Nouvel indicateur performance SCPI : Rendement global immobilier

Coup de gueule de CORUM concernant le nouvel indicateur de performance appelé « rendement global immobilier » qui servirait à édulcorer les performances…

SCPI : non à la performance globale, oui à la performance réelle !
19.05.2022

Fin 2021, la profession dévoilait ses nouvelles modalités de calcul de performance des SCPI. Sous couvert d’harmonisation entre les fonds, elle insufflait l’idée que ces évolutions permettraient de gagner en lisibilité et seraient favorables aux épargnants. Parmi les indicateurs instaurés : la performance globale (ou rendement global immobilier). Problème : ce nouvel indicateur manque de clarté et risque même de tromper les épargnants !

Le groupe CORUM exprime son inquiétude face au nouvel indicateur pour le calcul de la performance des SCPI : la performance globale.
L’intention initiale de la profession était louable : harmoniser les pratiques des SCPI sur la présentation de leurs performances et de différents ratios, afin d’accroître la transparence et d’améliorer la comparaison des fonds entre eux. Le remplacement du TDVM (taux de distribution sur valeur de marché) par le taux de distribution, plus simple à comprendre et plus équitable, va d’ailleurs dans le bon sens. Plus équitable, car il harmonise le calcul avec au dénominateur un prix de référence retenu au 1er janvier pour toutes les SCPI. Plus équitable aussi, car il retient au numérateur un dividende brut, calculé avant prélèvement libératoire et autre fiscalité payée par le fonds pour le compte de l’associé, seule manière de comparer les SCPI investies en France et celles investies à l’étranger.

**Performance globale : une notion obscure **
Mais la notion de performance globale, indicateur qui vient s’ajouter au taux de distribution et au TRI (taux de rendement interne), pose elle un vrai problème.
Primo, elle relève d’une méthodologie de calcul complexe, qui va à l’encontre de la recherche de simplicité. La performance globale nouvelle formule additionne en effet le taux de distribution et la variation de la valeur réalisation, un élément financier totalement hermétique pour le grand public. Cette valeur de réalisation correspond à la valeur des immeubles de la SCPI, fournie chaque année par des experts indépendants. Un concept peu propice donc pour gagner en clarté…

Performance globale : un outil qui ne reflète pas ce que touche réellement l’épargnant

Secundo, il y a plus grave : ce nouvel indicateur ne reflète absolument pas la réalité de ce que perçoit l’épargnant.
Car, que touche vraiment l’investisseur détenant des parts de SCPI ? Son dividende potentiel, distribué chaque mois par les SCPI CORUM, auquel s’ajoutent d’éventuelles plus-values issues des ventes d’immeubles, mais aussi la possible augmentation du prix de la part de sa SCPI (qu’il encaissera au moment de revendre ses parts).
Or la performance globale ne tient pas du tout compte de cette potentielle revalorisation du prix de part : elle exclut donc toute une partie de la performance que perçoit l’épargnant. Le nouvel indicateur se cantonne à cette fameuse valeur de réalisation du patrimoine, dont l’épargnant n’a que faire. Pourquoi ? Parce qu’il n’en voit généralement pas la couleur (à moins que le gérant n’augmente le prix de part) : même si le patrimoine de la SCPI se valorise, le gérant peut parfaitement décider de ne pas augmenter le prix de part…

La performance globale ne tient pas compte de la revalorisation du prix de part
Rappelons en effet que le gérant dispose d’une certaine liberté pour fixer le prix de part. A partir de la valeur de réalisation fournie par les experts, il détermine la valeur de reconstitution du patrimoine de la SCPI, c’est-à-dire une valeur tenant compte des frais qu’il faudrait engager pour « reconstituer » le patrimoine à l’identique (frais de notaire, honoraires de conseil, etc.). Le gérant de SCPI fixe ensuite la valeur du prix de part, dans une fourchette comprise entre -10 % et +10 % de la valeur de reconstitution, soit un delta de 20 %. Ce qui lui laisse une vraie latitude. Et ce qui change tout du côté de l’épargnant…

