Perspectives immobilière

Économie et Immobilier : quelles perspectives pour la fin d’année 2022 ?
Publié le jeudi 17 novembre 2022
Marchés européens, inflation, remontée des taux de rendement, télétravail… Le troisième trimestre est un trimestre de transition qui prolonge les tendances constatées depuis le début de l’année.

L’analyse du spécialiste PERIAL AM.

Une économie européenne qui fléchit mais ne rompt pas

Selon les premières estimations d’Eurostat publiées le 31 octobre, la croissance serait restée positive dans la Zone Euro au troisième trimestre 2022 malgré un environnement économique relativement pessimiste. Contre toute attente, l’Allemagne n’est pas entrée en récession ce trimestre et a même connu un regain de croissance, portée par une consommation des ménages restée dynamique malgré les hausses de prix et par une amélioration de l’approvisionnement en matières premières pour la production de biens de consommation. Le PIB a également progressé dans les autres principales économies de la zone, en France, en Espagne et en Italie, profitant toujours du rebond post-Covid du secteur des services (tourisme, restauration, etc.).

Malgré ces notes positives, le ralentissement économique reste indéniable en Zone Euro, avec une croissance de +0,2% au T3 2022 contre +0,8% au T2 20221, et pourrait se traduire par une contraction de l’activité au dernier trimestre 2022 et au début de l’année 2023. Le niveau d’inflation, qui a battu un nouveau record en octobre pour le douzième mois consécutif, devrait finir par faire reculer la consommation des ménages malgré les aides gouvernementales. Par ailleurs, les entreprises pourraient limiter leur production dans les mois à venir face à la hausse des coûts de l’énergie. Dans ce contexte, la Banque Centrale Européenne poursuit sa politique de remontée des taux directeurs pour ralentir la dynamique inflationniste, affectant toutefois au passage l’accès au financement des Etats, des entreprises et des ménages, ce qui pèse sur la croissance.

Les économies européennes réagiront différemment dans ce nouvel environnement alors que la politique commune et les accords trouvés à l’échelle de l’UE ne gommeront pas la diversité des profils économiques des pays et des décisions prises par les gouvernements en matière d’accompagnement des entreprises et des ménages.

Un marché de l’investissement européen en demi-teinte

Avec plus de 52 milliards d’euros investis au T3 2022 selon RCA, portant le total à 9 mois à près de 205 milliards d’euros, le marché de l’investissement immobilier en Europe toutes typologies confondues ralentit après un début d’année record. Si le troisième trimestre est généralement moins dynamique, plusieurs phénomènes sont à commenter cette année.

Tout d’abord, en matière de géographie, 2022 marquera le retour en force du Royaume-Uni après 6 années difficiles en lien avec le Brexit et la pandémie de Covid-19. Avec près de 55 milliards d’euros investis sur les 9 premiers mois de l’année, le marché britannique reprend sa place de premier marché européen et distance l’Allemagne qui ne totalise que 35 milliards d’euros après une année 2021 record. La France conserve sa troisième place avec près de 25 milliards d’euros investis, un volume en progression de 20% par rapport à la même période l’année dernière.

Côté typologie, les volumes investis bureaux retrouvent le niveau de leur moyenne quinquennale, soit environ 66 milliards d’euros pour les trois premiers trimestres. La part des bureaux se stabilise pour représenter un tiers des volumes investis. La logistique devance de justesse le résidentiel qui avait connu une année 2021 exceptionnelle par le nombre de produits disponibles à l’acquisition sur le marché. A noter également, les 27 milliards d’euros investis en commerce, soit le meilleur début d’année depuis 2018 pour cette typologie dont s’étaient détournés de nombreux investisseurs.

Le dernier trimestre 2022 et le début d’année 2023 devraient toutefois être marqués par un ralentissement des transactions à l’investissement en Europe, dans un contexte d’accès difficile au financement et d’incertitude quant à l’évolution des prix à court terme.

Une remontée significative des taux de rendement prime ce trimestre

Le principal événement sur le marché de l’investissement ce trimestre a été la dynamique de revalorisation qui a concerné la majorité des typologies. En effet, face à la concurrence des autres produits financiers et l’augmentation des coûts de financement, les taux de rendement prime pour l’immobilier ont progressé ces derniers mois. Cette remontée, inévitable au regard de celle observée pour les taux souverains, a été plus ou moins marquée selon les typologies.

En effet, après avoir connu une compression spectaculaire ces dernières années et en particulier depuis la pandémie, les actifs logistiques ont connu la remontée des taux la plus forte depuis le mois de mai 2022. Cette dernière s’élève à environ 50 points de base sur la période en moyenne en Europe, contre environ 25 points de base pour les bureaux, l’hôtellerie et les commerces de pied d’immeuble.

