fĂȘte continue, mais je conseille aux investisseurs de consommer avec modĂ©ration.

Christel Rendu de Lint : Mark, comment envisagez-vous les portefeuilles obligataires dans l’immĂ©diat ?

Mark Holman : Je ne suis pas totalement convaincu par la thĂšse de l’inflation transitoire. Il existe suffisamment d’élĂ©ments suggĂ©rant que l’inflation va perdurer. Les anomalies que nous observons aujourd’hui - 6% de croissance, 6% d’inflation et les niveaux actuels des rendements obligataires - ne sont pas viables. Et l’inflation est actuellement en train de grignoter la richesse.

Jamais auparavant nous n’avions eu autant d’interventions gouvernementales et d’assouplissement quantitatif, ni des taux d’intĂ©rĂȘt aussi bas. Nous pensons que la Fed commencera Ă  durcir sa politique monĂ©taire plus tĂŽt que ne le pensent les investisseurs en 2022, probablement au milieu de l’annĂ©e. Mais dans de nombreux cas, le cycle sera le mĂȘme que par le passĂ©. Il y aura des pressions en faveur de taux d’intĂ©rĂȘt plus Ă©levĂ©s, ce qui tend Ă  se traduire par des rendements supĂ©rieurs. Mais les sommets ne seront atteints que bien aprĂšs le dĂ©but du cycle de hausse des taux.

Les produits obligataires vous donnent accĂšs Ă  de nombreux secteurs et zones gĂ©ographiques, mais les portefeuilles ont tendance Ă  se concentrer soit sur les emprunts d’Etat, soit sur les obligations d’entreprise. Un portefeuille d’emprunts d’Etat sans couverture pourrait poser problĂšme, de sorte que les investisseurs devraient se couvrir s’ils en ont la possibilitĂ©. Si tel n’est pas le cas, ils doivent diversifier leur portefeuille en profitant de la grande diversitĂ© de l’univers obligataire.

Cela fait plus de 30 ans que j’investis sur les marchĂ©s obligataires et les fondamentaux des obligations d’entreprise m’ont rarement paru aussi favorables. Ils justifient les valorisations. Dans le segment du haut rendement amĂ©ricain, le taux de dĂ©faut, Ă  moins de 1%, est tout bonnement stupĂ©fiant, et il en va de mĂȘme en Europe. Les taux de dĂ©faut Ă©volueront trĂšs lentement et il y aura probablement plus de rĂ©visions Ă  la hausse qu’à la baisse des notes de crĂ©dit. Cela dit, je pense qu’en 2022 les choix de titres seront limitĂ©s. Les investisseurs devraient pouvoir s’exposer dans une certaine mesure au risque de crĂ©dit, mais devraient Ă©galement aborder l’annĂ©e Ă  venir avec beaucoup de luciditĂ© - comme Matt l’a prĂ©cisĂ© Ă  juste titre, il faut consommer avec modĂ©ration.

Christel Rendu de Lint : Mondher, dans quelle mesure ĂȘtes-vous prĂ©occupĂ© par le risque d’une erreur politique de la part de la Fed ? Et quelles sont vos prĂ©visions pour les marchĂ©s obligataires ?

Mondher Bettaieb Loriot : En toute franchise, je ne suis pas inquiet. MalgrĂ© la publication de quelques statistiques d’inflation Ă©levĂ©es, le mystĂšre reste entier : les rendements rĂ©els sont toujours nĂ©gatifs. Nous traversons une rĂ©volution numĂ©rique, avec une population vieillissante et des niveaux d’endettement croissants, qui sont autant de phĂ©nomĂšnes perturbateurs. Les banquiers centraux n’ont pas d’autre choix que de se montrer patients, mĂȘme si les chiffres d’inflation sont Ă©levĂ©s. Il faut remonter Ă  la guerre civile aux Etats-Unis, ou Ă  la Grande DĂ©pression, pour trouver des Ă©vĂ©nements ayant occasionnĂ© des rendements aussi nĂ©gatifs. C’est assez inĂ©dit. Nous restons nĂ©anmoins satisfaits du cadre fourni par les banquiers centraux.

Je ne serais pas surpris que les rendements des emprunts d’Etat aient encore baissĂ© d’ici la fin de l’annĂ©e prochaine. Selon les prĂ©visions du consensus, la croissance devrait se situer fin 2022 autour de 2% - soit son niveau d’avant la pandĂ©mie - tandis que l’inflation devrait elle aussi ĂȘtre revenue autour de 2% d’ici lĂ . Nous sommes par ailleurs relativement loin du plein emploi, de sorte que le scĂ©nario de base table sur un premier relĂšvement des taux de la Fed en 2023. Et une fois le cycle dĂ©butĂ©, les hausses de taux ne seront pas importantes. Le contexte reste ainsi favorable aux obligations d’entreprises investment grade. Les spreads sont peut-ĂȘtre un peu Ă©troits, mais ils sont justifiĂ©s par le faible niveau des taux de dĂ©faut. De plus, les obligations d’entreprises ont tendance Ă  se montrer beaucoup moins volatiles que les autres actifs Ă  risque.

Des opportunitĂ©s trĂšs intĂ©ressantes subsistent, comme les obligations AT1 des banques, les Ă©missions subordonnĂ©es des compagnies d’assurance, les titres hybrides d’entreprises et les obligations notĂ©es BB. Et il ne faut pas oublier les obligations d’entreprises investment grade pĂ©riphĂ©riques, qui rĂ©munĂšrent un peu mieux le risque. Le portefeuille de la BCE reste bien garni et la banque centrale achĂšte toujours les titres des pays pĂ©riphĂ©riques lorsqu’ils sont en difficultĂ©. Donc, bien sĂ»r, il y a du bruit, mais les obligations d’entreprises sont un peu moins volatiles, et le scĂ©nario de base semble ĂȘtre acceptable.

Christel Rendu de Lint : Cela fait longtemps qu’il ne s’est pas passĂ© grand-chose sur les marchĂ©s des changes mais ils semblent s’ĂȘtre rĂ©veillĂ©s en cette fin d’annĂ©e. Dan, quel est votre point de vue Ă  ce sujet ?

Dan Scott : Face Ă  l’accumulation de la dette, la solution consiste Ă  recourir Ă  l’inflation. De ce point de vue, les banques centrales se livrent Ă  une course vers le bas. Il existe ensuite une poignĂ©e de monnaies refuges qui sont des « gagnantes » relatives. Selon nos modĂšles financiers, l’euro est fondamentalement sous-Ă©valuĂ©. Toutefois, nous Ă©voquons la nĂ©cessitĂ© d’une rĂ©forme structurelle en Europe - dans des domaines tels que les marchĂ©s du travail et les rĂ©gimes fiscaux - depuis bien avant la crise financiĂšre mondiale, et rien ne s’est produit. Cette situation ralentit la croissance en pĂ©riode de reprise et explique le niveau infĂ©rieur de la croissance europĂ©enne vis-Ă -vis de son homologue amĂ©ricaine.

Nous appliquons une double surpondération des actions américaines, car nous avons le sentiment que la croissance des bénéfices des entreprises américaines compense trÚs largement tout affaiblissement du dollar américain pondéré des échanges commerciaux. Dans le cas des investisseurs qui optent pour des portefeuilles multi-actifs, le change ajoute une couche supplémentaire de complexité. Il ne faut cependant pas oublier que rester investi est le meilleur moyen de se protéger de la dévaluation de la richesse qui survient pendant ces périodes inflationnistes.

Avis moins partagĂ© de mon cotĂ©: mĂȘme si les taux remontent ils resteront bas, et vu le niveau Ă©levĂ© de l’inflation, il va bien falloir que les investisseurs trouvent un endroit pour placer leur liquiditĂ©. Et il ne le feront pas sur Eurossima .
Meme si l’annĂ©e sera certainement plus volatile que 2021, on devrait avpoir une nouvelle bonne annĂ©e devant nous.

Je partage ceci :

"Pour l’heure, les taux longs sont encore Ă  des niveaux historiquement bas, ce qui est une aubaine pour les autres classes d’actifs, Ă  commencer par les actions et le crĂ©dit.

Mais cette situation n’est pas appelĂ©e Ă  durer et les investisseurs devraient commencer Ă  prendre leurs dispositions."

Avec Apple valorisĂ© Ă  3000 milliards USD, on ne peut pas ignorer qu’une bulle s’est créée et qu’il va falloir retomber Ă  des niveaux plus normaux.

Le tour du monde en 80
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Publié le mardi 12 avril 2022
Le conflit entre la Russie et l’Ukraine augmente les risques sur la croissance Ă  court terme pour l’économie mondiale et le maintien d’une inflation Ă©levĂ©e sur une pĂ©riode plus longue que prĂ©vue. L’incertitude reste Ă©levĂ©e, mais les marchĂ©s actions sont en zone de survente et devraient se redresser en cas d’accalmie des tensions dans les prochains mois selon Russell Investments.

Russell Investments analyse les perspectives pour le 2Úme trimestre selon les zones géographiques

Nous pensons que les États-Unis feront parties des Ă©conomies les plus rĂ©sistantes au conflit au niveau mondiale, notamment en raison de leur indĂ©pendance Ă©nergĂ©tique et de la plus faible part rĂ©servĂ©e Ă  la consommation des matiĂšres premiĂšres au sein de leur PIB. En outre, les hausses de taux d’intĂ©rĂȘt figurant dĂ©sormais Ă  l’agenda des prochaines rĂ©unions de la RĂ©serve fĂ©dĂ©rale amĂ©ricaine en 2022, nous considĂ©rons qu’il s’agit lĂ  d’un facteur de risque de maturation pour les marchĂ©s.

En Europe, le conflit russo-ukrainien a créé une grande incertitude, avec pour risque majeur, le prix de l’énergie - en raison de sa dĂ©pendance au gaz et au pĂ©trole russes. Une dĂ©cision de la Russie d’arrĂȘter les exportations d’énergie vers l’Europe, ou des gouvernements europĂ©ens de boycotter l’énergie russe, pourrait dĂ©clencher une rĂ©cession. Cela nous semble peu probable, Ă©tant donnĂ© les besoins de la Russie en revenus pĂ©troliers et gaziers et la dĂ©pendance de l’Europe vis-Ă -vis de l’énergie russe, mais nous ne pensons pas pour autant que cela soit totalement exclu. En revanche, un choc de courte durĂ©e sur les prix de l’énergie pourrait entraĂźner une reprise des Ă©conomies europĂ©ennes au cours du second semestre 2022. Ces perspectives permettraient probablement Ă  l’indice MSCI EMU, qui reflĂšte l’Union Ă©conomique et monĂ©taire europĂ©enne, de se redresser.

L’économie britannique a commencĂ© l’annĂ©e sur une bonne lancĂ©e, mais devrait connaĂźtre un ralentissement en raison du resserrement de la politique monĂ©taire de la Banque d’Angleterre, de la hausse des prix de l’énergie due Ă  l’invasion de l’Ukraine par la Russie et de l’augmentation prĂ©vue de la hausse d’impĂŽt pour contribuer au financement du systĂšme de santĂ©, le National Health Service. MalgrĂ© ces inquiĂ©tudes Ă©conomiques, l’indice FTSE 100 a Ă©tĂ© l’un des plus performants pour les marchĂ©s actions cette annĂ©e. L’indice est fortement exposĂ© aux matiĂšres premiĂšres et aux valeurs financiĂšres qui bĂ©nĂ©ficient de taux d’intĂ©rĂȘt plus Ă©levĂ©s, et quasiment pas exposĂ© aux valeurs technologiques sous tension.

En Chine, le gouvernement a rĂ©cemment annoncĂ© un objectif de croissance du PIB supĂ©rieur aux attentes de 5,5 % pour 2022. L’économie du pays continue cependant de faire face Ă  des pressions. Nous prĂ©voyons que des mesures de relance nettement plus importantes seront nĂ©cessaires pour s’approcher de l’objectif de croissance. De plus, la COVID-19 pose toujours un dĂ©fi Ă  l’économie chinoise, principalement en raison de l’approche ‘tolĂ©rance zĂ©ro’ du gouvernement.

Alors que nous prĂ©voyons toujours une croissance supĂ©rieure Ă  la moyenne au Japon, le conflit en Ukraine et les rĂ©cents confinements en Chine ont accentuĂ© les obstacles. En tant qu’importateur de produits Ă©nergĂ©tiques et alimentaires, le Japon est exposĂ© Ă  des hausses de prix dues au conflit.

En Australie, le marchĂ© du travail s’est tendu au cours des trois derniers mois, mais la croissance des salaires est restĂ©e raisonnablement contenue. Cela permet Ă  la Banque FĂ©dĂ©rale Australienne (RBA) d’ĂȘtre plus patiente que nombre de ses homologues mondiaux. MĂȘme si nous estimons que les attentes du marchĂ© concernant les hausses de taux de la RBA sont trop agressives, nous nous attendons Ă  ce que celle-ci relĂšve ses taux au moins une fois cette annĂ©e.

Nous pensons que le Canada devrait profiter de la hausse des prix des matiĂšres premiĂšres, en particulier des prix de l’énergie. Notre prĂ©vision de croissance du PIB pour 2022 reste inchangĂ©e Ă  3,8 %, bien que l’accĂ©lĂ©ration de l’inflation des matiĂšres premiĂšres ajoute de l’incertitude Ă  ces perspectives. Nous pensons que cela rendra la Banque du Canada plus mesurĂ©e dans son approche et qu’elle pourrait procĂ©der Ă  trois ou quatre hausses supplĂ©mentaires cette annĂ©e.