Augmenter le prix de part : la vraie manière de cristalliser la hausse de valeur du patrimoine pour l’épargnant
CORUM le martèle régulièrement : tant qu’elle n’est pas cristallisée via l’augmentation du prix de part, la hausse de valeur du patrimoine de la SCPI n’est pas acquise pour l’épargnant. Il percevra cette augmentation en espèces sonnantes et trébuchantes le jour où il revendra ses parts. Rehausser le prix de part est aussi la seule manière de proposer une valeur de part en adéquation avec la valeur d’expertise du patrimoine et d’assurer l’équité entre les associés de la SCPI ; les nouveaux entrants sont favorisés au détriment des associés historiques lorsque le prix de part est décoté.
Décider d’une revalorisation constitue donc un choix fort de la gérance. CORUM a toujours privilégié l’équité et fait évoluer progressivement le prix de part de ses SCPI. Ainsi, CORUM Origin a vu 7 fois son prix de part augmenter en 10 ans. Cette démarche n’est pas anodine pour la gestion : plus le prix de part s’élève, plus il est nécessaire de générer des loyers pour tenir les objectifs de performance. D’où les réticences de certains gérants à faire évoluer le prix de part de leurs SCPI…

Le risque : une performance globale artificiellement flatteuse
Le vrai problème, c’est que le nouvel indicateur tient compte de la valorisation du patrimoine même si celle-ci n’est pas répercutée dans le prix de part. Ce qui permet potentiellement à une SCPI, dès lors que son patrimoine s’apprécie, d’annoncer une performance globale flatteuse sans toucher à son prix de part ou même si son taux de distribution diminue. La performance globale est décorrélée de ce que touche l’épargnant, comme le démontre CORUM dans le schéma suivant :
Performance Globale SCPI explication

Performance global[/img]
Plus la valeur de la part s’éloigne de la valeur du patrimoine, plus la performance globale s’écarte de ce que perçoit vraiment l’épargnant.

A qui profite ce nouvel indicateur ? Pas aux épargnants !
Que masque cette décision? A qui profite ce nouvel indicateur ?
Vraisemblablement aux acteurs qui ne font pas l’effort d’aligner leur prix de part sur la valeur réelle de leur patrimoine. Historiquement et encore aujourd’hui, 95 % des SCPI affichent un prix de part inférieur à la valeur réelle de leur patrimoine. Ce choix est une manière de gonfler un peu artificiellement leur performance… Car servir 4 % de dividendes par an sur la base d’une valeur de part de 95 plutôt que de 100 permet d’annoncer 4,2 % de rendement au lieu de 4 %.
La performance globale favorise aussi les SCPI accusant une baisse de leur taux de distribution dans un contexte post-covid. Or elles sont un certain nombre sur le marché français à subir un recul de leur taux d’occupation et des difficultés de paiement des loyers.
Parallèlement, après deux années de pandémie, les valeurs d’expertise des immeubles sont reparties à la hausse. Les valeurs de réalisation devraient donc logiquement remonter. L’avènement de la performance globale va permettre un joli tour de passe-passe puisqu’il sera possible d’annoncer l’an prochain des performances en hausse sans avoir à augmenter ni le dividende versé, ni le prix de part… Une aubaine pour une partie des SCPI du marché qui pourront ainsi compenser des rendements un peu faibles… L’épargnant, lui, n’y gagne rien.
Conclusion, seule la performance réelle a du sens pour l’épargnant : CORUM milite pour qu’elle reste la valeur de référence.

C’est le sujet d’un débat sur un autre fil mais dans le cas de Corum, lorsqu’ils trouvent que le prix de l’immeuble a bien monté, ils le vendent et la plus-value est distribuée aux associés présents. Le nouvel entrant, paye donc un prix +/- correcte, plus proche à celui payé par l’ancien associé qui aura déjà encaissé ses plus-values.
Dans votre exemple, supposons que le taux du livret soit à 10%. Si le premier associé encaisse préalablement ses intérêts de 10€, il aura payé au final le même prix que le nouvel associé. Il n’aura plus d’objection à l’arrivé du nouvel associé.
Si les 10€ proviennent des intérêts et non d’une simple distribution du capital (sans création de richesse), alors l’absence d’objection serait de la bêtise. En refusant l’entrée il touchera 10€ à nouveau l’an prochain vs (10%*190)/2 = 8€ s’il accepte l’entrée.

« il détermine la valeur de reconstitution du patrimoine de la SCPI, c’est-à-dire une valeur tenant compte des frais qu’il faudrait engager pour « reconstituer » le patrimoine à l’identique (frais de notaire, honoraires de conseil, etc.) »
Toujours cocasse de voir que lorsqu’un gérant ou un courtier explique la définition de la valeur de reconstitution, il cite souvent un tas de frais mais jamais le 1er poste, à savoir leur commission de souscription…

Le point de vue de Corum est interessant. Et c’est vrai que beaucoup de gérants décotent le prix de leur part (sans doute pour favoriser le rendement affiché à court terme, mais au détriment du rendement à long terme car la collecte devient dilutive).

