Réforme fiscale Macron : le compte-titres sort grand gagnant
FISCALITÉ DES PLACEMENTS Par Christian Fontaine
Publié le 30/09/2017 à 16:29 - Mis à jour le 30/09/2017 à 16:29
Moins d’impôts sur les dividendes, moins d’impôts sur les plus-values, possibilité d’arbitrer en toute liberté sans contrainte de durée de détention des titres… Le compte-titre classique (hors PEA, hors assurance vie, hors PEE) est le principal bénéficiaire de la réforme fiscale Macron.
Le compte-titres va-t-il redevenir l’une des pièces maîtresses du patrimoine des épargnants aisés ? Seule certitude : il est le grand gagnant de la réforme de la fiscalité des placements inscrite dans le projet de loi de finances pour 2018.
Pour faire simple, aujourd’hui, tous les gains boursiers (dividendes et plus-values) réalisés hors PEA et assurance vie s’ajoutent, après abattements, à vos autres revenus (salaires, pensions) et sont donc soumis au barème progressif de l’impôt sur le revenu (14%, 30%, 41%, 45%) ainsi qu’aux prélèvements sociaux (15,5% en 2017).
À compter du 1er janvier 2018, dividendes et plus-values seront taxés à un prélèvement forfaitaire unique (PUF) de 30%, prélèvements sociaux inclus. Pour l’investisseur – particulier, cela signifie moins de prélèvements et d’avantages d’incitation à investir en Bourse.
L’économie d’impôt dépend du type de gain (coupon, dividende, plus-value sur action, plus-value sur obligation), de la durée de détention des titres (moins de 2 ans, entre 2 et 8 ans, plus de 8 ans) et de votre taux marginal d’imposition.
Prenons l’exemple d’un cadre célibataire taxé à 41% qui déclare 80.000 euros de revenu net imposable
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Coupons d’obligations : les prélèvements fiscaux et sociaux vont passer de 56,5% (41% + 15,5%) à 30%.
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Dividendes d’actions : l’imposition baissera de 38% (en tenant compte de l’abattement de 40% et des 5,1% de CSG déductible) à 30%.
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Plus-values sur obligations : la taxation va chuter de 56,5 à 30%.
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Plus-values sur actions : le taux de prélèvement passera de 56,5 à 30% en cas de cession de titres avant deux ans, de 36 à 30% entre deux et huit ans, et de 29,9 à 30% après huit ans.
Pour 20.000 euros de gains annuels (5.000 euros de coupons 5.000 euros de dividendes, 5.000 euros de plus-values sur obligations, 5.000 euros de plus-values sur actions), les prélèvements passeront ainsi de 10.375 euros à 6.000 euros, soit une chute de 4 375 euros. A laquelle il faut ajouter l’économie d’ISF (de 0,5 à 1,5% sur la valeur totale du portefeuille), les valeurs mobilières étant sorties du champ de l’impôt sur le capital rebaptisé impôt sur la fortune immobilière (IFI).
Plus important encore que la baisse d’impôts, avec la réforme fiscale Macron, les investisseurs vont gagner en souplesse de gestion.
Pour bien comprendre, il faut se rappeler comment sont taxées les plus-values sur actions aujourd’hui. La taxation est dégressive dans le temps. Le hic ? Il y a des effets de seuils, qui peuvent inciter les investisseurs à conserver leurs titres plus longtemps que de raison pour réduire l’impôt dû en cas de cession. Dès 2018, l’investisseur pourra arbitrer en toute liberté. Vous ne vous direz plus : «je conserve mes titres parce que dans six mois je paierai moins d’impôts», avec tous les risques que cela comporte sur la plus-value.
Le retour du compte-titres sur le devant de la scène des placements ne signifie pas la fin des enveloppes à fiscalité privilégiée (PEA, assurance vie, épargne salariale). Chacun de ces placements mérite sa place dans votre patrimoine.
Deux conseils pour profiter du retour en grâce du compte-titres
Si vous en possédez déjà un, vendez les titres sans potentiel de hausse (les obligations notamment) que vous avez renoncé à céder depuis des années pour ne pas passer par la case impôts.
Si vous ne possédez pas de compte-titres, ouvrez-en un sans tarder. Pour investir à l’international, notamment dans des titres et fonds liés à des thématiques porteuses (l’eau, la robotique, le big data) non éligibles au PEA.