Bonjour,
Petite réflexion qui vaut ce qu’elle vaut sur la tendance des marchés actions à MT/LT.
A court terme la prudence s’impose. La volatilité est extrêmement basse, ce qui peut inquiéter. Les mouvements sectoriels peuvent indiquer un retour du risk-off (sous-perf des smalls caps, surperf. des défensives versus cycliques…). Les marchés restent haussiers aux US et en Europe mais sont bien poussifs. Le risque d’une correction existe, surtout que la BCE a des chances de décevoir en juin et que ça fait bien longtemps que les marchés n’ont pas baissé significativement.
Les banques centrales sont en soutien et continueront à soutenir si besoin. Pour les gérants, le risque est aussi de sortir du marché prématurément et qu’il continue à monter sans eux. Si une baisse violente a lieu cet été il est probable qu’elle sera toute aussi rapidement compensée par des rachats de même ampleur, au moins lors des premières secousses. Il est très peu probable que la tendance MT se retourne d’un coup sans une grosse phase de distribution qui offrirait des portes de sortie confortables si l’on préfère alors quitter le jeu.
Afin d’anticiper la baisse, les comparaisons avec 2008 ou même 2000 fleurissent partout. Mais la situation actuelle est très différente. Déjà parce que tous les intervenants ont intégré ces deux baisses dans leurs psychologies et leurs stratégies. Ensuite parce que les banques centrales soutiennent à tout va et continueront en toute probabilité à le faire, ce qui n’était pas le cas par le passé. Surtout parce que, mondialisme oblige, les firmes transnationales et autres entités privées prennent inexorablement le pouvoir aux Etats, très affaiblis, endettés, voire en cours de démantèlement. La dette des Etats est de moins en moins perçue comme une valeur refuge, les actions des grosses transnationales le sont de plus en plus. Elles ont su, par leur lobbying permanent, noyauter les résistances à leur expansion. Le traité transatlantique en cours de négociation est une bonne illustration de ce transfert de pouvoir en train de s’opérer vers les entités privées, et du boulevard sur lequel elles vont pouvoir rouler désormais. On aime l’idée ou pas (il y en a pour l’aimer…) mais c’est une réalité en marche. Les actions des banques centrales, qui profitent essentiellement à ces entités privées, soutiennent et accélèrent cette prise de pouvoir. Les firmes les plus rentables sont assises sur des dizaines, voire des centaines de milliards en cash stocké dans les paradis fiscaux, et sur lesquels les Etats n’ont aucune prise.
Dans ce mouvement global de prise de pouvoir du privé et de démantèlement des Etats nous ne serions donc logiquement qu’au début de la hausse pour les actions. A moins qu’un cataclysme (miracle ?) viennent perturber la marche du mondialisme, comme par exemple la chute de l’euro et/ou de l’UE, ou une hypothétique opposition du bloc Émergent / de la Chine, les entités privées deviennent les nouvelles super puissances. L’action, qui représente une fraction de ce pouvoir, doit logiquement se raréfier et s’apprécier.
Hormis des corrections modérées de 10% ou 15%, permettant de secouer le cocotier, rapidement rachetées, la possibilité d’un krach profond semble donc peu probable. On ne devrait plus voir une baisse de grosse ampleur comme celles de 2000 ou 2008 puisqu’elle remettrait en question le transfert de pouvoir qui s’opère. Alors que les baisses de 2000 et surtout de 2008 ont permis de redistribuer les cartes au profit du privé, par l’accroissement de la monétisation et l’affaiblissement des Etats, il ne serait maintenant être question d’une nouvelle crise boursière puisque que nous entrons officiellement dans cette nouvelle réalité : les entités privées prennent les manettes du pouvoir.