Perspective Pictet AM

Pictet AM repasse à l’achat sur les actions internationales…
Publié le vendredi 18 février 2022
Les marchés semblent avoir perdu leur boussole. Pourtant, les intentions de la Fed et de la BCE sont claires. Est-ce le retour aux fondamentaux des entreprises aux dépens de la macroéconomie ?

Ce qu’il faut retenir :

Pictet AM estime que la croissance bénéficiaire est au rendez-vous et repasse à l’achat sur les actions internationales.

Le gérant vise plutôt l’Europe et la Chine que les États-Unis.

Le bois et les marques de prestige sont favorisés par la réaccélération de l’économie chinoise.

Perspectives positives sur les secteurs de la technologie mais le gérant reste prudent et conserve une position neutre pour le moment.

Pictet AM mise sur les valeurs bancaires, les sociétés engagées dans la préservation de nos environnements et dans les énergies renouvelables.

Hervé Thiard, Directeur général de la succursale France de Pictet AM, a demandé à Frédéric Rollin, Senior investment advisor, de guider les investisseurs vers les thèmes et secteurs à privilégier.

Le trapèze sans filet

Les marchés sont nerveux et la saison des résultats apporte de la volatilité. Facebook perd plus de 20% en une séance, plus forte baisse de capitalisation de l’histoire. Amazon évolue en sens inverse.

La Fed et la BCE prennent les marchés à revers avec des discours plus sévères que prévu. Les taux remontent fortement et affectent les niveaux de valorisation boursière. La banque centrale de Chine baisse son taux directeur et les chiffres économiques chinois s’améliorent.

L’armée russe devrait commencer ses manœuvres en Biélorussie. L’OTAN et la Russie restent campées sur leurs positions.

Les marchés boursiers baissent. Les valeurs de croissance souffrent. Le secteur de l’énergie se porte bien. Les obligations connaissent un des pires mois de leur histoire.

Pictet AM repasse à l’achat sur les actions internationales

Après avoir choisi une position tactique plus prudente en début d’année, Pictet AM estime que l’ajustement est arrivé à sa fin et qu’il faut remettre de l’argent au travail.

En dépit de la résistance de l’inflation et des resserrements monétaires, le gestionnaire suisse observe que la croissance bénéficiaire des entreprises, le dynamisme de la consommation des ménages, le restockage par les entreprises et la reprise des investissements l’emportent en faveur des actifs risqués.

La Réserve Fédérale aux manettes

Les quatre hausses de taux, annoncées par les autorités monétaires américaines, et la réduction des programmes d’achat sont des mesures fortes pour Frédéric Rollin.

L’inflation transitoire pour longtemps ?

Pictet AM admet avoir sous-estimé la résilience de l’inflation. Le stratégiste précise que l’inflation américaine, hors effets de base et produits alimentaires, est passée de 2,1 à 2,5%. L’inflation publiée tangente tout de même les 7,5%…

L’indice des prix européens est plus contenu, autour de 2,5%, tandis que les hausses de salaire restent proches de 2,1%.

Baisse des prix du fret maritime et des circuits intégrés

Ces reculs sont favorables au recul de l’indice des prix américain. En même temps, le plan de relance Build Back Better de Joe Biden aura de la peine à être voté en 2022, ôtant ainsi un élément de pression haussière sur les prix.

La croissance bénéficiaire est devant nous

Les ventes au détail mondiales sont au-dessus de la tendance de moyen terme (moyenne mobile sur six ans), la reconstitution des stocks d’entreprises est en marche et les investissements décollent.

La croissance économique est tirée par la demande des consommateurs qui commencent toutefois à s’inquiéter de la reprise de l’inflation. La fermeté du marché de l’emploi offre une compensation qui suffit à permettre es croissances bénéficiaires solides

Le pic du stress derrière nous, favoriser les actions de la zone Euro

Les prévisions de hausses bénéficiaires de Pictet AM sont nettement supérieures à celles du consensus IBES sauf pour les entreprises américaines où le gérant suisse partage à peu près les prévisions consensuelles.

Frédéric Rollin justifie ces écarts par les anticipations de croissance économiques du groupe supérieures à celles du consensus également.

L’économie chinoise réaccélère

Lorsqu’on utilise la base 100 comme niveau de référence de l’ère pré-Covid, cinq des six indicateurs de Pictet AM sont dans le vert : la production industrielle à 112, les ventes au détail à 106, les ventes de véhicules automobiles à 104, les investissements à 108 et surtout les exportations à 144. Seule l’activité de construction est en recul à 97.

L’activité du crédit soutenue par la politique monétaire de la Chine

Les indicateurs PMI commencent à refléter les desserrements initiés par la Chine.

Les valorisations des actions chinoises inférieures à leur moyenne historique

Le MSCI China traite à 70% du MSCI World alors que le taux de croissance économique de la Chine est bien supérieur à ceux des États-Unis et de l’Europe.

Quelques exemples d’entreprises chinoises leaders dans leur marché

MediaTek, concepteur de circuits intégrés embarqués dans les appareils mobiles qui détient 50% de parts de marché sur l’Android 5G en Chine

CATL qui détient 30% des parts de marché des batteries de voitures électriques dans le monde

HKEX, qui surfe sur la libéralisation financière de l’économie chinoise.

Frédéric Rollin a souligné l’attrait du bois qui capte les émissions de CO2, bénéficie du dynamisme de la construction et des besoins en emballages nourris par le rebond du commerce international. Le secteur du luxe est naturellement un grand bénéficiaire de la vigueur de la consommation chinoise.

Plus de tech dans les portefeuilles ? Oui mais plus tard

Pictet AM conserve une perspective positive sur les secteurs de la technologie. L’envol des objets connectés et de la robotique, le déploiement de la technologie 5G, la croissance des panneaux solaires et l’intelligence artificielle sont des facteurs de croissance puissants.

Toutefois, les multiples de valorisation incitent Ă  conserver une position neutre pour le moment.

En conclusion

Positifs sur les actions mondiales : la croissance bénéficiaire au rendez-vous, le pic de stress sur les banques centrales derrière nous

Préférence pour l’Europe et la Chine : valorisations plus attractives, reprise cyclique, banques centrales plus accommodantes qu’aux États-Unis

Sous-pondération des obligations mondiales : valorisation tendue, résistance de l’inflation, resserrement monétaire

Prudence sur le crédit : prix, banques centrales

Préférence pour les obligations court terme : rendement, faible taux de défaut

Surpondération des obligations chinoises : rendement attractif, stabilité de la devise

Préférence pour les valeurs bancaires, les sociétés engagées dans la préservation de nos environnements et dans les énergies renouvelables

Le bois et les marques de prestige bénéficieront du rebond chinois

[b]Bonjour Bruno et merci de ton implication

Cependant tu ouvres trop de files et il serait preférable de REGROUPER tes posts par boutique (Pictet , JPM , etc…) ou par Géographie (Chine , USA , etc …) ou thèmes s’ il te plaît

Car les consultations ultérieures ne deviennent plus possibles ni la RECHERCHE pour des raisons techniques sur le Forum

Par avance merci bravo et bien Ă  toi , L. [/b]

Le monde d’hier: nos convictions en avril 2022
L’Amérique crée des emplois et le chômage y retrouve ses plus bas.
Avril 2022 club patrimoine
Terre d’Epargne
Les ménages ont accumulé une épargne pléthorique et les entrepreneurs demeurent optimistes partout dans le monde. Quant à la croissance bénéficiaire attendue pour 2022, elle reste proche de 10%.
Mais est-ce le monde d’hier?
La guerre en Ukraine fait rage. L’Europe songe à se priver de l’énergie russe, au risque d’une récession. Les prix des matières premières explosent, comprimant les marges des entreprises et les budgets des ménages. Et la Réserve fédérale américaine se prépare à l’un des resserrements les plus rapides de son histoire.

