Bourse : les conditions du rebond sont encore fragiles [ 13/07/09 - 09H08 ]
Le CAC 40 a filé sous les 3.000 points, le S & P 500 américain sous les 900 points et l’indice des 50 principales valeurs européennes sous les 2.300 points pour une autre semaine teintée de rouge sur les marchés. Mais des signes d’amélioration se profilent.
Le CAC 40 a filé sous les 3.000 points, le S & P 500 américain sous les 900 points et l’indice des 50 principales valeurs européennes sous les 2.300 points pour une autre semaine teintée de rouge sur les marchés. Mais des signes d’amélioration se profilent. A la veille du 14 Juillet et du début officiel des grandes vacances en France, le constat n’est pas engageant. La Bourse de Paris, à l’instar des autres marchés d’actions, a connu un mois exécrable.
L’indice de référence de la place, le CAC 40, a lâché plus de 10 %. Seule la Bourse de Milan, parmi les grandes de la planète, a fait pire : - 12,50 %. New York (- 7 %), Londres (- 7 %), Tokyo (- 8,4 %) et Francfort (- 9,7 %) ont toutes limité la casse à un chiffre de pourcentage. Vendredi, le coup de grâce ! L’indicateur de performance hexagonal s’est retranché derrière les 3.000 points. Et ce pour la première fois depuis le 21 avril (lire la chronique du CAC). Comme partout en Occident, les opérateurs ont été accablés par un indice avancé de confiance des consommateurs américains en juillet sensiblement inférieur aux prévisions des économistes.
Plongeon des profits
Certes, la chute doit être relativisée par des volumes d’échanges systématiquement modestes. L’approche de la période estivale doit y être aussi pour quelque chose. Mais l’essentiel de la désaffection tient à deux facteurs. Les doutes plus que légitimes sur la qualité de la reprise économique globale et les résultats des entreprises.
Sur le premier front, Hélène Baudchon, du Crédit Agricole, résume bien la situation : " Rien n’est acquis. " Parmi les éléments à surveiller, elle cite l’encours de crédit à la consommation, qui s’est encore contracté en mai. A l’opposé, l’indice avancé des directeurs d’achat des entreprises de services outre-Atlantique s’est approché un peu plus du niveau qui indique le retour à l’expansion et l’industrie de la zone euro a semblé renaître de ses cendres, toujours en mai. Les minutes de la dernière réunion de la Réserve fédérale et la vague de statistiques publiées cette semaine apporteront du grain à moudre supplémentaire aux intervenants. Pour autant, il est peu probable qu’elles soient en mesure de répondre d’une façon satisfaisante à leurs interrogations sur les perspectives conjoncturelles.
Autres données à surveiller, les comptes au deuxième trimestre des 31 sociétés américaines du S & P 500, dont six appartenant également au Dow Jones, qui seront publiés d’ici à vendredi. Une attention particulière sera portée demain à ceux de Goldman Sachs et d’Intel. Le point d’orgue est fixé pour jeudi et vendredi, avec les résultats de Google, IBM et JPMorgan Chase suivis par ceux de Citigroup, Bank of America et General Electric. La période des annonces s’étalera jusqu’à la fin du mois. A ce stade, les anticipations des analystes collectées par Thomson Reuters font état d’une chute de 35,7 % en rythme annuel des bénéfices des sociétés du S & P 500. La totalité des dix secteurs d’activité représentés terminera le deuxième trimestre sur une croissance négative des résultats. Les performances les plus mauvaises devraient venir des matériaux, de l’énergie et de la finance.
Ce nouveau plongeon des profits marquera le huitième trimestre d’affilée de baisse. Du jamais-vu depuis 1998, première année de calcul du consensus par Thomson Reuters. Pour autant, plusieurs brokers améliorent leur opinion sur les actions. C’est le cas de Natixis Asset Management, qui adapte ses portefeuilles " au mode reprise ". " La dynamique de rebond des actions n’est pas achevée ", lui fait écho Meeschaert Gestion Privée.
Véritable " mur d’argent "
Merrill Lynch, de son côté, considère l’augmentation de 20 % des liquidités des investisseurs comme un argument acheteur. La banque d’affaires absorbée par Bank of America souligne que la récession globale est terminée et que les allocations d’actifs sont proches du record absolu de sous-pondération des actions. Les rendements mensuels annualisés du S & P 500 sont les pires depuis 1926, ajoute-t-elle. Or, il faut " toujours acheter l’humiliation ", clament ses stratèges. Un raisonnement qui n’est pas éloigné de celui de Dresdner Kleinwort et de Commerzbank. Le nouveau géant financier allemand énumère dix bonnes raisons pour entrer à nouveau dans le camp des acheteurs. Nous en citerons quatre. Les rendements des obligations d’Etat américaines ont reculé de 4 % à 3,4 %. Les marchés du crédit sont en bien meilleure forme et les fusions-acquisitions reprennent. Les anticipations des bénéfices à douze mois des firmes cotées ont commencé à se stabiliser. Enfin, l’existence d’un véritable On estime aujourd’hui à 3.650 milliards de dollars les capitaux mobilisés par les fonds monétaires américains. De quoi fournir le carburant en abondance pour le prochain rallye.
MASSIMO PRANDI, Les Echos