La plupart des agents s’accorde à dire que cette dynamique de décompression des taux devrait se poursuivre dans les mois à venir. Par ailleurs, les perspectives de ralentissement de l’économie devraient pousser les investisseurs à être plus prudents dans leurs décisions d’investissement.

Une demande pour les surfaces de bureaux toujours en hausse

Fort de ses bons fondamentaux à l’entrée du choc induit par la pandémie de Covid-19, le marché des bureaux a rapidement rebondi malgré des changements structurels évidents comme la démocratisation du télétravail partiel en Europe. Ainsi, à l’aube d’une nouvelle secousse économique attendue dans les prochains mois, la demande utilisateur dans les principaux marchés européens reste relativement élevée et les taux de vacance relativement bas. La construction de nouvelles surfaces, ralentie par la hausse des coûts de construction et la prudence des investisseurs pour les lancements de chantier sans signature de bail au préalable, a permis au marché de se rééquilibrer. Le ralentissement de l’économie pourrait entrainer une stagnation de la demande de la part des utilisateurs qui devraient continuer à favoriser les immeubles modernes les mieux placés et répondant aux derniers critères environnementaux.

Publié par Olivier Cheilan | aujourd’hui à 16:42
Quelles conséquences de la hausse des taux pour les SCPI ?
La plateforme d’épargne en ligne Linxea a recensé une trentaine de SCPI dont le rendement des dividendes a dépassé 5% en 2022.

La plateforme d’épargne en ligne Linxea vient d’estimer à 4,70% le rendement moyen des SCPI pour 2022 sur la base d’un échantillon de 80 SCPI. Certains taux sont encore à l’étude au sein des sociétés de gestion, ce qui rend cette estimation encore provisoire. Cela confirme en tout cas encore une belle année pour les SCPI avec une progression moyenne du rendement par rapport à un taux de distribution 2021 de 4,49% (brut de fiscalité étrangère).

Linxea rappelle quand même que le taux de distribution moyen annoncé chaque année par l’organisation interprofessionnelle des fonds immobiliers non cotés (ASPIM) est un taux pondéré en fonction des capitalisations, ce qui n’est pas le cas de son étude. En effet, les SCPI ayant les rendements les plus élevés sont souvent les SCPI avec des capitalisations réduites (notamment des SCPI récentes), et à l’inverse, les SCPI avec les taux de distribution les plus faibles ont souvent des capitalisations importantes.

Une trentaine de SCPI au-dessus de 5%
Dans le détail, une trentaine de SCPI étudiées par Linxea affichent un rendement des dividendes supérieur à 5%. Les plus performantes, au nombre de 8, parviennent même à dépasser 6%. Ces meilleures performances sont essentiellement à chercher dans la catégorie des SCPI diversifiées qui affiche un rendement moyen de 5,37%.

Des interrogations sur l’évolution du prix des parts
Linxea a par ailleurs recensé 25 SCPI ayant revalorisé le prix de leurs parts en 2022, la plupart ayant eu lieu au cours du premier semestre. « D’autres ont préféré, au vu du contexte international, attendre les expertises de fin d’année pour acter - ou pas - une revalorisation », explique Pierre Garin, Directeur du pôle immobilier de Linxea.

Car comme le rappelle la plateforme, les taux d’intérêt bas avaient jusqu’ici alimenté une hausse continue du prix des parts de SCPI, avec pour conséquence une certaine érosion des rendements. Avec le brusque retour de l’inflation, et la hausse des taux qui en a découlé, les courbes vont sans doute s’inverser.

Les conséquences de la hausse des taux
La forte hausse des taux d’emprunt entraîne en effet un retrait de nombreux acteurs qui investissaient à crédit sur le marché immobilier tertiaire, avec pour conséquence une pression à la baisse du prix de ces actifs. Linxea considère donc qu’il y aura probablement à l’avenir des rendements en hausse mais moins de revalorisation de prix de part. Sachant que la plupart des SCPI possèdent des valeurs de reconstitution supérieures à leurs prix de part, ce qui leur permettrait d’absorber une éventuelle baisse des valeurs d’expertise, Linxea ne s’inquiète pas vraiment d’un risque de baisse générale du prix des parts.

Une légère baisse des prix des actifs par une moindre concurrence entre acquéreurs est d’ailleurs susceptible de présenter une opportunité pour les SCPI qui investissent en cash grâce à une collecte soutenue. « C’est particulièrement favorable aux jeunes SCPI, qui vont pouvoir se constituer un patrimoine avec un très bon point d’entrée », souligne Pierre Garin. C’est d’ailleurs le cas pour la toute jeune SCPI sans droit d’entrée Remake Live qui affiche le meilleur rendement de l’année 2022 à 7,64%. Les gérants de cette SCPI lancée début 2022 ont profité de leurs liquidités procurées par une forte collecte pour se positionner sur les marchés étrangers où moins d’acquéreurs étaient présents en raison de la remontée des taux qui limite leur capacité d’endettement.