Tokyo menace d’intervenir sur le marché des changes face à la flambée du yen
AFP le 01/06/2012
<<Le ministre japonais des Finances a menacé vendredi d’intervenir directement sur le marché des changes afin de freiner l’ascension rapide du yen, qui pénalise lourdement les groupes exportateurs nippons.
« Nous prendrons des mesures décisives si ces mouvements excessifs continuent » sur le marché des changes, a prévenu Jun Azumi lors d’une conférence de presse, cité par l’agence de presse Jiji.
Les ministres nippons des Finances utilisent habituellement cette formule pour signifier qu’ils sont sur le point de donner l’ordre à leurs services d’intervenir directement sur le marché.
Jeudi, le yen a atteint son plus haut niveau depuis décembre 2000 face à l’euro, qui a chuté jusqu’à 96,51 yens vers 15H00 GMT. La monnaie unique européenne a repris ensuite un peu de terrain et valait 96,95 yens vendredi vers 00H10 GMT.
La devise nippone a en outre coté à son maximum depuis la mi-février vis-à -vis du dollar, qui est tombé à 78,21 yens vers 15H45 GMT jeudi. Vendredi, le billet vert reprenait quelques couleurs et cotait 78,50 yens vers 00H00 GMT.
Considéré comme une valeur refuge par les investisseurs par temps économique difficile, le yen, qui s’était affaibli en début d’année à la faveur d’une brève éclaircie sur la conjoncture mondiale, se renforce à marche forcée depuis plusieurs semaines, à mesure que s’aggravent les problèmes financiers européens.
Cette vigueur quasi historique de la monnaie japonaise pèse sur la compétitivité des produits Made in Japan à l’étranger et réduit la valeur des revenus des groupes nippons à l’étranger, une fois convertis en yens.
Les géants japonais de l’électronique comme Sony, Panasonic et Sharp souffrent particulièrement de cette situation, d’autant qu’ils sont confrontés à une vive concurrence des groupes sud-coréens, comme Samsung Electronics et LG Electronics.
La force persistante du yen constitue l’une des entraves majeures à la reprise de la troisième puissance économique mondiale, dont la croissance reste fragile plus d’un an après le séisme, le tsunami et l’accident nucléaire de Fukushima de mars 2011.
Depuis septembre 2010, les autorités nippones sont intervenues quatre fois sur le marché des changes, y vendant massivement des yens pour en affaiblir la valeur. Ses actions n’ont eu toutefois qu’un effet limité et temporaire.>>