Russie/Ukraine : quelle stratĂ©gie d’investissement ?Les phases de volatilitĂ© montrent tout l’intĂ©rĂȘt d’un investissement de long terme centrĂ© sur la valorisation.
Tyler Dann02.03.2022Font-Size
ukraine

L’invasion russe de l’Ukraine a pris des proportions dramatiques en peu de temps.

En prĂ©ambule, il est important de nier que nous sommes partisans de l’investissement Ă  long terme.

En mĂȘme temps, nous ne pouvons pas simplement ignorer les risques.

En tant qu’investisseurs fondamentaux, nous pensons qu’il est important d’évaluer et de comprendre toutes les implications potentielles Ă  long terme sur le marchĂ© de ce type de conflit.

La question énergétique
Le conflit russo-ukrainien a des implications potentiellement importantes sur le marchĂ© de l’énergie.

Cela est particuliÚrement vrai sur les marchés européens du gaz naturel, qui sont principalement approvisionnés par des importations en provenance de Russie.

La Russie est Ă©galement un acteur important sur les marchĂ©s mondiaux du pĂ©trole, et les spĂ©culations sur l’impact sur les prix de la rĂ©duction de l’approvisionnement en provenance de Russie ont dĂ©jĂ  intĂ©grĂ© une « prime de risque gĂ©opolitique » dans les prix du pĂ©trole.

De plus, dans la mesure oĂč les sanctions imposĂ©es augmentent en sĂ©vĂ©ritĂ©, il pourrait y avoir des frictions supplĂ©mentaires importantes imposĂ©es aux chaĂźnes d’approvisionnement mondiales dĂ©jĂ  sous tension, ce qui pourrait Ă  son tour exercer des pressions inflationnistes plus importantes sur d’autres produits de base que la Russie fournit au monde.

Entre la Russie et l’Ukraine, les deux pays reprĂ©sentent 25 % des exportations mondiales de blĂ© et l’Ukraine 13 % des exportations de maĂŻs. L’inflation alimentaire est donc un risque majeur.

De plus, la Russie est le plus grand producteur de nitrate d’ammonium et un gros exportateur de palladium, de platine et d’aluminium.

Menace inflationniste
Dans un environnement de hausse de l’inflation mondiale, cela accroĂźt la pression sur les banques centrales Ă  l’échelle mondiale pour resserrer la politique monĂ©taire.

Les banques centrales peuvent se sentir obligĂ©es d’agir pour attĂ©nuer les pressions inflationnistes, trĂšs probablement par le biais d’augmentations des taux directeurs.

Dans le cas oĂč les taux se rĂ©initialisent Ă  la hausse, cela reprĂ©sente gĂ©nĂ©ralement un vent contraire pour les placements Ă  revenu fixe, toutes choses Ă©tant Ă©gales par ailleurs, en particulier dans les marchĂ©s dĂ©veloppĂ©s.

Les marchés boursiers, bien que certainement volatils ces derniers temps, seront touchés différemment.

Ailleurs, la perspective d’une accĂ©lĂ©ration de l’inflation dans les Ă©conomies de marchĂ© dĂ©veloppĂ©es peut avoir des implications sur le coĂ»t du capital, en particulier pour les valeurs de croissance (telles que les sociĂ©tĂ©s de technologie avec des valorisations Ă©levĂ©es), qui peuvent ne pas encore ĂȘtre pleinement digĂ©rĂ©es dans les cours.

Et, bien sĂ»r, il existe des bĂ©nĂ©ficiaires potentiels, tels que les sociĂ©tĂ©s Ă©nergĂ©tiques mondiales, qui pourraient bĂ©nĂ©ficier d’une pĂ©riode prolongĂ©e de prix de l’énergie Ă©levĂ©s.

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L’Europe en premiùre ligne
L’Europe est devenue de plus en plus dĂ©pendante de l’approvisionnement en Ă©nergie importĂ©e en raison d’initiatives politiques, de rĂ©ductions de l’approvisionnement rĂ©glementaires et d’un manque d’investissement dans la croissance de l’approvisionnement local en Ă©nergie conventionnelle.

Ensemble, ces facteurs ont contribuĂ© Ă  rĂ©duire l’approvisionnement local en Ă©nergie ces derniĂšres annĂ©es.

Les prix mondiaux de l’énergie augmentant considĂ©rablement jusqu’en 2021 et jusqu’en 2022, les problĂšmes d’approvisionnement local susmentionnĂ©s en Europe ont exacerbĂ© les vulnĂ©rabilitĂ©s locales, entraĂźnant des augmentations nettement plus rapides des prix de l’énergie en Europe que celles constatĂ©es Ă  l’échelle mondiale.

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RĂ©flexions sur l’inflation
Des sanctions sévÚres sont déjà imposées contre la Russie, mais cela pourrait empirer.

La rĂ©ponse de la Russie Ă  ces sanctions pourrait entraĂźner un risque accru d’inflation. Cela comprendra probablement la perturbation des produits Ă©nergĂ©tiques, alimentaires et industriels essentiels. Selon certaines estimations, ces perturbations pourraient ajouter jusqu’à 2 % d’inflation globale supplĂ©mentaire dans les marchĂ©s dĂ©veloppĂ©s, notamment en Europe.

Ceci, à son tour, pourrait potentiellement servir à donner un nouvel élan à un resserrement accéléré de la politique monétaire, compte tenu du contexte inflationniste et des signaux déjà restrictifs des banques centrales.

D’un autre cĂŽtĂ©, il est possible que les hausses de taux soient retardĂ©es pour amortir l’incertitude Ă©conomique, et que les dĂ©penses budgĂ©taires soient assouplies pour amortir le coup portĂ© aux revenus rĂ©els.

Implications pour les obligations
L’inflation a tendance Ă  Ă©roder les rendements rĂ©els, et la hausse des taux directeurs (dĂ©ployĂ©e dans le but de lutter contre l’inflation) a tendance Ă  avoir un impact nĂ©gatif sur le prix des obligations, crĂ©ant une sorte de « double coup dur » pour les investisseurs.

Cependant, il y a des considérations importantes et potentiellement compensatoires.

En rĂšgle gĂ©nĂ©rale, les augmentations des taux directeurs ont tendance Ă  ĂȘtre motivĂ©es par une Ă©conomie qui pourrait supporter des taux plus Ă©levĂ©s.

Si les banques centrales perçoivent une vulnĂ©rabilitĂ© dans l’environnement Ă©conomique, elles peuvent agir avec prudence et dĂ©cider de suspendre les hausses de taux.

Certains marchés obligataires devraient en profiter.

MĂȘme si les banques centrales augmentent les taux conformĂ©ment aux attentes du marchĂ© pour stopper l’inflation, les investisseurs obligataires bĂ©nĂ©ficieront du rĂ©investissement des coupons Ă  des taux plus Ă©levĂ©s dans le nouveau rĂ©gime, de sorte que l’impact de toute perte de prix due Ă  une hausse des rendements serait en partie attĂ©nuĂ©.

Implications pour les actions russes
Parmi les actions, regardons d’abord directement les actions russes.

Il convient de noter que la Russie reprĂ©sente moins de 3 % de l’indice Morningstar Emerging Market.

Nous ne prévoyons donc pas de dépréciation significative à long terme de ce panier.

La Bourse russe est revenue à ses creux du début de 2016, aprÚs avoir chuté de plus de 60 % par rapport à son sommet de 2021. Le marché reflÚte donc les conséquences négatives du conflit.

La derniĂšre fois que l’indice Ă©tait sur les niveaux actuels, c’était en raison de la chute des prix du pĂ©trole, mais aussi en raison de l’impact des sanctions imposĂ©es aprĂšs l’annexion de la CrimĂ©e par la Russie.

Entre les creux de 2016 et le pic de 2021, l’indice a progressĂ© de 160 % et le rendement total Ă©tait de 265 %, par rapport aux rendements totaux du MSCI World de 130 % et de l’indice MSCI Emerging Markets de 107%.

Cet Ă©pisode montre qu’acheter dans la peur peut ĂȘtre gratifiant.

Qu’est-ce qui est diffĂ©rent cette fois-ci ?
L’invasion actuelle est plus importante en ampleur que ce qui s’est produit en 2014.

Cette fois-ci, le pĂ©trole est Ă  des niveaux Ă©levĂ©s, en partie en rĂ©ponse Ă  l’invasion russe.

Considérons maintenant le marché boursier russe en examinant ses principaux constituants.

Les dix premiĂšres actions reprĂ©sentent plus de 80 % de l’indice MSCI Russie, il est donc trĂšs concentrĂ©.

Sberbank, la plus grande banque de Russie, sera elle-mĂȘme la cible de sanctions.

En supposant que les sanctions affaiblissent l’économie russe, le secteur bancaire est trĂšs susceptible de souffrir avec des coĂ»ts de crĂ©dit plus Ă©levĂ©s.

Sberbank perd prÚs de 90 %, avec un ratio cours/bénéfice (P/E) de seulement 1x et un rendement en dividendes de 50%, de sorte que le marché semble faire un pari binaire sur la disparition de Sberbank.

Les trois grandes sociĂ©tĂ©s Ă©nergĂ©tiques russes (Gazprom, Lukoil et Rosneft) reprĂ©sentent Ă©galement 35 Ă  40 % de l’indice.

Les prix plus élevés du pétrole et du gaz sont généralement une aubaine pour ces entreprises.

Cependant, le marché semble également faire un pari quelque peu binaire sur ces trois, avec des ratios P/E entre 2 et 3x et des rendements en dividendes entre 20% et 30%.

Produisant une matiĂšre premiĂšre aussi prĂ©cieuse, ces entreprises finiront probablement par trouver un marchĂ© pour leur pĂ©trole et leur gaz si l’Europe n’est plus un client, mais le dĂ©veloppement de ces nouveaux marchĂ©s prendrait du temps.

D’autres risques planent
Une derniĂšre considĂ©ration pour les investisseurs est que les sanctions pourraient impliquer l’interdiction de dĂ©tenir des titres de sociĂ©tĂ©s russes.

Le gouvernement américain a interdit la cotation américaine de certaines entreprises chinoises pour des raisons de sécurité nationale.

Il n’est pas exagĂ©rĂ© d’imaginer qu’une interdiction similaire pourrait ĂȘtre imposĂ©e aux ADR, ADS ou GDR des sociĂ©tĂ©s russes.

De mĂȘme, la Russie pourrait imposer ses propres restrictions aux investissements Ă©trangers.

Les actions russes sont donc extrĂȘmement risquĂ©es, mĂȘme aux prix actuels. Heureusement, elles ne reprĂ©sentent pas une exposition significative au panier plus large des marchĂ©s Ă©mergents.

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Psychologie collective
Le conflit entre la Russie et l’Ukraine a certainement eu un impact significatif sur la psychĂ© collective du marchĂ©, mais c’est loin d’ĂȘtre le seul facteur. Les pressions inflationnistes, le resserrement de la politique monĂ©taire et une saison des rĂ©sultats difficile ont tous pesĂ© sur le sentiment.

C’est vrai notamment pour les actions amĂ©ricaines de croissance Ă  grande capitalisation, qui sous-performent leurs homologues d’autres zones gĂ©ographiques.

Nous estimons que les marchĂ©s boursiers, bien que volatils ces derniers temps, connaĂźtront une dispersion sectorielle et ne seront probablement pas donc touchĂ©s de la mĂȘme maniĂšre.

Bon nombre des portefeuilles multi-actifs que nous gérons restent surpondérés dans les sociétés énergétiques, car nous continuons à voir une valeur relative dans le secteur.

Rester investi
Nous terminons sur les avantages de l’investissement à long terme.

En examinant les Ă©vĂ©nements gĂ©opolitiques antĂ©rieurs, nous constatons que rester investi conformĂ©ment Ă  vos objectifs vous donne souvent la plus grande probabilitĂ© de succĂšs en matiĂšre d’investissement.

Cela ne veut pas dire que les risques ne mĂ©ritent pas votre attention, mais le fait de dĂ©tenir un portefeuille diversifiĂ© d’actifs sous-Ă©valuĂ©s devrait vous ĂȘtre trĂšs utile tout au long de votre vie d’investisseur.

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En ce sens, l’avertissement britannique classique Ă©manant de la Seconde Guerre mondiale, « Gardez votre calme et continuez », nous semble tout Ă  fait appropriĂ© lorsque nous examinons le cas d’investissement concernant le conflit russo-ukrainien.

Une approche Ă  long terme de l’investissement peut aider Ă  se prĂ©munir contre des dĂ©cisions imprudentes trop Ă©clairĂ©es par des craintes de court terme.

Une approche fondamentale axĂ©e sur la valorisation peut aider Ă  Ă©valuer l’ensemble des possibilitĂ©s d’investissement et identifier des opportunitĂ©s les plus intĂ©ressantes.

© Morningstar, 2022 - L’information contenue dans ce document est Ă  vocation pĂ©dagogique et fournie Ă  titre d’information UNIQUEMENT. Il n’a pas vocation et ne devrait pas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une invitation ou un encouragement Ă  acheter ou vendre les titres citĂ©s. Tout commentaire relĂšve de l’opinion de son auteur et ne devrait pas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une recommandation personnalisĂ©e. L’information de ce document ne devrait pas ĂȘtre l’unique source conduisant Ă  prendre une dĂ©cision d’investissement. Veillez Ă  contacter un conseiller financier ou un professionnel de la finance avant de prendre toute dĂ©cision d’investissement.

AnalyseLes marchĂ©s et la stagflationL’envolĂ©e des cours du pĂ©trole renforce le scĂ©nario d’une stagflation.

