Intelligence Artificielle

Dans quoi les fonds d’actions IA investissent-ils réellement? Regardons de plus près
Le terme est devenu omniprésent ces dernières années, mais où l’argent intelligent des fonds d’intelligence artificielle met-il son argent?

Chris Sloley
par CHRIS SLOLEY
Publié 26 FÉVRIER, 2021 À 09:53
Dans quoi les fonds d’actions IA investissent-ils réellement? Regardons de plus près
L’intelligence artificielle (IA) a pris de l’ampleur dans la conscience publique au cours de la dernière décennie et est devenue un domaine majeur d’investissement et d’intérêt. Mais, dans quoi les fonds dédiés à cet espace investissent-ils réellement et comment s’inscrit-il dans l’éthique de l’IA?

En examinant la section Actions - Robotique et IA nouvellement créée, Citywire Selector a ventilé les 10 principaux titres des cinq fonds les plus performants sur une base de rendement absolu sur trois ans jusqu’à fin janvier 2021.

Top performers sur trois ans jusqu’en janvier 2021

Directeur Fonds TR%
Sébastien Thomas Intelligence artificielle globale Allianz 141,0
Chris Ford / Timothy Day Intelligence artificielle Smith & Williamson 109,3
Rolando Grandi Intelligence Artificielle Echiquier / Robotique Echiquier 97,2
Jeffrey W. Lin / Thomas Lee Intelligence artificielle TCW 85,1
Peter Lingen Pictet-Robotique 67,5
Les cinq fonds ont des objectifs d’investissement similaires, tous les fonds ayant entre 70 et 100% de leur allocation se concentrant sur les entreprises bénéficiant ou développant les progrès de la robotique et de l’intelligence artificielle. Alors, qu’est-ce que cela signifie en termes de stocks?

Sur les 50 positions boursières visibles, en admettant qu’il puisse y avoir des allocations dans des positions plus petites dans tous les fonds, les allocations les plus importantes étaient au conglomérat multinational Alphabet et au géant de l’EV Tesla, qui étaient tous deux présents dans trois fonds, respectivement.

C’est alors qu’au moins deux des fonds étaient exposés au géant du commerce électronique Amazon, aux géants logiciels Microsoft et Apple, au réseau social Facebook, à la plate-forme de streaming Roku et à la société multinationale de technologie Nvidia.

Nvidia est une valeur aberrante en ce sens que l’entreprise est la seule à se commercialiser ouvertement en tant qu’entreprise d’IA parmi les autres, ce qui pourrait sans doute correspondre à une définition technologique plus large. La société de Santa Clara, qui a inventé l’unité de traitement graphique (GPU), est détenue dans les fonds LFDE Intelligence Artificielle et TCW Global Artificial Intelligence.

Alors, comment ces autres actions répondent-elles à la mission d’IA définie par les fonds qui y sont investis? Alphabet est peut-être mieux connue en tant que société mère de Google, mais elle cherche sans doute à redessiner le paysage de l’IA grâce à un développement et à des investissements à grande échelle.

Il l’a fait via Google lui-même - qui intègre l’intelligence artificielle dans une grande partie de ses activités - ainsi que des entreprises en propriété exclusive telles que l’entreprise de voiture sans conducteur Waymo et le laboratoire d’exploration DeepMind.

Alors que de nombreux investisseurs peuvent associer Alphabet au simple fait d’être un proxy de Google, la force sous-jacente de son IA en fait davantage un jeu pur pour les investisseurs axés sur l’IA qu’il n’y paraît à première vue.

Selon une étude menée par AI Multiple, elle a également réalisé de nombreux investissements en capital via Google Capital et Google Ventures. Forbes a également souligné comment l’innovation en matière d’intelligence artificielle est le moteur du développement de Google Cloud - son rival tant espéré d’Amazon Web Services.

Alors qu’un moteur de recherche peut avoir des liens AI clairs, un constructeur automobile est moins un saut évident. Tesla correspond au brief AI pour ceux qui le détiennent - TCW, Smith & Williamson et Allianz Global Investors - en raison de l’énorme puissance de calcul ajoutée aux véhicules Tesla.

Tesla a peut-être échoué dans sa promesse de commercialiser des voitures entièrement autonomes d’ici la fin de 2019, mais il a repoussé les limites de la technologie de conduite. Grâce à un rapprochement avec Nvidia, le stock détenu par deux des cinq principaux fonds, il a développé des puces intégrées à l’IA, puis a mis fin au partenariat pour terminer le processus par lui-même.

