Perspectives 2023

Special FeatureStratĂ©gie d’investissement pour 2023La nouvelle annĂ©e s’ouvre sur une sĂ©rie d’inconnues, dont les risques de rĂ©cession, la crise Ă©nergĂ©tique et la guerre en Ukraine. Les marchĂ©s financiers n’ont donnĂ© que trĂšs peu de satisfaction aux investisseurs, qui doivent dĂ©sormais prĂ©parer leurs portefeuilles pour 2023.
Sara Silano12.12.2022Font-Size
2023 mornigstar

AprÚs une année 2022 à oublier, les investisseurs se demandent quelles stratégies adopter en 2023.

L’annĂ©e 2022 a enchaĂźnĂ© une sĂ©rie de records nĂ©gatifs.

Pour les obligations, c’était le pire en neuf dĂ©cennies.

Pour les actions, l’une des plus noires.

L’inflation est à un niveau record dans la zone euro. Aux États-Unis, elle a atteint des niveaux pas vus depuis 40 ans.

En 2023, les investisseurs font face au spectre supplĂ©mentaire d’une rĂ©cession ou du moins d’un ralentissement trĂšs important de l’économie mondiale.

Selon les derniĂšres estimations de l’OCDE (Organisation de coopĂ©ration et de dĂ©veloppement), la croissance mondiale sera de 2,2% en 2023, contre les prĂ©cĂ©dentes prĂ©visions de +2,8%, formulĂ©es en juin.

Le Royaume-Uni sera le plus durement touchĂ©, mais l’Allemagne verra Ă©galement une contraction de son produit intĂ©rieur brut (PIB). Les États-Unis devraient connaĂźtre une expansion de 0,5 % et la France de 0,6%.

Futures inconnues
Les gérants interrogés par Morningstar jugent la situation économique en Europe plus préoccupante que celle des Etats-Unis, en raison de la crise énergétique.

Mais une question clĂ© pour dĂ©cider des stratĂ©gies d’investissement pour 2023 sera celle des politiques monĂ©taires des banques centrales.

Dans un procĂšs-verbal publiĂ© le 24 novembre, la Banque centrale europĂ©enne a dĂ©clarĂ© qu’elle « pourrait suspendre le resserrement monĂ©taire en cas de rĂ©cession prolongĂ©e et profonde ».

Les gĂ©rants de fonds s’attendent Ă  de nouvelles hausses de taux au moins jusqu’au premier trimestre 2023.

Aux États-Unis, la RĂ©serve fĂ©dĂ©rale pourrait changer de cap au cours de la premiĂšre partie de l’annĂ©e.

La situation géopolitique reste une grande inconnue.

Il existe de nombreux fronts ouverts, notamment la guerre en Ukraine et les tensions en Chine.

Les investisseurs ne peuvent ignorer l’Empire du milieu, car la question du « comment » et du « quand » la politique du « zĂ©ro Covid » sera mise de cĂŽtĂ©, Ă©galement au vu des protestations de la population.

Par ailleurs, l’économie semble se diriger vers une gestion de plus en plus centralisĂ©e, suite aux rĂ©sultats du CongrĂšs du Parti communiste en octobre, qui a donnĂ© un troisiĂšme mandat au prĂ©sident Xi Jinping.

Selon Lan Wang Simond, Senior Investment Manager chez Pictet Asset Management, « la Chine est trop grande et trop profondĂ©ment enracinĂ©e dans le systĂšme Ă©conomique et financier mondial pour ĂȘtre ignorĂ©e ».

2023 sera-t-elle l’annĂ©e des obligations ?
Pour les investisseurs obligataires, 2022 a Ă©tĂ© la pire en prĂšs d’un siĂšcle. Les principales catĂ©gories de fonds obligataires ont enregistrĂ© des rendements nĂ©gatifs, y compris ceux des obligations d’État en euros et en dollars.

En établissant des stratégies pour 2023, les investisseurs se demandent si les choses vont changer.

« Avec une inflation susceptible de se normaliser l’annĂ©e prochaine, les actifs obligataires devraient devenir plus attractifs et offrir de nouveaux avantages de diversification dans les portefeuilles », a dĂ©clarĂ© le Credit Suisse dans un communiquĂ©.

Toujours de la volatilité sur les marchés boursiers

En 2022, les fonds spécialisés sur les principales places boursiÚres ont enregistré des pertes à deux chiffres.

L’inconvĂ©nient est qu’aujourd’hui, la plupart des bourses ont des valorisations attrayantes.

Cependant, les gĂ©rants d’actifs sont convaincus qu’il y aura toujours de la volatilitĂ© en 2023.

Les valorisations boursiĂšres sont attractives dans le monde entier

« Dans l’ensemble, compte tenu Ă©galement de la situation gĂ©opolitique, les conditions nĂ©cessaires Ă  une reprise durable du marchĂ© pourraient ne pas encore exister. Mais des reprises pĂ©riodiques sont possibles et pour cette raison, il ne semble pas appropriĂ© de prendre des positions nettes, alors qu’une sĂ©lection qualitative rigoureuse peut attĂ©nuer la volatilitĂ© », dĂ©clare Matteo Ramenghi, Chief Investment Officer d’UBS GWM Italie.

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Questions et réponses sur le crédit : comment naviguer dans un deuxiÚme semestre 2023 agité
Nous nous sommes entretenus avec deux grands investisseurs en crĂ©dit pour savoir comment ils font face Ă  la double menace d’une inflation et de taux d’intĂ©rĂȘt Ă©levĂ©s, avec la perspective d’une plus grande volatilitĂ© Ă  venir.
Schroder Investment Management (Europe)

Le dĂ©but volatil de l’annĂ©e pour les marchĂ©s de crĂ©dit s’est quelque peu calmĂ© ces derniers mois et il semble que les principales Ă©conomies aient rĂ©ussi Ă  Ă©viter une profonde rĂ©cession. Cependant, avec l’Europe qui s’adapte toujours aux derniĂšres hausses de taux d’intĂ©rĂȘt de la Banque centrale europĂ©enne (BCE), une forte inflation et une faible croissance restent un dĂ©fi lĂ -bas et ailleurs.

Sur cette toile de fond, il semble que la volatilitĂ© puisse augmenter Ă  nouveau dans la seconde partie de l’annĂ©e. Nous avons rencontrĂ© Julien Houdain, responsable des obligations mondiales non contraintes, et Martin Coucke, gestionnaire de portefeuille crĂ©dit, pour discuter de la maniĂšre dont les investisseurs en crĂ©dit pourraient devoir se positionner et oĂč ils peuvent trouver un revenu stable pour se protĂ©ger Ă  la fois contre l’inflation et la dĂ©prĂ©ciation des prix.

Quelles sont vos perspectives pour le reste de l’annĂ©e et quels conseils avez-vous pour naviguer dans l’environnement actuel ?

Nous prĂ©voyons que l’économie continuera Ă  ralentir. Il semble que la rĂ©cession dans les marchĂ©s dĂ©veloppĂ©s qui Ă©tait prĂ©vue au premier semestre de l’annĂ©e ait Ă©tĂ© reportĂ©e, trĂšs probablement Ă  la seconde moitiĂ© de l’annĂ©e. L’optimisme autour de la rĂ©ouverture de la Chine s’estompe Ă©galement, les derniers chiffres montrant une croissance plus faible que prĂ©vu.

NĂ©anmoins, nous nous attendons Ă  ce que toute rĂ©cession soit assez lĂ©gĂšre. Et il y a des signes positifs : par exemple, le taux d’inflation mensuel a dĂ©jĂ  considĂ©rablement ralenti en raison des mesures de resserrement quantitatif prises par les banques centrales, et cela devrait se poursuivre. Il pourrait y avoir quelques hausses Ă  l’horizon, mais en gĂ©nĂ©ral, il semble que les banques centrales commencent Ă  se dĂ©sengager, du moins pour le moment.

L’environnement actuel est difficile Ă  naviguer, donc la sĂ©lection prudente des titres reste essentielle pour gĂ©nĂ©rer des rendements. Les investisseurs en crĂ©dit devraient Ă©galement surveiller le niveau de risque qu’ils prennent et la durĂ©e de leur portefeuille pour tenir compte du ralentissement Ă©conomique et offrir un meilleur amortisseur contre l’environnement de taux actuel.

Il semble que les mois de resserrement quantitatif semblent fonctionner et les derniers chiffres de l’inflation semblent plutĂŽt optimistes aux États-Unis et en Europe. Quels sont vos avis sur l’inflation Ă  venir et comment le retournement de tendance affectera-t-il votre stratĂ©gie ?

Il semble en effet que la tendance commence Ă  s’inverser. Le marchĂ© semble clairement ĂȘtre d’accord, car il est actuellement en train de prendre en compte une baisse significative de l’inflation au cours des 6 Ă  12 prochains mois. Les taux terminaux sont donc probablement proches de leur pic, du moins aux États-Unis. Cela pourrait prendre un peu plus de temps en Europe, mais mĂȘme lĂ , nous devrions ĂȘtre proches des taux terminaux. Le Royaume-Uni devrait suivre bientĂŽt aprĂšs. Cependant, malgrĂ© le retournement de tendance de l’inflation, nous pouvons toujours nous attendre Ă  Ă©voluer dans un environnement de forte inflation et de taux d’intĂ©rĂȘt Ă©levĂ©s plus longtemps, ce qui maintiendra Ă©galement une volatilitĂ© plus Ă©levĂ©e. Des Ă©vĂ©nements tels que la crise des gilets britanniques et plus rĂ©cemment les turbulences dans le secteur bancaire amĂ©ricain sont de bons exemples de la rapiditĂ© avec laquelle les choses peuvent changer dans l’environnement actuel. L’agilitĂ© est une caractĂ©ristique importante car les investisseurs doivent ĂȘtre en mesure de rĂ©agir rapidement et efficacement Ă  toute perturbation sur le marchĂ©.

Du point de vue de la stratĂ©gie, l’environnement actuel peut ĂȘtre trĂšs impitoyable pour les entreprises et au cours des prochains mois, nous nous attendons Ă  voir une augmentation des dĂ©fauts. Cela est dĂ©jĂ  reflĂ©tĂ© dans les valorisations.

La flexibilité est donc importante ?

Oui, absolument. La sĂ©lection active des obligations est cruciale car elle aide les investisseurs Ă  Ă©viter les piĂšges dans les marchĂ©s volatils. L’accent doit ĂȘtre mis sur la sĂ©lection des bons noms et Ă©viter les faillites. Il existe actuellement plusieurs scĂ©narios quant Ă  l’évolution des choses Ă  partir de maintenant, donc les investisseurs doivent ĂȘtre sur le qui-vive. Si l’économie prend son temps pour ralentir, l’inflation pourrait recommencer Ă  augmenter. Cela obligerait les banques centrales Ă  augmenter encore davantage les taux d’intĂ©rĂȘt. Jusqu’à prĂ©sent, l’économie est restĂ©e Ă©tonnamment forte, Ă  l’exception de quelques fissures dans le secteur bancaire, donc c’est dĂ©finitivement quelque chose Ă  surveiller. C’est pourquoi il est important d’ĂȘtre flexible et capable de changer de point de vue en fonction de ce que nous observons sur le marchĂ© et de ce que nous disent les derniĂšres donnĂ©es.

Revenons Ă  la volatilitĂ© et au secteur bancaire, quels sont vos avis actuels Ă  ce sujet ? AprĂšs les effondrements de Silicon Valley Bank et de Signature Bank et plus rĂ©cemment l’échec de First Republic aux États-Unis, et l’acquisition d’UBS par Credit Suisse en Europe, pensez-vous que le problĂšme est maintenant contenu ou pourrions-nous voir une escalade des choses Ă  l’avenir ?

Il est important de distinguer les secteurs amĂ©ricain et europĂ©en. Les banques amĂ©ricaines opĂšrent dans un monde Ă  part et le marchĂ© est trĂšs fragmentĂ©. Les plus petites banques amĂ©ricaines sont Ă©galement beaucoup plus exposĂ©es Ă  l’immobilier commercial que leurs homologues europĂ©ennes, ce qui signifie que nous ne voyons pas la mĂȘme quantitĂ© de sorties de dĂ©pĂŽts en Europe qu’aux États-Unis. En fin de compte, c’est surtout le manque de rĂ©glementation qui a conduit Ă  la crise bancaire amĂ©ricaine. La faillite de Credit Suisse Ă©tait plutĂŽt le rĂ©sultat d’annĂ©es de mauvaise gestion que d’un problĂšme plus systĂ©matique dans le secteur bancaire europĂ©en lui-mĂȘme.

Ainsi, les turbulences actuelles sont beaucoup plus centrĂ©es sur les États-Unis et nous restons prudents. Cependant, le secteur bancaire amĂ©ricain devrait ĂȘtre en mesure de rĂ©sister assez bien Ă  la tempĂȘte. Le marchĂ© s’est dĂ©jĂ  Ă©largi considĂ©rablement en termes d’écart de crĂ©dit, bien que rien ne se soit produit. Il y a en fait de nombreuses opportunitĂ©s intĂ©ressantes disponibles en ce moment si vous savez oĂč chercher.

Outre le secteur financier, y a-t-il d’autres secteurs ou thùmes sur lesquels vous vous concentrez actuellement ?

Étant donnĂ© que nous pensons que l’économie continuera Ă  ralentir et que nous sommes susceptibles de voir plus de dĂ©fauts Ă  l’avenir, les sociĂ©tĂ©s de notation d’investissement sont une voie Ă  suivre. Les entreprises notĂ©es BBB et dont les fondamentaux sont bons offrent actuellement des primes dĂ©centes.

En examinant diffĂ©rents thĂšmes, les entreprises dĂ©fensives qui fournissent un revenu stable malgrĂ© la volatilitĂ© du marchĂ© devraient mieux s’en sortir dans cet environnement que leurs homologues plus cycliques. L’accent doit ĂȘtre mis sur les entreprises ayant des profils commerciaux rĂ©silients et durables avec une bonne capacitĂ© Ă  gĂ©nĂ©rer des flux de trĂ©sorerie pour servir des coĂ»ts de financement potentiellement plus Ă©levĂ©s. Le secteur immobilier est actuellement celui qui se distingue et constitue probablement la plus grande opportunitĂ© d’alpha car les Ă©carts sont proches des niveaux les plus Ă©levĂ©s de tous les temps. MalgrĂ© le vent contraire des taux d’intĂ©rĂȘt plus Ă©levĂ©s, il n’y a pas eu de dĂ©tĂ©rioration significative des fondamentaux car l’indexation des loyers Ă  l’inflation a compensĂ© l’impact nĂ©gatif des rendements plus Ă©levĂ©s. Le secteur europĂ©en de la logistique semble particuliĂšrement intĂ©ressant, car il est encore susceptible de bĂ©nĂ©ficier de l’adoption accrue du commerce Ă©lectronique. Ici, l’Europe est encore destinĂ©e Ă  rattraper des pays plus avancĂ©s comme le Royaume-Uni ou les États-Unis.

Edmond de Rothschild - Flash marchés : Une pause pour les banques centrales ?
LES NEWS 11 SEPTEMBRE 2023
‱ Aux Etats-Unis, aprĂšs les signes rassurants sur le ralentissement du marchĂ© du travail, on constate surtout une surprenante rĂ©silience de l’économie, avec un rebond de l’indice ISM des services et un reflux des inscriptions au chĂŽmage.

‱ En Europe, le prochain meeting du 14 septembre de la BCE devrait ĂȘtre moins consensuel avec un pĂ©trole en hausse, un euro en baisse et une inflation qui dĂ©croĂźt moins que prĂ©vu.

‱ Nous avions renforcĂ© nos expositions actions pendant la baisse des marchĂ©s dans une logique Ă  court terme. A moyen terme, nous conservons une certaine prudence sur les actifs risquĂ©s Ă©tant donnĂ© la diffusion dĂ©calĂ©e des politiques monĂ©taires restrictives Ă  l’économie rĂ©elle.

L’attention des marchĂ©s se porte encore sur l’économie chinoise pĂ©nalisĂ©e par une crise immobiliĂšre majeure, mĂȘme si l’on note quelques signes de stabilisation de la croissance, notamment via les importations et la demande de pĂ©trole.

Le principal promoteur immobilier chinois, Country Garden, a temporairement rĂ©ussi Ă  honorer ses premiers paiements de coupon et nĂ©gociĂ© le rĂ©Ă©chelonnement d’une partie de sa dette avec certains crĂ©anciers ; mais le problĂšme de sa dette massive de 187 milliards de dollars reste entier et ses obligations traitent Ă  des niveaux de faillite autour de 10-15% du pair. Le gouvernement a annoncĂ© de nouvelles mesures de soutien telles que l’assouplissement des critĂšres d’emprunt immobilier, mais les investisseurs en attendent davantage.

Aux Etats-Unis, aprĂšs les signes rassurants sur le ralentissement du marchĂ© du travail, on constate surtout une surprenante rĂ©silience de l’économie, avec un rebond de l’indice ISM des services et un reflux des inscriptions au chĂŽmage.

Par ailleurs, la dĂ©cision conjointe de la Russie et l’Arabie Saoudite de prolonger leur rĂ©duction massive de production de pĂ©trole a propulsĂ© le cours du baril au-delĂ  de 90$. Tout cela ravive les craintes inflationnistes et assombrit les perspectives de croissance, notamment europĂ©enne avec un indice EuroStoxx en repli de 1,5%, et un rebond du dollar amĂ©ricain.

Le marchĂ© obligataire se tend avec une hausse de 15 points de base des taux 10 ans US alors mĂȘme que le Livre Beige de la FED retient le scĂ©nario du ralentissement de l’activitĂ© en Ă©tĂ©. Cela ne devrait pas impacter le scĂ©nario de pause de la politique monĂ©taire amĂ©ricaine, Ă  l’image des dĂ©cisions des banques centrales d’Australie et du Canada.

En Europe, le prochain meeting du 14 septembre de la BCE devrait ĂȘtre moins consensuel avec un pĂ©trole en hausse, un euro en baisse et une inflation qui dĂ©croĂźt moins que prĂ©vu. Certains de ses membres sont tentĂ©s par une derniĂšre hausse de taux mĂȘme si l’activitĂ© Ă©conomique s’essouffle. Nous pensons que cela devrait favoriser la hausse de l’euro.

Dans ce contexte, nous avions renforcĂ© nos expositions actions pendant la baisse des marchĂ©s dans une logique Ă  court terme. A moyen terme, nous conservons une certaine prudence sur les actifs risquĂ©s Ă©tant donnĂ© la diffusion dĂ©calĂ©e des politiques monĂ©taires restrictives Ă  l’économie rĂ©elle. Sur les taux, nous maintenons une surexposition sur la duration qui nous paraĂźt attractive et protectrice en phase de ralentissement Ă©conomique.

ACTIONS EUROPÉENNES
Le marchĂ© des actions europĂ©ennes etait en baisse la semaine prĂ©cĂ©dente, le secteur de l’énergie tirant son Ă©pingle du jeu alors que l’OPEP a annoncĂ© prolonger ses coupes de production d’un million de barils par jour pour trois mois supplĂ©mentaires, ce qui a tirĂ© le cours du brent vers le haut, dĂ©sormais en hausse de prĂšs de 20% depuis dĂ©but juillet. Il est repassĂ© au-dessus de 90$ le baril. En outre, les statistiques Ă©conomiques n’ont pas Ă©tĂ© trĂšs encourageantes, notamment la vente au dĂ©tail pour le mois de juillet en contraction, expliquĂ©e par la rĂ©duction des dĂ©penses de carburant, et les commandes industrielles en Allemagne Ă©galement en baisse.

La santĂ© du secteur du tourisme a Ă©tĂ© confirmĂ©e la semaine prĂ©cĂ©dente par Ryanair qui a annoncĂ© un nouveau record de passagers pour le mois d’aoĂ»t. La compagnie aĂ©rienne prĂ©voit ainsi une augmentation de son trafic de 9% jusqu’à mars 2024.

Le secteur de la consommation discrĂ©tionnaire ressort en tĂȘte de peloton dans l’indice europĂ©en. Longtemps perçu comme une industrie immunisĂ©e face aux impacts de l’inflation sur la demande, les premiers signaux nĂ©gatifs commencent Ă  se faire ressentir, comme en tĂ©moigne le groupe Richemont qui s’est montrĂ© pessimiste quant Ă  la demande de luxe en Europe, en dĂ©pit du retour progressif des touristes chinois.

Enfin, au chapitre des gĂ©ants de la tech, la Commission europĂ©enne a officiellement dĂ©signĂ© les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) « contrĂŽleurs d’accĂšs » sur le numĂ©rique, ouvrant la voie Ă  une rĂ©glementation renforcĂ©e d’ici mars 2024.

ACTIONS AMÉRICAINES
Les indices boursiers américains reculent au cours des 5 derniÚres séances : -1,23% pour le S&P 500, 2,03% pour le NASDAQ et -3,37% pour le Russell 2000 respectivement.
Les marchĂ©s ont Ă©tĂ© rythmĂ©s par des donnĂ©es de l’activitĂ© encore largement rĂ©silientes aux Etats-Unis, qui ont Ă©veillĂ© des craintes de poursuite du cycle de resserrement monĂ©taire engagĂ© par la FED. L’activitĂ© des services est ressortie plus forte qu’anticipĂ© pour le deuxiĂšme mois consĂ©cutif, avec un ISM services grimpant Ă  54.5 face Ă  des attentes Ă  52.2. Au niveau de l’emploi, les initial jobless claims chutent Ă  leur niveau le plus bas depuis fĂ©vrier 2023, confirmant la vision d’un marchĂ© de l’emploi encore fort. Les initial jobless claims atteignent ainsi 216 000 lors du dernier rapport, bien en-dessous du consensus Ă©tabli Ă  232 000.

ParallĂšlement, les prix Ă©levĂ©s du pĂ©trole alimentent les spĂ©culations sur la possibilitĂ© que la FED maintienne ses taux d’intĂ©rĂȘt sur la durĂ©e.