L’intensification du conflit entre la Russie et l’Ukraine et des menaces de reprĂ©sailles de la part du monde occidental Ă  l’égard du rĂ©gime de Vladimir Poutine ont conduit Ă  une nouvelle baisse significative des marchĂ©s financiers dans le monde en fin de semaine derniĂšre.

L’indice CAC 40 retrouve son niveau de mars 2021, tandis que sa valorisation retrouve les niveaux observĂ©s au pic de la pandĂ©mie de COVID-19.

L’envolĂ©e des prix des matiĂšres premiĂšres, et en premier lieu du pĂ©trole, est dans tous les esprits.

Elle ravive les tensions inflationnistes et conduit Ă  d’importantes pertes de pouvoir d’achat, en particulier pour les mĂ©nages les plus modestes, et tend donc Ă  renforcer les inĂ©galitĂ©s. Le baril de pĂ©trole (Brent) cote autour de 139$ actuellement, un niveau pas vu depuis 2008.

Selon les Ă©conomistes et stratĂ©gistes matiĂšres premiĂšres de Bank of America, chaque variation de 1 million de barils/jour inattendue de l’offre ou de la demande de pĂ©trole provoque une variation de 20 dollars.

Si les importants de pĂ©trole de Russie devaient s’arrĂȘter, cela reprĂ©senterait un manque d’offre de 5 millions de barils/jour, voire davantage en l’absence de mesures compensatoires, portant le cours du pĂ©trole vers 200 dollars le baril.

Si un cours du baril reprĂ©sente une perte de croissance de l’ordre de 1%, un baril Ă  200 dollars se traduirait, selon Bank of America, par une perte de croissance de 2%.

Un tel scénario rendrait la tùche des banques centrales sans doute plus compliquée encore.

Pour les marchĂ©s actions, on tend vers un environnement de marchĂ© qui ressemble de plus en plus Ă  celui des annĂ©es 1970 (toutes choses Ă©gales par ailleurs), marquĂ© par la stagflation : recul de l’activitĂ© Ă©conomique et hausse des prix.

Dans cet environnement, les marchés actions avaient reculé de maniÚre significative.

Il est intĂ©ressante de noter qu’avec un plongeon de 15% depuis le dĂ©but de l’annĂ©e, l’indice CAC 40 a sans doute intĂ©grĂ© une bonne partie des mauvaises nouvelles.

Mais la psychologie humaine est telle que tant que l’issue du conflit ne se dessinera pas plus prĂ©cisĂ©ment, les investisseurs se tiendront Ă  l’écart des actifs risquĂ©s pendant un certain temps.

Le CAC 40 Ă  6000 points, un bon point d’entrĂ©e pour investir ?
Publié le lundi 7 mars 2022
Fin fĂ©vrier, la Russie de Vladimir Poutine a mis ses menaces Ă  exĂ©cution et a envahi l’Ukraine. S’en sont suivies de nombreuses sanctions de la part des pays occidentaux afin d’asphyxier Ă©conomiquement la Russie, dĂ©jĂ  fragile. Ce contexte gĂ©opolitique a plongĂ© les marchĂ©s dans une correction. Quels choix d’investissements faire dans ce contexte ?

Les crises géopolitiques sont souvent des opportunités de marché

Fin 2021, les gĂ©rants avaient prĂ©dit une annĂ©e 2022 plus volatile. Ils ne se sont pas trompĂ©s ! Au vu de la baisse, il peut malgrĂ© tout sembler trop tard pour sortir des marchĂ©s. Cette baisse est mĂȘme, selon certains experts
 une opportunitĂ© ! « Si les risques Ă©voquĂ©s sont substantiels pour le cycle et la bonne tenue des marchĂ©s, il n’en reste pas moins qu’historiquement ces brutales baisses en dĂ©but de conflits armĂ©s ont Ă©tĂ© rĂ©trospectivement des opportunitĂ©s d’investissement », rappellent les Ă©quipes de J.P. Morgan AM. « Au cours des 19 Ă©vĂ©nements gĂ©opolitiques survenus depuis 1945, dans 78% des cas, les marchĂ©s redevenaient positifs au bout de trois mois, avec une baisse moyenne, du plus haut au plus bas, d’environ 9% », prĂ©cise Didier Bouvignies, AssociĂ©-GĂ©rant & Directeur des Gestions de Rothschild & Co AM Europe. Deux cas de figure font cependant exception : la Guerre du Golfe en 1990 et la Guerre du Kippour en 1973 avec des baisses respectives de 11% et 15%.

Luca Paolini (StratĂ©giste en Chef) et Sabrina Khanniche (Economiste Senior) de Pictet AM mettent Ă©galement en garde les investisseurs contre la tentation de prendre des « mesures drastiques », Ă  savoir sortir de maniĂšre massive des marchĂ©s. Ils replacent aussi dans son contexte l’influence Ă©conomique de la Russie. « Elle ne reprĂ©sente que 1,8 % de la production mondiale, soit un niveau infĂ©rieur Ă  celui de l’Italie. Et si elle compte 143 millions d’habitants, soit le double de la France, elle ne constitue pas un marchĂ© d’exportation majeur pour la plupart des pays », indiquent-ils. Tout cela signifie que si un conflit prolongĂ© peut ĂȘtre Ă©vitĂ©, les retombĂ©es Ă©conomiques devraient selon eux rester raisonnables, permettant au monde de se remettre de la pandĂ©mie et au marchĂ© haussier des actions de se poursuivre.

L’Histoire, un argument suffisant pour penser que cette baisse n’est que temporaire ? Chacun jugera. Mais « les conflits armĂ©s n’ont pas d’impact durable et significatif sur les marchĂ©s, sauf lorsqu’ils conduisent Ă  une crise Ă©nergĂ©tique
 qui est en jeu aujourd’hui », soulignent cependant NadĂšge DufossĂ© (Global Head of Multi-Asset) et Florence Pisani (Global Head of Economic Research) chez Candriam.

Sur quels actifs se positionner ?

Dans l’hypothĂšse d’un scĂ©nario raisonnable, les cours commencent Ă  redevenir intĂ©ressants pour OFI AM. Jean-Marie Mercadal (Directeur des stratĂ©gies d’investissement) et Eric Turjeman (Directeur des gestions Actions et Convertibles) pensent que la phase actuelle semble propice pour commencer Ă  revenir progressivement sur les actions. NĂ©anmoins, la zone de support autour de 4060 sur l’Eurostoxx – correspondant globalement aux 6750 points sur le CAC 40 – a largement Ă©tĂ© franchie. Elle correspond dorĂ©navant Ă  « une rĂ©sistance qu’il sera difficile de refranchir tant que la crise russe ne sera pas retombĂ©e, mais aussi que les craintes de spirale inflationniste et de politique monĂ©taire trĂšs agressives ne se seront pas dissipĂ©es », s’inquiĂšte Jean-Jacques Friedman, Directeur des Investissements de Vega IM.

L’Eurostoxx ou le CAC 40 sont des points de repĂšre utiles, mais il est sans doute trop tĂŽt pour renforcer globalement ses expositions aux indices de maniĂšre indiscriminĂ©e d’aprĂšs La FinanciĂšre de l’Echiquier. « Pour le moment, le choc sur le prix des matiĂšres premiĂšres semble inflationniste Ă  court terme et pourrait entraĂźner un choc rĂ©cessif Ă  moyen terme. En revanche, certains titres dont la valorisation aurait Ă©tĂ© excessive, ou ceux en capacitĂ© d’intĂ©grer un choc inflationniste, pourraient s’approcher de points d’entrĂ©e », estime Olivier de Berranger, Directeur de la gestion d’actifs chez LFDE. Il maintient donc sa conviction affirmĂ©e en dĂ©but d’annĂ©e selon laquelle la qualitĂ© des rĂ©sultats des entreprises dĂ©terminera leur performance boursiĂšre, dans un environnement qui sera trĂšs volatil en 2022.

Dans ce contexte, ECOFI s’attend par ailleurs Ă  une forte appĂ©tence pour la liquiditĂ©. « Les emprunts d’Etat devraient ĂȘtre d’autant plus recherchĂ©s que l’agenda de normalisation monĂ©taire des banques centrales est clairement dĂ©calĂ© par les Ă©vĂ©nements et par leurs consĂ©quences Ă©conomiques. Les spreads entre emprunts d’Etat europĂ©ens, qui s’élargissent traditionnellement dans ce type de crise, devraient cette fois rester stables, voire se rĂ©duire, car l’Allemagne, beaucoup plus exposĂ©e Ă  l’Europe de l’Est pour son industrie, et trĂšs dĂ©pendante de l’énergie russe, devrait objectivement avoir Ă  faire face Ă  des difficultĂ©s plus marquĂ©es que le reste de l’Europe occidentale », anticipe la sociĂ©tĂ©.

Devant cette situation clairement volatile avec un conflit et des sanctions Ă©conomiques pouvant s’aggraver, ce qui entraĂźnerait des consĂ©quences plus importantes pour l’économie et les marchĂ©s mondiaux, Pictet AM suggĂšre que les matiĂšres premiĂšres, l’or, le franc suisse et les actifs chinois pourraient tous servir de couvertures potentielles contre ces risques. « Nous restons avec des allocations trĂšs diversifiĂ©es en termes de zones gĂ©ographiques et une exposition un peu plus marquĂ©e sur des secteurs susceptibles de sortir renforcĂ©s par cette crise Ă  moyen terme, tels que la sĂ©curitĂ©, les Ă©nergies renouvelables et la santĂ© », mise de son cĂŽtĂ© Nadine TrĂ©molliĂšres, Directrice de Primonial Portfolio Solutions, qui considĂšre Ă©galement les marchĂ©s Ă©mergents comme Ă©tant Ă  des niveaux attractifs.

Depuis quelques jours, un acte de gestion s’avĂšre quasi-unanime : les sociĂ©tĂ©s de gestion ont rĂ©duit ou liquidĂ© leurs actifs russes en portefeuille (Amundi ou encore Pictet ayant mĂȘme suspendu certains fonds trop exposĂ©s, notamment en raison de la fermeture de la bourse de Moscou depuis le 28 fĂ©vrier). Carmignac Gestion a ainsi pris la dĂ©cision de s’interdire, jusqu’à nouvel ordre, tout achat de titres russes et s’engage simultanĂ©ment Ă  gĂ©rer la sortie des titres encore prĂ©sents dans les portefeuilles « en prenant en compte les aspects extra-financiers ainsi que les conditions de marchĂ© ». Pour sa part, H2O AM a rĂ©duit son exposition Ă  la dette du pays car de nouvelles sanctions pourraient nuire Ă  leur liquiditĂ©. En revanche, le gĂ©rant a maintenu son exposition au rouble russe. « Nous considĂ©rons que la vente de la devise russe Ă  un tel niveau de dĂ©cote pourrait constituer un « cadeau Â» aux acheteurs, y compris au gouvernement russe », se justifie H2O AM.

Si la baisse des marchĂ©s semble donc offrir un premier point d’entrĂ©e, il y a une multitude de possibilitĂ©s de l’envisager. Mais alors que la bourse continue de s’enliser (5800 sur le CAC 40 ce lundi matin Ă  l’ouverture soit -19% depuis le 1er janvier), vouloir saisir le point le plus bas est illusoire, mĂȘme pour des maestros de l’investissement. Cette quĂȘte stĂ©rile amĂšne souvent
 Ă  rater les rebonds !

Guerre en Ukraine: des marchĂ©s dĂ©sarmĂ©s devant les « cygnes noirs Â»

Comme en 1914, la Bourse a Ă©tĂ© sidĂ©rĂ©e par l’irruption du conflit en Ukraine. Et le risque sur TaĂŻwan n’est pas pris en compte.
Parce qu’ils ne l’ont pas vue venir, la plupart des investisseurs perdent de l’argent quand une guerre Ă©clate. L’excĂ©dent des comptes courants de la Russie les avait incitĂ©s Ă  acheter ses obligations. L’exposition du pays aux matiĂšres premiĂšres, qui protĂšge de l’inflation, avait aussi rendu populaires ses actions. Entre son pic d’octobre 2021 et le 24 fĂ©vrier dernier, l’indice MSCI Russia a certes perdu 650 points, soit 60% de sa valeur. Mais les deux tiers ont Ă©tĂ© enregistrĂ©s moins de trois jours avant l’attaque; la plus forte chute - de 218 points - ayant lieu le jour mĂȘme de l’invasion de l’Ukraine.

Il suffit de se souvenir de l’indiffĂ©rence des marchĂ©s financiers Ă  la fin du mois de juin 1914, lors de l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand Ă  Sarajevo, pour se rappeler que la Bourse n’y connaĂźt rien en gĂ©opolitique. MĂȘme les marchĂ©s les plus sensibles Ă  ce risque, comme ceux de matiĂšres premiĂšres, sont mal renseignĂ©s. En 1990, malgrĂ© la concentration de forces irakiennes Ă  la frontiĂšre, ils avaient Ă©tĂ© pris de court par l’invasion du KoweĂŻt.

Une fois la guerre déclenchée, le cycle est classique
Les investisseurs ne voient pas venir les « cygnes noirs Â» - les Ă©vĂ©nements qui n’ont qu’une trĂšs faible probabilitĂ© d’advenir, mais qui peuvent ĂȘtre extrĂȘmement coĂ»teux. Etre capable de les anticiper exige un retour d’expĂ©rience et beaucoup d’intelligence pour amĂ©liorer la prĂ©cision des projections. Or, les Ă©vĂ©nements exceptionnels ne le permettent pas. Les guerres ne sont sans doute pas les seuls cygnes noirs. Mais les autres tendent Ă  ĂȘtre plus localisĂ©s et temporaires (catastrophes naturelles), plus familiers (crises financiĂšres) ou plus faciles Ă  prĂ©voir (risque politique en gĂ©nĂ©ral, que les sondages permettent de mesurer). La dĂ©cision de dĂ©clarer la guerre dĂ©pend de processus de dĂ©cisions (ou d’absence de rĂ©flexion) de personnalitĂ©s souvent peu rationnelles et donc peu prĂ©dictibles. Et la plupart des investisseurs ne prĂȘtent guĂšre attention aux tensions gĂ©opolitiques de faible intensitĂ©.

