Pourquoi les géants du luxe ont encore un bel avenir en Bourse

Pourquoi les géants du luxe ont encore un bel avenir en Bourse

HERVÉ ROUSSEAU

Depuis le début de l’année, le CAC 40 affiche une confortable hausse de près de 19 % et se rapproche à grands pas de son record du 4 septembre 2000, où il s’était hissé à plus de 6 900 points. L’indice phare de la Bourse de Paris a relevé une remontée fulgurante : son plancher du mois de mars 2020, où il était tombé à près de 3 700 points, il a en effet rebondi de près de 80 %.

Il doit cette performance à une poignée de valeurs et notamment à la spectaculaire envolée des géants français du luxe. En Bourse, ces champions sortent renforcés de la crise sanitaire. Ils évoluent tous à des sommets historiques. Le numéro un mondial du secteur, LVMH, affiche une progression de plus de 50 % par rapport à son pic du mois de janvier 2020. Hermès, entré dans le CAC 40 il y a seulement trois ans, a pris plus de 60 % depuis son plus haut du début de l’année 2020, tandis que L’Oréal et Kering sont respectivement adjugé 40 % et 22 %.

Le CAC 40 est plus que jamais dominé par le luxe. LVMH, première capitalisation d’Europe (près de 340 milliards d’euros), pèse à lui seul plus de 15 % de l’indice. Les quatre champions français du luxe valent plus de 770 milliards d’euros en Bourse, soit plus du tiers de la capitalisation de l’indice. Avant la crise sanitaire, leur poids était d’environ 25 %.

Le facteur chinois

La mise sous cloche de l’économie mondiale pendant de longs mois n’a pourtant pas épargné le secteur. Résultat, entre la hausse des cours de Bourse et le recul des bénéfices, les multiples de résultats (PE) se sont envolés. « Le PE d’Hermès culmine à près de 90, celui de LVMH à environ 70 et L’Oréal et Kering se payent respectivement 60 et 43 fois leurs bénéfices » , constate ainsi Alexandre Baradez, stratégiste de marchés chez IG.

Ces « repères ont depuis longtemps volé en éclats pour ces valeurs », estime toutefois Jean-Jacques Friedman, directeur des investissements chez Natixis WM. « Les géants du luxe ont pratiquement toujours et dans toutes les configurations de marché battu les prévisions des analystes à plates coutures », ajoute ce spécialiste, qui estime que leur potentiel « reste sous-estimé par le marché ». Un avis visiblement partagé par l’immense majorité des investisseurs. Ces sociétés, implantées aux quatre coins de la planète, savent en effet chercher la croissance là où elle se trouve. Hier, en Europe et aux États-Unis, aujourd’hui et demain en Asie. Pour Didier Rabattu, responsable de la gestion actions chez Lombard Odier IM, « sur l’échiquier mondial, l’Asie du Nord sort considérablement renforcée de cette période difficile ». La Chine, en particulier, s’est imposée comme « une puissance économique et financière ­totalement incontournable et représente un relais de croissance pratiquement inépuisable pour le luxe français ». Pour ce spécialiste, cette puissance devrait tôt ou tard propulser la devise chinoise, le yuan, qui pourrait très bien, à terme, « doubler de valeur par rapport à l’euro ».

Pour les groupes de luxe dont les coûts sont essentiellement libellés en euros, il y a là « un extraordinaire levier de hausse des bénéfices et, par ricochet, des cours de Bourse ».

Le Figaro - lundi 14 juin 2021 Ed Abonné