Du cĂŽtĂ© de l’énergie, le pĂ©trole s’est ainsi nĂ©gociĂ© Ă  des plus hauts de neuf mois, notamment aprĂšs que l’Arabie Saoudite et la Russie ont dĂ©cidĂ© de prolonger les restrictions de l’offre jusqu’à la fin de l’annĂ©e. Le cours du pĂ©trole (WTI) culmine Ă  87.54$ en fin de semaine derniĂšre. United (-0,3%), Southwest (-2,6%) et Alaska Air (+0,5%) ont mis en garde contre la flambĂ©e des prix du pĂ©trole, entraĂźnant des hausses inattendues du prix du kĂ©rosĂšne au cours de ce trimestre.

Dans la technologie, Apple recule de 5,5%, la Chine ayant interdit aux fonctionnaires des agences gouvernementales d’utiliser les iPhones d’Apple, ainsi que tout autre marque Ă©trangĂšre pour le travail. La firme de Cupertino a perdu plus de 100 milliards de dollars de capitalisation boursiĂšre sur la seule sĂ©ance de mercredi.

Dans le secteur des utilities, l’opĂ©rateur de pipelines Enbridge (-5,9%) a acceptĂ© d’acheter trois utilities Ă  Dominion Energy (-1,8%) dans le cadre d’une transaction de 9,4 milliards de dollars qui doublera les activitĂ©s de gaz de la sociĂ©tĂ©. Cet accord donnera naissance au plus grand fournisseur de gaz naturel d’AmĂ©rique du Nord.

Blackstone Inc. (+4,69%) et Airbnb Inc. (+7,97%) progressent aprÚs que S&P Dow Jones Indices a déclaré que les actions rejoindront le S&P 500 le 18 septembre.

Le secteur automobile reste sous surveillance, la presse faisant l’écho de nĂ©gociations tendues entre les constructeurs automobiles de DĂ©troit (General Motors, Ford et Stellantis) et le syndicat United Auto Workers (UAW), une grĂšve de quelques 150 000 travailleurs pouvant ĂȘtre dĂ©clenchĂ©e Ă  l’échelle du secteur Ă  l’expiration du contrat actuel, aprĂšs le 14 septembre. Le syndicat cherche Ă  obtenir une augmentation de salaire de 46% ainsi que des concessions sur les heures de travail et le rĂ©tablissement des pensions.

ACTIONS JAPONAISES
Les indices NIKKEI 225 et TOPIX ont gagnĂ© 1,14% et 2,20% respectivement. Les marchĂ©s actions japonais ont progressĂ© pour deux raisons essentielles : tout d’abord, l’arbitrage des investisseurs Ă©trangers au dĂ©triment de la Chine et en faveur du Japon en raison des performances solides des entreprises nippones et de la conjoncture Ă©conomique diffĂ©rente des deux pays. Puis, la dĂ©prĂ©ciation du yen sous l’effet des taux d’intĂ©rĂȘt durablement Ă©levĂ©s aux États-Unis.

Les secteurs des Mines et des Produits pĂ©troliers/du Charbon ont progressĂ© respectivement de 9,47% et de 6,20%, grĂące Ă  la bonne tenue des prix des matiĂšres premiĂšres, notamment du pĂ©trole brut. Le secteur de l’Immobilier a encore gagnĂ© 6,05%, les taux d’intĂ©rĂȘt Ă  long terme japonais ayant atteint un pic temporaire. En revanche, les secteurs de la Pharmacie et du Transport aĂ©rien se sont inscrits en lĂ©gĂšre baisse (-0,98% et 0,51% respectivement), sous l’effet des prises de bĂ©nĂ©fices sur les actions liĂ©es Ă  la demande intĂ©rieure.

Sumitomo Realty & Development Co, Ltd., une sociĂ©tĂ© immobiliĂšre, s’est envolĂ©e de 10,91% pour la raison mentionnĂ©e ci-dessus. Mitsubishi Heavy Industries, Ltd., constructeur de machines lourdes, s’est adjugĂ© 10,27%. Plusieurs sociĂ©tĂ©s de courtage ont en effet relevĂ© leur objectif de cours en raison des perspectives suscitĂ©es par l’installation prĂ©vue d’un rĂ©acteur de dĂ©monstration dans une centrale nuclĂ©aire de nouvelle gĂ©nĂ©ration, pour laquelle le Japon et le Royaume-Uni ont signĂ© un protocole d’accord de construction. La compagnie d’assurance-vie Dai-ichi Life Holdings Inc. a progressĂ© de 9,04%, le marchĂ© ayant estimĂ© que les taux d’intĂ©rĂȘt durablement Ă©levĂ©s aux États-Unis seraient favorables aux activitĂ©s d’investissement de la sociĂ©tĂ©.

A l’inverse, le groupe pharmaceutique Daiichi Sankyo Co, Ltd a perdu 4% pour la raison mentionnĂ©e ci-dessus. Nidec Corp., fabricant de petits moteurs de prĂ©cision et de produits pour l’automobile, a cĂ©dĂ© 3,21% sous l’effet de prises de bĂ©nĂ©fices. Les valeurs des Ă©quipementiers Ă©lectroniques ont globalement perdu les faveurs des investisseurs, comme l’illustre la chute d’Apple Inc. sur le marchĂ© amĂ©ricain.

SoftBank Group Corp., une sociĂ©tĂ© essentiellement prĂ©sente dans les secteurs de la communication et de l’Internet, a subi un repli de 2,96% aprĂšs l’article paru dans le Wall Street Journal concernant les dĂ©boires de la sociĂ©tĂ© WeWork. En outre, le marchĂ© apprĂ©hende de plus en plus l’introduction en bourse de sa filiale Ă  100 %, Arm.

Sur le marchĂ© des changes, la paritĂ© USD/JPY est passĂ©e d’environ 146,2 Ă  147,7 en raison des taux d’intĂ©rĂȘt durablement Ă©levĂ©s aux États-Unis, mais le marchĂ© reste prudent car la paritĂ© actuelle est dĂ©jĂ  plus Ă©levĂ©e que le niveau d’intervention de l’annĂ©e derniĂšre.

MARCHÉS EMERGENTS
L’indice MSCI EM a cĂ©dĂ© 1,2% et a effacĂ© ses gains rĂ©cents entre lundi et la clĂŽture de jeudi. L’Inde a surperformĂ© (+2,6%), tandis que la Chine a perdu du terrain (-0,9%). Le BrĂ©sil a Ă©galement corrigĂ© (-2,3%) et a sous-performĂ© les autres rĂ©gions.

En Chine, l’indice PMI des services calculĂ© par Caixin a chutĂ©, passant de 54,1 en juillet Ă  51,8 en aoĂ»t (contre 53,5 attendus), tandis que l’indice PMI manufacturier s’est avĂ©rĂ© meilleur que prĂ©vu, Ă  51 contre 49,2 prĂ©cĂ©demment. Les donnĂ©es des Ă©changes commerciaux du mois d’aoĂ»t se sont Ă©galement lĂ©gĂšrement amĂ©liorĂ©es : les exportations ont baissĂ© de 8,8% et les importations de 7,3% en glissement annuel, des chiffres moins pires que prĂ©vu : le volume des exportations se maintient bien, mais leurs prix baissent. Le ministĂšre des Finances a publiĂ© un document mettant l’accent sur l’amĂ©lioration du dĂ©ploiement des politiques d’emploi, qui mentionne des mesures de soutien Ă  l’économie privĂ©e et aux petites entreprises. Les autoritĂ©s chinoises seraient en train d’étendre l’interdiction des iPhone aux services les plus sensibles des agences gouvernementales et dans les entreprises d’État. Les quatre villes de 1Ăš catĂ©gorie (PĂ©kin, Shanghai, Guangzhou et Shenzhen) ont gĂ©nĂ©ralisĂ© les mesures d’assouplissement s’appliquant au secteur du logement. Dans la foulĂ©e, les transactions immobiliĂšres Ă  PĂ©kin ont augmentĂ© de 100% sur 7 jours la semaine prĂ©cĂ©dente.

Du cĂŽtĂ© des entreprises, Ctrip, la plus grande agence de voyage en ligne chinoise, a annoncĂ© des rĂ©sultats et des perspectives meilleurs que prĂ©vu, le tourisme poursuivant son rebond malgrĂ© un environnement macroĂ©conomique dĂ©gradĂ©. Country Garden a rĂ©ussi Ă  verser Ă  temps un coupon de 22,5 millions de dollars, Ă©vitant ainsi un dĂ©faut de paiement. AprĂšs Baidu, trois autres fournisseurs de LLM (grands modĂšles de langage basĂ©s sur l’intelligence artificielle), Tencent, iFlytek et 360 Tech ont ouvert leurs solutions au grand public, aprĂšs l’approbation des autoritĂ©s rĂ©glementaires. Amer Sport, soutenu par la sociĂ©tĂ© chinoise Anta Sports, a dĂ©posĂ© une demande de cotation aux États-Unis, tandis que Great Wall aurait entamĂ© des discussions prĂ©liminaires avec CATL concernant la vente d’une participation dans SVOLT.

À TaĂŻwan, la capacitĂ© actuelle de production de TSMC ne peut rĂ©pondre qu’à 80% de la demande basĂ©e sur le processus CoWoS, avec un dĂ©lai prĂ©vu de 18 mois pour une montĂ©e en puissance complĂšte. Airtac a annoncĂ© des ventes supĂ©rieures aux prĂ©visions pour le mois d’aoĂ»t, ce qui laisse prĂ©sager un dĂ©but de reprise des activitĂ©s manufacturiĂšres en Chine. En CorĂ©e, le PIB du deuxiĂšme trimestre a progressĂ© de 0,9% en glissement annuel, conformĂ©ment aux prĂ©visions. En aoĂ»t, l’inflation a augmentĂ© de 3,4% en glissement annuel, soit plus que les 2,9% prĂ©vus, en raison de la hausse des prix des produits agricoles et manufacturĂ©s. Kia a annoncĂ© la construction de la plus grande usine de vĂ©hicules Ă©lectriques en ThaĂŻlande, avec une capacitĂ© de 250 000 unitĂ©s par an. Hon-Hai et PTT produisent 150 000 vĂ©hicules par an, suivis par MG et BYD, avec chacun 100 000 vĂ©hicules par an.

En Inde, l’indice PMI des services est retombĂ© Ă  60,1 en aoĂ»t, aprĂšs 62,3 en juillet, un chiffre infĂ©rieur aux attentes (61). HCL Tech a remportĂ© un contrat pluriannuel avec Siemens AG pour fournir des services cloud et de modernisation. Corning, le plus grand fabricant de verre de spĂ©cialitĂ© au monde, a crĂ©Ă© une entreprise commune avec Optimus Infracom pour la fabrication de verre de protection pour smartphones, une initiative stratĂ©gique visant Ă  relancer l’écosystĂšme de la fabrication de smartphones en Inde. Foxconn et STMicroelectronics sont en pourparlers pour la construction d’une usine de semi-conducteurs en Inde.

Au BrĂ©sil, le PIB du 2Ăš trimestre a dĂ©passĂ© les attentes, notamment sous l’effet de la croissance du secteur agricole. L’ANS (autoritĂ© de rĂ©gulation de l’assurance santĂ© privĂ©e) a publiĂ© les donnĂ©es financiĂšres du 2Ăš trimestre 2023 des opĂ©rateurs de soins de santĂ©, avec une opinion positive vis-Ă -vis du secteur, une amĂ©lioration du ratio de sinistres mĂ©dicaux (MLR), une augmentation des prix et une hausse de seulement 6% des demandes d’indemnisation en glissement annuel.

DETTES D’ENTREPRISES
CRÉDIT
Dans la lignĂ©e de la semaine prĂ©cĂ©dente, le marchĂ© a continuĂ© d’absorber un volume trĂšs significatif d’émissions primaires sur tous les segments avec notamment la rĂ©ouverture du marchĂ© pour le haut rendement avec ZF BB 6.125% 2029 pour 650 millions, Rexel BB+ 5.25% 2030 pour 400 millions, et Banijay (Endemol) pour 350 millions. A noter par ailleurs la premiĂšre Ă©mission de Boels (compagnie de location) BB- 6.25% 2029 pour 400 millions. De mĂȘme, sur le marchĂ© investment grade, la nouvelle de la semaine vient du jumbo primaire effectuĂ© par Sartorius sur 4 tranches 3, 6, 9 et 12 ans pour 3 milliards d’euros, transaction sursouscrite Ă  prĂšs de 20 milliards. Sur le front des financiĂšres, mĂȘme son de cloche avec de nombreux primaires cĂŽtĂ© Senior – avec notamment Cajamar, Tier 2, Generali T2 BBB 5.27% 2033 pour 500 millions et une AT1 en euro Ă©mise par Erste Bank Ă  8.5% de coupon pour 500 millions.

MalgrĂ© ce regain d’activitĂ© et la pression du volume sur le secondaire, les primes de crĂ©dit ont bien tenu au cours de la semaine avec un resserrement notable sur le haut rendement de -10 points de base Ă  435 points de base sur le marchĂ© cash alors que le cross over s’écarte lĂ©gĂšrement Ă  403 points de base. Concernant les bonnes notations, les primes restent stables autour de 154 points de base. MĂȘme dynamique sur les coco Euro avec des primes Ă  840 points de base. Une fois de plus, la volatilitĂ© est venue des taux qui continuent leur yoyo avec des sĂ©ances Ă  la baisse puis Ă  la hausse. De fait, la semaine souligne un retournement dans le rallye taux entamĂ© le 20 aoĂ»t Ă  2,70% sur le 10 ans allemand. AprĂšs avoir clĂŽturĂ© jeudi 01/09 Ă  2,46%, il s’est de nouveau tendu au cours de la semaine Ă  2,62% jeudi soir.

Dans ce contexte, les performances de la semaine - Ă  jeudi soir - sont nĂ©gativement impactĂ©es par le mouvement de taux. L’investment grade perd -0,39% au cours de la semaine (+2,65% depuis le dĂ©but de l’annĂ©e). Sur le segment haut rendement, portĂ© par des primes mieux orientĂ©es, la semaine s’inscrit Ă  +0,20%, avec +6,02% depuis le dĂ©but de l’annĂ©e. A ce jour, le rendement des marchĂ©s obligataires investment grade s’établit Ă  4,4% et 7,4% pour le marchĂ© obligataire du Haut Rendement, ce qui continue d’ĂȘtre de bons points d’entrĂ©e en termes de portage.

CONVERTIBLES
Tous les regards Ă©taient portĂ©s sur le marchĂ© primaire au cours de la semaine. L’activitĂ© a Ă©tĂ© soutenue dans toutes les rĂ©gions et c’est aux États-Unis que le volume a Ă©tĂ© le plus important. Les investisseurs s’étant focalisĂ©s sur les Ă©missions primaires, l’activitĂ© a Ă©tĂ© plus calme sur le marchĂ© secondaire et les valorisations sont restĂ©es relativement stables. En Europe, ENI a Ă©mis une obligation convertible liĂ©e au dĂ©veloppement durable d’un milliard d’euros. D’une Ă©chĂ©ance de 7 ans, cette obligation versera un coupon de 2,95% et sera liĂ©e Ă  des objectifs en matiĂšre d’empreinte carbone nette et de capacitĂ©s de production d’énergies renouvelables Ă  atteindre d’ici dĂ©cembre 2025.

Le marchĂ© japonais des nouvelles Ă©missions s’est Ă©galement ouvert, avec deux opĂ©rations : l’émission de 90 milliards de yens par JFE Holdings et celle de NTN Corporation pour un montant de 30 milliards de yens. Le produit des obligations convertibles de JFE servira Ă  financer ses efforts de dĂ©carbonation. Les États-Unis ont Ă©tĂ© la rĂ©gion la plus prolifique, avec plus de 4,5 milliards de dollars levĂ©s au cours de la semaine via huit Ă©missions d’obligations convertibles. A noter en particulier deux opĂ©rations de grande envergure : 1 milliard de dollars de titres convertibles Ă©mis par Liberty Media Ă©changeables contre des actions Live Nation, et 1,3 milliard de dollars d’obligations convertibles pour Seagate pour refinancer sa dette arrivant Ă  Ă©chĂ©ance en 2025.

Faut-il craindre que le ralentissement s’accompagne de taux d’intĂ©rĂȘt Ă©levĂ©s ?
Publié le lundi 11 septembre 2023
La Carmignac’s Note de Septembre 2023, par FrĂ©dĂ©ric Leroux

La plus grande surprise des trimestres passĂ©s aura certainement Ă©tĂ© la rĂ©silience de l’économie amĂ©ricaine. Comment a-t-elle pu rĂ©sister si fermement au choc de 500 points de base de hausse des taux directeurs administrĂ©s par la Banque centrale amĂ©ricaine en seulement dix-sept mois?

Nous avions bien identifiĂ© les facteurs essentiels de sa possible rĂ©sistance : l’épargne excĂ©dentaire considĂ©rable constituĂ©e pendant le Covid qui devait apporter un large soutien Ă  la consommation, un effet richesse renforcĂ© par la bonne tenue des actifs financiers et immobiliers, des augmentations salariales permettant progressivement aux mĂ©nages de rĂ©sister face Ă  l’inflation
 Mais quand mĂȘme ! À l’instar de beaucoup d’autres, nous avons eu Ă  repousser trimestre aprĂšs trimestre la date prĂ©sumĂ©e d’entrĂ©e en ralentissement de l’économie amĂ©ricaine, que nous attendons toujours.

Ce ralentissement qui ne vient pas s’est traduit par une remontĂ©e des taux obligataires amĂ©ricains et europĂ©ens sur les plus hauts du cycle entamĂ© en mars 2020 alors que l’inflation amĂ©ricaine globale passait paradoxalement de 9% Ă  3,2% de juin 2022 Ă  juillet dernier. Cette tension sur les taux longs a fini par affaiblir les marchĂ©s d’actions : alors qu’ils clĂŽturaient le mois de juillet sur leurs plus hauts annuels, ils ont abandonnĂ© entre 5 et 9% au cours du mois d’aoĂ»t.

Faut-il craindre que ce ralentissement prĂ©visible s’accompagne de taux d’intĂ©rĂȘt Ă©levĂ©s ?

Ne faut-il pas plutĂŽt pour les mois qui viennent espĂ©rer de ce ralentissement une « dĂ©sinflation immaculĂ©e », c’est-Ă -dire une dĂ©sinflation permise par des hausses de taux n’engendrant pas de rĂ©cession ?

Pour rĂ©pondre Ă  cette question, il convient d’abord de savoir si la divergence observĂ©e entre inflation et taux d’intĂ©rĂȘt est anormale. Nos recherches montrent sans ambiguĂŻtĂ© que lors de la derniĂšre longue pĂ©riode d’inflation (1965-1980) les taux d’intĂ©rĂȘt se retournaient Ă  la baisse aprĂšs l’inflation, avec un retard de six Ă  dix-huit mois, alors que les retournements de l’inflation Ă  la hausse Ă©taient systĂ©matiquement prĂ©cĂ©dĂ©s par ceux des taux. Sur cette longue pĂ©riode d’inflation qui progressait par vagues, les marchĂ©s de taux anticipaient correctement que l’inflation durerait. C’est pour cela qu’ils montaient plus longtemps que l’inflation et baissaient moins longtemps qu’elle.

La relation observĂ©e ces derniers trimestres entre les prix et les taux obligataires qui suivent avec retard le retournement de l’inflation Ă  la baisse est donc « normale » dĂšs l’instant oĂč l’on veut bien reconnaĂźtre la possibilitĂ© de pressions inflationnistes persistantes.

Elle n’interdit pas pour autant la possibilitĂ© d’une baisse des taux obligataires imminente dĂšs lors que la crĂ©dibilitĂ© des banques centrales dans leur lutte contre l’inflation n’est pas remise en cause.

Cela Ă©tant posĂ©, il convient ensuite d’écouter ce que disent les bons Ă©conomistes. Leur message est clair : les tensions sur le marchĂ© du travail et la possibilitĂ© d’un proche rebond – dĂ©jĂ  ! – de l’activitĂ© manufacturiĂšre aux États-Unis inciteront la Fed Ă  maintenir aussi longtemps que possible des taux d’intĂ©rĂȘt directeurs Ă©levĂ©s, qui finiront par produire le ralentissement attendu. En effet, l’épargne excĂ©dentaire fond comme neige au soleil. Elle offre un coussin de sĂ©curitĂ© de moins en moins Ă©pais au consommateur, qui a largement soutenu l’économie. De mĂȘme, les effets du resserrement monĂ©taire se font toujours sentir avec retard sur l’économie. En l’occurrence, ce resserrement a Ă©tĂ© si concentrĂ© dans le temps qu’une bonne partie des effets va probablement seulement commencer Ă  se matĂ©rialiser.

À l’heure oĂč nous Ă©crivons, il est donc envisageable que le mois d’aoĂ»t soit celui qui aura vu les taux d’intĂ©rĂȘt excĂ©der l’inflation sous-jacente (hors alimentation et Ă©nergie) pour la premiĂšre fois depuis mars 2021. Par ailleurs, comme la saisonnalitĂ© reste favorable Ă  la poursuite de la rĂ©duction de la hausse des prix, nous pouvons espĂ©rer un retour progressif des taux Ă  10 ans amĂ©ricains vers 3,5% contre 4,36% au plus haut d’aoĂ»t.

Dans cette hypothĂšse, il n’y a pas de raison particuliĂšre d’anticiper un creusement de la correction rĂ©cente des marchĂ©s d’actions mais, au contraire, bien des raisons de penser que les placements obligataires contribueront au bon comportement de nos portefeuilles. Les valeurs de croissance Ă  bonne visibilitĂ© et Ă  la qualitĂ© chĂšrement valorisĂ©e par les marchĂ©s, favorisĂ©es par la baisse des taux Ă  long terme, poursuivront alors leur avancĂ©e.