Une fois la guerre dĂ©clenchĂ©e, le cycle est classique: des ventes massives prĂ©cĂ©dant un retournement brusque qui entraĂźne de lourdes pertes chez les investisseurs qui ont paniquĂ©. L’assassinat en 2020 du gĂ©nĂ©ral iranien Qassem Soleimani et les essais nuclĂ©aires nord-corĂ©ens ont ainsi procurĂ© d’avantageuses opportunitĂ©s d’achat. Certains pensent qu’il est de toute façon impossible de maĂźtriser le plus sauvage des cygnes noirs. Le prochain qui pointe Ă  l’horizon s’appelle TaĂŻwan. La plus grande entreprise du pays, le fabricant de puces TSMC, a pourtant vu sa valorisation doubler depuis la mi-2020.

Perspectives 2022 : actions amĂ©ricaines, stop ou encore ?La valorisation Ă©levĂ©e de Wall Street est justifiĂ©e par des fondamentaux bien orientĂ©s. Une dynamique qui ne semble pas prĂȘte de s’essouffler.
Jocelyn JovĂšne03.01.2022FacebookTwitterLinkedInFont-Size
wall st

Stop ou encore ? Ce n’est pas un jeu mais bien la question que de nombreux investisseurs doivent se poser en ce dĂ©but d’annĂ©e lorsqu’ils regardent le parcours rĂ©cent des actions amĂ©ricaines.

Depuis 3 ans, le marché boursier américain affiche une progression à deux chiffres (28,9% en 2019, 16,3% en 2020 et 26,9% en 2021).

Et cela fait six ans qu’il superforme les actions mondiales, et mĂȘme depuis la crise financiĂšre de 2008 si l’on fait abstraction de l’annĂ©e 2015, qui avait vu la Bourse amĂ©ricain reculer de 0,7%.

DerriĂšre cette performance remarquable, il y a la progression rĂ©guliĂšre et soutenue des rĂ©sultats des entreprises (graphique), en particulier l’an dernier.

Evolution de l’indice S&P 500 et des profits des entreprises amĂ©ricaines

S&P 500 EPS

Source: S&P, Morningstar

Post-pandĂ©mie de COVID-19, ces derniers ont bondi de 37%, profitant de la bonne dynamique de secteurs importants de l’économie amĂ©ricaine (technologie, santĂ©) sur fond de reprise cyclique et de politiques monĂ©taire et fiscale accommodantes.

L’an dernier, cette croissance des rĂ©sultats a Ă©tĂ© contrebalancĂ©e par un repli de 7% du multiple de valorisation des actions amĂ©ricaines, qui se traitent 21x les bĂ©nĂ©fices attendus par le consensus sur les 12 prochains mois selon Factset.

Mais dans un contexte de remontĂ©e probable des taux, en raison de la fin prochaine de la politique monĂ©taire accommodante de la Fed, et de craintes sur les marges (inflation des matiĂšres premiĂšres et des salaires) sur fond de ralentissement Ă©conomique, les entreprises amĂ©ricaines seront-elles en mesure d’afficher Ă  nouveau une croissance Ă  deux chiffres de leurs rĂ©sultats qui contrecarerait au moins en partie une possible contraction des multiples de valorisation ?

C’est bien l’épineux sujet que les investisseurs vont devoir dĂ©mĂȘler en ce dĂ©but d’annĂ©e, et ils auront fort Ă  faire.

Le premier semestre 2022 devrait en effet voir une croissance rapide des rĂ©sultats, mais la second partie de l’annĂ©e sera pĂ©nalisĂ©e par un effet de base dĂ©favorable.

Dans un tel contexte, il semble logique de s’attendre Ă  plus de volatilitĂ© pour les marchĂ©s actions, amĂ©ricain et mondiaux.

La performance des actions amĂ©ricaines dĂ©pendra aussi du contexte macro-Ă©conomique, de l’ampleur du ralentissement avec une croissance rĂ©elle amĂ©ricaine attendue autour de 4% et l’incertitude sur la dynamique de l’inflation qui pourrait conduire la Fed Ă  prendre rĂ©solument le chemin de la normalisation de sa politique monĂ©taire (ce qui serait nĂ©gatif pour les actions) ou au contraire la temporiser en cas de ralentissement plus marquĂ© que prĂ©vu (mais est-il vraiment envisageable quand les indicateurs avancĂ©s sont toujours plutĂŽt bien orientĂ© et que le chĂŽmage est au plus bas ?).

Un tel contexte plaide plutĂŽt pour la recherche de titres de qualitĂ©, c’est-Ă -dire disposant d’un rempart concurrentiel moyen ou Ă©tendu et surtout de faire particuliĂšrement attention aux niveaux de valorisation.

Sur l’ensemble des actions amĂ©ricaines disposant d’un rempart concurrentiel moyen ou Ă©tendu suivies par les analystes de Morningstar, 118 sont dĂ©cotĂ©es par rapport Ă  leur estimation de juste valeur.

Au niveau global (plus de 1.500 entreprises suivies), 261 sont des entreprises de qualité et se traitant en-deçà de leur valeur intrinsÚque.

AnalysePerspectives 2022 : Taux, l’inflation et rien d’autreUne remontĂ©e des taux longs semble inĂ©luctable, sur fond de tensions inflationnistes et de poursuite de la reprise Ă©conomique.
Jocelyn JovĂšne04.01.2022FacebookTwitterLinkedInFont-Size
fed

2021 a Ă©tĂ© une annĂ©e difficile pour les dĂ©tenteurs d’obligations. Les marchĂ©s obligataires ont terminĂ© l’annĂ©e dans le rouge, pour la premiĂšre fois depuis quelques temps.

Cette baisse est liée à la fois à une reprise économique forte, au recul du risque lié au coronavirus, mais également la conséquence de la remontée du risque inflationniste et au potentiel retrait des mesures de politique monétaire accommodantes.

Le scĂ©nario de 2022 dĂ©pendra de l’évolution de l’inflation et de la maniĂšre dont les banques centrales dĂ©cideront d’y rĂ©pondre.

Les Ă©lĂ©ments macro-Ă©conomiques seront donc dĂ©terminants : Ă©volution de la croissance Ă©conomique, rythme de rĂ©duction du dĂ©sĂ©quilibre offre-demande, Ă©volution des marchĂ©s de l’emploi et du chĂŽmage et vigueur de la reprise de la demande au moment oĂč les politiques fiscales devraient devenir moins expansionnistes.

Et bien Ă©videmment, l’évolution du taux d’inflation dans les diffĂ©rentes rĂ©gions du monde sera un point focal de l’attention des marchĂ©s.

En ce dĂ©but d’annĂ©e, la question reste de savoir si les Ă©lĂ©ments qui ont prĂ©sidĂ© Ă  l’envolĂ©e des taux d’inflation en 2021 vont se rĂ©sorber, et Ă  quel rythme.

2022 sera donc l’annĂ©e oĂč les banques centrales « normaliseront » leur politique, c’est-Ă -dire Ă  arrĂȘteront progressivement leurs programmes d’achats d’actifs, avant de remonter leurs taux directeurs Ă  partir de fin 2022 ou dĂ©but 2023 (encore une fois Ă  des rythmes diffĂ©rents selon les rĂ©gions).

Dans ce contexte, il semble donc logique d’anticiper une remontĂ©e des taux d’intĂ©rĂȘt. Reste Ă  savoir comment les diffĂ©rents niveaux de la courbe des taux vont Ă©voluer (lĂ  encore avec des diffĂ©rences d’une rĂ©gion Ă  l’autre).

Lorsqu’une Ă©conomie est engagĂ©e dans un cycle de resserrement monĂ©taire, la courbe des taux tend Ă  s’aplatir (l’écart entre taux longs et taux courts se rĂ©duit).

A l’inverse, lorsque la perspective d’une remontĂ©e des taux est lointaine, la courbe tend plutĂŽt Ă  se pentifier (les taux courts Ă©voluant peu tandis que les taux longs remontent).

Ceci conduit Ă  privilĂ©gier des positionnements diffĂ©rents pour ne pas avoir un portefeuille trop sensible Ă  l’évolution des taux d’intĂ©rĂȘt (ce que l’on appelle la duration).

Par ailleurs, il est probable que les investisseurs privilĂ©gieront comme en 2021 les obligations indexĂ©es sur l’inflation. La catĂ©gorie est l’une des rares Ă  avoir progressĂ© l’an dernier.

Marchés obligataires en Europe

bonds eur

Source : Morningstad Direct, données au 31/12/2021

Le fait que les taux longs remontent n’est pas forcĂ©ment une mauvaise chose, mĂȘme si cela sera sĂ»rement une mauvaise nouvelle pour les gouvernements confrontĂ©s Ă  des dĂ©ficits publics significatifs et qui n’ont pas financĂ© de politiques d’investissement de long terme (pour prĂ©parer la transition Ă©cologique ou amĂ©liorer leurs perspectives de croissance ne misant sur la santĂ©/natalitĂ©, l’innovation et l’éducation).

C’est davantage le rythme de cette remontĂ©e et de la maniĂšre dont les marchĂ©s vont digĂ©rer le retrait progressif des liquiditĂ©s qui jouera sans doute un rĂŽle dĂ©terminant pour les marchĂ©s de taux.

Pour l’heure, les taux longs sont encore Ă  des niveaux historiquement bas, ce qui est une aubaine pour les autres classes d’actifs, Ă  commencer par les actions et le crĂ©dit.

Mais cette situation n’est pas appelĂ©e Ă  durer et les investisseurs devraient commencer Ă  prendre leurs dispositions.

Volatilité des marchés : que faire ?Réponse : la plupart du temps, rien et surtout rester calme.
Jocelyn JovĂšne17.01.2022Font-Size
trader

Les minutes de la Fed publiées il y a quelques jours ont provoqué un regain de nervosité sur les marchés.

Depuis le dĂ©but de l’annĂ©e, les indices de volatilitĂ© (le plus connu Ă©tant le VIX) ont bondi de 11%, tandis que les marchĂ©s actions reculaient de 2%, tout comme les marchĂ©s obligataires, confrontĂ©s Ă  une remontĂ©e sensible des taux courts et longs (une vingtaine de points de base).

Cette remontĂ©e des taux a provoquĂ© un dĂ©but de rotation sectorielle, qui pĂ©nalise les valeurs chĂšrement valorisĂ©es (luxe, technologie) et bĂ©nĂ©ficiĂ© aux titres « value ». Ainsi l’indice MSCI Europe Growth recule de 6,2% depuis le 1er janvier quand l’indice MSCI Europe Value gagne 4,6%.

La raison de ce regain de volatilitĂ© est la mĂȘme que l’an dernier : l’inflation rampante et la maniĂšre dont les banques centrales vont resserrer leur politique monĂ©taire pour la contrecarrer sans casser la reprise Ă©conomique.

Les investisseurs doivent-ils rĂ©agir Ă  ce type d’évĂ©nements ? Pas le moins du monde.

La volatilitĂ© est une caractĂ©ristique inhĂ©rente aux marchĂ©s financiers, fruit de la psychologie changeante des investisseurs. C’est un sujet rĂ©current traitĂ© sur ce site.

Or face Ă  la volatilitĂ©, l’investisseur n’est pas dĂ©muni (vous pouvez par exemple lire cet article trĂšs Ă©clairant de 2018 ou celui-ci sur la gestion du stress).

La prĂ©sente situation n’est pas diffĂ©rente.

L’investisseur doit prendre du recul, s’attacher Ă  l’analyse des fondamentaux de ses investissements et considĂ©rer leur valorisation.

Et il ne doit jamais oublier qu’un regain de volatilitĂ© doit toujours ĂȘtre vu comme une opportunitĂ© d’acquĂ©rir des actifs Ă  bon compte, plutĂŽt que comme une augmentation du risque sur les marchĂ©s.

Certes, le retour de l’inflation est une rĂ©alitĂ© et les niveaux de valorisation sont Ă©levĂ©s, comme nous l’évoquions en dĂ©but d’annĂ©e.

Mais, dans un tel contexte, il faut se montrer vigilant plutĂŽt que prudent et faire preuve de discernement : privilĂ©gier les actifs de qualitĂ© (ou les stratĂ©gies de qualitĂ© si l’on s’intĂ©resse Ă  des fonds), autrement dit des titres disposant d’un rempart concurrentiel moyen ou Ă©tendu (voici un exemple pour le marchĂ© français) ou des fonds notĂ©s positivement par la recherche Morningstar.

Le potentiel sur les actions européennes est de 20% à 25% se
Alexandre Baradez , stratĂ©giste d’IG France.

Le stratĂ©giste d’IG France pense que la phase de correction devrait ĂȘtre de courte durĂ©e, avant un retour vers de nouveaux sommets.
Alexandre Baradez, stratĂ©giste d’IG France, constate que les actifs les plus Ă  risque aux États-Unis sont en forte baisse : cryptomonnaies, IPO (introductions en Bourse), SPAC (coquilles vides), sociĂ©tĂ©s de technologies non rentables, meme stocks (titres manipulĂ©s par les rĂ©seaux sociaux), etc.

