J’ai trouvé l’article suivant intéressant.
Mais attention ! Je m’intéresse au sujet et j’ai investi dans un fond spécialisé « énergie », peut-être que je recherche une confirmation (le fameux biais psychologique bien connu des « marketeurs » financiers) à ce qui peut apparaître comme un mauvais choix (-11% so far, avec un plus bas à -25%) ? Donc, je ne conseille surtout pas, mais j’attends vos commentaires impartiaux (merci d’avance) sur ce sujet :
Article de notre bien connu L.Abadie (plus « bear » que toi …) : Où vont les prix du pétrole ?
Mise en ligne le : lundi, 06 avril 2015 07:07 Audience de l’article : 1012 lectures
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Voici un article qui vous permettra de comprendre un peu mieux le fonctionnement du marché pétrolier aujourd’hui :
Les prix du pétrole se sont crashés brutalement au second semestre 2014 et au début 2015 pour rejoindre un range compris entre 40 et 50$ / baril sur le WTIC américain.
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Les causes de cet effondrement sont connues :
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Le développement du pétrole de schiste aux USA a ajouté environ 4 millions de barils par jour en 4 ans à l’offre mondiale, auxquels il faut ajouter le développement d’autres projets de pétrole « non conventionnel » (notamment les sables bitumineux canadiens) pour 1 à 1,5 millions de barils.
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Face à cette hausse de l’offre l’Arabie-Saoudite a décidé de lancer une guerre des prix en maintenant une production élevée, à la fois pour des raisons économiques (défendre sa part de marché et bloquer le développement du pétrole de schiste américain) et politiques (mettre en difficulté des pays pouvant menacer son influence, en particulier l’Iran ).
Que peut-on attendre à présent du prix du pétrole dans les années à venir ?
Pour répondre à cette question, il faut d’abord rappeler quelques caractéristiques de base du marché du pétrole et nous commencerons par un peu de théorie :
Il y a deux niveaux de prix marginaux sur le pétrole :
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Le premier niveau est le coût de production global, qui intègre les investissements (capex) et les coûts de production opérationnels (opex) après investissement.
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Le second niveau est le coût de production opérationnel seul (opex).
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Si le prix de vente est supérieur aux (opex + capex), les opérateurs investissent dans de nouveaux projets et maintiennent les projets déjà réalisés en production. L’offre augmente alors tant que de nouvelles réserves sont découvertes et mises en valeur à un rythme suffisant.
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Si le prix de vente est compris entre les opex et les capex, les opérateurs n’investissent plus dans de nouveaux projets (trop coûteux), mais ont intérêt à maintenir en production les champs existants. L’offre va alors diminuer très lentement au rythme de la déplétion des puits et le prix reste contrôlé par la demande, au moins à court terme.
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Si le prix de vente est inférieur aux opex, les opérateurs ont alors intérêt à couper immédiatement la production des champs existants. L’offre diminue alors rapidement jusqu’à un rebond du prix.
Le marché était jusqu’ici contrôlé par la demande plus que par l’offre : l’OPEP a montré son incapacité sur les dernières décennies à réguler l’offre, et les coûts d’extraction (opex), une fois les investissements nécessaires à la production (capex) réalisés sont suffisamment bas pour que les producteurs aient intérêt à continuer à pomper malgré la chute des prix :
Seuls 400 000 barils/j sur les 91 millions ont un coût d’extraction supérieur à 45$/baril, chiffre qui passe à 1,4 millions à 40 $ (lien), et il faudrait passer sous les 35 à 40$ pour voir une part importante de la production mondiale présenter des opex supérieurs au prix de vente (donc inciter les producteurs à couper immédiatement leur production).
Au dessus de 35 à 40$, l’offre en pétrole pouvait donc être considérée comme incapable de s’ajuster rapidement aux prix, ce qui explique les fortes variations du prix du pétrole depuis des décennies.
Mais le pétrole de schiste a en partie modifié la donne à cause de ses caractéristiques très particulières :
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Un puits de pétrole classique voit son niveau de production décliner très lentement, au rythme de quelques % par an. Ce rythme peut d’ailleurs être boosté temporairement par certaines techniques (injection d’eau).
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Un puits de pétrole de schiste se comporte de façon radicalement différente, avec un déclin (dépletion) très rapide de la production (qui atteint 70% en un an).
