Les breves des marchés - Mai 2015

Jusqu’ où et jusqu’ à quand ?

Les marchés financiers réagissent toujours avec excès et avec une avance certaine sur les informations économiques. La crise de fin 2007 a fait perdre des sommes considérables à beaucoup d’épargnants, leur ôtant l’envie d’investir en Bourse. Les premiers mois de 2015 ont redonné espoir. Persuaderont-ils de nouveaux investisseurs du bien- fondé des marchés boursiers ?

Certes, les marchés ont beaucoup de retard à rattraper, mais il faut aussi garder à l’esprit le vieux dicton selon lequel « les arbres ne montent pas jusqu’au ciel »


Les marchés actions européens, toujours aussi séduisants

BFT Gestion rappelle dans sa lettre actions que « Le début d’année a commencé dans l’euphorie sur les marchés d’actions européens avec une progression de l’indice Stoxx 600 NR supérieure à 16% pour les trois premiers mois. Il s’agit du meilleur début d’année enregistré depuis 1998. Il faut reconnaître que toutes les planètes se sont alignées pour tirer les marchés vers le haut ».

« Mais après des mois marqués par une litanie d’indicateurs tous plus encourageants les uns que les autres, le constat tombe comme une évidence : la croissance n’est pas une courbe parfaite. Elle se construit par paliers et phases de consolidation. De sorte que la décélération enregistrée sur le mois (d’avril ) est, somme toute, assez naturelle après plusieurs mois d’accélération. En l’état, ces chiffres ne traduisent en aucun cas un inversement de tendance », remarque David Ganozzi, gérant de Fidelity Patrimoine (L’hebdo des marchés).

Pour Swiss Life Banque Privée (Commentaires Marchés Financiers, Comité Stratégique), « il est sans doute trop tôt pour éteindre les lampions de la fête ». Et de poursuivre sur un ton optimiste : « De mémoire de boursiers, il faut remonter à l’année 2000, voire avant, pour retrouver une période aussi enthousiaste, pour ne pas dire euphorique ». …. avec toutefois quelques doutes : « Il faudra « juste être attentif aux prochaines publications en Europe, et s’assurer ensuite que l’investissement se renforce pour éviter que le soufflé ne retombe et ne pas perdre de vue les paramètres qui ont créé les conditions d’une reprise ».

Souffler le chaud et le froid

Mais certains indicateurs économiques ne traduisent pas cette vague d’optimisme. Jean-Pierre Durante poursuivait son étude comme suit : « Mais malheureusement, tout n’est pas rose dans la zone euro. La production manufacturière a de la peine à accélérer (0,2% sur un an en janvier), ce qui rend cette reprise atypique. …/… Il existe donc un risque que passée la période d‘euphorie, la zone euro se retrouve dans un nouvel équilibre constitué d’un fort endettement, d’une faible croissance économique et d’un bilan hypertrophié de la BCE. Un certain nombre d’actifs financiers ayant profité de la vague d’optimisme risqueraient alors d’apparaître surévalués. »

Vers une zone de perturbations …

Si nous n’en sommes pas encore à attacher nos ceintures de sécurité et d’éviter de nous déplacer dans la cabine de l’avion supersonique des actions européennes, il semble que l’on s’approche d’une zone un peu plus perturbée.

Déjà dans son Point de vue du 7 avril 2015 « Marchés actions : le « Reverse » Scenario doit être envisagé », Daniel Gerino, Président et Directeur de la gestion de Carlton Sélection « Les moteurs du fort rebond des bourses européennes n’ont pas tous vocation à perdurer. Alors que les marchés financiers s’enivrent de la conjonction de trois phénomènes éphémères, l’inquiétude regagne peu à peu du terrain.

DNCA Finance écrit dans on dernier point Hebdomadaire sur les marchés n ° 17 de 2015 : « Des éléments disruptifs pour les marchés financiers peuvent également se produire (défaut de la Grèce, situation géopolitique instable au Moyen-Orient et en Ukraine) mais il faut reconnaître que le momentum économique est solide en Europe et correct au niveau mondial. Pourtant, le fameux adage « sell in may and go away » (NDLR : « En mai, prenez vos bénéfices ») pourrait encore pousser certains à continuer de diminuer leur exposition avant l’été. »

Une plus grande volatilité ?