Selon lui, la correction reste ordonnĂ©e pour l’instant sur le Nasdaq 100. Une baisse de plus grande ampleur reste toutefois possible Ă  court terme, de l’ordre de 15% Ă  20% sur les plus hauts, avec un repli potentiel vers 13.600 points.

Signe de fragilitĂ© : le nombre de valeurs Ă©voluant au-dessus de leur moyenne mobile Ă  100 jours a diminuĂ© avec le dernier mouvement de hausse survenu en fin d’annĂ©e.

En Europe, une forte rotation sectorielle au sein de l’indice europĂ©en Stoxx 600 a eu lieu durant les trois premiĂšres semaines de l’annĂ©e.

Les matiĂšres premiĂšres et l’automobile recherchĂ©es
Les valeurs pĂ©troliĂšres, les banques, les matiĂšres premiĂšres, l’automobile se sont distinguĂ©es, tandis que les valeurs de technologie et les biens de consommation dont le luxe ont chutĂ©.

Le programme de normalisation de la politique monĂ©taire aux États-Unis et la remontĂ©e des taux rĂ©els (taux nominaux moins inflation anticipĂ©e) expliquent la dĂ©saffection des investisseurs sur les valeurs de croissance.

Le rendement Ă  dix ans de la dette publique amĂ©ricaine est ainsi remontĂ© jusqu’à 1,90%, effaçant le trou d’air provoquĂ© par l’arrivĂ©e du virus.

En Allemagne, le rendement du bund Ă  dix ans est un moment repassĂ© au-dessus de 0% et l’écart de rendement entre l’Italie et l’Allemagne a grandi, mĂȘme s’il est encore trĂšs loin des sommets du passĂ©. La hausse de l’énergie et des matiĂšres premiĂšres explique en grande partie la remontĂ©e des taux longs en zone euro.

Recul de l’effet TINA
Cette hausse des taux rĂ©els (encore nĂ©gatifs) affaiblit l’effet «TINA» (there is no alternative) favorable aux actions. D’autant que l’indice de surprise Ă©conomique redescend aux États-Unis, ce qui n’est pas le cas en Europe oĂč l’activitĂ© reste bien orientĂ©e.

Mais les actions européennes sont pénalisées par la congestion des ports chinois, aggravée par la crise sanitaire et la politique «zéro covid» menée dans le pays.

Le stratĂšge d’IG France ne croit pourtant pas Ă  un retournement durablement nĂ©gatif sur les marchĂ©s. Les autoritĂ©s chinoises rĂ©injectent des liquiditĂ©s, ce qui devrait soutenir l’activitĂ© aprĂšs les jeux olympiques.

Selon lui, le risque de baisse sur le CAC 40 devient plus limitĂ© en-dessous du prĂ©cĂ©dent record de septembre 2000 Ă  6.940 points. AprĂšs la purge actuelle, le CAC 40 devrait ensuite aller plus haut, tout comme l’Eurostoxx 50 qui Ă©volue encore loin de son plus haut de l’an 2000.

Alexandre Baradez envisage ensuite un potentiel d’apprĂ©ciation de 20% Ă  25% d’ici deux ou trois ans.

Le Dax ne rend pas les gains
Le Dax allemand est aussi bien orienté, il «ne rend pas les gains» ce qui est un signe de force. Le risque de baisse est limité selon lui, alors que les ratios de valorisation paraissent trÚs raisonnables (PER estimé à 15 fois, contre 32 pour le Nasdaq).

Selon l’expert, les Bourses Ă©mergentes pĂ©nalisĂ©es par la hausse du dollar pourraient Ă©galement sortir par le haut d’un biseau descendant en place depuis un an.

L’euro devrait remonter vers 1,15/1,20 dollar, le pĂ©trole pourrait retrouver le niveau des 100 dollars mais des pressions politiques seront fortes pour l’éviter.

Enfin, le cours de l’or Ă©volue pour l’instant Ă  l’horizontal, confortant un possible retour Ă  moyen terme dans la zone des 2.000/2.100 dollars l’onc

Faut-il avoir peur d’un krach ? »
TENDANCE AVIS D’EXPERT0
Tribune de Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Epargne.

Il y a deux ans, le cours des actions chutait sur toutes les places financiĂšres avec l’annonce de la diffusion Ă  toute la planĂšte de l’épidĂ©mie de covid-19. En quelques jours, l’économie mondiale allait faire un arrĂȘt sur image. Les interventions des banques centrales et des gouvernements ont enrayĂ© le mouvement de chute. S’en est suivie une « remontada Â». MalgrĂ© quelques secousses comme l’affaire GameStop et les montagnes russes du bitcoin, les marchĂ©s ont rĂ©sistĂ© aux diffĂ©rentes vagues de covid et poursuivi leur essor sur fond d’injection de liquiditĂ©s et de taux bas. Le S&P500 a battu Ă  70 reprises son record en 2021, il faut remonter Ă  1995 pour trouver une annĂ©e encore plus faste en la matiĂšre.

Volatilité accrue
Quelques fissures apparaissent depuis le dĂ©but de l’annĂ©e. Une lĂ©gĂšre correction aux États-Unis est survenue sur fond de volatilitĂ© accrue. Robert Shiller de l’UniversitĂ© de Yale, qui a obtenu le prix Nobel d’Économie pour ses travaux sur les bulles financiĂšres, considĂšre que la situation actuelle n’est pas sans ressemblance avec la pĂ©riode qui avait prĂ©cĂ©dĂ© la crise de 1929. Les investisseurs estiment que les marchĂ©s sont surĂ©valuĂ©s mais ils ne souhaitent pas en sortir de crainte d’ĂȘtre perdants. L’action moyenne du S&P500 coĂ»tait 40 fois ses bĂ©nĂ©fices dĂ©but janvier, tels que mesurĂ©s par le ratio cours/bĂ©nĂ©fices, un niveau qui n’a Ă©tĂ© dĂ©passĂ© qu’avant l’éclatement de la bulle Internet de 2000. La valorisation des actions est alimentĂ©e par le flux abondant de liquiditĂ©s que les politiques monĂ©taires accommodantes ont gĂ©nĂ©rĂ©es. Cette liquiditĂ© nourrit Ă©galement les levĂ©es de fonds pour les fonds de capital-risque, la spĂ©culation sur les cryptoactifs et l’augmentation des prix de l’immobilier qui, aux États-Unis, ont progressĂ© de 29% depuis le dĂ©but de la crise sanitaire et de plus de 10% au sein de l’Union europĂ©enne.

Les consĂ©quences de l’augmentation des liquiditĂ©s
Face Ă  l’inflation renaissante qui est Ă©galement une consĂ©quence de l’augmentation des liquiditĂ©s, les banques centrales entendent sortir des politiques monĂ©taires expansionnistes en supprimant les rachats d’obligations et en augmentant leurs taux directeurs. La banque centrale amĂ©ricaine, qui initialement ne devait relever en 2022 qu’une seule fois ses taux, pourrait finalement le faire trois, quatre voire cinq fois. La Banque centrale europĂ©enne qui n’avait prĂ©vu d’augmenter ses taux qu’en 2023 voire en 2024 pourrait Ă©galement le faire dĂšs 2022. Comment ce retournement de tendance sera-t-il vĂ©cu par les marchĂ©s ? Quelles seront les consĂ©quences, notamment aux États-Unis, de moindres gains sur les marchĂ©s actions ? Selon Sir Jon Cunliffe, sous-gouverneur de la Banque d’Angleterre, « les marchĂ©s doivent pouvoir corriger, et certaines personnes perdront de l’argent. C’est une partie nĂ©cessaire et logique du processus ». Pour plusieurs acteurs, les marchĂ©s n’ont rĂ©ellement connu de correction depuis de nombreuses annĂ©es, celle de mars 2020 ayant Ă©tĂ© Ă©phĂ©mĂšre et provoquĂ©e par un choc extĂ©rieur. Ce dernier n’a pas corrigĂ© les dĂ©sĂ©quilibres créés par la politique monĂ©taire. Le dernier krach causĂ© par les risques financiers endogĂšnes a Ă©tĂ© celui de la crise financiĂšre mondiale. Depuis lors, le systĂšme financier a traversĂ© une pĂ©riode de changements technologiques et rĂ©glementaires inhabituellement rapides qui ont fondamentalement modifiĂ© sa structure.

Profil des dĂ©tenteurs d’actions
Les dĂ©tenteurs d’actions ont changĂ© lors de ces dix derniĂšres annĂ©es. Le poids des banques et des assureurs, du fait des rĂšgles prudentielles, a reculĂ© au profit d’institutions financiĂšres spĂ©cialisĂ©es dans la gestion d’actifs pour le compte de tiers (fonds de pension, gestionnaires d’actifs comme BlackRock, etc.). Ces institutions gĂšrent un stock d’actions bien plus important que celui des banques. Aux États-Unis, en 2007, 80% des actions Ă©taient inscrites en valeur dans les banques, en 2021, ce ratio est infĂ©rieur Ă  50%.

Aux États-Unis, un peu moins en Europe, les mĂ©nages ont acquis ces dix derniĂšres annĂ©es un volume Ă©levĂ© d’actions. Le poids de ces derniĂšres au sein du patrimoine des AmĂ©ricains est passĂ© de 15% Ă  27% de 1990 Ă  2021. Les mĂ©nages utilisent de plus en plus les applications de courtage en ligne pour acheter et vendre des actions via leur smartphone. Cette pratique n’est pas sans risque sachant que les gestionnaires d’actifs en ligne ne disposent pas des mĂȘmes filets de sĂ©curitĂ© que les banques qui doivent recourir Ă  des assurances pour les dĂ©pĂŽts et qui disposent du soutien de la banque centrale.

Risques de correction
En 2022, les fonds d’investissement sont plus exposĂ©s aux États-Unis en cas de retournement des marchĂ©s actions en raison de changements technologiques et rĂ©glementaires. Ils disposent d’un volume plus faible de titres du TrĂ©sor ou d’obligations. Les banques pourraient avoir plus de difficultĂ©s Ă  sauver des fonds en difficultĂ© en 2022 qu’en 2007. Il y a dix ou vingt ans, si une banque avait un client qui ne pouvait pas faire d’appel de marge, la banque pouvait acheter cette position et l’absorber dans son bilan. Les banques ne disposent plus des mĂȘmes facilitĂ©s. La baisse de la capacitĂ© d’intermĂ©diation s’est accompagnĂ©e du dĂ©veloppement des « Exchange Traded Funds Â» (ETF) qui sont des fonds indiciels. Ces fonds qui rĂ©pliquent des indices connaissent un succĂšs croissant avec un encours qui dĂ©passe dĂ©sormais 7.900 milliards de dollars Ă  l’échelle mondiale et qui a Ă©tĂ© multipliĂ© par cinq en moins de 10 ans. Avec les ETF, les particuliers accĂšdent facilement Ă  des tranches d’obligations ou d’actions. Certains des ETF Ă  revenu fixe proposĂ©s aux particuliers par BlackRock peuvent contenir plus de 8.000 obligations diffĂ©rentes. Des problĂšmes peuvent survenir en pĂ©riode de stress boursiers. Les ETF se nĂ©gocient beaucoup plus frĂ©quemment que les obligations qui les composent.

En mars 2020, alors que la volatilitĂ© secouait les marchĂ©s, le plus grand ETF d’obligations d’entreprise de qualitĂ© supĂ©rieure de BlackRock s’échangeait 90.000 fois par jour, tandis que les cinq principaux titres du fonds ne s’échangeaient que 37 fois. Certains soutiennent que cela rend les prix des obligations plus prĂ©cis. Cela peut Ă©galement rĂ©vĂ©ler Ă  quel point les prix sont volatils en pĂ©riode de stress et pourraient favoriser un krach. Les fonds obligataires des marchĂ©s Ă©mergents constituent un autre point Ă  surveiller. Ces marchĂ©s sont fragiles, sensibles aux variations de taux et de change. Une hausse des taux amĂ©ricains peut mettre en difficultĂ© de nombreux pays Ă©mergents et crĂ©er une onde choc pour les fonds.

Mécanismes de compensation
Depuis la crise financiĂšre de 2008, les rĂ©gulateurs ont accru leur rĂŽle. Face au blocage des marchĂ©s interbancaires, ils ont repris Ă  leur charge certaines des missions qui Ă©taient initialement dĂ©volues aux premiers. Ils ont ainsi favorisĂ© l’émergence d’importantes chambres de compensation qui ont dans les faits rĂ©duit le rĂŽle des banques. Cette sĂ©curitĂ© peut diminuer le degrĂ© de vigilance de la part des banques et des autoritĂ©s. Le « shadow banking Â» est l’objet d’attention sans pour autant faire l’objet d’une surveillance identique Ă  celle qui est en vigueur pour les banques ou les assureurs. Des institutions publiques centralisĂ©es prennent en partie le risque d’intermĂ©diation. Si l’endettement a diminuĂ© dans les banques, il a, en revanche, augmentĂ© chez d’autres institutions financiĂšres qui sont moins contrĂŽlĂ©es ou qui n’accĂšdent pas aux mĂ©canismes de compensation. Cela peut concerner les assureurs, les fonds de capital-risque, les family office, etc.

