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Et voila le bilan de 2013
Rétrospective 2013: le retour des pays développés
Boursorama le 18/12/2013 Ă 18:00
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[2013 : Un bon millésime pour les marchés actions]
2013 : Un bon millésime pour les marchés actions
LâannĂ©e aura Ă©tĂ© marquĂ©e par les craintes dâun « tapering » trop violent de la Fed et lâincroyable « shutdown » amĂ©ricain. Mais ces doutes nâauront pas empĂȘchĂ© la poursuite du rebond boursier aux Etats-Unis et dans une moindre mesure en Europe. Une revanche Ă©conomique et boursiĂšre sur des pays Ă©mergents en proie aux doutes des investisseurs.
« Tapering or not tapering ? » « Bad news are good news »⊠Sâil fallait rĂ©sumer le sentiment des investisseurs en 2013, on pourrait utiliser cette curieuse formule qui voudrait que les mauvaises nouvelles macroĂ©conomiques soutiennent lâeuphorie des investisseurs, la rĂ©ciproque Ă©tant tout aussi vraie. Explication : pour faire redĂ©marrer lâĂ©conomie amĂ©ricaine et soutenir les marchĂ©s mondiaux, la RĂ©serve FĂ©dĂ©rale nâa eu de cesse depuis fin 2008 dâinstaurer des politiques non conventionnelles, dont les fameux Quantitative easing (QE). Avec le programme QE3 mis en place en 2012, Ben Bernanke nâa pas lĂ©sinĂ© sur les moyens : chaque mois, la Fed injecte 85 milliards de dollars dans lâĂ©conomie amĂ©ricaine via des achats dâactifs. Le 22 mai 2013, câest la stupeur sur les marchĂ©s mondiaux. LâĂ©tat de lâĂ©conomie amĂ©ricaine sâamĂ©liore et logiquement Bernanke laisse entendre quâil pourrait rĂ©duire ce programme au cours des prochains mois. Le lendemain, la sanction tombe. A Paris, le Cac 40 perd plus de 2% et repasse sous les 4.000 points mais ce sont les Places Ă©mergentes qui vont souffrir le plus. Au coeur dâune annĂ©e boursiĂšre tranquille, loin des tourments de 2008 ou 2011, les investisseurs se font peur Ă nouveau et rĂ©alisent que le principal carburant des marchĂ©s reste la liquiditĂ© fournie artificiellement par les banques centrales. Un nouveau mot a fait son apparition dans le lexique des opĂ©rateurs mondiaux : « tapering » pour signifier la diminution graduelle des achats dâactifs tant redoutĂ©e !
La baisse surprise de Draghi. Pourtant, les peurs se dissiperont bien vite. DĂšs la mi-juin, Bernanke fait volte-face, apeurĂ© par la rĂ©action violente des marchĂ©s. Il prĂ©cise quâil ne relĂšvera pas les taux dâintĂ©rĂȘt tant que le taux de chĂŽmage amĂ©ricain ne passera pas sous la barre des 6,5%, prĂ©vient quâil annoncera Ă lâavance le calendrier de diminution de rachats dâactifs et quâil nâest pas question de les rĂ©duire drastiquement. Les marchĂ©s sont rassurĂ©s : Docteur Bernanke veille, lâĂ©tĂ© sera euphorique. DĂ©but octobre, la nomination de sa successeur Janet Yellen, rĂ©putĂ©e favorable aux politiques accommodantes, rassure les Bourses mondiales. Les politiques dites non conventionnelles sont devenues la norme. Au Japon, le premier ministre Shinzo Abe a entrepris une politique de relance monĂ©taire et budgĂ©taire trĂšs offensive (les fameux « abenomics ») qui entretient la faiblesse du Yen. De quoi mettre un peu plus la pression sur Mario Draghi qui a pourtant livrĂ© bataille contre les « orthodoxes » de la BCE en imposant les programmes LTRO ou les OMT en 2012 et en abaissant par surprise, jeudi 7 novembre, son principal taux directeur Ă 0,25%. « Dans le menu QE, les Etats-Unis sont au dessert, mais le Japon ne fait quâattaquer le plat de rĂ©sistance et lâEurope nâa mĂȘme pas encore commencĂ© lâentrĂ©e » rĂ©sument les analystes dâAmundi AM. Preuve que nous sommes entrĂ©s depuis 2008 dans une nouvelle Ăšre oĂč lâabsence de menaces inflationnistes et la peur de la dĂ©flation autorisent le gonflement spectaculaire des bilans des banques centrales.
