Un point sur la gestion de Carmignac patrimoine

Carmignac coupe les paris sur les obligations chinoises de Patrimoine mais reste haussier
La maison de fonds française affirme que la répression réglementaire sera constructive à long terme, mais les allocations de risque à court terme appellent à l’action.

L’équipe derrière le fonds phare de Carmignac Patrimoine reste optimiste sur l’histoire d’investissement à long terme de la Chine, mais a réduit l’exposition à la dette du pays pour compenser les préoccupations de risque à court terme.

C’est selon la dernière mise à jour du fonds, qui a concentré une grande partie des commentaires sur les réflexions concernant l’exposition de la stratégie de 11 milliards d’euros au marché chinois.

Dans la mise à jour, rédigée par Rose Ouahba , Keith Ney et David Older , les gestionnaires de fonds ont déclaré que les paris sur les actions en Chine avaient fait baisser la performance du fonds au cours du troisième trimestre. Ceci malgré la positivité de ses paris sur actions et crédit séculaires.

« Le flux de nouvelles au cours des derniers mois a eu un impact négatif sur le sentiment des investisseurs alors que le gouvernement chinois s’efforce d’établir des réglementations plus claires affectant divers secteurs, et en particulier la technologie », ont déclaré les gestionnaires.

«En plus de ces mesures réglementaires, un défaut potentiel d’Evergrande, un grand promoteur immobilier chinois, a fait craindre des effets d’entraînement supplémentaires potentiels. Tout cela a considérablement pesé sur les actions chinoises sur le trimestre.’

Le trio a déclaré que l’on s’attend à une croissance modérée à l’avenir, d’autant plus que les ambitions de la politique monétaire mondiale changent. Cependant, il n’a pas ajusté ses thèmes de base, qui se concentrent sur les consommateurs émergents, l’économie numérique, les soins de santé avancés et les investissements liés au changement climatique.

Ils ont ajouté: "En ce qui concerne la Chine, une réglementation plus claire pour les grandes entreprises devrait être constructive à long terme pour les marchés chinois, car elle offrira aux investisseurs plus de visibilité sur les modèles commerciaux et améliorera les normes de gouvernance d’entreprise.

«Cependant, la sélectivité prévaut. En ce qui concerne les capitaux propres, nous nous concentrons principalement sur les segments où un scénario négatif a été évalué dans la mesure où nous pensons qu’il n’est pas justifié, et ceux où nous voyons un risque gouvernemental minimal ou un soutien gouvernemental pur et simple (champions chinois - développement de médicaments, transition verte).

« Cependant, afin de réduire le risque du portefeuille global, nous avons pris quelques bénéfices sur nos obligations souveraines de la région, car le gouvernement pourrait soutenir l’économie en émettant plus de dette, plutôt qu’au travers d’une politique monétaire plus accommodante. »

La fiche d’information de septembre du fonds n’indique pas d’allocations spécifiques aux actions ou obligations chinoises, mais les regroupe plutôt au sein des paris sur les obligations d’État de l’Asie plus large et des marchés émergents.

Selon les données de Carmignac, les allocations aux actions asiatiques sont passées de 10,37% en août à 10,21% en septembre. C’est alors que les obligations d’État des marchés émergents ont baissé de 6,57 % à 4,25 %.

Une autre tendance notable du portefeuille est qu’il détient environ 17 % de ses actifs en liquidités, ce que les gestionnaires ont reconnu comme particulièrement élevé.

Au total, 22 % du fonds est en espèces ou en quasi-espèces, ce qui implique des produits dérivés et des obligations à plus court terme. Il s’agit d’une augmentation par rapport à 7,5% à la fin de 2020 et à une augmentation par rapport à 16% en août.

En termes de performance, le fonds Carmignac Patrimoine a dégagé un rendement de 16,3 % en euros sur les trois ans à fin septembre 2021. C’est alors que le fonds moyen du secteur Mixed Asset – Flexible a affiché un rendement de 11,6 % sur la même période.

Carmignac Patrimoine réduit fortement son exposition aux marchés d’actions…
Publié le mardi 17 mai 2022
La revue d’investissement du mois d’avril 2022

Ce qu’il faut retenir :

En avril, les marchés d’actions ont enregistré leur plus forte baisse mensuelle depuis mars 2020.

L’inflation n’est pas sans effets ! La hausse des prix n’a montré aucun signe de faiblesse sur la période, tandis que la croissance économique s’essouffle.

Des deux côtes de l’Atlantique, les banquiers centraux s’inquiètent de la progression des anticipations d’inflation et ont réaffirmé leur volonté de maîtriser la hausse des prix, quel qu’en soit l’effet sur la croissance.