Après on pourrait aussi critiquer un indicateur se basant uniquement sur le prix de la part, car comme ils le disent un gérant a une grande latitude pour fixer ce prix. Ainsi une augmentation du prix de part sans augmentation de la valeur du patrimoine sous-jacent est elle aussi probablement fictive à long terme.

Je pense qu’il faudrait tout simplement que prix de la part = prix de reconstitution, ça serait plus transparent et limiterait les maquillages…

10% c’est beaucoup. Cela signifie que la société de gestion de la SCPI peut pendant des années masquer une baisse des revenus en distribuant davantage que ce que la scpi perçoit (en distribuant du RAN ou des plus-values, ce qui appauvrit la scpi).

Ensuite même si je suis d’accord que cela rassure, je suis pas certain qu’à long terme il soit dans l’intérêt des associés d’avoir une collecte en permanence dilutive (vous apportez 90 pour un patrimoine qui vaut 100).

C’est sûr que c’est rassurant pour le prospect, mais je ne trouve pas que ce soit faire preuve de prudence pour les anciens associés. Si vous pensez que les prix de l’immobilier actuels sont exagérés et qu’ils risquent de baisser, la prudence invite au contraire à surcoter le prix de la scpi pour limiter la collecte et protéger ainsi vos associés actuels d’une grande dilution.

Pour redonner un exemple illustrant cette dilution , c’est comme si vous aviez un livret avec 100€ et que je vous proposais d’apporter 90€ et de partager en 2 les intérêts. Qui accepterait ? L’autre conséquence c’est qu’à chaque nouvel entrant le montant des intérêts par personne diminue.

A la rigueur si la scpi a toujours été décotée on pourrait dire que c’est ok car les anciens associés ont eux aussi dilués les autres en leur temps. Il serait interessant d’avoir un suivi de ce ratio sur les 10 dernières années.

A mon sens c’est un exemple de plus qui montre que les associés ont en pratique très peu de pouvoir sur la gestion de leur scpi (car ils n’assistent pas aux AG, car les assureurs sont de plus en plus présents etc…).

J’ai pris cet exemple pour expliquer le cas de Corum où on ne parle pas bien sûr des intérêts mais de la plus-value de la vente des immeubles qui est distribuée. Si je raisonne bien, cette plus-value, si elle n’était pas distribuée, elle ne devrait pas rapporter de nouvelles plus-values et ne devrait pas augmenter non plus le loyer de cet immeuble. C’est un gain latent jusqu’au jour où on vendra nos parts et constater la plus-value.

J’essaye de raisonner très simplement pour mieux comprendre:
J’achète un immeuble à 100€ qui me rapporte disons 5%/an.
Je ne décote ni sur-cote le prix de mon immeuble. J’essaye de rester sur le prix réel.
L’année d’après l’immeuble vaut 120€.
Je vends l’immeuble et j’encaisse la plus-value de 20€.
Avec les 100€ restants je vais ré-investir dans un nouvel immeuble.
Si à ce moment-là il y a un nouvel entrant, il paye aussi 100€ et nous investissons ensemble les 200€ dans un nouvel immeuble qui vaut 200€ avec un rendement quelconque qu’on va partager avec le nouvel arrivant.
C’est un peu trop simplifié mais je pense que cela montre la différence de stratégie entre Corum et les autres SCPI.
Est-ce que je me trompe?

Cela peut aussi être le signe d’une gestion prudente. Face à une montée en flèche de l’immobilier, les gestionnaires préfèrent être prêts à affronter une baisse importante.

Je trouve que pour les SCPI investies en région parisienne, c’est très rassurant.

Tout en étant d’accord sur le point qu’il serait plus transparent, on peut aussi dire que cela est déjà la situation actuelle à +/- 10 % car si écart supérieur il faut ajuster le prix de la part.

Donc, au maximum, les SCPI peuvent gonfler leur rendement de 10% avec une décote de 10% par rapport aux prix de reconstitution.

Le point positif est que si l’information est publique, en prenant des SCPI avec une décote proche de 10%, le prix de la part peut rester stable face à variations du marché immobilier proches de -20%. Cela peut être rassurant pour les épargnants.

Selon l’information fournie par Linxea il y un ou deux mois:

Épargne Foncière est a une décote de 9%
Épargne Pierre est a une décote de 7%
Pierval Santé est a une décote de 5%

Personnellement, puis que l’information est connue, je sais que le rendement est « gonflé » (jusqu à 9% comme vous pouvez voir) mais cela ne m’empêche pas d’investir dans ses SCPI. De fait, je vais renfoncer mas position sur les deux premières.