CAC 40 : QUELLES ONT ÉTÉ LES PIRES ANNÉES POUR LES GRANDES PLACES BOURSIÈRES DEPUIS 1900?
Aujourd’hui à 07:00
Les différents marchés ont connu des années difficiles en 2008 ou en 1933
(BFM Bourse) - Dans une récente étude publiée fin février, Credit suisse a dressé un bilan des performances boursières des grandes places depuis l’aube du XXe siècle, relevant également pour chacune leur pire et leur meilleure année.
C’est une petite mine d’or que publie chaque année la banque helvétique Credit Suisse, avec une nouvelle édition de son « Global Investment Returns Yearbook », dévoilée fin février. Ce document se penche notamment sur l’évolution des principales places boursières depuis… 1900.
Car les places financières avaient déjà un certain âge à l’aube du XXe siècle. La Bourse d’Amsterdam existait depuis près de 300 ans, celle de Londres plus de 200 ans. En France, la première Bourse à avoir été créée était celle de Lyon, en 1540, tandis qu’en 1563, Paris a accueilli une « place commune des marchands ». La création légale de la Bourse de Paris, remonte à 1724 via un édit royal.
En 1900, le paysage des marchés mondiaux s’avérait radicalement différent. Le Royaume-Uni, première puissance économique de l’époque, concentrait 24% de la capitalisation boursière, devant les États-Unis (15%), l’Allemagne (13%), la France (11,2%) et la Russie (6%). En comparaison, début 2023, les États-Unis concentraient 58,4% de la capitalisation mondiale, loin devant le Japon (6,3%), le Royaume-Uni (4,1%), la Chine (3,7%) et la France (2,8%), selon les sources compilées par Credit Suisse.
La France pas dans les meilleurs élèves sur le long terme
La banque a aussi regardé les différentes performances des grandes bourses mondiales depuis 1900, soit sur du (très) long terme. Sur une vingtaine de pays, où les actions ont-elles enregistré leurs meilleures performances sur cette longue période?
Selon les données de Credit Suisse, il faut regarder du côté de l’hémisphère sud. Les actions de l’Afrique du Sud arrivent en tête avec un rendement moyen historique réel par année – corrigé de l’inflation donc – de 7%, suivi de l’Australie (6,7%), des Etats-Unis (6,38%) et de la Nouvelle-Zélande (6,1%).
La France (3,4%) ne se situe pas dans le bon wagon même si elle devance l’Allemagne (3,1%). « Les rendements à long terme des actifs français ont été décevants. La France se classe dans le quartile inférieur [les moins bons 25%, NDLR] des pays affichant un historique de performance complet pour les actions et les bons du Trésor », souligne Credit Suisse. « À noter néanmoins que les périodes d’inflation et les mauvaises performances remontent à la première moitié du XXe siècle et sont liées aux deux guerres mondiales. Depuis 1950, les actions françaises ont dégagé des rendements classant la France dans la moyenne », poursuit la banque.
1954, la meilleure année pour la Bourse française
L’autre point intéressant est que Credit Suisse a également recensé les meilleurs et les pires années des différents marchés depuis 1900. Pour beaucoup il n’y a pas de grande surprise: il s’agit de 2008 avec la faillite de Lehman Brothers qui a entraîné la grande crise financière. C’est le cas de la Bourse de Paris, qui a accusé une baisse de 41,5% cette année-là .
En revanche, aux Etats-Unis, il s’agit de 1931, avec une chute de près de 39% des indices actions américains, année de grande dépression économique avec des faillites bancaires. Le marché américain connaissait alors un grand mouvement de chute qui avait débuté avec le fameux krach d’octobre 1929. Un rebond de 56% s’observera néanmoins en 1933, la meilleure année des marchés américains.
Du côté du Royaume-Uni, le pire plongeon s’est produit en 1974, avec une baisse de 56,6%, l’économie britannique étant alors plombée par le plongeon de la livre, une crise bancaire, et la crise pétrolière. Ce qui sera toutefois suivi d’un rebond de près de 99% l’année suivante, selon Credit Suisse.
Pour l’Allemagne, le plus grand effondrement a eu lieu en 1948 (-91%), année où le pays a été séparé en deux, avec d’un côté la République fédérale d’Allemagne et de l’autre la République démocratique, sous la sphère d’influence de l’URSS. Mais cette chute a été suivie d’une reprise de 155% en 1949, la meilleure de l’histoire allemande.
Quant à la France, la meilleure année pour la Bourse de Paris date, selon les données de Credit Suisse, de 1954 avec un bond de 66,1%. Comme l’explique une étude de 1995 par des économistes de l’Institut orléanais de Finance, la Bourse de Paris a connu entre 1950 et avril 1962 une forte progression qui accompagnait la croissance économique du début des Trente Glorieuses, bien qu’entrecoupée de légère période de stabilisation voire de baisses.
L’économie française avait dû faire face à de fortes inflations, qui ont néanmoins été suivies de phase de stabilisation grâce notamment à l’intervention du brillant ministre de l’Économie et des Finances de l’époque, Antoine Pinay.
« Cette longue période de hausse accompagne et suit l’utilisation de la Bourse par les entreprises pour financer leurs investissements. Entre 1949 et 1959, le nombre annuel d’émissions d’actions a été multiplié par sept les montants investis par trois », soulignaient les auteurs de cette étude. La Bourse de Paris connaîtra ensuite une « traversée du désert » de 1962 à 1978, durant laquelle le recours à la Bourse par les sociétés sera bien moindre.
Julien Marion - ©2023 BFM Bourse