Lassé de la 5G ? Bienvenue à la 6G !
Publié le mardi 4 mai 2021
La GSMA, l’association qui représente opérateurs et constructeurs de téléphonie mobile a sonné l’alarme il y a moins d’une année en affirmant que la 5G européenne prenait beaucoup du retard, entre les mouvements d’opposition qui montent et l’allocation des fréquences qui s’éloigne.
Rappelons que partout en Europe, la crise sanitaire du Covid-19 avait gelé les attributions de fréquences aux opérateurs et les déploiements d’antennes mobiles de nouvelle génération. Cependant et contre toute attente, de plus en plus de constructeurs commencent à parler du déploiement de la nouvelle génération : la 6G. Synthèse et analyse de John Plassard, Spécialiste en investissement chez Mirabaud.
Les faits
Huawei vient d’annoncer en marge d’une conférence dédiée aux analystes à Shenzhen (Chine) son intention de lancer la technologie 6G à l’horizon 2030. Un papier blanc sera prochainement publié pour détailler les caractéristiques de cette nouvelle génération de réseaux sans fil. La technologie devrait notamment exploiter des bandes de fréquences de l’ordre du térahertz, contre jusqu’à la centaine de gigahertz, en théorie, pour la technologie 5G. Avant cela, c’est Samsung qui expliquait dans un « livre blanc » qu’il comptait lancer la 6G à l’horizon 2028.
Qu’est-ce que la 6G ?
La 6G sera la sixième génération de technologies de communication sans fil prenant en charge les réseaux de données cellulaires. Son but est de succéder à la 5G.
Si l’on se réfère aux « papiers blancs » (white paper) de NTT Docomo et de Samsung, la 6G devrait se présenter de la sorte :
Selon NTT DOCOMO, il sera possible de communiquer avec n’importe quelle personne ou objet et de consulter n’importe quelle information en vivant une expérience qui paraîtra comme ultra-réelle.
Les appareils portables connectés avec des fonctions avancées, la réalité augmentée (informations ciblées venant s’incruster dans le champ de vision) et la réalité virtuelle (immersion dans un monde virtuel), les images et les hologrammes en très haute résolution, les nouveaux moyens de communication sollicitant nos cinq sens, « y compris le sens tactile », seront disponibles partout.
Chaque endroit de la terre, sur le sol, dans le ciel, sur la mer et sous la mer deviendra une zone de communication, afin d’y permettre le développement des activités humaines.
La 6G permettra de transmettre (et de traiter instantanément) une grande quantité d’informations entre le cyberespace (l’espace numérique) et l’espace physique. Une coopération très étroite, voire une fusion entre les deux espaces deviendra alors possible, avec en particulier l’intégration de microdispositifs communicants « montés sur le corps humain ». Les équipements de transport, y compris les voitures, les engins de chantier, les machines-outils, les caméras de surveillance et les capteurs divers seront communicants dans le cyberespace.
L’utilisation des satellites géostationnaires à 36’000 kms d’altitude, des satellites en orbite basse et des « pseudo-satellites » à haute altitude permettront de couvrir les zones montagneuses et reculées, la mer et l’espace, et de fournir des services de communication dans ces nouvelles zones.
De quoi demain sera-t-il fait ?
Si on a l’impression que 2030 c’est demain, avec 6G, le monde pourrait être tout à fait différent. Tout d’abord le nombre d’appareils connectés devrait atteindre les 500 milliards, soit environ 60 appareils en moyenne par habitant sur terre (la population mondiale sera alors de 8,5 milliards d’habitants).
Ensuite, le monde de la 6G sera celui de la réalité augmentée, de la réalité virtuelle et des dispositifs holographiques. De plus en plus de machines communiqueront au moyen de liaisons sans fil, comme les véhicules autonomes, les robots, les drones, les appareils ménagers, les écrans, les capteurs intelligents installés sur les objets du quotidien, sur les machines utilisées dans la construction et sur les équipements dans les usines. Les machines deviendront à terme les utilisateurs principaux de la 6G, avec des centaines de milliards de machines connectées.
Le monde de la 6G sera aussi celui des hologrammes en 3D. Avec l’aide des capteurs numériques connectés, de l’intelligence artificielle et de la 6G, il sera possible de répliquer des entités physiques (personnes, appareils, objets, systèmes et même lieux) dans un monde virtuel.
Ces jumeaux numériques permettront aux utilisateurs d’explorer et surveiller la réalité dans un monde qui sera la copie du monde réel. Enfin, sujet que j’ai déjà traité, il sera aussi possible de commander ces doubles numériques pour qu’ils agissent dans le monde physique. Les fameux avatars…
Quelles sont les différences entre la 5 et la 6G ?
La 5G et la 6G ont explosé sur la scène technologique à peu près au même moment. Au moment où la 5G est commercialisée, les projets de recherche et développement (R&D) de la 6G sont lancés. Cela peut entraîner une certaine confusion quant à la différence entre les deux.
Voici cinq choses Ă savoir :
La 5G et la 6G utilisent deux parties du spectre différentes.
La 5G rend possible l’Internet des objets. La 6G l’accélère.
La 5G ne remplacera pas la 4G. La 6G ne remplacera pas la 5G.
La 6G ouvre de nouvelles frontières en matière de connectivité, ce qui n’est pas le cas de la 5G.
Les deux générations ont une latence très faible.
L’Europe s’y met dĂ©jĂ
Alors que la 5G fait toujours débat en Europe et prend du retard, l’Union européenne planche déjà sur son premier projet sur la 6G.
En décembre dernier, la Commission européenne avait déjà présenté son programme Hexa-X (Nokia et Ericsson, deux leaders de la 5G sur le continent, seront les maîtres d’œuvre de ces efforts), destiné à travailler sur la prochaine norme de la téléphonie mobile.
L’objectif étant de ne plus dépendre de puissances étrangères pour espérer développer les réseaux mobiles de nouvelle génération.
Dans cette optique, la Commission européenne a annoncé qu’elle consacrerait environ 900 millions d’euros à la recherche sur la technologie 6G.
Le projet « Réseaux et services intelligents » coordonnera ce projet dans le cadre des subventions de recherche et de développement d’Horizon Europe, et complétera les travaux existants sur la 5G. Les normes de la 6G ne devraient pas être développées avant 2025.
La question ESG
Si pour la 5G, de nombreuses questions concernant l’aspect ESG se posent, pour la 6G, il faudra y regarder à plus d’une fois.
Tout d’abord savoir comment trouver l’énergie décarbonée nécessaire pour faire fonctionner leur futur de science-fiction ?
Combien de nouvelles mines faudra-t-il ouvrir pour alimenter en terres rares leurs 500 milliards d’objets connectés ?
Et le recyclage de ces objets ?
Et la pollution ?
Et le fait d’inonder la Terre de radiofréquences ?
Toutes ces questions ne sont pas évoquées, mais devront être traitées avant la mise en place d’une telle technologie disruptive.
Synthèse
Si la 5G est considérée par de nombreux observateurs comme étant la révolution de demain, le monde de la 6G sera celui de la réalité augmentée, de la réalité virtuelle et des dispositifs holographiques. De plus en plus de machines communiqueront au moyen de liaisons sans fil, comme les véhicules autonomes, les robots, les drones, les appareils ménagers, les écrans, les capteurs intelligents installés sur les objets du quotidien, sur les machines utilisées dans la construction et sur les équipements dans les usines. Les machines deviendront à terme les utilisateurs principaux de la 6G, avec des centaines de milliards de machines connectées.
La science-fiction rejoindra la réalité (ou l’inverse).