Les Etats-Unis en renfort ? Par Jean-François Gilles (Erasmus Gestion)
04/04/2018 PARLONS FINANCE
La croissance de l’Eurozone est vive, bien au-dessus de ce que nous avons connu depuis 10 ans, il semble cependant qu’elle ait atteint son pic. Dès lors le challenge consiste à la maintenir le plus longtemps possible à son haut niveau.
Pour cela, compte tenu de la contribution très importante des exportations à l’activité de notre continent, il faut que la bonne santé de nos principaux partenaires nous aide. En dépit des tweets agressifs de Mr Trump, les États-Unis devraient bien remplir ce rôle cette année.
Deux indicateurs fiables nous ont confirmé cette semaine dans l’analyse que la croissance de l’Eurozone avait atteint son plafond.
Le sentiment économique mesuré par la Commission Européenne (Economic Sentiment indicator ESI) décline de 114,2 en février à 112,6 en mars et l’indice est maintenant au plus bas depuis septembre mais toujours bien au-dessus de sa moyenne de long terme. Son niveau est cohérent avec une croissance annuelle du PIB au T1 légèrement inférieure à 3% comme au T4 2017.
La confiance des ménages est inchangée à +0,1% en mars, bien au-dessus de sa moyenne de long terme et reflétant une progression de la consommation supérieure à celle du T4.
Par contre, et à l’exception du secteur de la construction, la confiance des entreprises s’est effritée, mais si la production industrielle a atteint son pic, elle demeure élevée. De plus, les commandes à l’exportation ont à peine faibli et restent à un niveau cohérent avec une forte progression des exportations. Le ralentissement pour les services est un peu plus marqué que pour l’industrie.
Au niveau national, le recul touche tous les pays. L’ESI allemand reflète maintenant une croissance inférieure à 4% et le français autour de 2,5%, mais l’indicateur italien chute à un plus bas de 7 mois après l’élection générale.
Les perspectives d’inflation reculent à nouveau, en-dessous de 1,5% pour les 12 mois à venir.
L’enquête de la BCE sur les indicateurs monétaires envoie le même message.
La croissance annuelle de la masse monétaire large (M3) passe de 4,5% en janvier à 4,2% en février, ce recul provient largement des formes monétaires les plus liquides, espèces et dépôts au jour le jour, qui constituent la masse monétaire étroite M1 dont la progression passe de 8,8 à 8,4%. Ce niveau est encore élevé mais le plus faible depuis fin 2016, il est cohérent avec une croissance de la consommation légèrement sous 1,5%.
Le crédit aussi a ralenti à +3% vs +3,3% mais au-dessus des 2,9% de décembre. La progression des crédits aux ménages est stable à +2,9%, celle des crédits aux entreprises non financières ralentit de 3,4% à une progression encore très satisfaisante de 3,1%.
Par pays, la progression reste la plus forte dans les économies cœur, les prêts aux entreprises non financières progressent de 5,9% en France et 5,3% en Allemagne, mais ils reculent de 0,9% en Espagne et 3,2% en Italie.
Il résulte de tout cela que l’élément appelé « credit impulse » par la BCE passe d’un PIB à +2,7% au T4 2017 à +2% au T1 2018.
Ces deux enquêtes sur des bases très différentes conduisent aux mêmes constats, comme les PMI, IFO ou INSEE. Il faut donc prendre en compte ce qui n’est pour le moment qu’un léger ralentissement.
Aux États-Unis l’indicateur de confiance des ménages du Conference Board (organisme patronal) enregistre un très modeste recul en mars à 127,7 après 130 en février, un record de 18 ans. Il reflète une croissance de la consommation proche de 3%.
Ce léger recul peut avoir été causé par la hausse du prix des carburants et/ou le recul de Wall Street mais la confiance reste bien au-dessus de sa moyenne de long terme de 91,9.
Les détails concernant le marché du travail restent exceptionnellement forts : 39,9% des répondants trouvent que les emplois sont abondants et seulement 14,9% qu’il est difficile de trouver du travail. C’est un nouveau record qui pousse au retour sur le marché du travail des personnes qui l’avait quitté.
Les ménages continuent d’anticiper une hausse de leurs revenus et une baisse de leurs impôts, qui a commencé en février ; ceci compense en partie les craintes qu’inspire la volatilité des marchés. En complément, l’appréciation (6% sur un an selon Case-Shiller) du prix des logements accroît le patrimoine des ménages, la proportion de propriétaires (59%) étant deux fois plus élevée que celle des investisseurs en actions.
Comme nous avons déjà eu l’occasion de l’écrire, le surcroît d’importations causé par le programme fiscal du président voté fin 2017 est bien plus élevé que le frein que représente les taxes qu’il vient de mettre en place sur certains produits. Aussi bien la Federal Reserve que la BCE viennent de rentrer ces éléments dans leurs prévisions, d’importations pour les États-Unis, d’exportations pour l’Eurozone. Il est donc rassurant de constater le fort moral des consommateurs américains qui profitera à nos entreprises.
Nouvelle semaine d’inquiétude sur les marchés européens, et comme ceux-ci ont fermé avant le vif rebond de New York jeudi, ils n’ont pas pu en profiter !
Cependant le recul progressif des marchés à la veille d’une saison de résultats qui s’annoncent bons crée une opportunité technique et nous voyons le retour d’investisseurs professionnels comme en août 2017 ou à l’été 2011.
La semaine ne nous a pas été favorable : par sympathie avec les mouvements sur le NASDAQ, les entreprises de semi-conducteurs que nous détenons, SOITEC, ST Microelectronics (FCP Mon PEA) et Suess Microtecs (Erasmus Small Cap Euro) ont reculé et Erasmus Mid Cap Euro et Erasmus Small Cap Euro ont été affectés par la chute irrationnelle (44,26%) de RIB Software à la suite d’une augmentation de capital. Nous n’avons pas cédé ces entreprises et nous considérons toujours que l’année 2018 se présente bien pour le secteur des semi-conducteurs et particulièrement pour les entreprises que nous détenons en son sein.
FCP Mon PEA a cédé Edenred après un très beau parcours (achat à 19€ en juillet 2016 revente à 28€) et acheté Rubis que j’observais depuis longtemps, c’est une belle entreprise moyenne de stockage et distribution de combustibles, essentiellement dans les zones émergentes. Frédéric, pour Erasmus Mid Cap Euro, a cédé la banque espagnole Bankia et Imerys qu’il détenait depuis fort longtemps.
Pas de consensus pour cause de long week-end.