Les marchĂ©s ont, comme beaucoup d’entre nous, fait une pause en aoĂ»t. Ils semblent dĂ©sireux de montrer leur Ă©nergie retrouvĂ©e Ă  l’occasion de cette rentrĂ©e. Gardons cependant un degrĂ© Ă©levĂ© de vigilance : les taux d’intĂ©rĂȘt nous montreront peut-ĂȘtre que l’hydre inflationniste n’a pas Ă©tĂ© terrassĂ©e. Il nous appartiendra alors de promptement rĂ©orienter une partie de nos investissements sur les actifs qui s’en accommoderont le mieux. Le retour du cycle Ă©conomique exige de l’agilitĂ©.

Tribune libre
Croissance : “l’économie rĂ©siste mieux que prĂ©vu, c’est une divine surprise”

La croissance de l’économie est plus rĂ©sistante que prĂ©vu aux chocs, souligne notre chroniqueur Jacques Chahine, prĂ©sident de JAJ Investment Group. Jusqu’ici, les consommateurs ont toujours envie de consommer
 Il faut rester investi en Bourse, selon lui.
Par Jacques Chahine
Publié le 13/05/2023 à 11h00
La plupart des Ă©conomistes, y inclus nous-mĂȘmes, prĂ©voyaient fin dĂ©cembre une annĂ©e 2023 morose avec des rĂ©cessions dans plusieurs pays de l’OCDE, suite Ă  la guerre en Ukraine, Ă  l’inflation, au prix de l’énergie et surtout Ă  la hausse inexorable des taux. Or, divine surprise, on constate que l’économie rĂ©siste Ă  tous ces chocs et les consommateurs ont toujours envie de consommer aprĂšs des annĂ©es de privations dues au Covid-19. Sauf que l’inflation a vidĂ© leur poche de l’épargne forcĂ©e accumulĂ©e durant les divers confinements et restrictions dus au Covid.

Une micro-statistique de terrain nous a interpellĂ©s. Les hĂŽtels Ă  Miami sont toujours aussi remplis, mais tous les hĂŽteliers ont dĂ» baisser leurs prix, qui Ă©taient devenus inabordables. Le prix de l’énergie a fortement refluĂ©, le gaz naturel en Europe revenant d’un pic fou de 312 euros du MĂ©gawatt fin aoĂ»t Ă  35 euros. Le baril de pĂ©trole (de rĂ©fĂ©rence WTI) est redescendu nettement, de son plus haut de 120 dollars, nettement en dessous des 80 dollars, alors que l’euro se raffermissait face au dollar. Les denrĂ©es alimentaires comme le blĂ© sont revenues Ă  des niveaux d’avant crise.

Tout le monde a vĂ©cu la crise micro-processeurs qui a impactĂ© toute l’industrie, aujourd’hui les industriels croulent sous d’énormes inventaires en dehors du secteur automobile. Malheureusement, autant les industriels sont rapides Ă  rĂ©percuter les hausses, les baisses tardent Ă  venir. Le retour Ă  une certaine normalitĂ© aprĂšs les folies atteintes sur les prix aprĂšs le Covid et la dislocation de la chaĂźne d’approvisionnement a permis de calmer le jeu avec une pression moindre sur la demande de biens et services, alors que la production reprenait son cours normal.

L’économie a ainsi pu rĂ©sister mieux qu’attendu et une rĂ©cession a Ă©tĂ© Ă©vitĂ©e jusque-lĂ . La croissance mondiale a rĂ©sistĂ© mieux que prĂ©vu en dĂ©but d’annĂ©e, passant d’une estimation de 1,92% Ă  2,17%. Un facteur majeur qui a Ă©galement aidĂ© est le retour de la Chine sur les marchĂ©s, aprĂšs une volte-face historique de Xi Jinping qui a aboli tout contrĂŽle sur le Covid du jour au lendemain, permettant d’espĂ©rer une croissance de 5,3% cette annĂ©e. Les croissances dans l’OCDE restent molles, mais ce n’est pas la rĂ©cession. Par contre, l’économie mondiale est clairement menĂ©e par les pays Ă©mergents en Asie avec quasiment 5% de hausse attendue.

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2023 restera une annĂ©e de faible croissance, aprĂšs les 3,04% de hausse en 2022 et 5,90% en 2021. On espĂšre une reprise en 2024 Ă  2,52%, mais la croissance dans l’OCDE restera trĂšs faible, comparĂ©e Ă  l’Asie, qui continuera sa progression. A ce rythme, la Chine pourrait rattraper les Etats-Unis plus rapidement qu’on ne le pense.

L’inflation reste nĂ©anmoins une source d’inquiĂ©tude et les banques centrales peinent Ă  la maĂźtriser. L’inflation globale recule rapidement en raison de la chute de l’énergie, mais l’inflation sous-jacente (hors Ă©lĂ©ments volatils, donc) reste Ă©levĂ©e. Depuis son plus haut atteint en septembre de 6,6% aux Etats-Unis, elle n’a reculĂ© que d’un point en 6 mois. Plus grave est la situation en zone euro, oĂč un pic de 7,3% a Ă©tĂ© atteint rĂ©cemment et commence Ă  peine Ă  reculer. Autant dire que le taux fixĂ© par la BCE de 3,5% est loin de prĂ©server l’épargne. Les classes moyennes perdent Ă©galement de leur pouvoir d’achat, cela fait plus d’un an que l’évolution du salaire horaire amĂ©ricain est en dessous de l’inflation. Mais cette modĂ©ration dans les salaires, associĂ©e Ă  un recul de l’inflation incluant l’énergie, fait que le pouvoir d’achat commence Ă  se stabiliser.

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Cette inflation persistante oblige malheureusement les banques centrales à rester vigilantes. La Fed vient de relever ses taux à 5-5,25%, et la BCE les a relevés de 0,25 point de pourcentage. Si la Fed a signalé une pause dans ses taux, la BCE aura encore un bout de chemin à parcourir.

La courbe des taux amĂ©ricaine est parfaitement inversĂ©e jusqu’à 5 ans avec les derniĂšres dĂ©cisions, mais une pente rapide d’inversion. Le marchĂ© table sur une stabilitĂ© des taux sur 4 mois, ce qui nous mĂšne fin aoĂ»t et une petite probabilitĂ© de baisse des taux Ă  cet horizon. Tout dĂ©pendra d’une part des statistiques de l’inflation, l’emploi, les salaires
 mais maintenant de la fragilitĂ© du systĂšme bancaire, qui a Ă©clatĂ© au grand jour. Chaque crise Ă©conomique dĂ©voile des faiblesses dans la supervision du systĂšme bancaire. En l’occurrence le risque de duration des actifs dĂ©tenus par les banquiers. Ces derniers, avides de rentabilitĂ©, ont placĂ© les liquiditĂ©s sur des emprunts Ă  long terme quand les taux Ă  court terme Ă©taient Ă  zĂ©ro. 2 points de hausse sur un emprunt du trĂ©sor Ă  10 ans lui font perdre 18% de sa valeur de marchĂ©. Mais la norme comptable amĂ©ricaine permet de ne pas constater cette perte pour autant que l’obligation est rĂ©putĂ©e ĂȘtre dĂ©tenue Ă  maturitĂ©, et dans ce cas ne perdra rien Ă  l’échĂ©ance.

Sauf que les clients de ces banques souhaitent voir leurs dĂ©pĂŽts rĂ©munĂ©rĂ©s et n’ont pas hĂ©sitĂ© Ă  aller chercher ailleurs. Ces retraits forcent les banques Ă  vendre Ă  perte leurs obligations et la panique fait le reste. 3 banques amĂ©ricaines ont fait faillite, mais il est probable que d’autres banques soient dans le mĂȘme cas, notamment ceux qui financent l’immobilier commercial. Dans le cas oĂč ils ont converti des emprunts Ă  taux variable en taux fixe longue durĂ©e sans ĂȘtre couvertes, elles sont en danger de faillite.

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La rĂ©silience de l’économie en ce dĂ©but de 2023 a eu un effet bĂ©nĂ©fique sur les profits du premier trimestre des sociĂ©tĂ©s amĂ©ricaines. Depuis le dĂ©but des parutions, les profits du premier trimestre ont Ă©tĂ© rehaussĂ©s de 4,6%, ce qui est exceptionnel. Les gros responsables de ces rĂ©visions sont JP Morgan (1,8 milliard de mieux), Microsoft (+1,6 milliard), Apple (+1,4 milliard), Citigroup, General Motors, Pfizer, Exxon Mobil : tous font plus de 1 milliard de dollars de mieux. Les gĂ©ants des profits restent Apple (116 milliards de dollars en 2023), suivi de Microsoft (95 milliards) et des capitalisations qui dĂ©passent largement les 2.000 milliards de dollars. Ces mastodontes plus puissants que les Etats sont des obstacles Ă  la croissance par leur capacitĂ© Ă  tuer dans l’Ɠuf des concurrents ou en les rachetant, et font quasiment un “racket” Ă  l’échelle mondiale, faute de concurrents.

Les profits attendus pour l’annĂ©e 2023, prĂ©vus en baisse lors de notre derniĂšre lettre, passent lĂ©gĂšrement positifs, Ă  +0,4%. Avec une inflation qui a gonflĂ© les chiffres d’affaires des sociĂ©tĂ©s, les profits rĂ©cents n’ont mĂȘme pas suivi cette inflation, et les sociĂ©tĂ©s ont rognĂ© sur leurs marges. 2024 devrait ĂȘtre l’annĂ©e du rebond, avec des hausses de profits attendues de 11,4% qui paraissent trĂšs plausibles sauf aggravation de la situation Ă©conomique.

Le marchĂ© peut paraĂźtre quelque peu cher avec un multiple de 18,7 fois les rĂ©sultats 2023. Mais on est plutĂŽt en bas de cycle, oĂč les multiples grimpent parfois au ciel quand les profits sont minimes. Le P/E (capitalisation boursiĂšre rapportĂ©e aux profits attendus, traditionnelle jauge du degrĂ© de chertĂ© des actions) 2024 est plus normal, Ă  16,8 fois les rĂ©sultats. Pour Ă©valuer le marchĂ© objectivement, il faut tenir compte des taux Ă  trĂšs long terme (30 ans) et des prĂ©visions de profits Ă  moyen terme. Notre modĂšle trouve un objectif de cours de 3.929 points pour une clĂŽture Ă  4136 points (sur le S&P 500, indice actions phare des Etats-Unis, NDLR). Mais les taux Ă  30 ans sont encore tendus, Ă  3,76%, 0,3 point de plus que les taux Ă  10 ans. En fait, si le 30 ans descendait Ă  3,5%, le marchĂ© serait Ă  son prix avec une rentabilitĂ© attendue sur moyenne pĂ©riode de 6,5% incluant le dividende. La croissance moyenne des profits retenus sur les 8 prochaines annĂ©es ressort Ă  6.6%.

Voici la conclusion de notre derniĂšre lettre de fin fĂ©vrier, oĂč le 30 ans Ă©tait proche des 4% et le marchĂ© Ă©tait dĂ©conseillĂ©. “Une tension additionnelle sur les taux nous inciterait Ă  rester en investissements obligataires alors qu’un retour des taux Ă  long terme vers 3,5% et un marchĂ© vers les 3.800 points nous inciterait Ă  l’achat”. Il se trouve que des conditions proches de marchĂ© se sont produites sur la pĂ©riode (pas longtemps !) et l’indice a fait un bas Ă  3.850, mais les taux ont baissĂ© suite Ă  cette chute pour atteindre notre seuil. Cela prouve la difficultĂ© de “timer” le marchĂ©. Il est surtout inutile de faire des allers retours sur du timing, seuls les courtiers sortent gagnants. Nous pensons qu’un portefeuille de bon pĂšre de famille devrait ĂȘtre investi Ă  50-60% en actions, pour autant qu’il s’agisse d’une Ă©pargne Ă  long terme une fois qu’on a dĂ©jĂ  achetĂ© sa rĂ©sidence principale.

Jacques Chahine, président de JAJ Investment Group et chroniqueur pour Capital

De quoi rassurer vos clients qui craignent l’inflation

Publié le mardi 28 février 2023
Inflation : complaisance interdite !

Ce qu’il faut retenir de la derniĂšre Carmignac’s Note de FrĂ©dĂ©ric Leroux

La convergence de facteurs structurels et sociologiques fait entrer l’économie dans une pĂ©riode d’inflation persistante, Ă  l’instar des annĂ©es 1970.

La dĂ©carbonisation et la modification de notre rapport au travail affaiblissent l’offre et favorisent l’inflation : un authentique challenge pour les banques centrales.

La rĂ©silience de l’inflation et le retour induit du cycle Ă©conomique crĂ©ent des opportunitĂ©s multiples pour l’investisseur actif. Ne craignons pas l’inflation !

L’attente d’un retour durable de l’inflation autour de 2,5% est une douce utopie

La baisse de l’inflation aux États-Unis depuis juin dernier a donnĂ© des ailes aux marchĂ©s d’actions ces derniers mois. Les anticipations d’inflation telles que l’on peut les dĂ©duire du prix des obligations indexĂ©es sous-tendent un retour vers une hausse des prix proche de 2,5% dĂšs le mois de juin puis une stabilisation prĂšs de ce niveau au cours des annĂ©es suivantes. Cette perspective est celle d’un retour durable aux marchĂ©s de la dĂ©cennie 2010, oĂč les rendements nets de l’inflation Ă©taient largement favorables aux actifs financiers et immobiliers et facilement captables par les gestions passives. Nous ne croyons pas Ă  ce scĂ©nario de retour durable de l’inflation sur de bas niveaux. Nous pensons au contraire que l’inflation est « partie pour rester ».

Les Ă©vidences s’accumulent pour indiquer que les Ă©conomies dĂ©veloppĂ©es entrent dans une phase inflationniste du cycle Ă©conomique de long terme pendant laquelle l’offre ne parvient pas toujours Ă  suivre la demande. La succession rapide de pĂ©riodes de croissance inflationniste, poussĂ©es par les forces structurelles, et de ralentissements dĂ©sinflationnistes, orchestrĂ©s par les banques centrales, y recrĂ©e la cyclicitĂ© conjoncturelle, dĂ©favorable Ă  la gestion passive et nĂ©cessitant de se rĂ©intĂ©resser aux thĂ©matiques ayant souffert de la disparition du cycle.

Nos aspirations avant l’efficacitĂ© Ă©conomique

Au-delĂ  des facteurs structurels d’une dĂ©mographie moins gĂ©nĂ©ratrice d’épargne et d’un commerce mondial moins dynamique, dĂ©jĂ  abondamment traitĂ©s dans nos prĂ©cĂ©dentes notes, l’inflation se nourrit, maintenant et pour les annĂ©es qui viennent, de deux autres facteurs prĂ©gnants et de nature Ă  contraindre l’offre de biens et de services :

la décarbonisation des économies, qui conduit à une baisse drastique des investissements dans les énergies fossiles (et donc à la baisse structurelle des réserves) et mÚne à un renchérissement des prix énergétiques ;

la volontĂ©, postpandĂ©mie, de changer de vie, matĂ©rialisĂ©e par un rapport au travail diffĂ©rent, marquĂ© par l’envie de travailler de chez soi, moins longtemps, voire de changer de mĂ©tier, souvent pour un poste plus Ă©loignĂ© des grands centres-villes oĂč la pĂ©nurie de main-d’Ɠuvre se fait le plus sentir.

Des énergies fossiles pour longtemps majoritaires dans le mix énergétique mondial

Si les chiffres diffĂšrent, le consensus s’entend pour dire que, sur les dix derniĂšres annĂ©es, plusieurs milliers de milliards de dollars ont Ă©tĂ© investis en faveur de la transition Ă©nergĂ©tique mais que dans le mĂȘme temps la part des Ă©nergies fossiles dans le mix de consommation Ă©nergĂ©tique mondial n’a baissĂ© que d’un peu plus de 1 point pour s’établir Ă  81%.

La combinaison d’une baisse drastique des investissements dans les Ă©nergies fossiles et de la stabilitĂ© de celles-ci dans le mix Ă©nergĂ©tique mondial recĂšle les ingrĂ©dients d’une crise Ă©nergĂ©tique du mĂȘme ordre que celle qui a contribuĂ© Ă  la derniĂšre grande pĂ©riode inflationniste, de 1965 Ă  1980, alimentĂ©e par le choc pĂ©trolier de 1973. L’OPEP considĂšre – sans surprise – qu’il faudrait investir 1 500 milliards de dollars dans le dĂ©veloppement des Ă©nergies fossiles chaque annĂ©e jusqu’en 2045 contre 1 000 milliards aujourd’hui pour garantir la sĂ©curitĂ© Ă©nergĂ©tique.

La vĂ©ritĂ© est probablement quelque part entre ces deux chiffres mais ne laissons pas l’arbre de la guerre en Ukraine nous cacher la forĂȘt du dĂ©ficit Ă©nergĂ©tique structurel que nous creusons avec la foi sincĂšre du charbonnier, alors que la production russe de pĂ©trole n’a baissĂ© que de 2% par rapport Ă  son niveau avant l’invasion de l’Ukraine.

Mais oĂč est passĂ©e la main-d’Ɠuvre ?

SimultanĂ©ment, la modification profonde du rapport au travail qui conduit Ă  moins d’heures travaillĂ©es, Ă  moins de travailleurs et Ă  une mobilitĂ© trĂšs forte de la main-d’Ɠuvre, donc Ă  une dĂ©perdition de productivitĂ©, risque fort de conduire aussi Ă  un dĂ©faut d’offre durable.

Partout dans le monde occidental, le rapport entre offres d’emplois et main-d’Ɠuvre disponible est proche de plus hauts historiques : les entreprises ne parviennent pas Ă  recruter pour faire face dans de bonnes conditions Ă  la demande qui leur est adressĂ©e. Il est donc normal que des augmentations de salaire emblĂ©matiques commencent Ă  voir le jour. À titre d’exemple, ces derniĂšres semaines, Inditex (propriĂ©taire notamment de Zara) a annoncĂ© plus de 20% de hausse salariale en Espagne pendant que son concurrent japonais Uniqlo avait procĂ©dĂ© Ă  des augmentations de 20% Ă  40% au Japon.

Le consensus ne croit pas à un long combat contre l’inflation

Le manque de main-d’Ɠuvre et le prix de l’énergie sont aujourd’hui, avec la hausse des taux d’intĂ©rĂȘt, les raisons qui expliquent le mieux le ralentissement Ă©conomique. Le ralentissement liĂ© Ă  une offre dĂ©faillante est inflationniste. Le maniement de l’arme monĂ©taire en est rendu plus compliquĂ©. À cet Ă©gard, il est intĂ©ressant de noter que la sĂ©rie de hausses des taux directeurs dĂ©cidĂ©e par la RĂ©serve fĂ©dĂ©rale, d’une ampleur et d’une vitesse jamais vues auparavant (475 points de base en dix mois), est Ă  ce jour accompagnĂ©e par un taux de chĂŽmage amĂ©ricain au plus bas depuis 1969.

La bataille contre l’inflation actuelle sera bien sĂ»r gagnĂ©e Ă  court terme par quelques hausses de taux supplĂ©mentaires. Elles dĂ©clencheront probablement la rĂ©cession nĂ©cessaire au reflux plus marquĂ© des prix, en affaiblissant la consommation, sans rĂ©gler le dĂ©ficit d’offre. Mais les aspirations socio-Ă©conomiques actuelles laissent entrevoir une succession de poussĂ©es inflationnistes qui annoncent une longue lutte contre l’inflation Ă  laquelle le consensus ne semble pas croire. La moindre disponibilitĂ© de la main-d’Ɠuvre et le renchĂ©rissement des prix Ă©nergĂ©tiques qui rĂ©sultent de ces aspirations ne trouveront dans les politiques monĂ©taires et budgĂ©taires qu’une rĂ©sistance sporadique, tant le seuil d’acceptation de la douleur dans les pays Ă©conomiquement avancĂ©s s’est abaissĂ©. Les rĂ©cessions organisĂ©es par les politiques Ă©conomiques et monĂ©taires pour rĂ©duire l’inflation seront donc brĂšves et peu profondes. L’inflation tombera mais se relĂšvera chaque fois. La rĂ©silience est de son cĂŽtĂ©.

Ne craignons pas l’inflation ; les opportunitĂ©s qu’elle crĂ©e sont si nombreuses !

L’aptitude dĂ©montrĂ©e de notre gestion obligataire Ă  tirer parti des rendements des dettes publiques et privĂ©es dans un environnement de taux plus Ă©levĂ©s, Ă  dĂ©tecter dans l’univers Ă©mergent les situations asymĂ©triques ou Ă  gĂ©rer l’exposition globale aux taux d’intĂ©rĂȘt positivement comme nĂ©gativement est un atout majeur dans le contexte Ă©conomique dĂ©crit.

Sur les marchĂ©s d’actions, la faiblesse attendue des taux rĂ©els devrait offrir un soutien aux marchĂ©s d’actions. Cette perspective justifie une exposition notable Ă  l’or. Quant Ă  la Chine, l’absence d’inflation Ă  ce stade lui confĂšre un statut trĂšs diversifiant.

Introduire un biais inflationniste dans notre gestion permet de tirer le meilleur parti des opportunitĂ©s nombreuses qu’offrira la cyclicitĂ© Ă©conomique tout en apportant de la diversification dans la gestion des patrimoines. Nous nous y employons avec force et conviction. N’ayons pas peur de l’inflation, faisons d’elle notre alliĂ©e !

De quoi rassurer vos clients qui craignent l’inflation

Publié le mardi 28 février 2023
Inflation : complaisance interdite !

Ce qu’il faut retenir de la derniĂšre Carmignac’s Note de FrĂ©dĂ©ric Leroux

La convergence de facteurs structurels et sociologiques fait entrer l’économie dans une pĂ©riode d’inflation persistante, Ă  l’instar des annĂ©es 1970.

La dĂ©carbonisation et la modification de notre rapport au travail affaiblissent l’offre et favorisent l’inflation : un authentique challenge pour les banques centrales.

