Climat

CLIMAT: LES GESTIONNAIRES DE FONDS ASSOIFFÉS DE PÉTROLE MALGRÉ LEURS PROMESSES, DÉNONCE UNE ONG

Parmi les gestionnaires, un certain nombre de groupes américains se distinguent par leurs importants investissements dans les entreprises pétrolières et gazières, comme le géant BlackRock
Des gestionnaires d’actifs du monde entier, dont l’américain BlackRock, détiennent plus de 400 milliards de dollars (plus de 360 milliards d’euros) d’investissements dans des producteurs d’hydrocarbures, en contradiction avec leurs engagements climatiques affichés, dénonce l’ONG Carbon Tracker dans une étude parue vendredi.

Les auteurs ont analysé les investissements de firmes financières qui comptent parmi les actionnaires de 15 grandes entreprises privées du secteur des hydrocarbures comme le britannique BP, l’américain ExxonMobil ou le français Total énergies.

Aucun de ces gĂ©ants des Ă©nergies fossiles n’est « alignĂ© Â» avec un objectif de limiter le rĂ©chauffement mondial Ă  1,5°C par rapport Ă  la pĂ©riode prĂ©industrielle, selon Carbon Tracker, qui prend comme rĂ©fĂ©rence l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris de 2015.

Le français Amundi épinglé
Parmi les gestionnaires, un certain nombre de groupes américains se distinguent par leurs importants investissements dans les entreprises pétrolières et gazières, comme le géant BlackRock (avec une valeur des actifs dans le pétrole et gaz de 116 milliards en 2022).

D’autres comme le français Amundi (12 milliards) sont Ă©galement Ă©pinglĂ©s. ContactĂ© par l’AFP, Amundi, qui gèrait 1934 milliards d’euros au 31 mars 2023, s’est dĂ©fendu en disant que son rĂ´le d’investisseur Ă©tait « aussi d’accompagner la transition de l’économie (…) vers un modèle plus durable, dĂ©carbonĂ© et inclusif Â», ce qui implique « d’accĂ©lĂ©rer la transition du secteur Ă©nergĂ©tique Â» en les poussant vers une « stratĂ©gie climat ambitieuse Â».

Les auteurs remarquent que bon nombre d’entre eux se sont pourtant officiellement engagĂ©s sur le front climatique, notamment en rejoignant la « Net Zero Asset Managers Initiative Â» (NZAM).

Cette dernière se donne pour objectif de « soutenir l’objectif de zĂ©ro Ă©mission nette de gaz Ă  effet de serre d’ici 2050 ou avant, en ligne avec les efforts pour limiter le rĂ©chauffement Ă  1,5°C Â». On y retrouve BlackRock, JPMorgan, UBS, Amundi, BNP Paribas ou encore Lazard.

Une exposition au secteur fossile qui progresse
Selon Carbon tracker, les 25 groupes financiers membres de la NZAM les plus exposés au secteur des hydrocarbures totalisent près de 417 milliards de dollars d’investissements dans le secteur pétrolier et gazier.

Carbon Tracker note que nombre d’entre eux ont même augmenté entre 2021 et 2022 leur exposition au secteur fossile, dont les bénéfices ont été gonflés depuis plus d’un an par la guerre en Ukraine.

Les gestionnaires membres de l’initiative NZAM « signalent au marchĂ© qu’ils vont investir en ligne avec l’objectif de l’accord de Paris de limiter le rĂ©chauffement Ă  1,5°C Â», remarque Maeve O’Connor, autrice du rapport.

Mais « s’ils investissent dans des entreprises du secteur pĂ©trolier et gazier qui ne sont pas alignĂ©es avec cet objectif, ils risquent leur rĂ©putation auprès des propriĂ©taires d’actifs qui se soucient de la question climatique Â», met-elle en garde.

« D’autres investisseurs peuvent aussi s’inquiĂ©ter de leur exposition aux risques liĂ©s Ă  la transition Ă©nergĂ©tique Â», ajoute-t-elle, car certains actifs fossiles risquent de perdre leur valeur avec l’essor d’autres formes d’énergies plus propres.

ContactĂ©e par l’AFP, l’initiative NZAM dit « partager la vision de Carbon Tracker sur le fait que le secteur du pĂ©trole et du gaz doit rapidement se dĂ©carboner pour faire face Ă  l’urgence de la crise climatique Â».

OC avec AFP