Cette dépletion rapide des puits de pétrole de schiste fait que la production devient beaucoup plus sensible aux prix que pour les autres types de pétrole : Pour compenser la déplétion, le producteur doit en effet forer constamment de nouveaux puits, ce qu’il n’a plus intérêt à faire si les prix du pétrole sont inférieurs aux coûts globaux (opex + capex). Ces coûts sont estimés actuellement dans une fourchette allant de 35 à 75-80$ / baril selon les champs considérés (vous trouverz plus de chiffres ici), ce qui signifie qu’à 45$/baril, une bonne partie des opérateurs n’a plus intérêt à forer, et que la production devrait commencer à décliner dans moins d’un an.
Le nombre de rigs de forage américains confirme largement cette prévision (avec un temps de latence de quelques mois), passant de 1900 à moins de 1100 en moins de 6 mois : Les opérateurs sont en train de ralentir très fortement leur rythme de forage de nouveaux puits.
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Jusqu’ici la production américaine n’a pas encore décliné : la baisse du nombre de rigs est en effet très récente, et la déplétion des anciens puits n’a pas encore produit son effet. Mais il est pour moi probable qu’on observera dès la fin 2015 le début de la baisse de production pétrolière aux USA (même si les opérateurs tentent de s’adapter en se concentrant sur les parties les plus rentables et les plus faciles à exploiter de leurs champs, solution qui n’est pas durable, et améliorent la productivité de leurs techniques de forages).
Voyons à présent la demande mondiale (graphique : indexmundi.com)
oil consumption
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Depuis 30 ans, la consommation mondiale de pétrole augmente très régulièrement d’en moyenne 1 millions de barils / j chaque année (les prévisions de l’EIA pour les prochaines années correspondent toujours à ces chiffres). Même une grande crise d’ampleur mondiale comme celle de 2008-2009 a eu au final un impact assez modeste sur cette consommation.
Cela signifie que la totalité de la « révolution du shale oil » américain (4 millions de bpj) couvrira seulement 4 ans de hausse de la demande mondiale, et que l’excès de production actuel ne devrait pas durer très longtemps, surtout si la production américaine rechute (comme je l’attend) à cause du niveau actuel des prix, à moins d’une récession mondiale de grande ampleur.
Le plus probable est donc que les prix rebondissent dans les années à venir.
En résumé, il y a quatre niveaux de prix à retenir pour le pétrole :
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En dessous de 35-40$, on passe sous les opex d’une part suffisamment importante des puits en production pour faire chuter rapidement la production pétrolière. Ce serait un niveau insoutenable sur le moyen / long terme et une opportunité d’investissement exceptionnelle sur les valeurs pétrolières.
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Entre 40 et 65$, une part significative du pétrole de schiste américain et des nouveaux projets en pétrole non conventionnels n’est plus rentable, ce qui tendra à faire baisser la production US pendant que la demande mondiale progresse. C’est un niveau de prix qui a peu de chance de se maintenir au delà d’1 à 3 ans (sauf récession mondiale de grande ampleur), donc une bonne opportunité d’investissement sur le secteur du pétrole pour le long terme.
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Entre 70 et 90$, la majorité des projets en pétrole de schiste et pétrole non conventionnels passe juste au dessus des seuils marginaux de rentabilité. C’est sans doute le niveau de prix normal auquel devrait se trouver le pétrole aujourd’hui.
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Au dessus de 90$, la quasi totalité des projets en pétrole non conventionnel deviennent très rentable et stimulent la croissance de l’offre. C’est un niveau de prix auquel se trouverait le pétrole en cas d’accélération de la croissance mondiale, ou temporairement en cas de déficit d’offre après une implosion de l’industrie du pétrole de schiste américain si les prix bas actuels se maintiennent plusieurs trimestres d’affilée.
Enfin, ces seuils correspondent aux données de 2015, mais auront tendance à progresser dans les années à venir avec la hausse de la demande mondiale (à moins d’une innovation de rupture sur les techniques de forage et d’extraction), parce que les découvertes en pétrole conventionnel à bas coût d’extraction ne couvrent plus la déplétion des puits existants et la hausse de la demande, et que les nouveaux barils viendront de plus en plus à l’avenir du pétrole non conventionnel.