Assurance vie : avez-vous vraiment intérêt à alimenter un vieux contrat ?
En matière d’assurance vie, beaucoup pensent qu’il vaut mieux privilégier les anciens contrats. De fait, au plan fiscal, les rachats bénéficient alors d’un cadre attractif. En marge des prélèvements sociaux à 17,2%, les gains profitent au titre de l’impôt d’un abattement annuel de 4.600 euros pour un célibataire et de 9.200 euros pour un couple. En deçà de ces montants, les gains restent donc exonérés et au-delà ils ne sont la plupart du temps taxés qu’à hauteur de 7,5%.
Nombre de conseillers usent d’ailleurs de cet argument pour fidéliser leurs clients et les inciter à continuer d’alimenter leurs vieux contrats. Pour autant, est-il réellement pénalisant d’abandonner un vieux contrat au profit d’un plus récent ? Plusieurs cas doivent ici être distingués.
Vous avez une optique de long terme
Si vous ne prévoyez pas de retirer votre argent à court terme, l’argument de la fiscalité peut être laissé de côté. Même si vous optez pour un nouveau contrat, ce dernier aura a priori plus de 8 ans quand vous retirerez votre argent. Vous pourrez alors bénéficier des meilleures conditions… comme avec un vieux contrat. Inutile donc dans cette situation de rester « collé » à un ancien contrat, surtout si vous trouvez plus performant ailleurs.
Vous n’excluez pas de retirer dans un futur proche
Si vous risquez de devoir récupérer tout ou partie de vos fonds avant 8 ans, mieux vaut a priori verser sur un ancien contrat (ayant déjà plus de 8 ans ou qui en est proche). Vous serez certain au moment du retrait de profiter du meilleur cadre fiscal.
Ceci étant, ce choix n’est pas toujours gagnant car la fiscalité a évolué. Pour les versements effectués jusqu’au 27 septembre 2017, l’imposition forfaitaire était de 15% pour les contrats de 4 à 8 ans et de 35% avant 4 ans. Des chiffres dissuasifs. Mais pour les versements postérieurs à cette date, l’imposition a été allégée puisque le taux est de 12,8% en cas de retrait sur tous les contrats de moins de 8 ans.
Il peut donc être intéressant de faire quelques calculs en amont, surtout si l’alternative est d’aller vers un contrat plus performant ou moins chargé en frais.
Exemple
Un épargnant veut placer 50.000 euros. Il dispose déjà d’un contrat de plus de 8 ans avec 1,5% de frais sur versement et dont le fonds en euros a rapporté 1% brut sur la dernière année. Il envisage un retrait au bout de 4 ans. S’il place sur le fonds en euros de ce vieux contrat (avec une performance stable), il disposera de 50.902 euros à terme et ne subira aucune fiscalité au retrait.
Ce même épargnant a aussi en vue un nouveau contrat sans frais à l’entrée et proposant un fonds en euros à 1,5%. S’il opte pour ce contrat, son capital après 4 ans sera de 52.531 euros. Certes, le contrat ayant alors moins de 4 ans, un impôt de 12,8% devra être payé sur les gains (2.531 euros). Mais fiscalité déduite, il restera à notre épargnant 52.207 euros nets… soit 1.305 euros de plus qu’avec une stratégie basée sur le vieux contrat.
En résumé
Au moment de verser sur un contrat, se focaliser sur la fiscalité serait une erreur. Choisir un contrat récent n’est pas nécessairement pénalisant même avec une fiscalité moins avantageuse. Mieux vaut donc faire quelques projections en regardant les frais facturés et les performances prévisibles.
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