Pictet AM repasse à l’achat sur les actions internationales…
Publié le vendredi 18 février 2022
Les marchés semblent avoir perdu leur boussole. Pourtant, les intentions de la Fed et de la BCE sont claires. Est-ce le retour aux fondamentaux des entreprises aux dépens de la macroéconomie ?
Ce qu’il faut retenir :
Pictet AM estime que la croissance bénéficiaire est au rendez-vous et repasse à l’achat sur les actions internationales.
Le gérant vise plutôt l’Europe et la Chine que les États-Unis.
Le bois et les marques de prestige sont favorisés par la réaccélération de l’économie chinoise.
Perspectives positives sur les secteurs de la technologie mais le gérant reste prudent et conserve une position neutre pour le moment.
Pictet AM mise sur les valeurs bancaires, les sociétés engagées dans la préservation de nos environnements et dans les énergies renouvelables.
Hervé Thiard, Directeur général de la succursale France de Pictet AM, a demandé à Frédéric Rollin, Senior investment advisor, de guider les investisseurs vers les thèmes et secteurs à privilégier.
Le trapèze sans filet
Les marchés sont nerveux et la saison des résultats apporte de la volatilité. Facebook perd plus de 20% en une séance, plus forte baisse de capitalisation de l’histoire. Amazon évolue en sens inverse.
La Fed et la BCE prennent les marchés à revers avec des discours plus sévères que prévu. Les taux remontent fortement et affectent les niveaux de valorisation boursière. La banque centrale de Chine baisse son taux directeur et les chiffres économiques chinois s’améliorent.
L’armée russe devrait commencer ses manœuvres en Biélorussie. L’OTAN et la Russie restent campées sur leurs positions.
Les marchés boursiers baissent. Les valeurs de croissance souffrent. Le secteur de l’énergie se porte bien. Les obligations connaissent un des pires mois de leur histoire.
Pictet AM repasse à l’achat sur les actions internationales
Après avoir choisi une position tactique plus prudente en début d’année, Pictet AM estime que l’ajustement est arrivé à sa fin et qu’il faut remettre de l’argent au travail.
En dépit de la résistance de l’inflation et des resserrements monétaires, le gestionnaire suisse observe que la croissance bénéficiaire des entreprises, le dynamisme de la consommation des ménages, le restockage par les entreprises et la reprise des investissements l’emportent en faveur des actifs risqués.
La Réserve Fédérale aux manettes
Les quatre hausses de taux, annoncées par les autorités monétaires américaines, et la réduction des programmes d’achat sont des mesures fortes pour Frédéric Rollin.
L’inflation transitoire pour longtemps ?
Pictet AM admet avoir sous-estimé la résilience de l’inflation. Le stratégiste précise que l’inflation américaine, hors effets de base et produits alimentaires, est passée de 2,1 à 2,5%. L’inflation publiée tangente tout de même les 7,5%…
L’indice des prix européens est plus contenu, autour de 2,5%, tandis que les hausses de salaire restent proches de 2,1%.
Baisse des prix du fret maritime et des circuits intégrés
Ces reculs sont favorables au recul de l’indice des prix américain. En même temps, le plan de relance Build Back Better de Joe Biden aura de la peine à être voté en 2022, ôtant ainsi un élément de pression haussière sur les prix.
La croissance bénéficiaire est devant nous
Les ventes au détail mondiales sont au-dessus de la tendance de moyen terme (moyenne mobile sur six ans), la reconstitution des stocks d’entreprises est en marche et les investissements décollent.
La croissance économique est tirée par la demande des consommateurs qui commencent toutefois à s’inquiéter de la reprise de l’inflation. La fermeté du marché de l’emploi offre une compensation qui suffit à permettre es croissances bénéficiaires solides
Le pic du stress derrière nous, favoriser les actions de la zone Euro
Les prévisions de hausses bénéficiaires de Pictet AM sont nettement supérieures à celles du consensus IBES sauf pour les entreprises américaines où le gérant suisse partage à peu près les prévisions consensuelles.
Frédéric Rollin justifie ces écarts par les anticipations de croissance économiques du groupe supérieures à celles du consensus également.
L’économie chinoise réaccélère
Lorsqu’on utilise la base 100 comme niveau de référence de l’ère pré-Covid, cinq des six indicateurs de Pictet AM sont dans le vert : la production industrielle à 112, les ventes au détail à 106, les ventes de véhicules automobiles à 104, les investissements à 108 et surtout les exportations à 144. Seule l’activité de construction est en recul à 97.
L’activité du crédit soutenue par la politique monétaire de la Chine
Les indicateurs PMI commencent à refléter les desserrements initiés par la Chine.
Les valorisations des actions chinoises inférieures à leur moyenne historique
Le MSCI China traite à 70% du MSCI World alors que le taux de croissance économique de la Chine est bien supérieur à ceux des États-Unis et de l’Europe.
Quelques exemples d’entreprises chinoises leaders dans leur marché
MediaTek, concepteur de circuits intégrés embarqués dans les appareils mobiles qui détient 50% de parts de marché sur l’Android 5G en Chine
CATL qui détient 30% des parts de marché des batteries de voitures électriques dans le monde
HKEX, qui surfe sur la libéralisation financière de l’économie chinoise.
Frédéric Rollin a souligné l’attrait du bois qui capte les émissions de CO2, bénéficie du dynamisme de la construction et des besoins en emballages nourris par le rebond du commerce international. Le secteur du luxe est naturellement un grand bénéficiaire de la vigueur de la consommation chinoise.
Plus de tech dans les portefeuilles ? Oui mais plus tard
Pictet AM conserve une perspective positive sur les secteurs de la technologie. L’envol des objets connectés et de la robotique, le déploiement de la technologie 5G, la croissance des panneaux solaires et l’intelligence artificielle sont des facteurs de croissance puissants.
Toutefois, les multiples de valorisation incitent Ă conserver une position neutre pour le moment.
En conclusion
Positifs sur les actions mondiales : la croissance bénéficiaire au rendez-vous, le pic de stress sur les banques centrales derrière nous
Préférence pour l’Europe et la Chine : valorisations plus attractives, reprise cyclique, banques centrales plus accommodantes qu’aux États-Unis
Sous-pondération des obligations mondiales : valorisation tendue, résistance de l’inflation, resserrement monétaire
Prudence sur le crédit : prix, banques centrales
Préférence pour les obligations court terme : rendement, faible taux de défaut
Surpondération des obligations chinoises : rendement attractif, stabilité de la devise
Préférence pour les valeurs bancaires, les sociétés engagées dans la préservation de nos environnements et dans les énergies renouvelables
Le bois et les marques de prestige bénéficieront du rebond chinois