Une annĂ©e « bullish » Ă Wall Street. Dans le lexique des mots Ă la mode sur les marchĂ©s en 2013, le « tapering » a cĂ©dĂ© la place dĂ©but octobre au non moins inquiĂ©tant « shutdown ». Pendant la premiĂšre quinzaine dâoctobre, les marchĂ©s vont assister, Ă©berluĂ©s, Ă lâincroyable arrĂȘt des activitĂ©s gouvernementales amĂ©ricaines, faute dâaccord sur le relĂšvement du plafond de la dette publique. Un psychodrame politique dont Obama sortira vainqueur le 16 octobre mais qui renvoie lâimage dâune premiĂšre puissance Ă©conomique mondiale otage des compromis boiteux trouvĂ©s Ă Washington. Pourtant, ni les craintes du « tapering », ni le « shutdown » ne dĂ©courageront Wall Street portĂ© par le rebond de la croissance amĂ©ricaine, les bons chiffres de lâemploi et le retour des flux. Le Dow Jones termine lâannĂ©e en hausse de plus de 21% Ă prĂšs de 16.000 points (*). Une annĂ©e marquĂ©e par lâintroduction en Bourse de Twitter le 7 novembre dernier. LâĂ©vĂšnement de lâannĂ©e Ă la Bourse de New York aura permis au rĂ©seau social de lever plus de 2 milliards de dollars. Quant au Nasdaq (+33% Ă 4.000 points ), il aura connu sa premiĂšre introduction dâune valeur française depuis Business Objects en 1994 avec lâarrivĂ©e de CritĂ©o, le spĂ©cialiste du reciblage publicitaire, qui a levĂ© 280 millions de dollars. De lâautre cĂŽtĂ© du Pacifique, relevons Ă©galement la hausse de 50% de lâindice Nikkei Ă Tokyo (), portĂ©e par la politique de relance de Shinzo Abe.
Europe convalescente. Si la zone euro a continuĂ© dâenregistrer une croissance nĂ©gative en 2013 (-0,4% vs. +1,6% aux Etats-Unis selon Amundi AM), le pire est passĂ©. Certes, les marchĂ©s ont Ă©prouvĂ© Ă nouveau quelques frissons au printemps avec la dĂ©route financiĂšre de Chypre et la taxation en urgence des dĂ©pĂŽts bancaires pour Ă©viter la banqueroute de lâĂźle mais ni cette affaire chypriote, ni la cacophonie liĂ©e au rĂ©sultat incertain des Ă©lections italiennes fin fĂ©vrier, nâauront raison du retour de la confiance sur les marchĂ©s actions europĂ©ens. Outre le soutien des banques centrales, les marchĂ©s de la zone euro - Ă lâinstar de la Bourse amĂ©ricaine - ont profitĂ© du retour des investisseurs déçus par la mauvaise tenue des Bourses Ă©mergentes et la chute de leurs devises locales. La forte croissance des pays Ă©mergents donne des signes de faiblesse (BrĂ©sil) et les flux abondants qui se sont dĂ©versĂ©s sur ces marchĂ©s au cours de ces derniĂšres annĂ©es ont commencĂ© Ă revenir aux Etats-Unis et en Europe.
Paris dans le vert. Le 17 dĂ©cembre, le Cac 40 affichait une progression de 12,5% depuis le 1er janvier Ă 4.100 points (). Parmi les hausses annuelles les plus significatives de la Place parisienne, citons le rebond spectaculaire de lâaction Alcatel-Lucent de 227% (). Pourtant Ă la peine, lâĂ©quipementier tĂ©lĂ©coms profite dâun regain dâintĂ©rĂȘt des investisseurs satisfaits par le nouveau plan de restructuration du groupe franco-amĂ©ricain prĂ©sentĂ© dĂ©but octobre. De son cĂŽtĂ©, lâaction EDF sâest envolĂ©e de 82% () aprĂšs une annĂ©e boursiĂšre 2012 catastrophique, portĂ©e par les succĂšs de lâĂ©nergĂ©ticien français Ă lâinternational (contrat EPR en Grande-Bretagne etc.). Idem pour lâaction EADS qui grimpe de 85% (), signe de la bonne santĂ© du secteur aĂ©ronautique et dâun constructeur, Airbus, qui aura dĂ©crochĂ© plus de 1.200 commandes dâappareils au cours de lâannĂ©e. Enfin, Paris nâaura pas Ă©tĂ© en reste sur le front des IPO avec le succĂšs remarquĂ© de lâintroduction en Bourse de NumĂ©ricable le 8 novembre, la plus importante depuis 2009 !
Retour des bĂ©nĂ©fices ? Pour 2014, la liquiditĂ© va demeurer abondante sur les Bourses mondiales. Si les multiples de valorisation ont poursuivi leur rattrapage en 2013 et retrouvĂ© leur moyenne historique (PE autour de 15 pour le MSCI World), il reste beaucoup dâinconnues sur le terrain macroĂ©conomique. Alors que lâĂ©conomie amĂ©ricaine est repartie (+2,3% attendue lâan prochain), la croissance en zone euro restera poussive (+0,9%). Sauf crise internationale majeure, câest la capacitĂ© des entreprises Ă gĂ©nĂ©rer des profits qui sera particuliĂšrement scrutĂ©e. « Pour lâinstant, les attentes sont prometteuses avec une progression de 11% attendue aux Etats-Unis et 17% en Europe. Si ces prĂ©visions se rĂ©alisent dans un contexte de lĂ©gĂšre remontĂ©e des taux obligataires, cela devrait donner une performance Ă un chiffre des actions amĂ©ricaines et autour de 12/15% pour les actions europĂ©ennes » prĂ©vient Jean-Marie Mercadal, DG dĂ©lĂ©guĂ© en charge des gestions chez OFI AM. Rendez-vous au premier trimestre 2014âŠ
Julien Gautier
(*) : Cours arrĂȘtĂ©s au 17/12/2013