Perspectives de l immobilier de bureaux

Aviva Investors - Quelles perspectives pour le secteur de l’immobilier de bureaux ?
LES NEWS 29 NOVEMBRE 2021
Le marché de l’immobilier a accéléré sa mutation depuis le début de la pandémie de Covid-19 en mars 2020.

ainv2911La hiérarchie des classes d’actifs s’est polarisée d’une part autour de gagnants : logistique, actifs résidentiels et de santé, et d’autre part d’un principal perdant : le commerce. Au milieu de ce classement, l’immobilier de bureaux connait de nombreuses évolutions qui peuvent rendre, de prime abord, ses perspectives opaques. Nous allons voir dans ce document comment s’est comporté l’immobilier de bureaux ces derniers mois, quelles sont les évolutions structurelles de la classe d’actifs et comment nous nous positionnons face à ces perspectives.

L’immobilier de bureaux depuis le début de la pandémie

A partir de mars 2020, le volume de transactions a chuté sur les marchés immobiliers de bureaux et ce, jusqu’à la fin mars 2021, la situation sanitaire créant des incertitudes et plaçant les investisseurs en phase d’attentisme. Après cette année morose, le secteur des bureaux a connu un regain de dynamisme depuis le début du deuxième trimestre 2021. Cependant, nous constatons des disparités selon les localisations, entre les immeubles situés dans les quartiers centraux d’affaires d’une part et les localisations périphériques d’autre part.

Les quartiers centraux d’affaires ont globalement été peu impactés tandis que les immeubles situés dans des localisations secondaires souffrent.

Sur les marchés locatifs, le taux de vacance a graduellement augmenté dans les 28 principaux marchés européens sur la première année de la pandémie, passant en moyenne de 6,4% au 3ème trimestre 2020 à 7,3% au 3ème trimestre 2021. Cette situation cache elle aussi de fortes disparités. En effet, si la demande sur les marchés secondaires a été substantiellement impactée, les marchés des quartiers centraux d’affaires des principales capitales européennes ont tiré leur épingle du jeu avec des taux de vacance qui restent faibles et des niveaux de loyer facial qui ont su rester stables. Depuis la fin du 1er trimestre 2021, nous assistons à une reprise de la demande placée de la part des entreprises en Europe. Le contraste entre quartier centraux d’affaires et localisations secondaires est toujours sensible. Cela s’est illustré notamment dans notre portefeuille allemand pour lequel les locataires partants sont rapidement remplacés par de nouveaux arrivants, pour des loyers souvent plus élevés.

Des attentes et une demande en évolution rapide

Nous voyons désormais clairement que la crise a accéléré deux tendances de fond du monde du travail : la numérisation des métiers et l’essor du télétravail. Ces deux composantes impactent largement l’usage qui sera fait à l’avenir des immeubles de bureaux. Le télétravail a été largement adopté en Europe durant les confinements. Malgré une baisse du nombre global d’infections, l’augmentation du niveau de vaccination et la réouverture des économies, ce mode de fonctionnement semble être entré dans les usages très rapidement et est plébiscité par une majorité des salariés.

Cependant, loin de signer la fin des bureaux, la résultante de cette nouvelle norme sera selon nous une modification profonde des attentes sur ce type de biens. Les entreprises engagent des réflexions sur leurs implantations et la qualité des surfaces occupées et recherchent d’autres locaux le cas échéant. La demande se tourne déjà vers des espaces plus qualitatifs, favorisant les rencontres, les discussions et les espaces communs et collaboratifs. Ces espaces d’échanges sont cependant consommateurs de m². Nous pensons en définitive que l’espace gagné par la baisse de la surface consacrée aux bureaux personnels sera partiellement compensée par ces nouveaux espaces d’échanges.

Nos perspectives et le positionnement d’Aviva Investors France

Nous devrions assister à un mouvement de baisse du nombre de m² demandés graduel et sur plusieurs années. Ce mouvement sera selon nous centré sur les plus grandes surfaces déjà louées, les emplacements secondaires et les structures touchées par une certaine obsolescence.

