Lithium, la recette secrète d'Eramet

Lithium, la recette secrète d’Eramet

Le groupe a mis au point un procédé pour extraire un lithium ultra-pur des déserts de sel d’Amérique du Sud. Et en un temps record.
Dans le « triangle du lithium », vaste zone mordant sur le Chili, l’Argentine et la Bolivie qui abrite plus de la moitié des ressources mondiales, le métal est extrait des lacs salés desséchés par évaporation. Cette méthode ne « cochait pas les cases vertes qu’Eramet avaient en ligne de mire », glisse Fabien Burdet, le chef de département hydrométallurgie.

A Trappes, dans les Yvelines, au centre d’innovation de la société - nouvellement rebaptisé Eramet Ideas -, ingénieurs et techniciens ont travaillé plusieurs années à mettre au point un autre procédé d’extraction sur mesure. De leurs travaux avec l’IFP Energies Nouvelles (IFPEN) est né un matériau actif « secret » dont les chercheurs veulent « taire le nom ». Ces « granulés magiques » comme ils les surnomment, multi-brevetés, permettent à travers des colonnes de filtrer la saumure qui a été pompée à 250 mètres de profondeur sous le salar, de la purifier, et de capter le lithium qu’elle contient.

Lithium ultra-pur

Une dizaine d’étapes sera nécessaire pour passer de 0,5 gramme de lithium par litre à 35 grammes. « Tout le procédé repose sur la nécessité d’obtenir du lithium ultra-pur, à plus de 99 %, pour que les batteries au lithium-ion soient de haute qualité », explique Fabien Burdet. Il permet aussi de récupérer 85 % du lithium, là où l’on en ramasse 40 % à 50 % par évaporation naturelle. Eramet assure qu’il pourra ainsi pomper deux fois moins de saumure pour un résultat identique, tout en réinjectant l’eau dans le salar.

La prouesse réside enfin dans l’énorme gain de temps. Car ce carbonate de lithium - qui, pour un oeil néophyte, ressemble à s’y méprendre à du sucre glace - peut être extrait en une semaine, quand il faut… un an et demi avec la méthode traditionnelle.
Eramet ne compte pas s’arrêter là. Son nouveau procédé va être testé en Alsace dans le cadre du projet européen EuGeLi (pour European Geothermal brines Lithium), qui réunit l’IFPEN, BASF, le BRGM ou PSA. L’idée est d’arriver à extraire le métal contenu dans les sources d’eau très chaude du bassin rhénan . Un lithium qui serait là 100 % « made in France ».

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