Chine : Le moment dây retourner ? Danger ou opportunitĂ© ?
Publié le mardi 26 octobre 2021
Tour de vis rĂ©glementaire, essoufflement macro-Ă©conomique, Evergrande : la Chine est actuellement source dâinquiĂ©tudes.
Eléments de réponse avec Haiyan Li-Labbé, gérante de Carmignac China New Economy
Selon la gĂ©rante, il est important de comprendre la Chine pour faire de la sĂ©lection de valeurs chinoises. Lâaspect financier est Ă©videmment important mais les Ă©lĂ©ments de contexte le sont tout autant.
Le contexte actuel est plutĂŽt source dâopportunitĂ©s avec des valorisations attractives. De plus, le stress est plutĂŽt derriĂšre nous. Selon Haiyan Li-LabbĂ©, Evergrande nâest pas le nouveau Lehman. Tout dâabord, cette sociĂ©tĂ© ne reprĂ©sente que 2-3% des dettes du secteur immobilier chinois et seulement 0.1% des dettes bancaires. De plus, lâeffet domino semble peu probable. Dâun cĂŽtĂ©, cette situation est pilotĂ©e par le gouvernement chinois. De lâautre, la majoritĂ© des sociĂ©tĂ©s immobiliĂšres chinoises sont dans les bornes fixĂ©es par le gouvernement (les 3 lignes rouges). La gĂ©rante ne voit donc pas une aggravation de la crise, ni de contagion au secteur bancaire. Attention, le secteur immobilier sera touchĂ©. On prĂ©voit -10% de ventes immobiliĂšres en 2022. Il est certain quâil y aura un impact sur la croissance, mais pas de krach.
Concernant le tour de vis rĂ©glementaire, la gĂ©rante fait remarquer quâil nây a pas eu de nouvelle rĂ©glementation depuis lâĂ©tĂ© et que le pire semble ĂȘtre derriĂšre nous.
Autre sujet de controverses : les tensions Chine/US. LĂ non plus, Haiyan Li-LabbĂ© ne croit pas Ă une escalade. Les US ont besoin que la Chine achĂšte des obligations souveraines amĂ©ricaines. Tant que la Federal Reserve achetait des Treasuries, la situation Ă©tait bĂ©nigne pour le trĂ©sor amĂ©ricain. Toutefois, avec le tapering, Janet Yellen a besoin dâun acheteur complĂ©mentaire. « Elle a surtout besoin que la Chine ne vende pas des Treasuries » souligne la gĂ©rante.
Enfin, dernier point de crispation pour les investisseurs : le statut des ADR (actions « miroir » de sociĂ©tĂ©s chinoises cotĂ©es aux US). Haiyan Li-LabbĂ© ne pense pas que ces titres peuvent ĂȘtre forcĂ©s Ă se retirer de la bourse amĂ©ricaine pour la majoritĂ© dâentre eux, comme certains le craignent. Elle sâattend Ă des accords de haut niveau entre US et Chine sur ce point. Elle y trouve mĂȘme une source dâopportunitĂ©s. Ainsi, de maniĂšre trĂšs contrariante, la gĂ©rante a 50% dâADR dans son fonds. Elle a Ă©galement 40% dâactions chinoises cotĂ©es Ă Hong Kong, soit un contrepied par rapport aux autres fonds qui mettent en avant les actions « on shore » cotĂ©es Ă Shenzhen/ShanghaĂŻ.
Parlons maintenant de Carmignac China New Economy, fonds relativement peu connu de la gamme Carmignac. Celui-ci a Ă©tĂ© créé afin dâextraire la valeur du « stock picking » actions Chine fait par Haiyan Li-LabbĂ© dans Carmignac Emergents, Carmignac Investissement ou encore Carmignac Patrimoine. En effet, lâhistorique reconstituĂ© de performance est impressionnant et certains clients ont demandĂ© Ă avoir un fonds pur sur cette thĂ©matique.
Lorsquâon demande Ă la gĂ©rante de dĂ©crire son fonds, elle met en avant lâaspect fonds de conviction, trĂšs Ă©loignĂ© de son indice (pas de gĂ©ant Internet). Il se veut trĂšs flexible entre les diffĂ©rentes places de cotation (Hong Kong, Shenzhen/ShangaĂŻ, ADR). Par ailleurs, le fonds est trĂšs orientĂ© nouvelles technologies selon 4 axes : innovation technologie (cloud, Ă©quipements technologiques), nouveaux modes de consommation (commerce en ligne, divertissement), transition Ă©cologique et innovations mĂ©dicales.
Pour conclure, Haiyan Li-LabbĂ© met une fois de plus en avant, les fortes dĂ©cotes que lâon peut avoir sur certains titres en ce moment. La pĂ©riode est, certes, troublĂ©e, mais les opportunitĂ©s sont prĂ©sentes.