Carmignac Patrimoine maintient une faible exposition aux marchés d’actions, aujourd’hui proche des 15 % [Ndlr H24 : vs 37% à fin mars].

Crédit : Carmignac réduit l’allocation à la classe d’actifs et augmente ses couvertures via des achats de CDS.

Globalement, le retour de la volatilité implique de gérer activement les risques afin de préserver les opportunités d’investissement à long terme.

En avril, les marchés d’actions ont enregistré leur plus forte baisse mensuelle depuis mars 2020 alors que les entreprises publiaient au cours du mois des résultats trimestriels au-dessus des attentes. À l’image de cette première partie d’année, la macro-économie et, dans une moindre mesure, les fondamentaux des entreprises continuent d’orienter les Bourses mondiales. De même, les marchés obligataires – dettes souveraines et emprunts privés – ont accusé un nouveau repli. Le Bloomberg Global Aggregate, l’indice phare des dettes mondiales de qualité « Investment Grade », a enregistré une baisse de 5,48 % sur le mois d’avril portant à 11,30 % son recul depuis le début de l’année, sa pire correction depuis 1980.

L’inflation n’est pas sans effets ! La hausse des prix n’a montré aucun signe de faiblesse sur la période, tandis que la croissance économique s’essouffle.

Aux États-Unis, les prix ont ainsi progressé de 8,5 % sur les douze derniers mois, avec en fond un marché de l’emploi particulièrement tendu, alors même que l’économie américaine enregistrait sa première baisse trimestrielle depuis presque deux ans, à -1,4 %. En Europe, si l’inflation est également forte, elle reflète surtout la hausse des prix des matières premières, dont le niveau élevé continue d’amputer le pouvoir d’achat des consommateurs et la profitabilité des entreprises. Si l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République française rassure les investisseurs sur les ambitions budgétaires de l’Union européenne, elle augmente également les risques de sanctions groupées à l’encontre de la Russie, dont les conséquences devraient confirmer la nature « stagflationiste » (plus d’inflation et moins de croissance) du choc auquel fait face le Vieux Continent.

Des deux côtes de l’Atlantique, les banquiers centraux s’inquiètent de la progression des anticipations d’inflation et ont réaffirmé leur volonté de maîtriser la hausse des prix, quel qu’en soit l’effet sur la croissance. Cette fermeté a entraîné une hausse rapide des taux à 10 ans allemands et américains, qui ont progressé de, respectivement, 36 et 60 points de base, flirtant avec les niveaux psychologiques de 1 % et 3 %. En corollaire, cette hausse a entraîné un recul des actifs risqués mais aussi des actifs refuges traditionnels.

En Chine, le gouvernement continue d’appliquer sa politique « zéro Covid » face à la hausse du nombre de contaminations, avec des confinements très stricts. Ce ralentissement forcé de l’économie inquiète les investisseurs compte tenu de ses effets sur les chaînes d’approvisionnement et les perspectives de croissance du pays. Et ce d’autant plus que Pékin, bien qu’ouvert à une relance forte, attendra vraisemblablement une amélioration sur le front sanitaire avant d’aller plus loin en matière de soutien économique.

Stratégie actions

Dans ce contexte, nous maintenons une faible exposition aux marchés d’actions, aujourd’hui proche des 15 % dans Carmignac Patrimoine. En parallèle, nous préparons le portefeuille à un environnement où les fondamentaux des entreprises reprendront le dessus et ainsi concentrons nos investissements sur des entreprises qui sont susceptibles de ressortir relativement indemnes, voire renforcées, de cette phase de pression sur les coûts et de ralentissement économique.

Dans nos choix d’investissement, nous privilégions donc : des entreprises défensives au sein de secteurs essentiels, comme la santé ou la consommation de base ; les entreprises de qualité, caractérisées par un faible endettement et des marges élevées ; les sociétés tirant parti de la transition énergétique prenant en compte nos critères extra-financiers ESG ; ainsi que le secteur du tourisme, soutenu par la levée des restrictions sur les déplacements internationaux.

Stratégie obligataire

Les marges de crédit ont continué de se dégrader le mois dernier, la normalisation monétaire dans un contexte de ralentissement économique continuant globalement de fragiliser les marchés de la dette privée. Nous avons réduit notre allocation à la classe d’actifs et augmenté nos couvertures via des achats de CDS (Credit Default Swap) sur indices. Dans un contexte de hausses des prix de l’énergie et des taux d’intérêt, nous maintenons une allocation en faveur d’émetteurs au sein de secteurs de l’énergie ou de la finance. Nos investissements dans le crédit structuré présentent également des caractéristiques attrayantes dans le contexte actuel. Ces instruments à taux variable adossés à des prêts de signature de première qualité permettent d’atténuer à la fois les effets de la hausse des taux d’intérêt et de la remontée des taux de défaut, tout en offrant un rendement attractif.