La Fed sort de sa réserve : prudence face aux actions américaines
Après 25 ans d’un calme rassurant, l’inflation américaine est entrée en éruption et la Réserve fédérale s’inquiète. En l’espace de quelques mois, la plupart de ses gouverneurs ont changé de ton. L’inflation devait être temporaire, tout allait rentrer dans l’ordre. Mais la succession de chocs inflationnistes, confinements, puis guerre en Ukraine, et confinements de nouveau en Chine, lui font craindre un dérapage plus durable des prix. L’épargne accumulée pendant la crise sanitaire et les hausses de salaires permettent aux ménages de payer plus cher, et entretiennent ainsi l’inflation.

La Fed devra donc resserrer sa politique monétaire rapidement, au risque de casser la croissance. Les révisions à la baisse des attentes bénéficiaires ont d’ailleurs commencé. Cela nous rend prudent face aux actions américaines.
La Chine a perdu une bataille, mais pas la guerre
Les chiffres économiques chinois sont plutôt bons. Mais nous le savons, le variant Omicron est en train d’envahir le pays et la politique zéro covid n’a guère plus d’efficacité que la ligne Maginot. Le pays va donc faire face à une crise sanitaire majeure.

Pour autant, nous surpondérons toujours les actions chinoises. Pourquoi ? D’une part, rappelons-nous qu’en 2020, les investisseurs n’avaient pas attendu la fin des confinements pour réinvestir dans les actions. Ce sont les politiques volontaristes des autorités mondiales qui ont poussé les marchés. Et justement, la politique monétaire chinoise est en train de s’assouplir, le gouvernement encourage de nouveau les dépenses d’infrastructures et plusieurs villes ont déjà commencé à assouplir les règles pour les acheteurs immobiliers. D’autre part, à l’instar des marchés mondiaux en mars 2020, les bourses chinoises sont très bon marché.
Sécurité, énergies propres, luxe et marques de prestige
Les tensions inflationnistes et géopolitiques renforcent des mégatendances économiques déjà présentes.

Le cyberespace constitue un enjeu crucial de la guerre entre l’Ukraine et la Russie. En mars, le FBI a annoncé que des pirates informatiques russes menaçaient au moins cinq grandes entreprises du secteur de l’énergie. L’administration travaille avec elles pour les aider à consolider leurs défenses. Le gouvernement demande aussi aux entreprises et aux particuliers d’abandonner le logiciel antivirus russe Kaspersky, de crainte d’ingérence de Moscou. L’Australie a signé ce même mois un programme record de renforcement de sa cybersécurité. Les entreprises de cybersécurité vont donc avoir du pain sur la planche.

Les énergies propres étaient soutenues par deux tendances fortes : l’inquiétude grandissante quant au réchauffement climatique et la baisse drastique des prix des énergies renouvelables. Le besoin d’indépendance énergétique, très largement oublié en Europe ces dernières années, vient les renforcer.

Enfin, les marques de prestige et le luxe ont une excellente capacité à se mouvoir en contexte inflationniste. D’une part, elles peuvent aisément augmenter leurs prix. D’autre part, leurs coûts en matières premières sont généralement faibles.
L’essentiel à retenir
Baisse de notre allocation en actions américaines
Toujours à l’affût des valeurs chinoises
Sécurité, énergies propres et luxe, un trio adapté aux défis de 2022

:name_badge: L’orientation d’investissement claire et précise préconisée par Pictet AM…
Publié le mercredi 11 mai 2022

Ce qu’il faut retenir de la dernière conférence macro de Pictet AM

Position d’attente : neutralité sur les actions mondiales et les obligations

Prudence sur les actions américaines : valorisations, Fed

Retour à la neutralité sur la Chine : manque de réaction des autorités monétaires, politique zéro-covid

Préférence pour le Royaume-Uni : secteurs défensifs, prix

Surpondération sur les obligations chinoises… : rendement, stabilité de la devise

…mais sous-pondération sur le Yuan : faiblesse de l’économie chinoise

Achat dollar et or

L’armée russe s’est retirée du Nord de l’Ukraine et se concentre sur l’Est

Les Etats européens travaillent à de nouvelles sanctions,

Les PMI ont perdu du terrain et le PIB américain fut négatif au premier trimestre,

Les marchés obligataires ont nettement baissé, les marchés d’actions aussi,

La réserve Fédérale américaine a abandonné son projet de remontée du taux d’intervention à 75 points de base.

Les menaces militaires augmentent

Les Américains envisagent un programme de soutien à l’Ukraine qui équivaut à 33 milliards de dollars,

L’objectif des Etats-Unis est la dégradation des capacités militaires russes,

La Russie a coupé le gaz à la Pologne,

L’Etat d’Israël commence à fournir des armes à l’Ukraine,

La Russie montre ses pires armes tel l’Iliouchine Il-80 Maxdome, surnommé « le jugement dernier » (un avion sans hublot, blindé contre les radiations et siège ultime du commandement interarmées de la Russie),

Le pétrole est cher mais son importance dans les circuits économiques est moins critique que dans les années 70 : il faut trois fois moins de pétrole pour faire fonctionner nos économies aujourd’hui qu’il y a cinquante ans,

Frédéric Rollin estime que la « taxe pétrolière » devrait baisser.

Revirement de la Fed sur la furtivité présumée de l’inflation

Pour les responsables de l’autorité monétaire, la reprise de l’inflation va durer. « Il est absolument essentiel de baisser l’inflation » a déclaré Jerome Powell ce mois-ci.

Le président Joe Biden fait les frais de la perte de pouvoir d’achat des ménages américains et s’avance vers un échec cuisant aux élections de mi-mandat. Cette période s’apparente à s’y méprendre à celle que connut le Président Jimmy Carter en 1978.

Rest in Peace, Tina

Avec la quasi-disparition des obligations à rendement négatif, l’argument « There is no alternative » qui avait poussé les actions vers les sommets s’est éteint.

Avec l’inflation qui repart, le revenu disponible des Américains a baissé sensiblement et a provoqué le recul important de la confiance des consommateurs.

Marchés survendus, prudence dans les portefeuilles malgré tout

Pictet AM reste sur sa tonalité conservatrice qu’elle avait adoptée le mois dernier. Mais il faut faire attention : l’enquête portant sur le sentiment des investisseurs (AAII Bull Index) révèle un pessimisme jamais vu depuis 1987.

Un rebond important pourrait se produire.

Frédéric Rollin souligne que les actions américaines se trouvent encore plus chères à l’aune de la remontée des taux d’intérêts. Faudra-t-il mettre ce rebond à profit pour alléger les portefeuilles ? Nous le verrons lors des prochaines conférences du stratégiste de Pictet AM.

L’Europe corrélée au conflit ukrainien

La commission européenne s’attaque aux importations de pétrole russe qui représente 30% de notre consommation. Le gaz russe représente 50% des besoins européens ce qui montre à quel point il est difficile de basculer rapidement vers d’autres sources d’approvisionnement.

