Analyses marchés J P Morgan

Le début de la fin du ‹ ‹ quoi qu’il en coûte › › et la poursuite du ‹ ‹ there is no alternative › ›…
Publié le mardi 7 septembre 2021

Le mois d’août a été calme sur les marchés. Pourtant l’actualité a été riche de rebondissements. Stéphane Vonthron et Vincent Juvyns (stratégiste de marchés), nous aident à décrypter les nouvelles macroéconomiques et nous font part de leurs perspectives marchés sur les mois à venir.

Sur le front sanitaire, « si on n’a pas gagné la guerre, on a certainement gagné une bataille importante contre le virus », nous dit Vincent Juvyns. Mais la prudence reste de mise selon les experts de JP Morgan AM.

Concernant l’environnement monétaire et fiscal, « ce n’est pas parce que les gouvernements retirent les mesures spécifiques liées à la pandémie que l’environnement budgétaire deviendra moins favorable » nous précise le stratégiste. En Europe, le plan « Next Generation EU » devrait prendre le relais des aides nationales. Sur le plan monétaire, le début du « tapering » à l’horizon ne devrait pas compromettre la reprise tant qu’il se fait de manière graduelle et intelligente.

Les experts de JP Morgan restent constructifs sur la vigueur de la reprise, avec des perspectives de croissance au-delà de son potentiel (+6% en 2021 et entre +4.5% et +5% en 2022). Et ce, grâce à un « policy mix » qui reste favorable, un environnement de taux bas, et des dépenses d’investissement qui devraient être au rendez-vous. Il faut donc relativiser les signes de décélération.

Le stratégiste pense que le sujet est aussi important aujourd’hui qu’il ne l’était en juin. « Notre scénario est dans le consensus du marché, celui que nous vendent les banques centrales, mais il y a des éléments qui peuvent mettre à mal ce scénario ». En effet, les marchés intègrent l’idée que la flambée actuelle de l’inflation est passagère, mais celle-ci devrait tout de même durablement s’installer sur des niveaux légèrement supérieurs à ceux qui prévalaient avant la crise. Cependant, des facteurs plus structurels plaident pour un risque de surchauffe prolongée qui pourrait alimenter la volatilité des marchés.

Face à cela, la Fed devrait commencer à agir à partir de fin 2021, et l’environnement de taux est déjà moins favorable au niveau mondial. En effet, les banques centrales de certains pays émergents ont déjà acté leurs premières hausses de taux.

Comment transposer cela dans les portefeuilles ?

Les obligations sont « difficilement investissables », les actions sont trop chères, et les taux devraient remonter dans le sillage des anticipations inflationnistes et le tour de vis de la Fed…

Où faut-il tourner la tête ?

Retour aux fondamentaux selon JP Morgan : se prémunir contre un retour la volatilité (qui reste très faible avec un VIX à 16) et protéger son pouvoir d’achat. Selon les experts de JP Morgan, « il n’y a plus rien à faire sur la duration et la liquidité ». Ainsi, la gestion privilégie les actifs risqués, le rendement et la duration négative sur l’obligataire. Les actions sont, certes, chères, mais leurs revenus sont indexés sur l’inflation, d’autant plus qu’elles sont soutenues par une forte croissance des bénéfices (+50% des bénéfices par action par rapport à l’an passé). Ainsi, si la performance des actions a été portée par l’expansion des multiples en 2020, cette année, elle est plutôt soutenue par les bénéfices. Par ailleurs, l’impact d’une hausse des taux « ne devrait pas être indigeste pour le marché actions » puisque les niveaux actuels sont extrêmement bas. Enfin, la composante « rendement » est plus intéressante sur les actions que sur l’obligataire, où le portage est de moins en moins attractif.

« Les marchés sont chers, c’est une évidence, mais il y a aussi beaucoup de dispersion : cela pourrait permettre à l’alpha de prendre le relais sur le beta ». En termes de facteurs, le focus global est : Small Caps, Europe et « value » (avec tout de même un point de vigilance sur la qualité). La qualité, au sens des experts de JP Morgan, est synonyme de « pricing power » dans le contexte actuel. Par ailleurs, certains segments cycliques devraient également tirer leur épingle du jeu comme les financières qui ont tendance à prospérer dans un contexte de pentification de la courbe des taux.

Dans ce contexte, les experts de JP Morgan mettent en avant le fonds JPM Global Macro Opportunities pour se prémunir contre un éventuel retour de la volatilité. Le cœur de portefeuille est axé sur des thèmes de croissance structurelle, tout en effectuant des ajustements tactiques pour contenir la volatilité à un maximum de 10%. Aujourd’hui, l’heure est à la réduction du risque et de la cyclicité. Ainsi, l’exposition actions est abaissée à 35% (versus plus de 50%) en privilégiant des secteurs plus résilients tels que la technologie. La duration est négative sur la poche obligataire et le dollar a été renforcé.