La rĂ©silience de l’inflation et le retour induit du cycle Ă©conomique crĂ©ent des opportunitĂ©s multiples pour l’investisseur actif. Ne craignons pas l’inflation !

L’attente d’un retour durable de l’inflation autour de 2,5% est une douce utopie

La baisse de l’inflation aux États-Unis depuis juin dernier a donnĂ© des ailes aux marchĂ©s d’actions ces derniers mois. Les anticipations d’inflation telles que l’on peut les dĂ©duire du prix des obligations indexĂ©es sous-tendent un retour vers une hausse des prix proche de 2,5% dĂšs le mois de juin puis une stabilisation prĂšs de ce niveau au cours des annĂ©es suivantes. Cette perspective est celle d’un retour durable aux marchĂ©s de la dĂ©cennie 2010, oĂč les rendements nets de l’inflation Ă©taient largement favorables aux actifs financiers et immobiliers et facilement captables par les gestions passives. Nous ne croyons pas Ă  ce scĂ©nario de retour durable de l’inflation sur de bas niveaux. Nous pensons au contraire que l’inflation est « partie pour rester ».

Les Ă©vidences s’accumulent pour indiquer que les Ă©conomies dĂ©veloppĂ©es entrent dans une phase inflationniste du cycle Ă©conomique de long terme pendant laquelle l’offre ne parvient pas toujours Ă  suivre la demande. La succession rapide de pĂ©riodes de croissance inflationniste, poussĂ©es par les forces structurelles, et de ralentissements dĂ©sinflationnistes, orchestrĂ©s par les banques centrales, y recrĂ©e la cyclicitĂ© conjoncturelle, dĂ©favorable Ă  la gestion passive et nĂ©cessitant de se rĂ©intĂ©resser aux thĂ©matiques ayant souffert de la disparition du cycle.

Nos aspirations avant l’efficacitĂ© Ă©conomique

Au-delĂ  des facteurs structurels d’une dĂ©mographie moins gĂ©nĂ©ratrice d’épargne et d’un commerce mondial moins dynamique, dĂ©jĂ  abondamment traitĂ©s dans nos prĂ©cĂ©dentes notes, l’inflation se nourrit, maintenant et pour les annĂ©es qui viennent, de deux autres facteurs prĂ©gnants et de nature Ă  contraindre l’offre de biens et de services :

la décarbonisation des économies, qui conduit à une baisse drastique des investissements dans les énergies fossiles (et donc à la baisse structurelle des réserves) et mÚne à un renchérissement des prix énergétiques ;

la volontĂ©, postpandĂ©mie, de changer de vie, matĂ©rialisĂ©e par un rapport au travail diffĂ©rent, marquĂ© par l’envie de travailler de chez soi, moins longtemps, voire de changer de mĂ©tier, souvent pour un poste plus Ă©loignĂ© des grands centres-villes oĂč la pĂ©nurie de main-d’Ɠuvre se fait le plus sentir.

Des énergies fossiles pour longtemps majoritaires dans le mix énergétique mondial

Si les chiffres diffĂšrent, le consensus s’entend pour dire que, sur les dix derniĂšres annĂ©es, plusieurs milliers de milliards de dollars ont Ă©tĂ© investis en faveur de la transition Ă©nergĂ©tique mais que dans le mĂȘme temps la part des Ă©nergies fossiles dans le mix de consommation Ă©nergĂ©tique mondial n’a baissĂ© que d’un peu plus de 1 point pour s’établir Ă  81%.

La combinaison d’une baisse drastique des investissements dans les Ă©nergies fossiles et de la stabilitĂ© de celles-ci dans le mix Ă©nergĂ©tique mondial recĂšle les ingrĂ©dients d’une crise Ă©nergĂ©tique du mĂȘme ordre que celle qui a contribuĂ© Ă  la derniĂšre grande pĂ©riode inflationniste, de 1965 Ă  1980, alimentĂ©e par le choc pĂ©trolier de 1973. L’OPEP considĂšre – sans surprise – qu’il faudrait investir 1 500 milliards de dollars dans le dĂ©veloppement des Ă©nergies fossiles chaque annĂ©e jusqu’en 2045 contre 1 000 milliards aujourd’hui pour garantir la sĂ©curitĂ© Ă©nergĂ©tique.

La vĂ©ritĂ© est probablement quelque part entre ces deux chiffres mais ne laissons pas l’arbre de la guerre en Ukraine nous cacher la forĂȘt du dĂ©ficit Ă©nergĂ©tique structurel que nous creusons avec la foi sincĂšre du charbonnier, alors que la production russe de pĂ©trole n’a baissĂ© que de 2% par rapport Ă  son niveau avant l’invasion de l’Ukraine.

Mais oĂč est passĂ©e la main-d’Ɠuvre ?

SimultanĂ©ment, la modification profonde du rapport au travail qui conduit Ă  moins d’heures travaillĂ©es, Ă  moins de travailleurs et Ă  une mobilitĂ© trĂšs forte de la main-d’Ɠuvre, donc Ă  une dĂ©perdition de productivitĂ©, risque fort de conduire aussi Ă  un dĂ©faut d’offre durable.

Partout dans le monde occidental, le rapport entre offres d’emplois et main-d’Ɠuvre disponible est proche de plus hauts historiques : les entreprises ne parviennent pas Ă  recruter pour faire face dans de bonnes conditions Ă  la demande qui leur est adressĂ©e. Il est donc normal que des augmentations de salaire emblĂ©matiques commencent Ă  voir le jour. À titre d’exemple, ces derniĂšres semaines, Inditex (propriĂ©taire notamment de Zara) a annoncĂ© plus de 20% de hausse salariale en Espagne pendant que son concurrent japonais Uniqlo avait procĂ©dĂ© Ă  des augmentations de 20% Ă  40% au Japon.

Le consensus ne croit pas à un long combat contre l’inflation

Le manque de main-d’Ɠuvre et le prix de l’énergie sont aujourd’hui, avec la hausse des taux d’intĂ©rĂȘt, les raisons qui expliquent le mieux le ralentissement Ă©conomique. Le ralentissement liĂ© Ă  une offre dĂ©faillante est inflationniste. Le maniement de l’arme monĂ©taire en est rendu plus compliquĂ©. À cet Ă©gard, il est intĂ©ressant de noter que la sĂ©rie de hausses des taux directeurs dĂ©cidĂ©e par la RĂ©serve fĂ©dĂ©rale, d’une ampleur et d’une vitesse jamais vues auparavant (475 points de base en dix mois), est Ă  ce jour accompagnĂ©e par un taux de chĂŽmage amĂ©ricain au plus bas depuis 1969.

La bataille contre l’inflation actuelle sera bien sĂ»r gagnĂ©e Ă  court terme par quelques hausses de taux supplĂ©mentaires. Elles dĂ©clencheront probablement la rĂ©cession nĂ©cessaire au reflux plus marquĂ© des prix, en affaiblissant la consommation, sans rĂ©gler le dĂ©ficit d’offre. Mais les aspirations socio-Ă©conomiques actuelles laissent entrevoir une succession de poussĂ©es inflationnistes qui annoncent une longue lutte contre l’inflation Ă  laquelle le consensus ne semble pas croire. La moindre disponibilitĂ© de la main-d’Ɠuvre et le renchĂ©rissement des prix Ă©nergĂ©tiques qui rĂ©sultent de ces aspirations ne trouveront dans les politiques monĂ©taires et budgĂ©taires qu’une rĂ©sistance sporadique, tant le seuil d’acceptation de la douleur dans les pays Ă©conomiquement avancĂ©s s’est abaissĂ©. Les rĂ©cessions organisĂ©es par les politiques Ă©conomiques et monĂ©taires pour rĂ©duire l’inflation seront donc brĂšves et peu profondes. L’inflation tombera mais se relĂšvera chaque fois. La rĂ©silience est de son cĂŽtĂ©.

Ne craignons pas l’inflation ; les opportunitĂ©s qu’elle crĂ©e sont si nombreuses !

L’aptitude dĂ©montrĂ©e de notre gestion obligataire Ă  tirer parti des rendements des dettes publiques et privĂ©es dans un environnement de taux plus Ă©levĂ©s, Ă  dĂ©tecter dans l’univers Ă©mergent les situations asymĂ©triques ou Ă  gĂ©rer l’exposition globale aux taux d’intĂ©rĂȘt positivement comme nĂ©gativement est un atout majeur dans le contexte Ă©conomique dĂ©crit.

Sur les marchĂ©s d’actions, la faiblesse attendue des taux rĂ©els devrait offrir un soutien aux marchĂ©s d’actions. Cette perspective justifie une exposition notable Ă  l’or. Quant Ă  la Chine, l’absence d’inflation Ă  ce stade lui confĂšre un statut trĂšs diversifiant.

Introduire un biais inflationniste dans notre gestion permet de tirer le meilleur parti des opportunitĂ©s nombreuses qu’offrira la cyclicitĂ© Ă©conomique tout en apportant de la diversification dans la gestion des patrimoines. Nous nous y employons avec force et conviction. N’ayons pas peur de l’inflation, faisons d’elle notre alliĂ©e !

DNCA Finance - Le rebond des valeurs cycliques est-il soutenable ?
LES NEWS 7 MARS 2023 patrimoine 24
La reprise chinoise est plus forte que prĂ©vu par le Parti. Consommation, construction (ventes de logements au plus haut depuis 20 mois) et industrie : tous les secteurs participent Ă  l’embellie Ă©conomique. Le rebond industriel est d’une ampleur inĂ©galĂ©e depuis 10 ans (le PMI manufacturier NBS est au plus haut depuis avril 2012). Au point que les autoritĂ©s pourraient rĂ©duire le stimulus initialement envisagĂ©.

Thomas Planell

La Chine explique ainsi une part conséquente du sursaut du Global PMI index reporté par Deutsche Bank, S&P et Haver Analytics : il repasse au-dessus de 50 pour la premiÚre fois depuis août dernier.

Le rebond des PMI chinois et globaux indique qu’une rĂ©cession n’est pas imminente. C’est une bonne nouvelle pour la croissance des entreprises europĂ©ennes, notamment celle qui sont sensibles au cycle chinois. Le remplissage des carnets de commandes Ă  l’export compense le ralentissement de l’activitĂ© manufacturiĂšre domestique. Les sociĂ©tĂ©s de consommation discrĂ©tionnaire bĂ©nĂ©ficient en plus de la bonne tenue du consommateur europĂ©en et de l’appĂ©tit des Chinois pour les biens occidentaux.

Cet effet d’aubaine s’est combinĂ© avec la rĂ©silience de la croissance domestique pour soutenir les valeurs cycliques europĂ©ennes.

Depuis le dĂ©but de l’annĂ©e, leur rebond est brutal.

Constructeurs automobiles, banques, retailers et industrielles sont en hausse de 20% et ont mené le rebond des indices actions.

Cette performance est-elle soutenable ?

La vigueur de l’activitĂ© est toutefois un dĂ©fi de plus pour les banques centrales.

90% des sondĂ©s industriels amĂ©ricains admettent que les prix Ă  la production continuent de monter. Les coĂ»ts logistiques ou le prix des matiĂšres n’est pas le seul problĂšme : au quatriĂšme trimestre, le coĂ»t unitaire de la main-d’Ɠuvre s’est renchĂ©ri deux fois plus vite que prĂ©vu : +3,2% en rythme annualisĂ©.

Le dĂ©bordement de l’inflation en France, en Espagne, et en Allemagne continue. En fĂ©vrier les prix ont progressĂ© de 9,9% en zone euro. Une mauvaise surprise pour la BCE, qui semble disposer le Conseil Ă  maintenir la pression sur les conditions financiĂšres. L’effet du resserrement s’infuse trĂšs lentement dans l’économie et la dynamique des prix. Peut-ĂȘtre plus difficilement que prĂ©vu. Christine Lagarde confirme que la hausse des taux doit continuer (+50 bp en mars) et que toutes les mesures nĂ©cessaires doivent ĂȘtre prises pour calmer l’inflation. MĂȘme son de cloche plus tonitruant encore aux Etats-Unis oĂč Raphael Bostic de la FED d’Atlanta paraĂźt s’opposer Ă  une baisse des taux avant la deuxiĂšme moitiĂ© de 2024.

Tous les Ă©lĂ©ments de langage sont utilisĂ©s pour ancrer les anticipations d’inflation autour de 2%.

Jusqu’à prĂ©sent, les banques centrales ont « tirĂ© Ă  blanc Â». La remontĂ©e des taux s’est faite dans un contexte de tombĂ©es obligataires faibles du cĂŽtĂ© des entreprises qui se sont refinancĂ©es en 2020 sur plusieurs annĂ©es. La hausse du coĂ»t de refinancement des sociĂ©tĂ©s est donc pour l’instant virtuelle. Le resserrement des conditions financiĂšres n’a ainsi que modĂ©rĂ©ment pesĂ© sur la croissance Ă©conomique.

Face au durcissement du discours des banquiers centraux et Ă  une inflation qui reste rĂ©calcitrante, les agents Ă©conomiques devront probablement apprendre Ă  vivre avec des taux plus Ă©levĂ©s, pour plus longtemps. Avec le passage des taux allemands Ă  deux ans au-dessus de 3%, au plus haut depuis les prĂ©mices de la grande rĂ©cession, la page du rĂ©gime de taux bas post crise de 2008 semble dĂ©finitivement se tourner. Les marchĂ©s entrevoient un taux de dĂ©pĂŽt de la BCE supĂ©rieur Ă  3,5% avec des swaps portant jusqu’à 4% les anticipations terminales en fin d’annĂ©e. Outre-Atlantique, le pic des taux FED (5,5% d’aprĂšs les swaps de maturitĂ© septembre 2023) pousse le rendement du 10 ans amĂ©ricain au-dessus de 4%, vers les niveaux de novembre dernier, malgrĂ© un dĂ©but d’annĂ©e exceptionnel en termes de flux acheteurs (le meilleur depuis 2004, selon Bank of America).

Ce rebond des rendements a pĂ©nalisĂ© les valeurs dĂ©fensives (dont la croissance des rĂ©sultats peine Ă  suivre la croissance nominale) et les valeurs Ă  faible rendement du free cash-flow. Avec une rĂ©munĂ©ration du cash et des taux souverains proche du rendement du dividende (3,5% sur le Stoxx600 Europe), les investisseurs ont pu prĂ©fĂ©rer crĂ©er un portefeuille Barbell en privilĂ©giant l’obligataire (moins volatil) et le cash pour la partie dĂ©fensive de leur stratĂ©gie et le beta des valeurs cycliques pour la partie dynamique de l’allocation.
NĂ©anmoins, au terme de deux premiers mois exceptionnels, la revalorisation des valeurs cycliques a peut-ĂȘtre un peu trop anticipĂ© l’embellie Ă©conomique sous-jacente.

En effet, le niveau de surcote vis-Ă -vis du reste du marchĂ© a parfois Ă©tĂ© multipliĂ© par deux par rapport Ă  sa moyenne Ă  10 ans. Les sociĂ©tĂ©s de consommation discrĂ©tionnaire, industrielles ou des matĂ©riaux et de la construction se nĂ©gocient respectivement 80%, 40% et 22% plus cher que le Stoxx Europe 600 (PER Forward). La valeur de marchĂ© de leurs capitaux propres (price to book) s’inscrit ainsi Ă  un plus haut de plus de dix ans.
IntĂ©grant dans leur valorisation un scĂ©nario Ă©conomique plus favorable, elles sont dĂ©sormais moins immunes au risque d’un potentiel ralentissement Ă©conomique causĂ© par la persistance de taux plus Ă©levĂ©s.

Texte achevĂ© de rĂ©diger le 3 mars 2023 par Thomas Planell, GĂ©rant – analyste.

Bonne nouvelle pour la croissance mondiale

L’OCDE a rĂ©vĂ©lĂ© ses prĂ©visions pour la croissance mondiale de l’annĂ©e en cours ce vendredi 17 mars. MalgrĂ© des estimations plutĂŽt positives, elle reste hĂ©sitante au vu des rĂ©centes frayeurs des marchĂ©s financiers suscitĂ©es par l’effondrement de plusieurs banques internationales Ă  la suite de la faillite de la Silicon Valley Bank.
Par Capital avec AFP

e bonnes augures mais des bases encore fragiles. L’OCDE a relevĂ© ses prĂ©visions de croissance mondiale pour 2023 et 2024 grĂące Ă  une baisse de l’inflation et la rĂ©ouverture de la Chine, mais reste fragile, sur fond de grandes difficultĂ©s rencontrĂ©es par certaines banques. Le produit intĂ©rieur brut (PIB) mondial devrait augmenter de 2,6% en 2023, contre 2,2% anticipĂ©s en novembre dernier par l’Organisation de coopĂ©ration et de dĂ©veloppement Ă©conomiques (OCDE), selon ses perspectives publiĂ©es vendredi. L’an dernier, la croissance mondiale s’était Ă©levĂ©e Ă  3,2%.

En 2024, la croissance mondiale devrait accĂ©lĂ©rer Ă  2,9%, soit 0,2 point de pourcentage que prĂ©alablement prĂ©vu. Les Ă©conomies continueront toutefois Ă  subir le contrecoup du relĂšvement du taux d’intĂ©rĂȘt dĂ©cidĂ© par les banques centrales pour lutter contre l’inflation. Des politiques monĂ©taires plus restrictives « pourraient continuer de mettre au jour des vulnĂ©rabilitĂ©s financiĂšres liĂ©es Ă  un endettement Ă©levĂ© et Ă  la valorisation excessive de certains actifs Â», comme l’a montrĂ© rĂ©cemment la faillite de trois banques amĂ©ricaines, selon le rapport de l’OCDE.

Politiques monétaires restrictives
« Des signes de l’impact du durcissement des politiques monĂ©taires ont commencĂ© Ă  apparaĂźtre dans certains pans du secteur bancaire, notamment dans les banques rĂ©gionales aux États-Unis Â», indique l’Organisation de coopĂ©ration et de dĂ©veloppement Ă©conomiques (OCDE). ConcrĂštement, « de brusques variations des taux d’intĂ©rĂȘt du marchĂ© et de la valeur de marchĂ© actuelle des portefeuilles obligataires pourraient aussi mettre encore plus en Ă©vidence les risques de duration inhĂ©rents aux modĂšles Ă©conomiques des institutions financiĂšres, comme en tĂ©moigne la faillite de la Silicon Valley Bank en mars aux États-Unis Â».
En dĂ©pit de ces soubresauts, l’OCDE estime que « les politiques monĂ©taires doivent rester restrictives jusqu’à ce que l’on observe des signes clairs de rĂ©duction durable des tensions inflationnistes sous-jacentes Â». Aussi de nouvelles hausses de taux, comme celle dĂ©cidĂ©e jeudi par la Banque centrale europĂ©enne (BCE), « restent encore nĂ©cessaires dans de nombreuses Ă©conomies, notamment aux États-Unis et dans la zone euro Â». La chute brutale cette semaine du cours de l’action de Credit Suisse, une banque de beaucoup plus grande taille dont la faillite ferait courir un risque systĂ©mique Ă  l’économie mondiale, n’a pas Ă©tĂ© prise en compte par le rapport.

Epargne accumulée
Autre talon d’Achille pour de nombreux pays, les prix de l’immobilier qui ont commencĂ© Ă  baisser, avec de possibles effets en cascade sur d’autres secteurs. Mais malgrĂ© ces risques, une « amĂ©lioration progressive Â» de la situation Ă©conomique gĂ©nĂ©rale est prĂ©vue tout au long de 2023 et 2024, avec un certain apaisement de l’inflation. La croissance mondiale devrait aussi bĂ©nĂ©ficier de « la rĂ©ouverture complĂšte de la Chine Â» post-Covid, l’activitĂ© du pays devant rebondir en 2023.

Dans les pays du G20 qui reprĂ©sentent quelque 85% du produit intĂ©rieur brut (PIB) mondial, la hausse des prix devrait dĂ©croĂźtre de 8,1% en 2022 Ă  4,5% en 2024, anticipe l’OCDE. Mais l’amĂ©lioration de la conjoncture « reste fragile Â» avec une « incertitude qui entoure l’évolution de la guerre en Ukraine et ses consĂ©quences dans leur globalitĂ© constitue un sujet de prĂ©occupation majeur Â». L’OCDE a relevĂ© ses perspectives pour 2023 pour la plupart des grandes Ă©conomies de la planĂšte, mais les a abaissĂ©es pour le Japon, la CorĂ©e du Sud, le BrĂ©sil, l’Argentine ou encore la Turquie. L’Allemagne Ă©chapperait dĂ©sormais Ă  une rĂ©cession pour cette annĂ©e avec une croissance de 0,3%, contre 0,7% pour la France (+0,1 point par rapport Ă  novembre).

La croissance amĂ©ricaine devrait atteindre 1,5% en 2023, contre 0,5% prĂ©vu prĂ©cĂ©demment. Et celle de la Chine croĂźtrait de 5,3%, contre 4,6% anticipĂ©s en novembre, et l’Inde devrait avoir la croissance la plus forte du G20 avec 5,9%. « La demande devrait ĂȘtre prĂ©servĂ©e grĂące Ă  un nouvel assouplissement des taux d’épargne des mĂ©nages qui n’ont pas encore totalement utilisĂ© l’épargne supplĂ©mentaire accumulĂ©e pendant la pandĂ©mie Â», explique l’institution. Et face Ă  la flambĂ©e des prix de l’énergie et de l’alimentation, l’organisation recommande aux Etats des aides « davantage ciblĂ©es sur ceux qui en ont le plus besoin Â». Concernant l’énergie enfin, les aides « devraient promouvoir l’efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique Â» afin d’éviter de subventionner des activitĂ©s non soutenables Ă  moyen terme en raison du changement climatique.