Les rĂ©gulateurs et les banques centrales en premier lieu Ă©prouvent des difficultĂ©s Ă  apprĂ©cier les effets de la dĂ©sintermĂ©diation. En 2019, au moment oĂč la Fed rĂ©duisait ses avoirs en bons du TrĂ©sor, les taux d’intĂ©rĂȘt sur le marchĂ© des rachats au jour le jour, oĂč les banques et les investisseurs Ă©changent des bons du TrĂ©sor contre des espĂšces, ont montĂ© de maniĂšre brutale jusqu’à 10% obligeant la banque centrale Ă  rĂ©injecter des liquiditĂ©s de maniĂšre importante. En mars 2020, le marchĂ© du TrĂ©sor a connu des tensions quand de nombreux investisseurs ont tentĂ© de se dĂ©charger de leurs obligations en mĂȘme temps. Selon Mohamed El-Erian, conseiller Ă©conomique en chef chez Allianz, les problĂšmes de liquiditĂ© peuvent se produire Ă  tout moment et avoir des effets sur les indices de maniĂšre importante comme l’a prouvĂ© l’affaire GameStop qui a provoquĂ© une chute de 5% du S&P500, car les fonds spĂ©culatifs avec des positions courtes ouvertes ont Ă©tĂ© contraints de dĂ©sendetter leurs portefeuilles. Le systĂšme de compensation a imposĂ© des appels de capitaux si Ă©levĂ©s aux courtiers comme Robinhood qu’ils ont Ă©tĂ© contraints de suspendre leurs Ă©changes, mettant fin Ă  la chute des cours. S’ils avaient Ă©tĂ© autorisĂ©s Ă  continuer, il aurait pu mettre en faillite suffisamment de fonds et les empĂȘcher de livrer suffisamment d’actions GameStop, de sorte que les maisons de courtage au dĂ©tail auraient Ă©tĂ© obligĂ©es d’acheter les actions requises Ă  n’importe quel prix. Selon El Erian, la propriĂ©tĂ© des titres s’est considĂ©rablement Ă©largie. « C’est logiquement une bonne nouvelle pour la vitalitĂ© des marchĂ©s et pour leur profondeur mais Ă  court terme, cela pourrait amplifier l’insĂ©curitĂ© financiĂšre ».

Retour Ă  la normale ?
Les marchĂ©s actions entrent dans une nouvelle pĂ©riode Ă  dĂ©faut d’entrer dans un nouveau cycle. Avec les hausses de taux d’intĂ©rĂȘt annoncĂ©es par les banques centrales, la volatilitĂ© devrait s’accroĂźtre. Les banques centrales devraient nĂ©anmoins ĂȘtre prudentes dans le relĂšvement des taux compte tenu du niveau historiquement Ă©levĂ© des dettes publiques et de la grande sensibilitĂ© de l’économie Ă  ces derniers. Elles souhaiteront Ă©viter, aprĂšs la crise sanitaire, la survenue d’une crise financiĂšre. A dĂ©faut d’une correction sĂ©vĂšre, les Ă©pargnants devront sans nul doute ĂȘtre plus sĂ©lectif, plus mobile vis-Ă -vis des actions que ces derniĂšres annĂ©es. C’est peut ĂȘtre le signe d’un retour Ă  la normale.

LE PARCOURS DE PHILIPPE CREVEL
Directeur, Cercle de l’Epargne

Ancien chargĂ© de mission ministĂ©riel, Philippe Crevel a Ă©tĂ© conseiller Ă©conomique et fiscal de 1991 Ă  1998 pour le groupe UDF Ă  l’AssemblĂ©e nationale. Conseiller auprĂšs de l’ancien prĂ©sident de la Caisse des DĂ©pĂŽts, Philippe Auberger, de 2002 Ă  2003, puis de l’ex-ministre de la SantĂ© Jean-François Mattei de 2003 Ă  2004, Philippe Crevel est entrĂ© chez Generali oĂč il a conseillĂ© la direction gĂ©nĂ©rale du groupe, en charge du dĂ©veloppement des produits d’épargne retraite, de la stratĂ©gie dĂ©veloppement durable et des relations institutionnelles, jusqu’en 2014.

Chroniqueur, membre de la Commission des Ă©pargnants de l’AMF et fondateur de la sociĂ©tĂ© d’études et de stratĂ©gies Ă©conomiques Lorello Ecodata, Philippe Crevel dirige aujourd’hui le Cercle de l’Epargne. Ce cabinet d’études rĂ©alise des Ă©tudes sur l’épargne et la retraite avec l’appui d’experts au profil variĂ© (sociologues, Ă©conomistes, juristes, journalistes, dĂ©mographes, spĂ©cialistes de l’opinion et du marketing).

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 Comment protéger votre épargne de la guerre en Ukraine
La guerre en Ukraine secoue les marchés financiers. Quels sont les risques pour votre épargne et comment réagir ? Décryptage.
Jour 7. Alors que l’offensive russe se poursuit en Ukraine, les pays occidentaux multiplient les sanctions Ă©conomiques Ă  l’encontre du Kremlin. Les rĂ©sultats ne se sont pas fait attendre. Au bout de 5 jours suite au dĂ©but des hostilitĂ©s, le rouble a plongĂ© de 27%, atteignant 119,5 roubles pour un dollar, son plus bas historique. Et, pour Ă©viter le pire, la Bourse de Moscou n’a pas ouvert ses portes lundi.

Mais l’économie russe pourrait ne pas ĂȘtre la seule Ă  souffrir de ce conflit. Les rĂ©percussions sur les marchĂ©s financiers internationaux se font sentir. Alors faut-il tout vendre avant qu’il ne soit trop tard, rĂ©allouer votre Ă©pargne vers des supports plus sĂ©curisĂ©s, ou simplement prendre votre mal en patience ?

Bourse : « ne pas céder à la panique »
AprĂšs un net recul jeudi dernier (-3,83%), suivi d’un rebond vendredi (+3,5%), le CAC40 clĂŽture Ă  6 396,49 points ce lundi, en baisse de 3,94%. Certaines valeurs ont particuliĂšrement souffert, Ă  l’image du constructeur automobile Renault (-11,23%), engagĂ© en Russie via sa filiale Avtovaz, ou d’Engie (-13,19%). A l’inverse, les valeurs liĂ©es Ă  la dĂ©fense et Ă  l’armement se sont envolĂ© en dĂ©but de semaine : +11,87% pour ThalĂšs et +7,87% pour Dassault Aviation.

Pas de quoi craindre un nouveau krach pour autant. « On assiste Ă  une rĂ©action Ă©pidermique des marchĂ©s financiers, qui corrigent de façon compulsive », estime Philippe Crevel, Ă©conomiste et directeur du Cercle de l’Epargne. Pour lui, « au-delĂ  de l’effet de surprise, les consĂ©quences de cette crise ne doivent pas ĂȘtre exagĂ©rĂ©es ».

D’autant que, dans l’immĂ©diat, les entreprises françaises semblent peu impactĂ©es. « Si 35 entreprises françaises du CAC 40 ont des filiales en Russie, ces derniĂšres comptent, en rĂšgle gĂ©nĂ©rale, pour moins de 5% de leur chiffre d’affaires total », explique Philippe Crevel. « La Russie comme l’Ukraine sont des clients marginaux pour les pays de la zone euro en ce qui concerne les Ă©changes, reprĂ©sentant 1 Ă  3% des Ă©changes ».

« A court terme, la flambée du prix des matiÚres premiÚres constitue le principal facteur de risque », relÚve Karl Toussaint du Wast, cofondateur de Netinvestissement. Le baril de pétrole a en effet vu son prix repasser au dessus de 100 dollars pour la premiÚre fois depuis 2014.

Essence, gaz, électricité : 40 euros de plus chaque mois à cause de la flambée des prix

« Si le conflit venait Ă  s’éterniser, il pourrait avoir des consĂ©quences profondes pour l’économie europĂ©enne. Mais pour le moment les marchĂ©s surrĂ©agissent », poursuit Karl Toussaint du Wast. En rĂ©sumĂ© : ne pas cĂ©der Ă  la panique. Prenez le temps de la rĂ©flexion avant de vendre. Les plus aventureux pourraient mĂȘme profiter de ce creux pour renforcer leurs positions. « Les acheteurs profitent de chaque incursion sous 36 euros pour recharger », observe ainsi Nicolas ChĂ©ron, stratĂ©giste pour Zonebourse, dans un tweet au sujet de la Française des Jeux (FDJ).

Assurance vie : « attention à ne pas figer vos pertes »
MĂȘme son de cloche pour l’assurance vie. Si vous avez un contrat investi en partie sur des unitĂ©s de compte (UC), qui prĂ©sentent un risque de perte en capital, il peut ĂȘtre tentant, en pĂ©riode de crise, de rĂ©aliser des arbitrages en faveur des fonds en euros.

Mais attention, prĂ©vient Gilles Belloir, directeur gĂ©nĂ©ral de Placement-direct. « Arbitrer sur des supports plus sĂ©curisĂ©s en pĂ©riode de panique revient Ă  figer vos pertes. Cela peut se justifier si vous souhaitez sauvegarder votre capital pour mener Ă  bien un projet Ă  court terme ». Mais si vous n’avez pas besoin de l’argent dans l’immĂ©diat et que votre allocation est en cohĂ©rence avec votre horizon d’investissement, « mieux vaut faire le dos rond et patienter jusqu’à ce que les cours remontent », conclut l’expert.

Assurance vie : pourquoi la fiscalité de vos gains est désormais si avantageuse

Argent liquide : « il n’y a aucun danger »
C’est souvent le premier rĂ©flexe des consommateurs. En situation de crise, on anticipe le pire, et on dĂ©cide par prĂ©caution de retirer quelques billets au distributeur le plus proche. Un matelas de cash destinĂ© Ă  se prĂ©munir d’un scĂ©nario du pire. Mais dans un systĂšme basĂ© sur la confiance, ce geste d’apparence anodine peut s’avĂ©rer lourd de consĂ©quences.

La filiale europĂ©enne de la Sberbank, l’une des principales banques russes, en a fait l’amĂšre expĂ©rience. FragilisĂ©e par les sanctions internationales et des retraits d’argent « significatifs », l’établissement serait actuellement en « faillite ou faillite probable », d’aprĂšs la Banque centrale europĂ©enne (BCE).

Les banques françaises pĂątissent Ă©galement de la crise. Le CrĂ©dit Agricole affichait ce mardi un recul de 7,76%, tandis que BNP Paribas cĂšde 6,81%. SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale, exposĂ©e Ă  hauteur de 18 milliards d’euros en raison de son implantation en Russie via sa filiale Rosbank, perd 9,36%. Alors faut-il vous prĂ©cipiter vers le distributeur de billets le plus proche ?

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 Pourquoi ma banque dévisse en bourse

« Il n’y a aucun danger. Les banques françaises ont peu de positions stratĂ©giques en Russie et, malgrĂ© une lĂ©gĂšre correction des cours, leur solvabilitĂ© n’est absolument pas menacĂ©e », rĂ©pond Karl Toussaint du Wast.

Pour rassurer les ressortissants de l’Union europĂ©enne, la BCE s’est d’ailleurs engagĂ©e Ă  veiller « au bon fonctionnement des conditions de liquiditĂ© et Ă  l’accĂšs des citoyens aux liquiditĂ©s ». L’institution s’est Ă©galement dite prĂȘte Ă  « prendre toutes les mesures nĂ©cessaires » pour « garantir la stabilitĂ© des prix et la stabilitĂ© financiĂšre dans la zone euro ».

Cryptomonnaies : « une porte de sortie pour la Russie »
Pour finir, faut-il miser sur le bitcoin en temps de crise ? Souvent comparĂ© Ă  de l’or numĂ©rique, le statut de valeur refuge du bitcoin a Ă©tĂ© mis Ă  mal Ă  plusieurs reprises au cours des derniers mois. Pour preuve : le bitcoin a chutĂ© sous les 35 000 dollars dans la nuit de mercredi Ă  jeudi, atteignant 34 472 dollars Ă  son plus bas. Mais la reine des cryptomonnaies n’a toutefois pas tardĂ© Ă  se ressaisir et son cours a fortement augmentĂ© ce lundi pour se stabiliser autour de 43 400 dollars. Une hausse qui pourrait se poursuivre, selon certains experts. « Les sanctions Ă©conomiques sont prononcĂ©es par les Etats, mais dans les faits, ce sont les banques qui se chargent de veiller Ă  leur exĂ©cution. La finance dĂ©centralisĂ©e (DeFi) et les cryptomonnaies offrent Ă  la Russie une porte de sortie pour contourner les sanctions », estime Karl Toussaint du Wast.

La prudence reste toutefois de mise pour les investisseurs. « La Russie et l’Ukraine Ă©taient des zones de minage de cryptomonnaies importantes mĂȘme si les autoritĂ©s russes avaient officiellement indiquĂ© ne plus vouloir miner. Cette situation ne peut que renforcer la volatilitĂ© dĂ©jĂ  extrĂȘme de ce marchĂ© », prĂ©vient Philippe Crevel.

Invesco - Perspectives 2022 sur les actions européennes
LES NEWS 17 DÉCEMBRE 2021
A retenir :

‱ Changement de rĂ©gime en vue Le modĂšle faible croissance/faible taux d’inflation de la derniĂšre dĂ©cennie s’éloigne progressivement.

‱ Croissance bĂ©nĂ©ficiaire au-dessus de la moyenne Bien que l’on puisse difficilement soutenir que les marchĂ©s actions europĂ©ens se portent Ă  merveille, la marche de progression des rĂ©sultats est rĂ©elle.

‱ Moteurs des rendements futurs Les changements climatiques, la numĂ©risation, les inĂ©galitĂ©s devraient ĂȘtre des thĂ©matiques incontournables Ă  l’avenir.

