Le Brésil taxe certains investissements étrangers
[ 21/10/09 ]
Le ministre des Finances brésilien, Guido Mantega, a annoncé hier l’entrée en vigueur d’une nouvelle taxe de 2 % sur les investissements d’origine étrangère sur les marchés boursiers et en bons du Trésor. Il a aussitôt souligné qu’elle ne toucherait pas les investissements étrangers (IDE) et les autres entrées de capitaux améliorant la productivité des entreprises locales. Le but de cette taxe est de « prévenir les spéculations excessives et la hausse du real »,a expliqué le ministre. Une hausse qui pénalise les exportations brésiliennes et risquerait à terme de casser la reprise.
La devise brésilienne a gagné 31,4 % face au dollar cette année. Avec 1 dollar à 1,74 real, elle flirte désormais avec ses niveaux d’août 2008. D’autre part, la Bourse de São Paulo, qui avait brutalement dévissé à l’automne 2008, a rebondi tout aussi brutalement, avec une hausse de quelque 68 % depuis mars dernier. La surchauffe n’est pas loin et la banque centrale du pays a déjà averti du risque de formation de bulles de prix des actifs.
Mesures de relance
Les raisons du phénomène sont simples. Si la première économie latino-américaine a sombré dans la récession début 2009, la reprise est déjà là et la plupart des experts prédisent pour 2010 une croissance de 4 % à 6 %, dopée par les nombreuses mesures de relance engagées depuis la fin 2008 par le président Lula. Dans le contexte actuel de surabondance de liquidités mondiales, les capitaux affluent donc de nouveau dans des proportions impressionnantes au Brésil, d’autant plus qu’il est ouvert aux investissements étrangers et très prometteur en termes de matières premières. Des flux qui poussent ainsi le real, déjà élevé, vers des sommets.
L’instauration de cette taxe vise donc à enrayer ce cycle haussier. « Cette mesure permettra peut-être à court terme de décourager les flux les plus spéculatifs. Mais elle ne réussira sans doute pas à peser réellement sur l’évolution du real »,estime Valérie Perracino, économiste chez BNP Paribas. En mars 2008, le Brésil avait déjà, pour enrayer l’appréciation de sa monnaie, instauré une taxe de 1,5 % sur les mêmes investissements, assortie d’achats de dollars par la banque centrale, avant de la supprimer en octobre au plus fort de la crise. « Cette taxe n’avait guère eu d’effet et celle qui vient d’être instaurée n’en aura sans doute pas beaucoup plus car les fondamentaux ne vont pas dans ce sens », poursuit Valérie Perracino. Est-elle pour autant inutile ? « Non, répond-elle, car elle permet d’envoyer un message à l’extérieur, en signifiant que le Brésil souhaite décourager ce type d’entrée de capitaux. » Elle ne cherche en revanche en aucune façon à pénaliser les IDE, comme l’a rappelé hier le chef du gouvernement, Dilma Rousseff.
Mais il s’agit aussi et surtout pour le gouvernement d’envoyer un message à destination des chefs d’entreprise brésiliens, dont un real trop fort risque de briser la confiance renaissante en mettant à mal leur compétitivité à l’international.
Glissade des devises émergentes sur des rumeurs d’intervention
[ 23/10/09 ]
Les devises à haut rendement ont été chahutées, alors que l’appétit pour le risque vacillait. Après le geste du Brésil, les rumeurs d’intervention des pays émergents vont bon train. Le yuan chinois, lui, va au contraire être bientôt moins contraint.
Le reflux de l’appétit pour le risque, symbolisé par la baisse des marchés boursiers, a hier redonné un peu d’air au billet vert et pénalisé les devises à haut rendement. Les monnaies des pays exportateurs de matières premières et les devises émergentes ont fléchi de manière significative : dans l’après-midi, le rand sud-africain menait la baisse, avec un recul de 1,8 % contre le dollar, suivi de la roupie indonésienne (- 1,6 %), du dollar canadien (- 1,2 %), du peso colombien (- 1,2 %) et du won coréen (- 1,1 %). Les devises à haut rendement sont celles qui ont pleinement profité cette année de la résurgence des espoirs de reprise économique. Les dollars des antipodes se sont ainsi envolés de plus de 30 % contre le billet vert depuis janvier, portés par le rebond des cours des matières premières et la perspective de hausse des taux précoces - qui s’est d’ailleurs matérialisée par un premier tour de vis monétaire en Australie. Parmi les monnaies émergentes, le real brésilien s’est adjugé 33 %, le rand 24 %, la roupie indonésienne 18 %, le peso colombien 17 %. Ce classement est toutefois faussé par les interventions de plusieurs pays sur le marché des changes. Plusieurs banques centrales asiatiques se sont livrés à cet exercice, comme la Corée, qui a, semble-t-il, acheté des dollars au début du mois.
