L'assurance-vie rapporte de moins en moins:

L’assurance-vie rapporte de moins en moins:

L’Afer, dont le contrat fait référence, a rémunéré à 3,45% l’épargne de ses 710.000 adhérents l’an dernier. Mai elle fait figure d’exception: les rendements de la plupart des compagnies ont baissé et beaucoup sont tombés sous la barre des 3%.

Depuis quelques semaines, les assureurs commencent à dévoiler les taux auxquels ils vont rémunérer l’épargne de leurs clients placée en assurance-vie pendant l’année 2012. Le taux du contrat de l’Afer, annoncé à la mi-journée, est une très bonne surprise. Il s’élève en effet à 3,45%. Le contrat réussit ainsi à faire un peu mieux que l ‘année précédenter (3,43%).

La Maaf a réussi à maintenir le même rendement qu’en 2011 (3,20% pour le contrat Winalto) mais la plupart des compagnies annoncent des taux en recul de 0,10% à 0,20% par rapport à l’année précédente. Une lente érosion qui n’empêche pas les meilleures de camper au dessus de la barre des 3%: 3,50% à la MASCF, 3,33% ou 3,21% à SMAvie BTP selon les contrats, 3,40% ou 3,15% à la Matmut, 3,05% à la GMF…

D’autres hésitent: Axa France est passé sous les 3% (2,90%), mais offre un bonus à certaines conditions, qui peut faire remonter la rémunération à 3,05% voire 3,50%. D’autres font le tri entre les contrats: ils annoncent encore 3% ou plus sur les assurances-vie «haut de gamme», mais moins sur les contrats «grand public», ou ceux qui ne sont plus commercialisés.
Le rendement moyen 2012 sous les 3 %
Les assureurs les plus prompts à annoncer leurs taux en début d’année sont aussi traditionnellement ceux qui ont les contrats les plus performants. Vers la fin janvier, les derniers à publier leurs chiffres seront probablement moins généreux. Au final, le rendement moyen des contrats d’assurance-vie, qui s’élevait à 3% en 2011, devrait glisser sous ce seuil.

Pourtant, 2012 n’a pas été une mauvaise année. «En 2011, le défaut de la Grèce avait pesé sur les comptes de beaucoup d’assureurs. En 2012, ce n’est plus cas et nous avons de surcroît bénéficié du rebond de la Bourse, qui a généré des plus-values sur l’année», explique Didier Ledeur, directeur général de GMF Vie. Même si les taux d’intérêt sont restés faibles, si les assureurs ont souffert de voir l’emprunt d’État français à 10 ans, une valeur sûre, rapporter moins de 2%, entraînant à la baisse aussi les rémunérations des obligations d’entreprises, ils auraient même parfois pu offrir de meilleurs rendements à leurs clients.

Certains ont préféré mettre de l’argent de côté pour préparer l’avenir, comme la GMF qui a augmenté ses réserves (elles représentent aujourd’hui 1,6% de rendement à distribuer aux assurés au cours des prochaines années) ou ACMN Vie. D’autres ont estimé leurs réserves suffisantes, ne les ont pas alimentées, mais n’y ont pas ou peu puisé, comme Maaf ou MACSF.
De précieuses réserves
Pour beaucoup, garder des munitions est une priorité, pour soutenir si besoin les rendements des prochaines années. La faiblesse des taux d’intérêt sur les marchés les inquiète. Tout comme le risque de les voir remonter un jour trop vite, ce qui permettrait à d’autres placements d’offrir des taux plus séduisants que les vieux contrats d’assurance-vie. Beaucoup cherchent d’ailleurs à diversifier leurs investissements comme la Maaf. «Nous avons saisi l’opportunité de renforcer nos placements en actions», explique Étienne Couturier, directeur général.

Surtout, les assureurs n’ont aujourd’hui guère besoin de faire des efforts sur leurs rendements pour attirer les épargnants. La concurrence du Livret A s’atténue, puisqu’il va tomber à 1,75%. Les avantages de l’assurance-vie sont sortis presque indemnes des réformes fiscales successives. Et si beaucoup d’assureurs veillent à continuer à collecter (obtenir des versements supérieurs aux retraits), ils n’ont pas forcément envie d’attirer trop de capitaux frais. «Nous avons l’an dernier, jusqu’à l’automne, choisi de limiter nos actions commerciales auprès des clients pour ne pas enregistrer une trop forte collecte. Nous aurions eu des difficultés à investir sur les marchés financiers dans de bonnes conditions», souligne Marcel Kahn, directeur général de MASCF, soucieux de «ne pas diluer le rendement».

Les épargnants sauront aussi faire leurs comptes. «En 2011, l’assurance-vie avait rapporté 3% en moyenne, mais en ôtant les prélèvements sociaux, elle faisait seulement jeu égal avec une inflation à 2,12%. En 2012, même à moins de 3%, elle préserve bien les intérêts des épargnants, face à une inflation tombée autour de 1,3% en fin d’année», relève Hervé Bouclier, directeur général d’ACMN Vie.