Enfin, les experts de JP Morgan affirment haut et fort leur affinité pour la Chine. Selon eux, il ne faut pas se laisser influencer par les vents conjoncturels qui constituent par ailleurs « un mal pour un bien » pour la 2ème économie mondiale : ce virage constitue plus que jamais un point d’entrée opportun.

Le « calvaire des épargnants » : JP Morgan AM leur prédit une « horrible » année 2022…
Publié le mercredi 1 décembre 2021

L’analyse de Vincent Juvyns, stratégiste chez JP Morgan AM

2022 : « Annus horribilis » pour les épargnants !

A l’heure de s’interroger sur les perspectives économiques et financières pour 2022, une chose semble certaine c’est que le calvaire des épargnants devrait perdurer et que 2022 pourrait même être une véritable « annus horribilis » pour ces derniers.

En effet, en 2022, cela fera 10 ans que, pour lutter contre la déflation, la BCE a abaissé son taux de dépôt à 0 % (et 8 ans que celui-ci est négatif) obligeant les banques commerciales de la zone euro à refléter cette réalité dans la rémunération des dépôts de leurs clients.

Si ces dernières années, la faiblesse de la rémunération de l’épargne était pénible dans l’absolu, celle-ci s’inscrivait néanmoins dans un contexte de faible inflation (1 % en moyenne), ce qui a limité l’impact en termes réels pour les épargnants. L’an prochain, la situation devrait malheureusement se détériorer puisque d’une part, de plus en plus de banques commerciales appliquent des taux négatifs sur les dépôts de leurs clients et que d’autre part, l’inflation devrait dépasser les 2 % pendant la majeure partie de l’année.

Dans ce contexte, pour éviter de voir l’inflation et les taux négatifs grignoter notre pouvoir d’achat, il faudra plus que jamais diversifier son épargne en 2022. C’est bien entendu plus vite dit que fait, puisqu’en quittant le relatif confort d’un dépôt à court terme, on s’expose aux incertitudes économiques et financières, qui sont comme toujours nombreuses à l’aube d’une nouvelle année.

Perspectives économiques et financières

D’un point de vue économique, après une année 2021 marquée par un fort rebond de la croissance économique mondiale dans le sillage de la levée des restrictions sanitaires, 2022 s’annonce a priori sous les meilleurs auspices même si quelques nuages se profilent à l’horizon. La croissance économique mondiale devrait certes ralentir, en raison de l’impact conjugué d’effets de base moins favorables, d’une pandémie qui devient endémique et de la suppression progressive de certaines mesures d’urgence déployées par les banques centrales et les gouvernements, mais elle devrait néanmoins demeurer soutenue, grâce au maintien de politiques budgétaires expansionnistes pour financer notamment notre transition vers une économie bas carbone. Cette croissance soutenue conjuguée à la persistance des disruptions logistiques, à la hausse du prix des matières premières et des tensions sur les marchés du travail devrait toutefois maintenir l’inflation au-delà de l’objectif des banques centrales en 2022. C’est pourquoi, certaines d’entre elles, à l’instar de la Fed, devraient normaliser graduellement leur politique monétaire l’an prochain, essentiellement par un ralentissement de l’expansion de leur bilan.

Sur les marchés obligataires, nous pensons que la hausse des taux courts devrait être limitée, voire inexistante en Europe, mais que les taux longs devraient en revanche continuer à augmenter graduellement dans le courant de 2022. Nous anticipons ainsi un taux à 10 ans supérieur à 2 % aux Etats-Unis et légèrement positif en Allemagne d’ici septembre 2022. Cette hausse des taux devrait peser sur les marchés obligataires et nous privilégions donc les obligations à haut rendement et les obligations convertibles qui affichent des maturités plus courtes et des rendements plus élevés que les obligations souveraines. Nous privilégions également la dette gouvernementale chinoise libellée en renminbi.

Sur les marchés actions, l’année 2021 a été marquée par des performances à deux chiffres sur la plupart des places boursières, grâce à la réouverture de nos économies et à des effets de bases favorables qui ont entrainé un fort rebond de la croissance bénéficiaire des entreprises, qui s’est élevée en moyenne à 50 %. En 2022, celle-ci devrait toutefois retomber à un niveau de 8-10 %, ce qui reste légèrement supérieur à la moyenne de ces dix dernières années. La croissance bénéficiaire devrait ainsi continuer à soutenir les marchés d’actions en 2022 mais comme en 2021, leur performance devrait être légèrement inférieure à la croissance bénéficiaire, ce qui leur permettra d’afficher une performance positive tout en voyant leur valorisation baisser. Nous restons donc positifs sur les marchés d’actions pour 2022 et ce d’autant plus que ceux-ci permettent de contrecarrer la remontée de l’inflation.

Conclusion

A l’aube de l’année 2022, il est donc important de ne pas se laisser aveugler par les nombreuses incertitudes qui entourent les perspectives économiques et financières. Si l’inflation et la remontée des taux longs devraient peser sur les rendements réels du cash et des obligations souveraines, nous estimons en revanche que les perspectives de croissance économique et bénéficiaire devraient soutenir les marchés d’actions et de crédit en 2022.