Le Brésil sévit
Les inquiétudes des pays émergents sur le niveau des taux de change restent fortes, puisque la hausse de leurs monnaies fragilise leur compétitivité. Même le Brésil, dont l’économie affiche une solide résistance, a décidé de sévir : le géant émergent a annoncé en début de semaine qu’il appliquerait une taxe sur les achats de titres réalisés par des investisseurs étrangers, afin de freiner la flambée du real. Celui-ci a chuté de 2,6 % à la suite de cette annonce. « Des rumeurs démenties par le ministère des Finances ont aussi circulé au sujet de la Corée ; il s’agissait de limiter les prêts en devises étrangères octroyées par des banques non coréennes à leurs filiales dans le pays », rapporte Sébastien Barbe, chez Calyon. « La reprise de ces flux est l’une des explications de la hausse du won. » Le stratège estime d’ailleurs que les autorités vont certainement continuer de freiner la progression de la monnaie. Enfin, le gouvernement sud-africain a nié envisager l’adoption d’un taux de change plus ou moins fixe, comme l’évoquait un média local. La Chine, qui a mis fin à l’appréciation du yuan contre le dollar en juillet 2008, pourrait au contraire bientôt revenir à une certaine flexibilité de sa devise et la laisser reprendre un peu de hauteur. Le message du Conseil de l’Etat chinois, qui souligne la nécessité de maîtriser l’inflation, va dans ce sens. Selon Calyon, le changement pourrait intervenir dès le début de 2010.
Il n’y a aucune raison d’investir plus en France qu’au Brésil", selon Marc Girault (HMG) : (Newsmanagers.com) - 16/10
Aujourd’hui, il y a des pays qui présentent toutes les caractéristiques de pays en voie de développement ou du tiers monde, et qui sont en réalité des pays dits développés, a démontré Marc Girault, l’un des fondateurs de la société de gestion HMG Finance, au cours d’une présentation. Et c’est le cas de… la France, qui affiche notamment une dette collective accumulée de plus d’un an de PNB. A contrario, un pays comme le Brésil, au vu de son taux de chômage, de sa croissance, de sa balance commerciale, etc., apparaît comme un pays développé bien géré.
Ainsi, pour Marc Girault, « il n’y a aucune raison de continuer à investir plus en France qu’au Brésil, si ce n’est à cause du fameux biais de proximité psychologique qui fait apparaitre l’investissement le plus proche géographiquement comme le moins risqué ».
Quel que soit le scénario économique envisageable, les pays émergents s’en sortent mieux que les pays occidentaux. « En effet, les Etats sont moins endettés, leurs consommateurs sont moins endettés que ceux des pays occidentaux et ils jouissent d’une bonne démographie qui tire la croissance », a expliqué le gérant de HMG. De plus, leur population se trouve dans la situation de la population européenne de l’après-guerre : elle découvre l’accès à la consommation et à l’investissement personnels, et ses besoins à satisfaire restent énormes.
Pour Marc Girault, le risque pays n’est donc plus là où on le croit. Pour autant, investir dans des marchés émergents dont on ne connaît pas la langue peut s’avérer compliqué. Parallèlement, l’Europe conserve de véritables numéros un mondiaux. Pour réconcilier tout cela, Marc Girault investit, au travers de son fonds HMG Globetrotter, dans les filiales cotées à l’étranger des grands groupes français ou européens ou dans les sociétés françaises ou européennes dont l’activité s’exerce essentiellement à l’étranger. « Ces sociétés sont bien placées pour capter la croissance de ces marchés », estime le gérant. Elles valent en général le même prix en ratio que leurs maisons mères, avec des rentabilités largement supérieures.