Est-ce l’indice d’un début de panique, voire d’une crise plus profonde ? Six fonds immobiliers britanniques suspendent les rachats.
L’immobilier de bureau britannique sera-t-il le déclencheur d’une nouvelle crise financière ? Il est bien sûr beaucoup trop tôt pour se prononcer, mais certaines similitudes ont de quoi inquiéter. Standard Life lundi, Aviva Investment et M& G mardi puis Henderson Global Investors, Columbia Threadneedle et Canada Life mercredi ont décidé les uns après les autres de geler leurs transactions pour les investisseurs particuliers sur leurs fonds immobiliers.
Pour rappel, en 2007, la crise avait commencé en sourdine par la suspension de rachats sur des fonds monétaires. Impactés par la crise des subprimes, ils n’étaient plus en mesure d’assurer la liquidité, ce qui est particulièrement grave pour des produits de trésorerie.
Des milliers de mètres carrés libérés
Aujourd’hui, ce sont les fonds immobiliers britanniques qui sont confrontés à ce problème de liquidité. « Dans l’intérêt de l’ensemble des investisseurs, nous avons décidé de suspendre les transactions sur ce fonds avec effet immédiat », a annoncé le gérant du fonds Aviva Investors Property Trust.
Si Londres ne va pas être désertée du jour au lendemain, il est évident que nombre de sociétés vont prendre rapidement la décision de s’expatrier, libérant ainsi des milliers de mètres carrés. De quoi mettre en péril la rentabilité de foncières britanniques et faire baisser les valeurs - très élevées - de murs désormais à moitié vides. Perspective qui fait fuir les investisseurs.
Vers un effet domino ?
D’autres fonds devraient suivre le mouvement. Faut-il craindre un effet domino alors qu’un troisième fonds vient d’annoncer le gel de transactions ? Au-delà des particuliers, qui se voient - provisoirement - refuser la possibilité des retirer leur argent de ces fonds immobiliers, le sentiment de défiance pourrait gagner l’ensemble de la place. S’il ne faut pas sous-estimer l’effet délétère de ce type d’annonce, les Britanniques n’entendent pas laisser la City se vider, les bras croisés.
L’annonce de la baisse prochaine du taux d’impôt sur les sociétés à 15 % pourrait en effet inciter nombre d’entreprises à ne pas déserter. Enfin, « la décision d’interrompre les transactions laissera aux investisseurs le temps de se reprendre et de mesurer les effets concrets du Brexit. Une nouvelle fiscalité très avantageuse Outre-Manche pourrait au contraire avoir un effet d’aimant », confie un banquier.
Source: les Echos