Ce développement est une étape cruciale dans le passage à la fabrication de voitures entièrement autonomes, qui, de l’avis de nombreux investisseurs, comme ARK Invest , seront cruciales pour perturber des marchés tels que l’industrie du covoiturage. Cela coïncide avec la poursuite de la collecte et de l’analyse des données pour améliorer encore les performances.

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Le potentiel remarquable de l’IA
Si la pandémie a accéléré en 2020 la digitalisation des entreprises, il reste du potentiel. Selon PwC, l’apport de l’IA à l’économie mondiale est estimé à plus de 15 000 milliards de dollars d’ici 2030.
Par Rolando Grandi, CFA, Gérant Echiquier Artificial Intelligence1, La Financière de l’Echiquier, Mai 2021

Les enjeux du monde post-Covid sont immenses. L’IA permet, selon nous, de construire le monde de demain grâce à l’optimisation des ressources. Dans tous les domaines, cette technologie universelle permet d’exploiter cet or digital de la quatrième révolution industrielle, et saura, nous en sommes convaincus, apporter des solutions aux plus grands défis du XXIe siècle. Pour les investisseurs avisés, cette thématique d’investissement est un terrain d’exploration passionnant, dont le potentiel reste prodigieux, notamment sur le front de la santé, ou de la cybersécurité, un marché estimé à lui seul en 2021 à 60,2 milliards de dollars2.

La cybersécurité, un marché en pleine effervescence
De plus en plus digitalisée, l’économie mondiale a vu l’émergence d’un nouveau risque, le cyber-risque, classé par le Forum Economique Mondial de Davos parmi les 5 risques mondiaux majeurs. Enjeu stratégique, la cybersécurité a généré une forte hausse de la demande. Les dépenses mondiales de logiciels et services de sécurité numérique devraient ainsi augmenter de plus de 8% par an en moyenne, pour peser plus de 170 milliards de dollars en 2024. De nouvelles opportunités d’investissement émergent, avec des valeurs comme OKTA3, leader de la nouvelle architecture Zero Trust Security, ou ZSCALER, leader de la cybersécurité cloud. Basée sur le cloud, cette plateforme de sécurité permet de gérer la sécurité de ses clients dans toutes leurs interactions avec le monde extérieur. Ses algorithmes d’IA s’alimentent des menaces détectées pour s’améliorer en permanence, connaissances que l’entreprise partage avec ses clients, un effet network qui renforce encore la proposition de valeur de la société.

La santé métamorphosée
Autre secteur qui se digitalise à vive allure, la santé. L’apport de l’IA infuse toutes les disciplines : biotechnologie, e-thérapie, épidémiologie, robotique chirurgicale, pharmacovigilance, télémédecine, etc.

La recherche médicale bénéficie elle aussi des progrès de l’IA, de la prolifération des données, du cloud computing et des cartes graphiques (GPU). Les ressources de calcul sont aujourd’hui accessibles à distance, grâce à des fournisseurs tels que AWS (AMAZON) ou AliCloud (ALIBABA). Ces nouveaux services intelligents évitent aux chercheurs de se doter de coûteux data centers pour faire fonctionner leurs modélisations moléculaires, et ainsi, par exemple, étudier le Covid-19.

Autre apport, les assistants virtuels qui révolutionnent l’accès à la médecine, à l’image de la plateforme connectée Good Doctor de PING AN HEALTHCARE & TECHNOLOGY. Grâce à ses algorithmes d’IA qui s’appuient sur plus d’un milliard de consultations réalisées à ce jour, l’entreprise chinoise réalise 903 000 téléconsultations par jour.

La Financière de l’Echiquier a lancé dès 2018 un fonds global tech dédié à l’IA, Echiquier Artificial Intelligence, qui a vocation à bénéficier de la croissance de l’IA en investissant dans le monde entier dans des valeurs qui développent ou adoptent cette technologie universelle. Une stratégie qui a porté ses fruits jusqu’à maintenant, avec une performance sur 1 an de +56,6% vs +32,2% pour son indice de référence, le MSCI ACWI NET RETURN, et de +105,5% depuis sa création en 2018 vs +40,2%4.

