Assurance-vie: ces fonds en euros qui vont rapporter 3 ou 4 % cette année
La hausse des taux offre des opportunités pour mieux rémunérer ses bas de laine. L’argent placé dans de récentes obligations d’État rapporte désormais 3 ou 4 % sans risque. Et certains produits (Livret A, livrets bancaires, comptes à terme…) profitent pleinement de cette nouvelle donne.
C’est moins le cas du fonds en euros, moins rentable (2 % en moyenne en 2022) et dont les portefeuilles constitués de vieux bons du Trésor peinent à s’ajuster à l’environnement économique actuel. Preuve en est, la collecte est dans le rouge depuis des mois (- 12,3 milliards d’euros en mai depuis le début de l’année).
Pour autant certains assureurs entendent bien tirer profit de ce momentum pour proposer enfin des rendements appétissants. Comment? En mettant sur orbite de nouveaux contrats aux conditions du moment.
Faire mieux que le livret A
C’est le cas Corum Life qui vient de lancer un produit au capital 100 % garanti, avec comme objectif 3 ou 4 % de rentabilité. «Le fonds en euros reste un produit phare de l’assurance-vie, rappelle Amandine Lezy, présidente du directoire de l’assureur Corum Life. On voulait en lancer un à nos débuts en 2020, mais l’environnement de taux bas voire négatifs n’était pas favorable. La nette remontée des taux change la donne.» Ce contrat est accessible dès 50 euros pour séduire le plus grand nombre, voire concurrencer d’autres placements très en vogue. «On vise aujourd’hui un rendement supérieur au Livret A, quel que soit son taux dans les mois qui viennent.» Le livret favori des Français rapporte aujourd’hui 3 % mais il pourrait voir sa rémunération monter à 4 % en août, à cause de l’inflation persistante.
Corum Lifen’est pas le seul gestionnaire à avoir sorti un tel fonds. Ampli Mutuelle, dont les produits sont réservés aux indépendants (professions libérales, chefs d’entreprise…), a inauguré son contrat en février. Là aussi avec desrevenus ciblesde 3,5 et 4 % nets. «Ce que permet le contexte obligataire actuel»,indique Jérôme de Villèle, directeur général d’Ampli Mutuelle. La spécificité de ce contrat? Il est 100 % fonds en euros, sans possibilité de souscrire des unités de compte. Le ticket d’entrée est en revanche élevé, à 60.000 euros.
“Un pavé dans la mare”
Ces offres encore peu nombreuses ont toutefois des atouts pour mettre la pression sur cellesexistantes. «C’est un pavé dans la mare, estime Cyrille Chartier-Kastler, fondateur du site spécialisé Good Value for Money. Avec ces bons rendements, elles vont être en capacité de capter très vite une clientèle considérable au détriment des acteurs existants.»En effet, les assureurs et les banques de la place voient passer le train de la hausse des taux, sans complètement le prendre en marche. L’année dernière, ils ont dû piocher dans leurs réserves pour rehausser leurs rendements (+ 0,7 %). Mais il n’est pas dit qu’ils puissent le faire dans les mêmes proportions l’année prochaine. Et, facteur aggravant, ils n’ont pas la possibilité de lancer à leur tour de nouveaux fonds en euros. «Cela reviendrait à se tirer une balle dans le pied, poursuit Cyrille Chartier-Kastler. Leurs clients pourraient sortir de leurs contrats historiques afin de souscrire les nouvelles offres.»
En revanche, d’autres propositions de contrats avec des rémunérations alléchantes pourraient émerger dans les mois qui viennent. «La hausse des taux pourrait très bien donner des idées à des opérateurs étrangers, comme MetLife ou AIG. Ces firmes n’ont pas d’encours de ce type à gérer, elles peuvent se lancer en proposant des rendements attractifs», parie ce spécialiste de l’assurance-vie. De quoi séduire des épargnants qui souhaitent profiter des bons rendements du moment, tout en protégeant leur capital des aléas. En somme ce qui faisait le succès du fonds en euros, il y a quelques années encore.
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