Les atouts de la pierre papier [1/3]
Mettre de l’immobilier dans son assurance vie, c’est possible et rentable sous certaines conditions. Cap sur les SCPI.
Les SCPI, un investissement dans la durée
Mode d’emploi. Avec une Société civile de placement immobilier (SCPI), au lieu de réaliser une acquisition immobilière en direct, vous souscrivez des parts auprès d’une société qui assume la fonction de gestion immobilière et les contraintes s’y rattachant. Sachant que les biens achetés sont souvent de l’immobilier de bureau et des murs de commerces, plus rentables que l’immobilier d’habitation. Fondamentalement, c’est un placement fait pour percevoir des revenus réguliers, idéal pour compléter sa retraite. La façon standard d’investir en SCPI est d’y souscrire en direct par un achat comptant ou à crédit pour se constituer un patrimoine, les revenus de la SCPI venant rembourser l’emprunt. Mais il est aussi possible d’acheter des parts dans une assurance vie (impossible à crédit dans ce cas), à charge de trouver un contrat en proposant.
Avantages et inconvénients.
Globalement, les Français trouveront dans les SCPI un produit d’épargne concret, proche de l’économie réelle, avec un potentiel de revalorisation important. Autre point rassurant : les réserves des SCPI sont confortables. Bref, les fondamentaux de ce placement restent bons. Pourquoi y recourir dans l’assurance vie ? Outre de bons niveaux de performance (plus de 4 % net ces dernières années), les revenus fonciers ne seront pas taxés car conservés dans le contrat pour être réinvestis en parts de SCPI ou placés sur le fonds en euros. Autre avantage : le prix des parts est souvent réduit par l’assureur, qui applique une décote de 2 à 4 % en général, ce qui pour un même montant, permet d’acheter plus de parts de SCPI qu’en direct. Et le rendement affiché des parts, calculé sur le prix de la SCPI avant décote, sera in fine plus élevé avec l’assurance vie. Troisième atout : le délai de paiement (dit de jouissance) des loyers est plus rapide en assurance vie, souvent le premier mois suivant l’investissement, alors qu’il faudra attendre jusqu’à un semestre avec une SCPI en direct. Attention au revers de la médaille. Les frais des SCPI sont élevés (autour de 10%, intégrés dans le prix, pris au moment de la revente des parts), ce qui nécessite de conserver ce placement au moins 8 années pour les amortir et en tirer tous les fruits. S’y ajoutent les frais de l’enveloppe assurance vie (0,5 à 1 % par an, qui réduisent la performance). Autre biais : certains assureurs se servent sur les revenus détachés par la SCPI, jusqu’à 15 %, réduisant sa performance finale.
Le point sur l’offre.
Seule une trentaine de SCPI sur plus de 200 sont actuellement proposées via l’assurance vie. Selon les référencements de l’assureur, un contrat pourra en contenir une vingtaine au mieux. L’offre est très variable selon les réseaux de distribution et les choix stratégiques de la compagnie d’assurances. Pour avoir du choix, cap doit être mis chez les courtiers du Net ou les CGP. Mais pas de précipitation ! Avant de souscrire, passez au crible l’étendue des SCPI proposées, les frais du contrat, la qualité du fonds en euros et des autres solutions d’investissement, etc. Prenez le temps de lire les conditions générales du contrat (ou les avenants liés aux SCPI) pour savoir si l’assureur va redistribuer 100 % du revenu procuré par la SCPI. Si un délai de jouissance est appliqué ou non. Si les revenus de la SCPI seront réinvestis sur le fonds en euros ou dans la SCPI. Si les montants d’investissement sont plafonnés. Si elle est labellisée ISR (28 SCPI l’étaient à fin juin 2022), etc.
Le coin des chiffres
4,49 %, tel fut le taux de distribution moyen des SCPI pour 2021 selon les données de l’Aspim, après 4,30 % en 2020. On n’en attend pas vraiment moins pour 2022. Dans le détail, ce sont les SCPI de logistiques et locaux d’activité qui ont affiché le rendement moyen le plus élevé, à 5,67 %, suivi des SCPI diversifiées (5,38 %). Au bas de l’échelle, les SCPI « hôtel, tourisme, loisirs », avec un taux de distribution de 2,85 %, logiquement affectées par la crise sanitaire. Nouvelle marotte des épargnants depuis quelques années, les SCPI recueillent toujours plus d’épargne. En 2021, la collecte nette (collecte brute moins les rachats) a été de 7,42 milliards, soit le deuxième meilleur montant de l’histoire de ce placement. Fin 2021, la capitalisation des SCPI avait atteint 78,6 milliards. Pour mémoire, elle était de 24,8 milliards fin 2011.
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