Le trésor de guerre de l’assurance-vie fait saliver les économistes de Bercy. Et c’est normal ! Avec 1 265 milliards d’euros déposés, c’est le premier placement en France en valeur. Un succès qui ne se dément pas, notamment avec la baisse du Livret A. Sur les deux premiers mois de 2010, la collecte de l’assurance-vie a ainsi progressé de 16 % à 27 milliards d’euros. Le rendement net qui s’est affiché à 2,6 % en 2009 a en effet attiré les déçus du livret.
Mais la chasse aux niches fiscales que lance le Premier ministre, François Fillon, fait trembler les cinq millions de détenteurs d’assurance-vie. Les solutions risquent d’être radicales puisque Jacques Attali proposait ni plus ni moins que de reculer le premier palier d’exonération des plus-values à quinze ans (avec plein effet à vingt ans) contre huit ans actuellement. La commission des Finances de l’Assemblée nationale réfléchit quant à elle à un plafonnement global des avantages fiscaux consentis aux ménages dans le cadre de l’assurance-vie. L’idée de faire subir aux comptes en euros les prélèvements sociaux (11 % entre CSG et CRDS) chaque année et pas uniquement à la fin du contrat fait aussi son chemin.
un énième livret Si ces réformes parviennent à voir le jour, il y a fort à parier que les Français se détourneront de ce placement pourtant beaucoup utilisé pour financer un complément de retraite. C’est ce que cherche à faire le gouvernement puisque Christian Estrosi, le ministre de l’Industrie veut « réorienter » 150 à 250 milliards d’euros de l’assurance-vie vers le financement de l’industrie. L’idée est de créer un livret d’épargne industrie afin d’accompagner les « PME qui souffrent » car, selon lui, les banquiers ne jouent pas le jeu. Idée étonnante alors que dans le paysage bancaire il existe déjà le livret de développement durable (LDD), ancien Codevi créé en 1983, qui est censé financer la création et le développement des petites et moyennes entreprises. Le LDD deviendrait Livret de développement durable et de l’industrie (LDDI). Un de plus !