Le niveau élevé du prix des matières premières est une bonne nouvelle pour les pays producteurs, notamment ceux d’Amérique latine, par ailleurs bien avancés dans leur cycle de resserrement monétaire. Pour ces raisons, nous détenons par exemple de la dette brésilienne, chilienne ou mexicaine en monnaie locale. Quant aux pays d’Europe de l’Est, qui ont souffert de leur proximité géographique avec l’Ukraine, ils offrent des caractéristiques très attractives : les taux locaux hongrois sont par exemple aujourd’hui proches des 6 % à la suite d’une hausse de 4,75 % au cours des quatre derniers mois seulement.

Enfin, nous continuons de gérer activement le risque de taux d’intérêt, en Europe et aux États-Unis.

Nous avons ajusté nos positions sur les maturités courtes ainsi que sur les titres à échéance plus longue. Si les premières intègrent déjà une normalisation particulièrement rapide et importante des politiques monétaires, les seconds ne reflètent pas encore totalement la durabilité de l’inflation et l’impact de la réduction du bilan de la Réserve fédérale. Aussi s’il apparaît aujourd’hui comme globalement neutre, notre positionnement sur les taux américains anticipe une pentification de la courbe. Globalement, le retour de la volatilité implique de gérer activement les risques afin de préserver les opportunités d’investissement à long terme.

La dette russe pique Carmignac Patrimoine malgré les couvertures
Le fonds phare de la société française n’a pas été en mesure de dénouer des positions assez rapidement, selon Frédéric Leroux.

La dette russe pique Carmignac Patrimoine malgré les couvertures
L’exposition à la dette russe représentait moins de 5% du produit phare de Carmignac Patrimoine à la fin février, mais l’incapacité à dénouer correctement ces paris a nui aux rendements à court terme, a déclaré le groupe.

Frédéric Leroux, responsable du cross-asset chez le gestionnaire d’actifs français, a écrit une longue note sur les implications de l’invasion russe de l’Ukraine, qui reflète le discours post-mondialisation auquel fait référence le PDG de BlackRock, Larry Fink.

Dans la note, Leroux a souligné comment les titres de créance russes ont perdu 60 à 80 % de leur valeur à partir du 24 février, tandis que les actions ont chuté de 92 à 99 % entre le 16 février et le 1er mars.

Carmignac était parmi les entreprises à suspendre le commerce de la dette russe au lendemain de l’invasion.

Leroux a déclaré que cela avait entraîné une volatilité accrue dans le monde en février dans son ensemble, mais que la situation s’avérait difficile même avant l’invasion de l’Ukraine. « Les marchés étaient déjà stressés par la perspective d’un resserrement monétaire annoncé par les principales banques centrales occidentales.

« Et les développements récents n’ont fait que souligner les tendances que nous avions repérées auparavant – à savoir, une inflation résiliente et un ralentissement de la croissance économique – et qui nous avaient déjà incités à amorcer un remaniement de nos portefeuilles.

« Jusqu’à présent, les actifs russes ont connu la correction de prix la plus sévère, mais nous pouvons nous attendre à une contagion généralisée à d’autres classes d’actifs, d’autant plus que la possibilité d’une récession ne peut plus être exclue. »

Bien que les stratégies de couverture aient aidé la performance des fonds couvrant des actifs mixtes, Leroux a déclaré que l’allocation de 5% à la dette d’entreprise et souveraine russe dans le fonds Patrimoine de 9,1 milliards d’euros a nui à la performance.

« Nous avons réalisé ces investissements il y a près de deux ans dans une perspective à long terme et en tenant compte à la fois de critères financiers et extra-financiers, comme nous le faisons toujours. Le conflit en Ukraine a pris par surprise les investisseurs et la communauté internationale.

« Et compte tenu de la dislocation actuelle des marchés russes, nous n’avons pas été en mesure de liquider toutes nos participations dans des conditions qui seraient dans l’intérêt de nos clients. » En février, nous avons encore réduit les niveaux de risque dans nos portefeuilles, d’autant plus que les tensions géopolitiques se sont intensifiées.

Carmignac a déplacé le fonds Patrimoine pour adopter une position plus défensive sur les allocations d’actions, qui a inclus une exposition accrue à la santé. C’est alors que l’exposition à l’énergie s’est bien comportée, alors que les investisseurs mondiaux réagissent aux défis posés par les sanctions contre la Russie et la transition en cours vers l’énergie propre.