AprÚs une décennie de baisse des taux de rendements obligataires, 2021 a, pour le moins, incité les investisseurs à se demander si une telle situation peut continuer indéfiniment. La relance budgétaire massive conjuguée à une politique monétaire positive est trÚs différente du dosage politique (« policy mix ») en place depuis la crise financiÚre internationale.

Certains investisseurs penseront peut-ĂȘtre qu’il est facile de balayer cela d’un revers de main en l’attribuant Ă  un phĂ©nomĂšne temporaire. Pourtant, de plus en plus d’indices laissent croire que ce nouveau rĂ©gime risque de persister encore un certain temps. Si notre thĂšse est correcte, les rĂ©percussions sur les actions europĂ©ennes, et en particulier les types d’actifs Ă  dĂ©tenir, sont particuliĂšrement significatives.

Au moment d’écrire ces rĂ©flexions annuelles, nous souhaitons revenir sur les perspectives de l’annĂ©e derniĂšre afin de faire le bilan de nos rĂ©ussites et de nos Ă©checs.

Réussites et échecs

Reprise des rĂ©sultats : Ă  l’aube de 2021, nous Ă©tions convaincus que la reprise des rĂ©sultats serait meilleure que ce que nombre d’investisseurs pensaient alors, et que cela serait dĂ©terminant pour l’orientation du marchĂ©. Il en a bien Ă©tĂ© ainsi, la croissance de l’indice europĂ©en bondissant de prĂšs de 20 % soutenue par la soliditĂ© de la reprise Ă©conomique Ă  ce jour.

Les secteurs cycliques ont vu le retour du pouvoir de fixation des prix. Étant donnĂ© le manque de capital d’investissement depuis une dizaine d’annĂ©es, nous nous attendions Ă  ce que les contraintes d’approvisionnement apparaissent plus clairement et Ă  ce qu’elles sous-tendent des hausses de prix, particuliĂšrement dans les secteurs cycliques. Certaines matiĂšres premiĂšres, notamment le pĂ©trole, par exemple, en ont dĂ»ment profitĂ©.

Le budget l’a emportĂ© sur le politique. À notre avis, 2020 a tracĂ© une ligne dans le sable en matiĂšre de dosage politique (« policy mix »). Nous nous attendions Ă  une mouvance vers le domaine budgĂ©taire et c’est en grande partie ce qui s’est produit, l’Europe et les États-Unis en tĂȘte du peloton. En Europe, le dĂ©caissement des fonds de relance europĂ©ens qui ne fait que commencer deviendra beaucoup plus significatif en 2022.

La valeur ajoutĂ©e devrait surperformer la croissance. Au crĂ©puscule d’une annĂ©e 2020 trĂšs difficile, la valeur ajoutĂ©e a mieux performĂ© en 2021, aux prises avec la croissance. Toutefois, le tableau est plus nuancĂ© que cela, la valeur ajoutĂ©e tirant son Ă©pingle du jeu grĂące Ă  la reprise Ă©conomique, tandis que les valeurs dĂ©fensives comme la santĂ© ont sous-performĂ©.

Les services publics devraient surperformer. Vu le bouleversement sismique en faveur de l’objectif de zĂ©ro Ă©mission nette et les valorisations attrayantes, nous pensions que les services publics Ă©taient bien placĂ©s pour traverser 2021. Malheureusement, des craintes inflationnistes ont rendu les investisseurs plus prudents quant aux rĂ©sultats futurs, ce qui a eu des rĂ©percussions sur les cours boursiers.

Les prochaines étapes

L’inquiĂ©tude des investisseurs va croissante quant aux ruptures d’approvisionnement et au taux d’inflation Ă©levĂ©. Les perspectives Ă©conomiques pourraient-elles en ĂȘtre sĂ©rieusement affectĂ©es ?

Le retour Ă  la normale des chaĂźnes d’approvisionnement et des taux de fret prendra du temps, freinĂ© par l’état des carnets de commandes. Selon nous, cela s’explique davantage par un Ă©cart calendaire que par une situation plus ancrĂ©e dans le temps. Sur le front de l’inflation, quelques signes indiquent dĂ©jĂ  que nous avons atteint le sommet, ou que nous en sommes proche, et Ă  moins d’assister Ă  l’augmentation constante des Ă©lĂ©ments les plus instables, le taux d’inflation devrait progressivement baisser pour retrouver des seuils plus faciles Ă  gĂ©rer tout en restant fondamentalement au-dessus des niveaux trĂšs bas observĂ©s avant la crise financiĂšre internationale.

Globalement, les perspectives de croissance du PIB demeurent trĂšs positives. En raison de la nature des confinements, les secteurs des services (restaurants, hĂŽtels, etc.) ont beaucoup plus souffert de la crise que les secteurs manufacturiers lors de la pandĂ©mie. Alors que les Ă©conomies retournent progressivement Ă  la normale, les trĂšs hauts niveaux d’épargne des mĂ©nages engrangĂ©s pendant la pandĂ©mie devraient stimuler fortement les dĂ©penses. Du cĂŽtĂ© du secteur manufacturier, le bas niveau des stocks et le carnet de nouvelles commandes qui connait de hauts niveaux devraient gonfler les seuils d’activitĂ© dĂšs le retour Ă  la normale des chaĂźnes d’approvisionnement. L’investissement devrait aussi en bĂ©nĂ©ficier.

Réflexions clés pour 2022

Croissance bĂ©nĂ©ficiaire au-dessus de la moyenne : en ce qui concerne les chiffres-clĂ©s, le marchĂ© traite prĂšs des moyennes Ă  long terme sur la base PE, par exemple. Par consĂ©quent, il est difficile de prĂ©tendre que les marchĂ©s actions europĂ©ens se portent Ă  merveille, ce qui limite le potentiel des notations plus Ă©levĂ©es. Toutefois, la marche de progression des rĂ©sultats est rĂ©elle (le dĂ©nominateur), les anticipations du consensus Ă©tant actuellement trĂšs conservatrices si le PIB est significativement supĂ©rieur Ă  la croissance tendancielle, ce en quoi nous croyons fermement. Cela est synonyme d’exposition Ă  des titres qui bĂ©nĂ©ficient d’un environnement macroĂ©conomique dans lequel les valorisations demeurent attrayantes et dans lequel la marche de progression des rĂ©sultats existe.

Pressions à la hausse des rendements obligataires : si nos réflexions sont les bonnes, un contexte économique porteur serait également synonyme de pressions à la hausse des rendements obligataires, ce qui constituerait un défi pour les titres de plus long terme.

AmĂ©lioration des CAPEX : les premiers signes du grignotage des faibles niveaux de capital investi sur les approvisionnements, et ce, dans divers secteurs de l’industrie, ont commencĂ© Ă  apparaĂźtre en 2021.

ThĂšmes attendus : plusieurs thĂšmes se sont imposĂ©s sur le devant de la scĂšne cette annĂ©e, comme le changement climatique, la numĂ©risation de l’industrie et la lutte contre les inĂ©galitĂ©s. À ce jour, ils ne constituent pas les moteurs majeurs de la performance, mĂȘme s’ils devraient reprĂ©senter des thĂ©matiques d’investissement importantes Ă  l’avenir et sur lesquelles nous souhaitons capitaliser. Nous continuerons Ă  en discuter en dĂ©tail l’annĂ©e prochaine.

Comme toujours, notre souhait est d’offrir Ă  nos investisseurs le juste Ă©quilibre entre les risques et les rendements. Cela signifie non seulement se concentrer sur les fondamentaux bottom-up, mais aussi capitaliser sur certaines opportunitĂ©s structurelles et conjoncturelles disponibles, ce que, selon nous, nos stratĂ©gies permettent.

Conclusion

Nous disons depuis longtemps que le temps d’un changement de rĂ©gime est venu, qu’il est temps de s’éloigner du modĂšle faible croissance/faible taux d’inflation de la derniĂšre dĂ©cennie. Les politiques budgĂ©taires ont Ă©tĂ© un catalyseur et la situation en 2021 ne fait que renforcer notre opinion selon laquelle des changements sont en cours, et, plus important encore, qu’ils n’en sont qu’à leurs prĂ©mices. Nous nous attendons Ă  un maintien de ces politiques en 2022 et au-delĂ . Dans ce contexte d’investissement, nos stratĂ©gies sont parvenues Ă  un meilleur rĂ©sultat cette annĂ©e et nous pensons que le potentiel de surperformance Ă  l’avenir demeure trĂšs important.

Perspectives 2022 : plus de volatilitĂ© pour les marchĂ©sRemontĂ©e des taux d’intĂ©rĂȘt et incertitude sur la croissance Ă©conomique devrait animer les marchĂ©s.
Jocelyn JovĂšne03.01.2022FacebookTwitterLinkedInFont-Size
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2021 a Ă©tĂ© une annĂ©e positive et plutĂŽt calme pour les marchĂ©s financiers, en particulier pour les actions. L’annĂ©e 2022 devrait ĂȘtre marquĂ©e par un retour de la volatilitĂ©.

Des taux d’intĂ©rĂȘt bas, des niveaux de valorisation Ă©levĂ©s pour les marchĂ©s actions et du crĂ©dit, des pressions sur les marges (inflation, problĂšmes d’approvisionnement), une croissance Ă©conomique et des profits moins soutenue qu’en 2021 et des politiques monĂ©taires plus restrictives crĂ©ent les conditions d’un tel retour.

Les Bourses mondiales ont Ă©tĂ© finalement assez peu sensibles aux annonces d’un durcissement des politiques monĂ©taires.

AprĂšs avoir atteint des plus bas historiques, les taux longs n’ont que lĂ©gĂšrement augmentĂ© (1,5% pour le 10 ans amĂ©ricain) si bien qu’en tenant compte de l’inflation, les grandes Ă©conomies dĂ©veloppĂ©es Ă©voluent dans un contexte de taux rĂ©els nĂ©gatifs.

Pourtant, la croissance est bien lĂ . Et mĂȘme si l’inflation et les sources d’incertitude abondent, les perspectives pour 2022 pointent toujours une poursuite de l’activitĂ© Ă©conomique.

Or, pour les marchés obligataires, tout ceci ne semble que transitoire. Comme le notait Ralf Preusser, stratégiste chez Bank of America, dans une note datée du 21 novembre dernier : « les marchés de taux américains intÚgrent une inflation persistante mais la fin prochaine du cycle de resserrement monétaire. »

Bank of America voit le taux 10 ans amĂ©ricain remonter progressivement vers 2% d’ici la fin de l’annĂ©e.

Le marchĂ© anticipe d’ailleurs une premiĂšre remontĂ©e des taux directeurs de la Fed en juin (avec un taux directeur dans une fourchette de 0,75%-1%).

Ces annonces, tout comme la rĂ©duction du bilan des banques centrales, ont gĂ©nĂ©ralement un effet nĂ©gatif sur les marchĂ©s, comme le tableau suivant rĂ©alisĂ© par les stratĂ©gistes d’Exane, dans une note du 7 dĂ©cembre dernier.

Avec des perspectives de croissance des rĂ©sultats moins fortes qu’en 2021, en raison d’une base de comparaison moins favorable et de risques sur les marges des entreprises, le changement de politique monĂ©taire devrait conduire certains investisseurs Ă  revoir leur allocation.

D’autant que les marchĂ©s actions ne sont pas bon marchĂ©. C’est particuliĂšrement vrai aux Etats-Unis, pays qui est en outre trĂšs sensible aux perspectives d’un secteur en particulier, la technologie.

AprĂšs avoir atteint des niveaux trĂšs bas, les indices de volatilitĂ© se sont un peu animĂ©s en fin d’annĂ©e, mais cela n’a guĂšre durĂ©.

Avec un contexte macro-Ă©conomique et de politique monĂ©taire moins favorable, il n’est pas impossible de voir ces indices de volatilitĂ© remonter progressivement.

Pourraient-ils atteindre des niveaux plus Ă©levĂ©s, traduisant la crainte d’un krach boursier ? Pas nĂ©cessairement, puisque le cycle Ă©conomique est, certes, moins dynamique, mais toujours bien orientĂ©.

Dans un tel contexte, il est probable que les investisseurs cherchent Ă  des dĂ©tenir avant tout des actifs de qualitĂ© ou des valeurs sĂ»res (bons du TrĂ©sor, yen, actifs en dollars) en cas de retour d’une attitude « risk-off ».

Perspectives 2022 : l’Europe en tĂȘte ?La classe d’actifs sera balancĂ©e entre des fondamentaux favorables et l’incertitude sur les taux et l’inflation.
Jocelyn JovĂšne03.01.2022FacebookTwitterLinkedInFont-Size
Europe US

L’Europe pourrait-elle bĂ©nĂ©ficier d’un environnement macro-Ă©conomique plus favorable que les Etats-Unis qui profiterait aux marchĂ©s actions ?

Le continent devrait en effet tirer parti d’une poursuite de la reprise Ă©conomique, mais surtout d’une politique monĂ©taire qui devrait rester accommodante plus longtemps que la politique amĂ©ricaine.

Selon les prĂ©visions du FMI, les pays europĂ©ens devrait afficher des rythmes de croissance rĂ©elle du PIB compris entre 3% (Danemark, Suisse) et 6,4% (Espagne), la France et l’Allemagne croissant de respectivement 3,9% et 4,6%.

Les injections de liquiditĂ©s de la BCE devraient maintenir les taux longs Ă  des niveaux trĂšs bas, ce qui tend Ă  favoriser les actions dont le rendement est supĂ©rieur Ă  celui des obligations d’Etat depuis plusieurs annĂ©es maintenant.

D’autres facteurs pourraient jouer, en particulier une bonne dynamique fondamentale avec des profits en forte croissance en 2022 - qui sera particuliùrement visible au cours du premier semestre - et au-delà (graphique).