Les avantages concurrentiels de cette technologie sans frontière qu’est l’IA continueront, selon nous d’embarquer les industries internationales dans une course vers la digitalisation. Comme l’a dit le Fondateur et PDG de NVIDIA, Jensen Huang « nous sommes à l’aube d’une nouvelle ère dans laquelle l’IA propulse les secteurs allant de la santé et de la recherche scientifique, à l’environnement et au-delà ». En témoigne la forte croissance des sociétés d’IA dans les pays émergents qui eux aussi se lancent dans cette course vers l’avenir. L’ère de l’IA ne fait que commencer !

Les Chroniques de l’Intelligence Artificielle, par Rolando Grandi de La Financière de l’Echiquier…
Publié le 3 Mars 2021

La voiture du 21e siècle

Au 19e siècle, l’essor de l’industrie pétrolière et le développement du moteur à combustion ont engendré l’une des plus grandes révolutions économiques, technologiques et sociales de l’Histoire, ainsi que l’apparition de moyens de transports modernes : voitures, avions, bateaux à moteur thermique…

Icône de cette deuxième révolution industrielle qui a transformé le monde, la voiture, cet « objet parfaitement magique » a remplacé le cheval. Une banalité pour nous aujourd’hui, une mutation à l’époque. Les voitures se cassaient fréquemment, l’infrastructure était inexistante, l’essence rare et chère. C’est l’apparition du fordisme et le développement des infrastructures qui ont favorisé la percée de l’automobile dans le quotidien des populations. En l’espace de 10 ans, les villes se sont adaptées, reléguant les chevaux au rang de loisir.

A notre tour de vivre une révolution, celle du digital qui métamorphose l’économie grâce à l’avènement de l’Intelligence Artificielle (IA), qui impactera progressivement tous les secteurs. Nos voitures n’y échapperont pas, alors que la course à l’autonomie accélère.

WAYMO est aujourd’hui la société la plus avancée sur ce sujet, avec déjà plus de 32 millions de kilomètres effectués en conditions réelles et plus de 15 milliards de kilomètres virtuels. Cette filiale d’ALPHABET, société mère de GOOGLE, développe des taxis intelligents dépourvus de chauffeur humain et dotés d’une myriade de capteurs permettant à l’IA de piloter la voiture en toute sécurité. Aujourd’hui, à Phoenix, Arizona, vous pouvez les tester par vous-même ! Lors du dernier voyage de l’équipe de gestion à San Francisco en 2019, nous avons pu observer de nombreuses voitures autonomes sillonner la ville, où WAYMO propose depuis février 2021 un service de robots-taxis. D’autres marques comme ZOOX (rachetée par AMAZON) ou UBER (en cours de cession) sont en lice. Sans oublier APPLE, la plus grande entreprise du monde, qui développe des projets liés à la voiture autonome, et négocie avec des constructeurs automobiles coréens pour fabriquer leurs voitures autonomes.

Les bienfaits sont nombreux. Le désengorgement des villes en sera un majeur. En orchestrant le flux des voitures au sein des villes, le système devient plus efficient et devrait réduire drastiquement les bouchons. La sécurité devrait également y gagner. Les voitures pourront communiquer entre elles, les algorithmes d’IA devraient se révéler plus réactifs que l’être humain, ne seront jamais fatigués, ni distraits. Enfin, les conducteurs seront libérés de la conduite, transformant la voiture en espace de travail ou de détente. Ce qui explique les investissements massifs actuels dans l’infotainment, qui fera de la voiture un espace de convivialité avec musique, écrans et connectivité. Il n’est pas anodin qu’une société comme SAMSUNG ait acheté HARMAN KARDON en 2016 afin d’avoir un pied dans la voiture de demain et vous permettre de la contrôler via votre smartphone.

D’ici 2040, 55 millions de véhicules sans chauffeur devraient être en circulation le monde et leur adoption massive est prévue en 2050 selon le cabinet de conseil McKinsey. Le chemin est encore long, mais viendra le jour où chaque voiture devra être dotée d’un certain niveau d’intelligence pour avoir le droit de circuler.

Et comme pour les chevaux du XXe siècle, il y aura toujours à proximité des (smart) villes des circuits, où les passionnés de conduite pourront s’adonner à leur passe-temps favori.

Rédigé par Rolando Grandi, CFA, Gérant d’Echiquier Artificial Intelligence (+78,93% en 2020 et +5,76% YTD).