Les actions technologiques, nouvelle valeur refuge aprĂšs la crise bancaire
Blondet Eliot/ABACA
La crise bancaire aura eu au moins un mĂ©rite, et c’est celui-ci : redorer l’image des actions du monde de la tech’. DĂ©sormais considĂ©rĂ©es comme valeur refuge pour les investisseurs, les actions des GAFAM ont considĂ©rablement gagnĂ© en popularitĂ©, avec +10 % pour Alphabet ou Microsoft.
Par Capital avec AFP
Publié le 26/03/2023 à 9h12
Un coup de projecteur inattendu. Longtemps vues comme risquĂ©es et trop chĂšres, les actions du secteur technologique ont brillĂ© depuis le dĂ©but de la crise bancaire, au point d’ĂȘtre dĂ©sormais considĂ©rĂ©es comme une valeur refuge pour les investisseurs. Meta, Alphabet et Microsoft ont tous gagnĂ© plus de 10% Ă  Wall Street depuis les prĂ©mices de la tempĂȘte qui a balayĂ© le secteur bancaire amĂ©ricain, dĂ©but mars, alors que, dans le mĂȘme temps, l’indice Dow Jones lĂąchait plus de 2%.

« Les investisseurs voient ces grandes capitalisations technologiques comme une destination sĂ»re en ce moment Â», observe Angelo Zino, de CFRA Research. Le label tranche avec l’image longtemps vĂ©hiculĂ©e par la tech depuis l’explosion de la bulle internet, en 2000, celle d’un secteur souvent surĂ©valuĂ©, aux perspectives financiĂšres trĂšs incertaines, propice aux mauvaises surprises.

« Beaucoup crient +au feu+ Â» depuis des mois « Ă  propos du secteur technologique, mais le Nasdaq est en hausse d’environ 13% cette annĂ©e Â», souligne Dan Ives, de Wedbush Securities, dans une note. « Nombre d’investisseurs qui pariaient Ă  la baisse cherchent Ă  comprendre. Â» « Une part importante des plus grandes entreprises du monde viennent de la tech Â», rappelle Scott Kessler, de Third Bridge, leurs capitalisations massives les protĂ©geant partiellement de la volatilitĂ© ambiante. « Et elles ont une flexibilitĂ© financiĂšre et des rĂ©serves de cash Ă©normes Â», ce qui leur donne une assise considĂ©rable en pĂ©riode agitĂ©e sur les marchĂ©s.

En outre, Ă  la diffĂ©rence du tournant des annĂ©es 2000, le monde numĂ©rique est dĂ©sormais ancrĂ© dans nos vies. « Les gens ne vont pas se passer de Windows ou d’AWS (la filiale d’Amazon dĂ©diĂ©e au cloud) d’un seul coup, ou arrĂȘter de faire des recherches sur internet Â», fait valoir l’analyste. DĂ©sormais, les services qu’offrent les mastodontes du net et de l’informatique « sont vus comme fondamentaux et nĂ©cessaires Â».

« Un Ă©norme nuage Â»
A ces Ă©lĂ©ments structurels, s’ajoutent des facteurs conjoncturels qui ont offert aux actions de la nouvelle Ă©conomie un alignement des astres inattendu.Parmi les acteurs qui ont convergĂ© vers ces valeurs, selon Dan Ives, un nombre important ont choisi de dĂ©serter le secteur financier, « ne sachant pas quelle banque Ă©tait en crise ou quelle nouvelle allait tomber un dimanche soir Â» sur des mesures d’urgence.

Les Etats-Unis restent, en effet, fragilisĂ©s par la chute de trois banques en quelques jours, ce qui a Ă©rodĂ© la confiance des marchĂ©s dans le systĂšme financier, mĂȘme si la panique a Ă©tĂ© contenue. Ceux qui ont fait le dĂ©placement ont trouvĂ© des valorisations attractives, dues Ă  la brutale correction qui a marquĂ© la tech en 2022, provoquĂ©e par la sortie de la pandĂ©mie de coronavirus et un cycle de resserrement monĂ©taire Ă  marche forcĂ©e.

Par ailleurs, depuis la fin de l’annĂ©e derniĂšre, « les investisseurs ont droit Ă  ce qu’ils attendent (de la part des gĂ©ants technologiques), c’est-Ă -dire des plans d’économies Â», souligne Angelo Zino. Amazon a encore annoncĂ©, cette semaine, 9.000 suppressions de postes, qui s’ajoutent aux 18.000 lancĂ©es en janvier. Quelques jours plus tĂŽt, Meta avait frappĂ© beaucoup plus fort encore, en portant Ă  24% la rĂ©duction de ses effectifs depuis novembre.

Décélération de la Fed
« Le sentiment gĂ©nĂ©ral vis-Ă -vis de ces grands noms a changĂ©, du fait de l’accent qu’ils ont mis sur l’efficience Â» et la rationalisation de leurs coĂ»ts, juge Scott Kessler, un paramĂštre qui n’apparaissait pas, jusqu’ici, comme un impĂ©ratif du fait de leur croissance irrĂ©sistible.

DerniĂšre carte dans le jeu des valeurs technologiques, la dĂ©cĂ©lĂ©ration de la banque centrale amĂ©ricaine (Fed), dont le message prudent, mercredi, a poussĂ© les opĂ©rateurs Ă  tabler sur un arrĂȘt immĂ©diat du resserrement monĂ©taire et une sĂ©rie de baisses de taux d’ici la fin de l’annĂ©e. Le scĂ©nario serait idĂ©al pour ceux qu’on appelait naguĂšre les « Gafam Â», avant que Facebook ne devienne Meta et que Google ne soit chapeautĂ© par Alphabet, car ces groupes, comme tout le secteur technologique, dĂ©pendent des conditions de crĂ©dit pour financer leur dĂ©veloppement rapide.

« Les hausses de taux ont l’air terminĂ©es, ce qui dissipe un Ă©norme nuage au-dessus de l’industrie Â», confirme Dan Ives.Toutes les valeurs du milieu n’ont pas les mĂȘmes perspectives, prĂ©vient nĂ©anmoins Angelo Zino, pour qui « certaines capitalisations plus modestes vont avoir plus de mal Ă  digĂ©rer le durcissement de l’accĂšs au crĂ©dit Â» liĂ© aux turbulences qui traversent le systĂšme bancaire. La crise a dĂ©marrĂ© avec la faillite de Silicon Valley Bank (SVB), grand argentier des start-up technologiques. Pour ces sociĂ©tĂ©s moins Ă©tablies, dit-il, « il va falloir ĂȘtre plus sĂ©lectif Â».

Crise bancaire 2.0 : Super effondrement en vue - le piùge de l’inflation se referme
Article de Investing.com ‱ Il y a 6 h

Investing.com - Pendant des annĂ©es, les pays industrialisĂ©s ont Ă©tĂ© victimes d’une inflation trop faible, raison pour laquelle les banques centrales ont dĂ©cidĂ© de mettre en Ɠuvre une politique monĂ©taire ultra-accommodante. Et alors que les marchĂ©s Ă©taient inondĂ©s de billets frais pour le plus grand plaisir des investisseurs, l’effondrement des chaĂźnes d’approvisionnement et l’explosion des prix de l’énergie dans le sillage de la pandĂ©mie et de la guerre Russie-Ukraine ont permis d’atteindre des taux d’inflation Ă  deux chiffres entre-temps.

Crise bancaire 2.0 : Super effondrement en vue - le piùge de l’inflation se referme

© Fournis par fr.investing.com
Ce dont le monde occidental manquait au dĂ©part, il en a dĂ©sormais dĂ©cidĂ©ment trop. Les banques centrales comme la Fed et la BCE ont mis du temps Ă  rĂ©aliser ce qui se passait sous leurs yeux, raison pour laquelle elles ont dĂ» rĂ©agir beaucoup trop tard, de maniĂšre beaucoup trop extrĂȘme, en augmentant rapidement les taux d’intĂ©rĂȘt.

Cela n’a pas Ă©tĂ© sans consĂ©quences, car le mois dernier, cinq banques ont dĂ» cesser leurs activitĂ©s ou ĂȘtre sauvĂ©es en l’espace de onze jours seulement. Mais ceux qui pensent que tous les freins Ă  la fĂȘte sont ainsi levĂ©s et que le rallye apparemment incessant des marchĂ©s boursiers se poursuit se trompent lourdement, comme l’a expliquĂ© James G. Rickards, Ă©conomiste et banquier d’investissement avec 40 ans d’expĂ©rience Ă  Wall Street.

Selon lui, le problÚme est que ni le président de la Fed, Jerome Powell, ni la secrétaire au Trésor américaine, Janet Yellen, ne comprennent vraiment ce qui se passe actuellement.

La crise bancaire dont on parle tant n’est qu’un symptĂŽme, car au cƓur de l’affaire « il s’agit d’une crise causĂ©e par un manque de garanties sous forme d’obligations d’État amĂ©ricaines pour couvrir les positions sur produits dĂ©rivĂ©s et par un rĂ©trĂ©cissement des bilans en consĂ©quence du manque de garanties Â».

Mais ce dĂ©sĂ©quilibre ne peut pas ĂȘtre rĂ©solu simplement en imprimant de l’argent via l’émission d’obligations d’État. « Nous approchons du point oĂč le TrĂ©sor n’a plus d’argent et oĂč le plafond de la dette fixĂ© par la loi rend impossible l’obtention de nouveaux emprunts. Le CongrĂšs est-il prĂȘt Ă  relever le plafond de la dette ? Non. C’est le jeu habituel entre dĂ©mocrates et rĂ©publicains, oĂč aucune solution n’est en vue Â».

Les marchĂ©s financiers internationaux se trouvent ainsi Ă  la croisĂ©e des chemins, ce qui pourrait entraĂźner des bouleversements bien plus importants. RĂ©trospectivement, selon Rickards, le monde n’a Ă©tĂ© confrontĂ© Ă  une situation d’une telle ampleur que deux fois au cours des 50 derniĂšres annĂ©es :

« La crise de 1998 a atteint son stade aigu le 28 septembre 1998, juste avant le sauvetage de LTCM. Nous n’étions plus qu’à quelques heures de la fermeture de toutes les bourses d’actions et d’obligations du monde Â».

Cette crise a pris naissance en juin 1997, lorsque le baht thaĂŻlandais s’est mis Ă  dĂ©gringoler, provoquant une fuite massive des capitaux qui a Ă©galement touchĂ© la Russie. Rickards fait remarquer :

« Il a fallu quinze mois pour qu’une crise sĂ©rieuse se transforme en menace existentielle Â».

Il en a Ă©tĂ© de mĂȘme pour la crise des crĂ©dits hypothĂ©caires Ă  risque, qui a dĂ©butĂ© au printemps 2007 avec l’annonce par HSBC (LON:HSBA) que les pertes liĂ©es Ă  ses activitĂ©s hypothĂ©caires Ă©taient supĂ©rieures aux prĂ©visions. S’est poursuivie Ă  l’étĂ© 2007 avec l’effondrement de « deux fonds hypothĂ©caires Ă  haut rendement de Bear Stearns et la fermeture d’un fonds monĂ©taire de la SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale Â». A culminĂ© avec la chute de Lehman Brothers en 2008 et a eu des rĂ©percussions directes jusqu’en mars 2009.

« Commençant avec l’annonce de HSBC, la panique des subprimes et les effets domino ont durĂ© vingt-quatre mois, de mars 2007 Ă  mars 2009 Â».

Deux crises bien documentées, dont nous connaissons le déroulement, mais dont nous ne voulons pas imaginer que quelque chose de similaire nous attend. Rickards poursuit :

« Si l’on compare les deux exemples (1998, 2008), la durĂ©e moyenne de ces crises financiĂšres est d’environ vingt mois. La crise actuelle n’a qu’un mois. Elle ne devrait donc en ĂȘtre qu’à ses dĂ©buts Â».

La grande diffĂ©rence entre 2023 et les deux crises financiĂšres prĂ©cĂ©dentes est que tout va beaucoup plus vite aujourd’hui. Rickards utilise l’exemple d’une transaction d’un milliard de dollars qui peut ĂȘtre dĂ©clenchĂ©e avec un simple iPhone pendant que l’on attend sa commande chez McDonalds (NYSE :MCD).

Rickards est certain que si les gens perdent leur confiance dans le systÚme bancaire américain, ce ne sont pas seulement les banques qui tombent. La fuite du dollar mettrait en marche un train qui toucherait le monde entier à une vitesse époustouflante.

"La question la plus importante est la suivante : La crise est-elle terminĂ©e ? La Fed a-t-elle fait suffisamment d’efforts pour convaincre les Ă©pargnants que le systĂšme est sain ? La panique est-elle retombĂ©e ?

La réponse est non, la panique ne fait que commencer".

Par Marco Oehrl

CAC 40, Dow Jones
 « en Bourse, c’est la fin de 30 ans de rĂ©gime boucle d’or Â»
Bourse, actions en hausse Clerkenwell/Getty Images
Economie, Bourse
 “Les bienfaits de 30 annĂ©es d’expansion ont Ă©tĂ© remis en cause”, juge Thierry BĂ©chu, CIO chez Aequam Capital, qui met en garde contre “l’émergence d’une Ăšre nouvelle, marquĂ©e sous le sceau de l’incertitude et de retours en arriĂšre”.

Par Nicolas GALLANT
Journaliste Ă©conomie, finance, bourse
Publié le 04/02/2023 à 16h00
AprĂšs une annĂ©e 2022 chahutĂ©e, et alors que 2023 est Ă  peine entamĂ©e, les interrogations sont nombreuses, relĂšve Thierry BĂ©chu, CIO (responsable investissements) chez Aequam Capital et Ă©crivain (L’analyse technique, thĂ©ories et mĂ©thodes, coĂ©crit avec Julien Nebenzahl et Eric Bertrand), interrogĂ© par Capital. 2022 a Ă©tĂ© la premiĂšre annĂ©e de l’histoire financiĂšre moderne Ă  subir un double krach sur les actions et sur les obligations. “En plus d’un siĂšcle, cela n’était jamais arrivĂ© ! Tous les principes de diversification de portefeuille ont volĂ© en Ă©clat”, souligne l’expert.

La faute en revient Ă  l’inflation, qui a marquĂ© 2022. “La sidĂ©ration Ă©tait dĂ©jĂ  palpable en dĂ©but d’exercice et s’est renforcĂ©e avec le conflit russo-ukrainien et l’explosion des prix de l’énergie et des denrĂ©es alimentaires. Puis, depuis l’étĂ©, le temps de la stabilisation et de l’inflexion est venu. Tout indique, en effet, que le phĂ©nomĂšne inflationniste est en passe d’ĂȘtre maĂźtrisĂ©, ce qui est une bonne nouvelle”, relĂšve-t-il. Malheureusement, inflexion n’est pas raison, comme le dĂ©montre l’histoire des annĂ©es 70, quand l’inflation a connu des vagues de hausse interrompues par des pĂ©riodes de stabilisation. “Rien n’indique Ă  ce stade que l’inflation soit maĂźtrisĂ©e au point de revenir sur le seuil de neutralitĂ© de 2% dĂ©crĂ©tĂ© par les banques centrales”, met en garde Thierry BĂ©chu.

L’inflation reflue, l’économie donne des signes de fatigue
Si l’inflation s’estompe, elle le doit Ă  la politique particuliĂšrement radicale des banques centrales, qui ont rĂ©duit les liquiditĂ©s et augmentĂ© les taux de façon extrĂȘmement brutale. Sur le front de la croissance Ă©conomique, de premiers signes d’essoufflement sont dĂ©jĂ  constatĂ©s sur le marchĂ© immobilier, sur les commandes ainsi que sur la confiance des consommateurs et des entrepreneurs. “S’il paraĂźt lĂ©gitime de s’attendre Ă  un ralentissement marquĂ© au cours de l’annĂ©e 2023, il faudra cependant constater une dĂ©gradation tangible sur le marchĂ© du travail pour le valider”, juge toutefois Thierry BĂ©chu.

Basculement en récession cette année ?
2023 devrait ĂȘtre l’annĂ©e du ralentissement et peut-ĂȘtre de la rĂ©cession. “Tous les indicateurs ayant fonctionnĂ©, historiquement, (pour avertir d’un choc sur l’économie, NDLR) sont au rouge : inversion de la courbe des taux (les taux Ă  court terme sont remontĂ©s au-delĂ  des taux Ă  long terme, ce qui a gĂ©nĂ©ralement prĂ©cĂ©dĂ©, avec un certain dĂ©calage dans le temps, une tombĂ©e en rĂ©cession, NDLR), baisse des indicateurs avancĂ©s sur l’économie et, enfin, baisse de la masse monĂ©taire”, relĂšve l’expert.

En Bourse, la valorisation des actions n’a fait qu’intĂ©grer l’explosion des taux Ă  long terme en 2022
Il note pourtant que les marchĂ©s actions montrent une rĂ©sistance implacable. Jusqu’à prĂ©sent, en effet, la baisse de la Bourse n’a fait que reflĂ©ter un rĂ©ajustement des valorisations (PER ou valeur en Bourse des sociĂ©tĂ©s rapportĂ©e Ă  leurs profits, traditionnelle jauge du degrĂ© de chertĂ© des actions), parfaitement alignĂ© avec la hausse des taux Ă  long terme (un phĂ©nomĂšne qui rĂ©duit mĂ©caniquement la juste valeur thĂ©orique des actions, dans les modĂšles suivis par les analystes financiers).

Les profits des sociétés cotées pourraient chuter, ce que le marché actions semble ignorer
Ainsi, “les anticipations sur les bĂ©nĂ©fices restent inchangĂ©es et le marchĂ© n’a nullement intĂ©grĂ© une Ă©ventuelle correction des bĂ©nĂ©fices”, souligne Thierry BĂ©chu, alors qu’historiquement, “toute rĂ©cession s’accompagne d’une baisse de ces derniers d’une ampleur de 15 Ă  30%”, ce que “semble ignorer le marchĂ©â€. Probablement, parce qu’il considĂšre que la rĂ©cession est dĂ©jĂ  intĂ©grĂ©e dans les cours de Bourse et qu’il se concentre donc sur la prochaine Ă©tape. Tout particuliĂšrement, les investisseurs considĂšrent que le dĂ©ficit de stimulation monĂ©taire sera compensĂ© par une politique budgĂ©taire des grandes puissances toujours aussi audacieuse


Les taux à long terme pourraient rester durablement élevés
Le risque est pourtant Ă©levĂ© de voir les taux d’intĂ©rĂȘt sous pression haussiĂšre, avertit l’expert, alors que face Ă  l’augmentation de l’offre d’obligations d’État sur le marchĂ©, la demande en provenance des banques centrales tend Ă  se rĂ©duire
 CAC 40, DAX
 La belle euphorie de la Bourse depuis 4 mois en Europe “repose sur un dĂ©calage profond avec le narratif macroĂ©conomique”, dĂ©nonce Thierry BĂ©chu, pour qui “un tel Ă©cart de perception n’est pas durable : l’un des deux devra corriger (rapidement) sa copie”.

Les bienfaits de 30 annĂ©es d’expansion sont remis en cause, depuis quelques annĂ©es
En 1992, Francis Fukuyama publiait La fin de l’histoire et le dernier homme, qui “analysait l’effondrement du communisme et des totalitarismes comme une victoire idĂ©ologique, gĂ©opolitique et historique de l’occident, c’est-Ă -dire aussi le triomphe des dĂ©mocraties libĂ©rales”, rapporte Thierry BĂ©chu. L’Histoire de ces trente derniĂšres annĂ©es est marquĂ©e par l’ouverture de l’économie chinoise au systĂšme capitaliste (un pays, deux systĂšmes) et l’explosion des Ă©changes mondiaux.

L’apparition d’une main d’Ɠuvre abondante et bon marchĂ© (Chine et pays asiatiques) a facilitĂ© les phĂ©nomĂšnes des dĂ©localisations et de ce qu’on a appelĂ© la mondialisation heureuse (abondance de produits Ă  bas prix, hausse spectaculaire du niveau de vie dans certains pays Ă©mergents comme la Chine et ouverture des frontiĂšres dans un monde pacifiĂ© et plus dĂ©mocratique). “Une sorte de convergence idĂ©ologique se profilait. Ne restait plus qu’à mettre en place un gouvernement mondial dont l’objectif aurait Ă©tĂ© de rĂ©gler quelques menus conflits et de s’attaquer au trĂšs sĂ©rieux problĂšme du rĂ©chauffement climatique”, ironise Thierry BĂ©chu

Las ! L’arrivĂ©e de Donald Trump en 2017 avec sa politique commerciale anti-chinoise, puis la crise du Covid et, enfin, la guerre en Ukraine sont passĂ©es par lĂ . Elles ont “ravagĂ© les bienfaits de trente annĂ©es d’expansion. Plus personne n’est d’accord avec personne et les Ă©goĂŻsmes nationaux ont repris la main. C’est aussi le dĂ©clenchement de nombreux phĂ©nomĂšnes qui marquent l’émergence d’une Ăšre nouvelle, pleine d’incertitudes et marquĂ©e sous le sceau de nombreux retours en arriĂšre”, dĂ©nonce Thierry BĂ©chu.

En premier lieu, la tentation totalitaire est Ă  nouveau au goĂ»t du jour. Elle “menace de façon perceptible les plus vieilles dĂ©mocraties (Etats-Unis, BrĂ©sil, IsraĂ«l, Europe de l’Est
). Le repli sur soi se constate chaque jour, certains piliers de la dĂ©mocratie sont questionnĂ©s et les populismes de toute sorte font florĂšs. Les politiques protectionnistes en sont une des consĂ©quences les plus tangibles du point de vue Ă©conomique et financier”, souligne l’expert, pour qui cette phase de tension politique coĂŻncide avec d’autres crispations et enjeux planĂ©taires, qui “auront un impact probable sur l’inflation, la dette et les politiques monĂ©taires de ces prochaines annĂ©es”.

La dĂ©mographie est un sujet majeur. La main-d’Ɠuvre autrefois si abondante devient rare. “La sortie des baby-boomers du marchĂ© de l’emploi entraĂźne une inflexion nouvelle du ratio entre population en Ăąge de travailler et le reste de la population : le monde manque de main d’Ɠuvre en Chine, qui pour la premiĂšre fois depuis 1961 vient d’annoncer la rĂ©duction de sa population de prĂšs d’un million de personnes, confirmant l’amorce de son dĂ©clin dĂ©mographique”, note Thierry BĂ©chu.