Quant à CMC Markets France dans son commentaire rédigé le 28 avril donne toujours les bourses européennes en position favorite : « La poursuite de la hausse des marchés n’est toutefois pas dénuée de volatilité. Après un premier trimestre sans accroc majeur et sans réel mouvement d’aversion au risque, les indices de volatilité implicite se sont légèrement tendus ces dernières semaines. L’enlisement des négociations quant à au refinancement de la Grèce – après l’échec du dernier Eurogroupe, le Premier ministre grec a remanié son équipe de négociations avec les créanciers – a joué en faveur du regain de volatilité. Pour autant les marchés actions européens continuent d’attirer massivement les flux de capitaux, au détriment de leurs homologues américains. »


Le Japon s’est réveillé

Parallèlement, l’autre marché en forme depuis le début de l’année, fanfaronnait mercredi dernier alors que son indice phare, le Nikkei 225, repassait au-dessus du seuil psychologique des 20.000 points, en concluant mercredi dernier à 20.133 points. Une première depuis quinze ans ! C’est dire l’intérêt des investisseurs pour ce marché qui, bénéficiant d’un assouplissement monétaire important, s’adjuge 30 % depuis le début de l’année et conserve une marge d’appréciation.» souligne David Ganozzi, gérant de Fidelity Patrimoine dans l’Hebdo des marchés.

Et l’économie française dans tout ceci ?

Manuel Valls a annoncé la mise en place d’une mesure de « suramortissement » de 40% de la valeur des investissements en installations et outillage industriels qui seront réalisés entre le 15 avril 2015 et le 15 avril 2016.

Une bonne mesure : le « suramortissement »

Pour Denis Ferrand, directeur général de Coe-Rexecode : « Cette mesure est favorable à l’activité et au renforcement du système productif. Elle équivaut à une baisse de 0,4 point du taux de l’impôt sur les sociétés durant l’utilisation des équipements concernés. Son impact est de 0,2% du résultat des entreprises maintenu pendant cinq ans ».


Mais notre déficit doit être réduit …

L’Insee a publié en avril son appréciation des développements conjoncturels récents et leurs implications pour le 1er semestre 2015. Elle conforte pour la France la cible de 1% de croissance pour l’ensemble de l’année, arrêtée par le gouvernement dès l’été dernier.

La consommation accélère depuis plusieurs mois et sera soutenue en 2015 par la baisse des prélèvements, le bas niveau des prix de l’énergie et, plus globalement, la faiblesse de l’inflation.

Et le discours du Premier ministre français en date du 8 avril 2015 n’a pas manqué de rappeler que « le pouvoir d’achat des ménages augmente et la consommation de biens progresse de 3% sur les 12 derniers mois. La confiance des entreprises repart également à la hausse. Les prévisions de taux de marge des entreprises indiquent un fort regain au premier semestre. La France est redevenue attractive : les investisseurs étrangers se sont tournés à nouveau vers elle en 2014. Et nous bénéficions d’un contexte économique favorable.»

Nous voici donc dans une bonne conjoncture … Mais il ne faut pas oublier aussi que Bercy doit être capable de financer les 4 milliards d’euros d’économies promis à Bruxelles pour rentrer dans les normes du déficit de la Commission européenne. Serons-nous en mesure de réaliser ces économies dans les deux années à venir ?


LE FMI ESTIME QUE LA CROISSANCE MONDIALE SERA PLUS FAIBLE A L’AVENIR

Le dernier rapport du Fonds Monétaire international prévoit pour l’avenir (2015 à 2020) une croissance plus molle que celle connue par le passé: «Depuis le début de la crise financière mondiale, de nombreux pays sont confrontés à un ralentissement de la croissance de leur capacité productive, ce qui pourrait signaler que le niveau de vie s’améliorera moins vite à l’avenir, selon une nouvelle étude du FMI. »


LES PERSPECTIVES PAR RÉGION DES STRATÉGISTES DE RUSSELL INVESTMENTS :

· Asie-Pacifique : des performances plus modestes que celles de l’année dernière sont attendues dans la région. Le Japon est le marché actions Asie-Pacifique que les stratégistes de Russell Investments privilégient.

· Amérique du Nord : en raison des valorisations élevé́es sur les marchés actions et obligations, la pression sur les marges bénéficiaires et la hausse imminente des taux, les stratégistes recommandent une légère sous-pondération des actions américaines par rapport aux actions mondiales.

· Marchés émergents : des opportunités de « value » sur long-terme mais la prudence s’impose : même si les niveaux de valorisation des marchés émergents restent attrayants.
· Taux : les stratégistes prévoient une hausse des taux à̀ 10 ans américains vers des niveaux de 2,5% et 3% d’ici la fin de l’année.