Cependant, nous pensons aussi que la demande va se concentrer sur des actifs de qualité avec un prix au m² élevé. En effet, les entreprises, pour rester attractives auprès de leurs salariés, vont rechercher des actifs présentant une excellente centralité, les meilleurs emplacements et de bonnes dessertes. De plus, l’adaptabilité des immeubles aux nouveaux usages et aux services associés ainsi que la qualité intrinsèque du bâti seront au cœur des préoccupations. En particulier, la performance environnementale et le niveau de confort de vie des occupants offert par ces bureaux continueront à être toujours plus valorisés. Les immeubles pouvant présenter toutes ces caractéristiques seront donc largement avantagés et plus demandés. Nous observons ce mouvement depuis la fin du 1er trimestre 2021 et il devrait se poursuivre sur les années à venir.

Les loyers faciaux devraient donc globalement rester stables à moyen terme dans les quartiers centraux d’affaires et évoluer selon la localisation et la qualité des bureaux à plus long terme. En Europe continentale, les grandes villes dynamiques devraient à terme sortir gagnantes de cette redistribution.

Dans ce contexte, la politique d’investissement que nous mettons en œuvre depuis plusieurs années se trouve selon nous validée et renforcée, et peut se synthétiser comme suit :

• Localisation : les meilleurs emplacements;

• Qualité de l’immeuble : des surfaces divisibles et adaptables;

• Situation locative : des immeubles déjà loués pour des baux longs à des locataires solides.

Immobilier d’entreprise au 1er trimestre 2023 : un marché qui ralentit
information fournie par PRIMALIANCE

CBRE, le leader mondial du conseil en immobilier d’entreprise, a récemment réagi à la dernière publication chiffrée du consortium Immostat concernant l’immobilier tertiaire français au 1er trimestre 2023. Alexandre Fontaine, Executive Director Bureaux IDF et Nicolas Verdillon, Managing Director Investment Properties chez CBRE, analysent les tendances à l’œuvre sur le marché utilisateurs et sur l’investissement. Ils analysent les chiffres Immostat du 1er trimestre et dressent des perspectives pour le reste de l’année.

Demande placée de bureaux en Île-de-France en forte baisse sur 1 an avec une quasi-absence de grandes transactions
Les signaux de ralentissement se multipliaient déjà au 4ème trimestre 2022 avec une demande placée qui dépassait à peine 600.000 m² sur le segment des bureaux franciliens : -11% sur un an et -9% par rapport à la moyenne de long terme . Néanmoins, l’ensemble de l‘année 2022 a malgré tout été sauvée par les trois premiers trimestres, puisque le chiffre annuel de 2,1 million de m² placés était supérieur de 10% à celui de 2021 – et de 60% à celui de la calamiteuse année 2020 – tout en restant inférieur de seulement 5% à la moyenne décennale.

Pour le 1er trimestre 2023, c’est une tout autre histoire puisqu’avec seulement 317.400 m² placés, la chute atteint 39 % par rapport au T1 2022 et 38% par rapport à la moyenne de long terme . Pour CBRE, « le marché des bureaux francilien subit les effets du ralentissement de l’économie française, mais aussi des mouvements sociaux de ce début d’année qui ont conduit à un allongement des délais de négociation.» La baisse d’activité reste faible sur les créneaux des petites et moyennes surfaces , mais le marché décroche significativement sur les grandes surfaces , soit celles supérieures à 5 000 m².