Les indicateurs économiques européens en baisse

La confiance des consommateurs et les PMI reculent. Cependant, la reprise inflationniste n’a pas la même vigueur qu’aux Etats Unis car elle dépend beaucoup des prix alimentaires,

Les hausses de salaire restent faibles encore en Europe,

La BCE va resserrer sa politique monétaire avec une perspective de taux à zéro contre -50 pbs actuellement. Les banques européennes en profiteraient.

Les confinements chinois pèsent lourdement sur l’économie

La politique zéro-Covid a été maintenue voire renforcée.

Le vaccin chinois reste peu efficace.

Les PMI services retournent en direction des niveaux déprimés du premier trimestre 2020 tandis que les PMI industriels continuent de reculer.

Les thématiques privilégiées

Cybersécurité

A l’instar des Etats-Unis, dont le gouvernement, préoccupé par les risques de cyber piratages et qui vient d’encourager les entreprises à se défaire des logiciels de Kaspersky, l’Australie vient de lancer un programme de 7 milliards de dollars pour renforcer la cybersécurité des infrastructures du pays. Soulignons que le pays a été l’objet de nombreuses attaques provenant de Chine notamment.

Santé

Les potentiels de croissance dans les pays développés et dans les pays émergents offrent des perspectives intéressantes.

Energies propres

Frédéric Rollin rappelle la baisse continue des prix de production de l’énergie solaire dont l’intérêt ne fait aucun doute comme nous le rappelle la canicule en Inde.

Obligations américaines

Le retour à 3% du T-Bond à dix ans offre l’opportunité d’investir à nouveau dans les émissions américaines.

Pictet AM - Que signifie la crise Russie-Ukraine pour les marchés ?
LES NEWS 28 FÉVRIER 2022
L’invasion de l’Ukraine par la Russie inquiètent les investisseurs. Mais les retombées économiques du conflit semblent maîtrisables.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a déstabilisé les marchés financiers, provoquant une forte baisse des actions et une hausse de l’or et du pétrole.

L’assaut militaire pourrait en effet avoir de graves conséquences sur l’économie mondiale, mais le spectre des possibilités est large. Si la Russie a déclaré ne pas avoir l’intention d’occuper le pays, on ne sait pas si elle se contentera d’une incursion limitée ou si elle prépare une invasion totale qui entraînerait une vague de sanctions économiques sévères de la part de l’Occident.

Face à ces scénarios, on pourrait comprendre que les investisseurs veuillent renforcer leurs défenses. Pourtant, nous mettons en garde contre des mesures drastiques. L’histoire montre que les guerres n’entraînent pas toujours des baisses durables des actifs plus risqués. Cela dépend en grande partie de la durée du conflit.

Prenons l’exemple de la guerre en Irak en 2002. Si les marchés boursiers étaient en baisse avant l’invasion du pays par les États-Unis, ils ont commencé à se redresser dans les dix jours qui ont suivi le début de la campagne militaire.

Il est important de replacer dans son contexte l’influence économique de la Russie. Elle ne représente que 1,8 % de la production mondiale, soit un niveau inférieur à celui de l’Italie. Et si elle compte 143 millions d’habitants, soit le double de la France, elle ne constitue pas un marché d’exportation majeur pour la plupart des pays.

Tout cela signifie que si un conflit prolongé peut être évité, les retombées économiques devraient rester raisonnables, permettant au monde de se remettre de la pandémie et au marché haussier des actions de se poursuivre.

Fig. 1 - PĂ©trole et gaz

Part de la Russie dans la production mondiale de pétrole et de gaz (%)

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Source: Pictet Asset Management, CEIC, Refinitiv

Notre analyse montre que la croissance économique reste relativement forte, nous prévoyons une hausse du PIB mondial de 4,4 % cette année (soit 0,2% de plus que les prévisions du consensus). Cela devrait donner au monde un bon coussin de sécurité. Il est essentiel de noter que les niveaux d’épargne, tant chez les ménages que dans les entreprises, sont élevés et que les politiques monétaires et fiscales restent favorables.

L’inflation est un risque beaucoup plus important, notamment parce que la crise ukrainienne a provoqué une flambée des prix du pétrole, qui étaient déjà élevés au départ. Avant même l’invasion russe, nous avions relevé nos prévisions d’inflation mondiale à 5,1 % cette année (contre 4,1 % il y a un mois).

La Russie est à l’origine de 13 % de la production mondiale de pétrole et de 17 % de celle de gaz. Elle est également un important producteur de métaux, notamment de palladium, de platine et d’or.

L’élimination de l’offre russe entraînerait une hausse durable du prix du pétrole et d’autres produits de base, ce qui renforcerait les pressions inflationnistes mondiales. La hausse des prix réduirait le pouvoir d’achat des consommateurs et pourrait réduire les marges bénéficiaires des entreprises.

Cependant, là aussi, nous voyons des facteurs atténuants. Les effets de base sur l’inflation sont sur le point de devenir plus favorables et les facteurs transitoires liés à Covid (tels que les perturbations de la chaîne d’approvisionnement) s’atténuent. Même avec des prix du pétrole autour de 100 dollars, nous nous attendons à ce que l’inflation globale commence à baisser dans les mois à venir.

Un autre point positif pour l’économie pourrait être que les banques centrales, qui ont intensifié ces dernières semaines leur rhétorique belliciste, jugent bon de réduire leurs plans de resserrement monétaire.

Mesures défensives

Il existe néanmoins certaines mesures défensives que les investisseurs pourraient envisager, notamment en raison de la position de la Russie en tant que principal exportateur de pétrole, de gaz et de métaux vers plusieurs grandes économies.

De ce point de vue, la zone euro apparaît également comme une zone à risque. Notre analyse montre que 21 % des importations énergétiques de la zone euro proviennent de Russie. Si l’on ajoute à cela le ton plus ferme de la Banque centrale européenne ces dernières semaines, nous pensons qu’une position plus prudente sur les actions européennes pourrait être justifiée.

Fig. 2 - La zone euro alimentée par le pétrole et le gaz russes

Importations énergétiques de la zone euro par principaux fournisseurs (% du total)

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L’énergie comprend les combustibles minéraux, les lubrifiants et les matériaux relatifs. Source : Pictet Asset Management, CEIC, Refinitiv. Données au 24.02.2022.

Toutefois, il est important de souligner que les liens commerciaux de la zone euro ne sont pas importants en dehors de l’énergie, qui représente les deux tiers de la valeur des importations russes de la zone euro. L’Europe a certes une certaine exposition via son secteur bancaire, mais celle-ci est également modeste. Même en Autriche, dont les banques ont de loin les liens les plus forts avec la Russie au sein de la zone euro, l’exposition équivaut à seulement 1,7 % du PIB, selon notre analyse. De l’autre côté, la Russie consomme 2,6 % des exportations de la zone euro.

Bien sûr, la frontière est mince entre le calme et la complaisance. La situation est clairement volatile. Le conflit et les sanctions économiques pourraient s’aggraver, ce qui aurait des conséquences plus importantes pour l’économie et les marchés mondiaux. Les matières premières, l’or, le franc suisse et les actifs chinois pourraient tous servir de couvertures potentielles contre ces risques.

Pictet AM - Faillites bancaires aux Etats-Unis. Analyse

En une semaine, nous avons connu trois faillites bancaires, des craintes de contagion, un soutien décisif et rapide de la Fed, un changement à la hausse puis à la baisse des attentes de mouvements de taux. C’est clairement un retournement de tendance par rapport au rallye de janvier. Le marché avait anticipé à la fois une désinflation forte et régulière et aucun dommage à l’économie réelle avec un emploi, des salaires et une consommation solides.
Frédéric Rollin, conseiller en stratégie d’investissement
Quelque chose devait changer. Voici notre analyse.