Et la situation est similaire en AmĂ©rique du Nord, au Japon et bien-sĂ»r en Europe. En Allemagne, on constate Ă  la fois un niveau d’emploi historique (Ă  plus de 45 millions de travailleurs) et des perspectives de dĂ©gradation progressive de la population active qui devrait baisser de plus de 10% dans les trente prochaines annĂ©es. “La rarĂ©faction de l’emploi est inscrite et elle aura de nombreux impacts sur les Ă©quilibres sociaux et sur l’inflation”, avertit l’expert, qui note que certaines Ă©tudes dĂ©montrent “une relation objective entre la structure dĂ©mographique et l’inflation structurelle”.

Le dernier cycle de tension dĂ©mographique s’est achevĂ© Ă  la fin des annĂ©es 70 (dĂ©but de l’arrivĂ©e des baby-boomers sur le marchĂ© du travail). “Il a laissĂ© la place Ă  un monde oĂč l’emploi Ă©tait abondant, relayĂ© ensuite par l’ouverture du marchĂ© chinois. Aujourd’hui, la structure dĂ©mographique a toutes les chances d’entraĂźner une tension sur les salaires et l’amorce d’une redistribution salaires-profits au dĂ©triment des entreprises, qui auront beaucoup de mal Ă  Ă©viter un tassement de leurs marges”, souligne Thierry BĂ©chu.

Le défi environnemental pÚsera durablement sur la rentabilité des entreprises
Les problĂ©matiques environnementales reprĂ©sentent le sujet le plus important Ă  rĂ©gler au cours de ces trente prochaines annĂ©es. “Sans dĂ©tailler l’immensitĂ© des difficultĂ©s et des points Ă  rĂ©soudre, quoi qu’il en coĂ»te parce qu’il n’y a pas de plan B, on doit bien comprendre que cela pĂšsera sur les mĂ©nages mais encore plus fortement sur les entreprises (rĂ©glementations, normes, taxe carbone
)”, avertit l’expert. Des entreprises qui devront Ă  la fois financer le changement environnemental et s’adapter Ă  ces normes en acceptant des engagements nouveaux, qui dĂ©graderont les marges.

L’aggravation des inĂ©galitĂ©s n’est pas soutenable
ParallĂšlement Ă  la pacification gĂ©opolitique constatĂ©e ces trente derniĂšres annĂ©es, les politiques macroĂ©conomiques “ont aussi convergĂ© vers un libĂ©ralisme oĂč l’entreprise Ă©tait triomphante, avec les lois de la concurrence comme philosophie et la recherche du profit absolu comme doctrine morale, avec toutes les dĂ©rives que l’on sait et en particulier l’accumulation d’inĂ©galitĂ©s croissantes dĂ©passant celles observĂ©es pendant les annĂ©es folles (les annĂ©es 20 du siĂšcle dernier)”, dĂ©nonce Thierry BĂ©chu, pour qui ces dĂ©rives inĂ©galitaires “sont naturellement socialement inacceptables”. La bascule dĂ©mographique devrait aussi s’accompagner d’une inversion des forces dans les rapports sociaux. Et aussi, d’un point de vue politique. “Les nations devraient reprendre leurs droits , Ă  l’instar de l’application d’une taxe minimale de 15% pour les entreprises”, juge l’expert.

La Bourse a bĂ©nĂ©ficiĂ© pendant 30 ans d’un contexte dorĂ©
L’environnement macroĂ©conomique a lui aussi changĂ© radicalement. Nous avons vĂ©cu trente annĂ©es “Boucles d’or” (ou Goldilocks, en Anglais) du nom du conte dans lequel une petite fille dĂ©nommĂ©e Boucles d’or, perdue dans la forĂȘt, dĂ©couvre la maison des ours oĂč l’y attendent trois bols de gruau. Elle se rĂ©gale de celui de l’ourson, ni trop chaud, ni trop froid
 C’est la mĂ©taphore des Ă©conomistes et des financiers pour parler d’un environnement parfaitement idĂ©al, oĂč la croissance est suffisante pour permettre aux bĂ©nĂ©fices de prospĂ©rer mais pas trop forte pour Ă©viter toute tension monĂ©taire susceptible de casser le rythme de la croissance.

Ainsi, entre 1985 et 2019, “la volatilitĂ© de la croissance rĂ©elle n’a jamais Ă©tĂ© aussi faible de mĂȘme que l’inflation. Le risque de tout investissement n’a jamais Ă©tĂ© aussi faible qu’à cette pĂ©riode. Et, en mĂȘme temps, le coĂ»t de l’investissement (le taux d’intĂ©rĂȘt) a atteint des niveaux historiquement faibles (“argent gratuit”). Les investisseurs ont donc bĂ©nĂ©ficiĂ© d’un environnement idyllique oĂč le risque Ă©tait Ă  la fois faible et peu coĂ»teux”, explique Thierry BĂ©chu.

L’inflation et la croissance pourraient rĂ©server de mauvaises surprises aux investisseurs
Or, aujourd’hui, la croissance promet d’ĂȘtre plus faible et beaucoup plus incertaine (la baisse de la population active est par nature une mauvaise nouvelle pour la croissance Ă©conomique). Et l’inflation “a peu de chances de disparaĂźtre dans les mois qui viennent. Elle risque au contraire d’ĂȘtre difficilement maĂźtrisable”, met en garde l’expert. En consĂ©quence, la volatilitĂ© de la croissance nominale “va changer de nature, entraĂźnant une hausse significative du risque. Et dans le mĂȘme temps, le coĂ»t du risque va fortement croĂźtre (hausse des taux et rĂ©duction du bilan des banques centrales). En clair, l’environnement Boucles d’or s’est Ă©vanoui et les ours sont rentrĂ©s Ă  la maison (dans le conte, ils surprennent la fillette et la font fuir, NDLR) !”, avertit Thierry BĂ©chu.

En rĂ©sumĂ©, si l’on agrĂšge une politique monĂ©taire beaucoup moins dispendieuse, des risques environnementaux considĂ©rables, une instabilitĂ© sociale forte, une pression dĂ©mographique persistante avec de vĂ©ritables menaces pour les dĂ©mocraties libĂ©rales, “l’avenir promet d’ĂȘtre complexe et grave”, met en garde l’expert.

En Bourse, la sélectivité sera de mise
Aucun des aspects mentionnĂ©s ici n’est favorable Ă  l’entreprise et au maintien de taux de marges exceptionnels. En Bourse, “obtenir des rendements nets de plus de 10% par an sur les actions (ce qui a longtemps Ă©tĂ© la norme, NDLR) est devenu plus qu’improbable”, pronostique Thierry BĂ©chu, qui prĂ©vient qu’il faudra “redoubler de talent pour compenser l’inflation”
 Sur les marchĂ©s, il faudra dĂ©cidĂ©ment faire preuve de sĂ©lectivitĂ© et procĂ©der aux bons choix.

Analyse L’entĂȘtement des marchĂ©s pourrait leur coĂ»ter cher Les investisseurs laissent transparaĂźtre une certaine complaisance quant aux risques macro-Ă©conomiques.
Jocelyn JovĂšne13.02.2023

Depuis leur dernier point bas fin septembre 2022, les Bourses mondiales ont rebondi dans un mouvement qui semble se renforcer au grĂ© de l’annonce de nouvelles plus rassurantes sur le front macro : inflation qui recule (grĂące notamment Ă  la moindre hausse des des prix de l’énergie et de l’alimentation), indicateurs avancĂ©s qui reviennent en zone d’expansion (cas du dernier PMI de la zone euro, mais pas encore aux Etats-Unis cela dit)


Tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes.

En fait, marchés actions et marchés de taux envoient des messages pour le moins contradictoires.

Pour les premiers, le risque de rĂ©cession encore envisagĂ© fin 2022 ne serait plus qu’une menace lointaine.

Selon certains Ă©conomistes citĂ©s dans la presse financiĂšre amĂ©ricaine, la probabilitĂ© d’une rĂ©cession serait passĂ©e de 35% Ă  25% (notons toutefois que la Fed de New-York est moins optimiste sur le sujet).

Un rebond piloté par la psychologie
Si l’on cherche Ă  comprendre les moteurs du rebond des actions, il faut faire la distinction entre le rĂŽle de la psychologie des investisseurs, exprimĂ©e Ă  travers les multiples de valorisation, et celui des fondamentaux.

Depuis la fin septembre, le P/E de l’indice S&P 500 est passĂ© de 15,3x Ă  18,2x, soit un bond de 19%. Durant cette pĂ©riode, les prĂ©visions de rĂ©sultats au niveau de l’indice ont Ă©tĂ© revues en baisse de 4% de 235$ Ă  225,5$ (graphique).

La moyenne historique de valorisation de l’indice depuis 1999 est de 16,4x. Autrement dit, la chertĂ© relative des actions amĂ©ricaines traduit l’optimisme des investisseurs.

Si l’on regarde du cĂŽtĂ© des fondamentaux, on se rend compte que les nouvelles des entreprises ne sont pas catastrophiques, mais nombreuses sont celles Ă  faire preuve de prudence pour 2023.

63% des sociĂ©tĂ©s composant l’indice S&P 500 ont publiĂ© leurs rĂ©sultats au 10 fĂ©vrier. 70% font mieux que les attentes au cours du trimestre Ă©coulĂ©, ce qui est infĂ©rieur Ă  la mĂ©diane historique, selon la banque JPMorgan.

Les secteurs de l’énergie, de l’industrie et de la consommation discrĂ©tionnaire se portent relativement bien. Ceux des matĂ©riaux, des services financiers, de la technologie et des communications sont plus moribonds.

Complaisance
Le plus étonnant finalement est le peu de cas que les investisseurs semblent faire des déclarations de la Fed.

Cette derniĂšre ne cesse d’estimer que l’inflation est toujours trop Ă©levĂ©e et qu’elle doit maintenir ses taux aux niveaux actuels plus longtemps que ne le pensent les marchĂ©s.

Ces derniers sont persuadĂ©s que la Fed devra changer d’attitude, voire mĂȘme baisser ses taux d’ici la fin de l’annĂ©e.

Or pour que cela se produise, il faudrait que l’économie amĂ©ricaine entre effectivement en rĂ©cession et que les tensions sur le marchĂ© du travail s’amenuisent plus rapidement (rappelons toutefois que les indicateurs tels que le taux de chĂŽmage sont des indicateurs « retardĂ©s », donc guĂšre utiles pour le pilotage de la politique monĂ©taire).

MalgrĂ© ces annonces de la Fed et le comportement des marchĂ©s actions, la courbe des taux aux Etats-Unis s’entĂȘte Ă  rester inversĂ©e (-77 points de base entre le 2 ans amĂ©ricain, Ă  4,51% et le 10 ans, Ă  3,74% ; l’écart Ă©tait de -54 points de base fin 2022).

L’histoire des marchĂ©s montre pourtant que le marchĂ© des taux est souvent plus perspicace que celui des actions et qu’il est rare que les investisseurs gagnent face Ă  la Fed.

Et l’on sait Ă©galement que les hausses de taux directeurs mettent un certain temps Ă  changer les comportements des agents Ă©conomiques.

Est-ce Ă  dire que l’on va au-devant d’une correction ? C’est possible, mais les investisseurs peuvent ĂȘtre irrationnels pendant un certain temps, Ă  l’instar de comportements oĂč la peur de manquer la hausse (« Fear of missing out » ou FOMO) les poussent Ă  s’exposer aux actifs risquĂ©s en utilisant massivement des produits dĂ©rivĂ©s.

L’indice de volatilitĂ© des Bourses amĂ©ricaines (VIX), qui avait atteint des niveaux Ă©tonnamment bas ces derniĂšres semaine (18,33 le 3 fĂ©vrier), semble frĂ©mir de nouveau, mais trĂšs modestement
 jusqu’à la prochaine phase de peur qui n’est pas encore lĂ .

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Pictet Asset Management - Il suffira d’un cygne. Nos convictions pour les trois prochains mois
LES NEWS 15 FÉVRIER 2023
Boucle d’or* est revenue. La croissance n’est ni trop molle ni trop Ă©levĂ©e et les liquiditĂ©s ni trop rares ni trop abondantes. Les marchĂ©s apprĂ©cient et grimpent tranquillement. Mais les pessimistes rappellent que les « ours » reviennent toujours. Les bĂ©nĂ©fices risquent de chuter et l’inflation n’est pas encore vaincue en Europe. Et, rassĂ©nĂ©rĂ©s par les souvenirs de 2020 et de 2022, ils nous rappellent qu’il suffira d’un cygne (noir) pour qu’ils aient raison.

Les banques centrales feintent les investisseursDepuis plus d’un an, les banques centrales ne parlent que de resserrement. Pourtant, le devinerez-vous ? Elles ont massivement injectĂ© des liquiditĂ©s au cours des derniĂšres semaines. Pourquoi ? Pour des raisons purement techniques. Explications. En rĂ©ponse Ă  la hausse de l’inflation, la Banque du Japon a remontĂ© le plafond de ses taux dix ans Ă  0,50%. Les investisseurs domestiques ne sont pas dupes, ce plafond va encore monter et celui qui gardera des obligations en portefeuille devra faire face Ă  des moins-values. Pour s’en protĂ©ger, ils vendent leurs obligations Ă  la banque centrale, qui doit les acheter Ă  0,50% de taux si elle veut que son nouveau plafond tienne. Beaucoup d’achats obligataires, c’est un assouplissement monĂ©taire massif que fabrique l’autoritĂ© monĂ©taire japonaise. Du cĂŽtĂ© des Etats-Unis, le plafond de la dette empĂȘche le TrĂ©sor d’emprunter. Donc, moins d’obligations sont disponibles sur le marchĂ©, ce qui stĂ©rilise en grande partie la rĂ©duction du bilan de la Fed.Ces deux facteurs, techniques et temporaires, ont probablement participĂ© au rally des marchĂ©s actions. MĂ©fiance, donc.

Les profits des entreprises sont touchés

La saison des profits est trĂšs mĂ©diocre. En octobre, les profits du quatriĂšme trimestre Ă©taient attendus en hausse solide, de l’ordre de 5% pour les actions amĂ©ricaines. Les analystes ont depuis largement baissĂ© leurs prĂ©tentions et, en dĂ©but de saison de publication, ils s’attendaient Ă  une lĂ©gĂšre baisse. Des attentes plutĂŽt modestes donc. Pourtant, aux deux tiers des annonces, nos calculs montrent qu’il aurait fallu viser encore plus bas. On n’avait pas vu une telle dĂ©convenue depuis 2008. L’économie ralentit et les ventes s’essoufflent. Pire, les entreprises n’arrivent pas Ă  imposer leurs prix et les marges sont Ă  la peine. Beaucoup d’analystes ont pensĂ©, « cette fois-ci, c’est diffĂ©rent ». Eh non, le ralentissement Ă©conomique impacte durement les marges bĂ©nĂ©ficiaires. Nous nous attendons Ă  une baisse des profits de plus de 5% en Eurozone pour 2023, ce qui justifie notre vision prudente des marchĂ©s actions.

La Chine en mode turbo

L’économie chinoise rĂ©ouvre avec succĂšs. La remontĂ©e de l’épidĂ©mie a Ă©tĂ© de courte durĂ©e et n’a pas empĂȘchĂ© les mĂ©nages chinois de sortir de chez eux. Nous devrions dĂ©sormais assister Ă  une hausse magistrale de la consommation. Les mĂ©nages ont effectivement trĂšs peu consommĂ© pendant les confinements et, mĂȘme si nous n’avons pas vu de subventions massives dans ce pays, l’épargne rĂ©cente est plĂ©thorique. La sortie de confinement devrait donc voir la consommation dĂ©coller, par le dĂ©foulement de la frustration accumulĂ©e et aussi par rattrapage. Les actions chinoises et les valeurs des marques de prestige, trĂšs exposĂ©es au consommateur chinois, devraient en bĂ©nĂ©ficier. Nous surpondĂ©rons.

Valeurs de croissance et valeurs défensives

L’annĂ©e 2023 est une annĂ©e de fort ralentissement pour l’économie mondiale. Les valeurs cycliques devraient donc avoir de la peine Ă  produire des bĂ©nĂ©fices. C’est d’ailleurs ce que nous observons dans les rĂ©sultats des entreprises amĂ©ricaines. Ce sont principalement les valeurs cycliques qui ont déçu lors de la saison bĂ©nĂ©ficiaire. Nous surpondĂ©rons donc les valeurs dĂ©fensives, comme la santĂ©.Moins de croissance et moins d’inflation bĂ©nĂ©ficieront aux marchĂ©s obligataires. Si nous ne nous attendons pas Ă  une baisse significative des taux longs, ils devraient au pire ĂȘtre stables. La porte est donc ouverte pour les valeurs de croissance. Nous conservons donc notre surpondĂ©ration, d’autant que la croissance sera rare en 2023, et que les investisseurs pourront la trouver dans ces valeurs. La robotique et les Ă©nergies propres ont notre prĂ©fĂ©rence.

De belles perspectives pour les obligations Ă©mergentes

La rĂ©surgence de l’inflation a affaibli les devises Ă©mergentes. Effectivement, les investisseurs savent d’expĂ©rience que l’AmĂ©rique latine peine Ă  maitriser l’inflation. L’histoire l’a montrĂ© Ă  plusieurs reprises. Mais cette fois-ci les banques centrales ont Ă©tĂ© trĂšs actives et ont resserrĂ© Ă©nergiquement leur politique monĂ©taire, quitte Ă  faire souffrir l’économie. Et aujourd’hui, l’inflation commence Ă  baisse, en tĂ©moigne le BrĂ©sil. Donc, des rendements Ă©levĂ©s alors que l’inflation semble maitrisĂ©e, des devises sous-Ă©valuĂ©es, la Fed bientĂŽt en mode pause, nous surpondĂ©rons les obligations Ă©mergentes en monnaie locale.

L’essentiel à retenir
Préférence pour les actions chinoises et les valeurs liées à la consommation du pays

Préférence pour les secteurs défensifs et les thÚmes de croissance

La dette des pays Ă©mergents en monnaies locales devrait surperformer

  • L’expression « Boucle d’or » ou « Goldilocks » en anglais fait rĂ©fĂ©rence au conte Boucle d’or et les trois ours, qui raconte comment la petite fille se rĂ©gale de la soupe de l’ourson, ni trop chaude, ni trop froide
 La suite, vous la connaissez!

L’annĂ©e 2023 devrait marquer le grand retour de l’obligataire - Market BlogAvec une inflation persistante et la perspective d’une rĂ©cession, la conjoncture restera le principal moteur pour les marchĂ©s en 2023.
Agefi/Dow Jones04.01.2023Font-Size
(Cette dĂ©pĂȘche a initialement Ă©tĂ© diffusĂ©e mardi 3 janvier 2023)

PARIS (Agefi-Dow Jones)–Avec une inflation persistante et la perspective d’une rĂ©cession, la conjoncture restera le principal moteur pour les marchĂ©s en 2023. Mais le niveau des valorisations, aprĂšs la chute des marchĂ©s en 2022, et la reconstitution des rendements obligataires donnent davantage de confort aux investisseurs. Les emprunts d’Etat amĂ©ricains offrent une rĂ©munĂ©ration proche de 3,9% Ă  dix ans. Elle est de 2,5% pour le Bund en zone euro. Le taux du deux ans amĂ©ricain atteint 4,4%, au plus haut depuis 2007. Dans le crĂ©dit, nul besoin d’aller sur les Ă©metteurs « high yield Â» (HY), ou haut rendement. La catĂ©gorie « investment grade Â» (IG) offre 4% sur le marchĂ© euro.

Pour StĂ©phane DĂ©o, responsable de la stratĂ©gie de marchĂ©s chez Ostrum AM, « 2023 sera l’annĂ©e des taux et du crĂ©dit en raison d’une baisse de la volatilitĂ© attendue, avec des banques centrales qui atteignent la vitesse de croisiĂšre, une rentabilitĂ© restaurĂ©e aprĂšs une longue pĂ©riode de taux nĂ©gatifs et des spreads de crĂ©dit qui reviennent sur des niveaux plus raisonnables aprĂšs les excĂšs de pessimisme de 2022 Â». Un constat partagĂ© par de nombreux gĂ©rants en ce dĂ©but d’annĂ©e, dont Amundi. Ce choix tactique semble d’autant plus judicieux que le marchĂ© va se focaliser dĂ©sormais sur la croissance et le risque de rĂ©cession, mĂȘme modĂ©rĂ©e, notamment en Europe en raison de la crise Ă©nergĂ©tique. Les emprunts d’Etat devraient jouer leur rĂŽle d’amortisseur face au choc macroĂ©conomique et au risque gĂ©opolitique qui n’a pas disparu.

Le retour du rendement
Les gĂ©rants de Pictet AM ont Ă©galement une prĂ©fĂ©rence pour les obligations gouvernementales ainsi que pour le crĂ©dit IG global qui affiche dĂ©sormais des rendements supĂ©rieurs Ă  ceux des marchĂ©s actions (le double de ceux de l’indice S&P 500), y compris des stratĂ©gies Ă  haut dividende, selon FrĂ©dĂ©ric Rollin, conseiller en investissement. « Au premier trimestre, le secteur obligataire sera Ă  privilĂ©gier, les anticipations de hausse des taux intĂ©grant une trĂšs large part de l’action des banques centrales Â», ajoute Alexandre Hezez, stratĂ©giste chez Banque Richelieu. Avec une prĂ©fĂ©rence pour les entreprises IG de qualitĂ©. Surtout si le scĂ©nario de rĂ©cession modĂ©rĂ©e jouĂ© par le marchĂ© se vĂ©rifie.