« Les événements actuels nous ont également incités à initier une position dans les mines d’or, car elles ont tendance à bien se comporter en période de tensions géopolitiques et de hausse de l’inflation », a-t-il ajouté. « Compte tenu du risque de contagion au-delà des actifs russes, nous avons décidé de maintenir notre exposition aux actions assez faible et de la gérer activement via des positions vendeuses sur les indices boursiers américains et européens. »

En termes d’exposition actuelle, Carmignac Patrimoine détient 40,59% d’investissements en actions, à fin février 2022, contre 38,04% en janvier. Toutefois, l’exposition aux actions des marchés émergents, ainsi qu’à la dette des marchés émergents, a été réduite d’un mois à l’autre.

Les performances sur un an de Carmignac Patrimoine indiquent qu’il figure parmi les 10 fonds les moins performants de sa classe d’actifs en termes absolus. Il se situe 2 348 sur 2 434 fonds Mixed Asset – Flexible EUR sur la période se terminant fin février 2022, avec une perte de 7,2 % en euros contre un rendement positif moyen du secteur de 2,5 %.

Sur une base de trois ans, le fonds a une meilleure réputation, avec un rendement de 12,5 % en euros, tandis que le pair moyen a généré 13,1 % sur la même période à fin février 2022.

:pushpin: Carmignac Patrimoine : 3 changements à retenir absolument…
Publié le jeudi 2 décembre 2021
Carmignac Gestion a informé ses partenaires d’un certain nombre de modifications à venir sur 11 fonds de sa gamme. En particulier, le navire amiral Carmignac Patrimoine (10,5 milliards € sous gestion) va subir des changements importants à partir du 1er janvier 2022.

Carmignac Patrimoine : une équipe de libre-penseurs à votre service depuis 30 ans

Ce que vous devez retenir des prochains changements sur Carmignac Patrimoine…

1/ Une marge de manœuvre élargie

Le fonds procède à 2 ajustements :

Auparavant à 50%, le minimum d’investissement en obligations, titres de créances négociables et instruments du marché monétaire est réduit à 40%

Le fonds pourra investir jusqu’à 5% de son actif net en titres non cotés

2/ Un nouvel indicateur de référence

Adieu le 50% MSCI AC World NR (USD) (dividendes nets réinvestis) + 50% ICE BofA Global Government Index (USD) (coupons réinvestis) no

Bonjour le 40% MSCI AC WORLD NR (USD) + 40% ICE BofA Global Government Index (USD unhedged) + 20% d’€STR capitalisé yes

En résumé :

La composante actions de l’indicateur de référence est réduite de 50 % à 40 % « pour refléter l’exposition moyenne historique aux actions du fonds (40 %) »

Les composantes obligataires de l’indicateur sont réduites de 50 % à 40 % « pour refléter l’investissement minimum en obligations, titres de créances négociables et instruments du marché monétaire. »

Une composante €STR de 20 % a donc été intégrée. Pour rappel, le taux €STR (Ester : European Short Term Rate) est le taux d’intérêt interbancaire qui remplace l’EONIA depuis 2 ans. Au 2 décembre, il est à… -0.574 !

Ainsi, 20% de l’indicateur de référence se base désormais sur un sous-jacent à performance négative.

3/ Un nouveau fonctionnement pour les commissions de surperformance

Jusqu’à présent, Carmignac imposait une double condition : la performance absolue ET relative devait être positive pour facturer cette commission.

Désormais, Carmignac Patrimoine va inclure un mécanisme de récupération. Il ne sera plus possible d’exiger le paiement de commissions de performance tant que l’intégralité d’une sous-performance par rapport à l’indicateur de référence au cours des 5 dernières années n’a pas été compensée. Le fonds se conforme simplement aux nouvelles règles imposées par l’Autorité européenne des marchés financiers (ESMA).

En revanche, cette commission de performance pourra maintenant être facturée même si la performance absolue du fonds est négative.

De plus, le taux maximum de cette commission de surperformance passe de 10% à 20%. Et comme vu au point 2/, son calcul se basera sur un indicateur de référence moins agressif.

Edouard Carmignac assumait déjà ce positionnement il y a 2 ans :

Le boss lors de la conférence Carmignac 2019
« On ne vous a pas pris de commissions de surperformance pendant cette période [2018], n’est-ce pas ? Donc vous avez eu un discount important ! Maintenant, non seulement on va vous donner des performances mais on va vous faire payer des commissions de surperformance. Ça vous plaît ça ? Vos clients seront contents. Vraiment, on va tout faire pour ça. »

Si ces changements sont importants, l’ampleur de l’évolution du profil de rendement / risque est « non significative » selon Carmignac.

Le trio aux manettes composé de Rose Ouahba, David Older et Keith Ney va donc poursuivre avec la même philosophie d’investissement basée sur le mandat double mandat défini par Edouard il y a plus de 30 ans :

participer au potentiel de hausse des marchés financiers

atténuer les impacts sur les fonds lorsque les marchés baissent grâce à une gestion active des risques intégrée