La désinflation n’est pas une ligne droite

Le constat :

  • Alors que la croissance a continuĂ© de rĂ©sister, l’inflation de fĂ©vrier a douchĂ© les attentes d’un reflux certain de l’inflation. Le discours est donc passĂ© de « Boucles d’or Â» Ă  « Les bonnes nouvelles sont de mauvaises nouvelles Â» : la Fed devra en faire davantage pour vaincre l’inflation.

  • Le prĂ©sident Powell a confirmĂ© les nouvelles attentes du marchĂ© en ouvrant la porte Ă  une rĂ©-accĂ©lĂ©ration de la hausse des taux Ă  50 bp lors de la rĂ©union de mars, en suggĂ©rant que cela Ă©tait en effet plausible « si l’ensemble des donnĂ©es Â» le justifiait.

  • Les anticipations de taux terminal amĂ©ricain ont ainsi atteint un sommet d’environ 6 %, soit près de trois hausses supplĂ©mentaires de 25 points de base par rapport Ă  notre scĂ©nario de base.

De notre point de vue, la désinflation est toujours à l’œuvre, aidée par le retrait des mesures de relance et la diminution des goulets de production. Mais le parcours sera semé d’embûches.

Le marché du travail américain : regardons dans le détail

Le constat :

  • La sĂ©rie de donnĂ©es sur le marchĂ© du travail publiĂ©es la semaine dernière a eu de quoi satisfaire Ă  la fois les optimistes et les pessimistes.

  • La progression des salaires n’est pas homogène, les services demeurant plus tendus.

  • La pression sur les salaires s’attĂ©nue : moins de dĂ©parts volontaires, les employeurs moins enclins Ă  accorder des hausses de salaires et une augmentation du taux de chĂ´mage avec l’arrivĂ©e d’un grand nombre de personnes sur le marchĂ©.

Le marché du travail américain est l’indicateur ultime de la santé du cycle mondial et nous voyons les premiers signes d’un affaiblissement.

Le spectre de la fragilité financière

L’écume que nous voyons aujourd’hui est une caractéristique des resserrements de politique monétaire et non un dysfonctionnement . Il y a deux domaines clairs d’excès/de bulles spéculatives dans ce cycle - les crypto-monnaies et les technologies non rentables. Il n’est pas surprenant que les trois banques qui ont fait faillite la semaine dernière aient été exposées à ces secteurs.

L’effondrement de SVB, le deuxième plus grand de l’histoire des États-Unis, est un cas classique d’inadéquation entre l’actif et le passif conduisant à une ruée sur les banques, à l’ancienne.

Nous voyons une contagion limitée pour un certain nombre de raisons :

  • SVB Ă©tait particulièrement vulnĂ©rable pour deux raisons. Premièrement, il s’agissait d’une banque spĂ©cialisĂ©e, extrĂŞmement concentrĂ©e sur l’écosystème des technologies en phase de dĂ©marrage (qui a connu un afflux massif de capitaux en 2021). Deuxièmement, incapable de faire croĂ®tre le volume des prĂŞts Ă  un rythme similaire Ă  celui des dĂ©pĂ´ts, elle a parquĂ© ceux-ci dans des bons du TrĂ©sor amĂ©ricain et des titres adossĂ©s Ă  des crĂ©ances hypothĂ©caires, sans couvrir le risque de duration.

  • Le cadre rĂ©glementaire a ainsi permis une gestion des risques mĂ©diocre. ConsidĂ©rĂ©es comme non-systĂ©miques, certaines banques ont Ă©chappĂ© Ă  une surveillance rĂ©glementaire stricte, contrairement Ă  leurs homologues amĂ©ricaines plus importantes ou Ă  l’ensemble du système bancaire europĂ©en.

  • Le soutien dĂ©cisif apportĂ© par la RĂ©serve fĂ©dĂ©rale et le TrĂ©sor, qui ont annoncĂ© des mesures d’urgence au cours du week-end, permettra aux banques d’obtenir des liquiditĂ©s au cours de l’annĂ©e Ă  venir sans avoir Ă  vendre des actifs comme la SVB a Ă©tĂ© contrainte de le faire. En outre, les autoritĂ©s remboursent tous les dĂ©posants de la SVB, ce qui rĂ©duit le risque d’une ruĂ©e sur les banques.

  • La contagion aux banques europĂ©ennes est limitĂ©e car il est plus difficile pour les Ă©pargnants individuels d’accĂ©der aux obligations d’État en Europe qu’aux États-Unis. Les dĂ©pĂ´ts sont plus stables et les pertes liĂ©es au marchĂ© sont immĂ©diatement valorisĂ©es.

Implications pour la politique monétaire

  • Les banques centrales devraient davantage tenir compte de l’incidence des hausses sur la stabilitĂ© du système financier.

  • Nous nous attendons maintenant Ă  ce que le Quantitative Tightening prenne fin plus tĂ´t que prĂ©vu. Le QT a un impact disproportionnĂ© sur les petites banques.

  • Il n’est plus question aujourd’hui de hausses de 50 points de base. La possibilitĂ© d’une pause temporaire (peut-ĂŞtre une seule rĂ©union) est envisagĂ©e, mais notre scĂ©nario de base reste de +25 points de base en mars.

Implications pour les sociétés financières

  • Ces Ă©vĂ©nements sont survenus plus tĂ´t que l’on aurait pu s’y attendre au vu des fondamentaux globaux : la qualitĂ© des actifs bancaires reste bonne et les revenus sont solides. La majoritĂ© des banques profitent de la hausse des taux.

  • Le risque de fuite des dĂ©pĂ´ts est dĂ©sormais accru. Cela accroĂ®t la pression sur les banques pour qu’elles augmentent les taux de dĂ©pĂ´t afin d’endiguer les sorties. Ceci aura un impact sur le revenu des intĂ©rĂŞts perçus .

  • L’appĂ©tit des investisseurs pour le secteur bancaire sera modĂ©rĂ©. En consĂ©quence, l’écart de valorisation entre les banques faibles et fortes (et aux États-Unis, les petites et les grandes) devrait s’accroĂ®tre.

  • Nous sommes actuellement en train d’évaluer les valeurs financières, dont les risques sont dĂ©sormais clairement orientĂ©s Ă  la baisse.

Implications pour le cycle global

  • L’excès d’épargne des particuliers et l’excès de crĂ©dit des entreprises ont eu pour consĂ©quence de diluer dans le temps l’impact sur l’économie rĂ©elle des politiques de resserrement.

  • Les Ă©vĂ©nements de la semaine passĂ©e nous rappellent que le durcissement des conditions financières se fait encore sentir. Si l’on ajoute Ă  cela les preuves que les consommateurs sont sous pression (forte augmentation des soldes de cartes de crĂ©dit et des retards de paiement pour les automobiles), nous sommes loin d’être sortis d’affaire.

  • Les tensions sur les marchĂ©s financiers exacerbent souvent les faiblesses de l’économie rĂ©elle, ce qui peut potentiellement se transformer en cercle vicieux auto-rĂ©alisateur. Toutes choses Ă©tant Ă©gales par ailleurs, il est clair que nous avons fait un pas de plus vers la rĂ©cession.

