QUESTIONS REPONSES : TAUX FONDS EURO SPIRICA
L’interview de Daniel Collignon
Le taux de participation aux bénéfices du fonds euro a baissé de 4,51% à 3,62%, soit l’une des plus fortes baisses du marché ; comment expliquez-vous cette baisse ?
Il faut tout d’abord remettre cette baisse en perspective. Le taux de participation aux bénéfices du fonds euro de Spirica était exceptionnellement élevé en 2009 et 2010 par rapport au marché, et il demeure l’un des meilleurs du marché en 2011, supérieur de plus de 60 ct à la moyenne estimée des taux de PAB 2011.
La performance exceptionnelle de 2010 (comme celle de 2009) s’expliquait en particulier par les résultats exceptionnels de l’immobilier, qui a représenté jusqu’à 25% des placements de notre fonds euro : il s’agissait de SCPI achetées avec de fortes décotes, qui ont à la fois apporté des loyers importants et des plus-values significatives dont nous avons fait profiter nos assurés. A ce jour, la valorisation de ces SCPI sur les marchés secondaires a fortement augmenté, et il n’est plus possible d’en acquérir dans d’aussi bonnes conditions. Nous avons alors limité nos acquisitions immobilières en 2011 d’où une part de l’immobilier qui a baissé de 25 à 15%. Celles acquises historiquement continuent cependant à délivrer des loyers favorables au rendement du fonds euros sur moyen et long termes.
Par ailleurs, le taux des emprunts obligataires de bonne signature a été très bas en 2011, et la baisse des marchés financiers a supprimé tout espoir de plus-values actions dès l’été 2011 ; ce phénomène a évidemment touché tous les acteurs du marché, amenant ainsi une forte baisse des taux de PAB par rapport à ce qui était envisagé début 2011.
Enfin, l’évolution des dettes des pays fragilisés, ainsi que l’évolution très négative des marchés actions n’ont eu qu’un impact limité sur la rentabilité du fonds.
Spirica offre certes un des meilleurs taux de PAB sur 2011 mais, après cette forte baisse, que faut-il attendre de 2012 ?
Les résultats de 2011 conduisent à rester très prudent pour 2012 ; personne n’avait en effet imaginé la reprise de la crise financière à l’été 2011. Aujourd’hui, le consensus est pessimiste ; mais combien de fois ce consensus n’a-t-il été démenti ?
Je n’ai pas de boule de cristal, mais je suis convaincu que, tôt ou tard, l’activité reprendra, et avec elle la valorisation des actions et le niveau des taux. Si cette reprise intervient au deuxième semestre 2012, les taux de PAB se stabiliseront, voire pourraient augmenter légèrement. Sinon, la baisse continuera. Spirica s’inscrira naturellement sur une trajectoire, sous réserve de ses spécificités.
Au-delà de cette tendance, la composition du fonds continuera à faire l’objet d’une attention permanente, et les arrivées de flux nets conséquents constitueront autant d’opportunités pour piloter les investissements activement. Nous vous informerons régulièrement de ces évolutions à l’occasion de nos reportings trimestriels, élément d’information plébiscité par nos partenaires
Justement, vous avez souvent évoqué l’avantage de la petite taille du fonds euro de Spirica, dans la perspective d’une hausse des taux ; n’est-ce pas un handicap dans cette période de baisse ?
Spirica bénéficie en fait d’un double avantage :
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D’une part, la petite taille de son fonds lui permet de bénéficier d’opportunités qui se chiffrent parfois à quelques millions d’euros seulement, et malgré tout pertinents pour notre fonds euro; cet avantage subsiste, que les marchés soient haussiers ou baissiers.
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Par ailleurs, les forts volumes de souscriptions nettes (de rachats et autres prestations) rapportées au stock des encours gérés permettent un renouvellement important des placements qui y sont affectés, et donc une adaptation plus rapide aux nouvelles conditions de marché. Ce point ne nous a pas été spécifiquement favorable en 2011, mais retrouvera tout son intérêt dès que les marchés reprendront de la vigueur.
C’est définitivement un avantage pour Spirica, sauf à imaginer un scénario déflationniste à long terme, ce à quoi je ne crois pas.
Le taux minimum garanti annuel de Spirica est égal à 0% ; pouvez-vous nous expliquer de quoi il s’agit, et pourquoi ce niveau de 0% ?
Le taux minimum garanti annuel (TMGA) est le taux qui rémunère les sorties totales entre le 1er janvier et la date d’effet de cette sortie (rachat total par l’assuré / le souscripteur ou décès de l’assuré).
En effet, le taux de participation aux bénéfices étant fixé annuellement, le montant de l’épargne de nos assurés n’augmenterait qu’au 1er janvier de chaque année, et la participation aux bénéfices échapperait ainsi à ceux qui sortiraient en cours d’année.
Cette politique de TMGA n’est pas pour autant pénalisante pour les clients, au contraire. Ainsi le TMGA est fixé à 2,50% pour toutes les sorties résultant d’un décès ; pour les autres causes de sortie, à savoir les rachats totaux, il suffit de laisser sur le contrat le minimum contractuel jusqu’en janvier de l’année suivante pour bénéficier de 100% de la participation aux bénéfices, calculée prorata temporis des sommes investies.
Le TMGA étant enfin coûteux en matière de fonds propres dans le cadre des normes à venir Solvabilité II, il est probable que nombre d’autres assureurs s’aligneront sur cette position dès 2012/2013.
Vous avez connu en 35 ans de carrière, à la fois une forte évolution de l’assurance vie, et des crises économiques et financières nombreuses et violentes ; comment voyez-vous l’avenir ? Est-ce la fin des fonds euro ?
De 1976 à aujourd’hui, les crises ont été nombreuses et, à chaque fois, nombreux sont ceux qui ont annoncé la « fin d’un monde », sinon la fin du monde…
Pour ma part, je constate autour de moi, et en particulier chez les plus jeunes, un vrai esprit d’adaptation, et pour beaucoup d’entre eux, un esprit d’entreprise ; et je suis fondamentalement optimiste, même si les turbulences en cours sont loin d’avoir disparu.
Alors, la fin des fonds en euro ? Sûrement pas, alors que ceux-ci apportent non seulement du rendement mais aussi la sécurité à ceux qui y ont investi leur épargne. Rendement, certes en baisse, mais qui protège toujours de l’inflation, et sécurité d’autant plus en présence d’un actionnaire majeur comme le nôtre.
De nouvelles formes de fonds euro ont vu et verront encore le jour dans les mois et les années qui viennent, et n’oublions pas la pertinence du couplage d’un investissement en fonds euro avec des unités de compte, surtout lorsque celles-ci apportent à la fois une perspective de rendement et/ou une protection totale ou partielle du capital attrayantes.