Les places boursières internationales achèvent une année de tous les dangers où elles ont frôlé le pire. Après le rebond, elles s’interrogent maintenant sur la durabilité de la reprise économique en 2010 et les risques de rechute.
Les marchés boursiers terminent l’année sur des plus hauts. Jeudi, les places de Francfort, Milan, Madrid et Zurich étaient fermées, mais celles de Paris, Londres, Bruxelles, Amsterdam et Lisbonne, ouvertes une demi-séance, ont été récompensées de leur assiduité avec pour la plupart de nouveaux records. L’indice CAC 40 a fait du surplace (+ 0,05 %, à 3.912,73 points) alors que l’indice Footsie 100 anglais progressait plus nettement de 0,56 % à 5.402,41 points. Depuis le début de l’année, les places européennes ont gagné entre 19 % et 45 %. Stockholm est en tête avec un bond de près de moitié, suivi par Amsterdam (+ 35,5 %). L’indice DJ Euro Stoxx 50 engrange un gain de près de 21 %, et l’indice CAC 40 enregistre une progression de 21,59 %, à 3.912,73 points. Ce dernier n’est plus très loin du niveau qu’il avait atteint juste avant la faillite de Lehman Brothers. Il s’inscrivait autour des 4.250 points le 12 septembre. C’est la prochaine cible du marché français. En revanche, les 6.000 points qu’il avait atteints fin juin 2007, avant le début de la crise des crédits hypothécaires à risque américains (" subprime "), semblent un horizon bien lointain.
Avec l’entrée dans 2010, les investisseurs tournent le dos à une décennie " perdue " pour les actions. Un véritable " musée des horreurs ", ponctué de deux bulles (Internet et immobilière) et d’une volatilité hors normes. De quoi faire douter de l’attrait du couple rendement-risque des Bourses, même sur un horizon de temps et de gestion significatif (10 ans, soit deux fois plus longtemps que la durée de placement recommandée sur les actions, qui est de cinq années).
Les Scandinaves optimistes
Dans les mois à venir, les institutionnels européens tendent à privilégier les grandes valeurs par rapport aux petites, et les actions des pays émergents. C’est un des enseignements d’une étude réalisée par JPMorgan Asset Management. Celle-ci avait interrogé près de 200 investisseurs institutionnels européens (dont 70 % de fonds de pension) début septembre : 6 institutions sur 10 s’attendent à une hausse des actions européennes d’au moins 5 % entre septembre 2009 et 2010. Plus des trois quarts d’entre elles prévoient une progression d’une même amplitude mais pour les actions internationales.
Ce sont les Scandinaves (Suède et Norvège) qui sont les plus optimistes sur les perspectives d’évolution des Bourses, alors que les Espagnols, Anglais et Italiens le sont le moins. A l’avenir, les fonds de pension qui envisagent de réduire leur exposition aux actions sont ceux qui étaient les plus investis sur cette classe d’actifs : elle diminuerait ainsi de 39,4 % à 36 %. A l’inverse, ceux qui veulent accroître le poids des actions étaient les moins investis : la part des actions remonterait ainsi pour eux de 19,5 % à 21,8 %.
Les institutionnels européens (hors Grande-Bretagne) ont 29 % de leurs actifs investis en actions et 57 % en obligations et liquidités. En revanche, les Anglais ont 56 % de leurs encours placés en actions, et seulement 31 % en obligations et " cash ". Européens et Anglais ont une même proportion de leurs actifs (autour 13 %-14 %) investis dans les actifs dits " alternatifs " (immobilier, " hedge funds ", " private equity ").
Une semaine calme
La semaine s’annonce plutôt calme avec peu de statistiques, et sans doute peu d’opérateurs présents pour s’en soucier. Ainsi, outre-Rhin, les chiffres des ventes au détail en novembre sont attendus en légère hausse de 0,3 %. Aux Etats-Unis, le consensus table sur une modeste remontée de la confiance des consommateurs en décembre avec un indicateur à 53 points, contre 49,5 en novembre. L’indice Standard & Poor’s-Schiller du prix des logements dans les grandes villes américaines devrait traduire, encore une fois, un ralentissement de la baisse des prix de l’immobilier. A cet égard, cruciale fut la décision, jeudi, du département du Trésor de retirer aux deux organismes semi-publics de refinancement hypothécaire, Fannie Mae et Freddie Mac, le plafond de 200 milliards de dollars par entreprise qui limitait les injections dans leur capital par l’Etat. Après avoir reçu déjà 111 milliards de dollars depuis leur mise sous tutelle en septembre 2008 pour les renflouer, ils auront droit à des montants désormais illimités. Un cadeau de Noël pour ces deux entreprises atypiques et essentielles pour l’immobilier, puisqu’elles détiennent ou garantissent plus de 40 % de l’encours des prêts hypothécaires du pays. Le Trésor l’a rappelé. " Les mesures annoncées sont nécessaires pour préserver la solidité et la stabilité à l’avenir du marché immobilier. " Et pour rassurer les marchés, et notamment Wall Street. Aucune reprise économique durable ne pourra s’enclencher sans amélioration notable de l’immobilier.
N. A.-K