Implications pour l’allocation d’actifs

  • Nous continuons de penser que les risques sur la croissance Ă©conomique et bĂ©nĂ©ficiaire ne sont pas correctement Ă©valuĂ©s. Les classes d’actifs sensibles Ă  la croissance, qu’il s’agisse des actions cycliques, des petites capitalisations ou de la dette HY, semblent vulnĂ©rables. Nous restons prudents et maintenons notre sous-pondĂ©ration sur les actions.

  • Nous anticipons une transition vers un cycle de croissance plus classique, c’est-Ă -dire moins dĂ©pendant des donnĂ©es d’inflation. Les actions de qualitĂ© qui ont eu du mal Ă  traverser le cycle jusqu’à prĂ©sent -parce que le risque principal Ă©tait l’inflation et non la croissance - devraient commencer Ă  surperformer.

  • Avec la reprise de la dĂ©sinflation, nous pensons que la corrĂ©lation entre les actions et les obligations Ă  moyen terme deviendra nĂ©gative, ce qui rĂ©duira la pression sur les fonds Ă©quilibrĂ©s.

  • L’attrait de l’or s’accroĂ®t Ă©galement Ă  mesure que les taux rĂ©els se stabilisent et diminuent, parallèlement Ă  l’affaiblissement du dollar.

Frédéric Rollin, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM

[Quantalys aime] L’Inde prend la tête (PICTET AM)
Publié le 22/02/2023 - Pictet Asset Management (Europe) SA
L’Inde est désormais le pays le plus peuplé au monde. La moitié des Indiens a moins de 30 ans et la part des actifs va croître jusqu’en 2040. La population est de mieux en mieux éduquée. L’Inde forme quatre fois plus de scientifiques, d’ingénieurs, de mathématiciens, de techniciens que les Etats-Unis*. Le développement économique du pays est encore embryonnaire. Le PIB par habitant est l’un des plus faibles des pays émergents et serait de quatre fois inférieur à celui de la Chine.
Les nationalisations des années 70 et le poids d’une bureaucratie omniprésente ont empêché le pays de se développer. Mais en 2014, l’élection triomphale de Modi a changé la donne. Son «Make in India», largement inspiré de la Chine et des tigres d’Asie de l’Est, de Singapour à la Corée du Sud, a pour ambition de porter l’économie indienne en première ligne. Fiscalité simplifiée, lutte contre l’économie souterraine, modernisation des lois immobilières, augmentation de 50% du réseau autoroutier en quelques année, vaste système de reconnaissance biométrique permettant à des millions d’Indiens d’ouvrir enfin un compte bancaire, les succès s’accumulent et la croissance tient ses promesses. En 2022, l’année où l’Inde a pris la tête du G20, son économie écrase la concurrence avec 8% de croissance attendue.

Et si la baisse récente des actions indiennes peut donner la migraine, les actions du pays le plus peuplé du monde, aux réformes les plus dynamiques et à la croissance la plus forte, ont selon nous le potentiel de prendre la tête des marchés boursiers à un horizon de trois à cinq ans. Les investisseurs ne s’y sont d’ailleurs pas trompés: sur les cinq dernières années, la performance en euros de l’Inde a atteint 47,32%, à comparer à 34.21% pour la vieille Eruope et 8.85% pour les actions émergentes, MSCI dixit1.
Pour les gérants de la stratégie Actions Indiennes de Pictet Asset Management, trois secteurs sont particulièrement atrayants.

Les médicaments génériques

Le pays est déjà l’un des leaders mondiaux du secteur de la santé, et l’industrie pharmaceutique indienne domine la production de médicaments génériques, avec 20% du marché mondial, 40% de la consommation américaine de génériques venant d’Inde2.

La société développe, fabrique et commercialise des produits pharmaceutiques dans plus de 40 pays3. Elle est très présente en Inde, avec un portefeuille de 800 médicaments et un réseau de distribution pan-indien3.
Sa domination des thérapies aiguës génère par ailleurs des flux de trésorerie réguliers, ce qui lui permet d’investir dans le segment en forte croissance des maladies chroniques, ou encore aux Etats-Unis.

L’externalisation des services

Grace à une population anglophone et instruite, l’Inde est l’un des leaders mondiaux de la délocalisation. Mphasis est un fournisseur de services informatiques et d’externalisation des processus métier pour les grandes entreprises mondiales. L’entreprise se concentre sur les services financiers, logistiques et technologiques. Mphasis a connu une croissance à deux chiffres au cours des quatre dernières années et cette performance pourrait se poursuivre étant donné sa taille modeste. L’entreprise a gagné désormais des comptes «lourds» de la finance mondiale face à des concurrents plus importants.

La financiarisation de l’économie

Les réformes du gouvernement Modi permettent une bancarisation accélérée de l’économie. En 2016, le gouvernement a tout simplement annulé toutes les grosses coupures qui ne seraient pas déposées en, banque le jour même, enterrant ainsi en une seule journée une grande partie de l’économie souterraine. Depuis, un système généralisé d’identité biométrique a permis à une grande partie de la population in-dienne d’accéder enfin à l’ouverture de comptes bancaires. De nombreuses institutions financières jeunes et innovantes sont donc en train de conquérir le marché, aux dépens des institutions détenues par l’Etat. Ces entreprises constituent une source importante d’opportunités d’investissement.

Source: Bloomberg, Kotak Institutionnal Equities en juillet 2022

*Forbes, World Economic Forum
[1] Indices MSCI Inde, MSCI Europe, MSCI Emergents, performances en Euros du 01/02/2018 au 31/01/2023
[2]Bernstein
[3]Pictet Asset Management, Bloomberg

Il suffira d’un cygne…
Publié le jeudi 23 février 2023
Le grand bond en avant du consommateur chinois

Frédéric Rollin, conseiller en stratégie d’investissement, reste prudent sur les marchés d’actions des pays développés. Et TINA n’est plus, une nouvelle TINA la remplace.

H24 vous résume la réunion organisée par Hervé Thiard, directeur général responsable de la France et du Benelux chez Pictet AM.

Il suffira d’un cygne

La Russie gagne marginalement du terrain dans des combats intenses. L’OTAN se prépare à une escalade dans l’octroi d’armement : missiles longue portée et avions de chasse. La Russie prépare une offensive. Les États-Unis trouvent un accord avec les Pays-Bas et le Japon pour limiter les exportations de semi-conducteurs vers la Chine. L’armée américaine détruit un ballon de surveillance chinois au-dessus de son territoire. Grave tremblement de terre en Turquie.

La Fed et la BCE poursuivent leurs resserrements monétaires et télégraphient des messages plutôt sévères, peu écoutés des investisseurs en actions. Les chiffres de l’emploi américain surprennent par leur force, validant les propos de la Fed. Les résultats des entreprises sont médiocres. Après discussions sur le plafond de la dette américaine. La Chine réouvre rapidement et les dernières enquêtes montrent une drastique amélioration du moral.

+5,6% en euros pour le MSCI World en janvier. Les actions chinoises catapultées par la réouverture. Les obligations mondiales démarrent très fort l’année puis consolident après les communications des banques centrales.

TINA a tué Tina

Le nouveau TINA = There is a Nice Alternative

Le rebond des taux d’intérêts dans la dette investment grade et sur les marchés monétaires remettent les placements peu ou pas risqués sur la table.

Les augmentations de salaire en grand nombre aux États-Unis

44% des entreprises américaines sont en train d’augmenter les salaires, un record depuis 40 ans. 27% des entreprises ont l’intention de suivre dans les prochains mois, un niveau d’intention inégalé.

