France Allemagne, le match retour
Le modèle économique et énergétique allemand, qui a permis à Berlin de régner sur l’Europe et d’imposer ses vues à la France, notamment sur la transition énergétique et l’avenir du nucléaire, est en lambeaux.
Fini le gaz russe abondant et relativement peu cher et fini la domination écrasante d’une industrie construite sur des exportations massives. Sa compétitivité est aujourd’hui gravement menacée. Et la réalité de la transition énergétique allemande, la fameuse Energiewende tant vantée par les écologistes et les technocrates bruxellois, apparait au grand jour. Les centaines de milliards d’euros investis dans les renouvelables ont eu un impact limité sur la baisse des émissions de gaz à effet de serre et ont renchéri considérablement les prix de l’énergie. Une PME allemande paye aujourd’hui son électricité quatre fois plus cher que son équivalent français.
La santé économique insolente de l’Allemagne a beaucoup fait parler ces dernières années. Industrie conquérante, balance commerciale largement excédentaire, elle avait de quoi faire des envieux. Mais le covid, la crise ukrainienne et l’échec de sa stratégie énergétique (Energiewende) font que ce tableau idyllique commence à se ternir.
Les bases de l’économie allemande reposaient sur plusieurs piliers, à commencer par l’accès à une énergie fossile abondante et peu chère. C’est dans ce contexte que Berlin n’a eu de cesse de développer ses liens avec Moscou, ce qui prendra notamment la forme de la construction du désormais célèbre gazoduc Nord Stream, entré en service en 2012, et de son grand frère, Nord Stream 2, qui devait entrer en service cette année…
La fin du gaz russe, abondant et relativement bon marché
Cela n’aura échappé à personne, l’explosion des prix du gaz dans un premier temps, puis le sabotage des deux gazoducs auront été comme des coups de poignard en plein cœur de l’économie allemande.
Car contrairement à la France, le pays ne dispose que de peu de marges de manœuvre. La fermeture de ses centrales nucléaires a renforcé la dépendance de sa production électrique au gaz et au charbon pour ses besoins de pilotable. Il n’y pas toujours de vent et de soleil. Et l’aveuglement à l’égard de la dépendance à l’approvisionnement au gaz russe, non sans parfois de sérieux soupçons de corruption, a été tel que l’Allemagne ne disposait tout simplement d’aucun terminal méthanier lui permettant de diversifier rapidement son approvisionnement avec du GNL (Gaz naturel liquéfié).
Une envolée des prix de l’énergie qui a effondré la compétitivité industrielle
Le modèle industriel allemand, notamment dans la chimie, la sidérurgie et l’automobile, extrêmement dépendant du gaz russe se retrouve aujourd’hui face à d’énormes difficultés