L’une des clĂ©s cette annĂ©e restera l’inflation, qui devrait atteindre son pic, et la politique monĂ©taire. Une stabilisation des anticipations de hausse des taux des banques centrales permettrait un resserrement supplĂ©mentaire des spreads de crĂ©dit. Et ce malgrĂ© le risque macroĂ©conomique.

Mais tous ne sont pas aussi confiants. « MĂȘme si la rĂ©cession devrait ĂȘtre modĂ©rĂ©e, les autoritĂ©s monĂ©taires et budgĂ©taires ont peu de marge de manƓuvre Â», relĂšve GĂ©raldine Sundstrom, gĂ©rante en allocation d’actifs chez Pimco. Celle des gouvernements est limitĂ©e par leur important endettement. De leur cĂŽtĂ©, « les banques centrales ne vont pas pouvoir rĂ©agir comme d’habitude et il ne faut pas s’attendre Ă  une baisse des taux de façon agressive comme le pensait jusqu’à rĂ©cemment le marchĂ© Â», poursuit-elle.

La RĂ©serve fĂ©dĂ©rale (Fed) amĂ©ricaine et la Banque centrale europĂ©enne (BCE) ont Ă©tĂ© sans ambiguĂŻtĂ© sur la nĂ©cessitĂ© de poursuivre leur resserrement monĂ©taire. Le problĂšme est l’inflation inerte. « Ramener l’inflation de 10% Ă  4% est facile. Passer de 4% Ă  2% est plus compliquĂ© Â», indique la gĂ©rante. Dans ce contexte, les taux des banques centrales devraient continuer de progresser et rester Ă  un niveau Ă©levĂ© encore de longs mois. C’est Ă©galement le sentiment des stratĂ©gistes du BlackRock Investment Institute: « Les banquiers centraux ne viendront pas Ă  la rescousse lorsque la croissance ralentira dans le nouveau rĂ©gime macroĂ©conomique et de marchĂ©, contrairement Ă  ce qu’attendent les investisseurs Â».

Ces stratĂ©gistes prĂ©fĂšrent un positionnement sur les maturitĂ©s courtes des obligations d’Etat au dĂ©triment de la duration longue qui risque de souffrir encore de l’inflation. « Les obligations d’Etat Ă  long terme ne joueront pas leur rĂŽle traditionnel de diversification des portefeuilles en raison de inflation persistante Â», expliquent-ils. « Et les investisseurs pourraient exiger une compensation plus Ă©levĂ©e pour la dĂ©tention de titres Â», entre resserrement des conditions monĂ©taires et endettement Ă©levĂ©, prĂ©viennent-ils Ă©galement. La zone euro est particuliĂšrement Ă  risque avec un niveau d’émissions nettes trĂšs Ă©levĂ© cette annĂ©e. Les titres indexĂ©s sur l’inflation restent une bonne protection face au risque inflationniste, selon le numĂ©ro un mondial de la gestion. Les investisseurs sont Ă©galement plutĂŽt nĂ©gatifs sur le dollar.

A l’écart des actions
Si le choix des investisseurs se porte clairement sur l’obligataire, la prudence vis-Ă -vis des actifs risquĂ©s (actions et HY principalement) est aussi partagĂ©e. Le scĂ©nario de ralentissement et de pause dans le resserrement monĂ©taire « semble meilleur pour tous les types d’obligations, du souverain au crĂ©dit, plutĂŽt que pour les actions et certaines matiĂšres premiĂšres Â», estime Alain Bokobza, responsable de l’allocation d’actifs chez SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale CIB. « Ce n’est pas le moment d’accroĂźtre les poches risquĂ©es notamment les actions. Nous dĂ©marrons donc l’annĂ©e avec une faible exposition au risque dans les portefeuilles Â», ajoute GĂ©raldine Sundstrom. PrivilĂ©gier les actions serait d’autant plus prĂ©maturĂ© que les consensus de prĂ©visions des bĂ©nĂ©fices sont trop Ă©levĂ©s. Les bĂ©nĂ©fices des actions en Europe et aux Etats-Unis devraient baisser avec la rĂ©cession. « Les valorisations des actions ne reflĂštent pas encore les dommages Ă  venir Â», affirment aussi les stratĂ©gistes de BlackRock.

Le retour sur les actifs risquĂ©s ne se ferait que dans un deuxiĂšme temps, probablement au second semestre, « une fois que la rĂ©cession sera lĂ , qu’on en connaĂźtra l’ampleur et qu’il sera possible d’avoir une bonne comprĂ©hension de la rĂ©action des banques centrales et des gouvernements Â», juge la gĂ©rante de Pimco. Mais pour les stratĂ©gistes de BlackRock, ce ne sera pas pour autant le prĂ©lude Ă  une nouvelle dĂ©cennie de marchĂ© haussier sur les actions et les obligations. Les principaux risques sont une inflation Ă©levĂ©e persistante et une rĂ©cession forte, deux Ă©lĂ©ments nĂ©gatifs pour les actions. Le second Ă©tant plus douloureux, avec une probable nouvelle forte correction Ă  la clĂ©.

© Morningstar, 2023 - L’information contenue dans ce document est Ă  vocation pĂ©dagogique et fournie Ă  titre d’information UNIQUEMENT. Il n’a pas vocation et ne devrait pas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une invitation ou un encouragement Ă  acheter ou vendre les titres citĂ©s. Tout commentaire relĂšve de l’opinion de son auteur et ne devrait pas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une recommandation personnalisĂ©e. L’information de ce document ne devrait pas ĂȘtre l’unique source conduisant Ă  prendre une dĂ©cision d’investissement. Veillez Ă  contacter un conseiller financier ou un professionnel de la finance avant de prendre toute dĂ©cision d’investissement.

AnalyseActions europĂ©ennes en 2023 : surperformance en temps de rĂ©cession ?À condition que les banques centrales signalent qu’elles s’éloignent du resserrement, les faibles multiples de valorisation et le sentiment pourraient donner un vent favorable aux actions europĂ©ennes l’annĂ©e prochaine, mĂȘme si une rĂ©cession des bĂ©nĂ©fices est attendue.
Jocelyn JovĂšne14.12.2022

Points clés
‱ L’inflation, la hausse des rendements obligataires et la guerre en Ukraine ont expliquĂ© la baisse des multiples de valorisation et la chute de la plupart des marchĂ©s actions europĂ©ens en 2022.

‱ 2023 sera probablement une nouvelle annĂ©e volatile pour les actions europĂ©ennes.

‱ La BCE doit maintenir une position restrictive pour lutter contre l’inflation, mais ne devrait pas en faire trop.

‱ Partir d’une valorisation beaucoup plus faible qu’au dĂ©but de l’annĂ©e sera un soutien clĂ© pour les actions europĂ©ennes.

‱ Nous pensons que les multiples de valorisation resteront le principal moteur des actions europĂ©ennes en 2023.

‱ Une inflation Ă©levĂ©e et une rĂ©cession Ă©conomique signifient que les bĂ©nĂ©fices des entreprises devraient baisser en 2023, en raison d’une croissance plus lente des ventes et de marges plus faibles.

‱ La grande inconnue est la gravitĂ© de la rĂ©cession en Europe (la mĂȘme question vaut pour les États-Unis).

‱ Les actions europĂ©ennes sont actuellement sous-Ă©valuĂ©es et mal aimĂ©es, mais le sentiment pourrait changer Ă  condition qu’un scĂ©nario de rĂ©cession modĂ©rĂ©e se confirme et que la guerre en Ukraine trouve une solution diplomatique.

Bilan 2022
Les marchĂ©s actions europĂ©ens ont sous-performĂ© en 2022. Pour un investisseur en euros, l’indice Morningstar Europe a perdu 9,3 % (dividendes inclus) depuis le dĂ©but de l’annĂ©e, tandis que l’indice Morningstar Global a baissĂ© de 7,4 %.

De janvier à fin septembre, l’indice perdait 22 % avant de rebondir substantiellement depuis.

Les chiffres Ă©levĂ©s de l’inflation, la guerre en Ukraine et le resserrement des politiques monĂ©taires de la Banque d’Angleterre et de la BCE sont les principales raisons de la baisse des marchĂ©s boursiers europĂ©ens cette annĂ©e.

Ces Ă©vĂ©nements ont contribuĂ© Ă  la chute des multiples de valorisation, principal facteur de la sous-performance de l’Europe.

Fin 2021, les actions européennes se négociaient à 16,2 fois les bénéfices attendus pour les 12 prochains mois, selon Factset, un fournisseur de données. Fin septembre, elles se négociaient à 10,9x et se négocient maintenant à 12,4x.

Pourtant, alors que les multiples de valorisation continuaient de baisser, les estimations de bénéfices ont été revues en hausse de 17 %.

Les facteurs Ă  l’origine de cette rĂ©sistance des bĂ©nĂ©fices sont le rebond des prix de l’énergie et des matiĂšres premiĂšres et la capacitĂ© de nombreuses entreprises europĂ©ennes Ă  faire face Ă  l’environnement macroĂ©conomique dĂ©favorable.

Cela rend les prĂ©visions pour 2023 un peu casse-tĂȘte, mais nous estimons que les multiples de valorisation resteront aux commandes.

Cela a en fait dĂ©jĂ  quelque peu commencĂ©, avec un rebond spectaculaire des cours boursiers depuis fin septembre, lorsque les chiffres de l’inflation ont commencĂ© Ă  ralentir.

Cela a crĂ©Ă© l’espoir que l’inflation et la hausse des taux d’intĂ©rĂȘt pourraient ĂȘtre terminĂ©es au dĂ©but de l’annĂ©e prochaine.

« Les gens espĂšrent que l’inflation diminue, mais nous n’avons qu’un seul point de donnĂ©es pour Ă©tayer ce point de vue. Nous avons besoin de plus de points de donnĂ©es pour confirmer que l’inflation est en train de baisser », dĂ©clare Michael Field, stratĂšge du marchĂ© europĂ©en chez Morningstar.

La dynamique de l’inflation et des rendements des obligations d’État l’annĂ©e prochaine sera essentielle pour la capacitĂ© des marchĂ©s boursiers europĂ©ens Ă  surperformer les autres rĂ©gions du monde.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a chassĂ© les investisseurs des actions europĂ©ennes. Les prix de l’énergie et des matiĂšres premiĂšres ont atteint des niveaux records et contraint des gouvernements dĂ©jĂ  lourdement endettĂ©s (France, Italie) Ă  s’endetter davantage pour protĂ©ger Ă  la fois les consommateurs et les entreprises.

Pour tenter d’anticiper l’évolution future des actions europĂ©ennes, nous pensons que les investisseurs doivent rĂ©pondre Ă  deux questions.

‱ Les multiples de valorisation tiennent-ils dĂ©jĂ  compte de toutes les mauvaises nouvelles ?

‱ Quelles sont les perspectives de bĂ©nĂ©fices ?

Le rebond actuel du multiple de valorisation est-il durable ?
Les multiples de valorisation ont été trÚs volatils et ont déclenché plusieurs rallyes dans des marchés baissiers en 2022.

AprĂšs avoir atteint des niveaux dĂ©primĂ©s autour de 10 fois les bĂ©nĂ©fices estimĂ©s en Europe, et aprĂšs un fort rebond, les investisseurs pourraient s’interroger sur la durabilitĂ© de la tendance haussiĂšre actuelle des multiples de valorisation, au moment oĂč les risques de rĂ©cession augmentent et que les chiffres de l’inflation restent Ă©levĂ©s.

Les marchĂ©s s’attendent Ă  ce que nous approchions de la fin du resserrement monĂ©taire et que les banques centrales aient probablement fait assez pour contrĂŽler l’inflation.

Pourtant, dans l’euro, l’écart entre l’inflation sous-jacente (5-6%) et l’objectif de la BCE (2%) reste important. Cela signifie que la BCE ne deviendra pas accommodante du jour au lendemain. Mais cela reste gĂ©rable, selon Field.

« Le niveau actuel de l’inflation sous-jacente est relativement Ă©levĂ© Ă  5%, ce qui est beaucoup plus gĂ©rable que le taux global, et ne devrait pas obliger la BCE Ă  aller trop loin pour le contrĂŽler », dit-il.

Toutefois, le processus pour sortir de ce cycle de resserrement sera lent.

Les experts en taux de Citi ont soulignĂ© dans une note rĂ©cente les commentaires d’Isabel Schnabel, membre du conseil d’administration de la BCE, considĂ©rant les taux rĂ©els comme encore trop bas (c’est-Ă -dire en territoire nĂ©gatif) qui « ont rĂ©cemment jouĂ© contre nos efforts pour retirer l’accommodement politique » et, selon Citi, « est un appel direct Ă  repousser les anticipations du marchĂ© ».

Pour tracer la direction que pourraient prendre les marchĂ©s boursiers europĂ©ens, on peut supposer qu’en raison d’une baisse de l’inflation, les multiples de valorisation pourraient revenir Ă  leur moyenne Ă  long terme (14x), ce qui suffirait Ă  compenser une baisse de 10 % des bĂ©nĂ©fices, Ă  notre avis.

Pourtant, tant que la BCE n’est pas satisfaite du niveau des taux rĂ©els, on pourrait donc considĂ©rer que la position restrictive soutiendra des taux plus Ă©levĂ©s plus longtemps, ce qui crĂ©erait plus de volatilitĂ© sur les Bourses dans un avenir proche.

Et la divergence actuelle entre les cours des actions européennes et la courbe des taux allemande pourrait indiquer que ce risque est assez élevé pour le moment.

La mĂȘme impression est donnĂ©e par une approximation de la prime de risque des actions, reprĂ©sentĂ©e ici comme l’écart entre le rendement des bĂ©nĂ©fices et le rendement des obligations en Europe, qui vient de revenir Ă  sa moyenne historique.

Cela pourrait avoir du sens s’il n’y avait plus de risques dans l’économie, tant en Europe qu’à l’extĂ©rieur, mais un examen de la situation Ă  l’échelle mondiale montre que ce n’est pas le cas et que les marchĂ©s sont probablement trop optimistes pour l’avenir, mĂȘme si les choses ont cessĂ© de se dĂ©tĂ©riorer ( ce qu’ils n’ont pas pour le moment).

Quelle gravitĂ© d’une rĂ©cession pour les bĂ©nĂ©fices ?
À environ 12 fois les bĂ©nĂ©fices attendus pour l’annĂ©e prochaine, il semble que les marchĂ©s boursiers europĂ©ens anticipent une rĂ©cession modĂ©rĂ©e des bĂ©nĂ©fices des entreprises.

Les stratĂšges de Morgan Stanley s’attendent Ă  ce que « les rĂ©visions en baisse au 4T22 et Ă  l’exercice 2023 s’accĂ©lĂšrent. A ce stade, nous n’apportons aucun changement Ă  notre prĂ©vision d’une baisse de 10% du BPA europĂ©en l’annĂ©e prochaine, ce qui est cohĂ©rent avec les prĂ©visions de croissance du PIB mondial de nos Ă©conomistes mais potentiellement optimiste face Ă  notre indicateur avancĂ© pour les marges. »

Au cours des derniÚres récessions des bénéfices des 20 derniÚres années en Europe, les révisions des estimations des bénéfices ont beaucoup varié

Jusqu’à prĂ©sent, les entreprises europĂ©ennes ont relativement bien protĂ©gĂ© leurs marges de l’environnement inflationniste et des perturbations des chaĂźnes d’approvisionnement.

Selon JPMorgan, sur les 85 % des sociétés du Stoxx 600 qui ont publié leurs résultats du troisiÚme trimestre, « 61 % ont dépassé les estimations du BPA, surprenant positivement de 7 %. La croissance globale du BPA est de +22 % a/a, mais beaucoup plus faible hors énergie, à +7 % a/a. »

Il n’y a aucune certitude qu’une croissance aussi saine des bĂ©nĂ©fices dure en 2023.

Dans un scénario de récession, il y a bien plus de chances que la croissance des ventes devienne négative et que les marges diminuent.

Si l’inflation reste Ă©levĂ©e et que l’incertitude entourant la guerre en Ukraine et la situation politique en Chine ne s’estompe pas, les attentes d’une baisse des bĂ©nĂ©fices pourraient mĂȘme s’amplifier.

Historiquement, la baisse des ventes des entreprises européennes a entraßné une baisse plus importante des bénéfices, comme le montre le graphique suivant.

AprĂšs une solide annĂ©e 2022, lorsque les ventes ont augmentĂ© d’environ 15 %, la croissance des revenus ralentira Ă  0,7 % en 2023, selon HSBC.

Chiffre d’affaires annuel et taux de croissance du BPA en Europe (%)

Le consensus des courtiers que nous avons pu lire table sur une baisse de 8% Ă  15% des profits en Europe l’annĂ©e prochaine.

La plupart mettent en Ă©vidence la sensibilitĂ© des bĂ©nĂ©fices aux marges (c’est-Ă -dire l’inflation des coĂ»ts), au taux de change EUR/USD et au niveau des indicateurs macroĂ©conomiques avancĂ©s, tels que les PMI.

Ce sont les jokers, en plus de l’inflation et des dĂ©cisions des banques centrales, sur lesquels les investisseurs devraient focaliser leur attention l’annĂ©e prochaine.

Risques baissiers
À notre avis, l’inflation reste l’élĂ©phant dans la piĂšce.

Tant que les chiffres de l’inflation ne baissent pas, la perception des participants aux marchĂ©s sera que les banques centrales n’ont pas fini de se resserrer leurs taux directeurs et qu’une rĂ©cession plus grave que prĂ©vu pourrait se produire dans la manche.

Outre les moteurs macroĂ©conomiques purs, les prix de l’énergie sont largement influencĂ©s par la situation en Ukraine et les perturbations potentielles sur les marchĂ©s du pĂ©trole et du gaz.

Cela se répercuterait sur les marchés des actions et des obligations.

Dans notre scénario baissier, les bénéfices diminueraient de 20 % et la valorisation resterait inférieure à la moyenne historique à 12 x.

Dans ce scénario, le marché boursier européen a un potentiel de baisse supplémentaire de 23 %.

Risques Ă  la hausse
Selon la derniĂšre enquĂȘte auprĂšs des gestionnaires de fonds institutionnels par Bank of America (graphique), les actions du Royaume-Uni et de la zone euro font actuellement partie des classes d’actifs les plus mal aimĂ©es.

Les derniÚres données de Morningstar sur les flux montrent également des sorties continues.

Et les niveaux de trĂ©sorerie dans les allocations d’actifs sont relativement Ă©levĂ©s.

Tous ces indicateurs montrent Ă  quel point les investisseurs sont pessimistes Ă  l’égard de la classe d’actifs et cela peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un indicateur contraire et un soutien potentiel pour une surperformance future, Ă  condition que le contexte macro ne se dĂ©tĂ©riore pas davantage.

Pourtant, aux niveaux de valorisation actuels, il existe déjà de nombreuses opportunités pour les sélectionneurs de titres.

« Nous voyons un grand nombre d’opportunitĂ©s dans tous les secteurs, sur la base des ratios de valorisation actuels », dĂ©clare Field de Morningstar.

« Les biens de consommation cycliques, les services publics, les soins de santĂ© et les services de tĂ©lĂ©communications comptent un certain nombre d’entreprises qui peuvent tirer parti de leur large douve et de leurs rendements stables et ĂȘtre attrayantes pour les investisseurs patients. »

© Morningstar, 2022 - L’information contenue dans ce document est Ă  vocation pĂ©dagogique et fournie Ă  titre d’information UNIQUEMENT. Il n’a pas vocation et ne devrait pas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une invitation ou un encouragement Ă  acheter ou vendre les titres citĂ©s. Tout commentaire relĂšve de l’opinion de son auteur et ne devrait pas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une recommandation personnalisĂ©e. L’information de ce document ne devrait pas ĂȘtre l’unique source conduisant Ă  prendre une dĂ©cision d’investissement. Veillez Ă  contacter un conseiller financier ou un professionnel de la finance avant de prendre toute dĂ©cision d’investissement.

2023 sera-t-il un « mur de soucis » ? Ce que l’annĂ©e prochaine rĂ©serve aux gestionnaires d’actions
Alors que dĂ©cembre s’éloigne, les PM se font une idĂ©e de l’annĂ©e Ă  venir, avec l’idĂ©e que le marchĂ© devra s’habituer Ă  l’illiquiditĂ© et Ă  la volatilitĂ©.

par DANIEL RUIZ
PostĂ© 22 DÉCEMBRE 2022 À 08:00 citywire
2023 sera-t-il un « mur de soucis » ? Ce que l’annĂ©e prochaine rĂ©serve aux gestionnaires d’actions
Avec une année 2022 cahoteuse maintenant presque derriÚre, les attentes pour la nouvelle année sont difficiles à cerner.

Cependant, l’inflation et les actions des banques centrales restent importantes dans l’esprit des gestionnaires, l’Europe et la Chine Ă©tant considĂ©rĂ©es comme sous-Ă©valuĂ©es, tandis que les investisseurs amĂ©ricains gardent un Ɠil sur la macroĂ©conomie chez eux.

Comment est-ce qu’on est arrivĂ©s ici?
L’annĂ©e qui s’achĂšve s’est avĂ©rĂ©e Ă©prouvante pour les gĂ©rants actions.

Cela a commencĂ© par ce qui semblait ĂȘtre une joyeuse reprise des affaires comme d’habitude aprĂšs la pandĂ©mie, mais les tensions gĂ©opolitiques et une nouvelle Ăšre de politique monĂ©taire ont secouĂ© Ă  la fois les marchĂ©s et les stratĂ©gies, la plupart des indices boursiers cherchant Ă  terminer 2022 dans le rouge.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a eu – et a toujours – un impact considĂ©rable sur les marchĂ©s boursiers. La hausse des prix de l’énergie a ravivĂ© l’appĂ©tit pour les actions pĂ©troliĂšres aprĂšs des mois d’ostracisme au profit d’alternatives plus propres et plus axĂ©es sur l’ESG.

Pendant ce temps, les banques centrales se sont Ă©loignĂ©es d’une dĂ©cennie de politiques ultra-accommodantes. Les faucons ont finalement dĂ©passĂ© en nombre les colombes, car les chiffres de l’inflation Ă©levĂ©e sont devenus un spectacle familier bien plus longtemps que prĂ©vu initialement.