43% des entreprises augmentent leurs prix, un autre record depuis 40 ans. Mais les intentions d’augmenter les prix sont rapidement revenues à la moyenne historique.

La politique monétaire restrictive de la Réserve Fédérale commence à produire ses effets mais son travail n’est pas terminé. Pourtant, le resserrement monétaire est le plus intense depuis l’ère de Paul Volker, le patron de la réserve Fédérale qui entreprit de casser la spirale inflationniste au début des années 80.

Les taux directeurs à 4,4% sont tout proches du pic de 2005, le plus haut ayant été à 6,5% voici vingt ans.

Les taux réels du T bonds à dix ans sont à 1,2%, un niveau qu’on n’a pas vu depuis plus de dix ans.

Frédéric Rollin souligne qu’une deuxième vague de resserrement proviendra du crédit bancaire qui est entré dans une zone restrictive également.

Pour la banque Centrale Européenne, le plus dur reste à faire

L’inflation cœur, hors énergie et alimentation qui concentrent les hausses de prix cycliques, est proche de 7%, bien au-dessus des 1,2% qui prévalaient depuis dix ans.

Les hausses de salaires sont loin des niveaux américains.

Morosité des publications de résultats d’entreprises américaines.

2/3 des entreprises ont publié des résultats généralement décevants.

Le recul bénéficiaire est légèrement supérieur aux attentes.

Le pouvoir de fixation des prix, pour les entreprises qui en disposent, ne parvient plus Ă  tout compenser.

Révision à la baisse des prévisions bénéficiaires pour le T1 2023, désormais à -3,2% contre 1,5% précédemment.

La Chine s’est réveillée

Les PMI composites sont remontés à 53, proches des plus haut observés depuis 2010 (55). Les services sont plus dynamiques que l’industrie.

Grand bond en avant de la confiance des consommateurs chinois, tandis que le niveau d’épargne a fortement accéléré.

A près de x11,3, les actions chinoises traitent à 0,7x les multiples de valorisation des actions de l’indice mondial, un niveau qui est en zone basse depuis plus de dix ans.

Oui aux actions émergentes, aux défensives et aux valeurs de croissance

Préférence pour les actions émergentes (Chine principalement).

Prudence sur les actions des pays développés avec une préférence pour les États-Unis au détriment de l’Europe : ralentissement plus prononcé en Europe.

Préférence pour les valeurs défensives à cause du ralentissement du cycle économique.

Préférence pour les valeurs de croissance qui bénéficient de la baisse des taux longs, de l’innovation et de croissances séculaires : Santé, biotechnologies, robotique, énergies propres et environnement.

Les marques de prestige profiteront du retour du consommateur chinois.

Achat d’obligations bien notées, prudence sur les obligations à haut rendement.

Vente du dollar US, achat de Yen.

Le tableau actuel est-il aussi inquiétant qu’il apparaît ?
Publié le vendredi 16 septembre 2022
« Les grandes vacances nous ont offert une courte pause. L’inflation semblait avoir atteint son pic et les prix du pétrole avaient reculé. Le vote de l’Inflation Reduction Act qui prévoit 379 milliards $ pour le climat renforçait la confiance. La rentrée nous a sortis de la torpeur estivale. Toutes les crises se liguent à l’échelle planétaire contre les économies ».

Lors de la revue macroéconomique de Frédéric Rollin, senior investment advisor chez Pictet AM, Edouard Beauville, senior sales manager de Pictet AM en France, a planté le décor : Le tableau actuel est-il aussi inquiétant qu’il apparaît ?

Brouillard automnal sur les marchés après Jackson Hole

L’Ukraine lance une contre-attaque. La Russie maintient la pression sur le gaz européen, dont les prix sont extrêmement volatils.

L’Europe s’organise pour l’hiver. Changements politiques en Italie. La Chine menace Taiwan. Les Démocrates américains retrouvent de l’énergie à l’approche des élections de mi-mandat.

L’inflation baisse dans de nombreux pays mais reste élevée. L’emploi demeure très dynamique. L’épargne accumulée est pléthorique. La FED hausse le ton lors de Jackson Hole. Les indicateurs avancés de la croissance mondiale sont très médiocres. La Chine conserve la politique zéro-covid.

La saison des profits a été correcte, sans plus, mais surtout sans moins. Les marchés actions développés en grande forme jusqu’à Jackson Hole. Les taux obligataires mondiaux remontent. Les obligations émergentes résistent mieux.

Vive le roi dollar, l’Euro s’installe sous la parité.

Pictet AM a maintenu ses positions prudentes

La reprise de l’inflation surfe sur les politiques monétaires excessives et les quantités monétaires en circulation. Beaucoup d’investisseurs estiment que l’inflation pourrait rebaisser rapidement : les prix payés par les entreprises reculent, les délais de livraison s’améliorent. Les prix du pétrole se sont détendus. Aux États-Unis, les équilibres entre l’offre et la demande se sont rétablis voire inversés.

Pictet AM ne partage pas cet optimisme sur les prix. Le consensus économique anticipe une inflation à 3,5% tandis que le gérant helvète table sur 5% pour 2023.

L’inflation devrait persister à cause de la fermeté des marchés de l’emploi et des hausses de salaires à 5% aux États-Unis. Le taux de chômage reste très solide en dépit du ralentissement.

Les loyers devraient progresser.

Pour Pictet AM, la Réserve Fédérale américaine va maintenir les marchés sous pression en maintenant sa politique restrictive. Plus important encore, Pictet AM anticipe un ralentissement économique déclenché par la forte hausse de l’inflation. L’histoire économique des États-Unis rappelle que les fortes hausses d’inflation sont suivies de récession, à l’exception de la période de guerre en Corée.

L’immobilier américain prochaine source d’inquiétude

Un bond à 25% du revenu disponible contre 16% l’an dernier !

C’est la hausse annuelle du coût d’un achat hypothécaire d’une maison par un ménage « moyen » selon les statistiques de Pictet AM, Refinitiv et CEIC. En conséquence, les volumes de ventes immobilières s’effondrent aux États-Unis. Les volumes de transaction sont faibles parce que le stock de maisons à vendre est resté faible. Mais il est en train de remonter fortement.

Les loyers augmentent aussi, sous l’effet de la hausse des prix de transactions de l’an dernier.

Le crédit bancaire aux entreprises se contracte

L’action de la Fed se voit maintenant dans l’économie. Les anticipations de crédit par les banques indiquent un recul des prêts aux entreprises de 14% au T4 2022.

La récession au tournant, les marges sous pression

Pour le stratège de Pictet AM, les marges des entreprises restaient élevées dans les anticipations des analystes voici encore peu. Il observe que la tendance est en train de s’inverser.

La dépendance européenne au gaz russe divisée par trois

La réaction des pays européens a été rapide et efficace, bien qu’elle ne suffise pas à combler entièrement leurs besoins en énergie.

Le marché japonais intéressant

Les données économiques sont bien meilleures avec de bons chiffres de consommation et de production industrielle. La sortie du Covid continue de produire ses effets de relance.

La sous-évaluation du Yen est excessive et a incité Pictet AM à renforcer les expositions aux actions japonaises dans les portefeuilles. L’inflation japonaise autour de 2% ne suffira pas à provoquer des inquiétudes sur le pouvoir d’achat des ménages nippons et sur la croissance économique.

La sous pondération des actions japonaises est un facteur favorable aux investisseurs. Tout rallye boursier serait suivi par les investisseurs internationaux qui ont nettement sous pondéré leur exposition aux actions japonais.

