Articuler sa stratégie avec des placements de long terme

Articuler sa stratégie avec des placements de long terme

En plus du PER, d’autres supports permettent de se constituer un capital dans lequel puiser au moment de la retraite. Assurance-vie, PEA, immobilier sous différentes formes… Notre mode d’emploi pour un effet optimal.

Les épargnants n’ont pas attendu la création du PER en 2019 pour préparer leur changement de vie. « Le meilleur placement retraite, c’est d’avoir terminé de rembourser sa résidence principale le jour venu », rappelle Stéphane van Huffel, fondateur de Netinvestissement. Audelà de ce prérequis, l’ensemble des placements de long terme – assurance-vie, plan d’épargne en actions (PEA), immobilier – permettent aussi de se constituer un capital dans la durée. Il sera alors possible le moment venu d’effectuer des retraits ou de percevoir des loyers pour compenser l’inéluctable chute des revenus.
ANTOINE DELON, PRÉSIDENT DE LINXEA.
Le PER est un produit exceptionnel, mais l’assurance-vie, beaucoup plus souple,

ASSURANCE-VIE

« Si le PER est un produit exceptionnel car il permet de préparer sa retraite tout en réduisant ses impôts, l’assurance-vie est beaucoup plus souple, elle reste incontournable », estime Antoine Delon, président de Linxea. Cette enveloppe présente une très bonne liquidité contrairement au PER. La fiscalité s’adoucit à partir du huitième anniversaire du contrat, mais l’épargnant reste libre de réaliser des rachats à tout moment, ce qui n’est pas le cas, sauf exceptions, sur le PER. L’assurance-vie coche aussi toutes les cases en matière d’investissement : les contrats proposent plusieurs dizaines à plusieurs centaines d’unités de compte permettant de réaliser une allocation d’actifs variée. En complément du fonds en euros à capital garanti, l’épargnant peut investir en actions, en obligations, en monétaire, dans le private equity ou encore dans l’immobilier via des sociétés civiles de placement immobilier (SCPI). Il peut réaliser lui-même son allocation et la faire évoluer dans le temps ou confier cette tâche à un professionnel en optant pour un mandat de gestion pilotée.
Ces offres sont disponibles moyennant un surcoût de 0,10 % à 0,90 % sur les frais de gestion du contrat, eux-mêmes compris entre 0,50 % et 0,85 % selon les supports et les assureurs. L’épargnant doit choisir entre une petite dizaine de profils, du plus prudent au plus offensif. « Un quadragénaire a entre vingt et vingt-cinq ans devant lui avant la retraite, il peut raisonnablement opter pour un profil offensif, faisant la part belle aux actions, afin de profiter de leur performance sur le long terme », ajoute Antoine Delon, à Linxea

ACHAT EN NUE-PROPRIÉTÉ

Les épargnants peuvent également s’orienter vers l’achat de la nue-propriété d’un bien immobilier. L’opération peut se réaliser à crédit, mais les conditions de financement actuelles ne plaident pas pour cette solution. Le bien est acquis auprès d’un opérateur avec une décote de l’ordre de 30 % à 40 %, intégrant le démembrement entre usufruit et nue-propriété. « L’usufruit est conservé par un bailleur social qui met le bien en location. Au terme de l’opération, au bout d’une quinzaine d’années, l’acheteur récupère la pleine propriété du bien », précise Stéphane van Huffel. L’idéal est donc de faire coïncider son départ à la retraite avec le terme de l’opération, pour alors choisir de louer le bien ou le revendre. Dans ce dernier cas, on peut replacer la somme sur une assurance-vie pour effectuer ensuite des rachats.

ACHAT OU VENTE EN VIAGER

Acheter un bien en viager permet de se constituer un patrimoine immobilier à moindre coût, sans recours à l’emprunt, pendant sa vie active. Le bien acquis étant occupé, l’acheteur bénéficie d’une décote sur le prix, dont le montant dépend de l’espérance de vie du vendeur. Exemple avec une maison valant 300 000 euros libre.
Sa valeur occupée s’élève à 150 000 euros pour une propriétaire de 75 ans (décote de 49,3 %). Cette somme est réglée par l’acheteur sous la forme d’un bouquet (capital versé le jour de la vente) complété par une rente
Acheter un bien en viager permet de se constituer un patrimoine immobilier à moindre coût, sans recours à l’emprunt, pendant sa vie active. Le bien acquis étant occupé, l’acheteur bénéficie d’une décote sur le prix, dont le montant dépend de l’espérance de vie du vendeur.
Exemple avec une maison valant 300 000 euros libre. Sa valeur occupée s’élève à 150 000 euros pour une propriétaire de 75 ans (décote de 49,3 %). Cette somme est réglée par l’acheteur sous la forme d’un bouquet (capital versé le jour de la vente) complété par une rente viagère. La répartition entre ces deux éléments peut varier après discussion entre les deux parties. Ici, l’opération peut se faire par exemple sur la base d’un bouquet de 50 000 euros, assorti d’une rente de 573 euros par mois, ou sans bouquet avec une rente de 860 euros. « Les droits de mutation sont calculés sur la valeur du bien occupée, ce qui réduit le coût de l’opération, sans oublier l’économie des frais liés à l’emprunt », précise Sophie Richard, fondatrice du réseau Viagimmo. Dans notre cas, le bouquet est réglé comptant, sans crédit. Au décès de l’occupante, la rente s’éteint et l’acheteur récupère la pleine propriété. Il peut alors revendre le bien avec une plus-value confortable ou le louer. Idéalement, cette phase intervient juste avant le départ à la retraite de l’acheteur, qui bénéficie d’un capital dans lequel puiser. « Il est préconisé d’avoir vingt ans d’écart entre l’acquéreur et le vendeur du viager pour que l’opération fonctionne », prévient Sophie Richard. Si l’on se place du côté du vendeur, le viager permet de compléter sa pension sans délai, contrairement à l’assurance-vie ou au PER qui demandent de l’anticipation. « Certains n’ont pas besoin de bouquet et préfèrent une rente élevée ; d’autres au contraire souhaitent un bouquet conséquent pour réaliser une donation à leurs enfants alors qu’ils n’ont pas les moyens de le faire par ailleurs », indique Hélène Leraitre, gérante de France Viager.
Vendre sa maison en viager est aussi l’assurance d’avoir des revenus suffisants pour financer une aide à domicile le jour où cela sera nécessaire. « Ce n’est plus un tabou de vendre son appartement en viager, même quand on a des enfants, ajoute Hélène Leraitre