Itou pour l’Europe ?
PARIS (Reuters) - L’indice-phare de la Bourse de Paris, plombé par la catastrophe au Japon, a enfoncé mardi matin un support-clé à 3.790 points, remettant en question sa tendance haussière à moyen terme.
Selon des analystes graphiques, si l’indice CAC 40 confirme en clôture sa sortie du canal haussier dans lequel il s’inscrivait depuis mai dernier, il se dirigerait vers la zone de 3.590-3.600 points, son point bas du 30 novembre 2010.
En deçà, le support suivant se situe autour de 3.330 points, plus bas niveau de l’année 2010 touché le 25 mai, expliquent-ils.
« Si le CAC 40 clôture sous les 3.790 points, on sortira par le bas du canal haussier à moyen terme, libérant un potentiel de baisse supplémentaire vers les 3.590 points », estime Alexandre Le Drogoff, analyste technique chez Aurel BGC.
A 15h25, l’indice était à 3,739,69 points (-3,57%).
La perspective de voir le CAC 40 se hisser, comme nombre de professionnels l’anticipaient, au niveau des 4.500 points d’ici à la fin du premier semestre serait ainsi repoussée « aux calendes grecques », soulignent les analystes interrogés.
« Il faut attendre la clôture, mais si la tendance se confirme, la configuration à moyen terme se dégradera assez franchement, avec un premier support à 3.600 points », déclare Jean-Marie Mercadal, directeur général adjoint chargé des gestions chez OFI Asset Management.
OUVERTURE D’UN « GAP » MARDI MATIN
Le CAC 40 a ouvert mardi matin un important un « gap » (écart entre le plus bas de la veille et le plus haut du jour) de 50 points (3.871,22-3.820,79), un courant de ventes panique ayant été déclenché par la hausse de la radioactivité au nord-est de Tokyo après de nouvelles explosions à la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi.
Depuis son plus haut de l’année du 16 février, le CAC 40 a perdu 10,4% après avoir enfoncé les supports court terme des 3.980 points jeudi, des 3.950 vendredi, puis des 3.900 lundi.
« Les marchés craignent un ralentissement de l’économie mondiale dans la mesure où le Japon, la troisième économie, vient de s’arrêter », déclare Jean-Marie Mercadal.
« Les marchés sont dans un climat délicat: ils se sont déjà arrêtés de monter avec les troubles dans les pays arabes et la hausse du pétrole, et là-dessus, on rajoute le Japon. »
Après avoir franchi les 125 dollars le baril avec les inquiétudes sur l’approvisionnement liées à l’insurrection en Libye, le Brent est retombé à 109 dollars, dans la crainte que la catastrophe au Japon n’entraîne un ralentissement de la croissance mondiale.
Rappelant que le CAC 40 a progressé rapidement, de près de 15%, depuis ses points bas de fin août, le stratégiste d’OFI AM juge néanmoins que des prises de profits étaient prévisibles.
Alexandre Le Drogoff souligne pour sa part que la montée en puissance des indices avancés du climat des affaires en Europe et aux Etats-Unis vers des plus hauts historiques milite en faveur du retournement à court terme.
« On se demande s’ils peuvent aller plus haut », dit-il.