Alexandre Fontaine, Executive Director Bureaux IDF chez CBRE, résume : « Sur le 4ème trimestre 2022 , le créneau des grandes transactions avait été particulièrement dynamique . Sur le début d’année 2023, le créneau des surfaces supérieures à 5 000 m² a connu un trou d’air avec seulement 6 transactions pour un total de 57 200 m² placés. Néanmoins, le bon niveau de visites et des nouvelles demandes enregistrées nous permettent d’être optimistes pour les prochains mois . »

Sans surprise, l’offre immédiate de mètres carrés de bureaux franciliens progresse sur ce 1er trimestre 2023 pour s’élever à 4,4 millions de m² , une hausse de 2,5% par rapport au T4 2022 et de 10% par rapport au T4 2021. Dorénavant, nous sommes très loin du point bas pré-Covid atteint au T4 2019 : 2,7 millions de m² disponibles. Néanmoins, nous sommes également loin des records historiques à plus de 5 millions de m² atteints dans les années qui ont suivi la crise financière de 2008.

Alexandre Fontaine complète son analyse et relativise la baisse d’activité enregistrée au 1er trimestre 2023 : « Le taux de vacance progresse principalement sur le Croissant Ouest . Sur le reste de l’Ile-de-France, les taux de vacance sont relativement stables. L’activité sur ce début d’année a été plus timide qu’attendue. Nous nous attendons à un niveau de demande placée inférieur à 2022 , mais les moteurs de la demande restent solides : modernisation des espaces de travail, recherche de centralité, optimisation des coûts, intégration des critères ESG… »

Investissement tertiaire France : -40% par rapport à la moyenne quinquennale
Du côté des investissements en immobilier tertiaire français, le 1er trimestre 2023 aura été similaire à ce qui a été constaté sur le marché des utilisateurs : avec un volume global engagé de 3,2 milliards d’euros sur la période – soit -40% par rapport à la moyenne quinquennale – on peut parler d’un véritable coup de froid pour l’investissement . On se retrouve nettement plus bas que le T1 2021 (4,6 milliards d’euros) qui correspondait au paroxysme de la crise sanitaire, et à une encablure des niveaux enregistrés aux T1 2016 et T1 2017 (3,1 milliards d’euros).

Néanmoins, il convient de relativiser historiquement ces chiffres lorsque l’on élargit la perspective : en 2009 , le T1 avait été inférieur à 1 milliard d’euros et les chiffres des 3 années suivantes ont tous été inférieurs à 2 milliards d’euros sur le T1 . Concernant le 1er trimestre 2023, il convient de noter l’exception du commerce qui « réalise une performance relativement inhabituelle » selon CBRE. En effet, ce segment de l’immobilier tertiaire a été soutenu par quelques grosses transactions et prend une quote-part de 40% sur le volume global observé .

Plus généralement, le faible chiffre enregistré au T1 2023 reflète un ajustement en cours des prix , accompagné par une certaine inadéquation temporaire entre les attentes des vendeurs et les exigences des acheteurs . La hausse spectaculaire des taux de marché enregistrée en 2022 ne s’est pas encore complètement traduite dans la décompression à l’œuvre sur les rendements immobiliers. Nicolas Verdillon, Managing Director Investment Properties chez CBRE, estime que « la nervosité des marchés financiers, les faillites de banques et l’inflation, combinées à la forte volatilité de l’OAT, ralentissent la phase d’ajustement des prix. En effet, cela rend encore plus complexe la fixation et la reconstitution de la prime de risque immobilière à terme. De ce fait, la reprise sera moins rapide qu’escompté ». « Toutefois, nous restons confiants sur la capacité de rebond du marché : dans un contexte d’inflation soutenue , les placements immobiliers jouent un rôle défensif . La collecte des fonds non cotés avait été encore très bonne en 2022, avec une obligation de déploiement du capital disponible », ajoute-t-il.

Tout bien considéré, la conjoncture actuelle devrait générer des opportunités de création de valeur sur les actifs qualitatifs bénéficiant d’un bon potentiel de réversion des loyers avec, bien sûr, un focus important du marché sur la qualité environnementale dans le contexte du décret tertiaire.

Comment se porte le marché européen des bureaux au sortir de la crise sanitaire ?
TENDANCE ANALYSE0
Fin 2021, le taux de vacance global en Europe s’élevait à 7,3% selon BNP Paribas Real Estate, en augmentation de 50 points de base par rapport à fin 2020.