Retour au neutre des actions chinoises

Pictet AM estime que la banque centrale chinoise ne réagit pas assez face aux difficultés de l’économie tandis que l’activité immobilière baisse rapidement. Les allocataires de la société de gestion ont préféré couper les surexpositions malgré la faiblesse des valorisations.

Les valorisations des titres de croissance ont effacé les excès du Covid

Conclusions : La prudence reste de mise pour Pictet AM…

Prudence sur les actions internationales, principalement les actions américaines et européennes. Retour à la neutralité sur les actions chinoises : immobilier, politique de zéro-covid,

Surpondération des actions japonaises : économie résistance, Yen sous-évalué

Retour progressif sur les valeurs de croissance : énergies propres, sécurité, santé,

Achat d’obligations du trésor américain,

Achat du yen, vente du yuan, achat d’or et de franc suisse

Le consensus 2023 a eu tout faux. Que dit le consensus 2024 ?
Publié le mardi 23 janvier 2024

Voici les grands thèmes de 2024 selon Pictet AM, représenté par Hervé Thiard, directeur général responsable de la France et du Belux chez Pictet AM, avec Christopher Dembik, conseiller en stratégie d’investissement pour la France, la Belgique et le Luxembourg chez Pictet AM.

Le consensus a eu tout faux en 2023

La récession américaine était attendue par 80 % des économistes

La Chine allait fortement relancer son Ă©conomie

L’inflation devait rester élevée

La hausse des taux directeurs serait modérée (+141 pbs pour la BCE. Réalité : 250 pbs)

La flambée des denrées agricoles continuerait à cause du conflit russo-ukrainien

Eh bien, non ! rien de tout cela.

Que dit le consensus pour 2024 ?

Ce que partage Pictet AM avec le consensus

Croissance dans les pays développés sous son potentiel mais au-dessus de son potentiel dans les pays émergents

La BCE pourrait agir la première dans la baisse des taux directeurs, avant la Fed

La hausse des actions japonaises va continuer

Revenir sur les biotechs, après trois années de purge

Mais Pictet AM ne partage pas le consensus sur…

Le retour en vogue des PM caps cette année

La méfiance sur les actions américaines car, si elles sont chères, elles sont incontournables

Croissance faible et repli supplémentaire de l’inflation

L’inflation mondiale devrait se situer à 2,7% dans les pays développés, 4,7% dans les pays émergents et 11% dans les économies dépendantes des matières premières.

Géo-graphie, géo-politique et géo-logie

:flashlight: GĂ©ologie

Le nationalisme métallique des pays qui détiennent les métaux rares et essentiels à la transition écologique.

La Chine a restreint les exportations du gallium et du germanium depuis le 1er aout 2023. Elle a gelé l’exportation de technologies nécessaires à l’extraction de terres rares en décembre dernier.

L’Indonésie a classé comme critique l’étain dont elle est le premier producteur mondial.

:world_map: GĂ©ographie

Les routes commerciales sont devenues vulnérables (la Mer Rouge, qui pèse 21% du trafic mondial de conteneurs maritimes, Le Canal de Suez, les détroits turcs, le détroit de Gibraltar, le Canal de Panama, le détroit du Pas de Calais).

Les opérateurs de guerre low cost contre les modèles militaires anciens : un missile houthi coûte 10 000 dollars à lancer alors que le coût d’envoi d’une flotte américaine ou française se chiffre en millions de dollars (ou d’euros).

L’intégration panasiatique se poursuit avec un axe Istanbul-Jakarta : cette nouvelle étape de la mondialisation se fait sans l’Occident, sans l’argent occidental. L’Arabie Saoudite renforce ses liens avec la Chine.

:earth_africa:GĂ©opolitique

Jusqu’à 40% de l’économie mondiale pourraient changer de couleur politique à l’aune des prochaines élections : Taïwan (résultats des présidentielles connues au moment de la rédaction), Inde, Brésil, États-Unis, Union Européenne, Royaume-Uni et Israël notamment.

Risque de Cygne noir aux Philippines ?

Le traité de défense mutuelle Philippines-États-Unis pourrait (malheureusement) faciliter un engagement militaire important alors que la Chine considère avoir l’hégémonie sur la mer de Chine méridionale.

Pictet AM table sur trois baisses de taux en 2024

L’économie se porte assez bien donc la détente monétaire prendra son temps, selon Pictet AM.

Qu’indiquent les priorités économiques chinoises pour 2024 ?

La baisse de la fiscalité au bénéfice de la haute technologie et de l’industrie manufacturière

Aucune relance publique

Pour le luxe, cela implique quoi ?

Ultra premiumisation du marché

Consolidation et OPA

Poursuite de la tendance YOLO (NDLR : You Only Live Once)

Normalisation des chiffres d’affaires après l’anomalie de la période Covid.

Le positionnement des portefeuilles 2024 selon Pictet AM

  • ThĂ©matiques favorisĂ©es

La sécurité avec ses impacts sur les semi-conducteurs, l’intelligence artificielle.

Actions japonaises : la liquidité continue de soutenir l’économie nippone. Aucune autre économie développée, sauf le Japon, ne bénéficie de liquidités abondantes.

Concentré sur l’obligataire de court-terme et sur le haut rendement

Le haut rendement américain, qui rapporte 9,7% à 5 ans !

Les émetteurs de pays émergents ont des bases solides pour affronter l’année 2024 (réserves de change notamment). Pictet AM préconise les obligations venant des zones émergentes en devise locale

Prudence sur les actions mondiales sauf celles du Japon et de l’Inde

Les Sept magnifiques sont incontournables

Les actions japonaises continuent sur la lancée

Les actions de qualité devraient surperformer dans un environnement à croissance faible

Marques de prestige

La recherche de sécurité : technologie, intelligence artificielle, données numériques de masse, centres de données

Bonne surprise attendue sur les biotechs

Obligataires : maturités courtes, haut rendement et émetteurs des pays émergents en devise local

Après la pluie, la pluie ?
Publié le lundi 11 juillet 2022
Les inquiétudes des investisseurs ont évolué. Si elles portaient principalement sur le combat des banques centrales face à l’inflation, c’est désormais vers la réponse de ces dernières face au ralentissement de la croissance, voire à une éventuelle récession qui est au cœur des interrogations. Dès lors, il est nécessaire de se demander si l’essentiel de l’ajustement des marchés actions s’est produit, et quelles stratégies mettre en place au sein du portefeuille.

Réponses avec Frédéric Rollin, conseiller en stratégie pour Pictet AM.

Un environnement économique chahuté

Le prix du pétrole revient sur des sommets, tandis que les Etats-Unis semblent déjà avoir atteint leur pic de productivité et que les sources d’approvisionnement alternatives (l’Iran ou le Venezuela par exemple) ne donnent pas satisfaction. De même, la flambée des cours du gaz naturel entraîne une double peine pour les consommateurs : d’une part une augmentation de la facture énergétique, de l’autre un accroissement des prix des engrais et donc par extension des denrées alimentaires. A cela s’ajoute une chute des exportations de blé en raison du contexte géopolitique en Europe et des vagues de sécheresse qui frappent les grands producteurs mondiaux comme l’Inde.

Sur la scène monétaire, les pressions inflationnistes s’intensifient et les banques centrales ont accéléré la cadence du resserrement, entre hausse des taux et réduction de leurs bilans. Frédéric Rollin s’inquiète plutôt du ralentissement économique et de la hausse des coûts pour les entreprises, autant sur les matières premières que sur la main d’œuvre. Les anticipations d’augmentation des marges se dégradent et une position prudente sur les actions est alors à privilégier.

