Nous, Européens, avons besoin du nucléaire!

Nous, Européens, avons besoin du nucléaire !

Il est vital que l’énergie nucléaire soit incluse dans la « taxonomie verte » élaborée par la Commission européenne, plaident le ministre de l’Économie, le ministre délégué chargé de l’Industrie et treize de leurs homologues de neuf autres pays de l’Union européenne*.

COLLECTIF, COLLECTIF

L’enjeu est crucial : avons-nous réellement l’ambition de lutter contre le changement climatique et de conquérir notre indépendance énergétique ? Allons-nous faire appel à nos meilleures armes pour décarboner notre économie ?
Le réchauffement climatique est la bataille d’aujourd’hui, pas de demain. Dans son dernier rapport, le Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat (IPCC) a été très clair dans ses prévisions : notre objectif de limiter notre réchauffement à 1,5° ou 2 °C au XXIe siècle, ne pourra être atteint que si nous diminuons drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre dans les huit ans à venir.

La hausse des prix de l’énergie montre aussi combien il est important de réduire très rapidement notre dépendance énergétique vis-à-vis des pays étrangers. Les tensions dans la fourniture d’énergie seront de plus en plus fréquentes. Nous n’avons pas d’autre choix que de diversifier nos sources d’approvisionnement, en faisant attention à ne pas augmenter nos importations d’énergie extra-européenne.

La décarbonation de notre économie demande des transformations immédiates et profondes dans notre production et dans nos modes de consommation, pour les rendre moins émettrices de CO2. Ceci implique d’électrifier massivement notre consommation et de développer des industries faiblement carbonées telles que l’hydrogène - qui nécessitent aussi, en retour, de produire plus d’électricité.

L’énergie nucléaire doit faire partie de la solution. Les énergies renouvelables jouent un rôle essentiel dans la transition énergétique, mais nous avons besoin d’autres sources d’énergie décarbonée pour répondre à nos besoins de manière constante et suffisante. L’énergie nucléaire est essentielle. Elle représente déjà près de la moitié de la production européenne d’électricité décarbonée.

L’énergie nucléaire constitue une ressource énergétique abordable, stable et indépendante. D’abord, parce qu’elle protège les consommateurs européens de la volatilité des prix, contrairement au gaz actuellement. Ensuite, parce qu’elle contribue de manière décisive à l’indépendance de nos sources de production d’énergie et d’électricité. C’est une énergie décarbonée disponible, qui peut produire une grande quantité d’électricité compétitive sans accroître notre dépendance à l’approvisionnement de pays tiers.

L’énergie nucléaire est sûre et innovante. Depuis plus de soixante ans, l’industrie nucléaire européenne a prouvé sa fiabilité et sa sûreté. Elle est l’un des secteurs les plus réglementés au monde, avec 126 réacteurs en service dans 14 pays européens. Les échanges constants entre les agences donnent à cette industrie la capacité de garantir les standards de sécurité les plus élevés dans le monde. C’est particulièrement vrai pour le traitement des déchets.
La filière nucléaire européenne est une industrie leader dans le monde, dotée de technologies de rupture uniques. Son développement pourrait générer près d’un million d’emplois très qualifiés en Europe. À mesure que se développe la coopération entre les États membres, nous serons bientôt capables de bâtir de nouveaux réacteurs modernes, tels que les petits réacteurs modulaires (SMR).

Ce sont toutes les raisons pour lesquelles le nucléaire doit être traité de la même manière que toutes les autres sources de production d’énergie décarbonée. Les traités européens permettent à chaque État membre de définir son propre « mix » énergétique. Il est essentiel que nos droits en la matière soient respectés et que toutes les technologies de production d’énergie faiblement émettrices de CO2 soient considérées de manière équitable.

Aussi, est-il absolument indispensable que l’énergie nucléaire soit incluse dans le cadre de la taxonomie européenne avant la fin de cette année. Toutes les analyses scientifiques demandées par la Commission européenne sur l’impact environnemental de l’énergie nucléaire aboutissent à la même conclusion : il n’existe aucune preuve scientifique que l’énergie nucléaire contribuerait davantage au réchauffement climatique que les autres énergies incluent dans la taxonomie.

Nous avons besoin de l’énergie nucléaire pour remporter la bataille du climat. Elle est notre meilleure arme pour mener ce combat. C’est une source d’énergie propre, sûre, indépendante et compétitive. Elle nous offre, à nous Européens, la chance de continuer à développer une industrie à forte valeur ajoutée, de créer des milliers d’emplois qualifiés, de renforcer nos ambitions environnementales et d’assurer l’autonomie stratégique et énergétique de l’Europe. Ne laissons pas passer une occasion aussi cruciale.

  • Roumanie : Virgil Popescu, ministre de l’Énergie et ministre par intérim de l’Économie, de l’Entrepreneuriat et du Tourisme, Dan Vîlceanu, ministre des Finances ; République tchèque : Karel Havlicek, vice-premier ministre, ministre de l’Industrie et du Commerce, ministre des Transports ; Finlande : Mika Tapani Lintila, ministre de l’Économie ; Slovaquie : Igor Matovic, vice-premier ministre et ministre des Finances ; Croatie : Zdravko Maric, vice-premier ministre et ministre des Finances, Tomislav Coric, ministre de l’Économie et du Développement durable ; Slovénie : Andrej Sircelj, ministre des Finances, Jernej Vrtovec, ministre des Infrastructures ; Bulgarie : Andrey Zhivkov, ministre de l’Énergie; Pologne : Tadeusz Koscinski, ministre des Finances, Michal Kurtyka, ministre du Climat et de l’Environnement ; Hongrie : Mihaly Varga, vice-premier ministre, ministre des Finances.

BRUNO LE MAIRE,AGNÈS PANNIER-RUNACHERET TREIZE MINISTRES EUROPÉENS