Quelle est la prochaine Ă©tape ?
À l’avenir, la stagflation devrait reculer en 2023, mais les gestionnaires d’actions devraient garder les yeux ouverts.

"La question clĂ© pour 2023 Ă  notre avis est la suivante : l’inflation commencera-t-elle Ă  se modĂ©rer Ă  mesure que l’activitĂ© Ă©conomique ralentira ? Si tel est le cas, les banques centrales cesseront d’augmenter les taux et les rĂ©cessions, aussi probables soient-elles, pourraient ĂȘtre modestes », a dĂ©clarĂ© Karen Ward, stratĂšge en chef des marchĂ©s pour la rĂ©gion EMEA chez JPM Asset Management.

"Avec une importante incertitude persistante quant Ă  la rapiditĂ© avec laquelle l’inflation ralentira, d’autres dĂ©fis restent probablement Ă  relever. Pourtant, nous pensons qu’il existe dĂ©jĂ  des signes convaincants que les pressions inflationnistes se modĂšrent et continueront de le faire en 2023. »

JPM s’attend Ă  ce que 2023 soit une mauvaise annĂ©e pour l’économie, mais une meilleure pour les marchĂ©s. « Bien que nous n’appelions pas le creux des marchĂ©s boursiers, nous pensons que le rapport risque/rendement des actions en 2023 s’est amĂ©liorĂ©, compte tenu des baisses en 2022 Â», a dĂ©clarĂ© Ward.

"Avec pas mal de mauvaises nouvelles dĂ©jĂ  prises en compte, nous pensons que le potentiel de baisse supplĂ©mentaire est plus limitĂ© qu’au dĂ©but de 2022. Il est important de noter que la probabilitĂ© que les actions soient plus Ă©levĂ©es d’ici la fin de l’annĂ©e prochaine a suffisamment augmentĂ© pour faire c’est notre cas de base.

Carmignac est plus certain de la possibilitĂ© d’un ralentissement gĂ©nĂ©ral l’annĂ©e prochaine, l’économiste en chef RaphaĂ«l Gallardo et le membre du comitĂ© d’investissement Kevin Thozet qualifiant 2023 de « mur d’inquiĂ©tudes Â».

Cela ouvrira des brĂšches sur le marchĂ©, mais ils pensent que la flexibilitĂ© et la sĂ©lectivitĂ© seront nĂ©cessaires pour tirer parti de la dislocation continue entre les États-Unis, la zone euro et la Chine.

« Contrairement au marchĂ© obligataire, les prix des actions n’intĂšgrent pas le scĂ©nario d’une grave rĂ©cession, les investisseurs doivent donc ĂȘtre prudents Â», a dĂ©clarĂ© Thozet.

Actions européennes, et maintenant ?
Avec une guerre Ă  ses portes et des prix de l’énergie atteignant des records, les managers de Jupiter AM Mark Heslop et Mark Nichols pensent qu’investir en Europe semble une « proposition assez effrayante Â» dans l’état actuel des choses.

« Le consensus est sombre pour l’économie europĂ©enne - mais nous pensons que les perspectives pour les entreprises et le marchĂ© europĂ©en des actions sont plus positives Â», a dĂ©clarĂ© la paire.

« Les actions europĂ©ennes se nĂ©gocient avec une dĂ©cote importante par rapport aux États-Unis – environ 50 % moins chĂšres sur une base cours/bĂ©nĂ©fices. Cette dĂ©cote des actions europĂ©ennes par rapport aux actions amĂ©ricaines est la plus importante depuis plus de cinq ans et, selon nous, elle est extrĂȘme.

« Si le marchĂ© change sa vision du pessimisme macroĂ©conomique pour se concentrer sur la performance des entreprises individuelles, nous pensons que les entreprises de qualitĂ© exposĂ©es aux tendances de croissance Ă  long terme devraient surperformer. Â»

Pendant ce temps, Marcus Poppe , gestionnaire des actions mondiales chez DWS, est « plutÎt optimiste » sur les actions européennes, du moins sur le plan tactique. Il estime que les perspectives des actions de valeur, qui ont une pondération plus élevée dans les indices européens que dans les indices américains, restent positives.

« L’époque oĂč l’on achetait des actions de croissance Ă  n’importe quel prix est rĂ©volue pour l’instant Â», a-t-il dĂ©clarĂ©. « Les actions sĂ©lectionnĂ©es du secteur de la santĂ© ainsi que les entreprises du secteur industriel dont les modĂšles commerciaux sont basĂ©s sur l’amĂ©lioration de l’efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique sont particuliĂšrement prometteuses. Â»

ƒil d’aigle sur les États-Unis
Les États-Unis semblent destinĂ©s Ă  une rĂ©cession en 2023. Cependant, les experts diffĂšrent sur l’ampleur de celle-ci. Gallardo de Carmignac a dĂ©clarĂ©: « Nous nous attendons Ă  ce que l’économie amĂ©ricaine entre en rĂ©cession plus tard cette annĂ©e, mais avec une baisse d’activitĂ© beaucoup plus nette et plus longue que prĂ©vu par le consensus. Â»

« Face Ă  l’inflation, la Fed devra crĂ©er les conditions d’une vraie rĂ©cession avec un taux de chĂŽmage largement supĂ©rieur Ă  5%, contre 3,5% aujourd’hui, ce qui n’est actuellement pas envisagĂ© par le consensus. Â»

Au contraire, Axa IM considĂšre que le ralentissement aux États-Unis est modĂ©rĂ©, le contexte Ă©conomique plus faible attĂ©nuant certaines pressions inflationnistes.

« Nous prĂ©voyons que l’inflation chutera fortement, bien qu’un peu plus lentement que le consensus Â», a-t-il dĂ©clarĂ©. « Nous nous attendons Ă  ce que la Fed ralentisse le rythme du resserrement de la politique monĂ©taire en 2023 avec des taux d’intĂ©rĂȘt culminant Ă  4,75-5%, bien que l’évolution du marchĂ© du travail - plutĂŽt que l’inflation - sera critique. Â»

Björn Jesch, CIO mondial chez DWS, estime Ă©galement que le ralentissement sera modeste. Selon lui, la Fed augmentera ses taux d’intĂ©rĂȘt directeurs entre 5 et 5,25 % avec la baisse de l’inflation, tout en restant Ă©levĂ©e. Le taux d’intĂ©rĂȘt de rĂ©fĂ©rence de la Fed se situe actuellement entre 4,25 et 4,5 %.

« GrĂące au marchĂ© du travail axĂ© sur la dĂ©mographie, qui est robuste mĂȘme en pĂ©riode de ralentissement, les travailleurs conserveront leur emploi (pour la plupart), les revenus des mĂ©nages resteront stables et les consommateurs continueront de consommer Â», a dĂ©clarĂ© Jesch.

L’heure des actions chinoises ?
Les perspectives économiques du géant asiatique dépendent en grande partie de la maniÚre dont le gouvernement sortira de sa politique «zéro-Covid», mais les analystes divergent sur la voie à suivre.

Axa IM s’attend Ă  un cahoteux. Avec des rĂ©cessions probables dans de nombreuses Ă©conomies dĂ©veloppĂ©es, la sociĂ©tĂ© prĂ©voit une baisse des exportations pour motiver la poursuite de l’accommodement politique, mĂȘme si les difficultĂ©s Ă©conomiques sont quelque peu attĂ©nuĂ©es par l’amĂ©lioration du marchĂ© immobilier en difficultĂ©.

Cependant, Thozet de Carmignac considĂšre la Chine comme l’un des rares domaines oĂč la croissance Ă©conomique en 2023 sera meilleure qu’en 2022.

Pendant ce temps, T Rowe Price considĂšre que les actions chinoises sont largement sous-Ă©valuĂ©es, avec des risques sans doute plus que pris en compte. « Nous nous concentrons sur les entreprises opĂ©rant dans des secteurs en croissance structurelle et relativement naissants, tels que le recrutement en ligne, ou sur les entreprises capables de profiter de gains de parts de marchĂ© par consolidation Â». , comme les chaĂźnes hĂŽteliĂšres, a dĂ©clarĂ© Wenli Zheng , gestionnaire de portefeuille du fonds China Evolution Equity .

«Il y a quelque chose qui s’apparente Ă  un changement de paradigme en cours. Nous pensons que bon nombre des noms Internet bien connus et bien dĂ©tenus qui dominent les principaux indices et portefeuilles d’investisseurs arrivent Ă  maturitĂ©. Le leadership sur le marchĂ© devrait devenir beaucoup plus large », a dĂ©clarĂ© Zheng.

Invesco : Perspectives pour les actions asiatiques en 2023

Principaux points de discussion :

  • Á notre avis, la croissance Ă©conomique asiatique se remettra sur les rails en 2023.
  • L’Inde enregistre une croissance rapide et contribue de maniĂšre significative Ă  l’expansion asiatique et mondiale.
  • Atteindre une croissance de haute qualitĂ© et bĂątir une sociĂ©tĂ© modĂ©rĂ©ment prospĂšre demeure l’axe prioritaire de la Chine.
  • Les valorisations des actions technologiques de TaĂŻwan et de CorĂ©e ont reculĂ© Ă  des niveaux satisfaisants et nous espĂ©rons assister Ă  une revalorisation de ces secteurs l’annĂ©e prochaine.
  • La dynamique Ă©conomique unique de la rĂ©gion ainsi que les valorisations attrayantes des actions d’Asie hors Japon peuvent offrir aux investisseurs mondiaux de bonnes opportunitĂ©s de diversification en 2023.

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Les opportunitĂ©s de croissance de l‘Asie

Á notre avis, la croissance Ă©conomique asiatique se remettra sur les rails en 2023. La rĂ©gion abrite certaines des Ă©conomies Ă  la croissance la plus rapide au monde. Le PIB de l’Asie hors Japon devrait maintenir un taux de croissance supĂ©rieur Ă  celui des autres marchĂ©s dĂ©veloppĂ©s.1

Les marchés asiatiques hors Chine ont déjà rouvert aprÚs les confinements liés au Covid et nous avons assisté à un rebond des indicateurs économiques ces derniers mois. Cette tendance devrait, à notre avis, se poursuivre grùce à une forte reprise de la demande intérieure.

En Asie, l’Inde est l’une des Ă©conomies au dĂ©veloppement le plus rapide, elle devrait enregistrer une croissance du PIB Ă  un chiffre dans la partie haute de la fourchette. De 2022 Ă  2023, elle devrait observer une croissance moyenne supĂ©rieure Ă  celle d’autres pays d’Asie contribuant ainsi pour une part importante Ă  la croissance asiatique et mondiale.2 Nous tablons sur un important potentiel de croissance en Inde qui pourrait ouvrir la voie Ă  diffĂ©rentes opportunitĂ©s d’investissement.

En 2023, nous tablons sur une rĂ©ouverture progressive de la Chine, qui est la deuxiĂšme Ă©conomie mondiale. Compte tenu de son objectif de croissance de haute qualitĂ© et de prospĂ©ritĂ© modĂ©rĂ©e, nous pensons que le PIB de la Chine se stabilisera Ă  un chiffre dans la partie moyenne de la fourchette dans les prochaines annĂ©es. MĂȘme s’il est probable que la croissance de la Chine soit infĂ©rieure Ă  la croissance de prĂšs de 10 % enregistrĂ©e ces derniĂšres annĂ©es, ce niveau de croissance stable devrait continuer Ă  fournir un environnement favorable Ă  un processus de sĂ©lection d’actions bottom-up.

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L’Asie du Nord devrait rayonner en 2023

En Asie du Nord, les marchĂ©s de TaĂŻwan et de CorĂ©e ont Ă©tĂ© touchĂ©s par l’affaiblissement de la demande mondiale. De plus, les valorisations des actions de ces deux Ă©conomies se sont repliĂ©es Ă  des niveaux satisfaisants. Les indices MSCI Korea et MSCI Taiwan se nĂ©gocient Ă  un Ă©cart type de -1 par rapport Ă  leur moyenne historique.3 Les valorisations des actions technologiques corĂ©ennes et taĂŻwanaises sont bien infĂ©rieures de celles des actions technologiques amĂ©ricaines.4

Les Ă©conomies taĂŻwanaise et corĂ©enne sont trĂšs compĂ©titives dans le secteur technologique. La CorĂ©e est spĂ©cialisĂ©e dans la production de puces DRAM (mĂ©moire Ă  accĂšs alĂ©atoire dynamique), tandis que TaĂŻwan possĂšde de solides capacitĂ©s dans la fabrication d’une large gamme de puces Ă  semi-conducteurs. Nous pensons que le ralentissement cyclique du secteur technologique est un phĂ©nomĂšne de court terme. Nous avons l’intention de suivre son Ă©volution de prĂšs et espĂ©rons une Ă©ventuelle rĂ©Ă©valuation du secteur en 2023.

Nous pensons Ă©galement que la rĂ©ouverture potentielle de la Chine pourrait profiter au marchĂ© domestique du pays et ĂȘtre un moteur supplĂ©mentaire pour la croissance globale de l’Asie. Le rebond de la demande intĂ©rieure latente de la Chine devrait se traduire par un essor de l’activitĂ© commerciale, des exportations et de la croissance dans les pays asiatiques voisins.

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L’Inde et les pays de de la rĂ©gion ASEAN ont dĂ©jĂ  rouvert et sont les moteurs de la croissance future

Les marchĂ©s de l’Inde et des pays de l’ASEAN ont rouvert Ă  la mi-2022. En Inde, les rĂ©centes donnĂ©es de haute frĂ©quence, dont le PMI manufacturier et les chiffres sur le crĂ©dit, indiquent une croissance positive. Nous pensons que les mesures de soutien de l’Inde, conjuguĂ©es Ă  son importante demande domestique, peuvent ĂȘtre un moteur supplĂ©mentaire Ă  la croissance de l’Asie.

Nous maintenons une opinion positive sur les pays de l’ASEAN qui bĂ©nĂ©ficient des voyages et du tourisme et contribuent de maniĂšre significative Ă  la reprise Ă©conomique de l’Asie. Étant donnĂ© que le tourisme et les secteurs qui y sont liĂ©s contribuent Ă  prĂšs de 12 % du PIB des pays de l’ASEAN5, nous pensons que les rĂ©percussions pourraient entraĂźner une forte reprise des activitĂ©s internationales et de la demande intĂ©rieure, ce qui pourrait stimuler davantage leurs Ă©conomies.

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L‘Asie hors Japon est peut-ĂȘtre mieux placĂ©e en ce qui concerne le risque de change

Les devises d’Asie hors Japon ont dĂ©gringolĂ© par rapport au dollar amĂ©ricain au second semestre de cette annĂ©e, principalement en raison de la vigueur du dollar. Ce phĂ©nomĂšne n’est pas propre Ă  l’Asie hors Japon, il a Ă©galement eu un impact sur le reste du monde. Le yen s’est, par exemple, dĂ©prĂ©ciĂ© de plus de 20 % depuis le dĂ©but de l‘annĂ©e6. Cela Ă©tant dit, l’Asie hors Japon est dans une situation financiĂšre plus solide compte tenu des niveaux d’endettement extĂ©rieur rĂ©duits, des ratios d’endettement bancaire rigoureux et des politiques monĂ©taires favorables de leurs marchĂ©s. De plus, comme la Chine vise la relative stabilitĂ© du renminbi, nous nous attendons Ă  ce que la Banque populaire de Chine (PBOC) continue de mettre en Ɠuvre une politique monĂ©taire accommodante afin de stabiliser la monnaie.

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Les actions d’Asie hors Japon se nĂ©gocient Ă  des niveaux de valorisation attrayants

L’indice MSCI Asia ex Japan se nĂ©gociait sur la base d’un PER prĂ©visionnel de 11,3 x7 pour un PER Ă  12 mois fin septembre, ce qui est proche du bas de la fourchette Ă  5 ans. Les actions d’Asie hors Japon se nĂ©gocient Ă  un niveau bien infĂ©rieur (~27 %)8 au marchĂ© boursier amĂ©ricain. Le P/E relatif des actions asiatiques par rapport aux actions amĂ©ricaines offre une meilleure dĂ©cote de valorisation pour les premiĂšres face aux obstacles macroĂ©conomiques mondiaux. La dynamique Ă©conomique unique de la rĂ©gion ainsi que les valorisations attrayantes des actions d’Asie hors Japon peuvent offrir aux investisseurs mondiaux de bonnes opportunitĂ©s de diversification.

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AnalyseComment faire face à une récessionPlusieurs conseils pratiques sur la bonne maniÚre de gérer un événement négatif majeur pour un portefeuille.
Fernando Luque14.12.2022Font-Size
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Le problÚme le plus important qui préoccupe probablement les investisseurs pour 2023 est la possibilité de traverser une récession en 2023.

Un tel événement aurait évidemment un impact sur la vie quotidienne et surtout la vie professionnelle des citoyens.

Mais cela a aussi un impact sur ses investissements.

Une rĂ©cession de l’économie affecterait les bĂ©nĂ©fices des entreprises ainsi que le niveau des taux d’intĂ©rĂȘt et donc les valorisations des diffĂ©rentes classes d’actifs.

Mike Coop, directeur des investissements, Europe, Moyen-Orient et Afrique, de Morningstar convient qu’en « tant qu’investisseurs, la rĂ©alitĂ© est qu’une rĂ©cession semble le scĂ©nario le plus probable pour de nombreux pays. »

Mais ce n’est pas quelque chose qui va nĂ©cessairement arriver.

Il y a encore beaucoup de doutes Ă  ce sujet.

Il est non seulement impossible de connaßtre la sévérité de la récession, mais aussi sa durée.

Selon Preston Caldwell, responsable de la recherche Ă©conomique amĂ©ricaine chez Morningstar, c’est un tirage au sort virtuel, du moins aux États-Unis, qui reprĂ©sentent environ un quart du PIB mondial et plus de 60 % du marchĂ© boursier mondial.

Il insiste mĂȘme sur la nĂ©cessitĂ© de regarder au-delĂ  de 2023 : « De toute façon, nous nous attendons Ă  ce que la croissance s’accĂ©lĂšre Ă  nouveau en 2024 alors que la RĂ©serve fĂ©dĂ©rale lĂšve les freins », indique-t-il.

Heureusement, il n’y a pas que de mauvaises nouvelles pour 2023.

La rĂ©solution des problĂšmes de chaĂźne d’approvisionnement a commencĂ© Ă  faire baisser le prix des biens et devrait continuer Ă  freiner l’inflation.

Caldwell prĂ©voit que l’inflation a une probabilitĂ© raisonnable de revenir Ă  des niveaux normaux en 2023 et pourrait mĂȘme ĂȘtre infĂ©rieure Ă  l’objectif d’inflation de 2 % de la Fed d’ici 2024.

Mike Coop insiste également sur le fait que chaque investisseur endurera plusieurs récessions au cours de sa vie.

La clé est de savoir comment les aborder, car elles ont tendance à faire ressortir le pire chez les investisseurs.

Il propose 3 recommandations (qui sont les fondements de Morningstar Investment Management) :

  1. L’établissement d’objectifs comme une vraie boussole

Coop insiste sur le fait qu’il « est important de s’assurer que vos buts et objectifs restent pertinents. Compte tenu des changements que nous avons connus ces derniĂšres annĂ©es, il n’est pas rare que ces objectifs aient changĂ©. Cela comprend la confirmation du dĂ©lai pour les atteindre. Quel que soit le rĂ©sultat de cet examen, il y a de grands avantages Ă  mesurer le succĂšs en termes de progrĂšs pour atteindre vos objectifs, plutĂŽt qu’à se focaliser sur le fait de battre le marchĂ©. »

  1. Garder le cap avec un portefeuille bien diversifié

Coop recommande de ne pas se concentrer sur la rĂ©cession comme seul scĂ©nario car l’investisseur peut ĂȘtre trop prudent.

« Au lieu de pĂ©cher par excĂšs de prudence chaque fois qu’il y a une pĂ©riode d’incertitude, vĂ©rifiez que vous prenez le bon niveau de risque pour atteindre vos objectifs - un avec lequel vous pouvez vivre dans les mauvais moments et un qui suffira Ă  au moins suivre le rythme de l’inflation », ajoute-t-il.

Comment faire ?

Simplement en ayant un portefeuille diversifié comprenant des actifs qui se comportent différemment des autres en période de récession, comme des actions et des obligations de haute qualité.

  1. Utiliser la valorisation pour mettre toutes les chances de votre cÎté

Coops pense Ă©galement qu’il « est souhaitable de privilĂ©gier les actifs qui reflĂštent dĂ©jĂ  le pessimisme quant Ă  l’avenir car ces actifs sont moins susceptibles de baisser que les actifs trĂšs populaires, ont beaucoup augmentĂ© et sont Ă©valuĂ©s pour le meilleur scĂ©nario possible - et donc, peu susceptible de se produire. Au sein des actions, nous estimons qu’il est impĂ©ratif d’équilibrer l’exposition entre les actifs aux valorisations les plus attractives et les stabilisateurs tels que les sociĂ©tĂ©s dominantes peu endettĂ©es et les biens et services en demande permanente. Des exemples peuvent souvent ĂȘtre trouvĂ©s dans des domaines tels que la santĂ©, les services publics (« utilities ») et les biens de consommation de base. »

© Morningstar, 2022 - L’information contenue dans ce document est Ă  vocation pĂ©dagogique et fournie Ă  titre d’information UNIQUEMENT. Il n’a pas vocation et ne devrait pas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une invitation ou un encouragement Ă  acheter ou vendre les titres citĂ©s. Tout commentaire relĂšve de l’opinion de son auteur et ne devrait pas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une recommandation personnalisĂ©e. L’information de ce document ne devrait pas ĂȘtre l’unique source conduisant Ă  prendre une dĂ©cision d’investissement. Veillez Ă  contacter un conseiller financier ou un professionnel de la finance avant de prendre toute dĂ©cision d’investissement.