BNP Paribas Real Estate

Prendre la température du marché des bureaux au sortir de la crise sanitaire et en période de confirmation de l’essor du télétravail est toujours intéressant pour les épargnants investis en SCPI. Le bureau reste en effet le cœur de cible de beaucoup de SCPI avec un déplacement des investissements vers les pays européens, notamment l’Allemagne.

Le « prime » résiste
La dernière étude de BNP Paribas Real Estate sur le marché européen des bureaux montre que les actifs « prime », c’est-à-dire d’excellente qualité et situés dans les zones les plus recherchées par les locataires, n’a guère souffert de la crise du Covid-19. BNP Paribas Real Estate observe que les loyers des bureaux « prime » n’ont été que peu affectés et ont résisté au ralentissement de la demande placée. Ainsi, sur la plupart des marchés, les valeurs locatives prime n’ont pas baissé pendant la pandémie, certaines étant même supérieures à leur niveau d’avant crise. Une demande supérieure à l’offre et la très faible disponibilité d’actifs prime dans les quartiers les plus recherchés ont soutenu la hausse des valeurs.

La hausse des valeurs locatives la plus importante entre le quatrième trimestre 2021 et le dernier trimestre 2020 a été enregistrée à Luxembourg (+10%) et à Berlin (+8%). Viennent ensuite « Central London » et Varsovie (+4%), « Central Paris » (+3%), Amsterdam, Milan et Bruxelles (+2% chacune). Seules Dublin (-5%) et Madrid (-1%) connaissent des replis sur cette période.

« Le marché des bureaux se redresse progressivement, porté par les entreprises qui souhaitent se déplacer pour adapter leurs espaces aux nouveaux modes de travail. C’est pourquoi les valeurs devraient rester bien orientées dans les principaux quartiers d’affaires d’Europe », commente Richard Malle, directeur adjoint de Business Services, en charge de la Recherche, de l’Innovation et de la Data chez BNP Paribas Real Estate.

Taux de vacance
L’augmentation des taux de vacance (en photo) a été une autre conséquence de la crise sanitaire et reste une source d’inquiétude pour l’évolution des taux de rendement des SCPI. Après une forte hausse en 2020 et au premier semestre 2021, BNP Paribas Real Estate estime que les taux de vacance sur le marché des bureaux se sont stabilisés à la fin du deuxième trimestre 2021, grâce à la reprise progressive de la demande placée. La plupart des marchés connaissent cependant une dynamique à deux vitesses avec une faible disponibilité dans les zones centrales et dans les immeubles neufs, mais des taux de vacance beaucoup plus élevés dans les quartiers de bureaux périphériques.

Fin 2021, le taux de vacance global en Europe s’élevait à 7,3%, en augmentation de 50 points de base par rapport à fin 2020. Paris n’échappe pas à cette tendance avec un taux de 8,5% contre 7,4% un an plus tôt. Des villes comme Berlin, Munich ou Luxembourg affichent des taux de vacance nettement plus faibles, de l’ordre de 3 à 4%.

Demande placée
Même si les niveaux pré-covid n’ont pas été atteints sur l’ensemble de l’année 2021 (-8%), le marché locatif de bureaux en Europe a connu une augmentation significative du volume placé l’an dernier avec 8,5 millions de m² commercialisés sur les 18 principaux marchés selon BNP Paribas Real Estate, soit une hausse de +27% par rapport à 2020.

BNP Paribas pense que la demande placée devrait s’accélérer dans les mois à venir sur l’ensemble des marchés, sans pour autant atteindre les niveaux d’avant-crise, avec notamment 2,1 millions de m² en Île-de-France (+13%) et 3,5 millions de m² (+12%) sur les six principaux marchés allemands (Berlin, Cologne, Düsseldorf, Francfort, Hambourg, Munich).