Premiers doutes sur la politique de la Banque du Japon

[b]Les marchés japonais exultent depuis les annonces de la banque centrale. Les économistes en redoutent les effets désastreux sur l’économie réelle.

Par Yann Rousseau | 11/04 | 16:39[/b]

Depuis que la Banque du Japon (BoJ) a dévoilé son spectaculaire programme d’assouplissement quantitatif, les marchés japonais exultent. Et les commentateurs saluent l’audace incroyable de Tokyo qui promet de sortir le pays du bourbier de la déflation en quelques mois. Jeudi, le Nikkei a encore progressé de 2%, à son plus haut niveau en quatre ans et demi, et les courtiers les plus enthousiastes l’annoncent déjà au dessus du plafond des 15.000 points.

Leur raisonnement est simple. Ils estiment que l’injection massive de liquidités par la banque centrale va continuer de pousser le yen à la baisse -depuis novembre, il a déjà perdu plus de 20% face au dollar -et donc gonfler les résultats des exportateurs japonais. Ils parient aussi sur un assèchement par la BoJ du marché des obligations japonaises qui devrait contraindre les investisseurs domestiques, et notamment les grandes institutions financières à se tourner vers le marché actions pour placer leurs capitaux. Séduisante sur le papier, cette logique ne convainc pas beaucoup d’économistes dans l’archipel. Certains ont même vu dans la spectaculaire volatilité, ces derniers jours, des obligations d’Etat japonaises, les premiers doutes des investisseurs sur la pertinence de la stratégie monétaire. Jeudi, c’est la faible demande pour de nouvelles obligations d’Etat à 30 ans, proposé à un rendement toujours très faible, qui a jeté un froid sur la place japonaise.
Programme de dépenses publiques financé par la dette

Dans l’archipel, la plupart des conjoncturistes veulent bien reconnaître que la politique de la BoJ devrait profiter pendant plusieurs mois encore au marché actions. Ils s’inquiètent par contre de** l’impact à moyen terme sur les fondamentaux du pays de cette stratégie, **qui s’accompagne d’un spectaculaire programme de dépenses publiques financé par la dette. « Nous ne pouvons nous empêcher de penser que les actions de la BoJ, qui ont des relents de monétisation, vont ruiner la discipline budgétaire », explique Ryutaro Kono, l’économiste en chef de BNP Paribas au Japon. Selon lui, l’inflation, si elle venait à être ranimée, pousserait nécessairement les taux d’intérêt à la hausse et compromettrait les capacités de l’Etat à rembourser ses emprunts, alors qu’il est endetté à hauteur de 235% de son PIB.

Dominic Wilson de Goldman Sachs doute lui fortement d’un retour à une inflation de 2%. Il rappelle que « le yen est le principal mécanisme de transmission pour pousser l’inflation à la hausse ». Mais, explique-t-il, les projections montrent qu’il faudrait susciter une énorme dépréciation de la devise japonaise pour générer une inflation de 2%. Le recul de 20% face au dollar, qui agace déjà les partenaires économiques du pays, ne permettrait, au maximum, qu’une hausse des prix de 0,8%. Pour nombre d’économistes, une forte chute du yen pourrait même s’avérer très douloureuse. Nobuyuki Saji, chez Mitsubishi UFJ Morgan Stanley, s’inquiète de l’envolée des prix du textile, des médicaments ou de la nourriture, que l’archipel achète de plus en plus à l’étranger. Ces hausses toucheraient particulièrement les personnes âgées qui sont pourtant l’un des derniers moteurs de la consommation domestique.

Bonjour Nicolas

tu peut ajouter notre banque europeene, qui donne a tout va, et comment? egalement avec la planche a billets.

Entre la FED et la BoJ, on ne sait plus oĂą donner de la tĂŞte.