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EUR/USD : L’EURO PEUT-IL SORTIR DE SA TORPEUR FACE AU DOLLAR EN 2024?
L’euro recule sur l’ensemble de l’année 2024
(BFM Bourse) - La devise de la zone euro évolue peu face au billet vert depuis le début de l’année, alors que la révision des anticipations sur les baisses de taux des banques centrales n’a profité à aucune devise. A moins que l’élection présidentielle américaine ne change la donne…
Les cambistes avaient prévenu à la fin de l’année dernière: l’euro présentait un potentiel limité face au dollar. La devise de l’union monétaire était alors repassée au-dessus de 1,11 dollar, un plus haut de six mois environ.
L’euro a depuis perdu du terrain face au dollar, sans chuter pour autant. De 1,11 dollar la monnaie de l’union monétaire est retombée à 1,07 dollar avant de reprendre un tout petit peu d’allant pour s’échanger autour de 1,0888 dollar. Sur l’ensemble de 2024 il recule pour l’heure de 1,4% face à la devise américaine.
La faiblesse de la conjoncture de la zone euro et de l’Allemagne en particulier a pu peser. Le produit intérieur brut de la plus importante économie européenne a reculé de 0,3% en 2023 et l’exécutif allemand a récemment sabré sa prévision de croissance pour cette année à seulement 0,2%. En comparaison, la croissance américaine a elle été bien plus vigoureuse, à 2,5% en 2023 et le FMI table sur une progression de 2,1% cette année.
Une Fed et une BCE pas pressées de baisser les taux
Le principal facteur influençant l’évolution des devises reste toutefois l’évolution de la politique monétaire des grandes banques centrales. Et sur ce point c’est match nul entre l’euro et le dollar. Certes, depuis le début de l’année, le marché a largement abaissé ses anticipations de baisses des taux directeurs de la part de la Réserve fédérale américaine (Fed), ne tablant plus que sur quelques coupes en 2024 contre pas loin d’une dizaine à la fin de 2023.
Mais un mouvement similaire s’observe pour les décisions de la politique de la Banque centrale européenne (BCE). A tel point que Goldman Sachs estime que la Fed, la BCE mais aussi la Banque d’Angleterre et la Banque du Canada se mettront toutes à réduire leurs taux au même moment ou presque, en l’espace de deux semaines, en juin prochain.
« Le marché des changes est piégé dans un couloir étroit. Les données économiques américaines ont été encore plus solides que nos attentes, et les marchés comme les intervenants de la Fed ont évolué pour reconnaître qu’il n’y avait pas d’urgence à assouplir la politique monétaire », explique la banque américaine.
Goldman Sachs remarque aussi que la résistance de l’inflation en zone euro (au mois de février) est telle que la BCE n’a probablement aucune envie de prendre les devants face à la Fed.
Des avis divergents
Que peut donc donner la suite? L’euro peut-il reprendre de l’élan malgré tout? Pas tout de suite, selon UBS. La banque suisse a récemment abaissé ses prévisions pour l’eurodollar, anticipant un taux d’échange à 1,08 à fin juin puis 1,10 pour fin septembre, avant une remontée à 1,12 en décembre et 1,14 en mars 2025.
L’établissement helvétique note que « le dollar, qui joue le rôle de valeur refuge, est exposé à des risques de faiblesses lorsque les banques centrales réduisent les taux et augmentent la prise de risque sur les marchés financiers ». Ce qui explique pourquoi il anticipe une légère remontée de l’euro sur la deuxième partie de 2024.
Bank of America est un peu plus optimiste, tablant sur un euro à 1,15 dollar à la fin de l’année. La banque estime que l’économie américaine devrait commencer à s’affaisser un peu pour se mettre au diapason des autres pays développés.
A contrario, Deutsche Bank s’attend à ce que l’euro reste relativement faible face au dollar sur l’ensemble de l’année, tablant sur 1,07 dollar en juin et 1,10 dollar en décembre. L’établissement allemand estime qu’une récession économique américaine est nécessaire pour que le dollar s’affaiblisse nettement.
L’élection américaine, « l’éléphant dans la pièce »
A moins que la présidentielle américaine, le 5 novembre prochain, vienne complètement bouleverser la donne.
« Les élections américaines font figure de gros éléphant dans la pièce, avec des conséquences majeures pour la politique étrangère et commerciale des États-Unis. Même si le résultat ne sera pas connu avant la fin de l’année, une chose est sûre: la montée de l’incertitude tend historiquement à profiter au dollar », prévenait en janvier Deutsche Bank.
Même avertissement du côté d’UBS qui voit une réaction en deux temps. « Dans un premier temps, l’avance de Donald Trump dans les sondages pourrait être plus favorable au dollar qu’à l’euro » en raison des craintes d’un regain de tensions géopolitiques déclenché par le candidat républicain, avance la banque. Or le dollar, de par son statut de valeur refuge, bénéficie généralement de ce type de tensions.
Toutefois une victoire du candidat républicain pourrait, dans un second temps, renverser la vapeur. « Nous voyons un certain risque que la politique budgétaire sous Trump soit encore moins soutenable que sous Joe Biden. Ceci, combiné à un isolement géopolitique et à une politique monétaire plus souple, ne semble pas très prometteur pour la monnaie », fait valoir UBS. « C’est pourquoi nous pensons que la hausse du dollar est déjà limitée cette année… », conclut l’établissement suisse.
Huit ans après l’élection de Donald Trump en 2016, « la situation budgétaire de l’économie américaine est très différente, et il n’y a guère de place pour des politiques du type de celles menées par Trump dans le passé sans mettre en péril la confiance dans le dollar. Il en va de même pour Biden. Tous deux hériteront d’une économie avec peu de marge de manœuvre sur le plan budgétaire », abonde Peter Garry responsable de la stratégie actions chez Saxo.
Julien Marion - ©2024 BFM Bourse