Evolution des profits et de la marge opérationnelle en Europe

Europe EPS

Contrairement Ă  l’aprĂšs crise de la zone euro de 2010-2012, l’Europe actuelle conduit une politique fiscalement expansionniste avec son plan de relance, financĂ©e en grande partie par les achats d’obligations souveraines menĂ©s par la Banque centrale europĂ©enne.

La remontĂ©e de l’inflation est Ă©galement un Ă©lĂ©ment positif qui rĂ©duit le poids de la dette et donne des marges de manƓuvre aux Etats de l’Union, Ă  court terme tout du moins.

Au niveau des multiples de valorisation, les actions europĂ©ennes se paient environ 16x les rĂ©sultats attendus et se traitent avec une prime par rapport Ă  leur moyenne historique (autour de 14x). Elles sont donc relativement sensible Ă  l’évolution des taux d’intĂ©rĂȘt.

Valorisation des actions européennes

europe valuation

En particulier, les investisseurs pourraient procéder à des arbitrages sectoriels, sortant des « bond proxies » ou des secteurs considérés comme mixant qualité et croissance (technologie, consommation courante, santé) pour privilégier les secteurs plus cycliques (matériaux, mines) ou « value » (banque, énergie).

Reste Ă  savoir comment ces derniers vont se positionner Ă  l’égard de la classe d’actifs.

Selon la derniĂšre enquĂȘte de Bank of America, le principal risque aujourd’hui identifiĂ© ne serait pas l’inflation, ni une rĂ©surgence du coronavirus (deux Ă©lĂ©ments pourtant bien rĂ©els), mais une attitude moins accommodante des banques centrales (probable aux Etats-Unis mais pas vraiment en Europe).

Une majoritĂ© d’entre eux (62%), les actions europĂ©ennes devrait profiter de cet environnement et afficher des gains d’au moins 5% en 2022. Vingt pour cent envisagent de surpondĂ©rer la classe d’actifs dans leur allocation globale contre 4% pour les actions amĂ©ricaines.

Il est possible que les marchĂ©s soient tiraillĂ©s entre l’évolution de l’économie, tant au plan mondial (Chine/Etats-Unis) que rĂ©gional (zone euro), et des fondamentaux (a priori plutĂŽt solides sur la premiĂšre partie de l’annĂ©e) d’une part, et celle des multiples de valorisation qui pourraient se contracter en cas de remontĂ©e durable des taux longs, d’autre part.

Mais cette derniĂšre perspective dĂ©pendra pour l’essentiel de la « durabilitĂ© » de la reprise (au-delĂ  de 2023) et du retour de l’inflation (temporaire ou pas).

Difficile d’imaginer le marchĂ© se reprendre Ă  court terme selon ce gĂ©rant

Publié le vendredi 30 septembre 2022

AprĂšs 10 annĂ©es de baisse des taux et d’aplatissement de la courbe, ayant conduit Ă  une surperformance des valeurs dĂ©fensives et de croissance, le retour d’une inflation durable et taux en hausse viennent perturber cette tendance. Depuis quelques mois, nous assistons Ă  de multiples tentatives de reprise de la cote value. Quelle perspective pour cette cote value ? Quelles sont les Ă©volutions au sein du portefeuille Mandarine Valeur ? RĂ©ponses avec Marc Renaud, prĂ©sident et responsable de la gestion value au sein de Mandarine Gestion.

Un environnement macroéconomique compliqué :

MalgrĂ© une premiĂšre partie de l’annĂ©e 2022 marquĂ©e par un scĂ©nario de faible croissance accompagnĂ©e d’un discours moralisateur de la part des banquiers centraux, force est de constater que la situation a Ă©voluĂ©. Une rĂ©cession guette de part et d’autre de l’Atlantique, tandis que les instances monĂ©taires, prises de court par la vigueur et la persistance de l’inflation, sont contraintes d’augmenter les taux Ă  marches forcĂ©es. Marc Renaud vient toutefois tempĂ©rer le pessimisme ambiant : « un marchĂ© au courant des mauvaises nouvelles est un marchĂ© moins fragile qu’un marchĂ© qui les dĂ©couvre. »

De maniĂšre contre intuitive, le marchĂ© prĂ©voit dĂ©sormais une baisse de PIB mais dans le mĂȘme temps les analystes prĂ©voient toujours une hausse des bĂ©nĂ©fices par actions (notamment grĂące aux secteurs des banques et de l’énergie). DĂšs lors, un ajustement de ces perspectives bĂ©nĂ©ficiaires serait interprĂ©tĂ© nĂ©gativement et devrait peser sur les marchĂ©s d’ici la fin de l’annĂ©e. Il est donc difficile, pour le gĂ©rant, d’imaginer un marchĂ© se reprendre Ă  court terme.

Quid de l’inflation ?

Aux États-Unis, le pic semble ĂȘtre atteint, avec une baisse amorcĂ©e des prix de l’énergie et des matiĂšres premiĂšres, accompagnĂ©e d’une augmentation des salaires encore raisonnable (entre 3% et 5%). Ainsi, pour le responsable de la gestion value, si le cycle de normalisation des taux devrait continuer, les hausses pourraient ĂȘtre moins brutales que prĂ©vu.

DĂšs lors, une chose est sĂ»re, une remontĂ©e des taux sera bĂ©nĂ©fique aux titres value. Si une pĂ©riode de taux bas est indubitablement plus favorable aux titres de croissance, un retournement de cycle indique une performance future de la cote value. D’autant plus que cette derniĂšre reste bon marchĂ© par rapport Ă  la croissance, et bĂ©nĂ©ficie d’écarts de valorisation qui approchent leurs plus hauts. Marc Renaud salue par ailleurs la « forte surperformance du style » sur la premiĂšre moitiĂ© de l’annĂ©e. En revanche, cette derniĂšre a Ă©tĂ© mise Ă  mal au cours de l’étĂ© par les perspectives de rĂ©cession : « on ne joue pas un rebond des cycliques et des bancaires Ă  la veille d’une rĂ©cession » estime le gĂ©rant.

Comment cela se traduit-il dans le portefeuille ?

À la faveur du rebond value du dĂ©but d’annĂ©e, le portefeuille a Ă©tĂ© dĂ©sensibilisĂ© et rééquilibrĂ© de maniĂšre plus dĂ©fensive pour faire face aux risques conjoncturels Ă  venir. Ainsi les secteurs de santĂ© et alimentaire ont Ă©tĂ© prĂ©fĂ©rĂ©s aux secteurs plus cycliques dont la part a Ă©tĂ© rĂ©duite, Ă  l’instar de la construction et de l’industrie. Marc Renaud garde toutefois son biais contrariant sur les banques, qu’il a par ailleurs renforcĂ©.

Pourquoi un tel positionnement Ă  la veille d’une rĂ©cession ?

D’aprĂšs le gĂ©rant, le marchĂ© surestime le risque face Ă  des titres bancaires qui se portent bien :

Les valorisations sont redevenues trĂšs attractives,

Les marges ont été reconstituées dans ce contexte de hausse des taux,

Les provisions accumulées durant la pandémie pour faire face à un retournement conjoncturel sont à leur plus haut niveau,

Les ratios de fonds propres sont trĂšs confortables.

« L’environnement actuel impose toujours une grande prudence » estime ce gĂ©rant

Publié le jeudi 20 octobre 2022

Situation Ă©conomique pessimiste aux États-Unis et en Europe, inflation, crise Ă©nergĂ©tique, Chine
 Autant de thĂšmes brĂ»lants pour les investisseurs qu’abordent Matthieu GrouĂšs et Julien Pierre Nouen, respectivement directeur des gestions institutionnelles et responsable de l’allocation d’actifs, et directeur des Ă©tudes Ă©conomiques et responsable de la gestion diversifiĂ©e chez Lazard FrĂšres Gestion.

Les États-Unis pourront-ils juguler l’inflation sans rĂ©cession ?

Matthieu GrouĂšs ne cache pas son inquiĂ©tude : « s’il y a du mieux sur certains aspects (prix de l’essence et des biens en baisse), la contribution Ă  l’inflation core des services ne fait qu’accĂ©lĂ©rer ». Avec 2 offres d’emploi pour 1 chĂŽmeur, les tensions sur le marchĂ© du travail deviennent petit Ă  petit le nouveau cheval de bataille de la Federal Reserve. Une rĂ©cession sera donc sans doute nĂ©cessaire pour rĂ©tablir l’équilibre. Une seule question subsiste : quand arrivera-t-elle ? Le contexte, malgrĂ© les apparences, n’est pas encore celui d’une rĂ©cession, tempĂšre Matthieu GrouĂšs. En effet, les profits rĂ©els des entreprises (i.e. corrigĂ©s de l’inflation) ne chutent pas. Et, selon l’expert, une correction de ces derniers est attendue en gĂ©nĂ©ral un an avant une entrĂ©e en rĂ©cession. DĂšs lors, si l’on se fie aux indicateurs avancĂ©s, une rĂ©cession immĂ©diate n’est pas encore prĂȘte de se produire.

En revanche, les marchĂ©s ont bien intĂ©grĂ© cette probabilitĂ© de rĂ©cession. En mĂȘme temps, ils sont Ă©galement persuadĂ©s que Jerome Powell viendra Ă  leur secours en cas de basculement brutal de l’économie, en mettant un coup de frein Ă  sa politique “hawkish”. Or un assouplissement trop prĂ©coce, tant que l’inflation n’est pas revenue Ă  sa cible initiale, serait un virage dangereux. Ce n’est donc pas de l’avis du gĂ©rant, qui estime que la politique restrictive devrait bien continuer car l’économie devrait tenir le choc, et cela pour plusieurs raisons :

Le prix de l’essence est en baisse, une rĂ©cession accĂ©lĂ©rera cette derniĂšre et soutiendra le pouvoir d’achat.

Nous nous apprĂȘtons Ă  atteindre le haut du cycle sans excĂšs financiers : Ă©pargne au plus haut du cĂŽtĂ© des mĂ©nages, bilans plus sains et assez solides de la part des entreprises


Le niveau Ă©levĂ© des offres d’emploi va freiner la crĂ©ation de cercles vicieux sur le marchĂ© du travail.

La zone euro pourra-t-elle résister à un choc exogÚne massif ?

MalgrĂ© l’impact du conflit en Ukraine sur le moral des consommateurs et des entreprises, quelques bonnes nouvelles subsistent. Les indices PMI ne sont pas encore entrĂ©s en phase de contraction, tandis que le taux de chĂŽmage de la zone euro se maintient Ă  des plus bas historiques. Pour l’instant, l’économie plie mais ne rompt pas, analyse le gĂ©rant.

Attention, l’hiver qui approche sera dĂ©cisif, et les probabilitĂ©s d’une entrĂ©e en rĂ©cession sont au plus haut. La crise Ă©nergĂ©tique entretenue par la flambĂ©e des prix du gaz, ainsi que l’accĂ©lĂ©ration des salaires Ă  venir font anticiper Ă  Matthieu GrouĂšs un scĂ©nario pessimiste. D’un cĂŽtĂ©, on pourrait assister Ă  une rĂ©cession au dĂ©but d’annĂ©e provoquĂ©e par la crise Ă©nergĂ©tique, de plus grande ampleur que celle anticipĂ©e (hiver plus froid que prĂ©vu, approvisionnement dĂ©finitivement stoppĂ©). De l’autre, le risque pourrait venir d’un choc plus tardif en raison d’un resserrement monĂ©taire mondial et d’une rĂ©cession aux États-Unis.

La Chine réussira-t-elle à relancer sa croissance face au double choc du ralentissement immobilier et de la politique zéro-Covid ?

Pour l’instant, les mesures de soutien ont, au mieux, permis une stabilisation des indicateurs d’activitĂ© du secteur immobilier. Cependant, l’arrĂȘt des chantiers a entraĂźnĂ© une campagne de boycott de la part des mĂ©nages chinois, et met Ă  mal la confiance des investisseurs.

MalgrĂ© la volontĂ© du gouvernement de soutenir l’activitĂ©, l’efficacitĂ© d’une baisse des taux n’a pas produit les effets escomptĂ©s. Une amĂ©lioration de la situation chinoise tient sans doute davantage Ă  la fin des restrictions sanitaires qu’à l’évolution de la politique monĂ©taire et budgĂ©taire.

Des marchés entre durcissement monétaire et risques sur la croissance

« L’environnement actuel impose toujours une grande prudence », estime Julien Pierre Nouen. Cette philosophie se retrouve dans la stratĂ©gie de la sociĂ©tĂ© de gestion :

Taux : les spreads de crĂ©dit se sont fortement Ă©cartĂ©s mais n’ont pas atteint leurs niveaux de pĂ©riodes de rĂ©cession. La gestion prĂ©fĂšre patienter avant de se repositionner.

Devises : Le dollar est Ă  des niveaux historiquement Ă©levĂ©s, mais un rebond est envisageable pour la monnaie unique dans les prochains mois. En effet la BCE a entamĂ© une phase de durcissement monĂ©taire, tandis que l’écart des deux monnaies en paritĂ© de pouvoir d’achat n’a jamais Ă©tĂ© aussi important.

Actions : La dégradation de la conjoncture va peser sur la croissance des résultats des entreprises. De plus, les titres de croissance restent trÚs exposés à la remontée des taux. De nouveaux signaux de baisse sont attendus avant de se repositionner.

« Globalement, les points bas des actifs risqués et des obligations sont encore devant nous, prudence et vigilance sont les maßtres-mots face aux nombreuses incertitudes ».

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