Actions : il faut faire preuve de discernement

Au pays de l’oncle Sam, la tendance est plutôt à la prudence pour la société de gestion. La Federal Reserve poursuit sa politique de resserrement monétaire et malgré la forte correction du début d’année, les primes de risques ont plutôt baissé. En outre, les niveaux de valorisation sont encore trop élevés.

La préférence est plutôt donnée aux actions européennes, dévalorisées par rapport à leurs consœurs d’outre-Atlantique, même si Frédéric Rollin déclare ne pas surpondérer cette classe d’actifs. Ainsi, “Pour un investissement de moyen terme, les actions de l’Eurozone peuvent paraître intéressantes” selon le stratégiste. Attention toutefois à la hausse de l’inflation et au ton plus agressif de la Banque Centrale Européenne. Les fondamentaux sont bons mais les risques à court terme sont à prendre en compte.

En Chine, la situation se complique. Malgré des valorisations extrêmement attractives et un assouplissement de la politique monétaire, les incertitudes politiques et la forte volatilité sont des risques à court terme trop importants pour revenir sur ce marché. De plus, la politique zéro-covid paralysant les chaînes de production et d’approvisionnement est toujours d’actualité, et ce pour une durée incertaine.

Côté sectoriel, la primauté est donnée aux secteurs défensifs. Frédéric Rollin écarte d’emblée les “utilities”, qu’il juge trop chers et tributaires des contraintes publiques (limite sur les prix de l’énergie par exemple), ainsi que la consommation de base qui peut pâtir de la baisse du pouvoir d’achat des ménages. C’est plutôt la santé qui trouve grâce aux yeux du stratégiste. Le secteur bénéficie de tendances séculaires, notamment du vieillissement de la population, et d’une innovation continue.

Enfin, à noter que les énergies renouvelables et la sécurité sont également des thématiques d’investissement privilégiées par la société de gestion.

Obligataire : le retour ?

Le krach obligataire a été violent. Les fortes baisses ont flirté avec le désastre obligataire des années 1980, mais ouvrent des opportunités. Les marchés de taux s’approchent de leurs valeurs d’équilibre, tandis que la Réserve Fédérale parvient à garder la main sur la remontée de taux sans affoler les marchés. De plus, le stratégiste pointe les statistiques encourageantes concernant la stabilisation de l’inflation. A l’aune de ces évolutions, un retour sur les obligations américaines a été effectué par la société de gestion.

Du côté des obligations émergentes, “l’envie de revenir est forte” admet Frédéric Rollin. Les banques ont fortement augmenté leurs taux, les valorisations sur les devises sont intéressantes, et le rapport rendement/volatilité fait état d’une bonne rémunération pour le risque pris. Une confirmation des données économiques est toutefois attendue pour un engagement définitif. Seul un retour de la dette brésilienne au sein du portefeuille a pour le moment été acté.

Article rédigé par H24 Finance. Tous droits réservés.

La danse de Saint-Guy
Nos convictions d’investissement pour les 6 prochains mois
Mai 2022
La Réserve fédérale abandonne les petits pas pour les grandes enjambées et la BCE tente le grand écart entre récession et inflation. L’économie chinoise menait la danse l’année dernière, mais elle tourne désormais sur elle-même. Les actions mondiales se balancent entre jambes haussières et jambes baissières.
Cette danse de Saint-Guy est-elle appelée à durer ? Les bénéfices des entreprises peuvent-ils résister au ralentissement et à la double peine des prix et des taux élevés ? Quels sont les pays et secteurs qui en sortiront gagnants ?
Alerte : Inflation !
L’inflation s’installe aux Etats-Unis. La succession de chocs inflationnistes – confinements, guerre en Ukraine, reconfinements – a fini par libérer le démon. A travers le monde, les ménages admettent que les prix peuvent continuer de monter et une inflation durable s’installe.

Est-ce grave docteur ? Oui. Les effets sur la croissance se font d’ailleurs déjà sentir. Les chiffres de la consommation au premier trimestre ont déçu. Mais le pire reste à venir : la confiance des consommateurs s’est effondrée. Certes, l’emploi tient bon et les salaires augmentent, mais l’inflation dévore tout et les ménages les moins aisés en souffrent lourdement.

La Réserve fédérale fait donc face à une équation difficile. Resserrer rapidement sa politique monétaire pour casser les anticipations inflationnistes, mais frapper alors la croissance de plein fouet. Ou bien laisser filer l’inflation pour maintenir la croissance des prochains trimestres, mais au risque de la laisser perdurer et de réduire les perspectives de croissance des prochaines années. Il semble cependant que son choix soit déjà fait : briser l’inflation par des hausses de taux rapides, au risque de casser aussi la croissance.

Les investisseurs comprennent certes le bien-fondé de cette politique, mais ils craignent que les saisons bénéficiaires de 2022 ne soient très orageuses. Ils s’écartent donc des actions américaines, et c’est aussi notre position.

Chine : action, manque de réaction, déception
Le Covid se propage à vitesse grand V en Chine et les autorités agissent avec énergie. La politique zéro covid reste de rigueur, de grande rigueur même, et les indicateurs avancés de l’économie s’effondrent. Mais cette politique sanitaire nous paraît mal adaptée, car le variant Omicron est très contagieux, et quasiment impossible à juguler.

Ce qui nous paraît une erreur pourrait au moins être compensé par des politiques monétaire et budgétaire volontaristes, à l’instar de l’année 2020. Or, tel n’est pas le cas : la banque centrale chinoise réagit peu, et les efforts budgétaires restent modestes.

Nous sommes déçus par cette politique et avons décidé de passer de positifs à neutres face aux actions chinoises. Leur valorisation semble certes très attrayante et les perspectives de long terme excellentes. Mais l’impact de la politique zéro covid est difficile à mesurer à ce stade et ce marché pourrait encore connaître une grande volatilité. Nous attendons donc de meilleures opportunités pour y revenir.

Santé, sécurité, énergies propres
L’économie mondiale ralentit et les analystes commencent à réviser à la baisse les perspectives de profits. En conséquence, nous préférons les secteurs défensifs, dont les bénéfices sont moins sensibles au cycle économique. A ce titre, le secteur de la santé nous intéresse particulièrement. Il est porté par des tendance positives – vieillissement de la population, innovation, développement des pays émergents – et la baisse de l’activité le touchera peu.

Il nous semble par ailleurs opportun de revenir vers des valeurs de croissance bien choisies. Des grandes valeurs internet américaines s’échangent sur des niveaux de valorisation particulièrement peu élevés. Pour autant, beaucoup ont encore de la croissance sous le pied. Le secteur de la sécurité informatique sort de son côté renforcé par les évènements géopolitiques récents : le cyberespace est en effet un lieu de conflit et nombre d’entreprises ainsi que de gouvernements doivent muscler leur jeu. Les efforts des gouvernements dans la promotion des énergies propres vont par ailleurs s’accélérer car l’attitude de la Russie nous a démontré à quel point l’indépendance énergétique jouait un rôle important. Et cette indépendance, les énergies renouvelables peuvent nous l’offrir.

L’essentiel à retenir
Prudence face aux actions mondiales
Préférence pour les valeurs défensives
Santé, sécurité et énergies propres, le bon équilibre entre croissance et défensif